Dans toute recherche scientifique, il est important de justifier le choix du sujet pour la société et de présenter son intérêt scientifique car, la science est faite pour la société. En plus, la première étape de la recherche scientifique est certainement le choix du sujet, c’est-à-dire un objet qui a attiré l’attention du chercheur ou qui a frappé son imagination ou un problème que le chercheur doit résoudre. Il n’existe pas, à ce jour, une voie unique qui oriente le choix d’un sujet de recherche. Les expériences personnelles ou collectives de la vie pratique, l’observation directe ou indirecte des faits, les préférences professionnelles, etc. sont autant des facteurs qui guident le choix d’étude.
En effet, nul n’est besoin de rappeler que l’agriculture est l’un des domaines clés qui engendrent le développement si et seulement si elle est modernisée. De même, l’agriculture permet à un Etat de lutter contre la crise alimentaire et la faim. C’est pourquoi, le choix de cette étude se justifie par le fait que l’insécurité alimentaire reste chronique et préoccupante en RD Congo. Elle touche environ 70% des personnes au sein de la société congolaise, c'est-à-dire à chaque fraction de seconde, un congolais meurt de faim et de la malnutrition. De l’avis de plus d’un observateur, la RD. Congo est soumise à un « régime spécial d’assistance internationale». C’est l’Etat-bébé dont parle BONGELI YEIKELO ya’Ato. Cette belle métaphore de BONGELI dit tout de ce pays qui, un demi-siècle après la colonisation, doit tout à l’étranger, y compris pour l’alimentation de sa population en dépit d’énormes potentialités pouvant en faire une puissance alimentaire d’Afrique.
L’intérêt que présente cette étude peut être situé essentiellement à deux niveaux : scientifique et social. Au niveau scientifique, nous enrichissons l’abondante littérature existant sur les politiques agricoles. Nous proposons la matérialisation efficace et effective de ces politiques qui demeurent encore des slogans sans actions réelles sur terrain. La crise alimentaire persiste malgré les potentialités agricoles dont regorge ce pays à dimension continentale. Au niveau social, cette étude intéresse les décideurs politiques, les agronomes, les sociologues ruraux et du développement, les économistes, bref, tous ceux qui s’intéressent au développement de la RDC. Etant nous-même victime de la crise alimentaire, vivant en RDC depuis la naissance, nous assistons parfois impuissant aux ravages engendrés par la faim. Cette investigation constitue notre contribution à l’épineuse problématique de la faim qui tue à chaque minute dans notre pays.
En consacrant cette étude à la politique agricole de la RDC, notre but est d’étudier la corrélation qu’il y a entre l’agriculture et le développement tout en proposant les pistes de solutions. Ainsi, comme le souligne Bruno EHUI KOFFI , depuis près de trois décennies, tous les dirigeants africains soutenus par les alliés occidentaux respectifs, décident et imposent aux populations des politiques de développement qui ne sont pas les leurs au point de regretter l’Afrique précoloniale, voire coloniale, qui connaissait un sort meilleur que l’Afrique indépendante.
Face à ces pratiques, les populations autochtones sont restées indifférentes aux mécanismes de développement conçus et mis en œuvre en dehors d’eux avec comme conséquence directe l’échec cuisant de ces soi-disant mécanismes de développement.
Aussi dans une économie sous-développée , l’agriculture occupe 80% de la population active et fournit en moyenne environ 30% du PIB. La crise alimentaire qui sévit dans le monde, notamment en RDC, constitue un véritable danger pour la survie de la population mondiale et justifie certaines guerres et rebellions et pillages suite à la dégradation de la situation socio-économique.
La question de la politique agricole ou de la gestion agricole et son impact sur le développement socio-économique de la RD Congo, au cœur de cette réflexion, a fait l’objet de plusieurs investigations du fait qu’elle est à la base de la lutte contre la pauvreté, la faim et le chômage, à la base aussi de l’augmentation de la richesse nationale et du budget national, etc. Cela étant, les travaux ci-dessous ont retenu notre attention.
E. BONGELI YEIKELO ya’ATO reste convaincu que le développement de la RD Congo doit passer par l’agriculture qu’il sied de rationaliser. Il affirme que l’insécurité alimentaire en RDC est due principalement en l’absence des politiques agricoles adéquates et réalistes. L’agriculture est déclarée priorité des priorités par différents Gouvernements sans que sa part dans le budget n’atteigne 5%. On se limite à de simples slogans qui demeurent sans effet sur le plan opérationnel.
Dans sa conclusion, l’auteur affirme que pour sortir la RDC de ce marasme, il sied de mettre sur pieds des stratégies d’ensemble cohérentes, coordonnées et politiquement appuyées. Le pays doit donc disposer d’une véritable politique publique en matière agricole. Il recommande également la transformation industrielle des produits agricoles au Congo qui va permettre la création d’emplois, notamment: (cultures vivrières et pérennes, textiles…) l’élevage (des espèces connues, de la faune aquatique comme les crocodiles, les huitres, et autres poissons…), la sylviculture, la foresterie, la pêche, l’exploration scientifique, des plantes utilisables (alimentaires, médicinales, cosmétiques, horticoles, ornementales, et autres combinaisons chimiques….), les diverses autres activités scientifiques ( portant sur la faune, l’hydraulique, l’électrification rurale, le génie rural, l’habitat rural, la conservation des aliments, l’économie agricole et rurale, les crédits agricoles ,...) , le tourisme, etc.
En tout état de cause, la production vivrière devrait bénéficier de toutes les attentions officielles, car il n’est de pire dépendante que l’alimentaire, la fin de la dépendance alimentaire et l’exportation du surplus de production afin de ramener d’énormes devises au pays…Il ajoute encore qu’en impliquant l’organisation des paysannats, la colonisation par la réhabilitation de l’INEAC/INERA qui va peser sur les performances du pays en matière agricole car l’héritage de cette institution se limite cependant à la simple disposition d’un arsenal d’infrastructures et de matériels de recherche dont les congolais ignorants et passifs, ne savaient quoi faire, pour avoir été exclus de savoirs requis par l’Administration coloniale au Congo Belge or que celle-ci (Administration) misait beaucoup sur le secteur agricole. Elle avait créé au Congo l’INEAC (Institut National d’Etudes Agricoles au Congo), un plus grand centre de recherche en Agronomie Tropicale du monde à l’époque dont les résultats ont enrichi la Côte d’Ivoire, le Nigeria, l’Argentine, ainsi que les Dragons d’Asie.
Malheureusement comme on a eu à le signaler plus haut, l’impressionnant héritage agricole colonial a été réduit en cendre à la suite du départ précipité des scientifiques belges, eux-mêmes terrorisés par le discours nationaliste extrémiste. Pire encore, les mesures irréfléchies de zaïrianisation prises par les dirigeants politiques assoiffés d’enrichissement facile, ont fait basculer des grandes unités agro-industrielles dans des mains inexpertes des acquéreurs issus d’une classe politique inexpérimentée, improductive, faite des vils jouisseurs. L’économie agricole s’en est trouvée amputée et réduite au niveau de la production de subsistance. Le monde rural doit être pris avec beaucoup plus de considération car, il offre d’immenses opportunités de décupler la richesse nationale et les emplois.
Pour sa part, C. MUSAO KALOMBO MBUYU , dans son ouvrage intitulé « Abécédaire de l’état de la Nation 50 ans après », renchérit que l’agriculture, la pêche et l’élevage occupent plus de 60% de la population congolaise et constituent dès lors le secteur d’activité le plus pratiqué au pays. C’est en encadrant l’agriculteur que la lutte contre la pauvreté dans les prochaines années en RD Congo, peut se faire de manière durable.
Il poursuit en disant que les expériences heureuses et malheureuses de ce secteur amènent le regard du peuple congolais dans la direction de l’avenir. Ces expériences heureuses seraient que l’héritage colonial laissé sur le plan agricole (l’organisation du secteur, du village à la province, la présence du moniteur agricole, du vétérinaire sur le terrain bien motivé et équipé ; les infrastructures d’appui à la production) pourraient permettre aux paysans de pouvoir bénéficier de leur travail.
Les usines du pays doivent trouver les matières premières d’origine agricole localement ; l’Institut National de Recherche Agricole (INEAC/INERA) doit être opérationnel et mettre ses résultats à la disposition des agriculteurs et éleveurs ; une bonne unité de commandement doit être remarquable au niveau de l’organisation de ce secteur. Il relève l’abandon de financement du secteur agricole, agriculture, priorité des priorités n’étant qu’un slogan creux.
Dans sa conclusion, il propose des innovations à apporter comme : la création d’une banque de crédit agricole et d’un système de micro finances en milieu rural pour soutenir les agriculteurs, éleveurs et pêcheurs avec des dispositions pratiques pour accorder des crédits aux jeunes diplômés des écoles techniques dans le cadre de l’entrepreneuriat et de la création d’emplois profitables au grand nombre, relancer les cultures pérennes avec l’accent particulier sur les champs familiaux (à petite échelle, facile à entretenir et mettre sur le marché des produits de grande qualité), la professionnalisation et la monétarisation des agriculteurs et éleveurs en orientant plus les jeunes diplômés du secteur vers l’entrepreneuriat au lieu de les transformer en bureaucrates sans faire exploser leur savoir en milieu de production, favoriser l’exploitation rationnelle des machines agricoles et les intrants de qualité.
Dans le même ordre d’idées, P. MAKALA NZENGU , dans son Mémoire de D.E.S intitulé « la question de la politique publique en matière agricole en RD Congo : Identification, mise en œuvre et évaluation », reconnait l’importance du domaine agricole et recommande à l’Etat d’intervenir par l’élaboration d’une politique publique agricole efficace dans la mesure où la plus grande partie de la population du pays demeure encore rurale alors que les grands centres urbains se butent à un déficit alimentaire.
Restant dans la même optique, l’auteur précité dans sa thèse de doctorat intitulée « Evaluation de la politique publique et analyse diagnostique de l’Administration agricole en R D. Congo. Pour une intelligibilité du mode de gestion publique, manifeste le souci majeur d’aider l’autorité publique d’avoir une vision plus globale sur l’Administration pilote des politiques agricoles, sur l’atteinte de leurs objectifs et éventuellement sur leur validité, leur efficacité, leur efficience, leur cohérence, etc. Il insiste sur le fait qu’il faut clairement formuler la politique publique en matière agricole et propose pour ce faire :
• L’évaluation de politique agricole congolaise en tant que politique publique du point de vue de la pertinence et de l’impact socio-économique ; • L’évaluation en tablant sur le processus diagnostic en tant que démarche de revue institutionnelle, l’administration agricole congolaise qui est le support institutionnel de la politique agricole afin de découvrir son état actuel et d’entrevoir la possibilité de la rendre fonctionnelle, efficace, cohérente et efficiente.
L. DUVIEUSART , dans son ouvrage intitulé « Initiation à l’agriculture et à la botanique en RD Congo : conditions pour être un « scandale agricole » », affirme que la RD Congo est un pays potentiellement riche dont les habitants sont effectivement pauvres. Il estime que : « si vous cherchez à savoir ce qui constitue cette richesse potentielle, l’on vous renverra presque toujours aux gisements miniers exceptionnellement riches. Disposer d’exceptionnels gisements miniers ou pétroliers est indiscutablement une chance qui peut faciliter le démarrage du développement socio-économique, mais c’est aussi un danger. Vivre uniquement des recettes de la vente des produits miniers est dangereux parce que les gisements de minerais (ou de pétrole) se vident progressivement.
De plus, la présence de puits de pétrole ou de riches gisements miniers attire la convoitise et attise parfois les conflits à l’intérieur des pays et entre les pays. Si on a parlé de la « malédiction du pétrole » pour exprimer la cause des conflits au Moyen Orient et en divers pays d’Afrique, on pourrait aussi parler de la malédiction du « Coltan » en RDC, pour exprimer une des causes des combats à l’Est du pays. Pour lui, contrairement aux conditions naturelles, l’agriculture exige l’intervention et la planification de l’homme.
Pour mettre fin à cette revue de la littérature, C. J. TIKER TIKER , dans son étude consacrée aux « Politiques agricoles au Zaïre, état de la question et perspectives », nous renseigne que les politiques agricoles ont toujours eu comme objectif principal d’élever le niveau de vie des agriculteurs. Mais, le bien- être des agriculteurs ne peut jamais être assuré sans qu’un certain nombre de transformations profondes se réalisent au sein de la société. C’est l’ensemble de ces transformations qui permettent la croissance définie comme une augmentation dimensionnelle dans le temps de valeurs significatives et qui assurent le développement.
L’auteur conclut que pour la réussite effective de cette politique agricole, il faut remplir un certain nombre de conditions, à savoir : la réduction dans le temps de la population agricole, l’augmentation dans le temps du nombre d’habitants nourris par l’agriculteur ; l’augmentation dans le temps de la production agricole, la socio éduction dans le temps des dépenses consacrées à l’alimentation ; la réduction dans le temps de la part de la production agricole dans le commerce alimentaire ; l’amélioration de la valeur ajoutée en pourcentage de la production agricole ; l’augmentation dans le temps du revenu par agriculteur, etc.
Au regard de ce qui précède, notre étude se démarque des résultats de recherches de nos prédécesseurs en ce sens qu’après un état de lieux très fructueux des politiques publiques agricoles depuis le président MOBUTU jusqu’à nos jours et après s’être rendu compte de leur inefficacité, nous mettons sur pied des stratégies qu’il faille mettre en œuvre pour que dorénavant ces politiques publiques soient efficaces et répondent aux multiples préoccupations de la population congolaise.
Aucun arbre ne peut produire des fruits s’il lui manque de la sève. Aucune institution non plus ne peut remplir sa mission si ses éléments constitutifs, ses origines ne sont pas bien structurés et bien engagés vers les objectifs communs ou si elle est en déconfiture.
La RD. Congo avec sa superficie de 2.345.409 km², est dotée des terres fertiles ou cultivables, des matières premières diversifiées, des sources d’énergie... L’agriculture peut donc se développer rapidement et constituer un secteur économique d’une importance capitale. Elle peut, à elle seule, contribuer à plus de 50% du budget national. Par ailleurs, l’épanouissement de ce secteur en recul dans un pays comme la RDC est indispensable, car elle peut contribuer aux équilibres fondamentaux de l’économie du pays, c’est-à-dire, l’équilibre alimentaire, de la balance des paiements, de l’emploi et de l’épargne intérieure. L’agriculture joue par conséquent un rôle de poumon économique très important dans ce sens qu’elle constitue principalement la source la plus sûre de force du travail pour les industries. C’est de l’agriculture que certains pays avaient tiré leurs ressources supplémentaires pour le développement socio-économique, car les ressources du sous-sol sont épuisables, irremplaçables et structurées de l’esprit. L’agriculture constitue donc la base du développement d’un Etat.
L’économie générale du pays constitue le point de mire de toutes les convoitises des secteurs de la mondialisation. Amputer l’Etat de sa fonction de réguler l’économie du pays, objectif ultime de l’Occident via ses institutions internationales constitue une grave entorse à la consolidation de la force politique nationale qui doit se fonder sur la base économique. Or, le néolibéralisme tient à saper les fondements de la souveraineté de l’Etat par le transfert du pouvoir de décision du Gouvernement aux détenteurs du pouvoir économique : investisseurs, preneurs, aideurs, coopérateurs, bienfaiteurs, humanitaires…groupés dans des Organisations multinationales politiques, économiques, financières, culturelles, humanitaristes et autres. Sous des prétextes divers, notamment la démocratie, la bonne gouvernance, le respect de droits de l’homme, ces Multinationales imposent des méthodes aux résultats décevant pour nos économies.
L’Etat doit s’assumer. Augmenter la richesse nationale, pratiquer le protectionnisme en vue de soutenir la production nationale face à la concurrence des productions étrangères souvent subventionnées par leurs Gouvernements respectifs, subventionner les entreprises locales pour les rendre plus compétitives, créer des entreprises publiques dans les secteurs stratégiques pour garantir l’emploi et les services à des prix accessibles aux populations pauvres, réguler l’économie pour éviter de tomber dans la férocité des forces et lois aveugles du marché, fortifier la monnaie locale par des subventions ponctuelles, consolider le marché local par une réglementation du travail dans le sens de renforcer le pouvoir d’achat des salariés, lutter contre le chômage en créant des emplois publics, notamment dans le domaine des travaux publics, créer des conditions attrayantes pour drainer les investissements privés locaux et étrangers, promouvoir l’entreprenariat national, créer des écoles et des hôpitaux, etc., voilà des missions nobles pour tout Gouvernement citoyen, même si la mondialisation et ses appareils institutionnels s’y opposent .
De tous les temps et partout au monde, l’Etat a toujours été et sera toujours le plus grand acteur dans tous les domaines de l’activité socio-économique: employeur, investisseur, financier, préteur, prédateur, percepteur, client, fournisseur, constructeur, incitateur, réparateur, conciliateur, assureur, prescripteur, donateur, preneur distributeur, stabilisateur, régulateur, etc. Des choix industriels désastreux avaient été amorcés en RDC par défaut de Gouvernement responsable. C’est ainsi qu’on a vu construire dans ce pays une raffinerie de pétrole conçue pour traiter le brut importé de l’extérieur, alors que l’extraction du brut congolais se fait au même site pour être raffiné ailleurs, sans que les congolais aient la moindre capacité d’évaluer les quantités extraites . Il en est de même de la sidérurgie de Maluku, livrée clés en mains et dans le fonctionnement a été bloqué du fait d’avoir été conçu pour traiter les mitrailles importées de l’Italie, pays constructeur de l’usine.
Quant au barrage hydroélectrique d’Inga dont la puissance estimée est une des plus grandes au monde, on constate que cet ouvrage alimente le Congo-Brazzaville ( ce qui est explicable ) ainsi que la très lointaine Afrique du Sud via la Zambie, le Zimbabwe, le Botswana grâce à une ligne de transport qui traverse honteusement et étonnamment de longs espaces voués à l’obscurité (notamment les villes de Kikwit, de Kananga et de Mbuji-Mayi) pour ne s’intéresser qu’au Katanga minier et à l’exportation ; cette unité de production d’électricité n’intéresse ni les villes de la province du Bas-Congo ni, encore moins, les villages environnants. L’Etat responsable reste donc le plus grand défenseur des intérêts nationaux. L’Etat congolais est soumis en ce moment à un échange sans nom de la part de certains de ces partenaires occidentaux pour avoir, pour la première fois de son histoire, amorcé la défense de ses intérêts, ce qui constitue une cause noble. C’est le cas de certains contrats miniers et pétroliers conclus dans des conditions peu commodes et qui ne pouvaient qu’être revisités pour en éliminer le caractère scandaleusement léonin, au détriment du pays.
Face à l’arrogance outrancière de certains opérateurs économiques miniers sûrs de bénéficier de la protection des Gouvernements occidentaux dominants, l’Etat congolais a décidé de rompre avec eux en résiliant leurs contrats sans autre forme de procès. Il s’en est suivi des accusations habituelles de corruption (par des corrupteurs auxquels, cette fois, au moins on a résisté), de mauvais climat des affaires ou d’insécurité juridique (parce qu’on demande aux multinationales de tenir compte des intérêts même minima de la République), de mauvaise gouvernance ( parce qu’on remet en question les remèdes empoisonnés et empoisonnant les IFI et alliés), de violations des droits de l’homme et consorts…bien sûr, avec l’appui non citoyen des politiciens et intellectuels locaux bien dressés à l’encontre du développement de leur propre pays au profit des intérêts de l’Occident dresseur des cerveaux. Des Gouvernements occidentaux respectables ont, de manière scandaleusement partiale, adhéré aux causes de leurs multinationales contre une RDC qui ne réclamait que des petits pourcentages supplémentaires. Ces Gouvernements se sont acharnés à imposer des chantages de toute sorte au Gouvernement congolais jugé rebelle à l’occasion, notamment en s’opposant à l’atteinte épuisante du fameux inachevable point d’achèvement, en larguant leurs sociétés vautours s’emparer des moindres fonds d’un Congo meurtri par des guerres commanditées, dont particulièrement l’argent issu de pas-de-porte consentis par les chinois en contrepartie de l’octroi de sites miniers ( une grande partie dans l’histoire minière du pays). Il faut craindre une chose, c’est de voir les mêmes Gouvernements occidentaux acharnés d’exercer des pressions sur les instances internationales d’arbitrage qui viennent de donner raison à la RDC à la suite des procès intentés contre elle par la Multinationale occidentale concernée, qui a aligné, pour la circonstance une batterie d’avocats internationaux occidentaux.
Comme on le voit, la question du choix de partenaires des préférences industrielles, des termes et des conditions de négociation, des accords, des domaines à exploiter, des formes d’exploitation, des sites d’implantations d’usines…tout cela forme des questions qui relèvent des prérogatives de l’Etat seul, à travers des dirigeants qu’il faut contrôler afin que les intérêts de la République priment en toute circonstance. Nul expert extérieur ne peut se substituer en expert citoyen. Venir en appui, en consultance ne donne aucun droit à la décision. L’économie du pays est donc une question essentiellement nationale, qui doit concerner avant tout les enfants du pays. Les questions qu’elle suscite soient éminemment politiques. Elles sont trop importantes pour être l’affaire des étrangers, fussent-ils intelligents et de bonne foi, leur but étant avant tout de gagner de l’argent à n’importe quelles conditions.
« Véritable colosse, encore et toujours aux pieds fragiles, la RDC, peut devenir une puissance alimentaire au cœur d’une Afrique chroniquement affamée ». Tel est l’objet de cette réflexion qui vise à démontrer le caractère incontournable de l’implication du monde rural dans le renforcement de la puissance nationale et l’inéluctable nécessité de tourner le dos à la politique consistant à tout attendre de l’extérieur .
Aujourd’hui, la RD Congo est une puissance minière jusqu’ici imaginaire, le secteur minier étant essentiellement contrôlé par l’extérieur. Demain, sans aide aucune, nous pouvons faire de la République Démocratique du Congo une puissance alimentaire, autant dont elle pourra se servir pour sa politique intérieure et surtout comme arme d’une politique étrangère de libération.
Par ailleurs, l’épanouissement de ce secteur en recul dans un pays comme la RDC est indispensable, car elle peut contribuer aux équilibres fondamentaux de l’économie du pays, c’est-à-dire, l’équilibre alimentaire, de la balance des paiements, de l’emploi et de l’épargne intérieure. L’agriculture joue par conséquent un rôle de poumon économique très important dans ce sens qu’elle constitue principalement la source la plus sûre de force du travail pour les industries.
On ne cessera jamais de le déplorer, la totale dépendance de l’économie congolaise aux matières minières brutes la rend plus que vulnérable, le pays n’ayant aucune emprise sur la fixation des prix de ses produits primaires vendus sur un marché international incertain. Les pays qui ont vécu des recettes pétrolières faciles en paient aujourd’hui le prix à la chute brutale des cours du pétrole. C’est la raison au Venezuela, de la débâcle du mirage économique avait été légué par Hugo CHAVEZ au successeur. Même la dépensière en Arabie Saoudite vient de s’en rendre compte et tente de financer des millions de dollars sur une éventuelle diversification de son système économique à l’instar des émirats Arabes Unis qui avaient si heureusement prévenu la crise en réorientant leurs investissements avec l’argent de ce même pétrole finissant.
Les produits de l’agriculture peuvent engendrer l’implantation de plusieurs industries de transformation, allant du raffinage à la filature en passant par la production alimentaire, pharmaceutique et autres. Aussi en cette matière, il n’existe pas encore d’exclusive car, il est des plantes sauvages susceptibles d’être sophistiquées. On peut penser aux Kikalakasa , fumbwa, makongo, tonga…et autres fruits , légumes et plantes sauvages aux qualités qui restent à identifier. L’élevage et la pêche aussi constituent des domaines très porteurs car, face à la grande variété d’espèces animales hébergées à travers l’espace congolais hétérogène, la domestication animale ne peut se limiter aux seules espèces jusqu’ici concernées. Il peut être envisagé la domestication de plusieurs espèces à sélectionner dans notre riche faune du sol et du sous-sol, aquatique et aérien :mammifères, diverses espèces d’insecte ( abeilles, makelele, mankenene, Iswa..), chenilles ( vers à soie, vers de terre..), flore aquatique ( crocodiles, huitres, poissons, crustacés, etc.), oiseaux…Ces richesses peuvent être exploitées aussi pur l’alimentation humaine que pour le tourisme, la recherche scientifique, la préservation de la biodiversité ou d’autres possibilités à découvrir. Il serait donc contreproductif de déconsidérer le poids de la paysannerie dans la production agricole. Les faux préjugés relatifs aux paysans feraient croire qu’il s’agit des citoyens de seconde zone dont on ne peut rien attendre. Le cas de Thaïlande dément cette idée négative, car ce pays est devenu premier exportateur mondial du riz à partir de la production paysanne organisée et soutenue. Rien que par leur nombre estimé en termes de dizaines de millions En RDC avec une prépondérance des femmes agricultrices, les paysans congolais doivent compter à côté de gros producteurs.
Possédant un potentiel agronomique exceptionnel et une superficie de terres agricoles inégalée en Afrique, la RDC pourrait, sur base d’une agriculture intensive, nourrir 2 milliards de personnes. Mais, hélas ! 10% à peine des superficies agricoles estimées à 125 millions d’hectares de terres arables sont mises en valeur et les rendements à l’hectare s’apparentent à ceux des pays du Sahel. Voilà un paradoxe étonnant, qui fait que la R.D. Congo a créé plus de pauvres ces vingt dernières années que n’importe quel autre pays importe la nourriture qu’elle peut produire ? Alors, ce pays héritage belge en la matière. La chute aux enfers n’a cessé de s’amplifier, avec la destruction de l’impressionnant patrimoine immobilier, l’abandon et la destruction des sites d’expérimentation, l’abattage des vergers expérimentaux par des chercheurs nationaux ou prétendus. Tout cela, couronné par la mise au feu d’une abondante documentation coloniale à Kinshasa par un respectable Ministre, lui-même Ingénieur Agronome formé à Institut Facultaire Agronomique de et à YANGAMBI, sous prétexte que ces données étaient dépassées 1Occasion ratée du Gouvernement actuel : au lieu de réhabiliter le site de recherche de YANGAMBI avec moins de fonds pour relancer la recherche et booster l’agriculture en RDC, il a fait le choix d’engloutir de grosses sommes d’argent à Bukanga lonzo dont la rentabilité à la longue est peu probable, mais dont les effets pervers sur la paysannerie locale se font déjà sentir. En effet, avec le dixième des fonds noyés dans ce méga projet voué à l’échec, on pouvait lancer la production des semences améliorées dans les sites de l’INERA et relancer la production paysanne. Il faut qu’en plus des désastres causés à l’activité agroindustrielle par la zaïrianisation des entreprises agroindustrielles appartenant aux étrangers. La trachéomycose, SIDA du café, a décimé toutes les plantations du café, notamment dans l’ancienne Province Orientale où on observe le vieillissement des palmiers dû au non renouvellement de leur culture. La reprise de la culture du café nécessite un apport de l’Etat, car il faut nécessairement créer des nouvelles variétés à cette terrible maladie.
Depuis l’époque des ajustements structurels des années 1980, les Bailleurs de fonds ont cherché à transplanter des programmes agricoles venus d’ailleurs sans vraiment se préoccuper de l’encadrement du paysan sur le terrain et les programmes se sont succédés, ressemblant curieusement les uns aux autres avec une multiplication et une superposition des cadres de référence. C’est à ce niveau que nous épinglons la théorie des avantages comparatifs.
Il arrive toujours que quelque chose naisse, se développe, meurt, et périsse. Tout évolue, c’est la loi de l’évolution perpétuelle et incessante, mais elle est aussi mouvement dans son sens le plus général comme mode d’existence de la matière et comme une propriété inhérente à la matière. Concernant la RDC, il est à noter que ce changement soit souvent régressif. En effet, la crise alimentaire actuellement visible en RDC est la conjugaison des faits et il y a quelques années passées, la RDC comptait beaucoup de projets agricoles mais aujourd’hui inexistants, quelques entreprises de transformation, des grandes sociétés, des banques agricoles à savoir Combelga, la Cotonco qui deviendra par la suite l’Onafitex, avant de devenir la Cotonnière. A côté de la cotonnière et de Combelga, il y avait d’autres sociétés comme Interfina, la Messagerie de Sankuru, (MAS), la firme Salvator, les firmes Dumont, Belgica…sans oublier l’apport de différents Diocèses qui étaient un opérateur économique sérieux.
En effet, dans le premier chapitre de cette seconde partie, nous avons procédé à l’état de lieux des politiques agricoles en RDC qui est subdivisé en quatre sections : • Politiques agricoles coloniales • Politiques agricoles sous MOBUTU ; • Politiques agricoles sous Laurent Désiré KABILA ; • Politiques agricoles sous Joseph KABILA.
Dans le second chapitre, nous avons abordé les stratégies pour des politiques agricoles efficaces. Comme au premier chapitre de ladite partie, celui-ci comprend trois points : • le premier est focalisé sur l’analyse critique des politiques en question et les conséquences immédiates et lointaines ; • le deuxième a traité des stratégies pour l’efficacité ; • le troisième est axé sur les suggestions et perspectives des politiques agricoles ambitieuses.
CHAPITRE TROISIEME ETAT DE LIEUX DES POLITIQUES AGRICOLES EN RDC.
Commencé timidement avec la traite des esclaves, suivi ou appuyé par son corollaire, le commerce triangulaire, le processus d’internationalisation du capitalisme se systématise avec les phénomènes de la colonisation qui a constitué en la domination de pays entiers, comprenant territoires et habitants, dans le but de les intégrer dans le circuit économique international, alors contrôlé par certaines puissances européennes, notamment la Grande Bretagne, la France, l’Espagne, le Portugal, la Hollande et la Belgique .
Le monde est à peu près aussi mondialisé aujourd’hui qu’au début du dernier siècle. A la recherche de nouvelles terres pour y verser le surplus de leurs populations qui, selon la théorie malthusienne, croissaient en proportion démesurée par rapport aux moyens de subsistance, les colonisateurs ont exporté vers l’Amérique, l’Afrique, l’Asie et l’Océanie ce qui s’appelle la civilisation et qui ne signifie rien d’autre qu’une européanisation du monde. Cecil Rhodes l’affirmait clairement en 1885 en ces termes : « L’idée qui me tient le plus à cœur, c’est la solution du problème social, à savoir :pour sauver les 40millions d’habitants du Royaume-Uni d’une guerre civile meurtrière, nous les colonisateurs, nous devons conquérir des terres nouvelles afin d’y installer l’excèdent de notre population, d’y trouver de nouveaux débouchés pour les produits de nos fabriques et de nos mines…Si vous voulez éviter la guerre civile, il vous faut devenir impérialiste » .
La colonisation marque donc le début du processus de la mondialisation des terres colonisées. Tout a été mis en œuvre pour ce faire. Infrastructures et Superstructures ont été implantées en fonction des intérêts des puissances colonisatrices européennes qui, s’étant investies dans tous les coins de la planète, amorçaient dès lors le phénomène de la mondialisation de leur capital appuyée par l’universalisation de leur culture.
Dans le cas du Congo, belge, tous les moyens avaient été mis en œuvre pour réaliser cet objectif d’intégration économique. La stratégie adoptée en1880 consista en en une rapide occupation de l’Etat Indépendant du Congo par des grandes entreprises commerciales et industrielles dont les activités portaient d’abord sur la rafle du caoutchouc et de l’ivoire, ensuite sur l’exploitation du sol et du sous-sol. Pour les agents coloniaux, la raison principale de leur présence au Congo était de favoriser l’implantation de ces grandes sociétés. Leur apport consistait à procéder aux recrutements forcés des travailleurs, à veiller à leur approvisionnement en nourriture, mais aussi à briser toute forme de protestation de la part de cette main d’œuvre- quasi gratuite. En effet, « les Noirs sont des grands enfants, il n’est pas admissible que la prospérité des exploitations dépende de leurs caprices. La répression immédiate des désertions est une nécessité ».