DEDICACE
A mes parents Michel LUZAYADIO KIAMAZOWA et Marie-José BUKUSU NDONA pour m’avoir donné une bonne éducation et pour tant d’amour et sacrifices consentis. Que ceci soit pour vous un sujet de joie.
A Juslain SOKO SUNDA pour ton soutien.
A ma fille Splendide SOKO KIAMANA.
REMERCIEMENTS
Au terme de nos études à l’Université de Kinshasa, nous exprimons nos sentiments de reconnaissance envers tous ceux qui ont contribué à notre formation tant intellectuelle que morale.
A cet effet, nous nous empressons de remercier en priorité l’artisan principal de ce travail pour ses orientations, ses sages conseils et son apport très significatif dans la réalisation de cette œuvre. Il s’agit bien entendu du Professeur Ordinaire Adélard NKUANZAKA INZANZA, directeur de ce mémoire.
C’est dans le même cadre de reconnaissance que nous remercions également le Chef de Travaux Donat Tshimanga Mukadi pour avoir accepté de nous encadrer tout au long du déroulement du processus de rédaction de ce travail de mémoire en dépit de ses diverses occupations.
A nos frères et sœurs : Michel LUZAYADIO, Francis LUZAYADIO, Narrage LUZAYADIO et Rinedi LUZAYADIO, ainsi qu’a nos tantes et oncles pour leur soutien, spirituel, moral et matériel.
INTRODUCTION
1. Etat de la question
La construction d’un objet d’étude s’accomplit sur base d’autres investigations ou de l’analyse des écrits antérieurs réalisés dans le même domaine de recherche par les prédécesseurs. Tel est le cas de la thématique du mariage scrutée dans tous les sens par bon nombre d’auteurs en sciences sociales et humaines en général, et en sociologie en particulier.
A ce propos, l’Etat de la question répond effectivement à cette exigence épistémologique qui demande de mener à bon port une nouvelle recherche en la confrontant aux écrits existants. C’est ce qui confère le caractère scientifique à une recherche dont l’un des critères est la communicabilité.
Parlant de l’analyse documentaire, Joël IPARA note que le travail de recherche exige l’élaboration d’une bibliographie minimale sur le sujet en question, qui consiste à consulter les documents repérés et surtout, à synthétiser l’information pertinente pour le sujet de la recherche ou le projet d’intervention ([1]).
En rapport avec la matière qui nous intéresse dans cette étude, Marc Montoussé et Gilles Renouard notent que le mariage est la forme la plus fréquente d’union : environ 50% des hommes et un peu moins de 50% des femmes sont mariés. Mais cette forme de conjugalité est en crise : le nombre de mariages diminue et le nombre de divorces augmente. Les couples se marient de plus en plus tardivement (l’âge moyen des hommes au premier mariage est de 31,5 ans en 2007 contre 24,7 ans en 1970 et l’âge moyen des femmes de 29,5 ans en 2007 contre 22,6 ans en 1970) ([2]).
En outre, ces deux auteurs renchérissent que lorsqu’une personne se marie, elle déclare généralement le faire par amour. Il n’en demeure pas moins que cet amour se fonde le plus souvent sur un système cohérent de choix et sur certaines attentes. Les attentes ne sont pas seulement affectives ; elles peuvent aussi concerner le mode relationnel entre les deux conjoints qui peut être fondé sur une plus ou moins grande autonomie individuelle ; chaque conjoint peut aussi espérer une modification de sa situation sociale grâce au mariage ([3]).
Si ces deux auteurs ont évoqué le caractère tardif du mariage, l’accroissement des taux de divorce et les attentes particulières de chacun des conjoints dans la vie de couple, ils n’ont pas fait, par contre, allusion aux causes du retard enregistré dans l’engagement au mariage.
Adélard Nkuanzaka, en bon défenseur de la planification familiale, a mis en exergue la fameuse théorie de « Quatre trop ». Il fait remarquer à ce propos que des nombreuses études effectuées dans le monde entier démontrent que les grossesses très précoces (avant 18 ans), trop tardives (après 35 ans), trop nombreuses (après 5 enfants au moins) et trop rapprochées (séparées de moins de 24 mois) constituent une cause majeure des taux élevés de mortalité et de morbidité maternelles et infantiles, voire même juvéniles, notamment dans les pays en voie de développement ([4]).
Par rapport à cette théorie de « Quatre trop, » nous sommes amenée à établir des liens entre les mariages tardifs et les grossesses trop tardives, c'est-à-dire après 35 ans. Ce genre de mariages peut causer des ennuis aux couples concernés, car l’âge avancé de l’un des conjoints ou de tous les deux pourrait compromettre la maternité et la paternité et susciter des conflits susceptibles de conduire au divorce. Il en est de même pour les grossesses trop rapprochées qui pourraient être fatales à ces couples tentés par l’esprit de récupération du retard enregistré dans l’engendrement. La spécificité de notre étude porte sur la recherche des causes et l’impact social des mariages tardifs sur les conjoints et leur entourage immédiat.
On constate, affirment de leur côté Béatrice Barbusse et Dominique Glaymann, que le nombre de mariages est de plus en plus faible depuis le début des années 70, même si une inversion de la tendance est intervenue depuis une dizaine d’années. En 25 ans, le nombre de mariages annuel a diminué presque de moitié. Si on se marie de moins en moins, on se marie également de plus en plus tardivement. Parallèlement, le nombre de divorces augmente puisqu’il a pratiquement triplé en 25 ans.
En outre, ajoutent ces deux auteurs, le nombre de célibataires masculins et féminins augmente sensiblement. Si la proportion d’hommes et des femmes mariés diminue sensiblement, celle des célibataires augmente progressivement depuis les années 70. Le nombre de familles monoparentales ne cesse également de s’accroître : la proportion de familles monoparentales a plus que doublé en 30 ans. En 2002, en nombre absolu, on compte plus de 1,7 million de familles monoparentales contre 458.000 en 1968 ([5]).
Tous ces bouleversements, insistent-ils, sont souvent interprétés comme le signe d’une crise de la famille. On peut en effet parler de la crise de la famille à condition de préciser que l’on fait référence à la famille traditionnelle (un couple marié avec un ou des enfants), c'est-à-dire un modèle familial qui a prédominé aux années 70. En considérant le modèle familial « traditionnel » comme une exception historique, les nouveaux comportements familiaux témoignent plutôt d’un changement parmi d’autres que d’une crise essentielle. Plus précisément, ils manifestent la multiplication et la complexification des configurations familiales ([6]).
La période contemporaine, concluent les deux auteurs, atteste la diversité des configurations familles, puisqu’à côté de la famille nucléaire traditionnelle (un couple marié avec un ou des enfants) coexistent d’autres formes familiales (familiales recomposées, monoparentales, cohabitants, célibataires, …) de plus en plus différenciées. Tous ces changements relativement récents soulèvent des problèmes d’interprétation, mais également des questionnements d’ordre éthique auxquelles la société, et en particulier le législateur, devront donner des réponses dans les années à venir ([7]).
De son côté, et abondant dans le même sens que ces deux auteurs, Jean-Hugues Déchaux soutient dans le contexte de la société française que le mariage est longtemps demeuré l’institution centrale de la famille. En trente ans, il n’a cessé de perdre du terrain. L’indicateur conjoncturel de nuptialité des femmes est passé de 0,92 en 1970 à 0,51 en 2007. Parallèlement, poursuit-il, alors qu’il ne cessait de diminuer depuis près d’un siècle, l’âge moyen au premier mariage s’est élevé : de 1970 à 2007, il est passé de 24,4 ans à 31 ;5 ans pour les hommes et de 22,4 ans à 29,5 ans pour les femmes ([8]).
Par rapport à ces quelques écrits que nous venons d’évoquer, les auteurs, occidentaux essentiellement, parlent davantage du mariage en général et du mariage tardif en particulier sans spécifier les causes majeures et les conséquences y afférentes, ce qui constitue l’originalité de notre travail.
2. Problématique
La question du mariage, intimement liée à celle de la famille, relève, depuis la nuit des temps, du vécu quotidien de la vie en société, car liée nécessairement au renouvellement de l’espèce humaine. Les relations de mariage se font, se défont et se refont au fur et à mesure de l’évolution des systèmes sociaux. La succession des différentes générations d’individus disséminés au fil du temps à travers la planète n’est qu’une suite logique de ces liens indispensables d’intimité entre les hommes et les femmes quelle que soit la race.
De l’Antiquité à ce jour, l’espèce humaine n’a cessé de se multiplier en dépit de la diversité culturelle propre aux peuples du monde. La force du mariage est d’autant plus grande que les individus se marient, non seulement au sein de leurs groupes sociaux d’origine, mais également en dehors de ceux-ci, voire au-delà des frontières géopolitiques.
Penser à se marier est pour un individu à la fois une nécessité et un devoir moral, étant donné que le mariage demeure incontestablement la toute première institution de perpétuation responsable de l’espèce humaine. A cet effet, il a toujours présenté un caractère sacré dans la plupart des sociétés ; car les hommes naissent, grandissent et se marient au sein des structures sociales.
Point donc n’est besoin de démontrer l’importance du mariage dans nos sociétés traditionnelles au vu des précautions prises par les prétendants et leurs familles avant de s’y engager. Les jeunes garçons comme les filles, subissaient des épreuves d’initiation et étaient pris en charge par des personnes avisées, mûres et expérimentées en vue de les aider à bien naviguer dans la vie de couple. Les rites d’initiation ainsi organisés étaient fondés sur les traditions et valeurs ancestrales propres à chaque groupe social et l’insoumission à celles-ci s’avérait impensable et même sévèrement punie.
Aujourd’hui et de plus en plus, les familles subissent des profondes mutations à la suite de la pluralité de formes de mariage favorisées par le développement de la science et le changement de mentalité. C’est ce qui fait qu’apparaissent de nouvelles formes de conjugalité à l’instar de l’union libre ou de la cohabitation, de l’augmentation sensible du nombre de célibataires masculins et féminins, de l’accroissement de familles monoparentales et recomposées ainsi que du mariage entre personnes de même sexe, appelé en France mariage pour tous.
Pour la ville de Kinshasa, les mariages tardifs semblent gagner du terrain comparativement aux sociétés congolaises rurales d’autrefois caractérisées par les mariages précoces dans le seul but de fonder une famille et avoir une progéniture nombreuse qui sera salutaire dans les derniers moments de vie des parents.
A cet effet, il y a lieu de rappeler que l’organisation du mariage dans les sociétés traditionnelles était diamétralement opposée à celle vécue dans les milieux urbains. Jadis, la question du mariage était perçue de manière holistique, car la communauté dans l’ensemble y était impliquée. Le choix du conjoint ne dépendait pas des personnes concernées par le mariage, mais plutôt des parents qui considéraient les jeunes comme inexpérimentés et qu’il faillait les préparer progressivement à leurs responsabilités futures. Ceci explique la pratique des rites d’initiation, c'est-à-dire l’Ecole initiatique en faveur de la jeunesse sortie de la puberté.
Il était donc inconcevable de constater les cas des mariages tardifs car la société mettait à la disposition des jeunes prétendants tous les moyens nécessaires pour assurer leur vie, avant de s’engager dans les liens sacrés de mariage. Le jeune garçon disposait d’un logis personnel et d’un espace de champ. Il était donc initié aux travaux champêtres, à la chasse et à la pêche de même que la jeune fille devrait subir la même initiation dans des tâches spécifiques. L’objectif visé dans le mariage était la procréation, avoir des enfants dès le bas-âge, grandir avec eux en vue de pérenniser la famille, le clan voire la tribu. A cette époque, on a connu ni crise économique ni crise sociale car la nature seule leur offrait les moyens de subsistance.
Contrairement à ces sociétés, la vie moderne offre une autre image du mariage. Les conditions économiques difficiles, le chômage et l’oisiveté retardent l’engagement au mariage par manque d’un minimum vital. Compte-tenu de la précarité des conditions de vie à Kinshasa en général et dans la commune de Kimbanseke en particulier, les jeunes de ces milieux manquent souvent les moyens pour s’engager dans une union légitime et consacrent plutôt leur temps à la sexualité incontrôlée pour satisfaire leurs pulsions. C’est sans mesurer les conséquences néfastes qui peuvent s’ensuivre pour l’avenir tant de la personne que de la communauté.
Partant de toutes les considérations ci-haut exprimées, l’essentiel de notre problématique s’articule autour des questions suivantes:
- Quels sont les principaux facteurs déterminant les mariages tardifs ?
- Quel est alors l’impact de ces mariages sur les contractants ainsi que sur la communauté ?
- Est-il possible ou nécessaire d’éviter ce genre de mariage ?
3. Hypothèses
En guise des réponses provisoires aux questions ci-haut formulées, nous osons croire que :
- Les mariages tardifs seraient liés aux difficultés économiques consécutives au chômage, à la longue durée des études, surtout si celles-ci s’étendent du primaire à l’université, à la recherche d’un «(e ) partenaire idéal (e ), à l’exorbitance de la dot et à la précarité des conditions de vie.
- Comme impact, les mariages tardifs pourraient engendrer des naissances tardives, voire la stérilité, la stigmatisation et l’incompréhension.
- Quant à savoir s’il est nécessaire ou possible d’éviter ce genre de mariage, cela ne dépendrait pas du bon vouloir des individus contraints par la force des choses.
4. Méthodologie
Toute recherche scientifique, quelle que soit sa forme ou sa finalité, recourt toujours à une méthodologie susceptible de conduire la pensée progressivement vers la vérité. C’est donc à cette fin que l’usage des méthodes et techniques valent leur pesant d’or dans tout processus heuristique.
4.1. Méthode
Le propre de la méthode est d’aider à analyser et comprendre au sens le plus large, les résultats de la recherche scientifique, le processus de la recherche lui-même, affirme KAPLAN ([9]).
Par rapport à notre travail, la méthode systémique est celle qui convient le mieux. Et pour ce faire, il est impérieux de bien comprendre le concept de système.
Nous pouvons définir un système comme un ensemble d’éléments interdépendants se trouvant en interaction. Tout système possède des propriétés fondamentales. Dire que la réalité étudiée forme un système signifie qu’on lui attribue les propriétés suivantes :
- elle est constituée d’éléments ayant entre eux des rapports d’indépendance ;
- la totalité formée par l’ensemble des éléments n’est pas réductible à leur somme ;
- les rapports d’interdépendance entre les éléments et la totalité qui en résulte, obéissent à des règles qui peuvent s’exprimer en termes logiques ([10]).
De sa part, Adélard Nkuanzaka, tout en considérant le concept de système comme un terme polysémique, un fourre-tout, le définit comme « un ensemble d’éléments identifiables, interdépendants, c'est-à-dire liés entre eux par des relations telles que, si l’une d’elles est modifiée, les autres le sont aussi et par conséquent tout l’ensemble du système est modifié, transformé » ([11]).
Ainsi donc, poursuit le professeur Adélard Nkuanzaka, « la démarche systémique est totalisante et globalisante ; elle met plus l’accent sur les relations existantes entre les objets, les sous-systèmes que sur ces derniers pris de façon isolée » ([12]).
A cet effet, nous comprenons qu’un système réagit globalement comme un « Tout » aux pressions extérieures et aux réactions de ses éléments internes. A cet effet, l’évocation des postulats de la méthode systémique nous permet de considérer le mariage comme un des éléments d’un ensemble à côté d’autres régis par des rapports de réciprocité. On ne peut donc pas séparer le mariage du cadre général où il est institué et pratiqué, c'est-à-dire, la société globale qui détermine les règles de son organisation.
En outre, le mariage tardif est à situer dans le contexte d’une société en pleine mutation, caractérisée par une crise généralisée, laquelle n’offre pas de possibilités aux individus de s’unir au printemps de leur jeunesse. La résurgence des guerres entretenues par certains acteurs pour perpétuer le système politique, est un élément déstabilisateur de l’ordre économique dont les conséquences pèsent lourdement en défaveur des populations, qui ne savent pas à quel saint se vouer. Le chômage, la durée des études et l’exorbitance de la dot peuvent justifier les mariages tardifs, dans une société où tout va très mal. Disons à cet effet que le mariage est un système.
4.2. Techniques
Benoît Verhaegen définit les techniques comme étant l’ensemble de moyens et procédés qui permettent à un chercheur de rassembler des informations originales ou des secondes mains sur un sujet donné : la statistique, le questionnaire, l’observation, le récit de vie, l’interview, l’analyse de contenu, l’étude critique de documents sont des techniques ([13]).
Mû par le souci de concrétiser notre étude, nous nous sommes référée aux quatre catégories de techniques de recherche en sciences sociales et humaines telles qu’évoquées par Adélard Nkuanzaka ([14]).
Il s’agit des techniques de sélection ou d’échantillonnage ; les techniques d’observation et de collecte, les techniques de description et de présentation ainsi que les techniques d’analyse
Concernant le cadre de notre travail, nous avons recouru à l’échantillon accidentel, à l’observation directe, l’observation indirecte et à l’interview.
4.2.1. L’observation directe
Il s’agit ici d’une observation ordinaire, c'est-à-dire effectuée à l’aide de nos organes de sens, car nous sommes nous-même témoin et actrice de ces genres de mariage dans nos propres milieux de vie.
4.2.2. L’observation indirecte
L’étude des documents est à situer dans la recherche bibliographique, comme condition sine qua none de l’évolution scientifique. C’est pour cette raison que nous avons recouru à l’analyse de certains documents tels que les ouvrages scientifiques, les articles des revues scientifiques, les travaux académiques et autres documents officiels sur le mariage en général et le mariage tardif en particulier.
4.2.3. L’interview et le questionnaire
Cette technique nous a permis, grâce aux questions relatives à notre objet d’étude, d’interroger oralement les personnes concernées par notre étude, c'est-à-dire les hommes et les femmes mariés dont les opinions sur le mariage tardif nous étaient indispensables dans la compréhension et l’explication dudit thème. L’interview était adressée aux individus qui ne savaient ni lire, ni écrire et le questionnaire aux lettrés qui devraient y répondre en notre absence ou en dehors de notre contrôle.
4.2.4. Techniques de présentation
Pour présenter les données de notre étude, particulièrement celles des premières mains, nous avons utilisé des tableaux pour l’essentiel, suivis d’explications et commentaires appropriés.
Nous avons ainsi jumelé techniques quantitatives et qualitatives dans la présentation desdites données.
5. Justification du choix du sujet et intérêt de l’étude
Le choix porté à ce sujet relève de l’importance attachée au mariage comme lieu privilégié de la procréation responsable. Le mariage est une institution dont les manifestations ont un impact considérable sur toutes les couches sociales et sur l’avenir des nations.
Il marque les différentes générations à travers le temps et l’espace. Cette réalité est vécue différemment en fonction des cultures propres à chaque peuple et à chaque époque.
Pour nous-même, nous nous sommes intéressée au mariage tardif par rapport aux conséquences qui en découlent et les problèmes qu’il pose à ceux qui le contractent. Les connaissances apprises et exploitées dans le cadre de ce travail constituent une contribution importante à la sociologie de la famille et aux recherches ultérieures pour le progrès scientifique dans ce domaine.
Sur le plan pratique, cette étude pourrait apporter des remèdes et pour la prise de conscience des problèmes liés aux mariages tardifs, tant sur les conjoints que sur la progéniture, mais aussi sur l’ensemble de la communauté.
6. Délimitation du sujet
Tout travail de recherche se réalise dans des limites déterminées. C’est ainsi que nous parlons de la délimitation spatio-temporelle. Dans l’espace, notre étude vise la ville de Kinshasa, et particulièrement la commune de Kimbanseke comme milieu d’investigation. De plus en plus, dans ce milieu, non seulement les mariages se raréfient, mais aussi ils se font tardivement.
Dans le temps, nous considérons la période allant de 2015 à 2017 à cause des grandes manifestations des mariages tardifs occasionnés par la pauvreté accrue qui continue à frapper les habitants de Kinshasa, en général et de la commune de Kimbanseke, en particulier. C’est ce que nous allons prouver à l’aide des données statistiques de l’état-civil de cette commune.
7. Difficultés rencontrées
D’une manière générale, la question du mariage touche à l’intimité des individus qui éprouvent la peine à se dévoiler, car pensent-ils, toute vérité n’est pas bonne à dire. La réticence des enquêtés, l’insuffisance des moyens financiers, la carence de la documentation sur le mariage tardif sont là les éléments frénateurs ne nous ayant pas facilité la tâche dans la récolte des données en dépit de notre détermination à tenir bon. C’est par une réelle détermination que nous sommes parvenue à surmonter toutes ces difficultés.
8. Subdivision du travail
Outre l’introduction et la conclusion, notre étude est construite autour de quatre chapitres. Le premier chapitre est consacré au balisage conceptuel et à la présentation du milieu d’étude ; le second s’est appesanti sur les généralités sur le mariage dans le monde et à Kinshasa. Le troisième chapitre porte sur le mariage tardif : causes majeures et facteurs favorisants. Le quatrième et dernier chapitre prend en compte l’analyse et l’interprétation des données recueillies sur le terrain.
CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL ET PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE
Dans le cadre de ce premier chapitre de notre étude, nous allons aborder successivement la définition de concepts dans la première section et la présentation du milieu d’étude dans la seconde section.
I.1. Définition des concepts de base et apparentés
Vu le caractère polysémique des concepts utilisés, il est indispensable que nous procédions à leur clarification en vue d’assurer aux lecteurs une bonne intelligibilité de leur usage. A cet effet, dans le cadre de notre étude, nous allons définir et commenter les concepts tels que : Autopsie, mariage, mariage tardif, mariage précoce et famille.
1.1.1. Autopsie
Le dictionnaire médical définit l’autopsie comme l’examen complet d’un cadavre et de son contenu (viscères, toxiques, etc.). L’autopsie permet non seulement l’examen anatomique de tous les viscères, mais aussi d’effectuer des prélèvements destinés aux études chimiques, microscopiques, immunologiques, facilitant la progression de la science médicale ou la compréhension des causes d’un décès ([15]).
L’autopsie scientifique est pratiquée dans trois buts :
- Prélever des organes frais en vue de greffe chez les vivants ;
- Renseigner les familles sur les causes exactes d’un décès et découvrir d’éventuelles maladies héréditaires ;
- Faire avancer les connaissances médicales, en permettant de confronter les faits cliniques observés du vivant du sujet, avec les anomalies anatomiques occasionnées par la maladie ou l’ayant provoquée.
L’autopsie médico-légale est pratiquée sur réquisition du Procureur de la République, par un médecin légiste ; nul ne peut s’y opposer. Cette réquisition est faite en cas de mort consécutive à des violences, à un crime, à un accident ou à un suicide. Elle l’est également si la mort est suspecte (sujets jeunes ou apparemment en bonne santé, cause imprécise) ou qu’une procédure de responsabilité civile ou pénale est engagée. Les buts de l’autopsie médico-légale sont bien définis :
- Elle permet de préciser ou d’établir l’identité du sujet (sexe, âge, état pathologique éventuel) ;
- Elle permet de rechercher la cause de la mort (traumatisme, plaie, intoxication) et de définir légalement la nature de cette mort : mort naturelle, accident, crime ou suicide ;
- Elle permet d’établir la date et parfois l’heure de la mort.
Dans le contexte de notre étude, le concept autopsie consiste à examiner en profondeur les causes et les facteurs favorisant le mariage tardif.
I.1.2. Mariage
Le mariage, selon le Lexique de Sociologie[16], est une union légale entre (au moins) deux personnes créant ainsi un lien d’alliance et visant à donner un statut légitime aux enfants nés de cette union. Dans toute société, le mariage est d’abord une institution imposant certaines règles sociales qui confèrent sa légitimité et sa légalité à l’alliance, permettent la perpétuation des familles et la socialisation des enfants.
La principale de ces règles est la prohibition de l’inceste, complétée par des règles d’exogamie qui impose le choix du conjoint hors de son propre groupe social (les limites de ce groupe varient selon les sociétés). Dans certaines sociétés, il existe également des règles de remariage (en cas de veuvage ou de stérilité notamment) comme le lévirat et le sororat. On parle alors de mariages secondaires. Il existe enfin des règles relatives à la résidence du nouveau couple, qui peut être patrilocale, virilocale, matrilocale, uxorilocale ou encore néo-locale. Le mariage peut par ailleurs relever de la monogamie ou de la polygamie.
Selon Emile Durkheim, cité par le Lexique de Sociologie, le mariage est au fondement de la famille conjugale. Et selon Claude Lévi-Strauss, également cité par la même source, la famille trouve son origine dans le mariage. Il indique que, quels que soient les types de mariage (par échange, achat, libre choix, choix imposé par la famille, etc.), chaque société opère une distinction entre les unions libres et les unions légitimes, et presque toutes les sociétés mettent très haut le statut matrimonial (avec une certaine « répulsion » à l’égard du célibat ou des couples sans enfants).
Par ailleurs, indique la même source, le mariage ne procède en général pas des individus, mais des groupes concernés (familles, lignages, clans, etc.). En effet, bien que le mariage donne naissance à une famille, c’est la famille ou plutôt les familles qui créent le mariage, comme principal moyen légal d’établir entre elles une alliance : « Quelle que soit la manière dont la collectivité affirme qu’elle est intéressée au mariage de ses membres que ce soit en reconnaissant l’autorité de solides groupes de consanguins ou, de façon plus directe, celle de l’Etat, il reste que le mariage, n’est pas, n’est jamais et ne peut pas être une affaire privée » ([17]).
De sa part, Adélard Nkuanzaka ([18]), considérant l’institution mariage, révèle des effets juridiques ci-dessous :
- Le mariage légitime publiquement l’union de l’homme et de la femme et des enfants qui en sont issus. Des fiancés, il fait des époux, des conjoints.
- Le mariage crée l’entité juridique de la famille, dans la mesure où il y a consentement mutuel devant témoins et où il en confie la responsabilité et la représentation à un chef de famille.
- Le mariage organise la vie économique pour le régime des biens, la socialisation des enfants, enfin l’autorité à l’intérieur de la famille, autorité parentale, autorité maritale.
D’après le Code congolais (RDC) de la famille, le mariage est l’acte civil, public et solennel par lequel un homme et une femme, qui ne sont engagés ni l’un ni l’autre, dans les liens d’un précédent mariage enregistré, établissent entre eux une union légale et durable dont les conditions de formation, les effets et la dissolution sont déterminés par la présente ([19]).
Pour ce qui nous concerne, nous considérons le mariage comme une relation d’amour entre un homme et une femme dont la volonté de vivre ensemble pour fonder une famille est attestée légalement par l’essentiel de la communauté dont ils sont issus.
I.1.3. Mariage tardif
Le mariage tardif est une union légitime d’un homme et d’une femme qui consentent à se marier en dépit de l’âge avancé de l’un ou de l’autre partenaire, c'est-à-dire allant au-delà de 30 ans. Toutefois, il faut reconnaître que le législateur n’a pas prévu l’âge exact de mariage bien que le Code de la famille dans son article 352 évoquant la capacité de contracter le mariage, stipule : « L’homme et la femme avant dix-huit ans révolus ne peuvent contracter le mariage ».
A cet effet, il y a lieu de parler du mariage précoce ou à l’heure lorsque les conjoints s’engagent dès l’âge de 18 ans. Mais de plus en plus, beaucoup d’individus contractent le mariage à l’approche ou au dépassement de la trentaine à la suite des facteurs qui touchent à leur passé intime ou à la conjoncture, c'est-à-dire indépendamment de leur propre volonté.
I.1.4. Famille
Le concept de « famille » recouvre plusieurs sens dans la mesure où il touche à plusieurs aspects de la vie sociale. Pour le Lexique de Sociologie, « au sens strict, la famille est un groupe social composé de deux personnes au moins, ayant une résidence commune et unies par des liens de parenté (règles d’alliance, de filiation, de germanité) et un réseau de droits et obligations (droit de porter un certain nom, droit à l’héritage, obligation alimentaire, obligation d’éducation, prohibition de l’inceste, etc.).
L’analyse des règles sociales à l’origine de la famille a particulièrement été mise en évidence par Claude Lévi –Strauss dans les Structures élémentaires de la parenté. Il montre notamment comment l’alliance permet la communication entre différents groupes sociaux (clans, tribus, villages, etc.) parfois en rivalité. L’exogamie lui paraît constituer une règle absolue des sociétés humaines qui a donné lieu à la prohibité de l’inceste. ([20])
Il n’existe pas une forme unique de la famille. On parle de la famille conjugale, de la famille élargie, de la famille homoparentale, de la famille monoparentale, de la famille nucléaire, de la famille patriarcale, de la famille recomposée et de la famille souche. Explicitons ces différents types de familles pour en avoir une intelligence plus nette:
- La famille conjugale est fondée sur le mariage et ainsi nommée par Emile Durkheim parce que le mari et la femme en constituent les éléments permanents.
- La famille élargie se compose aussi des membres originaires d’un même village lorsque ceux-ci s’en retrouvent éloignés.
- La famille homoparentale est le couple d’homosexuels élevant ensemble des enfants. Elle est issue de ce qu’on appelle actuellement en France mariage pour tous (MPT).
- La famille monoparentale est constituée par un parent isolé et ses enfants célibataires de moins de 25 ans n’ayant pas d’enfants.
- La famille nucléaire est le type de famille composée d’un couple, marié ou non, et de ses enfants. C’est le prototype de la famille occidentale.
- La famille patriarcale est un modèle communautaire dans lequel tous les fils se mariaient et s’établissaient au foyer paternel, dans le cadre de leader-localité.
- La famille recomposée est celle comprenant un couple d’adultes (mariés ou non) et au moins un enfant né d’une union précédente de l’un des conjoints.
- La famille souche est un modèle de famille où le père choisit un seul parmi ses enfants comme héritier privilégié.
Par rapport à tout ce qui est dit sur la famille par les différents auteurs, nous considérons pour notre part la famille comme la toute première organisation sociale dont les membres partagent les mêmes liens de parenté. On y retrouve ainsi les parents, les enfants et autres personnes unis par les liens de sang ou d’alliance. Cependant, il faut reconnaître que toutes les sociétés humaines disposent de modalités d’appartenance. Mais force est de constater que les formes que peut revêtir la famille sont loin d’être universelles ; car, les règles d’alliance, d’origine culturelle et non naturelle, sont différentes d’une société à l’autre. Mais partout, la famille exerce des fonctions économiques et sociales essentielles. Comme nous pouvons le voir, le sens du mot famille est pluriel et dépend de conventions évidemment arbitraires. Son sens diffère donc d’une société à l’autre. Si les travaux anthropologiques et historiques témoignent de l’universalité de la famille, en revanche, ils constatent qu’elle prend, selon les lieux et les époques, des formes variées et démontrent ainsi qu’elle est un artefact, construit par les conventions sociales en vigueur ([21]).
C’est donc par ces mots que nous mettons fin à la première section ayant porté sur la terminologie et commençons la seconde, qui consiste en la présentation de notre milieu d’étude, la commune de Kimbanseke.
I.2. Présentation du milieu d’investigation : la commune de Kimbanseke
1.2.1. Historique
Kimbanseke vient du mot Humbu « Mbensio » dont Mbe signifie terre et nsio signifie plaine. Littéralement, Kimbanseke veut dire une plaine très étendue. Dans le contexte colonial, les agents sanitaires belges, en mal de prononciation, modifièrent le Mbensio à Kimbanseke.
Avant son érection en commune par l’Arrêté ministériel n°68-026 du 30 mars 1968 portant création et dénomination des nouvelles communes de la ville de Kinshasa, Kimbanseke était une zone annexe du territoire sururbain de Kinshasa.
A ce titre, elle faisait partie intégrante de l’administration du District du Bas-Congo, devenue Kongo Central en 1963. Par la suite, Kimbanseke devint une zone annexe de la ville de Kinshasa, avec une population qui est passée de 1.116,33 habitants en 2017 à 1.00665,51 en 2016, soit une augmentation de 4,9% ([22]). On dénombre 1.082.935 nationaux et 33.401 étrangers. Cette augmentation est consécutive d’une part, au retour en 2016 de la population angolaise dans son pays pendant la période électorale et d’autre part, à l’arrivée en masse des populations en provenance de l’espace Grand Kasaï et de l’ex-Province du Bandundu.
1.2.2. Situation géographique dans la ville de Kinshasa
La commune de Kimbanseke a une superficie de 237,80km2 ; elle fait partie de cinq communes urbano-rurales que compte la ville de Kinshasa, à savoir : Kisenso, Nsele, Maluku, MontNgafula et Kimbanseke. Elle est la plus peuplée de toutes les communes de la ville de Kinshasa.
La commune de Kimbanseke est géographiquement située à l’Est de la ville de Kinshasa ; elle est limitée au Nord par le tronçon du Boulevard Lumumba qui part de la rivière Nsanga jusqu’à la rivière Tswenge. Le Boulevard en constitue la limite avec la commune de Masina. Au Sud par la Province du Kongo-Central, à l’Est par la rivière Twenge et la commune urbano-rurale de N’sele, à l’Ouest par la commune de N’djili.
1.2.3. Situation socio-culturelle et économique
Sur le plan socio-culturel, la commune de Kimbanseke est une entité urbaine et pluriethnique, avec une prédominance des peuples kongo, luba et yansi.
Ces différentes ethnies organisent différentes associations culturelles pour promouvoir les valeurs culturelles à travers la musique folklorique, le théâtre, etc. Les mariages inter-ethniques s’imposent de plus en plus en dépit de la contrainte qu’exercent certains parents sur les jeunes, les obligeant à se marier dans leurs ethnies respectives.
On dénombre à Kimbanseke des églises traditionnelles (Catholique, Protestante et Kimbanguiste), des églises islamiques et traditionnelles africaines.
Les écoles privées et publiques y reçoivent les jeunes en âge de scolarité, mais on n’y trouve aucun Institut supérieur ni une université et moins encore une bibliothèque où peuvent s’instruire les jeunes adultes.
Sur le plan socio-économique, la commune de Kimbanseke est considérée comme une entité urbano-rurale à cause de sa position géographique périphérique et proche du milieu rural et de la cohabitation des activités agricoles et de la foresterie ainsi que de certaines activités et pratiques de la vie urbaine, comme le commerce et certains services.
Enfin dans cette commune urbano-rurale, les facteurs tels que l’électricité, l’eau, etc. sont difficiles ou progressent d’un rythme lent.
Mode et genre de vie des habitants
La commune de Kimbanseke est l’une des entités les plus pauvres de la ville de Kinshasa où l’on ne retrouve ni industries, usines et entreprises pour absorber le chômage de ses habitants croupissant dans la misère. Il est donc difficile d’envisager à l’heure actuelle un quelconque développement de cette vaste commune où la population ne vit que grâce à la débrouille. Pour les besoins de la survie, les enfants tout comme leurs parents sont contraints à la vente de n’importe quel article. Les petits enfants sillonnent les principales rues et avenues pour vendre de l’eau en sachet, des biscuits, bonbons, cigarettes et autres petits articles afin de participer aux besoins alimentaires de leurs familles.
Les femmes de leur côté, pour assurer le train de vie familiale, sortent très tôt matin pour aller vendre du pain, de la farine, de l’huile, des arachides, des poissons, des épices, soit devant leurs lieux d’habitation, les maisons commerciales, les bars, soit au coin des rues ou avenues, ou encore dans les petits marchés.
Soulignons également qu’une grande partie de la jeunesse n’a pas accès à l’école à cause de l’exorbitance des frais d’études. Ces jeunes élisent domicile dans la rue où ils crient à tue-tête, discutant et commentant sur les artistes musiciens en vogue, le sport et les jeux de lotery espérant obtenir de l’argent facile. Une autre catégorie de jeunes est celle qui se livre à la délinquance, au vol, au banditisme et à la criminalité (kuluna) dans le souci de trouver de quoi se prendre en charge.
Dans cette commune, pullulent les églises de réveil, les petites boutiques, les officines pharmaceutiques, les bars, les restaurants de fortune (malewa), et des écoles privées ne répondant pas aux critères d’ouverture et de fonctionnement. En dehors de quelques grandes écoles conventionnées catholiques telles que le Lycée de Sœurs des Pauvres, les Instituts Malako et Passio, le Collège Saint Joseph (Madaila), la plupart des autres écoles privées conventionnées protestantes, kimbanguistes, islamistes fonctionnent dans un état de délabrement et n’offrent pas à la jeunesse l’assurance d’un avenir sûr.
Une autre activité en vogue captivant l’attention de tous est celle de l’émergence des églises de réveil au sein desquelles la population trouve refuge par manque d’emploi. Les programmes de prière n’assurent pas la quiétude des voisins à cause des tapages diurnes et nocturnes, qui ont de l’incidence sur les études des enfants, sur la paix et la réflexion.
Le mode de vie de la population de cette commune suscite des problèmes familiaux majeurs, à savoir l’abandon des enfants à leur triste sort, la prostitution précoce, la situation des filles-mères, l’adultère, le divorce, etc. Tous ces éléments évoqués et non soulevés peuvent avoir une certaine influence sur le mariage et la vie familiale. Ceci nous permet d’aborder le point suivant qui porte sur le mariage à Kinshasa : Les faits.
CHAPITRE II : LES GENERALITES SUR LE MARIAGE DANS LE MONDE ET A KINSHASA
Section 1 : Le mariage à Kinshasa : Les faits
La ville de Kinshasa, eu égard à ses fonctions politiques, administratives et économiques, a eu le privilège d’attirer en son sein les différents ressortissants de tous les coins de la République, venus à la recherche des meilleures conditions de vie. La pratique du mariage n’est plus telle qu’elle était dans les sociétés traditionnelles. Le choix du partenaire dans cette ville est fortement conditionné par des critères tels que l’origine tribale ou ethnique, le niveau d’études, la situation sociale, les relations professionnelles, l’appartenance religieuse, la proximité, etc. Donc, on observe une certaine homogamie dans le choix du (de la) conjoint (e).
Par rapport à l’origine tribale, ethnique ou provinciale, certaines familles s’estiment heureuses lorsque les alliances matrimoniales se tissent autour de l’appartenance à une même ère culturelle du fait qu’elles partagent les mêmes valeurs morales et linguistiques. Les individus issus d’une même contrée recourent aux mêmes traditions et pratiques en cas de différends ou de n’importe quel autre problème pouvant survenir. Le respect des coutumes est une donne capitale dans la solidification des liens conjugaux. Les gens considèrent que prendre en mariage une personne d’une autre langue constituerait un danger et une menace à la stabilité familiale.
Le niveau d’études prend de plus en plus de l’importance dans le choix de conjoint dans la ville de Kinshasa. De plus en plus, on assiste à des mariages où les conjoints partagent quasiment la même culture intellectuelle. Cette réalité est observable dans les milieux universitaires au sein desquels on fait fi des origines tribales, ethniques ou provinciales. Un homme suffisamment instruit a constamment besoin d’une femme instruite pour assurer les lendemains meilleurs et surtout émettre avec elle sur une même longueur d’onde.
La situation sociale – économique joue également sur le choix des conjoints dans la ville de Kinshasa. La pauvreté des familles, le chômage des parents et des jeunes, la détérioration des conditions de vie font qu’aucune famille responsable ne peut concéder sa fille à un individu désœuvré, c'est-à-dire sans emploi et n’exerçant aucune activité rémunératrice des revenus. La situation sociale reste essentiellement attachée au mariage tardif tel que nous allons le démontrer dans notre troisième chapitre.
Les relations professionnelles justifient aussi le choix du mariage. Nous trouvons davantage des couples qui travaillent dans un même service, ou au sein d’une même organisation où ils se sont rencontrés pour la première fois. Les rencontres journalières et multiples incitent souvent les individus dans leur choix du mariage ou dans une autre relation de copinage, d’affaires, etc.
S’agissant des mariages et des divorces, le service de l’Etat-civil de la commune de Kimbanseke a célébré 260 mariages en 2016 et 416 en 2017 ; tandis que qu’un seul cas de divorce a été enregistré en 2017 pour 0 au cours de l’exercice 2016 ([23]).
Même les enfants issus de ces couples bénéficient des relations de leurs parents pour s’engager à leur tour dans des unions conjugales à l’occasion de diverses rencontres.
L’appartenance religieuse est également une pratique courante dans le choix du mariage pour les enfants dont les parents partagent la même doctrine et les mêmes convictions religieuses. Certaines églises imposent le choix des fiancés qui ne dépend pas des intéressés eux-mêmes, peu importe leur volonté. A ce niveau, nous évoquons le choix du Saint-Esprit auquel il faut obéir impérativement. Tel est le cas de l’Eglise des apôtres, appelés communément les « Babas » qui contraignent même une petite fille d’épouser un homme très âgé, voire plus âgé que son père. Même chez les Disciples du prophète Branham, le choix du mariage dépend des préceptes tirés des enseignements de celui-ci qui autorisent les prétendants à opérer leur choix au sein même de l’église. Il en est de même pour les Kimbanguistes et autres églises de réveil.
La proximité des résidences de son côté permet aussi aux individus de s’engager dans le mariage du fait de partager le même milieu de vie, c'est-à-dire le même environnement physique où l’on est né et où l’on a grandi. Généralement, le choix lié à la proximité de résidence ne tient pas tellement compte d’autres facteurs tels que décrits précédemment dans cette section.
En définitive, le mariage à Kinshasa, en dépit de toutes les considérations qui président au choix du conjoint ou de la conjointe, demeure soumise aux contraintes financières dont la dot joue un rôle important dans la consécration des liens conjugaux. La question de la dot se pose de la même façon en dépit de la diversité tribale, ethnique et provinciale. Les valeurs dotales, par leur coût excessif, donnent l’impression de la marchandisation de la fille par les parents profitant de la crise sociale. La dot, telle qu’elle se manifeste sous forme de « Facture » semble avoir perdu sa valeur symbolique d’antan pour se constituer en « épée de Damoclès » contre les jeunes garçons, souvent démunis et ne sachant quoi faire. C’est donc la dot, parmi tant d’autres facteurs, qui favorise le plus les mariages tardifs dans la ville de Kinshasa.
Après cette analyse de tous ces faits qui conditionnent les mariages tardifs, nous abordons dans le point suivant le divorce comme compagnon permanent du mariage.
Section 2 : Le divorce comme compagnon permanent du mariage
Dans les sociétés traditionnelles, on se mariait une seule fois pour la vie et jusqu’à la mort, le mariage étant considéré comme un lien sacré, stable et exalté par tous. Celui-ci devient de nos jours, une institution faible, menacée de plus en plus par la tendance de divorce ou de séparation. A cet effet, Marcel Mauss fait remarquer, en ce qui concerne les couples, que tant que le mariage était une alliance décidée par des groupes (le choix du conjoint n’étant pas le fait des futurs partenaires), l’indissolubilité du mariage était la règle.
Lorsque le choix du conjoint devint personnel avec la montée de l’individualisme, s’ouvrit la possibilité de rompre l’alliance et de changer le conjoint. La reconnaissance légale de divorce et son importance quantitative (un couple marié sur deux divorce à Bruxelles, un sur trois dans le reste de la communauté française), a entraîné la multiplication des situations où s’impose la sortie de la logique du don ([24]).
En France, Marc Muntoussé et Gilles Renouard constatent une hausse importante de divorce à partir des années 1960 et son accélération à partir de 1972. Tout en rappelant la diversité des formes d’union, ces deux auteurs considèrent le mariage comme la forme la plus fréquente d’union : environ 50% des hommes et en peu moins de 50% des femmes sont mariés. Mais cette forme de conjugalité est en crise. Le nombre de mariages diminue et le nombre de divorce augmente ([25]).
Dans le cas de la ville de Kinshasa, le divorce est vécu comme une denrée alimentaire qui affecte les couples. Parmi les causes de ce phénomène, il y a lieu de citer la dégradation des conditions de vie, le chômage des jeunes en âge de travailler, les pesanteurs socio-culturelles, la stérilité, les croyances religieuses et l’influence des médias en général et des réseaux sociaux en particulier.
S’agissant de mutations contemporaines de la famille, Béatrice Barbusse et Dominique Glaymann parlent de plus en plus de divorces et de moins en moins de mariage. Pour le cas de la France, ils constatent, suite aux données statistiques, que le nombre de mariages est de plus en plus faible depuis le début des années 70, même si une inversion de la tendance est intervenue depuis une dizaine d’années. En 25 ans, le nombre de mariages annuels a diminué presque de moitié. Si on se marie de moins en moins, on se marie de plus en plus tardivement.
Depuis les années 60 toujours en France, l’âge moyen au premier mariage ne cesse d’augmenter aussi bien pour les hommes (à peine plus de 30 ans en 2000 contre 24,5 ans en 1967) que pour les femmes (28 ans en 2000 contre 22,5 ans en 1967). Parallèlement, le nombre de divorces augmente puisqu’il a pratiquement triplé en 25 ans (114.000 divorces en 2000 contre 89.000 en 1972) ([26]).
Après que nous avons parlé de divorce comme compagnon permanent du mariage, notre quatrième section s’intéresse aux contrefaçons du mariage dans le monde et en RDC (Kinshasa).
Section 3 : Les contrefaçons du mariage dans le monde et en RDC (Kinshasa)
La société actuelle fait face à des mutations qui font que les structures familiales ne sont plus les mêmes par rapport aux sociétés traditionnelles caractérisées par les alliances qui n’avaient toujours lieu qu’entre les personnes de sexe opposé. De nouvelles formes de conjugalité apparaissent.
Le mariage homosexuel qui a longtemps paru inconcevable dans nos sociétés, est légitime dans certaines sociétés actuelles. Par exemple, chez les Nuer, une tribu du Soudan, il existe rationnellement un mariage légal entre femmes. Une femme stérile, qui est considérée comme un homme, peut se marier officiellement avec une femme de son choix. Elle lui choisit ensuite un homme pour cohabiter avec elle et bien faire des enfants. Mais le « père » des enfants est la femme stérile (ils porteront ainsi son nom).
Dans un autre contexte, précisent B. Barbusse et D. Glaymann, et pour des raisons bien différentes tenant à la liberté individuelle, la Belgique, les Pays-Bas, deux provinces fédérales canadiennes et Taïwan ont récemment légalisé le mariage homosexuel.
Autre phénomène inconcevable pour nos sociétés : le mariage – fantôme. Une veuve sans enfant peut, chez les Nuer, épouser un des parents du mort (le frère ou son oncle paternel en général) qui se substitue ainsi au premier mari. Les enfants qui naissent de cette union sont socialement et légalement ceux du mort ([27]).
Dans une société sans mari ni père, les Na de Chine, Cai Hua, cité par Barbusse et Glaymann, évoque le cas d’une société totalement éloignée de la leur quant à son organisation familiale puisqu’elle pratique une polygamie généralisée. Le Na, petite ethnie de 30.000 habitants dans la province montagneuse du Yunnan en Chine, pratiquent la nuit tombée le principe de la « visite furtive ». Le soir, les garçons s’introduisent, sans être vus si possible, dans les maisons des femmes avec leur accord et repartent au petit matin comme si de rien n’était. Ainsi, les garçons vont de bras en bras féminins et, symétriquement, les femmes reçoivent autant de visites qu’elles le souhaitent.
S’il en est ainsi, c’est que l’idée de possession et de propriété sur les plans affectifs et sexuels n’existe pas. Tous les enfants nés de ces rencontres nocturnes appartiennent à la lignée de la mère (système de filiation matrilinéaire). Ils n’ont pas de père comme la mère n’a pas de mari. En l’absence de mariage et de paternité, ce sont les hommes de la maison (les frères et les oncles maternels) qui assurent les fonctions de père, un mot qui n’existe d’ailleurs pas dans leur vocabulaire ([28]).
Pour ce qui concerne les contrefaçons du mariage en RDC et particulièrement à Kinshasa, les mariages se font de plus en plus rares et l’on constate l’émergence de l’union libre ou la cohabitation. Le phénomène « yaka tovanda » est la forme la plus répandue d’union où les partenaires partagent un même toit conjugal, s’offrent la progéniture sans tenir compte de l’illégalité de cette union. Cette situation est liée à la précarité des conditions de vie, au chômage, à la paupérisation excessive et au contexte de crise générale qui frappe le pays dans son ensemble et la ville de Kinshasa en particulier.
Il faudrait également ajouter à ce phénomène la cohabitation entre les personnes de même sexe (les homosexuels), phénomène peu répandu, car pratiqué en cachette par les acteurs. Contrairement aux sociétés occidentales l’ayant officialiser, les lois en vigueur en RDC interdisent l’homosexualité dans nos sociétés.
En résumé, il y a lieu de reconnaître que le paysage familial continue à subir des transformations sociales à la suite des mutations qui l’affectent aujourd’hui, comparativement à celui d’hier. L’apparition de nouvelles formes de conjugalité laisse admettre que la crise du mariage est certaine. Tous les bouleversements évoqués font croire à Béatrice Barbusse et Dominique Glaymann qu’ils sont souvent interprétés comme le signe d’une crise de la famille. On peut en effet parler de crise de la famille à condition de préciser que l’on fait référence alors à la famille traditionnelle (un couple marié avec un ou des enfants) de type occidental.
En considérant le modèle familial « traditionnel », comme une option historique, les nouveaux comportements familiaux témoignent plutôt d’un changement parmi d’autres que d’une crise vraiment essentielle. Plus précisément, ils manifestent la multiplication et la complexification des configurations familiales.
L’évolution de la famille contemporaine attesterait une plus grande indépendance de l’individu par rapport à sa famille. Cette autonomisation de l’individu se manifeste notamment dans le monde occidental, par :
- une plus grande liberté dans le choix de conjoint : l’homogamie diminue même si elle reste massive ;
- une plus grande autonomie de décision de la part des adolescents et des adultes quant à leur choix de vie (concubinage, mariage, pacs, célibat, famille monoparentale, famille recomposée…) ;
- une indépendance plus grande des femmes au sein de la cellule familiale, notamment à l’égard des pères et des maris.
A propos des questions soulevées par ces mutations, certains des nouveaux comportements familiaux posent en premier lieu des problèmes juridiques relatifs aux questions de filiation et en particulier de parentalité. C’est le cas lorsqu’un enfant a été élevé par le deuxième compagnon de la mère (le père social) et que celui-ci n’est pas le père génétique (comme ce peut être le cas dans la situation d’une famille recomposée). Légalement, celui-ci n’a aucun droit sur l’enfant.
Mais ils posent aussi des problèmes d’ordre éthique et sociologique. En effet, certaines des nouvelles formes familiales interrogent nos habitudes de pensée ; c’était déjà le cas du Pacs. Mais aussi des femmes qui souhaitent avoir un enfant « toute seule ». Aujourd’hui se posent également les questions du mariage des homosexuels ainsi que de l’homoparentalité. Par ailleurs, le cas des familles recomposées et des familles monoparentales posent aussi des questions quant à leur capacité d’intégration ([29]).
C’est sur ces notes que nous terminons le second chapitre de notre travail pour aborder le troisième qui évoque les causes majeures du mariage tardif.
CHAPITRE III : LE MARIAGE TARDIF : CAUSES MAJEURES ET FACTEURS FAVORISANTS
Dans ce chapitre, il est question d’analyser les causes majeures et les facteurs favorisants le mariage tardif ainsi que les conséquences socio-démographiques qui en découlent.
Section 1 : Causes majeures et facteurs favorisants le mariage tardif
Dans cette section, nous allons parler successivement des causes majeures et des facteurs favorisants le mariage tardif.
En abordant cette étude, nous avons estimé que le mariage tardif à Kinshasa serait lié à la conjoncture économique, au chômage de la population en âge de travailler et à la durée des études, pour ne citer que ces quelques causes qui nous paraissent primordiales.
En effet, depuis plusieurs décennies, la situation économique de la RDC a des incidences sur le niveau de vie de la population qui croupit davantage dans la misère. La détérioration des infrastructures économiques de base a engendré plusieurs maux sociaux dont les effets sont ressentis au niveau de l’éducation, de la santé, de l’emploi et de tous les autres domaines sensibles de la vie.
Le manque du minimum vital constitue un handicap majeur pour contracter le mariage. Le célibat prolongé est en principe un état non voulu au départ et surtout lorsqu’on a atteint l’âge de maturité auquel chaque individu cherche à s’assumer et à sortir de la tutelle des parents. A propos du célibat, Muntoussé et Renouard considèrent que celui-ci concerne les hommes de toutes catégories sociales (il est notamment important chez les hommes en bas de l’échelle sociale ; car le mariage est parfois considéré par les femmes comme un moyen de promotion sociale). Au XIXè siècle, renchérissent ces auteurs, le célibat des hommes était un signe de liberté voire de libertinage, alors que celui des femmes était plutôt dévalorisant ([30]). Cette attitude demeure la même à Kinshasa particulièrement et en RDC en général.
Si en Occident, cette situation est voulue, c’est parce que certaines sociétés occidentales prônent la liberté individuelle ; il en est autrement de la société congolaise où le célibat est conditionné par la situation socio-économique, notamment en milieu urbain, gangrené par le chômage, qui débouche naturellement sur la pauvreté.
Cette dernière, au sens large, peut être comprise comme un phénomène multidimensionnel qui implique à la fois le faible revenu ou le manque de revenu, l’absence du logement, l’impossibilité de se prendre en charge et surtout la dépendance vis-à-vis des autres membres de la famille de la communauté.
Il est à noter que le chômage est une période d’incertitudes pendant laquelle l’individu manque le minimum vital et ne sait pas décider de sa propre vie comme il le voudrait. C’est un moment délicat où l’espoir de trouver un emploi est incertain et où l’individu est totalement désemparé.
En effet, la population de la ville de Kinshasa augmente rapidement alors que les entreprises pouvant la prendre en charge se font de plus en plus rares. C’est ce qui fait que les gens demeurent en chômage le plus longtemps possible et perdent tout espoir de mener une vie normale. Par conséquent, l’oisiveté et le manque des ressources ne permettent aux individus de s’engager dans le mariage au moment voulu. Cette situation conduit finalement au mariage tardif, ou même au célibat définitif dans certains rares cas. Sous ce même registre, il est à retenir l’exorbitance de la dot
En effet, la dot, considérée par Adélard Nkuanzaka comme une compensation matrimoniale, est une pratique coutumière selon laquelle, le père ou l’oncle maternel du futur époux verse à la famille (au père ou l’oncle maternel) de la future épouse certaines valeurs en guise du mariage. L’importance de la dot africaine, poursuit cet auteur, est variable selon les contextes socio-culturels. Elle est souvent dépendante des qualités morales, physiques, intellectuelles ou sociales de la fiancée. Mais elle est généralement un gage d’amour et un symbole d’union entre deux clans, et peut être versée en espèce ou en nature ([31]).
Généralement, et dans la plupart de cas, la dot est composée des biens tels qu’une somme d’argent pour compenser les dépenses de socialisation de la mariée, les vêtements, la lampe, la machette ou la houe, une bête femelle, un sac de sel, un bidon d’huile, un bidon de vin de palme, de l’alcool ou encore d’autres biens déterminés en fonction de chaque aire culturelle. Cette pratique caractérise toutes les communautés, y compris urbaines en dépit de quelques traits de divergence culturelle.
La dot, hier comme aujourd’hui, affirme Benjamin Menge Osako ([32]), garde encore sa valeur culturelle en dépit de ce qu’ont écrit les premiers missionnaires ethnographes : « La femme africaine est une propriété (objet, esclave) du mari, car celui-ci la paie en versant les biens chez son ayant droit ». En ce qui le concerne, Maurice Delafosse, balaie cette allégation d’un revers de la main lorsqu’il écrit : « Il est inexact de dire que les Noirs achètent leurs femmes. L’achat d’un objet quelconque ou même d’une personne, d’un esclave par exemple, rend l’acheteur propriétaire de l’objet ou de l’individu acheté. Or, les Noirs n’admettent aucunement que le mari ait sur la femme un droit de propriété quelconque ni directement ni indirectement par l’intermédiaire de la famille qui a versé la dot ; il ne peut disposer d’elle ni la remettre en gage » ([33]).
Contrairement au caractère symbolique de la dot telle que reconnue par Adélard Nkuanzaka et aux propos du même genre avancés par Maurice Delafosse qui a eu à analyser ce phénomène à une période donnée, la conception de la dot en milieu urbain congolais n’est plus la même. Les cérémonies de la dot ne revêtent plus le caractère culturel à cause du grand nombre de biens exigés tant pour le beau-père que pour la belle-mère.
On assiste aujourd’hui à la demande des biens de grande valeur financière, des sommes exagérées d’argent et autres exigences qui font que les jeunes gens ne savent par où commencer face aux défis du mariage. Lors des cérémonies consacrant le mariage, les dépenses de location des véhicules, l’achat des vêtements des mariés, la location de la salle, la prise en charge des soins des garçons et des filles d’honneur, les moyens utilisés pour bien agrémenter la soirée, constituent autant de dépenses exorbitantes qui font peur à beaucoup d’individus de s’engager dans les alliances matrimoniales.
Somme toute, l’exorbitance de la dot et toutes les dépenses occasionnées par l’organisation du mariage découragent les personnes désireuses de se marier. Ceci explique amplement la survenance des mariages tardifs et les cas de célibat prolongé ou définitif observé dans notre société aujourd’hui.
Notons par ailleurs que la durée des études n’est pas en reste comme l’une des causes majeures des mariages tardifs. Les études, comme d’aucuns le savent, font partie intégrante des besoins fondamentaux des personnes au même titre que l’alimentation, l’habillement, le divertissement, la sexualité, la religion et tant d’autres. Pour que l’individu puisse s’affirmer et soit utile à la société, l’instruction passe pour l’un des meilleurs remèdes à rechercher. L’école moderne reste donc la voie obligée pour atteindre une certaine culture intellectuelle que ne peuvent disposer que des personnes initiées et mises à part.
Pour y parvenir, l’individu doit franchir certaines étapes nécessaires prévues dans le cursus scolaire et académique ou celles de formation professionnelle pour lui ouvrir la voie à un métier. Les parcours de toutes ces étapes sont parsemés d’embûches et requièrent beaucoup d’aptitudes et de sacrifices, voire des moyens et de la détermination. Et pourtant, quelle que soit la volonté de réussir, il arrive qu’on échoue, qu’on redouble ou qu’on abandonne les études ou la formation professionnelle compte tenu des paramètres imprévus.
Il faut souligner également les cas des circonstances exceptionnelles et malheureuses qui affectent les individus dans la vie à l’instar des maladies de longue durée, le décès, les voyages lointains, la perte d’emploi, le congé technique, le chômage et autres cas qui font que l’on soit privé de soutien nécessaire à la poursuite des études ou de la formation professionnelle.
Toutes ces situations peuvent occasionner une perte de temps irréparable. Aussi, le passage d’un cycle à un autre ne se réalise pas de façon automatique. En dehors de ces circonstances qui touchent à l’individu ou à ses responsables, il y a lieu de noter les cas de force majeure tels que les grèves des enseignants, les mouvements sociaux de protestation contre le système politique et les diverses revendications estudiantines liées aux frais académiques élastiques, qui occasionnent des années académiques qui chevauchent entre deux ou trois années civiles.
En définitive, la prise en compte de tous ces facteurs annihile les efforts de terminer les études au temps voulu. Le temps pris dans la formation et celui mis à la recherche de l’emploi, amènent la plupart de gens aux mariages tardifs. Ceci est d’autant vrai pour les hommes que pour les femmes.
Enfin, il y a la recherche d’un (e) partenaire idéal (e )
Chaque homme, dans son jeune âge, se fait des projections sur la future épouse, la femme idéale de même que la jeune fille aspire à un mariage radieux avec un prétendant répondant à ses critères.
Il y en a qui mettent en exergue certaines qualités telles que la beauté, la taille, le teint, le niveau d’études, la profession exercée, le statut des parents, le milieu de vie, l’origine tribale ou ethnique, l’appartenance religieuse, etc.
Généralement, ce que l’on pense est souvent loin de la réalité, la femme idéale comme le mari idéal n’existant pas. Ne dit-on pas en lingala que « moto oyo yo okolinga ye akolinga yo te, oyo yo okoboya akolinga ya mingi »[34], ce qui, littéralement veut dire, que « la personne aimée manquera d’affection à votre égard alors que celle qui n’est pas dans vos pensées, s’attachera à vous ».
Après avoir attendu vainement pendant longtemps la prétendue personne idéale, chaque individu finit par se lasser pour emprunter un autre chemin, non prévu au départ. Dans l’entre-temps, on se marie tardivement, faute de mieux. Le souci d’épouser un (e) partenaire idéal (e) demeure également l’une des causes des mariages tardifs, en plus de celles évoquées tout au long de ce chapitre.
C’est donc ce point qui ouvre la voie à la seconde section du troisième chapitre de notre travail, consacrée aux facteurs qui favorisent les mariages tardifs.
B. Facteurs favorisants les mariages tardifs
Après analyse des différentes causes des mariages tardifs telles qu’énumérées dans le premier point de cette section, il est nécessaire que nous parlions également dans ce second point des facteurs favorisants lesdits mariages.
Disons d’emblée à cet effet que ces facteurs résultent des mutations contemporaines qui caractérisent la famille d’aujourd’hui. C’est ce qui fait dire à Barbusse et Glaymann que de nouveaux comportements familiaux prennent corps progressivement et favorisent l’émergence de modèles familiaux fortement diversifiés et de plus en plus complexes à l’image des familles recomposées. Certains des nouveaux comportements familiaux posent en premier lieu des problèmes juridiques relatifs aux questions de filiation et en particulier de parentalité. C’est le cas lorsqu’un enfant a été élevé par le deuxième compagnon de la mère (père social) et que celui-ci n’est pas le père génétique (comme ça peut être le cas dans la situation d’une famille recomposée). Légalement, celui-ci n’a aucun droit sur l’enfant.
Parallèlement à ces propos, Jean-Hugues Déchaux affirme : « Alors que la famille traditionnelle est en déclin, de nouvelles formes de vie conjugale et familiale voient le jour, confirmant le fait que les structures familiales sont dynamiques et ne restent jamais durablement figées dans une configuration stable. Dans ce nouveau paysage, le mariage n’occupe plus la place pivot qu’était jusqu’alors la sienne » ([35]). Il faut à cet effet de la « Diffusion de la cohabitation hors mariage » de la « Banalisation du divorce et des unions successives », de la « multiplication des familles monoparentales et recomposées, et de « vie solitaire entre célibat et veuvage ».
Voyons, un à un, comment ces facteurs influent sur les mariages tardifs, tels qu’étudiés par Déchaux dans la société (française) occidentale.
- Diffusion de la cohabitation hors mariage
La vie en couple sans mariage, constate Déchaux, encore marginale dans les années 1960, s’est largement diffusée. En 2004, 3 millions des couples vivent en cohabitation, hors mariage, soit 1 sur 5, contre 1 sur 35 en 1968. Cette forme de cohabitation est surtout répandue chez les jeunes. En 2005, parmi les 20 – 24 ans, 23%vivent en couple dont 17% en couple non marié. Cette dernière proportion atteint 36% entre 25 et 29 ans, et devance encore le point de ceux qui sont en couple marié (23%). Cette situation a été étudiée en Occident. Mais une étude similaire sur la RDC donnerait des résultats similaires.
- Banalisation du divorce et des unions successives
Selon l’auteur précité, le nombre des divorcés a été multiplié par plus de quatre entre 1960 et 2007. Il a connu une progression, très forte jusqu’au milieu des années 1980, plus lente depuis. L’indicateur conjoncturel de divortialité indique un quasi doublement en vingt ans : on passe de 22 divorces pour 100 mariages en 1980 à 45 en 2007, ce qui situe la France dans la moyenne européenne. En Suède et en Belgique, plus d’un mariage sur deux se termine par un divorce contre un peu plus d’un sur deux seulement en Italie. Signe de la banalisation des ruptures d’union (couples mariés et couples non mariés), le risque de séparation reste presque constant tout au long de la vie commune. La probabilité de rupture est plus forte pour les couples sans enfants (mais l’absence d’enfant peut aussi résulter de la mésentente conjugale) et par les unions (avant 20 ans pour les femmes avant 2 ans pour les hommes)[36].
De plus en plus d’hommes et de femmes, poursuit-il, vivent plusieurs unions successives. Cette proportion n’a cessé d’augmenter depuis les générations nées dans les années 1950. Toutefois, les comportements masculins et féminins diffèrent. Toutes choses égales par ailleurs, les hommes moins de 65 ans qui ont connu une rupture de leur première union ont une fois et demie plus de chance de revivre en couple que les femmes[37].
Comme pour la cohabitation, la banalisation du divorce est aussi concernée par la RDC, bien que les études sont rares sur cette question.
- Multiplication des familles monoparentales et recomposées
Le divorce ou la séparation, constate encore Déchaux, sont devenus aujourd’hui le mode de constitution le plus commun de la famille monoparentale. Alors qu’au début des années 1960 une famille monoparentale sur deux était issue du décès d’un des deux parents, ce n’est plus le cas que de 10% d’entre elles en 2005. Neuf familles monoparentales sur dix le sont parce que les parents vivent séparément, une petite partie d’entre eux (15%= n’ayant jamais vécu ensemble. En dépit de l’essor de la garde altérée et bien que le rôle du père soit de plus en plus reconnu, les enfants vivent le plus souvent au foyer de la mère : la part des hommes à la tête d’une famille monoparentale n’atteint que 15% en 2005. La monoparentalité a surtout progressé parmi les trentenaires, du fait du recul de l’âge au mariage et de l’âge à la maternité.
Quant aux familles recomposées, Déchaux soutient qu’elles sont de grande taille, car il faut souvent héberger des enfants nés de deux unions différentes ; elles sont en moyenne 2,8 enfants contre 1,79 pour l’ensemble des familles.
Sur cette question, les données sont rares en ce qui concerne la RDC, pays dans lequel les services d’état-civil ne fonctionnent presque pas, sinon de façon tout à fait archaïque.
- La vie solitaire entre célibat et veuvage
D’après Déchaux, le recul de la mortalité et le meilleur état de santé des personnes âgées contribuent à augmenter le nombre de ceux qui, parmi ces dernières, vivent seules. En raison de la plus grande longévité féminine et de la différence d’âge entre conjoints, il s’agit majoritairement des femmes. Dès l’âge de 53 ans, elles sont plus nombreuses à vivre seules que les hommes et l’écart s’accroît ensuite.
Mais ce sont surtout, fait remarqué Déchaux, les transformations des comportements conjugaux qui expliquent l’ampleur de la hausse. De 1990 à 2004, si la proportion d’hommes et de femmes vivant seuls a créé à tous les âges jusqu’à 70 ans, c’est parmi les jeunes que l’augmentation est la plus forte en particulier pour les hommes. Quand un couple avec enfants se sépare, c’est le plus fréquemment l’homme qui va vivre seul s’il ne réforme pas un couple immédiatement. Entre 30 et 50 ans, la propension à vivre seul a davantage progressé chez les hommes que chez les femmes. Celles-ci, après la rupture conjugale, forment plus souvent une famille monoparentale.
Comme pour les facteurs précédents, celui-ci est également peu documenté sur la RDC.
L’analyse des facteurs favorisants nous permet d’aborder la seconde section de ce chapitre qui a trait aux conséquences socio-démographiques des mariages tardifs
Section 2. Conséquences sociodémographiques
Les mariages tardifs dont les causes majeures ont été examinées dans la première section de ce chapitre, ont des conséquences tant sur les personnes concernées que sur la situation démographique dans l’ensemble. Il faut noter à ce propos que l’âge avancé de la femme peut être à la base de la complication de la maternité ou causer même la stérilité suite au vieillissement. Dans ce cas, la femme est stigmatisée et fait l’objet de la risée et de la médisance de sa belle famille et de son environnement immédiat. Les démarches pour procréer, sont généralement fastidieuses et longues avec des consultations gynécologiques ; ce qui occasionne des dépenses énormes.
Un couple sans enfants contribue à la sous-population et se sentira déphasé en utilisant tous les moyens pour avoir des enfants. Dans le cas contraire, cette situation va susciter des souffrances morales, des traumatismes et des sentiments de culpabilité. A la limite, les problèmes d’incompréhension vont se créer et peuvent aboutir aux conflits, voire-même au divorce ou à la tentative de l’homme d’aller expérimenter un autre terrain.
En outre, même s’il est reconnu qu’une famille nombreuse peut se heurter à plusieurs difficultés de vie, pour le commun des mortels dans la culture congolaise, les enfants constituent un signe de richesse, d’honneur, de prestige, d’assurance et de garantie pour l’assurance-vie.
Certes, avoir une population plus nombreuse est perçu différemment par les acteurs sociaux. Pour une certaine opinion, un grand nombre d’enfants est source de pauvreté car les moyens de substance font souvent défaut. Une autre opinion est celle qui pense le contraire.
A cet effet, Willam Easterly soutient qu’une population dense pourrait par exemple endommager l’environnement et conduire à l’entassement, au grand dam de ses habitants actuels. Ces dommages possibles envers la société, les parents ne les prennent pas en compte lorsqu’ils décident d’avoir des enfants. Mais d’autres effets dont la parenté ne tiennent pas compte pourraient tout aussi bien avoir des répercussions positives pour la société[38].
Chaque bébé supplémentaire, ajoute-t-il, est un futur contribuable qui pourra participer au financement des programmes publics. Le principe de génie constitue un autre exemple, certes, plus nébuleux, des possibles bienfaits d’une population nombreuse. Plus il y aurait d’enfants et plus grande serait la probabilité de compter parmi eux futurs Mozart, Einstein ou Bill Gates.
La croissance démographique, parce qu’elle augmente la pression sur les ressources disponibles, pourrait également stimuler l’innovation technique. Par exemple, à mesure qu’augmente la population, et comme la terre est en quantité fixe, les hommes sont incités à imaginer de nouvelles idées pour améliorer la productivité agricole.
Et pourtant, le couple marié tardivement vivrait dans l’incertitude dans la mesure où la survenue des enfants demeure peu probable. Même s’ils parvenaient à obtenir la progéniture, ça serait au nombre réduit car l’âge avancé constitue un obstacle à la procréation.
Parallèlement aux conséquences socio-démographiques du mariage tardif telles que nous venons de l’évoquer, nous allons également parler de la cohabitation hors mariage comme une autre conséquence dudit mariage.
La cohabitation hors mariage ou phénomène « yaka tofanda »
Il arrive souvent à un homme âgé et à une femme âgée de s’engager dans une union illégale lorsqu’ils se sentent découragés et résignés faute des moyens nécessaires pour s’engager dans le mariage. L’essentiel pour eux est de cohabiter en dépit des railleries et de la stigmatisation dont ils pourraient être l’objet dans leur environnement vital. Plusieurs couples de ce genre existent dans la ville de Kinshasa en général et particulièrement dans la commune de Kimbanseke.
Il faut noter que cette commune est l’une des plus pauvres de la ville de Kinshasa où les habitants, dans la plupart de cas, vivent de la débrouillardise. Le chômage demeure élevé et ne permet pas à la population de vivre normalement. Les fiançailles, parfois longues, finissent soit par se disloquer, soit par se transformer en une union libre ou « yaka tofanda ».
A cet effet, les concernés peuvent vivre dans cette situation le plus longtemps possible à mesure que leur situation demeurerait stagnante. Notons également que certaines unions de ce genre parviennent à subir des changements pour se régulariser. Mais il s’agit là des cas rares dans ces milieux où la plupart des filles deviennent précocement mères faute de soutien et d’encadrement. C’est ce qui fait que les unions libres soient les plus nombreuses comparativement aux unions légales.
A ce propos, Jean-Hugues Déchaux analysant ce phénomène dans le monde occidental, soutient que « la cohabitation hors mariage est devenue le mode d’entrée normal dans la vie en couple. Près de 80% des femmes nées en 1950 ayant vécu en couple avant l’âge de 25 ans débutaient leur vie de couple par le mariage ; dans la génération née en 1968, ce n’est plus le cas que 20%. Pour autant, ce renversement des proportions ne signifie pas que la vie en couple non marié soit toujours le préalable, au mariage contrairement à l’interprétation qui y voyait, au moment où elle commençait à se diffuser, une sorte de « mariage à essai ». Dans les années 1990, on constate au contraire que les couples cohabitant sont de moins en moins enclins à se marier »[39].
En définitive, la cohabitation hors mariage appelée « yaka tofanda » à Kinshasa est de plus en plus vécue dans la commune de Kimbanseke. Cette diffusion de la vie en couple sans mariage est à la mode comme une union préférée dans la plupart de quartiers périphériques de la ville de Kinshasa. Beaucoup d’individus s’y sont adaptés, faute de mieux.
Mais au cas où le couple aurait obtenu les enfants, ça ne sera peut-être pas cette situation au nombre très limité contrairement à leurs aspirations profondes. Les enfants obtenus à la suite du mariage tardif vivent le risque de ne pas bénéficier d’une éducation digne, car les parents âgés n’ont plus assez d’énergie nécessaire pour accompagner l’enfant dans son cheminement.
C’est donc sur ce point que nous clôturons le troisième chapitre pour entamer notre quatrième et dernier chapitre consacré à la population d’enquête et aux données recueillies auprès de celle-ci.
CHAPITRE IV : POPULATION D’ENQUETE ET DONNEES RECUEILLIES
Dans ce quatrième et dernier chapitre de notre étude, nous allons présenter successivement la population d’enquête, les résultats enregistrés et la confrontation des résultats.
Section 1 : Population d’enquête
Par population ou univers, il faut entendre, d’après Adélard Nkuanzaka, un ensemble fini, délimité dans le temps et dans l’espace, qui fait l’objet de l’étude. Dans le domaine de la recherche scientifique en sciences sociales, il est très important de délimiter de manière précise la population. Cette délimitation doit s’effectuer en fonction des critères objectifs ([40]).
Dans le cadre de la présente étude, nous nous sommes intéressée à 45 personnes, hommes et femmes mariés, habitant le quartier Nsanga dans la commune de Kimbanseke. Vu l’immensité de cette contrée et la forte densité de sa population, nous avons interrogé 45 personnes par choix raisonné afin d’obtenir les opinions recherchées tel que nous l’avons souhaité.
Dans le choix de l’échantillon, nous nous sommes basée sur les critères suivants comme raisons majeures pour en faire partie :
- Habiter la commune de Kimbanseke
- Etre marié
- Etre âgé de 18 ans au moins. :
En ce qui concerne notre protocole d’enquête, il était constitué de 5 questions d’identification et 10 questions d’opinions.
Parmi les questions d’opinions, 8 étaient des questions ouvertes et des questions fermées. Les questions d’opinion ont porté sur la perception du mariage et sur les causes et conséquences du mariage tardif en particulier.
Les questions d’identification ont porté essentiellement sur les variables : sexe, âge, état matrimonial, niveau d’instruction, profession, nombre d’enfants et confession religieuse. Ces variables nous ont été utiles dans la compréhension des causes des mariages tardifs et leurs conséquences socio-démographiques.
Par rapport au déroulement de notre enquête, nous l’avons effectué du 20 mai au 20 juin 2018 et avons interrogé les chefs des ménages sur leur perception du mariage tardif. Ceci nous amène à l’analyse des résultats enregistrés.
Section 2 : Résultats enregistrés
Les résultats enregistrés à la suite de nos investigations de terrain sont présentés dans cette section sous deux aspects : les données d’identification et celles relatives aux opinions recueillies telles qu’illustrées sous forme des tableaux édifiés par des commentaires.
2.1. Données relatives à l’identification des enquêtés
Tableau n°1 : Répartition des enquêtés selon le sexe
Sexe |
Effectif |
Pourcentage |
Masculin |
13 |
43,3 |
Féminin |
17 |
56,6 |
Total |
30 |
100 |
Il découle de ce tableau que 43,3% des personnes interrogées sont du sexe masculin contre 56,6% des femmes.
Tableau n°2 : Personnes interrogées selon les tranches d’âge
Tranches d’âge |
Effectif |
Pourcentage |
18 – 22 ans |
4 |
13,3 |
23 – 27 ans |
15 |
50 |
28 – 32 ans |
8 |
26,6 |
33 ans et plus |
3 |
10 |
Total |
30 |
100 |
Sur ce tableau, 13,3% des enquêtés ont la tranche d’âge qui varie entre 18 et 22 ans ; 50% se situent entre 23 et 27 ans ; 26,6% entre 28 et 32 ans et 10% ont plus de 33 ans.
Tableau n°3 : Personnes interrogées selon l’état matrimonial
Etat matrimonial |
Fréquence |
Pourcentage |
Mariés |
23 |
76,6 |
Divorcés |
7 |
23,2 |
Total |
30 |
100 |
Il résulte de ce tableau que 76,6% des personnes interrogées sont des mariées contre 23,2% des divorcés.
Tableau n°4 : Répartition des enquêtés selon le niveau d’instruction
Niveau d’instruction |
Fréquence |
Pourcentage |
Sans niveau |
4 |
13,3 |
Primaire |
6 |
20 |
Secondaire |
15 |
50 |
Supérieur |
5 |
16,6 |
Total |
30 |
100 |
Ce tableau indique que 50% des personnes interrogées ont le niveau secondaire, 20% du niveau primaire, 16% ont un niveau supérieur et 13,3% n’ont aucun niveau.
Tableau n°5 : Répartition des enquêtés selon la profession exercée
Profession |
Fréquence |
Pourcentage |
Sans emploi |
10 |
33,3 |
Fonctionnaires |
6 |
20 |
Commerçants |
5 |
16,6 |
Total |
30 |
100 |
Par rapport à ce tableau, 63,3% des personnes interrogées sont sans emploi ; 20% sont des fonctionnaires et 16,6% des commerçants.
Tableau n°6 : Répartition des enquêtés selon la confession religieuse
Confession |
Fréquence |
Pourcentage |
Catholique |
6 |
20 |
Protestante |
4 |
13,3 |
Réveil |
15 |
50 |
Autres |
5 |
16,6 |
Total |
30 |
100 |
Concernant la confession religieuse, ce tableau précise que 50% font partie des églises de réveil ; 20% sont célibataires ; 16,6% appartiennent à d’autres confessions religieuses et 13,3% sont protestants.
Tableau n°7 : Répartition des enquêtés selon le nombre d’enfants
Nombre d’enfants |
Fréquence |
Pourcentage |
1 à 3 |
7 |
23,3 |
4 à 6 |
20 |
66,6 |
7 et plus |
3 |
10 |
Total |
30 |
100 |
Il résulte de ce tableau que 66,6% ont 4 à 6 enfants ; 23,3% possèdent 1 à 3 enfants et 10% comptent à partir de 7 enfants et plus.
2.2. Opinions recueillies
Tableau n°8 : Avis sur le type d’unions
Type d’unions |
Fréquence |
Pourcentage |
Mariage monogamique |
10 |
33 ;3 |
Mariage polygamique |
5 |
16,6 |
Union libre |
15 |
5 |
Total |
30 |
100 |
Ce tableau nous indique que 50% des enquêtés vivent dans des unions libres, 33,3% dans le mariage monogamique et 16,6% dans le mariage polygamique.
Tableau n°9 : Avis sur le nombre d’enfants
Nombre d’enfants |
Fréquence |
Pourcentage |
1 à 3 |
7 |
23,3 |
4 à 6 |
20 |
66,6 |
7 et plus |
3 |
10 |
Total |
30 |
100 |
Ce tableau nous renseigne que 66,6% des personnes interrogées possèdent 4 à 6 enfants ; 23,3% possèdent 1 à 3, et 10% ont plus de 7 enfants.
Tableau n°10 : Avis sur la détermination de l’âge du mariage
Avis |
Fréquence |
Pourcentage |
A partir de 18 ans |
19 |
63,3 |
Au-delà de 18 ans |
11 |
36,6 |
Total |
30 |
100 |
La majorité des enquêtés (63,3%) affirment que l’âge de mariage est déterminé à partir de 18 ans contre 36,6% qui ont préconisé le contraire.
Tableau n°11 : Avis sur la définition du mariage
Avis |
Fréquence |
Pourcentage |
Union d’un homme et d’une femme |
21 |
70 |
Union d’un homme et de plusieurs femmes |
4 |
13,3 |
Union de personne de même sexe |
2 |
6,6 |
Union d’une femme avec plusieurs hommes |
3 |
10 |
Total |
30 |
100 |
D’après ce tableau, 70% des enquêtés considèrent le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme ; 13,3% le considèrent comme l’union d’un homme et de plusieurs femmes ; 6,6%pensent que c’est une union de même sexe et 10% pensent que c’est l’union d’une femme avec plusieurs hommes.
Tableau n°12 : Avis sur le mariage précoce ou tardif
Avis |
Fréquence |
Pourcentage |
Tôt |
24 |
80 |
Tard |
2 |
6,6 |
Ça dépend |
4 |
13,3 |
Total |
30 |
100 |
Ce tableau nous renseigne que 80% des personnes interrogées se sont prononcées pour le mariage précoce ; 6,6% pour le mariage tardif et 13,3% étaient d’avis que cela dépendait.
Section 3 : Analyse et Interprétation des résultats
Après avoir mené une enquête relative à l’autopsie du mariage tardif à Kinshasa dans la commune de Kimbaseke, les résultats obtenus du terrain nous contraignent à leur interprétation concernant autant les données relatives à l’identification des enquêtes qu’à celles portant sur leurs opinions.
Pour ce qui concerne le sexe des personnes interrogées, notons qu’il y a plus de femmes qui se sont manifestées par rapport aux hommes, car la question du mariage demeure d’un intérêt particulier pour la femme dans notre société depuis toujours.
Par rapport aux tranches d’âges des enquêtés, la tendance dominante est celle comprise entre 29 et 39 ans. Nous comprenons à cet effet que cette période caractérise la jeunesse, généralement sensible et disposée à s’exprimer sur un sujet aussi sensible que celui du mariage.
Quand à l’état matrimonial, la majorité des personnes interrogées était constituée des maries pour la simple raison que cette question les concerne au plus haut degré du fait de leur expérience en la matière.
En ce qui concerne le niveau d’instruction, le plus grand nombre de notre population d’étude était du niveau secondaire. Cela se justifie par le fait que nous avons mené nos investigations dans une zone périphérique pauvre où les jeunes ne vont pas à l’Enseignement Supérieur et Universitaire faute des moyens. La pauvreté est un handicap majeur à la scolarisation de la jeunesse, et un facteur déterminant du mariage tardif tel que nous l’avons analysé dans ce travail.
En effet, en nous référant à la démarche systématique, notamment en tant que processus globalisant, nous constatons que le niveau d’instruction est une des conditions essentielles d’accès à un emploi qualifié et bien rémunéré. Donc, pauvreté, analphabétisme et chômage interagissent pour contribuer au mariage tardif. Ce cercle vieux ne pourrait être brisé que moyennant une prise de conscience générale et une action concertée des acteurs sociaux impliqués dans la formation de la jeunesse, la création d’emploi et les décisions politiques.
En rapport avec la profession exercée, la plupart des personnes interrogées sont sans emploi et mettent à profit leur temps dans la débrouillardise. Cet aspect met à nu le niveau de la pauvreté du milieu et corrobore la logique du mariage tardif.
Concernant la confession religieuse, les partisans des églises de réveil constituent la majorité parmi les personnes concernées par notre enquête. L’église à ce jour passe pour un lieu d’asile et d’espoir ou séjournent tous les aigris de la société qui croient aux promesses des hommes de Dieu pour leur vie future. Ces derniers en profitent pour exploiter leurs fidèles déjà paupérisées (dîmes, aumônes, etc.).
Selon le nombre d’enfants des personnes enquêtées, la majorité possède entre 4 et 6 enfants en dépit de leur faible niveau de revenu. Les enfants à leurs yeux, représentent une grande lueur d’espoir pour les lendemains meilleurs ; car, leur réussite ferait également le bonheur des parents. Et aussi les traditions veulent que la valeur d’une personne repose sur sa capacité à avoir le plus grand nombre d’enfants possible. Le mariage tardif par contre, risque à nager à contre – courant de cette valeur cardinale, qui n’est pas compatible aux exigences de la vie urbaine.
Par rapport au type d’unions ou se trouveraient les enquêtés, la majorité a déclaré appartenir à l’union libre, de type « yaka tovanda »([41]). Ce genre de cohabitation vous amène à comprendre le degré de souffrance de la grande partie de la population désœuvrée qui n’est pas en mesure de s’engager dans une légale qui repose sur plusieurs exigences et préalables, notamment le versement de la dot.
Quand à l’opinion sur la détermination de l’âge du mariage, la majorité des personnes interrogées reste convaincue qu’il est difficile de déterminer cet âge pour la simple raison que tout le monde ne bénéficie pas de la même façon les avantages matériels et sociaux susceptibles de permettre aux individus de s’engager dans le mariage.
Quant à la définition du mariage, le plus grand nombre des personnes interrogées considère celui-ci comme l’union légale d’un homme et d’une femme. Même demeurant dans une union libre, les individus concernés sont conscients de cohabiter dans l’illégalité et expliquent leur situation par rapport à la pauvreté et autres contraintes indépendantes de leur volonté. En effet, la vie sociale étant un système et le mariage (la famille) en étant un des sous-systèmes dont la constitution comporte plusieurs exigences qui, dans une économie urbaine et totalement monétarisée, ne sont pas à la portée de tous, les individus engagés dans les unions de fait se sentent culpabilisées, mais n’ont pas d’autres alternatives et se contraignent, malgré eux, de s’y accommoder.
Pour ce qui relève de la détermination de l’âge de mariage, la majorité des personnes interrogées se sont prononcées pour 18 ans, car pensent-ils, c’est à partir de cet âge qu’un individu atteint la maturité tel que cela est reconnu par la loi, ce qui n’est pourtant pas évident. Car, la majorité juridique ne va pas forcément avec la majorité sociale.
Par rapport au mariage précoce, la quasi majorité des individus concernés par notre enquête ont préféré le mariage précoce contre le mariage tardif. Pour ces gens, le mariage précoce permet au couple de vivre ensemble pendant longtemps et bien éduquer les enfants au beau moment de la jeunesse. Pourtant, ce type de mariage réunie des individus souvent inexpérimentés et immatures, susceptibles de vivre dans l’instabilité conjugale.
Concernât les causes du mariage tardif, le grand nombre d’individus interrogés ont évoqué le chômage et l’exorbitance de la dot. Il faut souligner à cet effet que la crise socio-économique qui sévit dans les milieux urbains est à la base du chômage ayant engendré à son tour la pauvreté. C’est donc suite à la misère sociale que la dot a perdu son caractère symbolique d’antan en se transformant à ce jour à un fonds de commerce pour les parents avides d’argent.
Pour ce qui a trait aux conséquences du mariage tardif, la majeure partie des enquêtés ont mis en exarque l’andropause pour l’homme et la ménopause pour la femme. Il faut noter que ces états biologiques sont préjudiciables à la bonne cohésion ou à l’harmonie du couple dans la mesure où l’homme voit ses capacités sexuelles s’affaiblir et la femme âgée voit s’éloigner de plus en plus ses chances d’avoir les enfants. Et parfois on se marie tardivement pour ne pas avoir des enfants.
En effet, dans une société assoiffée de fécondité abondante, se marier tard et avoir peu d’enfants est mal vu, voire-même condamné, les enfants étant considérés comme une assurance-vie pour leurs parents.
Par rapport aux problèmes que connaissent les filles célibataires âgées dans leur quartier, le plus grand nombre des personnes interrogées a estimé que ces filles sont sujets au mépris et aux railleries. Elles deviennent la risée et victimes de la stigmatisation. Elles sont considérées comme des troubles – fêtes étant donné qu’elles déstabiliseraient les autres familles en flirtant avec les maris d’autrui.
En ce qui concerne les opinions des enquêtés sur la situation à laquelle sont confrontés les garçons célibataires âgés, la majorité d’entre eux a relevé le mépris et les moqueries de la part de l’entourage, qui considère comme des gens sans valeur, possédés par les « femmes de nuit » et auteurs de plusieurs méfaits, tels que le vagabondage sexuel, le viol et les grossesses inopportunes.
Placé dans le contexte global du milieu urbain de Kinshasa où cohabitent traditions et mod0ernité, le mariage est aux prises avec de problèmes dont bon nombre d’entre ceux-ci échappe totalement aux prétendants au mariage. Beaucoup de personnes désireuses de se marier ne sont toujours pas capables de le faire par manque de moyens matériels et financiers. D’où les mariages tardifs, les unions de fait ou le célibat définitif observés dans cette ville, notamment dans la commune de Kimbanseke, un des milieux péri-urbains pauvres de la capitale congolaise.
CONCLUSION
« Autopsie du mariage tardif à Kinshasa », tel a été le sujet de la dissertation scientifique couronnant la fin de nos études universitaires en Sociologie à l’Université de Kinshasa.
A ce propos, nous sommes partie du constat que les mariages tardifs se multiplient de plus en plus dans la ville de Kinshasa en général et particulièrement dans la commune de Kimbaseke, lieu de nos investigations de terrain, au risque de provoquer une dénatalité.
Apres avoir situé le contexte général de la situation qui cadre avec notre sujet d’étude, nous nous sommes posée quelques questions susceptibles de nous édifier sur la problématique ad hoc que nous résumons ici :
- Quels sont les principaux facteurs déterminant les mariages tardifs ?
- Quel est l’impact de ces mariages sur les contractants ainsi que sur la communauté ?
- Est – il possible ou nécessaire d’éviter ce genre des mariages et pourquoi?
En guise des réponses provisoires à ce questionnement, nous avons estimé que les mariages tardifs seraient liées aux difficultés économiques consécutives au chômage, à la longue durée des études, à la recherche d’un partenaire idéal (e), à l’exorbitance de la dot et à la précarité des conditions de vie.
Comme impact, nous avons cru comprendre que ce genre des mariages pourrait engendrer les naissances tardives, la stérilité, la stigmatisation et l’incompréhension entre les personnes concernées. Pour savoir s’il était possible ou nécessaire d’éviter ce genre de mariage, nous avons considéré que cela ne dépendrait pas du bon vouloir des individus, contraints par la force des choses.
Corollairement à la production des données de terrain, nous sommes parvenue à confirmer toutes nos hypothèses de départ ainsi que tous les éléments y afférents.
Pour analyser nos données, la méthode systématique a permis de mieux appréhender cette réalité ainsi que les techniques d’observation directe, indirecte, d’échantillonnage, d’interview et de questionnaire qui, en amont, ont permis la collecte desdites données.
Pour ce qui relève de la structure du travail, notre étude englobe quatre chapitres hormis l’introduction et la conclusion. Le premier chapitre a procédé au balisage conceptuel et à la présentation du milieu d’études. Le second chapitre a porté sur les généralités du mariage dans le monde et à Kinshasa. Le troisième chapitre a scruté les causes majeures et facteurs favorisant le mariage tardif. Le quatrième et dernier chapitre s’est penché sur l’analyse et l’interprétation des données de terrain.
Par rapport à tous les points saillants abordés dans cette étude, nous sommes nous – même consciente que ce travail n’a nullement la prétention d’être exhaustif ni de manquer d’imperfections. Nous croyons à cet effet, que des travaux ultérieurs ne manqueront pas d’exhumer cette réalité pour l’enrichir davantage c'est-à-dire que les autres auteurs pourront approfondir les pistes non explorées, notamment l’impact des mariages tardifs sur la descendance finale des familles, la conséquence de la recherche du partenaire idéal dans le mariage tardif, ou encore les rapports conjugaux des mariés tardifs.
BIBLIOGRAPHIE
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1. BARBUSSE B. et GLAYMANN D, Introduction à la sociologie, Editions Foucher, Paris, 2004.
2. DECHAUX, J.H, Sociologie de la famille, Editions La découverte, Paris, 2007, 2009.
3. EASTERLY William, Les pays pauvres sont-ils condamnés à le rester ? Editions Nouveaux Horizons, Paris, 2013.
4. IPARA, J., Travaux universitaires. Remarques méthodologiques, Editions L’Harmattan, Paris, 2016.
5. MAUSS Marcel, Introduction à la sociologie par sept grands auteurs, Paris, 2008.
6. MONTOUSSE Marc et RENOUARD Gilles, 100 fiches pour comprendre la sociologie, Editions Bréal, Paris, 2012,
7. NKUANZAKA Adelard, Précis de recherche en sciences sociales et humaines. Méthodes, techniques, conseils pratiques, Editions du Cerdas, Université de Kinshasa, 2015.
8. SCHWARTZENBERG Roger – Gérard, Sociologie politique, 4ème édition, Ed. Montchrestien, Paris, 1988.
II. Articles de revue
1. MENGE OSAKO B., Analyse pragmatique du discours tetela relatif à la dot et au mariage, in MES, Novembre – Décembre 2009, n°57, Kinshasa, RDC.
2. VERHAEGEN Benoît, Méthodes et techniques dans la recherche en sciences sociales, in Analyses sociales, Volume 1, numéro 2, Mars – Avril, Lask, Kinshasa, 1984.
III. Notes de cours
1. NKUANZAKA INZANZA, Notes du cours de Sociologie de la famille et de la population, G3 Sociologie, FSSAP, Université de Kinshasa, 2015 – 2016.
2. NKUANZAKA Adélard, Cours de Méthodologie sociologique, L1 Sociologie, FSSAP, Université de Kinshasa, 2016 – 2017.
IV. Autres documents
1. Code de la famille, Loi n°87-010 du 19 août 1987 telle que modifiée par la loi n°16/008 du 15 juillet 2016.
2. Extrait de la chanson « Etape » de l’orchestre Zaïko Langa Langa, interprété par les artistes musiciens Bimi Ombale et Nyoka Longo, 1980.
3. LAROUSSE THEMATIQUE, Dictionnaire médical, Tome 1, Editions France Loisirs, Paris, 1976.
TABLE DES MATIERES
5. Justification du choix du sujet et intérêt de l’étude
CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL ET PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE
I.1. Définition des concepts de base et apparentés
I.2. Présentation du milieu d’investigation : la commune de Kimbanseke
1.2.2. Situation géographique dans la ville de Kinshasa
1.2.3. Situation socio-culturelle et économique
Mode et genre de vie des habitants
CHAPITRE II : LES GENERALITES SUR LE MARIAGE DANS LE MONDE ET A KINSHASA
Section 1 : Le mariage à Kinshasa : Les faits
Section 2 : Le divorce comme compagnon permanent du mariage
Section 3 : Les contrefaçons du mariage dans le monde et en RDC (Kinshasa)
CHAPITRE III : LE MARIAGE TARDIF : CAUSES MAJEURES ET FACTEURS FAVORISANTS
Section 1 : Causes majeures et facteurs favorisants le mariage tardif
B. Facteurs favorisants les mariages tardifs
Section 2. Conséquences sociodémographiques
La cohabitation hors mariage ou phénomène « yaka tofanda ».
CHAPITRE IV : POPULATION D’ENQUETE ET DONNEES RECUEILLIES
Section 1 : Population d’enquête
Section 2 : Résultats enregistrés
2.1. Données relatives à l’identification des enquêtés
Section 3 : Analyse et Interprétation des résultats
[1] IPARA, J., Travaux universitaires. Remarques méthodologiques, Editions L’Harmattan, Paris, 2016, pp.55-56.
[2] Marc MONTOUSSE et Gilles RENOUARD, 100 fiches pour comprendre la sociologie, Editions Breal, Paris, 1998, p.180.
[3] Marc MONTOUSSE et Gilles RENOUARD, op. cit, p.52.
[4] NKUANZAKA, I.A., Cours de Sociologie de la famille et de la population, G3 Sociologie, FSSAP, UNIKIN, 2015-2016, p.63.
[5] B. BARBUSSE et D. GLAYMANN, Introduction à la sociologie, Editions Foucher, Paris, 2004, pp.162-164.
[6] Idem, p.165.
[7] B. BARBUSSE et D. GLAYMANN, op. cit, p.166.
[8] Jean Hugues DECHAUX, Sociologie de la famille, Editions La Découverte, Paris, 2007, 2009, p.11.
[9] KAPLAN, cité par Benoît VERHAEGEN, Méthode et technique dans la recherche en sciences sociales, in Analyses sociales, Volume 1, numéro 2, Mars – Avril, Lask, Kinshasa, 1984, p.50.
[10] Roger – Gérard SCHWARTZENBERG, Sociologie politique, 4ème édition, Ed. Montchrestien, Paris, 1988, p.79.
[11] Adelard NKUANZAKA, Précis de recherche en sciences sociales et humaines. Méthodes, techniques, conseils pratiques, Editions du Cerdas, Université de Kinshasa, 2015. p.85.
[12] Idem.
[13] B. VERHAEGEN, op. cit, p.50.
[14] Adélard NKUANZAKA, op. cit pp.109-110.
[15] LAROUSSE THEMATIQUE, Dictionnaire médical, Tome 1, Editions France Loisirs, Paris, 1976, p.105.
[16] Lexique de Sociologie, op. cit, pp.153- 154.
[17] Lexique de Sociologie, op. cit, p.154.
[18] Adélard NKUANZAKA, op. cit.p.42.
[19] Code de la famille, Loi n°87-010 du 19 août 1987 telle que modifiée par la loi n°16/008 du 15 juillet 2016.
[20] Lexique de sociologie, op. cit. p.112
[21] B. BARBUSSE et D. GLAYMANN, Introduction à la sociologie, Editions Foucher, Paris, 2004, pp.97-99.
[22] Données recueillies auprès du préposé au Service de la population de cette commune de Kimbanseke, Monsieur Célestin Muzinga Tambwe (Entretien avec l’Agence Congolaise de Presse (ACP)
[23] Mr Céléstin Muzinga Tambwe, préposé de l’Etat-civil de la Commune de Kimbanseke, propos recueillis lors d’un entretien avec l’Agence Congolaise de Presse (ACP), avril 2018
[24] Marcel MAUSS, Introduction à la sociologie par sept grands auteurs, Paris, 2008, p.170.
[25] Marc MONTOUSSE et Gilles RENOUARD, 100 fiches pour comprendre la sociologie, Paris, éd. Bréal, 2012, p.180.
[26] B. BARBUSSE et D. GLAYMANN, op. cit, p.162.
[27] B. BARBUSSE et D. GLAYMANN, op. cit, p.99.
[28] B. BARBISSE et D. GLAYMANN, op. cit, p.99.
[29] B. BARBUSSE et D. GLAYMANN, op. cit, pp.165-166.
[30] B. BARBUSSE et D. GLAYMANN, op. cit, p.181.
[31] A. NKUANZAKA INZANZA, Notes de cours de Sociologie de la famille et de la population, G3 Sociologie, FSSAP, Université de Kinshasa, 2015 – 2016, p.76.
[32] B. MENGE OSAKO, Analyse pragmatique du discours tetela relatif à la dot et au mariage, in MES, Novembre – Décembre 2009, n°57, Kinshasa, RDC, p.62.
[33] M. DELAFOSSE, cité par B. MENGE OSAKO, op. cit, p.63.
[34] Extrait de la chanson « Etape » de l’orchestre Zaïko Langa Langa, interprété par Bimi Ombale et Nyoka Longo, 1980.
[35] Jean-Hugues Déchaux, op. cit, p.15.
[36] DECHAUX, op. cit, p.17.
[37] Idem
[38] William EASTERLY, Les pays pauvres sont-ils condamnés à la rester ? Editions Nouveaux Horizons, Paris, 2013, pp.119-120.
[39] Jean-Hugues DECHAUX, op. cit, p.16.
[40] Adélard NKUANZAKA, Cours de Méthodologie sociologique, L1 Sociologie, FSSAP, Université de Kinshasa, 2016 – 2017, pp.55-56.
[41] « Yaka tovanda » est une expression de la langue lingala qui tourne à la dérision les « unions de fait », jugées par les habitants de Kinshasa comme inopportunes, mais tolérables malgré tout.