Présenter les frontières en Afrique Centrale, c’est aussi pensé à la nature de l’Etat-nation africaine issue de la conférence de Berlin. Il est d’un constat général, l’Etat-nation africain issu de l’ordre de Berlin, a échoué sur toutes les lignes ou a clairement montré ses limites. Une des raisons de cet échec reste sans conteste l’inadaptation de ces Etats, aux réalités socio-culturelles africaines.
En effet, la conférence de Berlin a eu le culot de charcuter, au gré d’intérêts de puissances participantes, les aires culturelles africaines en général, et celles de l’Afrique centrale en particulier. Représentées, ici, par les royaumes et empires précoloniaux. Ce dépiéçage qui a pour conséquence directe, la création des Etats-nations africains sur le modèle westphalien de l’Etat-nation. C’est-à-dire, à partir de ce moment-là, les frontières africaines ne se référeront que, sur le plan juridico-physique. Pourtant bien ancrées sociologiquement, depuis belle lurette. Les nouvelles frontières séparent les différentes aires culturelles sur plusieurs Etats modernes que nous avons aujourd’hui. Détruisant au passage, toutes les formes d’organisations (qui n’ont rien à envier à celles importées de l’Occident : royaume Kongo, empire Lunda) administratives, culturelles, économiques, historiques, linguistiques, politiques, religieuses et spirituelles gage de leurs stabilité et sécurité, par la colonisation.
Une des aires culturelles de l’Afrique centrale, l’aire culturelle Kongo, représentée par le royaume Kongo, était constituée des Etats actuels de l’Angola (dans sa partie nord), du Congo-Brazzaville (dans sa partie sud), du Gabon (dans sa partie sud-est) et de la RDC (dans sa partie Ouest). Non seulement l’ordre de Berlin a divisé une nation avec tous les éléments susmentionnés mais aussi et surtout leur a donné des colonisateurs différents. Sachant que chaque colonisateur vient avec sa propre organisation des éléments cités ci-hauts
Les royaumes et empires africains étaient organisés, de telle manière que, chaque nation avait une représentation soit avec un gouverneur soit avec un prince pour les Etats vassaux. Certains d’entre eux, comme l’empire lunda formait ce que nous pouvons appeler aujourd’hui « une confédération » affichant une stabilité remarquable.
En effet, L’Etat précolonial était aussi bien organisé que celui d’aujourd’hui. Il pouvait revêtir aussi bien la forme fédérale comme le royaume Kongo, comprenant également des Etats vassaux, aujourd’hui appelés « Etats autonomes »; que la forme unitaire, à l’instar de l’empire Luba. Le système politique était tout autant démocratique comme le montre dans le royaume kongo avec « sa loi successorale matrilinéaire ». Les frontières également étaient délimitées, alors il s’agit d’une délimitation sociologique et non juridico-physique. Avec les royaumes voisins, c’est cette limite qui était reconnue. C’est-à-dire le pouvoir s’est exercé uniquement sur les gens qui reconnaissaient ce pouvoir et qui limitait son étendue sur le plan territorial.
L’Etat-nation africain postcolonial par contre, a non seulement modifié la nature de l’Etat-nation précolonial, en bannissant son système politique et sa forme mais aussi, il a créé des régimes autoritaires et oligarchiques qui sont loin de ce qui était connu dans les anciens royaumes.
De ce fait une petite comparaison peut être faite, l’Etat-nation africain précolonial était plus organisé, stable, cohérent et homogène sociologiquement alors que celui postcolonial, est incohérent et présente une caractéristique d’un Etat divisé et fragile sociologiquement. L’Etat-nation postcolonial est un Etat multinational. Regroupant des ethnies hétérogènes souvent avec des forces explosives.
Le dépiéçage des frontières à la conférence internationale de Berlin, met l’Afrique en général, l’Afrique centrale en particulier devant plusieurs difficultés persistantes d’ordre structuro-fonctionnel: la démocratie, la bonne gouvernance, les revendications frontalières (intra et interétatique), la crise des identités nationales,…
En RDC, depuis l’indépendance le 30 juin 1960, il n’y a jamais eu un passage pacifique du pouvoir entre les présidents de la république (crise de la démocratie), un contrôle effectif sur toute l’étendue du territoire national, à chaque fois les groupes armés occupent une partie et exerce leurs lois pour diverses raisons (crise frontalière interne), sans compter d’innombrables sécessions ; lorsqu’une ethnie accède au pouvoir, tous les gens de la dite tribu se comportent comme des intouchables surtout au plus haut sommet de la gestion de l’Etat, les autres tribus se sentent en marge de la société (crise de l’identité nationale). Tout ceci prouve à suffisance que nous sommes en face d’une crise profonde de la nature de l’Etat-nation africain en général, de la RDC en particulier, liée à ses frontières héritées de l’ordre de Berlin ainsi qu’à ces aires culturelles.
Ainsi cette étude vient, non pas répéter tout ce qui avait été déjà dit sur les frontières et les aires culturelles (beaucoup de littérature là-dessus) mais constater cette inadaptation et surtout proposer une nouvelle perception des frontières internes de la RDC.
Un travail scientifique digne de ce nom, doit être cerné autour d’un problème précis, clair et spécifique. C’est la raison pour laquelle, nous voulons dissiper la confusion sur le contenu et l’entendement du concept « problématique » avant de s’engager sur une toute autre démarche concernant ce travail en le définissant.
A ce sujet Henri Mova écrit : « la problématologie est cette conception de la pensée qui met au centre et au fondement des activités humaines la résolution des problèmes, donc, au départ, leur réflexion. Car le réel ne se donne pas, il s’interroge et c’est valable aussi bien en science que dans la pratique ( ). Raymond Quivy et Luc van Kampenhout, pensent que la problématique constitue le principe d'orientation théorique de la recherche, elle en définit les lignes de force, donne à la recherche sa cohérence et son potentiel de découverte, permet de structurer les analyses sans les enfermer dans un point de vue rigide ( ).
Pour leur part, Labana et Lofembe nous renseignent que « la problématique inscrit le travail de recherche dans un cadre théorique qu’il s’agira d’expliquer. C’est à la lumière de la problématique retenue que la question de départ prend un sens particulier et précis » ( ). Pour lui, le professeur Shomba définit la problématique comme « un ensemble d’idées qui spécifient la position du problème suscité par le sujet d’étude ( ) ». Pour ne pas avoir un raisonnement dogmatique, nous pensons que la problématique est une spécification de la question d’une recherche prise dans une grande globalité.
De ce qui suit, la question des frontières et des aires culturelles a toujours été une préoccupation permanente des Etats africains. En effet, au lendemain des indépendances, plusieurs Etats africains posaient déjà, l’équation de la redéfinition des frontières sur fond de reconstitution des aires culturelles émiettées par la colonisation. L’une des illustrations, les plus frappantes, reste sans doute, entre 1959 et 1966, la demande du président ghanéen, Kwamé Nkrumah, aux populations Ewé laquelle une ligne frontalière à séparer en deux, restées au Togo, de s’intégrer au Ghana ( ).
En RDC, la question s’est posée, onze jours seulement après, l’indépendance du pays, le 30 juin 1960. En effet, sur fond, d’une part, d’appartenir à une autre aire culturelle (notamment de Lualaba plus proche de la Zambie) que celle du grand Congo. Et d’autre part, de se sentir non représenter au niveau du pouvoir central. La riche province de l’ex Katanga, au sud-est, proclamait son indépendance, sous l’instigation du leader Moise Tshombe, soutenu par la Belgique. Vingt-huit jours après la proclamation de l’indépendance du Katanga, c’est le tour de la province du Kasaï, au centre, d’Albert Kalonji de proclamer son indépendance.
C’est la raison pour laquelle, lors de sa première session ordinaire de la conférence des chefs d’Etats et des gouvernements, au Caire, en Egypte. L’Union Africaine « déclare solennellement que tous les Etats membres s’engagent à respecter les frontières existant au moment où ils ont accédé à l’indépendance » ( ). C’est ici que prend effet, le fameux principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Avec comme conséquence, le changement radical de la perception des frontières africaines. Elles deviennent rigides et une limite sociologiquement infranchissable.
Environ cinquante ans après les indépendances, la perception des frontières africaines héritées de la colonisation, reste d’actualité mais prend de dimensions importantes. D’une part, ayant constaté, la persistante récurrence de la question, l’Union Africaine a initié le programme frontières (PFUA) qui s’engage à la délimitation et démarcation précises des toutes les frontières africaines ( ). Car, il a été révélé que seulement, moins 1/3 des frontières africaines sont définies ( ). Plus de 67% de celles-ci sont inexistantes. D’autre part, la CEEAC, avec son programme frontière (PF-CEEAC) tente elle aussi, de répondre à la même question, au niveau de sa sous-région. Avec comme constat central : la plupart des frontières de l’Afrique Centrale sont mal définies et mal délimitées, et les pays de la région ne coopèrent que difficilement en matière de gestion et de sécurisation des frontières ( ).
De qui précède, il y a lieu de constater que les frontières africaines ont été mal définies et délimitées. Ceci entraine plusieurs conséquences comme sus évoquées dans la présentation de cette dissertation.
Ainsi notre problématique consiste à savoir : quelle est l’ancienne perception des frontières des Etats africains ? Ne peut-on pas adapter les frontières aux différentes aires culturelles des Etats frontaliers ? Cette expérience peut-elle aller au cas de la RDC ?
CHAPITRE II. FRONTIERES ET AIRES CULTURELLES DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Comme dans toute l’Afrique, les frontières de la RDC ont été définitivement établies, au début du XXe siècle. ces frontières tracées au gré des puissances coloniales, dans un contexte de rivalité entre celles-ci, ont dans bien des cas, fait fi des réalités ethniques, linguistiques, religieuses et politiques des peuples africains. À ce sujet Ndaywell écrit : « la découpe de l’ensemble de l’Afrique centrale a été cassée en trois espaces branchés sur Kinshasa, Mombasa et Dar-es-Salam, contrôlés par trois puissances coloniales. Ce fut ainsi que les anciennes entités politiques furent dispersées. À l’ouest, l’ancien royaume Kongo entre l’Angola, la RDC et le Congo-Brazzaville ; au sud, l’empire Lunda entre l’Angola, la RDC et la Zambie ; au nord les Zandés entre la RDC, la Centrafrique et le Soudan ; à l’Est le domaine de Bami entre la RDC, le Rwanda et le Burundi. L’espace des Bami se retrouva intégré dans trois différents pays. Ainsi, on retrouve des populations rwandophones (Nord-Kivu) et Burundophones (plaine de la Ruzizi au Sud-Kivu) au-delà des limites territoriales imposées par les puissances coloniales ( ). Abondant dans le même sens Chrétien renchérit : « c’est essentiellement dans les chancelleries coloniales que des experts à coup de crayons de couleurs avaient établi les frontières. La délimitation des différents Etats futurs demanda un travail ardu et long qui ne tenait pas compte des réalités ethniques en place. En effet, le premier découpage de la République Démocratique du Congo fait par Léopold II reprenait les deux tiers du territoire actuel. La riche province du Katanga n’y était incluse. Ce n’est que plusieurs mois plus tard en décembre 1884, que le nouveau tracé put inclure le Katanga et la frontière orientale coupait en deux le Rwanda et le Burundi actuels. Sur une carte particulièrement fantaisiste, Stanley travailla pour l’extension de ce territoire tantôt se fondant sur l’hydrographie, tantôt sur le relief » ( ).Les nouvelles frontières établies renferment des communautés peu homogènes, voire antagonistes, chargées souvent de multiples forces explosives ( ).
L’Afrique Centrale, et particulièrement le bassin du fleuve Congo, a une histoire particulière des frontières. En effet, c’est par un conflit entre les grandes puissances dans cette partie de l’Afrique que la conférence internationale de Berlin fut convoquée. Contrairement à certaines idées reçues, cette conférence n’a pas tracé les frontières africaines. Elle y a établi un ordre : l’ordre de Berlin, en posant les règles et conditions du partage de l’Afrique ( ). En effet, le roi de belges, conscient du degré de retard de puissance de son pays par rapport aux autres participants à la conférence entreprit des pourparlers avec les autres : les Allemands, les Français, les portugais et les Britanniques. Ces négociations se sont poursuivies après la conférence. Apres les âpres discussions, les frontières de l’Etat Indépendant du Congo furent limitées, en décembre 1894 ( ). La dernière délimitation des frontières de la RDC pendant la période coloniale, fut établie en 1926, entre la Belgique et le Portugal, lors du traité Saint-Paul de Luanda portant arrangement sur la frontière entre l’EIC et l’Angola. Ainsi le tracé définitif des frontières de la RDC est une succession longue et ardue de plusieurs conventions, traités, accords, protocoles et arrangements suivants :
- 5 février 1885 : L'EIC a abandonné la rive droite du Congo, c'est-à-dire le bassin du Kwilu-Niari suivi du 29 avril 1885, pour la rive droite de l'Ubangi. Ainsi, est définitivement fixée la frontière occidentale sur l'Ubangi jusqu'au 4ème parallèle nord, afin de permettre à la France d'avoir accès à la vallée du Nil.
- 21 mai 1891 : Signature d'un accord entre l'EIC et le Portugal, fixant la frontière entre la RD Congo et l'Angola. Tous les territoires situés entre les 6ème et 8ème degrés de latitude Sud reviennent à l'EIC tandis que le Portugal s'octroie ceux s'étendant entre le Kwango et le Kasaï depuis le 8ème degré de latitude Sud.
- 12 mai 1894 : Est signée entre l'EIC et l'Angleterre la convention fixant les frontières entre l'EIC et le Soudan, entre l'EIC et l'Ouganda et entre l'EIC et la Tanzanie. En fait, cet accord concède à Léopold II à "bail", le sud Soudan égyptien. Objet de protestations généralisées de la part des puissances, Léopold II se contente du traité Anglo-congolais du 09 mai 1906, abrogeant le bail sur le Bar el-ghazal de l'enclave de Lado sur le haut Nil. En 1910, Léopold II meurt et l'enclave est rendue au Soudan. Cette convention concernait également la frontière entre l'EIC et la Rhodésie du Nord (République de Zambie).
- 19 avril 1897 : Signature entre l'EIC et la France du Protocole sur les frontières entre l'EIC et l'Afrique Orientale Française (République Centrafricaine).
- 10 mai 1910 : Signature du protocole fixant les frontières orientales de l'EIC avec l'Ouganda, le Rwanda et l'Urundi.
- 14 mai 1910 : Signature à Bruxelles entre les "délégués du Roi des Belges et ceux du gouvernement de l'Empereur de l'Allemagne, Roi de Prusse, de l'arrangement en vue de la fixation du tracé d'une frontière définitive entre la colonie du Congo et le Protectorat allemand de l'Afrique Orientale au nord de Tanganyika-Rwanda-Urundi".
- 16 mai 1910 : Signature entre la Belgique et les autorités anglo-soudanaises, de l'arrangement portant sur la remise de l'Enclave de Lado au Soudan.
- 11 août 1910 : Signature entre la Belgique et l'Allemagne de la convention portant approbation de l'arrangement du 14 mai 1910.
- 14 juin 1911 : Approbation, confirmation et ratification de la convention ci-dessus par le Roi des Belges (Albert 1er). Signature à Bruxelles, du Procès-verbal de l'échange des ratifications de l'empereur de l'Allemagne, Roi de Prusse et du Roi des Belges sur la convention conclue entre l'Allemagne et la Belgique, le 11 avril 1910, pour déterminer les frontières du protectorat allemand de l'Afrique orientale et de la colonie belge du Congo. Ces actes ont été trouvés exacts et concordants et l'échange a été opéré.
- 1926 : Signature entre la Belgique et le Portugal du Traité Saint-Paul de Luanda portant arrangement sur la frontière entre l'EIC et l'Angola.
L’un des problèmes majeurs des frontières externes de la RDC reste, sans conteste, celui de la pression démographique de ses voisins, principalement de ceux de la frontière-Est, entre autres le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda. En effet, en 2008, la densité de la population rwandaise atteignait déjà 380 hab/Km2, avec un taux de fécondité de 6 enfants par femme au Rwanda, 6 à 8 au Burundi. Ce taux croit en moyenne de 3%, précisément de 2.6% au Rwanda. Ce qui pourrait conduire à un dédoublement de la population en 25 ans. Or avec plus de 10 millions d’habitants au Rwanda actuellement dont 90% vivent en milieu rural, où chaque famille ne dispose plus en moyenne que 40 ares de terres à cultiver. La question que l’on doit se poser, est celle de savoir comment vivront dans une génération 20 millions de Rwandais, mais aussi, où vivront-ils ? A la manière des vents, les mouvements migratoires vont des hautes pressions vers les basses pressions ; il est ici question, des pressions démographiques : la migration vers l’ouest, vers les terres moins peuplées des Kivus et Ituri. A cet effet, E. Rusamira écrit, au sujet de massacre de 1993, à Ntoto : « les présidents Zaïrois (congolais) Mobutu et Rwandais Habyarimana furent pendant longtemps des alliés politiques, mais aussi de très proches amis en ‘’affaires’’. C’est dans ce cadre que le premier aurait vendu (ou offert) des vastes étendues de terre au second et à d’autres politiciens Rwandais, dans la localité de Ntoto, sur le territoire de Walikale, habité en majorité par les Nyanga. Habyarimana y fit installer une large population Hutu Rwandaise, chargée de mettre en valeur ces espaces. Mais, très vite, un conflit opposa les autochtones et ces étrangers. Certaines sources (informations obtenues auprès des ressortissants de Masisi basé au canada) affirment que ces derniers n’obéissaient pas à l’autorité locale et se permettaient même de hisser le drapeau Rwandais sur le territoire congolais » ( ). Cette question est principalement un domaine de la zone frontalière de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi, l’est de la RDC constitue le principal foyer de tensions régionales depuis la fin du règne de Joseph Mobutu, en 1997. C’est au Kivu que se sont refugiés, en 1994, les génocidaires Rwandais. Aujourd’hui regroupés au sein des forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR)» ( ).
Des aires culturelles de la RDC
La RDC est une véritable mosaïque culturelle. Elle compte en effet quelque quatorze zones culturelles et pas moins de 365 groupes ethniques, d’après Ndaywell ( ). C’est une tache sans doute, les moins aisées que de regrouper les différentes ethnies congolaises, en quelques aires culturelles homogènes. Car, pris dans le sens de forger l’unité, la multicularité de l’Afrique toute entière, de l’Afrique Centrale, voire de la RDC peut apparaitre comme un défaut de taille. Le continent noir est fait d’une multitude d’ethnies qui n’ont pas le sentiment de partager grand-chose et dont chacune se sent étrangère aux autres ( ).
Sur base des anciens royaumes et empires, de son majestueux fleuve parcourant tout le pays, de ses langues, ainsi que d’un certain nombre des caractéristiques homogènes, la RDC peut être divisée en trois grandes aires culturelles : - l’aire culturelle Kongo ; - l’aire culturelle d’Ubangi et - l’aire culturelle de Lualaba
L’aire culturelle Kongo, comme son nom l’indique, est issue de l’ancien et glorieux royaume Kongo, ou mieux de ce qui est resté du royaume dans l’actuelle RDC.
L’aire culturelle Kongo s’étend de l’océan Atlantique, dans la province du Kongo-Centrale jusqu’à la rivière Kwango, dans la province du Kwango. Elle comprend les provinces actuelles du Kongo Central, de Kinshasa, du Kwilu et du Kwango. Elle est délimitée au nord par les provinces de l’Equateur et de la Tshuapa, à l’Est par la province du Kasaï, au Sud par la République d’Angola, au Nord-ouest par la République du Congo, et à l’ouest par l’Océan Atlantique.
Coloriée en jaune, cette zone culturelle est constituée de l’ethnie Kongo ou les Bena Kongo ou encore les ne kongo dont les plus importantes tribus représentatives sont les Bayombe, Banianga, teke, Yaka, Ndibu, Yansi, Bambala, etc. C’est sans doute l’aire culturelle la plus homogène de toutes que nous étudions, de par son passé glorieux du royaume et l’observation jusqu’aujourd’hui d’un certain nombre de valeurs.
On retrouve les Bakongo dans : l’ex province du Bandundu, qui constituait une entité purement politique, créée par Mobutu vers les années 1960, elle n’existait pas autrefois. L’actuelle province et ville province de Kinshasa était bel et bien un territoire à part entière du royaume Kongo qui s’appelait Pumbu et dont les chefs des terres étaient des clans : Lukeni, Lukunga et teke, les Humbu n’étant devenu un clan chef des terres que bien après.