UNIVERSITE PEDAGOGIQUE NATIONALE
FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, ADMINISTRATIVES ET POLITIQUES
DEPARTEMENT DES RELATIONS INTERNATIONALES
B.P. 8815
KINSHASA/ NGALIEMA
ENJEUX MAJEURS AMERICAINS AU GRAND MOYEN-ORIENT :
PERSPECTIVES D’UNE NOUVELLE ERE GEOPOLITIQUE
INTERNATIONALE
LUKUNGA NGOMBA Felly
Mémoire de Licence présenté et défendu en vue de l’obtention du grade de Licencié en Relations
Internationales
Option : Politique Internationale
Directeur : Rigobert KABWITA KABOLO IKO
Professeur
Octobre 2012
EPIGRAPHE
« Une politique géostratégique cohérente pour les Etats-Unis d’Amérique sur le continent eurasien serait celle destinée à éviter la montée d’un concurrent en Eurasie, capable de dominer ce continent et de les défier et mettrait en cause les objectifs américains… »
Zbigniew Brzezinski
DEDICACE
A ma Mère Joséphine Mputu Kalala, et à mon Frère aîné Jean-Béni Buenda Ngomba.
REMERCIEMENTS
Au terme de notre deuxième cycle d’études universitaires, nous
nous faisons le devoir de rendre hommage à toutes les autorités de l’Université Pédagogique Nationale, et aux Professeurs, Chefs de Travaux et Assistants de la Faculté des Sciences Sociales, Administratives et
Politiques, en particulier, ceux du Département des Relations
Internationales.
D’une manière particulière, nous remercions et exprimons une
inconditionnelle et sincère reconnaissance au Professeur Kabwita Kabolo Iko pour son abnégation à vouloir assumer la direction de ce Travail de Fin d’Etudes, en dépit de ses multiples occupations.
Nous ne pouvons passer sous silence, l’apport de nos frères et
sœurs, ainsi que d’autres membres de famille en l’occurrence : Jean Béni Buenda Ngomba, Bilonda Ngomba, Mayi Ngomba, Tshiala Ngomba, Kongolo Ngomba, Ngomba wa Ngomba, Sarah Biapita, Esaü Mbuyi, Jacob Kanku, Tante Catho Kambetu et l’oncle Florry Kabundu ainsi que papa Richard Tshisuaka.
Nous disons merci à nos amis et connaissances : Ted Banza Tshilamba, Ntumba Angelo, Espérant Kivuvu, Mpiana Mbiya, Touzie Ntumba, Nadège Bakaji, Ciseau Kabamba, Fanny Musawu, Virginie Matwidi, Marphine Lawu, Mike Ikamba et Natacha Mupenda, Matthieu Ntawu, Tighana, Samuel Nshindi, Chançard Nsimba Dialunda, et la chantre Myka Mukeba.
Nous n’oublions pas le Pasteur Jean Pierre Musankishay et sa
femme Sarah Bayikwanzambi ainsi que l’Evêque Alphonse Nkulu, Patrick Lossongo et l’Honorable Député Provincial de Kinshasa, la personne de Martin Kasongo.
Que tous ceux dont les noms ne sont pas cités ci-haut, trouvent
ici, l’expression de notre profonde reconnaissance.
SIGLES
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ADM |
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: Armes de Destruction Massive |
AIE |
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: Agence Internationale de l’Energie |
AIEA |
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: Agence Internationale de l’Energie Atomique |
ALENA |
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APEC |
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AQMI |
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: Al-Qaïda au Maghreb Islamique |
AQPA |
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: Al-Qaïda au Péninsule Arabique |
BID |
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: Banque Islamique de Développement |
BP |
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: British Petroleum |
CCG |
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: Conseil de Coopération du Golfe |
CIA |
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: Central Intelligence Agency |
DPB |
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: Defense Policy Board |
GMO |
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: Grand Moyen-Orient |
GSPC |
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IPI |
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: Iran, Pakistan et Inde |
ISI |
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: Inter-Service Intelligence |
MENA |
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: Middle East and North Africa |
OCI |
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: Organisation de la Conférence Islamique |
OCS |
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: Organisation de Coopération de Shanghai |
OEA |
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OLP |
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: Organisation de Libération de la Palestine |
OPEP |
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: Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole |
OTAN |
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TAPI |
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: Turkménistan, Afghanistan, Pakistan et l’Inde |
TNP |
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: Traité de la Non Prolifération |
TTP |
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INTRODUCTION
La chute du mur de Berlin en 1989 représente la locomotive de
la disparition du bloc socialiste en 1991, et par le triomphe de la démocratie occidentale, ainsi, les Etats-Unis s’étaient trouvés comme une puissance mondiale, capable d’entreprendre des actions de façon unilatérale, et, de jouer le rôle de gendarme du monde.
Pour les Etats-Unis d’Amériques, dans leur démarche
géopolitique et géostratégique hégémoniste, à travers le monde, seule la région du Moyen-Orient les préoccupe, et les pousse à mener des actions de manière unilatérale dans ladite région.
Cette dernière assertion, nous inspire de manière à poser
clairement la problématique de notre étude.
1. Problématique
Le « Grand Moyen-Orient », est un terme utilisé par le Président George Walter Bush présenté aux huit grandes puissances (G8) réunies à Sea Island, aux Etats-Unis d’Amérique en 2004, pour désigner un espace s'étendant du Maghreb et de la Mauritanie au Pakistan et à l'Afghanistan, en passant par la Turquie, le Machrek et l'ensemble de la péninsule arabique.
Cette région sensible du monde, définie par les théoriciens de la
géopolitique classique comme le cœur du monde, où se joue la primauté mondiale ne cesse d’attirer l’attention de grandes puissances en l’occurrence les Etats-Unis d’Amérique.
Le Grand Moyen-Orient regorge près de deux tiers des réserves
pétrolières mondiales estimées à plus 40 % et des réserves gazières. Le Moyen-Orient était, demeure et restera pour encore quelques décennies, un lieu majeur de production couvrant une part essentielle des besoins énergétiques des pays développés comme des pays émergents.
Depuis le 11 septembre 2001, nous avons constaté que les EtatsUnis d’Amérique ont multiplié des actions unilatérales dans la région, en avançant des prétextes de la lutte contre le terrorisme, qui selon eux, constitue une menace permanente de la sécurité internationale, mais aussi imposer la démocratie comme meilleur système politique.
Dans cette perspective, ils ont initié l’initiative du Grand Moyen-Orient comme un plan de remodelage du Moyen-Orient en y ajoutant les pays de l’Afrique du Nord et la Mauritanie.
Depuis 2011, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient connaît des
ruptures politiques et idéologiques d’avec les Etats autoritaires qui ont succédé aux ordres coloniaux (Tunisie, Egypte, Lybie, Bahreïn, Yémen, et aujourd’hui la Syrie). Toute cette région est en proie à des convulsions violentes dont les conséquences géopolitiques et stratégiques ne sont pas encore toutes visibles.
Pour mieux expliciter notre recherche, nous nous proposons le
questionnaire ci-après : quels sont les mobiles et les dessous des cartes de la géopolitique américaine sur l’initiative du Grand Moyen-Orient ? Quels sont les obstacles que rencontre la politique étrangère américaine dans sa démarche géopolitique hégémoniste dans ladite région ? Quels sont les enjeux et perspectives de l’influence américaine dans la région du Grand Moyen-Orient, eu égard aux mutations géopolitique et géostratégique actuelles dans l’ordre régional ?
Telles sont les questions auxquelles nous tenterons de fournir
des amples éclaircissements, le long de notre travail. Bien avant cela, avançons quelques hypothèses.
2. Hypothèses du travail
L’espace du Grand Moyen-Orient reste l’échiquier sur lequel se
déroule la lutte pour la primauté mondiale. C’est ainsi que les Etats-Unis d’Amérique l’investissent en suivant des lignes géopolitique et géostratégique.
Les mobiles et les dessous des cartes de la géopolitique
américaine au Grand Moyen-Orient seraient ceux destinés à éviter l’apparition d’un concurrent dans la région, capable de dominer ce continent et de les défier, parce que cette émulation (entre puissances) métrait en cause les objectifs américains généraux et visionnaires devant favoriser les liens nécessaires à une vraie coopération mondiale avec les tendances à long terme et les intérêts fondamentaux de l’humanité.
Les Etats-Unis d’Amérique voudraient rester l’arbitre de tous
les conflits régionaux et empêcher une susceptible émergence d’une autre puissance pouvant mettre en cause leur suprématie dans la région.
Les dessous des cartes géopolitique américaine seraient de
mettre la main aux ressources énergétiques que regorge le Moyen-Orient, en vue d’empêcher l’émergence d’autres puissances (Chine, Russie, Japon,
Inde, etc.), en voie de les défier.
Par l’initiative du Grand Moyen-Orient, la superpuissance
mondiale(les Etats-Unis d’Amérique) envisagerait la décomposition de certains régimes autoritaires, hostiles vis-à-vis de son gouvernement et qui soutiennent le terrorisme, dans le but de gérer et de mettre la main aux ressources énergétiques que regorge la région et de cimenter son leadership régional.
Les barrières de la mise en pratique de la vision géopolitique
américaine, seraient l’existence de beaucoup d’organisations terroristes à tendances islamistes radicales, opposées aux Américains (Hamas, Hezbollah, Talibans, Al-Qaïda au Maghreb Islamique, Al-Qaïda au Péninsule Arabique), mais aussi, certains Etats qui joueraient le double jeu dans les relations stratégiques avec les Etats-Unis d’Amérique.
Outre cela, il semble que, le retour de la Russie et la présence
remarquable des Chinois dans la région, voire la volonté de certains Etats de la sous-région de se doter des atouts d’une puissance régionale (Iran, Chine, Inde, Pakistan, etc.), tant en matières énergétiques, militaires que politiques, constituent aussi, les obstacles de l’hégémonie américaine au Grand Moyen-Orient.
Eu égard aux mutations géopolitiques et géostratégiques qui
secouent le Grand Moyen-Orient, les Etats-Unis d’Amérique, perdraient leur influence dans la région si les Etats de la région constituaient un front commun, en établissant des alliances stratégiques, et si les révolutions se solderaient par la victoire des islamistes radicaux.
3. Etat de la question
Un travail scientifique d’une haute portée commence toujours
par la consultation, la lecture des littératures spécialisées tant sur les considérations théoriques du thème retenu, que sur les recherches empiriques menées antérieurement dans le domaine par d’autres chercheurs.
En effet comme nous venons de le préciser ci-haut, le MoyenOrient était, est, et demeure, une zone en conflits. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, il ne laisse pas indifférents les analystes des questions internationales. Les Etats-Unis d’Amérique, quant à eux, ne cessent de mener des opérations tant en intervention qu’en interposition dans ladite région.
Pierre Prodhome, dans son ouvrage, « Définition du Proche et Moyen-Orient : Analyse, Géopolitique », met au clair, les potentielles énergétiques qu’a la région du Grand Moyen-Orient et la convoitise qu’elle suscite de la part des puissances industrielles et particulièrement les EtatsUnis d’Amérique.
Barthelemy Courmont, dans son ouvrage « la Troisième Guerre
mondiale pourrait commencer au Moyen-Orient », paru aux éditions de l’Institut des Relations Internationales et Stratégique de Taïwan, démontre la pertinence de grands problèmes politiques et économiques de la région moyen-orientale et les dommages qu’ils pourraient créer dans les nouveaux ordres géopolitique et géostratégique mondiaux en termes des alliances et des mésalliances entre les acteurs de la région.
Angelo Ntumba Ntumba, dans son mémoire de Licence en Relations Internationales ayant comme intitulé « Les Etats-Unis et l’après Guerre Froide : nouvel ordre mondial et statut de superpuissance », démontre comment les Etats-Unis d’Amérique ont commencé à mener des actions unilatérales, suite aux événements du 11 septembre 2011, en proclamant l’existence des Etats voyous ou l’axe du mal qui diffusait des idées anti-américaines et antioccidentales et qui apportent leurs concours aux mouvements terroristes, capables de remettre en cause l’ordre international tracé par les Etats-Unis, et d’affaiblir son impact ainsi que sa puissance dans la région du Moyen-Orient.
Felly Lukunga Ngomba, a démontré comment l’intervention
américaine en Irak était une instrumentalisation du Droit International et un prétexte pour mettre la main à l’or noir irakien, et chasser Saddam Hussein, comme il l’a illustré dans son Travail de Fin de Cycle, intitulé « Instrumentalisation du Droit International par les grandes puissances face aux Etats faibles : cas de l’intervention américaine en Irak. »
4. Choix et intérêt du sujet
Evoquer le choix et l’intérêt du sujet, c’est faire allusion aux
raisons qui nous ont poussé à traiter de ce sujet dans la compréhension de l’évolution contemporaine des Relations Internationales, et la détermination du leadership américain qui s’exprime et se manifeste par sa prédominance et sa superpuissance dans la région du Moyen-Orient, mais aussi les obstacles dont font face cette géopolitique.
Nous cherchons à appréhender les intérêts majeurs américains
dans la région du Grand Moyen-Orient et les dessous des cartes de leur géopolitique moyen-orientale.
L’intérêt scientifique de ce travail se justifie par le fait qu’il sera
relu par d’autres chercheurs.
L’intérêt pratique de cette recherche pourra nous aider à
participer aux débats sur les questions politiques du Moyen-Orient, mais aussi de la politique américaine dans ladite région.
L’intérêt pour notre environnement sociopolitique, c’est d’être
informé sur l’influence des Grandes puissances dans le monde arabe, mais aussi et surtout, jouer la carte satellitaire de puissance américaine en Afrique centrale, comme c’était le cas pour la République Démocratique du Congo, durant la période de la deuxième République, tout en cherchant aussi de notre côté à construire notre propre force de frappe.
5. Méthode et techniques utilisées
Il est évident que toute analyse qui se veut scientifique, respecte
certaines normes admises universellement. Les méthodes appropriées et les techniques ont été inévitablement nécessaires à l’élaboration de notre texte.
a. Méthode
La méthode géopolitique est la mieux indiquée pour notre
travail. Aussi faudrait-il signaler que pour mieux cerner l’hégémonie américaine sur la scène moyen-orientale, nous avons fait l’usage de l’approche réaliste.
La méthode géopolitique, nous a permis de repérer, d’identifier
et d’analyser les phénomènes conflictuels et l’hégémonie américaine au Grand Moyen-Orient, les stratégies offensives, et défensives centrées sur le contrôle de ladite région.
b. Techniques
La collecte des données nous a amené à la technique :
documentaire, en consultant les documents en rapport avec le sujet (ouvrages, articles, internet, notes de cours<) ; et à la technique instrumentale, en recueillant des informations à partir de certains instruments, notamment des films et des documentaires ayant traits à notre objet de recherche.
6. Délimitation spatio-temporelle du sujet
Notre étude se limite au Grand Moyen-Orient, un espace
s'étendant du Maghreb et de la Mauritanie au Pakistan et à l'Afghanistan, en passant par la Turquie, le Machrek et l'ensemble de la péninsule arabique.
Elle va d’une période allant de 2001 à 2012. L’année 2001 marque le début du mandat de Georges W. Bush, et les attaques préventives comme prétexte de réalisation du plan de remodelage du Moyen-Orient et l’année 2012 par la sensibilité qu’elle a apportée par de vagues protestations qui secouent ladite région.
7. Division du travail
Hormis l’introduction et la conclusion, notre travail se divise en
quatre chapitres, à savoir : le champ épistémologique, les enjeux sécuritaires américains face aux acteurs étatiques et non étatiques, les enjeux énergétiques de la politique étrangère américaine au Grand MoyenOrient et enfin, décompositions géopolitique et géostratégique de l’ordre régional.
Chapitre premier : CHAMP EPISTEMOLOGIQUE
Dans ce chapitre, il est question d’aborder l’aspect théorique des
concepts saillants de notre objet de recherche.
Cela étant, nous fournirons des amples éclaircissements sur les concepts et les expressions suivants : la géopolitique et la géostratégie, le Grand Moyen-Orient et son paysage géopolitique, les Etats-Unis d’Amérique ainsi que les concepts : Enjeu et perspective.
I. 1. Géopolitique et géostratégie
Il y a lieu de signaler ici que, cette partie comporte deux points, le premier donne des explications sur le terme « géopolitique » et le second étaye la « géostratégie. »
I. 1. 1. Géopolitique
La Géopolitique est une science étudiant des rapports entre les données naturelles de la géographie et la politique des Etats. Tandis que selon les propos de Philippe Biyoya Makutu, « la géopolitique reflète la combinaison de la géographie avec les facteurs politiques déterminant la condition d’un Etat ou d’une région et appuient l’impact de la géographie sur la politique. »[1]
Ce concept fut défini par le général français Pierre Maurice Gallois comme « les voies de la puissance » ; puis Halford Mackinder enseigne que : la « géopolitique internationale était une lutte pour la domination du monde par le contrôle de certains espaces mondiaux clés opposant la puissance navale ou maritime à la puissance terrestre. »
La géopolitique doit alors être comprise comme une discipline scientifique de la puissance dans l’espace, impliquant ainsi des jeux entre les acteurs à l’identité et aux intentions clairement définies.
Philippe Moreau Défarges s’interroge pour savoir : Quels devraient être les buts permanents d’une entité politique et d’abord d’un Etat ? Comment un peuple peut ou doit-il acquérir les ressources nécessaires à ses besoins et au-delà de la vision qu’il a de lui-même ?
Dans cette perspective, la guerre est l’épreuve suprême par laquelle un Etat atteindrait ses objectifs géopolitiques, donc de disposer d’un territoire conforme à son ambition : d’obtenir éventuellement, au-delà de ses propres frontières, des traces frontalières, une configuration d’Etat en écartant toute menace, soit acquérir un empire.[2] Voilà pourquoi Philippe Biyoya Makutu déclare que : « la guerre est une situation que l’homme est appelé à gérer mais non à éviter. »
a. La géopolitique comme vision du monde
Parce qu’elle mobilise la science géographique au service de l’art
politique, la géopolitique est un caméléon. Il y a en effet contradiction entre le projet d’une science « objective », et son utilité pour la pratique politique, conditionnée en dernière instance par une vision du monde et une situation géographique particulière.
Cette part de subjectivité définit l’essence de la géopolitique par
rapport à la notion antérieure de géographie politique. Haushofer a établi une claire distinction entre les deux méthodes : la géographie politique envisage les potentiels démographique, économique et militaire des nations dans l’état actuel de leurs frontières, démarche « statique et uniquement descriptive » ; inversement la géopolitique étudie la « force de transformation dynamique » de ces nations, c’est-à-dire qu’elle part du bilan dressé par la géographie politique pour établir des prévisions politiques analogues aux prévisions météorologiques, et comme elles sont soumises à caution.3
Ainsi, comme écrivait l’amiral Celérier, « la géographie politique
devient géopolitique lorsqu’on extrapole un peu ses compétences ».[3]
C’est bien là que le bât blesse : l’extrapolation ouvre
virtuellement la porte à toutes les récupérations partisanes. La prévision n’est jamais innocente ; formulée par l’Etat, véritable sujet de la géopolitique (à tout le moins son utilisateur privilégié), elle véhicule ses craintes ou ses ambitions.
Il suffit de choisir arbitrairement tel ou tel critère
géographique : relief, hydrographie, clivages linguistiques, zone d’extension d’un certain type de mise en valeur agricole lié à une lointaine influence culturelle, etc. et d’en exagérer la portée pour "démontrer" hors contexte les "droits" d’un Etat à annexer une province étrangère.
Jacques Ancel dénonçait à juste titre ces généralisations
abusives, cette indifférence au détail, ces fausses analogies et louches manipulations cartographiques dont l’école géopolitique allemande de l’entre-deux-guerres s’était faite une spécialité. Mais Yves Lacoste souligne que « les argumentations qui réfutent la géopolitique hitlérienne sont aussi de la géopolitique »[4].
La géopolitique nazie transforme la géographie en instrument
d’agression, celle de Jacques Ancel en instrument de défense nationale ; les deux relèvent néanmoins d’une même pratique, la politique.
C’est donc l’intention politique qui qualifie la géopolitique : la
condamnation de la géopolitique hitlérienne juge l’hitlérisme, non l’essence de la géopolitique. L’Histoire, rappelait l’amiral Celérier, comporte elle aussi une part de subjectivité qui la rend parfois mystificatrice ; personne ne conteste pour autant sa légitimité.6
S’il n’est pas de géopolitique objective, il y a par contre des
degrés dans la part de subjectivité qui sous-tend le discours géopolitique.
Cette part de subjectivité tend à devenir prépondérante lors des
périodes troubles : Richelieu écrit à l’aube tourmentée de l’absolutisme classique, dans une France assiégée par les Habsbourg ; Durando participe à l’accouchement de l’Italie par le fer et par le feu ; Mahan conçoit son œuvre comme une réponse à la crise de vocation que les Etats-Unis d’Amérique traversent après l’achèvement de la conquête de l’Ouest ; Ratzel commence ses recherches sous Bismarck, à l’heure où l’Allemagne a cuvé son unification et s’interroge sur son destin planétaire ; Haushofer, ayant combattu sur les deux fronts en 1914-1918, est marqué dans sa chair par l’humiliation du Traité de Versailles.
Tous demandent à la géographie une ligne directrice, une
raison ultime qui donne sens au chaos des événements. Inversement, si la dénonciation de la géopolitique allemande par Jacques Ancel peut se permettre une plus grande objectivité, c’est parce qu’elle voit le jour dans une France territorialement repue et sûre de son bon droit. Le contexte historique est donc déterminant : c’est lui qui confère à la géopolitique son caractère expansionniste ou pacifique.
Il faut aussi tenir compte du trouble intellectuel né du
changement d’échelle spatiale qui accompagne généralement les grandes crises historiques. L’unification politique de la France absolutiste, de l’Italie garibaldienne, de l’Allemagne bismarckienne, l’extension des Etats-Unis d’Amérique jusqu’au Pacifique modifient complètement leur perception du monde extérieur.
Face à ces mutations, le pouvoir utilise de nouveaux moyens
d’appréhension de l’espace : la France louis-quatorzienne « découvre » la cartographie avec Vauban ; l’Italie, les Etats-Unis d’Amérique, l’Allemagne disposent en outre du chemin de fer, dont l’influence capitale sur les processus d’unification a été démontrée par Friedrich List dans son Système national d’économie politique (1841),[5] et comme l’écrit Yves Lacoste.
La réalité apparaît différente selon l’échelle des cartes< L’opération intellectuelle qu’est le changement d’échelle transforme, parfois de façon radicale, la problématique que l’on peut établir et les raisonnements que l’on peut former.
Le changement d’échelle correspond à un changement du
niveau d’analyse et devrait correspondre à un changement au niveau de la conceptualisation.[6]
La géopolitique constitue une réponse à ce défi conceptuel. Mais en même temps, les nouveaux instruments de contrôle de l’espace décuplent les tentations expansionnistes en faisant miroiter la possibilité de l’hégémonie mondiale.
Les géopoliticiens allemands ne voyaient dans l’unité du Reich
qu’une étape de la conquête méthodique du globe : l’Allemagne devait ensuite soumettre la Mitteleuropa, l’Europe, l’Afrique, cependant que les Etats-Unis d’Amérique contrôleraient les Amériques et le Japon, l’Asie ; viendrait enfin l’explication finale entre ces trois superpuissances.
Mahan n’est pas loin des mêmes excès lorsqu’il attribue
l’empire universel à la puissance maritime, assimilée aux Etats-Unis d’Amérique. Ainsi l’ivresse technologique renforce-t-elle la pulsion expansionniste des jeunes nations ?
Dans une vieille nation comme la France au contraire,
l’ancienneté du contrôle de l’espace par un réseau routier millénaire prévient les débordements de la réflexion géopolitique d’où la prudence et la modestie d’un Jacques Ancel.
Objectivité et subjectivité ne caractérisent donc pas deux
géopolitiques distinctes, mais deux moments nécessaires de la géopolitique.
b. Réalité de l’objet géopolitique
Pourtant, à quelque moment qu’on se place, la géopolitique
prétend toujours à l’objectivité scientifique. Les déclarations des géopoliticiens allemands n’ont sur ce point rien à envier à celles de Marc Bloch ou de Colin Gray, de sorte que leur dérive pangermaniste tient plus au climat de l’Allemagne wilhelminienne et hitlérienne qu’à leurs postulats épistémologiques.
Comme l’a rappelé Michel Korinman, Ratzel entendait avant
tout, sortir la géographie du ghetto intellectuel où l’avait cantonnée l’Université allemande et lui restituer son caractère pratique de « technologie spatiale du pouvoir d’Etat », sans préjuger de l’idéologie spécifique de cet Etat.[7]
Le cas de Haushofer est dans une large mesure similaire : si le
ressentiment contre les Alliés a durci le caractère partisan de sa géopolitique, il la définissait néanmoins comme l’étude des « grandes connexions vitales de l’homme d’aujourd’hui avec l’espace d’aujourd’hui », visant à améliorer « l’insertion de l’individu dans son milieu naturel et la coordination des phénomènes reliant l’Etat à l’espace » pour le plus grand bien de l’humanité toute entière.[8]
Remarquons d’ailleurs que la géopolitique expansionniste est
systématiquement déterministe ; pour elle, les configurations spatiales président directement aux destinées des peuples. Or, même s’il n’est pas toujours resté fidèle à ses principes, Haushofer ne croyait pas au strict déterminisme géographique : « en raison de l’arbitraire qui caractérise l’action politique, déclarait-il en 1931, « la géopolitique ne pourra faire de déclaration très précise que dans environ 25 % des cas. »11
Les grands conquérants, par exemple, déconcertent le
géopoliticien : chez Alexandre ou Napoléon, la passion politique prime la raison géographique. Une insatiable ambition les pousse à ignorer les contraintes de l’espace, d’où la disproportion de l’expansion territoriale aux moyens réels qui finit par causer leur perte.[9]
Mais derrière ces accidents historiques, poursuivait Haushofer,
subsistent de grandes permanences qui constituent le champ propre de la géopolitique, telle la lutte des nomades et des sédentaires exposée dès 1377 par l’immense historien maghrébin Ibn Khaldoun, ou celle des puissances maritimes et des puissances continentales décrite par Mahan.[10]
Il y a là une incontestable réalité, de tous temps pressentie par
les historiens. « La géographie est le facteur principal de la diplomatie et de la stratégie », disait Mackinder, « parce qu’elle est le plus constant ».[11]
Si la géopolitique n’est pas une science, elle n’est donc pas non
plus une pure idéologie, c’est encore le terme de méthode qui lui convient le mieux. Elle procède certes, d’une vision du monde plus ou moins subjective selon le contexte historique dans lequel s’inscrit le géopoliticien mais porte sur un objet réellement existant, l’interdépendance de la géographie et de la politique.
C’est dans cette perspective que Pascal Lorot déclare que la
géopolitique est une méthode particulière qui repère, identifie et analyse les phénomènes conflictuels, les stratégies offensives ou défensives centrées sur la possession d’un territoire, sous le triple regard des influences du milieu géographique pris au sens physique comme humain, des arguments politiques des protagonistes du conflit et des tendances lourdes et continuités de l’histoire.15
De ce qui précède, nous pouvons déclarer que, l’objet de la géopolitique, l’influence du milieu géographique sur la politique, se trouve de ce fait complètement remis en cause par l’annihilation progressive des clivages spatiaux.
Simultanément, le sujet de la géopolitique, l’Etat territorial, est lui aussi contesté dans ses prérogatives politiques. Certaines multinationales sont beaucoup plus riches, partant beaucoup plus puissantes que certains Etats. Et l’homogénéisation des modes de vie par la technique suscite en réaction le durcissement des affiliations identitaires ou religieuses au détriment de l’affiliation territoriale, phénomène dans lequel Samuel Huntington voit l’origine de l’actuel « Choc des civilisations »[12] ; dès lors, les frontières mentales priment les frontières géographiques<
Paradoxalement, on n’a jamais autant parlé de géopolitique : géopolitique des minorités, des capitaux, de l’information, des sectes, de la pollution, toutes réalités parfaitement volatiles et déterritorialisées !
Il s’agit en fait d’un glissement sémantique autour du préfixe « géo », qui renvoyait jadis à l’influence de la géographie sur la politique et qui désigne maintenant l’échelle planétaire des phénomènes politiques, la notion d’interdépendance établissant un lien méthodologique entre les deux approches. L’abstraction d’espace est toutefois tempérée par la permanence des représentations spatiales dans la vie des peuples. Les bouleversements technologiques n’ont pu gommer les habitudes séculaires de perception de l’environnement extérieur.
Etant au crépuscule, de notre réflexion sur la géopolitique, il convient de retenir que trop souvent, la géopolitique a été présentée comme une science hégémonique, elle soulève d’importantes interrogations épistémologiques qui relativisant sa place au sein d’un ensemble disciplinaire, enlève rien à son utilité justifiée par l’attention que les dynamiques systémiques contemporaines exigent que l’on accorde par rapport à l’espace et la politique.
I. 1. 2. Géostratégie
En premier lieu, il s'agit de définir ce que l'on entend par le terme de stratégie et le concept qu'il recouvre. D'une manière à peu près unanime, on comprend par stratégie, « la couverture de la détermination et de la conduite de l'ensemble des actions des forces militaires qui concourent à l'obtention d'un résultat voulu par les buts de guerre, eux-mêmes dictés par une politique. »[13]
Il est également entendu que la stratégie peut très bien s'affranchir d'une ouverture du conflit, de l'action militaire proprement dite, pour se cantonner à la menace. Bien plus, la meilleure des stratégies n’est celle qui n'est pas appliquée dans son ultime aboutissement qu'est le choc des forces antagonistes.
Le futur vaincu, évaluant correctement la situation, reconnaît son échec ou sa défaite inéluctable, capitule à temps pour ouvrir une négociation. Le vainqueur putatif accepte de négocier, puisqu'il a la certitude d'obtenir, sans combat inutile, le résultat politique, au moins en partie, auquel tendait sa stratégie.
a. Le déterminisme en matière stratégique
La chute de l'URSS et l'abandon du marxisme comme fondement idéologique de l'Etat n'ont pas foncièrement modifié la structure méthodologique de la pensée militaire russe. Au niveau organisationnel, il n'en est pas autrement.
Les régions militaires sont restées la base de l'administration et de la gestion des troupes, y compris en ce qui concerne le recrutement. Au niveau opérationnel, a été entièrement conservé le concept de théâtre de guerre et de théâtre d'opérations, appliqué entre autres, en Tchétchénie, à l'aube du troisième millénaire.
Que l'armée russe soit en déliquescence n'entame pas le concept ! L'armée russe s'effondre en conséquence de la décomposition de l'Etat. Le chiffre des déserteurs et des insoumis au sein d'un contingent annuel d'appelés atteint de l'ordre de 80% en 2000. Cependant, les régions militaires maintiennent leur système de fonctionnement comme du temps de la toute-puissante URSS.
A bien analyser le contenu et surtout la formation du concept stratégique militaire russe découlant directement de celui des Soviétiques, on s'aperçoit que l'armée impériale russe disposait, en fait, d'un concept semblable, avant donc l'instauration du pouvoir soviétique.
En effet, ce concept dans sa globalité a été élaboré dans le cadre des réformes militaires qu'a fait engager l'empereur Alexandre II au lendemain de la défaite de Crimée, en 1856.
Déjà fortement influencés par Hegel, les Russes en appliquent, alors, aux affaires stratégiques, la méthodologie inscrite dans la trilogie thèse, antithèse, synthèse. Parallèlement, ils découvrent Clausewitz qui avait intégré et codifié les enseignements issus des guerres de la Révolution et de l'Empire français.
A travers ces recherches, les Russes remontent jusqu'à « L'essai de tactique générale » et à la « Défense du système de guerre moderne » de Guibert, ouvrages qui avaient fortement inspiré la pensée napoléonienne. [14]
C'est ainsi que l'organisation administrative impériale russe, mise, sur pied dans la deuxième partie du XIXème siècle et conservée jusqu'au XXIème siècle, est la copie exacte du système conçu par l'Empire français à l'orée du XIXème siècle.
C'est ainsi que les Russes adoptent une organisation opérationnelle faisant une place prépondérante au concept de corps d'armée, défini par Bonaparte comme un groupement autonome de forces, d'où provient en corollaire le second concept de théâtre d'opérations.
Le dogme de l'offensive, d'emblée ou après une phase défensive, recueillie tant auprès de Bonaparte que de Clausewitz, est érigé en principe intangible.
La transmission et la continuité de la pensée militaire russe, à travers l'ère soviétique, sont frappantes. S'explique donc facilement l'assimilation presque totale par les Soviétiques des concepts de l'époque impériale et la présence de leur héritage dans le système de pensée en vigueur au début du XXIème siècle.
La guerre obéit-elle à des lois ? La question est controversée
depuis des siècles. Pour Napoléon, s'il n'y a pas de lois à la guerre, il y a au moins de grands principes qu'il est impératif de ne pas transgresser. Par exemple, l'un de ces grands principes est celui de l'impératif de l'économie des forces permettant d'obtenir la suprématie sur un axe principal d'attaque.
Pour De Gaulle, l'art militaire relève de l'imagination, de l'intuition. Il est donc contingent. De Gaulle est adepte de Bergson et est donc logique avec lui-même, en donnant une place prépondérante au génie humain, celui du chef. Ce n'est pas le moindre des paradoxes que de déterminer que Bonaparte a ainsi moins le culte du chef que de Gaulle.
La stratégie soviétique, voulue comme une science à part entière, est profondément déterministe. Cependant, en conclusion des comparaisons précédentes, point n'est besoin d'être marxiste pour être déterministe, pour rejeter le pragmatisme en tant que mode de raisonnement.
Examiner toutes les opportunités, sans plan préétabli, dans le but de créer l'événement qui déséquilibre le dispositif adverse et s'engouffrer dans la brèche avec pour objectif l'anéantissement des forces principales ennemies, est tout aussi déterministe qu'une idée de manœuvre semblable issue de la science stratégique soviétique.
b. Les convergences entre les courants maritimes et continentaux
Le facteur commun qui les réunit est la rationalité. Finalement, la géopolitique est aussi déterministe que n'importe quelle autre stratégie, en visant le même résultat : le succès de l'entreprise politique.[15]
En ce sens, elle relève de Clausewitz. La différence se retrouve parce qu'elle privilégie l'espace maritime dans son application comme dans son mode de réflexion et se base sur le pragmatisme.
La géostratégie établit une opposition de principe entre les peuples de la mer et les continentaux. Elle établit la prédominance du contrôle des théâtres maritimes pour user l'adversaire par des actions indirectes avant d'en arriver à l'estocade finale. La domination de l'espace exo et extra-atmosphérique participe du mode opératoire.20
Il est logique, historiquement que la stratégie ait joui d'une très forte faveur auprès des Britanniques, peuple insulaire par définition. Il en est de même des Américains dans leur île-continent que les espaces maritimes environnant ont érigé en forteresse.
Les continentaux, Russes et Chinois entre autres, ont nécessairement plus tendance à privilégier l'action directe, au service d'une stratégie déterministe, parce que leur adversaire s'est trouvé plus souvent dans une continuité terrestre.
Il s'ensuit que les continentaux vont rechercher au plus vite l'anéantissement des forces adverses par un choc frontal. La convergence entre les diverses écoles tient au fait que la décision finale est à terre. Pour une raison évidente et factuelle : l'homme vit sur terre.
L’ultime conclusion, c’est ne pas se tromper de stratégie des moyens. Le concept de forces entièrement projetables à longue distance appartient à la géostratégie, donc à un Etat insulaire qui adapte les uns aux autres, les forces et les transports de ces forces.
Cela n'est pas vrai d'un Etat continental, moins influencé par la géostratégie et qui ne peut avoir la projection de forces à longue distance comme seule et unique préoccupation.
Ayant évoqué, de façon excavée les deux concepts maîtres de cette section qui a touché à son terminus, orientons-nous présentement au concept « Grand Moyen-Orient. »
I. 2. Le Grand Moyen-Orient et son paysage géopolitique
Fournir des explications sur le vocable « Grand Moyen-Orient », c’est débuter par définir les termes : Moyen-Orient, Proche-Orient, et, autres concepts attribués à cette région.
L’analyse que nous fournissons ici, n’est pas nécessairement topographique, mais plus stratégique en terme du positionnement de cette région (ces frontières stratégiques) mais surtout son importance géologique et géostratégique, qui, pour les impérialistes occidentaux constitue la zone au sprint de contrôle ou d’affirmation de la primauté mondiale.
Nous commençons par expliciter certains concepts qui sont en connivence du Grand Moyen-Orient à savoir : le Proche-Orient, le MoyenOrient, le Monde arabe ; puis son importance géologique et énergique ainsi que les contrastes que présentent ce terroir.
En effet, le Proche-Orient est une région d'Asie et d'Afrique, comprenant les pays du Sud-est du bassin méditerranéen. Il est souvent inclus dans le Moyen-Orient. On le désigne également sous le nom de Levant (là où le soleil se lève),21 comme le montre bien Bernard Gueynard. Il comprend les pays suivants : Chypre, Egypte, Israël (Palestine), Liban, Syrie, Turquie. Mais la région n'est pas délimitée officiellement.
Cette région ayant joué un rôle important dans l'histoire stratégique de la France, l'expression « Proche-Orient » trouve son origine dans le vocabulaire diplomatique français de la fin du XIXème siècle.
21 GUEYNARD, B., « Near East ou Middle East : histoire d'une terminologie », in Outre-Terre no 3, juin 2005, p.
4.
L'adjectif « proche » permettait de diviser l'Asie par référence aux zones d'influence de la France entre un « Extrême-Orient », en Asie de l'Est, et un « Proche-Orient », à l'est du bassin méditerranéen (bassin Levantin).
Il convient de signaler que la région n'a pas de délimitation officielle, mais on y inclut généralement les pays suivants :Egypte, Irak, Palestine, Israël, Jordanie, Liban, Syrie. On y adjoint parfois par extension les pays méditerranéens asiatiques et turc : Azerbaïdjan, Chypre, Turquie. Les Anglo-saxons y ajoutent parfois des pays du Caucase : Arménie, Géorgie.
Quant au Moyen-Orient, il désigne, pour les Européens, les Américains et les Africains, une région d'Asie allant de la Syrie à la frontière irano-afghane en passant par la péninsule arabique. Les limites ne sont cependant pas non plus clairement définies.
Le Monde arabe quant à lui comprend, de l’Atlantique au Golfe : le Maroc, l’Algérie, la Libye, l’Egypte, le Liban, la Syrie, l’Irak, l’Arabie Saoudite, le Yémen, le Koweït, la Jordanie et les Emirats Arabes Unis.
On ne peut pas séparer le Proche-Orient arabe du vaste MoyenOrient perse et turque qui comprend aussi la péninsule indienne, le monde malais et l’Asie Centrale.
Au niveau géographique, le Levant incluait toute la Méditerranée de l’Est : partie d’Asie Mineure de l’Empire Ottoman, la Grèce (avant 1927, indépendance) et tous les pays Baltiques à domination ottomane et de l’empire austro-hongrois. Croissant fertile (entre la Mésopotamie et la Méditerranée) : Liban, Palestine, Irak, Iran, Egypte plus Golfe persique (Entre les Indes, l’Arabie et le centre).
Le Moyen-Orient met la Turquie et l’Iran au centre. Il part de la Méditerranée et englobe la péninsule arabique jusqu’à l’Afghanistan et le Pakistan.
Il comprend le Levant Egyptien et mésopotamien, les pays arabes méditerranéens (Libye, Turquie, Algérie, Maroc). Les pays de la péninsule arabique situés plutôt en Asie occidentale. Il est de plus en plus caractérisé par les richesses pétrolières, qui vont jouer un rôle géopolitique de plus en plus important dans la région.
On distingue donc le Moyen-Orient du Proche-Orient selon la présence de la Mer Méditerranée. La notion géopolitique de Moyen-Orient inclut donc le rivage méditerranéen et se déporte vers l’Asie avec la zone arabo-persique.
Le Monde Arabe est le cœur du Moyen-Orient, c’est l’héritier de
l’Islam, mais c’est aussi le cas de l’Egypte, de la Turquie, des pays baltiques et de la Mésopotamie. Avec la théorisation du Heartland et du Rimland enfin, on va créer le Moyen-Orient géopolitique.
Dans ce concept du Moyen-Orient, la Méditerranée n’est plus que périphérique. On oublie alors que l’Orient méditerranéen et mésopotamien a fait partie de l’empire hellénistique (grec) et romain sensés représenter l’occident.
A propos du concept « Grand Moyen-Orient », celui-ci est un terme utilisé par le Président George Walter Bush et Son Administration pour désigner un espace s'étendant du Maghreb et de la Mauritanie au Pakistan et à l'Afghanistan, en passant par la Turquie, le Machrek et l'ensemble de la péninsule Arabique.22
I. 2. 1. Importances géologiques et énergétiques du Grand Moyen-Orient
Avec près des deux tiers des réserves pétrolières conventionnelles mondiales estimées (754,2 milliards de barils, selon la BP Statistical Review of World Energy de 2010) et 40 % des réserves gazières aujourd’hui connues (76,18 trillions de mètres cubes), le Moyen-Orient était, demeure et restera pour encore quelques décennies, un lieu majeur de production couvrant une part essentielle des besoins énergétiques des pays développés comme des pays émergents.23
22 PRODHOME, P., Définition Proche et Moyen Orient : Analyse, Géopolitique, éd. Flammarion, Paris, 2010, p.
61. 23 Ibidem, p. 70.
Il n’est pas d’événements géopolitique, religieux ou social intervenant dans cette région qui n’ait un impact sur les grands équilibres économiques et politiques de notre planète. Une telle situation ne peut que susciter l’intérêt croissant de grandes puissances consommatrices pour ces hydrocarbures, dans un contexte de tensions croissantes sur l’offre à plus long terme, si aucune révolution énergétique et technologique d’envergure ne se produit dans les prochaines années pour réduire ou changer les besoins énergétiques présents et à venir.
L’importance des réserves pétrolières et gazières du MoyenOrient est un facteur clé de compréhension pour tout ce qui touche aux grands équilibres géopolitiques de cette région. Certes, le Moyen-Orient est un carrefour stratégique majeur depuis la plus haute Antiquité ; il est aussi le berceau de nombreuses et grandes civilisations et reste le foyer d’origine des trois grandes religions monothéistes.
Mais si ces affirmations sont essentielles pour comprendre son histoire et sa sociologie, le Moyen-Orient, héritier d’un miracle géologique, est d’abord et reste pour nos sociétés contemporaines le lieu majeur de production du pétrole et du gaz dont nos pays ont toujours besoin pour vivre, croître et répondre aux demandes sans cesse accrues d’une modernité en quête de confort, de sécurité et de loisirs. Le nucléaire et les énergies renouvelables ne sont toujours que des énergies d’appoint dans le bilan énergétique mondial face à l’ampleur des ressources en hydrocarbures.
Le monde consomme en priorité quotidiennement, pour environ 60 % de ses besoins énergétiques, du pétrole et du gaz et ceux-ci viendront en quantités de plus en plus massives du Moyen-Orient, malgré l’importance de la diversification géographique de la production mondiale d’hydrocarbures, qu’il s’agisse des sites de pétrole offshore du Brésil ou des ressources présumées de l’Arctique.
I. 2. 2. Peut-on se passer des ressources du Moyen-Orient ?
Aujourd’hui, se passer des hydrocarbures du Moyen-Orient
reviendrait à supprimer du jour au lendemain 40 % des ressources pétrolières quotidiennes qu’utilise notre planète (10 % de ces besoins sont assurés par la seule Arabie saoudite), 11,5 % de ses ressources gazières et plus de 20 % de la valeur du commerce échangé quotidiennement sur les marchés internationaux. Difficile dans de telles conditions d’ignorer une telle région.
D’une certaine manière, tout problème sur les hydrocarbures
du Moyen-Orient permet d’illustrer la réalité pratique de l’effet papillon sur les équilibres politico-économiques de notre monde.
D’ailleurs, avec l’augmentation de la part du gaz naturel liquéfié dans le bilan énergétique mondial et le recul de la production d’anciennes régions productrices de pétrole, comme la mer du Nord, la part des hydrocarbures du Moyen-Orient devrait continuer de croître dans les prochaines années.
Il est donc vain de préciser qu’une fermeture temporaire du détroit d’Ormuz, quelles qu’en soient les raisons, se traduirait immédiatement par une mobilisation mondiale autour de l’enjeu de sa réouverture.
Les récentes déclarations iraniennes sur la mise en service de nouveaux sous-marins de poche sont un sujet de préoccupation de plus pour la région, mais leur utilisation à des fins de blocage des échanges énergétiques conduirait à pousser les plus grands Etats consommateurs à intervenir dans la zone dans les meilleurs délais, à commencer par certains pays d’Asie comme l’Inde ou la Chine, et plus seulement les Etats-Unis et leurs alliés européens.
La géopolitique des hydrocarbures au Moyen-Orient ne se limite toutefois pas à ce seul aspect d’une politique de préservation du bon fonctionnement de grands flux énergétiques de cette région vers le reste du monde.
Elle est aussi et avant tout, une question de niveau de production, d’investissement et de stratégies financières destinées à assurer à plus long terme, un écoulement optimal et cohérent des productions pétrolières et gazières vers les grandes régions de consommation qui se livrent depuis les premières découvertes du début du XXème siècle en Iran, une féroce concurrence pour capter ces ressources.
I. 2. 3. Les contrastes de la zone Grand du Moyen-Orient
L'énumération de différentes régions comprises dans la formule de « Grand Moyen-Orient » montre la difficulté de les réduire à une seule expression et de les amalgamer en un « bloc de civilisation », attisant ainsi l'hypothèse d'un « choc des civilisations ».
En effet, ces différentes régions ne sont unies ni par la religion, ni par l'origine ethnique des populations, ni même par une histoire commune. Si l'islam est majoritaire, il y a dans ces pays d'autres religions présentes, notamment dans l'Etat d'Israël.
L'expression ne recouvre donc pas le monde musulman, celui-ci
s'étend en Asie, en particulier avec l'Indonésie.
Le « Grand Moyen-Orient » ne recouvre pas non plus le monde arabo-musulman, puisqu'il inclut l'Iran perse, la Turquie, Israël, l'Afghanistan et les populations caucasiennes et d'Asie centrale qui n'ont rien d'arabe.
Aussi, la pertinence de ce concept est mise en cause par de nombreux observateurs de ces différentes parties du monde, et semble être davantage le fruit d'une vision idéologique de l'équipe en place à Washington (Administration Bush), dénoncée par ses détracteurs comme une nouvelle forme d'ingérence impérialiste américaine, davantage qu'un outil possédant une quelconque valeur heuristique ou scientifique.[16]
Elle représente une impasse géopolitique dans la mesure où, elle
ne permet pas de saisir les divisions internes à cet ensemble de territoires.
L'enlisement du conflit irakien en une lutte fratricide entre factions chiites et sunnites ou la victoire de mouvements islamistes lors d'élections libres, tels le Hamas aux élections législatives palestiniennes de janvier 2006 et les Frères Musulmans aux élections législatives de 2005 et présidentielles de 2012 en Egypte, prouvent l'inopérabilité du projet américain.
En outre, de nombreuses critiques s'élèvent contre la guerre en Irak, certaines affirmant que la guerre a eu pour objectif de satisfaire les intérêts particuliers de l'équipe Bush. Washington était persuadé que Saddam Hussein cherchait à se doter d'armes de destruction massive (ADM) et prôna une guerre préventive sans attendre les résultats de l'enquête de l'AIEA.
Interrogé par l'Humanité, Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, déclarait que « les Américains ont prôné le modèle du coup de pied dans la fourmilière, y compris par la guerre. Le bilan de l’Irak apparaît largement et globalement négatif.
Les adversaires de cette politique estiment que l’on peut appuyer de l’extérieur un mouvement démocratique mais que celui-ci doit avant tout être le fruit d’un processus interne », tandis que Diaa Rachwane, chercheur égyptien, rappelait que partout où des élections s'étaient tenues dans les pays du « Grand Moyen-Orient », les mouvements islamistes avaient progressé de façon phénoménale, du Maroc au Pakistan en passant par l’Egypte, l’Irak mais aussi la Palestine.[17]
Ayant parcouru cette section, axée sur le « Grand Moyen-Orient », qui est au fait, un façonné de la géopolitique des Etats-Unis d’Amérique pour le remodelage de la région du Moyen-Orient, parlons dès à présent de cette superpuissance qui règne en maître dans ladite région.
I. 3. Les Etats-Unis d’Amérique
Cette section se penche seulement à énoncer les aspects politiques, militaires et économiques, tout en mettant en arrière plan d’autres aspects, tels : historique, physique, etc. pour éviter de raison économique.
Il sied de savoir que les Etats-Unis d’Amérique sont une union de cinquante Etats, dont quarante-huit sont adjacents et situés entre l'océan Atlantique et l'océan Pacifique, d'Est en Ouest, puis bordés au nord par le Canada et au Sud par le Mexique. Les deux Etats non limitrophes sont l'Alaska, situé à l'Ouest du Canada, et Hawaï, un Etat insulaire situé au milieu de l'océan Pacifique.
De plus, le pays inclut quatorze territoires insulaires disséminés dans la mer des Caraïbes et le Pacifique. La capitale fédérale, Washington, est située dans le district de Columbia, un district fédéral hors des cinquante Etats.
Les Etats-Unis d’Amérique comptent en 2011 plus de trois cent onze millions d'habitants et constituent le troisième pays le plus peuplé du monde après la Chine et l'Inde.[18]
La superficie des Etats-Unis d’Amérique est de 9 629 048 kilomètres carrés, ce qui en fait le quatrième pays le plus vaste du monde après la Russie, le Canada et la Chine. L'immigration y est abondante et la population des plus diversifiées sur les plans ethnique et culturel. L'économie nationale est la plus importante au monde avec un PIB, en 2011, le plus élevé.
Les Etats-Unis d’Amérique sont membres de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN), de la Coopération Economique pour l'Asie-Pacifique (APEC), de l'Accord de Libre-échange Nord-Américain (ALENA), de l'Organisation des Etats Américains (OEA), de l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), du G8, et membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
I. 3. 1. Aspects politiques
Les Etats-Unis d’Amérique sont une république fédérale présidentielle bicamériste. La forme du gouvernement est celle de la démocratie représentative : le droit de vote est accordé aux citoyens américains de plus de 18 ans ; il n'est pas obligatoire.
Les citoyens américains sont gouvernés à trois échelons : le niveau
fédéral depuis la capitale Washington, D.C., le niveau des Etats fédérés et le niveau local (comtés, municipalités). La monnaie, la politique étrangère, l'armée et le commerce extérieur relèvent de l'Etat fédéral.
Le pays est constitué de cinquante Etats fédérés qui disposent d'une pleine souveraineté dans de nombreux domaines : justice, éducation, transport, etc. Chacun des 50 Etats a son drapeau, son gouverneur, son congrès et son gouvernement. La législation diffère d'une circonscription à l'autre.
Frank Joackim, insiste du fait que la constitution américaine est la plus ancienne constitution moderne encore en vigueur (1787). Complétée par la Déclaration des Droits et de nombreux amendements, elle garantit des droits individuels aux citoyens américains. Pour être adopté, un amendement doit recueillir l'approbation des 3/4 des Etats fédérés.[19]
Les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) sont séparés :
§ le pouvoir exécutif est assuré par le président et le vice-président. Ils sont élus ensemble pour quatre ans, au suffrage universel indirect. Chaque Etat est représenté par son collège de grands électeurs dont le nombre est approximativement proportionnel au nombre d'habitants de l'Etat en question. Depuis 1951, le président ne peut exercer que deux mandats. Le Président est le commandant en chef, mais ne peut déclarer la guerre. Il réside à la Maison Blanche et possède un droit de veto sur les projets de loi. Il nomme les membres de son cabinet et dirige l'Administration américaine. Barack Obama a été élu président des Etats-Unis d’Amérique en novembre 2008 (son mandat a commencé le 20 janvier 2009) ;
§ le pouvoir législatif revient à un Congrès composé de deux chambres, le Sénat et la Chambre des Représentants, qui siègent au Capitole. La chambre des représentants compte 435 membres, élus dans le cadre de districts (congressional district) pour un mandat de deux ans. Le nombre de députés dépend du poids démographique des Etats : les moins peuplés envoient un représentant au Congrès, alors que la Californie en dispose de 53. Chaque Etat élit deux sénateurs pour six ans, quelle que soit sa population. Le Sénat est renouvelé par tiers tous les deux ans ;
§ la Cour suprême est la plus haute instance du système judiciaire fédéral. Composée de neuf juges à vie choisis par le président avec l'accord du Sénat, elle interprète les lois et vérifie leur constitutionnalité.
La vie politique est dominée par deux partis : le Parti républicain et le Parti démocrate. Le Parti républicain, fondé en 1854, est considéré comme conservateur ou de droite, son symbole est l'éléphant et sa couleur le rouge. Le Parti démocrate est qualifié de libéral en anglais et classé au centre ou centre-gauche, son animal est l'âne et sa couleur le bleu. Parmi les partis de moindre importance figurent le Parti vert et le Parti communiste. Les Etats du Nord-est, des Grands Lacs et de la côte ouest sont réputés plus progressistes que ceux du Sud et des Montagnes Rocheuses.
En ce qui concerne leur politique étrangère, les Etats-Unis d’Amérique exercent une influence économique et politique sur le monde entier. Ils sont l’un des membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies et la ville de New York accueille le siège des nations unies.
Quasiment tous les pays ont une ambassade à Washington, D.C. et plusieurs consuls à travers le pays. De même, presque tous les pays accueillent une mission diplomatique américaine.
En revanche, Cuba, l'Iran, la Corée du Nord, le Bhoutan, le Soudan, et la République de Chine (Taïwan) n'ont pas de relations diplomatiques formelles avec les Etats-Unis d’Amérique.
Les Etats-Unis d’Amérique bénéficient d'une relation spéciale avec le Royaume-Uni et des liens étroits avec l'Australie, la Nouvellehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle-Z%C3%A9landeZélande (dans le cadre de l'ANZUS), la Corée du Sud, le Japon, Israël, et les membres de l'OTAN. Ils travaillent également en étroite collaboration avec leurs voisins par l'intermédiaire de l'Organisation des Etats américains et d'accords de libre-échange, telle que la coopération trilatérale accord de libre-échange nord-américain avec le Canada et le Mexique.
En 2005, les Etats-Unis d’Amérique ont dépensé 27 milliards de dollars en aide publique au développement, la plupart à travers le monde. Toutefois, comme part du Revenu National Brut (RNB), la contribution américaine représente 0,22 % et au vingtième rang de vingt-deux pays donateurs.
Les sources non gouvernementales telles que des fondations
privées, des sociétés, et de l'éducation et les institutions religieuses donnent pour un total de 96 milliards de dollars. Le total combiné est de 123 milliards de dollars, soit le plus important dans le monde et le septième en pourcentage du RNB.
I. 3. 2. Aspects stratégico-militaires
Les Etats-Unis d’Amérique exercent une influence militaire sur le monde entier. Le président détient le titre de commandant en chef de la nation, des forces armées et nomme ses dirigeants, le secrétaire à la Défense et ceux du comité des chefs d’Etats-majors interarmés.
Le département de la Défense des Etats-Unis d’Amérique administre les forces armées, y compris l'armée, la marine, le Marine Corps, et la force aérienne. La garde côtière est dirigée par le département de la Sécurité intérieure en temps de paix et par le Département de la Marine en temps de guerre.
En 2005, les forces armées avaient 1,38 million de personnels en
service actif, en plus de plusieurs centaines de milliers dans la réserve et la Garde nationale, pour un total de 2,3 millions de soldats.
Le ministère de la Défense emploie également environ
700 000 civils, sans compter ceux des entrepreneurs. Le service militaire est volontaire, bien que la conscription puisse se produire en temps de guerre par le biais du système de service sélectif.[20]
Les forces américaines peuvent être déployées rapidement par l'armée de l'air grâce à sa grande flotte d'avions de transport et de ravitaillement aériens, l'United States Navy composée de onze porteavions, et les Marine Expeditionary Unit en mer sur tous les océans du globe. Hors des Etats-Unis d’Amérique, les forces armées sont déployées sur 770 bases et installations, sur tous les continents à l'exception de l'Antarctique.[21]
Le total des dépenses militaires des Etats-Unis d’Amérique en 2006, plus de 528 milliards de dollars, comptait pour 46 % des dépenses militaires officielles mondiales et était supérieur à la somme des quatorze autres budgets militaires les plus importants combinées. (En termes de parité de pouvoir d'achat, cela correspond aux six prochains). Les dépenses par habitant étaient de 1 756 dollars, soit environ dix fois plus que la moyenne mondiale.
A 4,06 % du PIB, les dépenses militaires des Etats-Unis d’Amérique sont classées 27ème sur 172 nations. La proposition de base pour le budget militaire pour l'année 2009 est de 515,4 milliards de dollars soit une augmentation de 7 % sur 2008 et de près de 74 % de plus qu'en 2001. Le coût estimé de la guerre d'Irak pour les Etats-Unis jusqu'en 2016 est de 2,267 billions de dollars.
En date du 17 octobre 2008, engagés dans deux opérations militaires majeures, les Etats-Unis d’Amérique ont subi pendant la guerre d'Irak des pertes de 4 185 militaires tués et plus de 30 000 blessés et 615 tués durant la guerre d'Afghanistan depuis 2001.
I. 3. 3. Aspects économiques
Les Etats-Unis d’Amérique sont depuis les années 1870 la première puissance économique mondiale. Ils possèdent une économie mixte dans laquelle le secteur public en 2007 représente 12,4 % du PIB.
Selon le Fonds monétaire international, les Etats-Unis produisent
plus de 14 500 milliards de dollars, soit plus de 19 % de toutes les richesses de la planète. En 2006, le PIB américain était légèrement inférieur à celui de l’Union européenne à parité de pouvoir d'achat.[22]
Le pays se place à la huitième place mondiale pour le PIB par habitant et à la quatrième place à parité de pouvoir d’achat. Le taux de chômage est relativement faible, entre habituellement 3 et 5 % de la population active. Cependant la crise économique de 2008 a entraîné une remontée du chômage si bien que ce taux atteint 6,5 % en novembre 2008 (d'après l'OIT), et atteint 9,9 % en avril 2010.
Le PIB américain a augmenté de 32 % entre 2000 et 2008 tandis le budget de l'Etat fédéral est passé durant la même période de 1 798 milliards à 2 931 milliards de dollars soit une augmentation de presque 40 %.[23]
Les secteurs les plus dynamiques sont la chimie, l'informatique,
l'aérospatiale, la santé, les biotechnologies et les industries de l'armement, même si l'avance s'est réduite depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Le principal point fort de cette économie postindustrielle reste le secteur tertiaire (grande distribution, services financiers et bancaires, assurances, production cinématographique, tourisme <), qui contribue pour 75 % du PIB.
Les Etats-Unis sont les plus grands importateurs de biens et les troisièmes exportateurs derrière la Chine et l’Allemagne. Le Canada, la Chine, le Mexique, le Japon et l’Allemagne sont les principaux partenaires commerciaux. La balance commerciale américaine est déficitaire, en particulier avec la Chine. Le matériel électrique constitue la principale exportation ; le pays importe de nombreux véhicules automobiles. Les bourses de New York (New York Stock Exchange) sont les premières du monde.[24]
La dette publique américaine est la plus élevée du monde : en 2005, elle représentait 23 % du volume mondial. Les Etats-Unis se classent 35ème sur 120 pays pour la dette rapportée au PIB.
Plusieurs atouts expliquent la puissance de l'économie américaine : le territoire américain est immense, bien doté en ressources minières (deuxième producteur mondial de charbon, pétrole, gaz naturel, or, cuivre<) et agricoles. Il est situé entre les deux grands océans de la planète, l'océan Atlantique et l'océan Pacifique. Il est également bien maîtrisé par un réseau de transport varié (Grands Lacs, voies ferrées, ports, aéroports) et dense. La population est cosmopolite et mobile.
Le niveau moyen de vie est fort, même si les inégalités sociales sont importantes. Le dollar et la langue anglaise ont un rayonnement international.
L'Etat fédéral investit une part relativement importante du PIB dans la recherche et n'hésite pas à se montrer protectionniste. Les multinationales américaines sont présentes sur tous les continents et participent à la puissance économique du pays. Les Etats-Unis sont au cœur de l'ALENA, une organisation régionale qui favorise la libre circulation des marchandises et des capitaux.[25]
En 2005, la population active est de 155 millions de salariés, dont 80 % travaillent à plein temps. 79 % de la population active américaine travaille dans les services.
Avec environ 15,5 millions de personnes, la santé et la protection sociale sont les secteurs qui occupent le plus d'emplois. Le taux de syndicalisation est de 12 %, contre 30 % en Europe occidentale. La mobilité du travail est importante et les congés payés sont plus courts que dans les autres pays industrialisés. Les Etats-Unis maintiennent l'une des productivités du travail les plus élevées du monde (3ème en 2009 derrière le Luxembourg et la Norvège).[26]
Quelques chiffres récents : PIB par habitant en PPA en 2004 : 39 498 $ ; investissement (FBCF, 2004) : 19,6 % du PIB ; recherche et développement (en % du PIB, en 2003) : 2,6 % ; taux d'inflation (2005) : 3,4 % ; répartition de la population active (en % en 2004) ; secteur primaire : 1,7 % ; secteur secondaire : 20,8 % ; secteur tertiaire : 77,4 % ; l'économie américaine a créé 2 millions d'emplois nouveaux en 2005 ; déficit commercial cumulé en mai 2007 : 296 milliards de dollars.[27]
I. 4. Enjeu et perspective
Comme le montre l’intitulé de cette section, il est question de
donner le sens épistémologique des concepts : enjeu et perspective. Cela étant nous commençons de prime abord par le vocable « perspective » et par la suite le substantif « enjeu ».
I. 4. 1. Perspective
Le terme « perspective » est un mot d’origine latine
« perspectiva ; de perspicere, ce qui veut dire voir à travers.
Selon le dictionnaire Larousse, ce concept est « la manière de
représenter par le dessin, sur un plan, les objets tels qu’ils paraissent vus à une certaine distance et dans une position donnée.[28] »
Ce concept peut aussi se définir comme une espérance ou
crainte d’événements considérés comme probables, quoique éloignés. Par exemple avoir la perspective d’un bel avenir. Elle est aussi une manière de voir, aspect sous lequel se présentent les choses, point de vue. Par exemple, envisager la situation actuelle dans la perspective historique.
A titre exemplatif, en se référant aux situations qui prévalent au Grand Moyen-Orient, on peut se poser la question de savoir : quelle sera l’issue de ces révolutions, et qu’est-ce qu’elles apporteront dans la région, en termes des alliances et des mésalliances sur la recomposition de l’ordre régional.
Le site internet, Wikipedia, renchérit en stipulant que le mot
perspective peut renvoyer à différentes significations, à savoir : la perspective géométrique au sens de la renaissance, les différentes approximations ou conventions par lesquelles on peut représenter, sur une surface délimitée, les effets de la perception visuelle ; la perspective atmosphérique, par laquelle la couleur et la luminosité des objets sont fonctions de leur distance à l'observateur, est liée à la non-transparence de l'air ; la perspective de mouvement (effet de parallaxe) traite de la perception de la distance suggérée par la vitesse et la taille apparentes d'objets en mouvement ; la perspective signifiante de la peinture byzantine et du Moyen Age ; la perspective conique, méthode géométrique de représentation de la perspective ; la perspective (perception visuelle) : liens étroits entre l'impression subjective de la vision de l'espace et l'image qui peut en être obtenue par la représentation perspective.[29]
Quant à nous, nous estimons que la perspective, est une
prospection et/ou projection qu’un analyste fait à la suite d’un événement qui se présente. C’est ainsi que nous nous référons aux événements actuels et de manière précise, par rapport à la situation qui prévaut au Grand Moyen-Orient sur les mutations géopolitiques et leurs effets futurs dans ladite région.
Ayant cerné le sens du concept « perspective », énonçons dès à
présent, le dernier concept à analyser qui est bel est bien le concept « enjeu ».
I. 4. 2. Enjeu
A en croire Kabwita Kabolo Iko, un enjeu est une valeur
matérielle ou morale que l'on risque dans une activité économique, une compétition ou un jeu.[30]
Par là, nous comprenons qu’un enjeu est donc ce que l'on peut
gagner ou perdre dans une entreprise ou une activité économique (le profit, la réussite, le développement...), dans un jeu (la mise), ou dans une compétition (la gloire ou la récompense de la victoire).
A titre d’illustration, nous restons toujours aux mutations
géopolitique et géostratégique qui secouent le Grand Moyen-Orient, pour démontré l’enjeu de ces mutations par rapport à la perte ou l’accroissement de l’influence américaine dans ladite région.
Et par-là, nous comprenons que l’enjeu pour les Etats-Unis
d’Amérique est de démanteler tous les régimes hostiles à son égard pour mieux asseoir son hégémonie. Nous revenons pour dire que tout enjeu présente des conséquences. La nature de ces conséquences peut être négative (perte, défaite, échec...) ou positive (gain, victoire, réussite, succès...)
Eu égard à notre travail, ce concept est perçu dans un sens
stratégique et géopolitique.
Dans cet ordre d’idée, nous cherchons à déceler les menaces, les
mobiles d’intérêts américains dans le Grand Moyen-Orient, ainsi que d’éventuels obstacles qui compromettent lesdits intérêts, nous explorons le pourquoi de leur intéressement de cette partie du monde.
Après que nous ayons esquissé, les différents concepts et
expressions ayant trait à notre objet de recherche, attelons-nous dès à présent, à aborder notre deuxième chapitre, centré sur les enjeux sécuritaires américains dans la région du Grand Moyen-Orient face aux acteurs étatiques et non étatiques.
Chapitre deuxième :
ENJEUX SECURITAIRES AMERICAINS DANS LA
REGION FACE AUX ACTEURS ETATIQUES ET NON ETATIQUES
Dans leurs démarches géopolitique et géostratégique, les EtatsUnis d’Amérique ont songé à établir des alliances stratégiques avec certains Etats de la région dont les plus importants sont : l’Israël (allié privilégié),
Turquie, Egypte (suite aux Accords de Camp David de 1978), Pakistan,
Arabie Saoudite, Qatar, etc.
Il convient de savoir que parmi ces alliés, certains jouent du
pseudonyme dans leurs relations stratégiques. Dans cet ordre d’idée, nous citons nommément : l’Arabie Saoudite et le Pakistan. Ce sont ces deux Etats qui ont attiré notre particulière attention, et nous allons nous expliquer dans les lignes qui suivent, outre les organisations terroristes qui constituent un casse-tête pour les Américains et leurs zones d’action.
A la lumière de ce qui précède, ce chapitre traite sur les pseudo
alliés américains, les foyers du terrorisme et les acteurs non étatiques, ainsi que l’après Ben Laden et les perspectives géopolitiques du terrorisme dans le Grand Moyen-Orient.
II. 1. La Question de pseudo alliés dans la région
En effet, comme nous l’avions déclaré dans l’exposé introductif
de ce chapitre, les pseudo alliés américains au Grand Moyen-Orient qui ont attiré notre particulière attention, sont bel et bien la couronne saoudienne (Arabie-Saoudite) et le Pakistan.
Par là, il convient de savoir que cette section est subdivisée en
deux paragraphes, d’une part, le double jeu pakistanais et d’autre part, le rôle ambigu de l’Arabie Saoudite contre le terrorisme.
II. 1. 1. Le double jeu pakistanais
D’entrée de jeu, il sied important de savoir que le Pakistan est
l’allié stratégique des Américains pour les traques des Talibans et l’AlQaïda, mais la question qu’on se pose est celle de savoir : comment Ben Laden pouvait-il se trouver dans ce bunker de luxe depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, sans que de hauts responsables pakistanais aient été au courant ? Surtout que le service secret pakistanais Inter-Service Intelligence (ISI) est parmi les grands services secrets de la région. Leurs autorités n’étaient-elles pas au courant ?
L'architecture du pouvoir dans ce pays de plus de 180 millions
d'habitants est éclatée entre un Etat démocratique avec un gouvernement élu et une armée toute puissante, qui détient réellement l'autorité depuis 1947 et peut faire tomber tout gouvernement qui chercherait à se libérer de son patronage.
A ce pouvoir bicéphale, s'ajoutent des services secrets
tentaculaires, eux-mêmes fortement présents au sein de l'armée, et dont une importante frange est proche des réseaux radicaux. Selon des documents révélés par WikiLeaks, la puissante ISI (Inter-Services Intelligence) figure parmi quelques 70 organisations considérées comme « terroristes ou soutenant des entités terroristes » dans une liste secrète établie en 2007 par les Américains.[31]
Cet éclatement du pouvoir explique le double-jeu pakistanais
dans la lutte contre le terrorisme. Il sied de savoir que, quand les talibans arrivent au pouvoir en Afghanistan en 1996, le Pakistan fait partie des trois pays qui reconnaissent le nouveau régime de Kaboul. Les services secrets pakistanais ont formé et financé les Talibans avant leur accession au pouvoir, et ils continueront pendant leur règne et après leur chute en octobre 2001. Entre-temps, le gouvernement pakistanais s'est pourtant officiellement rangé aux côtés des Américains dans la lutte contre le terrorisme au lendemain du 11 septembre 2001, comme le martèle Erick Dénecé.
Ce dernier renchérit, en disant : « Washington ne pouvait pas
mieux faire pour rassembler la myriade de partis querelleurs et disparates qui polluent la scène politique pakistanaise, voire pour réconcilier l'établissement militaire et le pouvoir civil, que de lancer des accusations à l'encontre des services secrets de l'ISI. [32] »
Nombre de Pakistanais flaire dans ce timing, la tentative des Américains de leur faire endosser la responsabilité de leur échec en Afghanistan.
a. Eliminer le terrorisme
« L'Etat pakistanais est fragilisé par une armée menaçante et
une population plus anti-américaine qu'elle ne l'a jamais été. Il est donc dans son intérêt de dire qu'il n'a pas participé à l'opération américaine qui a abouti à l'exécution de Ben Laden.41 », comme le souligne Olivier Guillard.
« Les Pakistanais ont toujours été aux côtés des Américains »,
assure Mariam Abou Zahab, « ils dépendent d'eux financièrement, mais ils ne peuvent l'assumer ouvertement vis-à-vis de leur opinion. »
Lundi soir (02 mai 2011), la secrétaire d'Etat américain Hillary Clinton s'est montrée plus précise sur le degré d'implication du Pakistan. La coopération avec le Pakistan a aidé à nous mettre sur la voie de Ben Laden et du complexe dans lequel il se cachait, a-t-elle déclaré.
En octobre 2009, Madame Clinton avait suscité un tollé en
mettant en cause publiquement l'attitude d'Islamabad. Al-Qaïda a trouvé abri au Pakistan depuis 2002. « Je trouve difficile à croire que personne dans votre gouvernement ne sache où ils sont, ni ne puisse les arrêter s'il le voulait vraiment. » avait-elle lancé.
Son homologue français, Alain Juppé, a estimé lundi que la
mort de Ben Laden était « de nature à rassurer » sur la collaboration du Pakistan contre l'extrémisme islamiste.
b. Ben Laden était-il « une carte dans le jeu pakistanais » ?
Ce n'est pas tapi au fond d'une caverne des zones tribales que Ben Laden a été retrouvé, mais dans une demeure sécurisée d'un quartier peuplé de militaires à Abbottabad, à moins de 100 Km d'Islamabad.
De quelles complicités l'homme le plus recherché au monde a-t-
il bénéficié ?
Lorsqu'il a été attaqué, Ben Laden se trouvait dans une maison
protégée par une grande enceinte dans une ville qui abrite une base militaire de l'armée pakistanaise. Cela relance les suspicions sur les liens entre le Pakistan et Al-Qaïda...
La situation est très opaque. Nous sommes depuis des années
dans un jeu d'ombres qui bien sûr posait problème aux autorités américaines. Celles-ci ont fait part récemment de leur « impatience stratégique », aux responsables de l'armée pakistanaise, avec qui, les contacts sont très réguliers.
On ne sait pas encore exactement ce qui s'est passé. Mais
difficile de croire que Ben Laden ait pu vivre à quelques 60 kilomètres d'Islamabad sans que personne de l'Inter-Service Intelligence (ISI), les services secrets pakistanais, qui dépendent de l'armée n'en sache rien.[33]
Comme toujours avec les services pakistanais, cet état de fait
traduit des manœuvres très complexes, qui restent en partie sujettes à interprétation : d'un côté, Ben Laden échappe aux traques américaines pendant près de dix ans ; de l'autre, le Pakistan, sous Pervez Musharraf, au pouvoir de 1999 à 2008, a livré beaucoup de responsables importants d'AlQaïda, dont Khalid Sheikh Mohammad, le « cerveau » du 11 Septembre.
Il faut aussi rappeler qu'Al-Qaïda a plusieurs fois, condamné
les responsables pakistanais comme traîtres à l'islam, tout cela, dans un contexte où les Talibans pakistanais, retournés contre le pouvoir d'Etat, ont mené dans le pays de vagues très meurtrières d'attentats terroristes depuis des années.
On peut imaginer que les services pakistanais aient en quelque
sorte gardé en réserve la carte Ben Laden, non parce qu'ils soutiennent sa ligne, mais pour peser dans leurs relations compliquées avec les Etats-Unis. Le véritable enjeu pour eux étant, la relation à l'Inde et à l'Afghanistan, un Afghanistan où ils entendent retrouver une influence amoindrie depuis le 11 Septembre 2001 et la chute des Talibans afghans.
Il paraît peu vraisemblable que les services secrets pakistanais
n'aient pas été au courant de l'attaque commanditée par les Etats-Unis d’Amérique (d'autant que le commando est venu d'Afghanistan).[34]
A tout le moins, ils savaient que les Américains étaient sur la
piste de Ben Laden. Et le président Obama s'est félicité, sans précision, de la coopération pakistanaise à cet égard. Bien sûr, vu le degré d'antiaméricanisme au Pakistan, il est difficile pour le pouvoir, civil ou militaire, de s'afficher en première ligne dans cette affaire.
Mais d'un autre côté, une partie de l'opinion va crier à la
violation de la souveraineté nationale si les Américains y sont allés seuls.
Il est possible que le Pakistan ait décidé de livrer Ben Laden aux Américains, non seulement en raison des pressions accrues de Washington, mais aussi parce qu'une part décisive de la stratégie d'Obama en Afghanistan est de dissocier les Talibans afghans, avec qui, les négociations sont envisageables, d'Al-Qaïda. Ce groupe terroriste étant bien la cible-clé d'Obama, comme il l'a encore récemment rappelé.
En affaiblissant Al-Qaïda, le Pakistan gagne ainsi sur deux
fronts : d'une part, il amoindrit une menace pesant sur la sécurité pakistanaise, de l'autre il renforce sa position sur le grand échiquier discret sur lequel se joue en coulisses le futur de l'Afghanistan, et donc le futur de l'influence pakistanaise en Afghanistan, à l'heure où l'on discute du calendrier de retrait des forces de l'OTAN.
Or, pour Islamabad, la carte afghane est essentielle, afin d'éviter
la prise en tenaille entre l'Inde et un Afghanistan où les Indiens seraient influents et leur influence s'est accrue sous la présidence d'Hamid Karzai...
En 2008, David Petraeus, commandant des forces
internationales en Afghanistan, avait déclaré pour la première fois qu'un lien étroit existait entre les Talibans pakistanais, afghans et Al-Qaïda. La même année, un nouveau responsable des services secrets pakistanais était nommé, Ahmad Shuja Pasha. Quelle a été l'influence de Washington sur cette nomination ?
Il semble bien que la nomination du général Pasha en 2008
s'inscrive dans les consultations qui ont eu lieu en 2007 avec Washington quand le général président Musharraf a dû abandonner ses responsabilités à la tête de l'armée, au bénéfice du général Kayani (lui même ancien directeur de l'ISI) et qui ont eu lieu de nouveau en 2008, après que Musharraf fut contraint par l'opinion d'abandonner la présidence de la République.
Le général Nag, successeur d’Ashfaq Pervez Kayani à la tête
d'ISI, aura donc été en poste peu de temps, pour laisser la place à Ahmed Shuja Pasha. A chaque fois, Washington a, semble-t-il, été consulté discrètement, au nom de la coordination américano-pakistanaise dans la lutte contre le terrorisme.
On pose parfois par ailleurs la question de savoir si une part de
l'armée est tentée par l'islamisme radical. Mais cette crainte, assez peu crédible, peut être aussi instrumentalisée par l'armée pour légitimer la difficulté qu'elle a à lutter contre l'extrémisme.
Le vrai problème étant du reste plutôt celui posé par les Talibans pakistanais, des enfants du pays, que par Al-Qaïda proprement dit.
c. La redéfinition des relations américano-pakistanaises
Pour l'opinion pakistanaise, il faudra en savoir plus sur les
conditions de la mort de Ben Laden, et sur ce qu'il est advenu de son corps ensuite. En termes de relations bilatérales, il faut attendre de voir ce qui va suivre.
La disparition de Ben Laden va-t-elle être suivie ou non par
d'autres disparitions, son second Ayman al-Zawahiri par exemple ?
Si Al-Qaïda, la maison mère, par ses succursales au Sahel ou
ailleurs est réellement affaiblie, si le mouvement est décapité, les relations entre Islamabad et Washington peuvent s'améliorer de façon significative, d'autant que les Etats-Unis ont besoin du Pakistan pour négocier avec les Talibans afghans.[35]
Encore faut-il voir comment le pouvoir, civil et militaire, va
gérer les conditions de l'intervention américaine contre Ben Laden vis-à-vis de l'opinion, au nom de la souveraineté nationale d'un pays de 180 millions d'habitants, nucléarisé de surcroît.
A ce jour(2012), le Pakistan se dit prêt à soutenir l’Iran en cas
d’offensive israélienne, et à réagir à la violation de son territoire par les Etats-Unis.
Le Haut Commissaire pakistanais en Grande-Bretagne a déclaré
récemment le soutien qu’accordera son pays à la République Islamique d’Iran en cas d’une attaque d’Israël. Wajid Shamsul Hasan a dit dans une interview au journal britannique The Sun que le Pakistan n’aurait pas d’autres choix que de soutenir l’Iran si Israël l’attaquait. « Nous ne voudrions pas être perçus comme faisant partie d’une campagne israélienne contre aucun pays. Si Israël attaque l’Iran, cela aura également un impact sur le Pakistan. » a-t-il ajouté. « Nous devrons garantir nos propres intérêts. Nous avons aussi une population chiite au Pakistan qui ne va pas l’accepter sans protester.45 »
Cet officiel pakistanais a aussi alerté David Cameron, Premier Ministre britannique, pour qu’il condamne les bombardements commis par les drones américains, tuant des centaines de civils innocents dans son pays. Il les a qualifiés de crimes de guerre. « Nous connaissons des dommages, écoles, communautés, hôpitaux détruits. Il y a des civils, enfants, femmes, familles. Nos pertes sont énormes. » Officiellement 535 civiles ont été tués, dont 60 enfants. Le Pakistan déclare que le compte dépasse 1000 victimes.
Wajid Shamsul Hasan a également affirmé que les relations du Pakistan avec les Etats-Unis d’Amérique s’étaient fortement dégradées. La patience atteint définitivement ses limites. « Je pense que le temps s’amenuise avant que le gouvernement pakistanais ne réagisse. A un moment donné, il devra prendre des mesures punitives pour qu’ils arrêtent. Il a les moyens de prendre des mesures pour défendre ses frontières et territoires. »
Il a précisé que dans ce cas, cela aggraverait la situation et
mettrait fin à la guerre contre le terrorisme, et ce n’est pas ce qu’ils veulent. Il y a tant d’animosité que les Américains sont surement les personnes les plus détestées dans l’esprit des gens au Pakistan. Il a prévenu que l’Inde et des pays du Golfe persique pourraient aussi s’impliquer dans un conflit.
Si un sujet suscite inquiétudes et doutes grandissants chez les
responsables américains de politique étrangère, c'est bien le devenir du Pakistan et le dossier complexe des relations américano-pakistanaises, lourdes de tensions et de méfiance réciproque.
Le responsable du Pentagone, qui a jugé urgent d'improviser
cette escale, au sortir d'un voyage en Inde, l'ennemi traditionnel du Pakistan, a parlé d'un déficit de confiance, mais précisé qu'il n'éviterait pas les questions épineuses, citant entre autres choses les démonstrations croissantes d'antiaméricanisme se traduisant par des problèmes de visas et le harcèlement de notre population.
« Au Pakistan, toutes les politiques que nous menons semblent
déboucher sur les effets inverses de ceux recherchés. » notait récemment, sceptique, le politologue Francis Fukuyama.
II. 1. 2. L'Arabie saoudite est-elle contre le "terrorisme" ?
Alors que les Etats-Unis d’Amérique étaient sur le point
d’intervenir en Irak en 2003, Meyaw Wurmser estime que la guerre, nous obligera à réexaminer entièrement notre politique au Moyen-Orient : veuton continuer, par exemple à cajoler Riyad ? C’est en effet l’Arabie Saoudite qui a secrété Al-Qaïda et les tueurs du 11 septembre 2001. La création d’un Irak pro-occidental, solide exportateur de brut, permettrait en prime de desserrer en partie cette étreinte saoudienne.[36] Jusqu’à ce jour, l’Arabie Saoudite soutient et finance le 80% des organisations terroristes de la région.
Le royaume wahhabite aurait été qualifié de graine du
terrorisme et de « premier et plus dangereux adversaire » des Etats-Unis au Proche-Orient lors d'une réunion qui a eu lieu le 10 juillet 2002, au Defense Policy Board (DPB), un organe consultatif du Pentagone.
Onze mois après les attentats contre New York et Washington,
les soupçons portés sur l'Arabie saoudite pour soutien aux extrémistes musulmans ne sont toujours pas dissipés aux Etats-Unis d’Amérique. A en croire le Washington Post, le royaume wahhabite a été qualifié de graine du terrorisme et de premier et plus dangereux adversaire des Etats-Unis d’Amérique au Proche-Orient lors d'une réunion qui a eu lieu le 10 juillet, au Defense Policy Board (DPB), un organe consultatif du Pentagone.
Ces propos, précise le Post dans son édition du mardi 6 août 2002, ont été tenus par Laurent Muraweic, un analyste de la Rand Corporation. « Les Saoudiens sont actifs à tous les maillons de la chaîne terroriste, de la planification au financement, du militant de base à l'idéologue et au meneur.
L'Arabie saoudite soutient nos ennemis et s'attaque à nos
alliés », a ajouté M. Muraweic, un ancien conseiller du ministère français de la défense, devenu spécialiste des questions de sécurité internationale au sein de la Rand Corporation.
De son point de vue, renverser le président irakien Saddam Hussein serait une bonne chose, car cela entraînerait des changements en Arabie saoudite, pays qui pose un vrai problème à cause de son rôle dans le financement et le soutien aux mouvements islamistes radicaux, ajoute le
Post.
Une sévère mise en garde devrait être adressée par les EtatsUnis d’Amérique à Riyad pour qu'il mette fin à son soutien au terrorisme, faute de quoi les puits de pétrole saoudiens et les avoirs financiers saoudiens à l'étranger devraient être « visés » estime M. Muraweic, selon le Post.
Alors, qui peut vraiment croire que l’Arabie saoudite soit contre
les terroristes ?
Il faudra attendre l’année 2005 pour que l’Arabie saoudite
songe à soigner son image en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, celle-ci va abriter une conférence internationale contre le terrorisme mais cette dernière va tourner en désillusion.
a. La désillusion saoudienne
Ils étaient une cinquantaine de pays participants qui n’étaient
pas tous enthousiastes quant au poids des recommandations qui devront sanctionner la rencontre.
Cela est d’autant plus vrai que le prince héritier Abdellah Ben Abdel Aziz n’a pas réussi, outre mesure, à convaincre l’assistance de l’idée de la création d’un « centre international de lutte contre le terrorisme. » Cette proposition a été d’ailleurs accueillie dans l’indifférence par la majorité des pays participants.[37]
Le chef de la délégation américaine, Frances Townsend, a
affirmé à l’AFP que ce « centre ne pourra aucunement remplacer le besoin d’un échange bilatéral d’informations ».
Le même point de vue a été exprimé, toutefois, par un
responsable britannique qui a estimé que la lutte contre le terrorisme est mieux servie au moyen de la coopération bilatérale. Toujours est-il que les pays résolument engagés dans la guerre contre le terrorisme préfèrent plutôt une démarche bilatérale dans ce domaine.[38]
Les Etats-Unis, qui se considèrent comme le fer de lance de la
lutte antiterroriste dans le monde, ont clairement opté pour la coopération avec des pays dont les positions par rapport au terrorisme ne souffrent aucune équivoque.
En ce sens, contrairement à l’Arabie Saoudite qui, il faut le dire,
mène un double jeu, l’Algérie représente, aux yeux des Américains, un partenaire privilégié dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. Que cherche le royaume wahhabite à travers son initiative ? Pourquoi la monarchie a attendu l’année 2005 pour clarifier sa position sur le terrorisme ?
Les observateurs ne cultivent pas de doute sur les mobiles et les
visées d’une telle démarche. Il est clair que l’Arabie Saoudite, qui a longtemps encadré, financé et exporté le terrorisme, veut désormais s’éloigner de « l’axe du mal » et prouver au monde entier qu’elle est prête à se jeter dans l’arène de la lutte antiterroriste. Mieux encore, la capitale Riyad a la prétention de devenir la plaque tournante de la lutte contre le terrorisme dans le monde.
En n’accordant pas une grande importance aux propositions
saoudiennes, les participants à la conférence n’ignorent pas que le régime wahhabite porte de lourdes responsabilités dans le drame algérien, les douloureux événements du 11 septembre 2001...
Ils n’ignorent pas également que les associations caritatives, qui
sont sous la coupe du ministère des Affaires islamiques, continuent de financer les groupes terroristes y compris Al-Qaïda. Ils n’ignorent pas que 15 parmi les 19 auteurs des attentats du 11 septembre 2001 étaient des Saoudiens. Tous ces éléments font que dans la nouvelle « feuille de route » américaine, l’Arabie des al Saoud compte de moins en moins ses propositions aussi.[39]
II. 2. Foyers du terrorisme et acteurs non étatiques du Grand Moyen-Orient
Le Grand Moyen-Orient demeure l’endroit le plus ambiant en
termes de conflits asymétriques et de menaces transversales menaçant la sécurité internationale, c’est ce qui justifie la présence américaine en interventions et en interpositions.
En abordant le point sur les grands foyers de tensions dans le Grand Moyen-Orient, Kabwita Kabolo Iko cite le Hamas, le Hezbollah, les Talibans comme des organisations qui recourent à des actions de type terroriste, utilisant la technique volontaire de la mort (kamikaze),[40][41] recourant à l’intifada, qui est une guerre de proximité ou asymétrique.
Quand nous remarquons par illustration, Israël entrer en Liban,
non pas pour batailler contre le régime libanais, mais, pour poursuivre un groupe qualifié de terroriste(Hezbollah) disposant des moyens lui permettant de faire face à un Etat souverain et pas le moindre, on se rend aussitôt compte, le rôle que joue ces groupes terroristes dans les Relations Internationales modernes qui sont devenues stratégiques.
Nous évoquerons tour à tour des groupes qui sont classés par
les Etats-Unis d’Amérique, comme des organisations terroristes et leurs zones d’action respectives.
II. 2. 1. Le Hamas
Le Hamas (en arabe : « ferveur »), est un mouvement politique
et religieux palestinien se revendiquant de résistance. Créé en 1987 par Sheikh Ahmed Yassin, Abdel Aziz al-Rantissi et Mohammed Taha, tous trois, issus des Frères musulmans, son programme, exprimé dans sa charte, est la destruction de l'Etat d'Israël et l'instauration d'un Etat islamique palestinien sur toute la terre de l'ancienne Palestine (c'est-à-dire incluant les actuels Etat d'Israël, Cisjordanie et bande de Gaza).
Ne reconnaissant pas Israël (qu'il nomme entité sioniste) et
rejetant les accords d'Oslo signés en 1993 entre Israël et l'Autorité palestinienne, le Hamas s'oppose sur ce point au Fatah principale force politique palestinienne concurrente, qui reconnaît l'existence d'Israël et prône la création d'un Etat palestinien indépendant aux côtés d'Israël.
Il sied pour nous de marteler que, cette divergence de point de
vue entre ces deux forces politiques, les plus importantes de la Palestine, est à ce jour, l’un des plus grands obstacles de la reconnaissance de la Palestine comme un Etat souverain.
Le Hamas, considéré comme le plus important mouvement de
résistance palestinien actuel dans le cadre du conflit israélo-palestinien, se définit lui-même comme un mouvement trouvant ses principes dans le Coran et se battant au nom de l'islam. Certains observateurs y voient une organisation aux buts militaires prospérant sur un réseau caritatif.
Les actions militaires du Hamas, via sa branche armée
notamment constituée par les Brigades Izzal-Din al-Qassam, prennent pour cible aussi bien les militaires que les civils israéliens.
Entre avril 1993 et 2005, le Hamas a organisé des attentats
suicides visant essentiellement des civils. Le dernier attentat-suicide contre Israël revendiqué par le Hamas remonte ainsi à janvier 2005 ; il a déclaré en avril 2006 renoncer à ce type d'actions, préférant alors tirer des roquettes de type Qassam sur des villes israéliennes, dont Sederot.
Le Hamas est classé terroriste par de nombreux Etats, dont [42]Israël. Il est sur la liste officielle des organisations terroristes du Canada, des Etats-Unis d’Amérique et de l'Union européenne. Il est également considéré comme terroriste par le Japon.
En revanche, pour la Grande-Bretagne et l'Australie, seule la
branche armée du Hamas est classée comme terroriste. La plupart d’autres pays du monde, notamment l'Afrique du Sud, la Russie51, la Norvège, le Brésil ne reprennent pas le Hamas sur la liste des organisations qu'ils considèrent comme terroristes.
a. Charte et objectifs du Hamas
La charte du Hamas a été adoptée par le Hamas le 18 août 1988
et comprend le programme et les objectifs originels du Hamas qui sont l'institution d'un Etat Palestinien.[43]
Son objectif, tel que défini dans la charte du Hamas, rédigée en 1988, est l'établissement d'un Etat appliquant la charia (le code de jurisprudence religieuse musulmane) sur l'ensemble de la Palestine mandataire.
Selon Khaled Machaal, le dirigeant du Hamas, « la charte
n'appelle pas du tout à la destruction d'Israël. En arabe, il est écrit : Pour mettre un terme à l'occupation israélienne de la Palestine. Nous ne voulons pas nous débarrasser de l'autre, nous souhaitons seulement obtenir nos droits.
Le 10 janvier 2007, l’agence Reuters rapporte des propos de Khaled Machaal : Il est vrai que, dans la réalité, il y aura une entité ou Etat appelé Israël sur le reste des terres palestiniennes, aurait-il déclaré, ajoutant cependant : « C'est une réalité mais je ne veux pas pour autant la reconnaître ou l'admettre formellement.[44] »
Ces propos, à notre avis peuvent s’interpréter comme une
reconnaissance indirecte de l’Etat d’Israël.
Mais dès le lendemain, 11 janvier 2007, le président du groupe
du Hamas au Parlement palestinien, Salah Bardawil, déclare au quotidien israélien Haaretz que les propos de Machaal semblent avoir été déformés. Bardawil précise : « Il n’a parlé d’aucune reconnaissance d’Israël, seulement d’un cessez-le-feu avec Israël. »
Le même jour, l’agence de presse chinoise cite la réaction
d’Ismaïl Radwan, porte-parole du Hamas à Gaza : « Aucun changement n’a été apporté à la position du mouvement concernant la reconnaissance d’Israël. » Selon Radwan, les remarques de Machaal ont été mal comprises.
Après l'accord signé début février 2007 entre le Hamas et le Fatah sur la formation d'un gouvernement palestinien, le porte-parole du Hamas, Ismaïl Radwane, tient à préciser : la position du Hamas est connue : « la non reconnaissance de l'entité sioniste.[45] »
Fin décembre 2008, quelques jours avant une offensive
israélienne majeure dans la bande de Gaza (à savoir l’opération Plomb durci), le même dirigeant du Hamas, Khaled Machaal, expliquait : « Nous avons une position de réserve par rapport à la reconnaissance d’Israël. »
Mais, malgré cela, nous avons dit que nous ne serions pas un
obstacle aux actions arabes pour la mise en œuvre de l’initiative arabe de 2002. Les Arabes ont multiplié les initiatives. Ils ont renouvelé leur proposition en 2007. Et, malgré cela, la direction israélienne refuse l’initiative de paix arabe, elle la découpe en parties, elle joue sur les mots, elle multiplie les manœuvres.[46]
b. Idéologie
L'idéologie officielle du Hamas se veut nationaliste. Elle est
exprimée dans la charte du Hamas. Cette idéologie officielle n’est pas toujours en cohérence avec les pratiques. De fait, au début 2006, le Hamas a confirmé étudier une charte réformée.
Dans un article académique, Khaled Hroub explique, en
s'appuyant sur trois documents politiques publiés en relation avec les élections palestiniennes de 2006, que malgré la rhétorique souvent répétée des dirigeants du Hamas selon laquelle leur mouvement restera fidèle à ses principes connus, les trois documents révèlent sans équivoque possible que la demande de la scène nationale a conduit le Hamas dans des directions totalement nouvelles, confirmant et allant au-delà de profonds changements qui se tramaient depuis près d'une décennie.
Par ailleurs, le Hamas continue à être caractérisé par des
références à sa charte de 1988, mise en place moins d'un an après que le mouvement fut établi en réaction directe au lancement de la première intifada et quand sa raison d'être était la résistance armée à l'occupation. Pourtant, quand on compare les documents pré-électoraux et post-
électoraux à la charte, il apparaît clairement que ce qui est mis en avant est une organisation profondément différente.
Ces documents ne sont pas traduits en français alors même que
dans ces textes on découvre que le Hamas se dit soucieux de libertés politiques, incluant la liberté d’expression, de presse, d’association, de pluralisme, de « séparation des pouvoirs », d’« alternance pacifique au pouvoir », mais aussi d’« édification d’une société civile développée.[47] »
Hroub précise que dans un des 13 articles (le seul qui se réfère à
l'islam) d'un des documents qu'il a étudiés, il est dit que la loi islamique devrait être la principale source de la législation.
Concernant l'évolution du Hamas, dans un article de recension Sara Roy remarque que la capacité du Hamas à se réinterpréter dans le temps au travers de processus de radicalisation, dé-radicalisation, démilitarisation, et re-radicalisation est un phénomène notable et courant dans son évolution historique.
c. Activités
Le Hamas agit sous forme d'attentat-suicide contre des
infrastructures établies sur le territoire israélien et contre des citoyens israéliens militaires et civils, ainsi que par des tirs de roquettes artisanales contre des villes israéliennes (Ashdod, Sdérot, Beer-Sheva). Les brigades de Izzal-Din al-Qassam, branche armée du Hamas, sont en particulier responsables de nombreuses attaques. Elles traquent aussi les Palestiniens soupçonnés de collaborer avec Israël. La Commission des Droits de l'Homme des Nations unies, Amnesty International et Human Rights Watch, ont dénoncé à plusieurs reprises les violations des Droits de l'Homme commises par la branche armée du mouvement.
d. Localisation
Le Hamas est principalement présent dans la bande de Gaza et
en Cisjordanie ainsi que dans les camps de réfugiés palestiniens dans les pays arabes limitrophes. Certains leaders comme par exemple le chef politique du Hamas, Khaled Machaal sont basés à Damas.[48]
Le Hamas dispose également de centres d'entraînement
militaires en Syrie, au Liban, en Iran et au Soudan.
A la lumière de ce qui précède, le Hamas constitue une menace
sécuritaire, par rapport sa vision d’Israël où il ne considère pas son existence. Néanmoins, nous y reviendrons dans notre dernier chapitre (quatrième).
II. 2. 2. Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI)
Al-Qaïda au Maghreb Islamique ou AQMI est une organisation
islamiste armée d'origine algérienne. Avant le 25 janvier 2007, elle était connue sous le nom de Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC).[49] Son affiliation au réseau Al-Qaïda aurait obtenu l'approbation d'Oussama Ben Laden.[50]
L'organisation est placée sur la liste officielle des organisations
terroristes des Etats-Unis d’Amérique, de l'Australie et de la Russie. Elle est considérée par l'ONU comme proche d'Al-Qaïda et à ce titre sanctionnée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Si les racines du groupe se trouvent en Algérie, la zone
d'opération s'est étendue et correspond aujourd'hui à la région désertique du Sahel qui s'étend des régions semi-arides du Sénégal jusqu'à certaines parties de la Mauritanie, du Mali et du Niger.
a. Organisation et activités
En juillet 2010, la branche sahélienne d'AQMI aurait entre 80 et 200 membres et se compose de 2 katibas, celle d'Abou Zeid et celle de Mokhtar Belmokhtar qui a contracté une série d'accords avec des réseaux de trafics divers.
En 2009 par une recrudescence d'enlèvements de ressortissants
occidentaux contre le paiement de rançons. En janvier 2009, AQMI enlève quatre touristes britanniques au Mali, puis en libère deux assez rapidement. Fin avril, elle menace d'en exécuter un si Abou Qatada, Jordanien d'origine palestinienne condamné à mort dans son pays pour activité terroriste et prisonnier au Royaume-Uni sans avoir été jugé en vertu des lois contre le terrorisme, n'est pas libéré.[51]
Le 22 janvier, un groupe armé enlève quatre touristes
européens (un couple suisse, une Allemande et un Britannique) dans la zone frontalière entre le Niger et le Mali. Le 22 avril, Al-Qaïda libère deux diplomates canadiens enlevés en décembre 2008.[52] La perte de nombreux éléments importants (250 terroristes éliminés entre 2007 et 2009) a poussé Abdelmalek Droukdal à promouvoir de nouveaux chefs à la tête de ses phalanges.
Le 11 janvier 2010, Al-Qaïda au Maghreb islamique a menacé
d’exécuter l’otage français que l’organisation a enlevé le 16 novembre 2009, si quatre de ses "combattants" détenus au Mali n’étaient pas libérés d’ici le 30 janvier[53][54]. Sous pression, le Mali libère finalement les quatre islamistes pour la libération de l'otage.
Le 22 février 2010, l'émir de la Katibat El-Arkam, Khaled Abou Selmane alias Amir Gouri, est abattu avec deux autres militants dans un échange de tirs avec l'armée algérienne, dans un massif forestier de Lakhdaria. Abou Selmane était considéré comme le bras droit de l'actuel Emir d'Al-Qaïda au Maghreb, Abdel Malek Droukdel.
L'Italien Sergio Cicala et son épouse, Philomène Kaboré,
originaire du Burkina Faso, détenus en otage depuis quatre mois par AlQaïda au Maghreb Islamique (AQMI) sont libérés le 16 avril 2010.
Un humanitaire français, Michel Germaneau, âgé de 78 ans, est
enlevé le 19 avril 2010 au Niger par une cellule d'AQMI dirigée par l'Algérien Abdelhamid Abou Zeïd, qui avait déjà exécuté Edwin Dyer 13 mois auparavant.[55] Le 24 juillet 2010, le chef de l'AQMI annonce l'exécution de l'otage français, dans un enregistrement sonore diffusé par la chaîne Alhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Al-JaziraJazira le soir du 25 juillet 2010.
Lors d'un conseil restreint de défense et de sécurité tenu en
urgence le 26 juillet 2010 à L'Elysée, le président français Nicolas Sarkozy confirme la mort de Michel Germaneau, il condamne « cet acte barbare, odieux, qui vient de faire une victime innocente » et assure que « le crime commis contre Michel Germaneau ne restera pas impuni ». En absence de preuve sur les circonstances de la mort, on ne peut exclure que celle-ci ait résulté d'une privation de médicaments cardiaques.
Le 05 décembre 2010, l'émir de Katibat El Arkam de l'ex-GSPC, Habib Mourad alias Nouh et son adjoint Samir Zoubeir sont éliminés par les forces de sécurité algériennes à proximité de la ville de Bordj Menaïel.
Le 08 janvier 2011, Al-Qaïda au Maghreb Islamique enlève deux Français au Niger, l'un faisant partie d'une ONG ; l'autre était un ami du premier. La revendication est authentifiée le 12 janvier 2011 par un document audio.
Au cours d'une tentative de libération par les forces françaises,
les deux otages, Antoine de Léocour et de Vincent Delory, sont tués. Le rapport d'expertise sur la mort de deux Français, demandé par la Justice suite à la levée du secret défense par le ministère de la Défense français, précise que Vincent Delory « n'a été victime d'aucun tir direct » mais que sa mort résulte « des effets thermiques dégagés par un foyer d'incendie. »
Lors d'une réunion de la commission de la défense de
l'Assemblée nationale française, le député Yves Fromion s'est déclaré « très réservé quant à la façon dont la récente prise d'otages français à Niamey a été traitée. Il ne s'agit naturellement pas de briser la nécessaire union nationale contre le terrorisme, mais ceux qui ont donné l'ordre d'intervention devraient en tirer les enseignements afin de mieux réagir à l'avenir.
b. L'argent d'AQMI
Selon Jean-Charles Brisard, « spécialiste du terrorisme », 90%
des ressources d'AQMI viennent des rançons obtenues contre libération d'otages.
D'autres experts parlent de trafics d'armes, de drogue ( « deux
flux de drogues illicites l'héroïne dans l'Est de l'Afrique et la cocaïne dans l'Ouest se rejoignent dans le Sahara » ), de migrants clandestins ; et évoquent aussi le soutien de « quelques membres des forces de sécurité de certains pays » ; pays parmi lesquels, peut-être, l'Algérie ( « AQMI est issu de l'ancien GSPC ( Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat ), qui serait une création des services algériens », selon Charles Saint-Prot.[56]
Cependant AQMI aurait récupéré 50 millions de dollars de
rançons et plus de 100 millions en ajoutant les divers autres trafics illicites (armes, drogue, ...).
II. 2. 3. Al-Qaïda dans le Péninsule Arabique (AQPA)
Jusqu’à récemment, c’était surtout l’Arabie Saoudite qui
inquiétait les « services » occidentaux. Pour quelques bonnes raisons : Oussama Ben Laden est né dans le Royaume, comme 15 des 19 terroristes impliqués dans les attentats du 11 septembre 2001.
Al-Qaïda peut, en outre, y compter sur le soutien de dignitaires
religieux parmi les plus xénophobes du monde islamique et de fondations religieuses aussi riches qu’antisémites.[57]
Le renversement de situation est que non seulement la
couronne saoudienne est désormais dédouanée d’une possible complicité avec l’organisation terroriste, mais il apparaît comme le pivot essentiel de la lutte contre celle-ci.
C’est en effet Riyad qui a sonné le tocsin sur les colis piégés,
comme il avait, semble-t-il, déjà alerté dernièrement Paris et plusieurs pays européens sur de possibles menaces terroristes.
Le tout puissant prince Mohammed ben Nayef, en charge des
services secrets saoudiens, est d’autant plus acharné à traquer les terroristes yéménites que ces derniers ont failli le tuer, que la situation au Yémen concerne au premier chef la sécurité du royaume et que, par ailleurs, ces deux pays (l’un opulent, l’autre misérable) se détestent cordialement.
Les services de Riyad sont d’autant plus vigilants sur la
situation sécuritaire dans l’ancienne Arabie heureuse qu’il y a bientôt deux ans les branches saoudienne et yéménite d’Al-Qaïda ont fusionné.
La première, exsangue après la forte répression qui a répondu à
la campagne sanglante des jihadistes (2003-2005), a rejoint la seconde, apportant financements et savoir-faire. La seconde fournit plutôt les hommes de main et les infrastructures nécessaires à la survie de l’organisation.
De cette réunion est née Al-Qaïda pour la péninsule arabique
(AQPA), dont la figure la plus emblématique est le religieux né aux EtatsUnis Anwar al-Aulaqi, un des chefs de la puissante tribu du même nom. Son chef est Nasser al-Wahayshi, un proche de Ben Laden, dont le père est d’ailleurs né dans l’Hadramaout (Sud).
Les principaux points d’ancrage de l’AQPA sont les régions
tribales, dont celle de Marib (Est), le pays de la légendaire reine de Saba. AQPA compterait entre 500 et 600 combattants.[58]
A priori, le régime d’Abdallah Saleh, au pouvoir depuis une
trentaine d’années, n’a rien à craindre d’AQPA qui n’exerce qu’une influence marginale. Mais, en même temps, l’organisation peut profiter de la situation chaotique qui y règne : le pays est en proie à une guerre religieuse au Nord qui a vu l’intervention de l’armée saoudienne, à un mouvement séparatiste au Sud et à l’irrédentisme de certaines tribus.
D’où la crainte exprimée par Washington que ce pays devienne
à son tour un nouveau refuge pour Al-Qaïda, comme le Waziristan du Nord, vers lequel convergeraient des jihadistes arabes et africains la Somalie est proche.
Hostile à tout pouvoir central, cultivant le goût des armes,
protégeant volontiers les fugitifs, la culture yéménite, comme la culture pachtoune, favorise une telle implantation. S’ajoutent l’extrême misère d’un pays dont les richesses pétrolières sont limitées et l’extrême jeunesse d’une population sans aucune perspective d’avenir.
A des milliers de kilomètres de distance, la stratégie d’Al-Qaïda
est la même qu’au Pakistan : faire tomber Washington dans un piège, en l’obligeant à intervenir sur le sol yéménite pour regagner une influence perdue. Pour le moment, les Etats-Unis s’emploient essentiellement à pousser le président Saleh à être leur bras armé. D’où une aide importante, civile et militaire. Le Pentagone la voudrait encore plus massive, avec des forces spéciales au côté de l’armée yéménite.
La nébuleuse semble, de plus en plus, constituer un recours
pour ceux qui sont confrontés à un problème qu’ils ne peuvent résoudre, qui ont le sentiment d’être victimes d’une injustice, ou qui vivent dans la misère. Pour combattre Al-Qaïda au Yémen, il faut s’attaquer aux racines, pas aux symptômes. Et les racines vont des problèmes familiaux au ressentiment envers le gouvernement, à la pauvreté et au chômage, aux idées extrémistes ou à la question israélo-palestinienne. La liste est longue.
La confuse Al-Qaïda détermine elle-même l’apparition des
phénomènes qu’elle annonce. Composée de personnes de races différentes, blancs et noirs, et de nationalités différentes, elle mêle meneurs intelligents et ambitieux, jeunes gens illettrés et désespérés, en proie aux frustrations, à la colère et à la misère, et tenants d’idéologies extrémistes.
Ceux que révoltent l’injustice dans leur propre pays ou dans le
monde, ceux qui n’ont aucun espoir dans la vie, qui sont influençables et qui voudraient avoir un rôle à jouer se retrouvent devant une seule alternative : mettre fin à leur existence ou se regrouper pour trouver un sentiment d’appartenance.
Ainsi regroupés, ils peuvent évoluer vers la violence et la
délinquance, comme cela se produit dans un certain nombre de pays. Mais au Yémen, l’éducation traditionnelle et religieuse fait que ce n’est pas le cas.
L’autre option qui s’offre alors est l’adhésion à un groupement
religieux extrémiste, comme Al-Qaïda, qui apparaît comme la voie vers la gloire éternelle et le paradis. C’est vers cette perspective jugée plus attirante que s’oriente une partie des Yéménites.
Le taux élevé d’analphabétisme, le chômage et la pauvreté qui
sévissent au Yémen facilitent malheureusement l’embrigadement des populations. « Je me souviens d’une interview réalisée avec un dirigeant d’Al-Qaïda, libéré après deux ans d’emprisonnement et de dialogue », déclare Faris Sanabani.
Il avait dirigé un camp en Afghanistan et il disait que les Yéménites avaient le cœur sensible et agissaient par sentiment et non par raisonnement. Ils pouvaient écouter un érudit salafiste le matin et embrasser son idéologie, puis entendre l’après-midi quelqu’un de la mouvance des Frères musulmans les Ikhwan et adhérer à ses propos, pour se laisser emporter, le soir, par un troisième discours; il était facile de les entraîner vers tel ou tel groupement.
Il disait également que Ben Laden avait ordonné aux Yéménites
de rester séparés dans leur propre camp, à l’écart des autres Arabes, car ils étaient susceptibles de passer rapidement d’un groupe à l’autre. Al-Qaïda au Yémen est plus qu’une organisation ; c’est un « melting pot » où se retrouvent tous ceux qui voient dans la violence le moyen de régler un problème.
La mondialisation et les moyens de communication de masse
ont encore facilité l’expansion d’Al-Qaïda. De petites cellules basiques peuvent se constituer de manière indépendante via Internet. La littérature est disponible et les objectifs sont clairs. La récompense est la gloire pour ceux qui survivent, ou l’éternité du paradis pour ceux qui perdent la vie. Ce sont ces idées, inculquées dans les esprits et dans les âmes, qui font qu’AlQaïda s’étend, au Yémen et ailleurs.
Al-Qaïda au Yémen est plus qu’une organisation ; c’est un «
melting pot » où se retrouvent tous ceux qui voient dans la violence le moyen de régler un problème.
II. 2. 4. Hezbollah
Le Hezbollah ( Parti de Dieu ) fondé en juin 1982 est un
mouvement politique chiite libanais possédant une branche armée (AlMuqawama al-Islamiyya, Résistance islamique) qui est à son origine et qui fut créée en réaction à l'invasion israélienne du Liban en 1982, en s'appuyant sur un financement iranien.
Il n'a aucun lien avec le Hezbollah turc. Parti politique officiel
au Liban, le Hezbollah est diversement perçu par la communauté internationale, les Etats-Unis, le Canada, l'Australie et les Pays-Bas l'ayant placé sur leur liste des organisations terroristes.
a. Description
L'emblème du Hezbollah est vert, couleur de l'islam, sur fond
jaune. Il est composé du mot « Hezbollah » en calligraphie de style coufique, dont l'alif du mot Allah se transforme en un bras brandissant un fusil d'assaut de type AK-47, surmonté d'un extrait de verset extrait du Coran écrit en rouge (Al-Maidah, V, 56).
« Et quiconque prend pour alliés Allah, son messager et les
croyants, réussira car c'est le parti d'Allah qui sera victorieux. ». En bas de l'image, on trouve en écriture rouge (al-muqāwamah al-islāmīyahfīlubnān) « résistance islamique au Liban ».
Le globe terrestre, le rameau, le poing tenant une AK47 et
d'autres détails encore rappellent l'emblème des Gardiens de la Révolution islamique d'Iran.
b. Nature du Hezbollah
L'organisation est placée sur la liste officielle des organisations
terroristes du Canada, des Etats-Unis d'Amérique et de l'Australie (uniquement sa branche extérieure).[59]
A l'inverse, le Hezbollah est considéré comme un mouvement
de résistance par la Syrie et l'Iran.
La position de l'Union européenne est contrastée : par la voix
du président de l'Union en exercice au 1er août 2006, l'Union européenne signale que le Hezbollah ne sera pas inscrit sur la liste des organisations terroristes ; toutefois, le Conseil de l'Union européenne inclut l'officier supérieur des services de renseignements du Hezbollah Imad Fa'iz Mughniyah (alias Mughniyah, Imad Fayiz) sur sa liste de terroristes.
Cette classification est contraignante mais ne concerne pas la
branche civile du parti et sa branche armée située à l'intérieur du Liban.[60]
A la différence du Conseil de l'Union européenne, le Parlement
européen a adopté le 10 mars 2005 une résolution (par 473 voix pour et 33 contre) déclarative et non contraignante pour les Etats membres qualifiant le Hezbollah de terroriste par le texte suivant : « considère qu'il existe des preuves irréfutables de l'action terroriste du Hezbollah et qu'il convient que le Conseil prenne toutes les mesures qui s'imposent pour mettre un terme à cette action. »
L'ONU ne classe pas le Hezbollah dans sa liste des
organisations terroristes mais le Conseil de sécurité de l'ONU appelle à son désarmement.
Le Hezbollah est tenu pour responsable de nombreuses prises
d'otages d'Occidentaux, pour l'essentiel diplomates et journalistes, et de soldats israéliens occupant le sud-Liban dans les années 1980 et de l'orchestration d'attentats spectaculaires et meurtriers contre les forces occidentales présentes au Liban à cette époque. Il jouit d'une certaine popularité dans le monde arabo-musulman pour avoir contribué au retrait israélien du Liban Sud en mai 2000.
Enfin, Hassan Nasrallah déclara à plusieurs reprises ne pas
soutenir le mouvement terroriste Al-Qaïda: « Nous, nous rejetons les actes (de terrorisme) qui ont cours, nous les considérons comme des crimes, et ceux qui commettent ces actes sont des criminels et non pas des martyrs. »[61]
En effet, le leader du Hezbollah distingue l'idée de résistance
face à Israël et l'attitude terroriste d'Al-Qaïda.
c. Liens avec l'Iran
La filiation du Hezbollah avec l'Iran est historique. En effet, la
conception de la politique de ce mouvement découle à l'origine de l'idéologie développée par Rouhollah Khomeini, le Velayat-e faqih (gouvernement du docte).[62] Une « libanisation » du mouvement s'opère cependant à partir de la fin des tensions liées à la guerre Iran-Irak en 1988, puis par la participation aux élections libanaises en 1992.
L'Iran fournit néanmoins le Hezbollah en moyens financiers et
en armes et selon certaines sources influence ses décisions, théorie rejetée par le mouvement. Le Guide de la Révolution intervient sur les décisions stratégiques, mais permet surtout aux dirigeants locaux d’asseoir leur légitimité, leur permettant ainsi de faire face aux oppositions internes.
Plus directement, l'Iran garde une influence sur les agences de
sécurité et de renseignement du Hezbollah. Téhéran ne revendique toutefois qu'une partie de ce soutien et compare ses relations avec le Hezbollah à celles qu'entretiennent les Etats-Unis d’Amérique avec Israël.[63]
De son côté, le Hezbollah, qui dispose d’une représentation
officielle à Téhéran, se veut un mouvement d'abord nationaliste et tient à se démarquer de sa filiation originelle. Cependant, lors d’une interview donnée à l’occasion du premier anniversaire de la guerre du Liban de 2006, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé que son organisation avait combattu pour l’Iran, propos qui ont été censurés par la télévision iranienne en raison de l’embarras qu’ils ont suscité. Les adversaires libanais de Nasrallah affirment depuis longtemps que la loyauté de ce dernier est envers l'Iran, et que le Liban n'est pas sa priorité.[64]
d. Frappe ciblée d'Israël
Depuis la guerre contre Israël en 2006, de très nombreux
activistes sont allés s'entraîner auprès des gardiens de la révolution en Iran. Et pas seulement depuis le fief du Hezbollah, au sud du Liban. «Dans mon village du Hermel au Nord, j'en connais beaucoup», indique un proche de la milice. Mais depuis qu'Imad Mougnieh, le chef de sa branche militaire, a mystérieusement disparu à Damas en février 2008, le Hezbollah a cherché à prendre en main la sécurité de ses hommes transitant par le territoire syrien.
D'où ces nouvelles structures logistiques, dont l'existence n'a
été connue des services de renseignements occidentaux qu'au printemps, alors que la tension montait dangereusement, après les accusations israéliennes ayant trait à une fourniture de missiles Scud syriens au Hezbollah. Une information démentie par Damas.
Quoi qu'il en soit, ces unités confirment bien l'importance
stratégique de la Syrie dans le dispositif logistique du Hezbollah. Même si, depuis, la tension est retombée, « une action ciblée d'Israël contre les sites sous la responsabilité de l'unité 108 en Syrie apparaît toujours possible », dit-on au ministère de la Défense à Paris. A l'instar du raid réalisé en septembre 2007 à al-Kihar contre un site nucléaire syrien, qui n'avait pas entraîné de riposte par Damas. En irait-il encore ainsi en cas de nouvelles frappes israéliennes ?
Une chose est sûre: face aux menaces de Tsahal, la Syrie et l'Iran
se sont rapprochés. L'implication iranienne dans le projet syrien du M-6002 est désormais «avérée». Il y a quelques mois, on en était encore au stade des essais en vol. Et aujourd'hui? « On ne peut exclure que des vecteurs fabriqués à titre de modèle en Iran aient été fournis à la Syrie », ajoute l'expert précité. En contrepartie, Téhéran pourrait avoir demandé à Damas la mise à disposition de plusieurs exemplaires du M-600 au Parti de Dieu, en prévision d'un éventuel conflit avec Israël.
e. La dissuasion, nouvelle stratégie du Parti de Dieu face à Israël
Dans sa « guerre froide » avec l'Etat hébreu, le Hezbollah cherche à acquérir des armes suffisamment performantes pour être dissuasives face à Tsahal. Hassan Nasrallah, le secrétaire général de la formation chiite, ne s'en cache plus: « Si Israël attaque le Liban, nous bombarderons ses infrastructures, comme les ports et les aéroports », menaçait-il en février dernier (2011).
Tel est le but des missiles de longue et moyenne portée Zelzal, Fateh, voire M-600 dont la possession n'est jamais démentie par les responsables chiites. Après sa semi-défaite de 2006, Tsahal est désormais prié d'y regarder à deux fois avant de se lancer dans une nouvelle aventure militaire au Liban.
Parallèlement au renforcement de son arsenal, depuis l'adoption de la résolution 1701 de l'ONU qui mit un terme à la guerre, le Hezbollah a redéployé son dispositif offensif au nord du fleuve Litani, dans la vallée de la Bekaa. « C'est là et non plus au Liban-Sud que le Parti a désormais ses sites stratégiques », souligne un bon connaisseur. Ces derniers mois, des sites de lancement de missiles Fajr-3 y ont encore été aménagés.
« Le Hezbollah a totalement rénové son système C-2 de
commandement-contrôle avec des postes de contrôle et de repli enterrés », ajoute la source. Ainsi des tunnels ont-ils été creusés le long de la frontière syrienne entre les villes de Baalbek et Hermel, afin d'y faciliter un repli des miliciens, en cas de nouveau conflit avec Israël.
Pour contrer tout risque d'infiltration, la formation chiite s'est
dotée d'un vaste réseau de télécommunication autonome, intégralement enterré sur des terrains lui appartenant, qui vont du sud du pays à la banlieue sud de Beyrouth et à la région de Baalbek-Hermel, limitrophe de la Syrie. Ainsi, les liaisons de commandement de ses unités sont efficaces.
II. 2. 5. Les Talibans afghans et pakistanais
Un Taliban , « étudiant » ou « chercheur », en arabe est une
personne qui adhère à un mouvement fondamentaliste musulman qui s'est répandu au Pakistan et surtout en Afghanistan en octobre 1994. Le mouvement a mené une guerre en Afghanistan, particulièrement de 1994 jusqu'à la prise de Kaboul en 1996 où les Talibans instaurent un émirat avec à sa tête Mohammad Omar.
L'organisation est placée sur la liste officielle des organisations
terroristes de la Russie, de l'Union européenne et des Etats-Unis.
Les Talibans ne peuvent toutefois pas être considérés comme
appartenant à une même organisation. Il existe en effet de nombreuses mouvances, plus au moins liées, et celles-ci ne mènent pas toujours le même combat.
On distingue parfois les talibans « afghans » se battant contre
les forces internationales et nationales dans la guerre d'Afghanistan, et les Talibans « pakistanais », opposés aux autorités pakistanaises dans le conflit armé du Nord-Ouest du Pakistan.
a. Origine
Durant la guerre contre les Soviétiques, de millions de jeunes
afghans furent éduqués dans les madrasas de la zone tribale pakistanaise. Ils y furent fortement influencés par une école de pensée, l'école deobandi, qui prône le retour à « un islam juste et respectant les principes islamiques. »
Les chefs de guerre se déchirent pendant et après l'occupation
de l'Afghanistan par les Russes.
Les Talibans, eux, sont des « néo-fondamentalistes ». Ils veulent
d'abord réislamiser les mœurs, la justice, les êtres humains. La forme de l'Etat n'a pas d'importance pour eux à la condition de respecter la loi divine. Et seuls ceux qui l'ont étudiée, c'est-à-dire les Talibans, sont à même de l'expliquer et d'en assurer le respect.
C'est pour cela qu'ils déclarent dans leurs premières années
qu'ils ne veulent pas le pouvoir politique. C'est aussi pour cela qu'ils attachent tant d'importance à tout ce qui touche à la vie quotidienne, publique ou privée.
Durant les premières années de leur prise de pouvoir, les Talibans jouissent d'un réel soutien populaire, surtout, mais pas uniquement, de la part des populations pachtounes du Sud et de l'Est. Les Afghans sont fatigués de leur guerre avec l'URSS et des exactions des chefs de guerre qui ensanglantent le pays, et beaucoup accueillent volontiers ces religieux qui amènent l'ordre et la sécurité. Les contraintes morales ne changent, en fait, pas grand-chose dans les campagnes où les femmes portent déjà la burqa, et où, dans leur très grande majorité, elles ne travaillent ni ne vont à l'école.
De 1994 à fin 1997, les Talibans profitent aussi d'un soutien
moral, sinon financier et militaire, de la part des services secrets pakistanais, dans une relative indifférence internationale. La présence sur le territoire afghan, à partir de 1996, d'Oussama Ben Laden, qui a déclaré haut et fort qu'il allait, entre autres, s'attaquer aux Etats-Unis par tous les moyens, change la donne. Ben Laden avait déjà eu l'occasion de rencontrer le ministre taliban aux frontières, Jalaluddine Haqqani, en 1986, lors du programme afghan de la CIA.[65]
b. La montée des Talibans
Les Talibans deviennent une force conséquente en octobre 1994. Ils s'emparent de Kandahar et saisissent un important stock d'armes appartenant au chef de guerre Gulbuddin Hekmatyar. Ils prennent, en quelques mois, le contrôle de la moitié Sud du pays. En février 1995, ils sont à Maydan Shahr à une vingtaine de kilomètres au Sud de Kaboul, et à une centaine de kilomètres d'Hérat dans l'Ouest.
Les Talibans ayant défait le Hezb-i-Islami dans le Logar et tué Mazari, le chef hazara du Hezb-i-wahdat, Ahmad Shah Massoud, chef tadjik du Jamiat-Islami, en profite pour prendre le contrôle total de Kaboul.
La capitale est détruite à 40 % par les combats de la guerre civile.
Hérat est prise en septembre 1995, Kaboul le 27 septembre 1996
et les Talibans en profitent pour tuer l'ancien président communiste Mohammed Nadjibullah qui avait trouvé refuge dans une maison de l'ONU depuis sa destitution. Le mollah Omar, chef des Talibans, devient de facto le nouveau chef d'Etat sous le titre de commandeur des croyants. Et il faut souligner que les Talibans ont bénéficié d’un soutient de Washington pour déchoir le pouvoir en place.
21
c. Les Talibans défient les Etats-Unis et l'ONU
Au plan international, le gouvernement taliban n'a été reconnu
que par trois Etats : Pakistan, Arabie saoudite et Emirats Arabes unis. Au contraire, la Russie, l'Inde, l'Iran et les républiques d'Asie Centrale s'en méfient et soutiennent leurs adversaires.
Le 20 août 1998, les Etats-Unis d’Amérique lancent de
douzaines de missiles de croisière sur des camps d'entraînement présumés d'Oussama Ben Laden, en représailles aux attentats contre leurs ambassades de Nairobi et Dar-es-Salam.
En 1999, suite aux exactions des talibans et leur connivence avec Al-Qaïda, le Conseil de sécurité des Nations unies met en place des sanctions et crée le Comité des sanctions contre Al-Qaïda et les talibans le 15 octobre 1999. Les Talibans font dynamiter les deux bouddhas sculptés de Bamiyan en mars 2001, classés dans le patrimoine mondial de l'UNESCO.
Le 09 septembre 2001 à Khwadja Bahuddin, Ahmad Shah Massoud est tué lors d'un attentat suicide commis par Abdessatar Dahmane et Bouari El-Ouaer, deux islamistes d'origine tunisienne se faisant passer pour des journalistes munis de faux passeports belges.
Après les attentats du 11 septembre 2001 contre les tours du World Trade Center à New York, dont la planification est attribuée à Oussama Ben Laden, les Etats-Unis d’Amérique dressent un ultimatum aux Talibans : ils réclament la livraison de tous les dirigeants d'Al-Qaïda, la fermeture des camps terroristes et l'acceptation de missions d'inspections américaines. Les Talibans proposent alors que Ben Laden soit jugé selon la loi islamique si les Etats-Unis d’Amérique apportent des preuves de sa culpabilité, offre jugée « insuffisante » par les Américains.
Le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique forme une
coalition mandatée par l'ONU. Des bombardements aériens intensifs, une offensive de l'Alliance du Nord encadrée par les Forces spéciales et les unités opérationnelles de la CIA, le ralliement à l'Alliance du Nord d'une grande partie des unités tribales pachtounes, entraînent la chute du régime.
Le pouvoir taliban s'écroule en quelques jours (début novembre 2001). Le mollah Omar, encerclé dans Kandahar, parvient à échapper aux recherches. Après quelques mois de transition, une Loyah Jirgah investit Hamid Karzai.
d. Evolutions du programme politique des Talibans
Depuis leur défaite de 2001, le mouvement taliban a dû
reconsidérer une large partie de ses orientations politiques. Ces évolutions sont principalement imposées par les contraintes de la guerre contre la Coalition et le gouvernement central qu'elle soutient. Cependant, des évolutions notables sont à signaler autant l'échelle du pays qu'à celle de la vie quotidienne des habitants.
Les Talibans ont notamment revu leur position concernant la
culture du pavot dont ils sont devenus défenseurs. Ils protègent aussi désormais la vie rurale.
Les autres évolutions les plus spectaculaires affectent la vie
quotidienne et les restrictions imposées lorsque les Talibans étaient maîtres de Kaboul (1996-2001).
Ainsi, lors de la prise de Musa Qala de 2006 à 2007, la guérilla
talibane a renoncé au port obligatoire de la barbe, à l'interdiction de la musique et à celle du cinéma. Le cinéma et la musique, longtemps considérés comme idolâtres, sont désormais très largement utilisés par tout le mouvement, notamment dans ses films de propagande ou d'instruction.[66]
e. Les Talibans pakistanais
Les zones tribales pachtounes du Pakistan, qui servaient depuis
longtemps de base arrière aux Talibans afghans, ont vu émerger des mouvements islamistes pakistanais dont le Tehrik-e-Nifaz-e-Shariat-ehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Tehrik-e-Nifaz-e-Shariat-e-MohammadiMohammadi (TNSM) et le Mouvement des Talibans du Pakistan (le Tehrikhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Tehrik-e-Taliban_Pakistane-Taliban Pakistan, TTP).
Le TNSM a occupé la vallée de Swat d'où l'armée pakistanaise
s'efforce de le déloger depuis mai 2009. L'armée a ensuite attaqué le TTP au Waziristan du Sud. Ces deux dernières opérations militaires constituent un tournant dans la stratégie du gouvernement pakistanais.
Le chef du TTP, Baitullah Mehsud, mort lors d'une frappe
aérienne américaine le 05 août 2009, a été remplacé par Hakimullah Mehsud depuis le 24 août 2009.
Abordons à l’instant, le point sur les perspectives géopolitiques
du terrorisme après Ben Laden au Grand Moyen-Orient.
II. 3. L’après Ben Laden et les perspectives géopolitiques du terrorisme au Grand Moyen-Orient
Voici dix ans, Ben Laden et Al-Qaïda déclenchaient de violentes
opérations terroristes contre le World Trade Center de New-York et le bâtiment du Pentagone.
Certes, il se trouvera de pseudo-situationnistes prompts à
expliquer que rien de neuf ne s’est produit dans la « société du spectacle ». Pourtant, ces événements ont amorcé un nouveau cycle de guerres et marqué notre époque.
Si d’autres lignes de conflits se profilent à l’horizon, l’Occident
n’en a pas terminé avec la terreur islamiste ; l’essentiel se jouera dans la durée.
II. 3. 1. Les incertitudes de l’après-Ben Laden
Pour autant, la disparition du fondateur d’Al-Qaïda n’est pas
neutre et insignifiante. Instable et labile, cette mouvance perd le point fixe de son paysage mental et l’Egyptien Ayman Al-Zawahiri, le « second » de Ben Laden, pourrait avoir du mal à s’imposer comme nouveau chef du Jihad mondial.[67]
Le noyau historique de l’organisation comprendrait à peine
quelques centaines de combattants et les tendances centrifuges des « filiales » et « succursales » devraient s’accroître plus encore, avec un risque de surenchères et donc une amplification des violences sur différents théâtres. Dans la zone « AfPak », les Talibans du mollah Omar, réfugié à Quetta sous la protection de l’ISI, formeraient un mouvement plus islamotribal (d’ethnie pachtoune) que jihadiste, au sens internationaliste du terme. Désormais affranchie de leurs liens historiques avec Ben Laden, cette branche pourrait s’éloigner d’Al-Qaïda.
Il faut aussi prendre en compte le Mouvement des Talibans du Pakistan ainsi que le réseau Haqqani. Le premier a fait allégeance à AlQaïda dont il partage le projet de Jihad mondial.
Organisé autour d’un clan familial fidèle au mollah Omar, le
second a ouvert ses camps aux hommes d’Al-Qaïda. Au Yémen, la révolte contre le pouvoir du président Saleh et l’hypothétique démantèlement de l’appareil sécuritaire pourrait être exploitée par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA).
Dans la zone sahélo-saharienne, l’action d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) a été légitimée par Ben Laden suite au rapt de sept Français.
En Irak, dans la Corne de l’Afrique et sur d’autres fronts, des
surgeons d’Al-Qaïda ou des mouvements s’inscrivant dans le même paysage idéologique sont autant de menaces. Bref, la lutte contre les forces terroristes, dont certaines sont en cours d’hybridation, n’est pas terminée.[68]
Ben Laden aurait été tué une première fois par ce que l’on
nomme, non sans emphase, le « Printemps arabe ». Ainsi désigne-t-on les révoltes qui ont mis à bas Ben Ali en Tunisie, Moubarak en Egypte, et font vaciller les pouvoirs établis au Yémen, dans certains émirats du golfe Arabo-persique, en Syrie plus récemment où Bachar Al-Assad donne toute sa mesure.
En Libye, le soulèvement de Benghazi et de la Cyrénaïque a
débouché sur une guerre civile, avec intervention de l’OTAN, une guerre en passe d’être gagnée par les insurgés depuis la chute de Tripoli (21 et 22 août 2011). Qu’une vague de contestations balaie la zone arabe, de l’Atlantique au Golfe, avec des effets de résonance d’un pays à l’autre, relève du constat.
Ces « révolutions » se feraient au nom de la démocratie, des
droits de l’homme et du développement. Pourtant, il faudrait s’interroger sur le terme de « révolution » et le fait que les observateurs sur-interprètent (en termes idéologiques) ces séditions.
D’autre part, les processus se déroulent de manière différente
selon les contextes et la nature plus ou moins despotique des pouvoirs en place. En Egypte, la situation s’est très vite dégradée et la reprise des persécutions contre les Coptes, tout comme la dégradation de la situation au Sinaï, ne sont pas de bon augure pour l’ensemble de la région.
Aussi serait-il erroné de céder à un ersatz de philosophie de
l’Histoire et d’affirmer que l’islamisme est une réalité dépassée par les événements. Les « filiales » et « succursales » d’Al-Qaïda pourraient s’adapter sans perdre de leur pouvoir de nuisance et de destruction.
Quant au théâtre afghan, la mort de Ben Laden ne devrait pas
entraîner une accélération du retrait des troupes occidentales déployées dans le cadre de l’OTAN quand bien même chez certains dirigeants, à l’écoute d’une opinion souhaitant mettre le monde extérieur entre parenthèses, serait sensible à cette autre tentation. L’erreur commise au lendemain du retrait soviétique d’Afghanistan aura été de se désintéresser de ce pays, puis de se vouloir « pragmatique » à l’égard des Talibans lorsque ceux-ci entrèrent dans Kaboul.
La transformation de ce pays de hautes montagnes, à l’écart de
grands axes planétaires, en un centre nerveux du terrorisme planétaire a démontré qu’un petit nombre d’hommes décidés pouvait porter la mort et la destruction au loin et déclencher une chaîne d’événements qui bousculent les équilibres géopolitiques mondiaux.
Le processus de « transition » a été amorcé en mars 2011 et c’est
à la fin de l’année 2014 que la gestion de la sécurité sur l’ensemble du territoire devrait être confiée au pouvoir central afghan. Dans ses rythmes et modalités, ce processus est incertain et les dirigeants de principales puissances occidentales n’entendent pas « abandonner l’Afghanistan ».[69]
D’aucuns insistent aussi sur l’importance géostratégique de ce
pays situé entre l’Iran et le Pakistan, voie de désenclavement de l’Asie centrale par ailleurs.
Sur le front central de la guerre contre l’islamisme et le
terrorisme afghan, les forces de l’OTAN n’en ont donc pas fini avec AlQaïda comme avec les Talibans.
II. 3. 2. Des menaces multiples et protéiformes
L’exécution de Ben Laden et la disparition de son corps en mer
d’Oman auront peut-être évité que le personnage ne soit transfiguré en une sorte de « Mahdi caché » du sunnisme, centre magique et ordonnateur de la mouvance Al-Qaïda (l’Iran chiite n’a pas le monopole du mahdisme).
Assurément, sa disparition affaiblit l’organisation terroriste et,
plus largement, la dynamique de l’islamisme mondial. Cela dit, Al-Qaïda est une réalité protéiforme et décentralisée. Ses différentes branches et surgeons ont leurs propres logiques de fonctionnement, dans des situations géopolitiques à la fois distinctes et similaires. Qu’elles qu’en soient les formes, les puissances occidentales auront à affronter la menace islamiste.
A l’avenir, cette menace prendra des visages multiples et sa
plus grande dispersion géographique ne facilitera pas la tâche des Occidentaux, sur le plan pratique mais aussi dans l’élaboration d’une représentation commune de la menace, indispensable à la coordination géopolitique entre alliés.
Par ailleurs, la guerre contre le terrorisme et ses enjeux seront
plus étroitement mêlés à des rivalités interétatiques, sur fond des bouleversements géopolitiques dans l’ensemble du Grand Moyen-Orient et en Asie. Hostilité et conflictualité ne disparaissent donc pas avec la personne de Ben Laden, ce sont là les données de base de l’existence politique, mais ces phénomènes seront complexes à penser simultanément. Les défis sont donc aussi d’ordre intellectuel et cognitif.[70]
II. 3. 3. Al-Qaïda menacée de dislocation ?
De son impact stratégique, de sa capacité de nuisance militaire,
de son influence idéologique, que reste-t-il ? Nous estimons que l’atout majeur d’Al-Qaïda, avec ou sans Ben Laden, c’est de ne pas être une structure pyramidale mais un réseau, une nébuleuse. Les branches lointaines ne sont pas liées au centre par des circuits de commandement mais par des relations d’allégeance.
C’est parce qu’il a personnellement fait allégeance à Oussama Ben Laden que l’ancien djihadiste algérien Abdelmalek Droukdal s’est imposé comme émir d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), au détriment de son rival Abdelhamid Abou Zeid lié, lui, à l’Egyptien Ayman al-Zawahiri, adjoint et peut-être demain successeur de Ben Laden.[71][72]
La rumeur a même circulé que si Abou Zeid avait pris des
otages, il en détient actuellement cinq dont quatre Français enlevés au Niger, c’était pour démontrer sa valeur au « cheikh Oussama » qui ne nourrissait pas une estime démesurée pour ses disciples africains. Issue de la dislocation de la mouvance salafiste algérienne, AQMI, dont la zone d’influence s’étend de la Mauritanie à la Libye, illustre à la fois la capacité d’émulation d’Al-Qaïda et la décadence de la nébuleuse.
A cause des relations étroites entretenues par les katibas
d’AQMI avec les réseaux de contrebande de cigarettes, de drogue, d’armes, d’immigrants illégaux qui s’enchevêtrent entre le Sahara et le Sahel, il est difficile d’isoler les motivations réelles des combattants et de faire la part du négoce crapuleux et du racket politique dans les demandes de rançon qui accompagnent les prises d’otages.
Certes, les négociateurs d’AQMI exigent que la France renonce
à sa loi sur l’interdiction du voile islamique, mais c’est bien contre une confortable rançon qu’ils ont libéré les otages espagnols. Pour l’universitaire Jean-Pierre Filiu, spécialiste du djihadisme, « la mort de Ben Laden va encourager les tendances centrifuges au sein d’Al-Qaïda ».
Il est douteux, en effet, que le médecin égyptien Ayman AlZawahiri, qui n’a ni le passé ni le charisme de Ben Laden, soit capable de résoudre les conflits qui déchirent les réseaux régionaux « franchisés » d’AlQaïda.
Certes, les chimistes et les artificiers d’Al-Qaïda dans la
péninsule arabique (AQPA), basée au Yémen où est né Ben Laden, ont été capables en octobre 2010 d’introduire un puissant explosif dans des recharges d’imprimantes embarquées à bord d’avions cargos de Fedex et d’UPS, mais les bombes, destinées à deux synagogues américaines ont été détectées et désamorcées au Royaume-Uni et à Dubaï avant d’atteindre leurs cibles. Ce qui démontre à la fois la maîtrise technique et la naïveté logistique des terroristes d’AQPA.
Partisan d’une stratégie basée sur la multiplication d’attaques
limitées qui infligent « des milliers de blessures » à l’ennemi, Anwar AlAwlaki, le chef d’AQPA, n’a peut être pas été dissuadé de persévérer à la suite de ces revers, mais il ne peut ignorer que les jeunes manifestants de Sana ont davantage contribué au discrédit du dictateur Ali Abdallah Saleh que ses djihadistes. Tourné, depuis son fief yéménite, vers l’espace saoudien, il est peu probable, par ailleurs, qu’il accepte désormais l’autorité d’un guide égyptien.
II. 3. 4. La duplicité du Pakistan
Ce déclin d’Al-Qaïda, de sa capacité de mobilisation, de sa
créativité opérationnelle ne signifie pas que la nébuleuse n’est plus capable de nuire. En Afrique, en Europe, en Asie, aux Etats-Unis d’Amérique des cellules sont encore en mesure de tuer.
D’ailleurs, depuis la mort de Ben Laden, toutes les polices de la
planète sont en alerte, dans l’attente de possibles représailles promises notamment par les Talibans pakistanais, alliés fidèles d’Al-Qaïda.
Parce qu’ils n’ont jamais cessé de jouer un double jeu entre Washington et les djihadistes locaux, afghans ou pakistanais, comme en témoigne l’installation de Ben Laden dans une ville de garnison à 50 Km de la capitale, les dirigeants d’Islamabad ne sortent pas grandis de cet épisode. Diplomatiquement indispensables, les remerciements de Barack Obama n’ont trompé personne.
Pour limiter les fuites inévitables dans un pays gangrené par
l’incompétence et la corruption, où les services secrets militaires ont une tradition historique de complicité avec les islamistes terroristes ou non, les militaires américains ont agi seuls. Parce que ses dirigeants disposent de la bombe nucléaire, parce qu’ils sont obsédés par la rivalité avec l’Inde, le Pakistan est sans doute aujourd’hui plus inquiétant pour la stabilité de la région qu’Al-Qaïda.
Quelle sera son attitude demain si certains Talibans afghans,
affranchis de leur ancienne allégeance au cheikh Oussama, décident de négocier avec Hamid Karzai, l’homme des Américains ? La question est capitale pour Washington qui prévoit toujours de transférer la sécurité du pays à la police et à l’armée afghane à la fin de 2014. Pour l’instant, Barack Obama et ses stratèges peuvent savourer leur victoire.
En éliminant Ben Laden, ils n’ont pas seulement tourné la page
du 11 septembre. Ils ont rétabli la capacité de dissuasion des Etats-Unis face aux nouvelles menaces.
A la guerre globale au terrorisme de George Bush, Barack Obama avait substitué une stratégie d’opérations ciblées contre les dirigeants d’Al-Qaïda. Elle a payé. Même si elle ne libère pas le monde de la menace terroriste.
Au-delà de tous les enjeux sécuritaires et les rôles du gendarme
régional américain au Grand Moyen-Orient, il est sans ignorer que la politique étrangère américaine dans cette région est axée sur la poursuite des intérêts stratégiques.
L’importance géologique et énergétique de la région attire
inlassablement les prédateurs occidentaux, d’où le sprint de puissance. C’est dans cette perspective que nous nous glissons dans le chapitre suivant, où nous analysons les enjeux énergétiques de la politique étrangère américaine au Grand Moyen-Orient.
Chapitre troisième : ENJEUX ENERGETIQUES DE LA POLITIQUE ETRANGERE AMERICAINE AU GRAND MOYENORIENT
La géostratégie des crises au Grand Moyen Orient implique
nécessairement la prise en compte des facteurs pétrolier et gazier. Cette région du monde recèle en effet les deux tiers des réserves pétrolières de la planète et la moitié de ses réserves gazières. La conséquence inévitable de cette situation est de faire de cette région une zone clé, lieu de rencontre d’enjeux énergétiques capitaux et de conflits géostratégiques.
C’est ainsi qu’en 1990, Dick Cheney, l’ancien Vice-président des Etats-Unis (2001-2008), alors Secrétaire d’Etat à la Défense, affirmait « Si nous attendons deux ou trois ans, Saddam Hussein dominera la zone du Golfe et par conséquent l’approvisionnement pétrolier du monde ». Il est donc évident que le facteur pétrolier a joué dans le déclenchement de cette guerre un rôle très important même s’il ne fut pas le seul facteur.
C’est dans la même veine que les Etats-Unis entreprirent une
guerre dite préemptive en 2003 contre ce même Irak dont les champs pétroliers, les plus productifs du Moyen-Orient, qui échappaient aux Anglo-Saxons depuis près d’un demi-siècle, furent rapidement remis en production au profit de leurs sociétés pétrolières alors que Saddam Hussein avait signé, pour l’après embargo, avec des sociétés françaises, russes et chinoises.
Si cette invasion fut une opération géostratégique programmée
dès avant le 11 Septembre qui lui servit d’alibi, il est néanmoins certain, comme l’écrivait en Mai 2003 la revue américaine Time, « (que) si cette guerre n’a pas pour motif de prendre le contrôle des réserves pétrolières irakiennes comme nos dirigeants l’affirment, alors ce serait une grande première historique ».
Il convient également de rappeler la guerre des oléoducs autour
de la Caspienne, zone contiguë, où l’insistance de Washington eut raison des réticences des sociétés pétrolières pour construire le BTC, oléoduc évacuant le brut d’Azerbaïdjan, mais surtout du Kazakhstan, en évitant le territoire russe et débouchant sur la Méditerranée après traversée de la Turquie. Comme il semble que les exportations de ces pays suffiront difficilement à remplir les oléoducs existants y compris celui en construction du Kazakhstan à la Chine, de nouvelles batailles pétrolières se préparent donc.[73]
Dans cet ordre d’idée, nous allons nous atteler aux points ci-
après : la présence chinoise dans la région, le retour de la Russie au Grand Moyen-Orient, ainsi que les enjeux autour du contrôle de la mer caspienne et du Golfe persique.
III. 1. Présence chinoise au Grand Moyen-Orient
La géopolitique du pétrole décrit l’impact des besoins en
pétrole matière première devenu essentielle à la vie économique et sociétale mondiale, sur le comportement des Etats puissants. Le pétrole, matière hautement stratégique, est fréquemment associé aux affrontements internationaux depuis le début du XXème siècle.
C’est un secret de polichinelle que le contrôle sur les ressources
pétrolières de l’Irak est le motif réel des Etats-Unis d’Amérique et du Royaume-Uni de l’invasion de l’Irak et il est bien connu que l’administration Bush a des relations internes avec des sociétés pétrolières des Etats-Unis d’Amérique.
L’importance stratégique du Golfe persique augmentera dans
les deux décennies suivantes. Un tiers de réserves pétrolières évaluées du monde se trouve en Arabie Saoudite et en Irak et le gouvernement américain considère que les évaluations actuelles pour les réserves pétrolières irakiennes peuvent être sérieusement minimisées.
Il est à signaler que la Chine est apparue comme une cible
stratégique principale dans l’attaque contre l’Irak car quoiqu’actuellement les deux tiers du pétrole du Golfe aillent aux nations industrielles de l’occident, il est évalué dans une étude par Conseil National d’Intelligence de la CIA qu’avant 2015 les trois quarts de ce pétrole seront exportés en Asie, principalement en Chine, ce qui lui donne la motivation de forger des relations proches avec l’Irak et Iran.
Felly Lukunga pense que l’occupation militaire ou la
territorialisation de l’Irak et le contrôle de son pétrole donnerait aux EtatsUnis d’Amérique un veto de plus sur le futur développement économique de l’Europe, de la Chine et du Japon.[74]
III. 1. 1. La diplomatie pétrolière au centre de la stratégie arabe de la Chine
Outre l'Afrique noire, qui abrite près de 10% des réserves
mondiales en pétrole et en assure 11% de la production mondiale, offrant à la Chine une possibilité de choix pour diversifier ses approvisionnements, l'Algérie, la Libye et bien évidemment l'Arabie Saoudite et l'Iran sont des partenaires stratégiques pour Pékin.
Le développement de la Chine et son besoin insatiable en
hydrocarbures, ont entraîné un rapprochement remarqué avec les pays arabes exportateurs de pétrole, elle mène une stratégie d'accès au pétrole au centre duquel les liens avec l'Arabie Saoudite et accessoirement l'Algérie sont capitales, ce qui n'a pas manqué de créer un bouleversement géopolitique, poussant les Etats-Unis à contrôler de près la pénétration chinoise dans ces pays comme elle a tenté de contrôler la pénétration chinoise en Afrique. En effet Pékin considère son approvisionnement en pétrole comme une question de sécurité nationale
Depuis 1995, la Chine n'est plus autonome, devenant
rapidement par la rapidité de son développement industriel, un pays importateur net de pétrole, par conséquent largement dépendant des zones d’approvisionnements, notamment du Moyen-Orient. Cette situation de dépendance énergétique, est devenue rapidement concevable pour les dirigeants chinois au regard du rôle mondial qu’entend tenir la Chine.
Jusqu’en 1990, Pékin s'approvisionnait en matières énergétiques
essentiellement auprès de l’Indonésie, du sultanat d’Oman et d'Iran. La diversification des fournisseurs est devenue une priorité nationale à cause de l’augmentation de la consommation de la Chine et de la raréfaction des réserves de l’Indonésie.
Aujourd’hui, la Chine est devenue le deuxième importateur de
pétrole d’Afrique, après les Etats-Unis.
L’Afrique représente 25 % de l’approvisionnement pétrolier de
la Chine, contre 15 % au milieu de la décennie 1980. Il serait par conséquent intéressant de s'interroger sur les conséquences géopolitiques évidentes de ce rapprochement chinois avec les pays arabes les plus riches en pétrole et sur les risques que cela fait courir à la stratégie globale des Etats-Unis dans cette partie du monde.
Aujourd’hui, la Chine se présente comme le septième
fournisseur de l’Algérie. A titre d'exemple la Sinopec a signé en 2002 un contrat de 420 millions d'euros pour développer le gisement de Zarzaitine au Sahara. Une autre société chinoise, la China National Oil and Gas Exploration doit également construire une raffinerie dans le désert algérien, près d’Adrar.
Ces relations qui se sont bonifiées avec le temps, remontent à la
fin des années cinquante, avec le soutien politique et militaire apporté par la Chine nouvelle aux revendications algériennes de libération nationale, qui s'est traduit par la reconnaissance du gouvernement provisoire comme l'unique représentant du peuple algérien.[75]
Il faut rappeler ici, que la Chine était le premier pays hors du
monde arabe à reconnaître officiellement, le premier gouvernement provisoire algérien en 1958.
Parallèlement, la Chine reste reconnaissante pour l'Algérie, qui
dès le début l'indépendance algérienne, n’a cessé de soutenir fermement la réunification et l'intégrité territoriale chinoise. La convergence entre les deux pays notamment sur les questions internationales les plus importantes, a facilité leur rapprochement, qui s'est traduit par un partenariat stratégique entre les deux pays, signé à Beijing en novembre 2006.
En 2002, la Sinopec a signé un contrat pour développer le
gisement de Zarzaïtine au Sahara, pour 420 millions d’euros. Le gisement doit fournir entre 1,3 millions et 2,5 millions de tonnes de pétrole par an à la Chine. Une autre société chinoise, la China National Oil and Gas Exploration, a construit une raffinerie à Adrar, dans le désert algérien. Ce volume des échanges a dépassé les 4 milliards de dollars fin 2008 et a avoisiné les 5 milliards de dollars, à la fin 2009.
Le partenariat stratégique entre les deux pays, perçu comme un
modèle de coopération Sud-Sud, n'a cessé de se consolider. La Chine est déjà dans le top dix des fournisseurs et des clients de l’Algérie. Elle a l'opportunité de tirer avantage des secteurs sur lesquels les occidentaux refusent le transfert de technologie, comme à titre d'exemple le nucléaire civil, la médecine nucléaire, l'industrie spatiale, les secteurs militaires ou encore la recherche minière et médicale et d'autres secteurs sur lesquels l'Algérie est bien déficitaire.
Jusqu'en 1990, Pékin importait ses besoins énergétiques
principalement d'Indonésie, du sultanat d'Oman, d'Arabie saoudite et d'Iran. L'augmentation de sa consommation pétrolière a poussé la Chine à diversifier ses sources d'approvisionnement, en mettant en place une véritable diplomatie pétrolière.
L'Afrique reste le continent privilégié pour Pékin, conscient que
les réserves du Moyen-Orient sont sous contrôle américain depuis l'invasion et l'occupation de l'Irak.
Très rapidement la Chine est devenue le deuxième
consommateur du pétrole africain, derrière les Etats-Unis. Des pays comme le Gabon, l'Algérie, le Congo ou encore la Libye répondent parfaitement aux besoins chinois en pétrole et entretiennent de bonnes relations, basées sur le respect mutuel et la non ingérence dans les affaires internes.
En dépit de l'importance des gisements africains, des ressources
présumées de l'Arctique ou encore des sites de pétrole offshore du Brésil, aucun Etat ne peut aujourd'hui se passer du pétrole du Moyen-Orient.
Abritant près de deux tiers des réserves pétrolières
conventionnelles mondiales et près de 40% des réserves gazières aujourd’hui connues, le Moyen-Orient demeure et demeurera certainement l'une des régions clés de production et d'exportation de pétrole brut. Cette région couvrira pour longtemps encore les besoins énergétiques aussi bien des pays riches que des pays émergents en tête desquels la Chine.
Certains Etats sont en effet des producteurs clé, nous voulons
parler de l'Arabie Saoudite particulièrement et accessoirement du Koweït, du Qatar et des Emirats Arabes Unis, sans oublier, l’Iran qui a une capacité de production considérable.
Il faut rappeler que ce pays produisait pas moins de six millions
de barils par jour en 1979, il n'en produit aujourd'hui que 4,3 millions actuellement dont la moitié seulement sont destinés à l'exportation soit environ 2,4 millions de barils.
S'agissant de l'Irak, ces réserves connues sont aussi importantes,
il y a quelques années sa capacité de production, avoisinait les 11 millions de barils par jour, il n'en produit aujourd'hui que 2,5 millions de barils par jour, les guerres successives dans ce pays, et l'invasion américaine, ont eu de lourdes conséquences et ont contribuées à ralentir d'une manière drastique la production de ce pays.
Riyad abrite en effet, le plus grand champ pétrolier du monde,
celui de Ghawar. La région abrite également de terminaux pétroliers et gaziers majeurs pour l’industrie mondiale des hydrocarbures. Le plus grand, le site saoudien de Ras Tanura, possède une capacité de raffinage de plus de 30 millions de tonnes par an.
III. 1. 2. Le Moyen-Orient au cœur des enjeux énergétiques : la carte saoudienne
Il est important de savoir que la Chine importatrice nette
depuis 1993, avec une consommation qui augmente de près de 15% par an, est désormais le deuxième consommateur mondial d'or noir après les EtatsUnis, du fait d'un développement industriel important, elle est également le premier marché mondial pour l'automobile.[76]
La diplomatie chinoise du Moyen-Orient s’articule en deux
volets, bilatéral et multilatéral. Elle oscille entre sa dépendance croissante vis-à-vis du pétrole de la région, impliquant des concessions politiques, et sa volonté de s’affirmer comme puissance responsable dans les affaires régionales et internationales, notamment sur la question palestinienne, avec des succès de plus en plus visibles.
Nous rappelons que la Chine a reconnu l'Etat palestinien au
niveau diplomatique depuis le 20 octobre 1988 et n'a eu de cesse depuis de soutenir la solution pacifique du conflit par l'application des résolutions des Nations Unies notamment les résolutions 242 et 338.
Si l'axe bilatéral de la diplomatie moyen-orientale de la Chine
s’étend à l'ensemble des pays de la région, mettant de côté les aspects politiques, Pékin a noué des relations commerciales avec tous les pays de la région en accordant néanmoins une attention particulière à l’équilibre de sa balance commerciale.
L’approvisionnement en pétrole en Iran, au Sultanat d'Oman et
en Arabie Saoudite constitue la priorité de la stratégie chinoise dans la région. En effet, si l'Afrique participe à hauteur d'environ 21%, la région Asie-Pacifique à hauteur de 20%, le Moyen-Orient représente plus 40 % de ces importations en hydrocarbures.
La Chine s'emploie à renforcer des partenariats solides avec les
pays riches en pétrole, dans la région du Moyen-Orient, la carte saoudienne occupe une place névralgique dans sa stratégie de diversification de son approvisionnement en or noir.
Le Prophète de l’Islam Mohammed a dit une phrase célèbre : «
pour ceux qui sont en quête de la connaissance, même la Chine n’est pas trop éloignée ». Depuis des siècles, Arabes et Chinois apprennent les uns des autres et l’histoire de leur amitié remonte aux temps les plus reculés.
Les nations arabe et chinoise ont une longue histoire, elles ont
créé des civilisations brillantes et originales. L’histoire des relations contemporaines sino-arabes, démarre à partir 1950, quand les Chinois décident de nouer des liens et des relations diplomatiques affirmées avec le monde arabe. Qu’en est-il du rapprochement entre la Chine et l’Arabie Saoudite, premier producteur de pétrole au monde ?
Dès le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux
pays en 1990, le développement des liens diplomatiques, économiques, commerciales voire stratégiques s’est considérablement accru.
Depuis 2001, l’Arabie saoudite a subtilement réorientée sa
stratégie pétrolière et ses investissements vers l’Asie, aussi un partenariat stratégique sino-saoudien a pris place aux côtés du partenariat stratégique saudi-états-uniens mis à mal par les attentats du 11 septembre. Ce n’est pas un hasard, si le premier voyage officiel du Roi Abdallah depuis son accession au trône (août 2005) a eu pour destination l’Asie avec une première escale à Pékin, le 22 janvier 2007. Plusieurs accords bilatéraux, économiques et politiques y ont été signés.
Il paraît clairement que le royaume saoudien et certaines
monarchies du CCG « Conseil de Coopération du Golfe », ont enclenché une orientation très asiato-centrée, on évoque même la conclusion très probable d'un accord de libre-échange entre le CCG et Pékin, ce qui peut renforcer d'autant plus solidement la position des sociétés chinoises en Arabie saoudite, que les négociations d'un accord de libre-échange CCG-UE patinent depuis plus de vingt ans et semblent définitivement s'orienter vers une forme de coopération bilatérale entre l'Union européenne et les pays membres du CCG, souhaitant s'y engager.[77]
La Chine qui a accueilli en 2010 la quatrième session
ministérielle du Forum de la coopération sino-arabe, lancé en 2004, qui se tient tous les deux ans, a fait de ce forum un cadre idéal d'échange et de discussion entre les deux parties.
Se faisant, il a conféré une dimension stratégique à la
coopération entre la Chine et le monde arabe, axée sur le développement des intérêts communs de deux parties. Sur le plan économique, les deux parties entretiennent des relations très fortes. Les chiffres sont très significatifs à cet égard.
L'année 2009, a été une année très dense, puisque à la lecture
des statistiques des autorités chinoises, présentées par Zhai Jun, vice ministre chinois des Affaires étrangères, le volume des échanges commerciaux entre les deux parties avait atteint plus 100 milliards de dollars et que son pays avait importé quelques 90 millions de tonnes de pétrole en grande partie du Moyen-Orient.
Certes la Chine, mais également l'Inde, le Japon et même la Corée du Sud, se placent aujourd'hui dans une position très favorable pour réaliser un partenariat industriel d'une grande importance avec les pays du CCG et particulièrement avec l'Arabie Saoudite.
Il faut dire qu'outre le facteur pétrolier toujours présent, la
proximité géographique des Etats asiatiques avec l'Arabie Saoudite et les pays du CCG et les performances économiques indéniables dont ils font objet depuis les trente dernières années, sont de nature à encourager les pays du CCG à renforcer la coopération avec la Chine et lui donner un caractère stratégique pour l'ensemble des parties selon l'équation chère aux Chinois « gagnant-gagnant ».
Seulement cette situation n'est pas pour plaire aux Etats-Unis
qui tiennent à rester le premier partenaire, considérant cette région comme une « chasse gardée » américaine, elle suscite par conséquent des inquiétudes et des réactions américaines, ce qui est loin d'être loin le cas de l'Europe qui semble se contenter de son rôle de principal perdant de cette concurrence sino-américaine déclenchée par l'Arabie Saoudite et les membres du CCG.
La Chine détient un atout de taille, elle dispose de la plus
grande réserve en dollars de l'histoire, soit plus de 2 000 milliards de dollars en 2009. Avec un dollar historiquement faible, ce stock devient une arme non négligeable. Ceci favorise la position de Pékin de partenaire industriel et financier de premier ordre notamment pour les pays arabes. La performance de l'économie chinoise qui compte parmi la plus dynamique au monde, peut amener Pékin à renforcer des relations stratégiques avec ces pays.
La question lancinante est la suivante : sommes-nous entrain
d'assister à cet affrontement Chine-Etats-Unis que l'on annonce comme inévitable depuis des décennies?
L'opposition frappante entre le déficit abyssal et non moins
régulier des Etats-Unis, représentant aujourd'hui quasiment 100% du PIB américain et le surplus quasi structurel de la Chine qui par ailleurs finance ce déficit américain à hauteur de près de 30% en 2009 (il était de 13% en l'an 2000), peut-il être le fer de lance de cet affrontement ?
Autrement dit, les Etats-Unis peuvent-ils se maintenir encore
longtemps comme la véritable colonne vertébrale de la défense et de la protection du royaume saoudien et des autres monarchies du Golfe.
L'avenir le dira.
Néanmoins c'est un autre problème qui gène Pékin aujourd'hui
en tous les cas davantage que cet affrontement annoncé avec les Etats-Unis. Nous allons parler des révolutions arabes qui ont secoué non seulement la région maghrébine mais quasiment l'ensemble du monde arabe, qui sont probablement entrain de changer l'ordre des choses et le statu quo en vigueur dans le monde arabe depuis les indépendances grâce notamment à l'appui souvent inconditionnel des Etats-Unis et de l'Occident à des régimes corrompus et corrupteurs.
La Chine suit forcément de très près, l'issue de ces révolutions,
faisant mine de pas les commenter et mieux de pas s'y intéresser. En vérité, la possible onde de choc des évènements dans le monde arabe fait craindre aux dirigeants chinois le risque d’une contagion, pourtant hautement improbable, à la Chine.
III. 2. Le retour de la Russie au Grand Moyen-Orient
Après une éclipse de près de quinze ans, due à ses difficultés
internes, la Russie du sous Vladimir Poutine est-elle en train d’effectuer un grand retour au Moyen-Orient, région limitrophe dans laquelle la défunte Union Soviétique était un acteur de premier plan pendant soixante-dix ans, et où l’Empire des Tsars, avant elle, menait traditionnellement une diplomatie très active ?
L’annonce par son Président que la Fédération de Russie
pourrait investir 4 milliards de dollars « dans un futur immédiat » pour la reconstruction de l’Irak, et la signature le 27 février 2005 d’un Accord d’un montant de 800 millions de dollars américains pour la mise en service de la première centrale nucléaire iranienne à Bouchehr, semblent le signifier.[78] Mais l’offensive économique de la Russie au Moyen-Orient
n’est pas limitée à ces deux pays, puisque nous découvrirons, non sans surprise, qu’elle s’étend non seulement à l’Egypte et à la Syrie (alliés traditionnels) mais aussi à l’Arabie Saoudite, aux Emirats, au Yémen, et même à Israël, où le chef de l’Etat russe était invité le 27 avril 2005, alors qu’aucun dirigeant russe n’avait jamais foulé avant lui le sol de la Terre sainte.
III. 2. 1. Offensive diplomatique russe dans l’ensemble du monde arabe
La Syrie, Etat laïc dirigé par le Parti Baas (Résurrection) de
tendance socialiste athée, est un allié traditionnel de la Russie. Entre 1994 et 2000, la Syrie a acheté pour 500 millions de dollars d’avions et missiles SA10, puis 1.000 missiles anti-chars AT-14, 4 chasseurs Sukhoï-27 un nombre indéterminé de chasseurs Mig-29.
A la mi-janvier 2005, le ministre des Finances syrien a rencontré
à Moscou à huis-clos son homologue russe Alexeï Koudrine au sujet de la très ancienne dette syrienne héritée de l’U.R.S.S.; « les deux parties sont parvenues à se mettre d’accord sur le montant de la dette, estimée à 13,4 milliards de dollars. Et la Russie effacera 9, 78 milliards de cette somme » (soit 73% de sa dette), selon le quotidien Kommersant. « Ce n’est pas un montant si grand pour récupérer un statut de grande puissance », ajoutait le quotidien.
Fin janvier 2005, le jeune président syrien Bachar-Al-Assad (arrivé au pouvoir en 2000 comme son homologue V. Poutine) était invité en Russie pour une visite d’Etat de quatre jours, au cours de laquelle, il aurait été question de contrats portant sur la vente de batteries de missiles tactiques Iskander-E ou anti-aériens Igla, (particulièrement appréciés des guérillas, car portables).
Cette information avait suscité de vives protestations du Premier ministre israélien Ariel Sharon, ainsi que de Washington.
Bien qu’elle ait été démentie par les autorités russes à plusieurs
reprises (peut-être sous l’effet des pressions américaines), le président Assad a fermement défendu le droit de la Syrie à acquérir des armes défensives : « Ces armes empêchent l’intrusion d’avions ennemis dans notre espace aérien », a-t-il déclaré devant les étudiants russes.
La presse russe considère cette visite comme le signe du grand
retour de la diplomatie russe au Proche-Orient, la Syrie ayant un rôle important à jouer dans le règlement du conflit israélo-palestinien. Le règlement du problème du plateau du Golan, qui ne paraît pas insoluble compte tenu de son faible peuplement serait en effet un premier pas significatif vers un règlement global de la question.[79]
Mais, à la différence de l’URSS, l’offensive de la jeune Fédération de Russie au Moyen-Orient ne se limite pas aux alliés traditionnels : en Arabie Saoudite pourtant considérée par beaucoup d’observateurs comme un fief américain, la société russe Lukoil, pour la première fois, a obtenu le 14 octobre 2004 une concession de 40 ans pour explorer et si possible canaliser le gaz naturel dans la partie Nord du désert de Rub’al Khali (« l’Aire du Vide ») proche des Emirats, sur une superficie de 30.000 Kilomètres carré.
Les experts russes estiment que les chances de trouver un
gisement exploitable de gaz naturel s’élèvent à 80%. Dans cette association avec la compagnie saoudienne Aramco, Lukoil investira 200 millions de dollars, et espère un retour sur investissement de 15%. Les premiers sondages devraient commencer début 2006. Rappelons que la Russie dispose d’une grande expérience dans ce domaine, étant le deuxième producteur mondial pour le gaz naturel.
Au Yémen, Rosoboroneksport a déjà fourni pour 300 millions
de dollars d’armements en 2001/2002 (24 chasseurs Mig-29) et a reçu depuis pour plus de 100 millions de dollars de commandes, dont des véhicules blindés BMP-2, des hélicoptères, des armes à feu et des munitions variées, a annoncé son directeur général Sergueï Chemezov le 22 novembre 2004.
Début 2005, la commande de 20 avions de chasse MIG-29SMT a
été confirmée par la firme Mikoïan ; le MIG-29 SMT est une nouvelle variante du MIG-29, dotée d’une large gamme de missiles air-air et airterre.
Plus généralement, la Russie, selon son ministre des Affaires
étrangères Aleksandr Saltanov, souhaite développer des liens d’affaires avec le monde arabe, notamment en Irak, Libye, Jordanie, Soudan, Egypte, et Algérie. Le diplomate Venlamin Popov, qui a rendu visite aux 25 pays membres de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), œuvre pour un rapprochement entre la Russie et le monde arabe. Ainsi, la Banque Islamique de Développement (BID) a accepté de consacrer 100.000 dollars pour la reconstruction d’écoles dans la capitale tchétchène Groznyy, par le biais du Croissant-Rouge et des Emirats Arabes Unis.
En ce qui concerne la Libye, le secrétaire d’Etat du ministère de
l’Energie Atomique Valery Govoroukhine a évoqué le 23 décembre 2003 « la possibilité de reprendre la construction d’une centrale électro-nucléaire et de placer cette centrale ainsi qu’une usine de désalinisation sur la côte libyenne. »
Selon lui, la décision de Tripoli d’ouvrir ses programmes
d’armes de destruction massive et d’armes chimiques à la communauté internationale, ainsi que la levée des sanctions des Nations Unies sur ce pays (à la suite du règlement de l’affaire de la tragédie de Lockerbie) « ouvraient une nouvelle page dans les relations entre la Libye et les pays possédant les technologies nucléaires avancées. »
Cette coopération, ne devrait plus poser de problème politique,
depuis que le gouvernement libyen a adhéré au Traité de Non-Prolifération nucléaire (TNP) et signé un accord de garanties avec l’Agence Internationale de l’Energie Atomique de Vienne (AIEA).
En Jordanie, le ministre des Affaires étrangères russe Igor Ivanov a eu des entretiens en février 2004 avec son homologue jordanien Marwan al-Mu’ashir pour la mise sur pied d’une commission bilatérale intergouvernementale. Il serait question de la construction d’un oléoduc en Jordanie.
En Afghanistan, après l’offensive alliée de fin 2001, la Russie
souhaite participer à la reconstruction du pays dans la mesure bien entendu où la sécurité serait rétablie. Le ministre des Transports afghan, Sayd Mohammad Ali Jawid, a été invité à Moscou en décembre 2003, et a dit clairement qu’il souhaitait un accord avec la compagnie ferroviaire russe Rossiykiye Zheleznye Dorogi (RZD) pour la construction d’un chemin de fer circulaire en Afghanistan.
Cette voie ferrée relierait les principales villes afghanes, et
désenclaverait le pays en lui donnant accès à l’Iran à l’Ouest (Mashhad) et au Pakistan à l’Est (Lahore). On sait qu’il n’existe actuellement aucune voie ferrée en Afghanistan un des pays les plus déshérités du monde avec un P.I.B. par habitant de 800 dollars par an, soit 2,2 dollars par jour. Le contrat préliminaire a été signé six mois plus tard, le 30 juillet 2004.
Enfin, en Egypte, pays traditionnellement ami de la Russie, et
vaste marché de 67 millions d’habitants, un grand accord a été signé au Caire le 29 novembre 2004 entre le Premier ministre Mikhaïl Fradkov et son homologue égyptien Ahmad Nazif portant sur la création de tout un cycle nucléaire à des fins pacifiques : extraction de minerai et développement des gisements d’uranium naturel, construction de réacteurs nucléaires de recherche et de centrales électro-nucléaires, d’usines de dessalement et d’accélérateurs, traitement des déchets radioactifs ; enfin, étude des technologies de l’enrichissement par laser.
III. 2. 1. La Russie, unique puissance « eurasienne » ?
Cette offensive diplomatique et commerciale de la Russie au Grand Moyen-Orient n’est pas purement circonstancielle, elle amorce à nos yeux un virage stratégique important, et fait partie d’une vision nouvelle de la politique étrangère de la Fédération de Russie.
Le 16 octobre 2003, Vladimir Poutine, en tant que Président
d’un pays comprenant 20 millions de musulmans, était invité au congrès de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) à Putradjaya en Malaisie. Premier chef d’un grand pays européen à être invité dans cette instance, il saisit l’occasion pour lancer l’idée d’un partenariat entre la Russie et le monde musulman.
Pour cela, il s’appuie sur les minorités musulmanes du Tatarstan (Kazan), de Bachkirie (Oural), et du Caucase du Nord (Daghestan, Ossétie du Nord), islamistes modérés peu attirées par les méthodes terroristes de type tchétchène.
Pour couper court à tout rapprochement simpliste, on
remarquera que l’Azerbaïdjan du fils de Geïdar Aliev (issu du KGB) à majorité musulmane, est beaucoup plus proche de Moscou que la Géorgie à majorité chrétienne de Mikhaïl Saakachvili, soupçonnée de soutenir les rebelles tchétchènes<
A Putradjaya, Vladimir Poutine parle d’une « décision
stratégiquement orientée ». Il définit la Russie comme un « pays eurasien » qui entretient depuis des siècles des relations naturelles avec l’Islam, tandis qu’actuellement, « des millions de musulmans qui vivent historiquement dans la Fédération de Russie la considèrent comme leur patrie ».[80]
Il s’oppose radicalement à la vision apocalyptique de « choc
des civilisations », chère à Samuel Huntington, et préconise une coopération russo-musulmane dans le cadre de l’OCI nécessaire pour l’édification d’un monde « plus juste et plus sûr. »
L’addition de ressources financières, technologiques et
humaines peut devenir un facteur de la politique globale et un début de percée dans de nombreux secteurs de l’économie mondiale.
Cette vision ne pèche-t-elle pas par excès d’optimisme ?
L’avenir le dira.
Quoi qu’il en soit, entre une Amérique empêtrée dans le
bourbier irakien et afghan pour de nombreuses années, et une Europe divisée et dont la politique étrangère brille surtout par sa pâleur, il est certain que la nouvelle Russie sortie de sa crise interne, et toujours respectée par les musulmans, a une belle carte à jouer au Grand Moyen Orient[81], comme le déclare Jules Bernard.
III. 2. 2. La Russie à la rescousse de ses partenaires traditionnels
Dans l’affaire syrienne, c’est avec constance que la diplomatie
russe s’emploie à invalider les arguments hâtifs quant à l’instauration d’un grand partenariat russo-occidental. Moscou bloque toute résolution des Nations Unies condamnant les exactions baasistes et multiplie les tactiques dilatoires pour laisser à Bachar Al-Assad le temps d’écraser le mouvement insurrectionnel. Se faisant, les dirigeants russes révèlent l’importance qu’ils confèrent à leur alliance avec l’appareil d’Etat syrien.
On sait les tenants et les aboutissants de cette alliance instaurée
aux temps de la « Russie-Soviétique » : effets de rémanences, contrats énergétiques et militaro-industriels, ouverture de la base navale de Tartous aux bâtiments de guerre russes. Au vrai, la Syrie demeure le seul véritable point d’appui de la Russie en Méditerranée et au Proche-Orient. Il serait pourtant erroné de réduire la politique russe à la simple défense de positions laborieusement acquises.
Derrière le clan Assad, il y a l’Iran avec qui la Russie entretient
d’étroits rapports. De fait, il existe entre Moscou et Téhéran un partenariat géopolitique qui s’exprime à travers des coopérations énergétiques multiples, nucléaire civil compris, et d’abondantes livraisons d’armes à l’Iran, non sans restrictions toutefois.
Enfin, l’attitude de Moscou est ambivalente vis-à-vis des
ambitions militaro-nucléaires iraniennes.
Aussi la bataille diplomatique entre Russes et Occidentaux
autour de la Syrie peut-elle être considérée comme l’anticipation d’une crise majeure à propos de l’Iran.
La volonté opiniâtre dont Moscou fait montre et le souci de
conserver des prises dans le Grand Moyen-Orient ne signifie pas que l’on assisterait au retour en force de la Russie ou à une résurgence de la « stratégie des mers chaudes ». Si l’on prend comme point de référence les années 2000, les recompositions en cours bousculent la diplomatie russe et les percées alors réalisées se révèlent être des mouvements tactiques de faible portée.
Nonobstant l’idée complaisante d’une « sainte Russie » qui
serait le conservatoire de l’Orthodoxie, Vladimir Poutine n’avait pas hésité à faire prévaloir les thèses eurasistes pour mieux avancer ses pions au Moyen-Orient. Arguant du passé tatar et de l’ancienne présence de l’Islam sur des terres autrefois assujetties par la Horde d’Or, il avait présenté la Russie comme un grand pays musulman, ce qui lui avait assuré le soutien de l’Iran et de l’Arabie Saoudite pour obtenir un statut de pays observateur au sein de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI).
Parallèlement à cette diplomatie religieuse, Poutine cherchait à
mettre sur pied avec le Qatar et l’Iran une « OPEP du gaz », d’autre pays producteurs du Grand Moyen-Orient, à l’instar de l’Algérie, étant approchés. Les dirigeants russes participaient aussi à la ruée vers le marché libyen et ils entendaient développer leurs exportations d’armes jusque dans le golfe Arabo-persique où ils courtisaient l’Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis et quelques autres.
La manœuvre consistait à jouer sur la détérioration des
relations américano-saoudiennes, causée par les attentats du 11 septembre 2001, et elle instrumentalisait les inquiétudes suscitées par les difficultés de la guerre en Irak. Les monarchies du Golfe semblaient alors en quête de réassurances stratégiques.[82]
Depuis, les révoltes et insurrections dans une partie du monde
arabe, avec en toile de fond les rivalités entre Sunnites et Chiites, ont mis en effervescence le Grand Moyen-Orient. Face à l’Iran, l’Occident et les monarchies du Golfe resserrent leurs liens diplomatico-militaires. Plus largement, une grande alliance sunnite s’esquisse, Turquie incluse, et la diplomatie russe est conduite à se replier sur les régimes iranien et syrien, mettant ainsi à mal son image et ses positions dans l’ensemble de la région.
Au total, les projets russes dans la région se sont révélés être
des mirages et la marge de manœuvre du Kremlin est singulièrement rétrécie. L’espoir d’un grand marché diplomatique au terme duquel la Russie dénouerait ses positions, pour enfin voter une résolution coercitive à l’encontre de Damas, est d’autant plus improbable. Dans le proche avenir, gageons que la Russie ne sera guère plus accommodante sur la question iranienne.[83]
L’Iran est le deuxième plus grand pays du Moyen-Orient, après
la Turquie. D’une superficie de 1.650.000 Km2 (3 fois celle de la France), et peuplé de 70 millions d’habitants, il est en plein essor démographique (84,7 millions d’habitants prévus en 2025). Ainsi que le rappelait amèrement le Shah Reza Pahlevi à la journaliste italienne Oriana Fallaci, les Iraniens, bien que répartis en plusieurs ethnies, sont un peuple purement indo-européen (« peut-être plus que vous, les Italiens », ajoutait-il ironiquement), installé dans la région depuis près de 4.000 ans.
Il convient de savoir que l’Iran détient les deuxièmes réserves
mondiales en pétrole et en gaz naturel, selon Paul-Marie Graf, consultant français basé en Iran, et expert en hydrocarbures. Malgré les incertitudes liées à son régime politique et aux menaces implicites d’agression des EtatsUnis, il constitue un marché potentiel de tout premier ordre pour la Russie comme pour l’Europe.
Du fait de l’hostilité américaine, les entreprises qui ont le
courage d’investir en Iran bénéficient en effet d’un immense avantage : l’absence de concurrence des compagnies américaines auxquelles la réglementation gouvernementale interdit d’investir en Iran puisque ce pays ferait partie, selon la doctrine officielle américaine, de « l’axe du Mal » (Irak– Iran-Corée du Nord).
Notons que cette expression médiévale d’inspiration
apparemment biblique, employée par le Président américain George Walker Bush lors de son discours de fin janvier 2002, n’a jamais été explicitée par son auteur David Frum. Curieusement, on relève en effet que la République Populaire de Chine, première puissance communiste du monde, n’en fait apparemment pas partie. Le fait qu’elle ait accumulé 660 milliards de dollars de réserves, principalement sur les Etats-Unis, n’est peut-être pas étranger à cet oubli <
En 2003, les échanges commerciaux entre la Russie et l’Iran ont
représenté 1 milliard de dollars, selon le président de la Chambre russe de commerce et d’industrie (et ancien premier ministre) Yevgueniy Primakov, contre 803 millions de dollars en 2002. Ces échanges portaient sur l’industrie énergétique (y compris l’industrie nucléaire), l’équipement métallurgique, les véhicules, le développement conjoint des champs pétrolifères et de gaz naturel, et la coopération dans le domaine des transports, comprenant la création d’un corridor Nord-Sud de transport international, entre l’Asie centrale et le port de Büsher, sur le Golfe persique.[84]
Ce corridor présente maintenant un intérêt géostratégique
primordial, puisqu’il contourne l’Irak où l’armée américaine semble enlisée pour de nombreuses années dans une guerre sans issue prévisible contre la guérilla locale. Il permettrait une liaison directe entre la Sibérie et les mers chaudes, rêve éternel de la diplomatie russe.
Débordant le cadre des relations commerciales, l’ancien premier
ministre russe déclarait en décembre 2003 que le montant de ces échanges n’était pas au niveau du « pont entre l’Est et l’Ouest que représentait la péninsule iranienne, qui jouit d’une situation stratégique exceptionnelle, et dont le sous-sol abrite la moitié des réserves pétrolifères mondiales ».
C’est pourquoi, le 09 juin 2004, une délégation de la Chambre
de commerce de Moscou se rendait à Téhéran pour rencontrer le président de la Chambre de commerce de Téhéran Mohammad Reza Behzadian, afin de développer la collaboration économique entre les deux pays.
Ce dernier invitait les entreprises privées russes à participer au
développement de l’industrie pétrochimique iranienne, et à investir dans le secteur de l’énergie. En échange, il souhaitait que « les hommes d’affaires russes ouvrent la voie à la présence active des industries alimentaires de l’Iran sur le grand marché que représentait la Russie » (notamment les fruits et légumes, le célèbre caviar de la mer Caspienne, le riz, le sucre, le thé, le tabac), ceci sans compter les peaux, les tapis, le coton : 100.000 tonnes produites annuellement dans le Gurgan et le Khorasan à l’Est, le Khûzistân et le Fars au Sud.[85]
III. 3. Courses entre puissances régionales sur le contrôle du bassin de la Mer Caspienne et du Golfe persique
Cette section, montre au clair le sprint du contrôle entre les Etats-Unis d’Amérique, la Chine et la Russie ainsi que d’autres puissances régionales autour du bassin de la Mer Caspienne et le contrôle du Golfe persique.
Dans cette perspective, nous appesantissons notre l’analyse sur
des points tels que : le nouveau grand jeu de l’Eurasie, l’équation iranienne, la grande évasion, l’Iran-Pakistan-Inde (IPI) contre Turkménistan-
Afghanistan-Pakistan-Inde (TAPI), ainsi que le point sur le Golfe Persique et son environnement stratégique.
III. 3. 1. Le nouveau grand jeu dans l’Eurasie
Un soldat états-unien contemplant la guerre du pétrole en Irak,
une de nombreuses aventures du nouveau grand jeu de l’Eurasie ente la Chine, les Etats-Unis et la Russie.
Les historiens de demain peuvent bien convenir que la route de
la soie du XXIème siècle s’est ouverte pour les affaires le 14 décembre 2009. C’était le jour où un tronçon crucial de pipeline est entré du Turkménistan, (via Kazakhstan et Ouzbékistan) à la province du Xinjiang dans l’extrême ouest de la Chine. Les hyperboles n’ont pas dissuadé le président du Turkménistan, spécialement nommé Gurbanguly Berdimoukhamedov, de se vanter, « ce projet n’a pas seulement une valeur commerciale ou économique. Il est également politique. La Chine grâce à sa politique de sage et visionnaire, est devenue un de principaux garants clés de la sécurité mondiale. »
Le résultat est que, en 2013, Shanghai, Guangzhou, et Hong Kong croiseront le plafond des sommets économiques donnant le vertige avec le gaz naturel fourni par le pipeline de l’Asie centrale long de 1833 kilomètre, prévu pour fonctionner à plein régime.
Et il faut rajouter à cela que, dans quelques années encore, les
grandes villes chinoises recevront sans aucun doute également une fabuleuse saveur de l’Irak, les réserves de pétrole à peine exploitées, évaluées de façon conventionnelle à 115 milliards de barils, mais probablement plus poche de 143 milliards de barils, qui placeraient l’Irak devant l’Iran. Lorsque les généraux de l’administration Bush ont lancé leur guerre mondiale au terrorisme, ce n’est pas exactement ce qu’ils avaient à l’esprit.
L’économie chinoise a soif, et donc elle boit profondément et
planifie encore plus profondément. Elle sollicité le pétrole d’Irak et le gaz du Turkménistan, ainsi que le pétrole du Kazakhstan.[86]
Déjà, au lieu de dépenser plus d’un trillion de dollars pour une
guerre illégale en Irak ou bâtir des bases militaires partout dans le Grand Moyen-Orient et en Asie centrale, la Chine a utilisé ses compagnies pétrolières d’Etat pour obtenir une partie de l’énergie dont elle a besoin tout simplement par appel d’offres dans une vente aux enchères du pétrole irakien parfaitement légale.
Pendant ce temps, dans le nouveau grand jeu en Eurasie, la Chine a eu le bon sens de ne pas envoyer un soldat n’importe où, ou de s’enliser dans un bouclier infini en Afghanistan. Au lieu de cela, les Chinois ont simplement passé un accord commercial direct avec le Turkménistan et, profitant des désaccords de ce pays avec Moscou, se construisent un pipeline qui fournira une grande partie du gaz naturel dont ils ont besoin.[87]
Pas étonnant que star de l’énergie eurasienne de
l’administration Obama, Richard Morningstar, a été obligé d’admettre lors d’une audience du Congrès que les Etats-Unis d’Amérique ne peuvent simplement pas rivaliser avec la Chine lorsqu’il s’agit de la richesse énergétique d’Asie centrale. Si seulement, il avait livré le même message au Pentagone.
III. 3. 2. Cette équation iranienne
A Pékin, ils prennent la question de la diversification des
approvisionnements en pétrole très au sérieux. Lorsque le baril de pétrole a atteint 150 dollars américains en 2008 avant l’effondrement financier mondial déclenché par les Etats-Unis d’Amérique. Un média national chinois s’était mis à appeler le Big Oil étranger « les crocodiles internationaux du pétrole » avec l’implication que l’agenda caché de l’Occident était en fin de compte de stopper le développement implacable de la Chine dans ses voies.
28% de ce qui reste des réserves prouvées de pétrole dans le
monde sont dans le monde arabe. La Chine pourrait facilement tout engloutir.
Peu de gens savent que la Chine elle-même est en réalité le
cinquième producteur de pétrole dans le monde, avec 3,7 millions de barils par jour (bpj), juste en dessous de l’Iran et légèrement au-dessus du Mexique. En 1980, la Chine a consommé seulement 3% de pétrole mondial.
Aujourd’hui à part est d’environ 10%, la rendant le deuxième
plus grand consommateur de la planète. Il a déjà surpassé le Japon dans cette catégorie, même si elle est toujours derrière les Etats-Unis d’Amérique, qui se nourrissent de 27% du pétrole mondial chaque année.
Selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), la Chine
représentera plus de 40% de l’augmentation de la demande mondiale de pétrole jusqu’en 2030. Et cela suppose que la Chine augmentera à « seulement » 6% le tarif annuel qui, fondée sur la croissance actuelle, semble improbable.
Les entreprises chinoises ont investi, avec stupéfaction, 120
milliards de dollars américains dans le secteur de l’énergie en Iran au cours de cinq dernières années. Déjà, l’Iran est le second fournisseur pétrolier de la Chine, comptant jusqu’à 14% de ses importation ; et le géant de l’énergie chinoise Sinopec a remis 6,5 milliards de dollars à la construction des raffineries de pétrole du pays.
Les sanctions peuvent être un tueur, ralentissant les
investissements augmentant le coût du commerce par plus de 20% et resserrant sévèrement la capacité de Téhéran d’emprunter sur les marchés mondiaux.
Néanmoins, le commerce entre la Chine et l’Iran a augmenté de 35% en 2009, à 27 milliards de dollars. Ainsi tandis que l’Occident a éreinté l’Iran avec des sanctions, des embargos et des blocus, l’Iran s’est lentement développé comme un corridor de commerce crucial pour la Chine aussi bien que pour la Russie et la pauvre en énergie.
Peu aux Etats-Unis peuvent savoir que l’an dernier (2011),
l’Arabie Saoudite maintenant le (re)armant jusqu’aux dents, avec la gracieuseté de Washington et de peu de paranoïaque sur le programme nucléaire iranien a offert de fournir les Chinois avec la même quantité de pétrole que le pays importe actuellement d’Iran à un prix beaucoup moins cher. Mais, Pékin, dont l’Iran est un allié stratégique à long terme clé, a étouffé l’affaire.
Comme si les problèmes structurels de l’Iran ne suffisaient pas,
le pays a peu diversifié son économie au-delà des exportations de pétrole et de gaz naturel dans les 30 années passées ; l’inflation en cours d’exécution de plus de 20% ; le chômage de plus de 20% ; et les jeunes gens instruits s’enfuient à l’étranger, une importante fuite des cerveaux pour ces terres assiégées. Et ne pensons pas que c’est la fin de la litanie des problèmes.
L’Iran souhaiterait être membre à part entière de l’Organisation
de Coopération de Shanghai (OCS), l’Union de la Coopération Economique et militaire multicouche qui est une sorte de réponse asiatique à l’OTAN mais est seulement un observateur officiel de l’OCS parce que le groupe n’admet aucun pays dans le cadre de sanctions de l’ONU.
Téhéran, en d’autres termes, voudrait un peu de protection de
grandes puissances contre la possibilité d’une attaque des Etats-Unis ou
Israël.
Autant que l’Iran pourrait être sur le point de devenir un joueur
beaucoup plus influant dans le jeu de l’énergie d’Asie centrale grâce aux investissements russe et chinois, il est très peu probable que n’importe lequel de ces pays risquerait actuellement d’entrer en guerre contre les Etats-Unis pour « sauver » le régime iranien.
III. 3. 3. La grande évasion
Du point de vue de Pékin, le titre de la version
cinématographique du conflit de rebelles Etats-Unis contre l’Iran et de la compétition stratégique du Pipelineistan des Etats-Unis contre la Chine pourrait être ; « évasion d’Ormuz et Malacca. »
Le détroit d’Ormuz est la définition d’un goulot d’étranglement
stratégique potentiel. C’est, après tout, la seule porte d’entrée dans le Golfe persique et à travers elle, transite maintenant grossièrement 20% des importations de pétrole de la Chine.[88]
A son point le plus étroit, il n’est large que de seulement 36
kilomètres, avec l’Iran au nord et Oman au sud. Les dirigeants chinois se tourmentent de la présence constante de groupes de bataille des porteavions américains à cet endroit et patrouillant à proximité.
Avec Singapour au nord et l’Indonésie au sud, le Détroit de Malacca est un autre goulet d’étranglement potentiel si jamais il y avait un conflit et à travers elle, transite plus de 80 % des importations de pétrole de la Chine.
A point le plus étroit, il est de seulement 54 kilomètres de
largeur, et comme le Détroit d’Ormuz, sa sécurité est également de la variété made in USA. Dans une future confrontation avec Washington, les deux détroits pourraient rapidement être fermés ou contrôlés par la marine américaine.
Par conséquent, l’accent croissant de la Chine sur le
développement d’une stratégie énergétique terrestre en Asie centrale pourrait se résumer comme : au revoir Ormuz ! Au revoir Malacca ! Et bienvenue à une nouvelle route de la soie axée sur le pipeline de la mer caspienne au far-west de la Chine, dans le Xinjiang.
Le Kazakhstan a 3 % de réserves prouvées de pétrole dans le
monde, mais ses plus grands champs de pétrole ne sont pas loin de la frontière chinoise.
La Chine considère ce pays comme un fournisseur de pétrole
alternatif clé via de futurs pipelines qui relieraient les champs de pétrole kazakhs aux raffineries de pétrole chinoises dans son extrême ouest. En fait, la première aventure transnationale du pipelineistan de la Chine est déjà en place : le projet de pétrole Chine-Kazakhstan 2005, financé par le géant de l’énergie chinois CNPC.
Beaucoup plus est encore à venir, et les dirigeants chinois
s’attendent ce que la Russie riche en énergie joue un rôle significatif dans le cas de secours de la Chine ainsi planifié. Stratégiquement, cela représente une étape cruciale en matière d’intégration de l’énergie régionale, serrant le partenariat de la Russie et la Chine à l’intérieur de l’OCS aussi bien qu’au Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Lorsqu’il s’agit du pétrole, le nom du jeu est l’immense pipeline
de Sibérie Orientale-Océan Pacifique (ESPO). En août dernier, un tronçon russe long de 4000 kilomètres de Taïchet en Sibérie Orientale à Nakhodka, toujours à l’intérieur du territoire russe, a été commencé.
Le Premier Ministre russe Vladimir Poutine (actuel Président) a
salué l’ESPO comme « un projet vraiment complet qui a renforcé notre coopération énergétique. » Et fin septembre (2011), les Russes et les Chinois ont inauguré un pipeline long de 999 kilomètres de Skovorodino dans la région d’Amour de la Russie au concentrateur pétrochimique Daqing dans le nord-est de la Chine.
La Russie livre actuellement jusqu’à 130 millions de tonnes de
pétrole russe par an à l’Europe. Bientôt, pas moins de 50 millions de tonnes peuvent être dirigées vers la Chine et la région du Pacifique également.
Cependant, il y a des tensions bouillantes cachées entre les Russes et les Chinois lorsqu’il s’agit des questions énergétiques. Le leadership russe se méfie tout naturellement du progrès ahurissant de la Chine en Asie centrale, de l’ancienne ex-URSS « près de l’étranger. »
Après tout, comme les Chinois l’ont fait en Afrique dans leur
quête de l’énergie, en Asie centrale, aussi, les Chinois construisent des chemins de fer et présentent des trains de haute technologie, parmi d’autres merveilles modernes, en échange de concessions pétrolières et gazières,[89] renchérit Philippe Rekacewicz.
Malgré les tensions bouillantes qui couvrent entre la Chine, la Russie et les Etats-Unis, il est trop tôt pour être sûr de savoir qui est susceptible de s’imposer comme le vainqueur dans le nouveau grand jeu en Asie centrale, mais une chose est assez claire.
Les « Stans » d’Asie centrale deviennent des joueurs de poker à
part entière toujours plus puissants, et comme la Russie tente ne pas y perdre son hégémonie, Washington place tous ses jetons sur les pipelines destinés à contourner la Russie (y compris l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) qui achemine le pétrole d’Azerbaïdjan à la Turquie via la Géorgie) et de premières grandes mises de la Chine pour son avenir en Asie centrale. Quiconque perd, il s’agit d’un jeu que les « Stans » ne peuvent perdre mais uniquement qu’en profiter.
Récemment, un homme à la personne de Gurbanguly, le
dirigeant turkmène, a choisi la Chine comme son pays pour un prêt de 4,18 milliards de dollars supplémentaires pour le développement du sudYolotan, le plus grand gisement de gaz de son pays. (Les Chinois avaient déjà bombardé 3 milliards de dollars pour aider à développer).
Les bureaucrates de l’énergie à Bruxelles ont été dévastés. Avec
des réserves estimées jusqu’à 14 milliards de mètres cubes de gaz naturel, le gisement a le potentiel d’inonder l’Union Européenne affamée d’énergie avec le gaz pendant plus de 20 ans. Au revoir à tout cela ?
En 2009, les réserves prouvées du Turkménistan ont été
estimées à 8,1 trillions mètres cubes stupéfiants, le quatrième plus grand du monde après la Russie, l’Iran et le Qatar. Sans surprise, du point de vue d’Achgabat, capitale du pays, il semble invariablement pleuvoir du gaz.
Néanmoins, les experts doutent que la République d’Asie
centrale sans littoral, idiosyncrasique ait en réalité assez d’or bleu pour fournir la Russie (qui a absorbé 70 % de l’approvisionnement du Turkménistan avant l’ouverture de l’oléoduc en Chine), la Chine, l’Europe de l’Ouest et l’Iran, tous en même temps.
Actuellement, le Turkménistan vend son gaz à la Chine par
l’intermédiaires du plus grand gazoduc du monde, 7 000 kilomètres de long et conçu pour une capacité de 40 milliards de mètres cubes par an, la Russie (10 milliards mètres cubes par an, moins de 30 milliards par an jusqu’en 2008) et l’Iran (14 milliards de mètres cubes par an). Le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad est toujours accueilli avec le tapis rouge de bienvenue de Gurbanguly et du géant de l’énergie russe Gazprom, grâce à une politique de prix améliorée, et est traité comme un client privilégié.
Cependant, à l’heure actuelle, les Chinois sont sur le tas et plus
généralement, quoi qu’il arrive, il ne peut y avoir aucun doute que l’Asie centrale sera le principal fournisseur étranger de la Chine en gaz naturel.
D’autre part, le fait que le Turkménistan a, dans la pratique,
remis ses exportations de gaz futures à la Chine, la Russie et l’Iran signifie la mort virtuelle de divers plans de pipelines trans-caspiens longtemps favorisés par Washington et l’Union Européenne.
III. 3. 4. Iran-Pakistan-Inde (IPI) contre TurkménistanAfghanistan-Pakistan-Inde (TAPI)
Sur le front du pétrole, même si tous les « Stans » ont vendu à la Chine chaque baril de pétrole qu’ils pompent actuellement, moins de la moitié des besoins d’importations quotidienne chinois sont réunies. En fin de compte, seul le Moyen-Orient peut étancher la soif de pétrole de la Chine. Selon l’AIE, les besoins pétroliers complets de la Chine augmenteront à 11,3 millions de bpj d’ici à 2015, même avec la production intérieure atteignant 4 millions de bpj. Comparons cela à ce que certains fournisseurs de la Chine produisent maintenant : Angola, 1,4 millions de bpj, Kazakhstan, 1,4 millions aussi au Soudan, 400 000.
D’autre part, l’Arabie Saoudite produit 10,9 millions de bpj,
l’Iran autour de 4 millions, les Emirats Arabes Unis (EAU) 3 millions, le Koweït 2,7 millions et puis il y a l’Irak, à l’heure actuelle à 2,5 millions et susceptible d’atteindre au moins 4 millions d’ici à 2015.[90]
Pourtant, Pékin doit encore être pleinement convaincu qu’il
s'agit d'un approvisionnement sûr, compte tenu de tous ces agissements états-uniens, « des sites avant exploitation » dans les Emirats Arabes Unis, Bahreïn, Koweït, Qatar et Oman, en plus de ces groupes de bataille navals itinérants dans le Golfe persique, dans la province du Baloutchistan pakistanais et a obtenu d’Islamabad, « des garanties souveraines aux installations du port Gwadar est seulement à 400 kilomètres d’Ormuz.
Avec Gwadar, la marine chinoise aurait un port d’attache qui
permettra facilement de surveiller le trafic dans le détroit et un jour peutêtre même de contrecarré les desseins expansionnistes de la marine américaine dans l’Océan Indien.
Mais Gwadar a un autre rôle futur infiniment plus juteux. Il
pourrait s’avérer être le pivot dans une compétition entre deux pipelines discutés depuis longtemps : TAPI et IPI. TAPI signifie le pipeline Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde, qui ne pourra jamais être construit aussi longtemps que les Etats-Unis et les forces d’occupation de l’OTAN se battent contre le parapluie de résistance commodément nommé « Taliban » en Afghanistan.
IPI, toutefois, est le pipeline Iran-Pakistan-Inde, également
connu sous le nom de « pipeline de la paix » (qui bien entendu, ferait avec TAPI une « guerre de pipelines »). A la détresse incommensurable de Washington, en juin dernier (2011), l’Iran et le Pakistan ont finalement conclu l’affaire pour construire la patrie « IP » de l’IPI, avec le Pakistan assurant à l’Iran que l’Inde ou la Chine pourrait plus tard être incluse dans le projet de construction.
Que ce soit IP, IPI ou IPC (Iran-Pakistan-Chine), Gwadar sera
un nœud clé. Si, sous la pression de Washington, qui traite Téhéran comme la peste, l’Inde est obligé de se retirer du projet, la Chine a déjà clairement ce qu’elle veut.
Les Chinois construiraient un lien Pipelineistan de Gwadar le
long de la route de Karakorum au Pakistan à la Chine via le col de Khunjerab, un autre corridor terrestre qui s’avèrera être immunitaire aux interférences états-uniennes. Il aurait l‘avantage supplémentaire de couper radicalement la route pétrolière longue de 20 000 kilomètres autour du bassin d’Asie du Sud.
Sans doute, pour les Indiens, ce serait un son de cloche
stratégique de se déplacer pour s’aligner sur l’IPI, surenchérissant une profonde méfiance que les Chinois passeront à les déborder dans leur recherche d’énergie avec la stratégie du « collier de perles » : la mise en place d’une série de « ports d’attache » le long de ses itinéraires de ravitaillement de pétrole clés du Pakistan au Myanmar. Dans ce cas, Gwadar ne sera pas longtemps simplement un port « chinois ».
Quant à Washington, il estime toujours que si TAPI est
construit, il contribuera à empêcher l’Inde de pleinement briser l’embargo états-unien appliqué sur l’Irena. Le Pakistan affamé d’énergie préfère évidemment sa « praticable » alliée de la Chine, qui pourrait s’engager à la construction de toutes sortes d’infrastructure énergétique au sein de ce pays dévasté par l’inondation.
En bref, si la coopération énergétique sans précédent entre
l’Iran, le Pakistan et la Chine va vers l’avant, il sera le signal d’une défaite majeure pour Washington, dans le nouveau grand jeu en Eurasie, avec des répercussions géopolitiques et géoéconomiques énormes.
Pour le moment, la priorité stratégique de Pékin a été de
soigneusement développer un ensemble remarquable et diversifié de fournisseur d’énergie, un flux d’énergie qui couvre la Russie, la Mer de Chine du Sud, l’Asie centrale, la Mer de Chine orientale, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Amérique du Sud.
III. 3. 5. Le Golfe et son environnement stratégique
Le Golfe arabo-persique est une zone articulant rivalités
hégémoniques, enjeux pétroliers et géostratégiques. Cette zone présente un intérêt stratégique lié à ses ressources pétrolières : elle concentre les gisements de pétrole autour du Golfe (d'Oman à l'Irak et l'Ouest de l'Iran), d'ou l'enjeu de la maîtrise du territoire du Golfe, pour les ressources naturelles, mais aussi du contrôle des détroits de Bab El Mandeb et d'Ormuz, voies d'acheminement du pétrole.
La zone est répartie entre pays sous influence américaine ou
européenne, c'est-à-dire surtout l'Egypte et le Croissant fertile, et des pays anti-occidentaux ou du moins souhaitant une indépendance vis-à-vis de l'Occident, tel que l'Iran sous embargo de la communauté internationale.
Les influences étrangères, occidentales, sont en effet
nombreuses et participent de la complexité du jeu géostratégique au Moyen-Orient autour du Golfe persique : bases françaises à Djibouti et Abou Dhabi, bases américaines et centres de commandement américains le long du Golfe (Mascate, Qatar, Bahreïn, Koweït, Oman) mais également en Turquie, Ouzbékistan, Pakistan, etc.[91]
Les puissances occidentales interviennent également plus
indirectement avec une forte participation dans l'exportation d'armes vers le Moyen-Orient. La question du nucléaire est également primordiale dans les rapports de force de la région : le cas de l'Iran fait surgir le risque de la prolifération nucléaire.
Le Golfe persique accumule les enjeux du pétrole, de la
prolifération des armements de destruction massive, et de la sauvegarde de l'ordre régional, enjeux qui expliquent les différentes ingérences étrangères au Moyen-Orient.
Les ingérences des puissances extérieures ne sont pas
seulement au niveau du Golfe persique mais dans un cadre plus large du Moyen-Orient, avec comme but de contrôler et pacifier la région. C'est ainsi le souhait des Etats-Unis avec leur projet du Grand-Moyen Orient.
A la lumière de ce qui précède, nous pouvons déduire que la Chine, la Russie, l’Inde, l’Iran, et autres Etats que nous ne pouvons citer constituent aujourd’hui une menace permanente à la géopolitique hégémoniste des Etats-Unis d’Amérique tout simplement parce que ces Etats cherchent d’abord à s’affirmer comme une puissance régionale dans le domaine économique, financière et militaire.
Si nous prenons l’exemple de la Chine, nous comprenons que
contrairement aux Etats-Unis qui créent des situations conflictuelles pour mettre la main aux richesses du Grand Moyen-Orient, la Chine, elle, gagne les marchés à partir des moyens financiers qu’elle met en jeu, c’est-à-dire une coopération basée sur la considération mutuelle.
Etant au terme du présent chapitre, nous nous posons les
questions de savoir : quelles seraient alors les perspectives géopolitique et géostratégique au Grand Moyen-Orient ? Et quels sont les grands problèmes politiques pouvant compromettre ou permettre à la stabilité de la région la plus sensible du monde ? La lumière à ces préoccupations, fait l’objet de notre dernier chapitre qui se penche sur les « décompositions géopolitiques et géostratégiques de l’ordre régional. »
Chapitre Quatrième : DECOMPOSITIONS GEOPOLITIQUES ET GEOSTATEGIQUES DE L’ORDRE REGIONALE AU GRAND MOYEN-ORIENT
Dans ce dernier chapitre de notre travail, il est question de nous
fiscaliser sur les grands problèmes politiques et économiques qui font couler beaucoup d’encre et de salive dans le Grand Moyen-Orient et d’étudier l’influence américaine, eu égard aux mutations géopolitiques et géostratégiques régionales, en vue de nous lancer vers les perspectives de probables recompositions géopolitique et géostratégique qui pourront ou peuvent de créer dans le Grand Moyen-Orient.
Cela étant, nous nous pencherons de prime abord à énoncer le
plan de remodelage du Moyen-Orient, et ensuite les conséquences géopolitique et géostratégique sur la persistance ou la déchéance du régime baasiste syrien, les perspectives sur les conséquences territoriales de la Palestine et les conséquences géopolitiques du programme nucléaire iranien dans la configuration de l’ordre régional.
IV. 1. La vision géopolitique américaine du Moyen-Orient sur le plan de remodelage
Après avoir soutenu les Etats despotiques arabes au MoyenOrient et en Afrique du Nord, les Etats-Unis d’Amérique sont en train, pour préserver leurs intérêts économiques et stratégiques considérés comme vitaux, de changer leur approche de la sphère arabe et musulmane dont ils préparent le morcellement pour le plus grand bien également de leur protégé Etat d’Israël.
L’Initiative du Grand Moyen-Orient que Georges W. Bush avait
présentée en 2004 au G8 de Sea Island, comme « solution » au désordre dans cette région, serait mise en application dès la chute du régime iranien après celui de Syrie, comme nous le renseigne Pierre Hillard.[92]
IV. 1. 1. Les mutations politiques au Grand Moyen-Orient
Depuis un an (2011), les pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient connaissent des ruptures politiques et idéologiques d’avec les Etats autoritaires qui ont succédé aux ordres coloniaux.
Toute cette région est en proie à des convulsions violentes dont
les conséquences géopolitiques et stratégiques ne sont pas encore toutes visibles, bien que la plupart des analystes occidentaux pensent que les « révolutions arabes » qui ont bouleversé ou bouleverseraient les situations politiques internes ne conduiraient pas à des changements géostratégiques majeurs, dans le sens où, les alliances traditionnelles ne seraient pas remises globalement en cause.
Les pesanteurs spécifiques à cette région joueraient en faveur
de l’immobilité pour ne pas passer, dans une situation pleine de confusions et d’incertitudes, de l’instabilité de l’équilibre que les puissances arabes et musulmanes de la région ont, jusqu’ici, toléré au déséquilibre des forces entre, d’une part, la Turquie et l’Iran qui seraient en capacité de se doter de l’arme nucléaire, et, d’autre part, les autres Etats de la région MENA (Middle East and North Africa, c’est-à-dire Moyen-Orient et Afrique du Nord).
Pierre Hillard complète, en disant qu’au-delà du conflit israélo-
palestinien, pour les Etats-Unis d’Amérique qui n’ont pas abandonné la doctrine de Georges W. Bush qui consiste à recomposer l’espace arabe en un « Grand Moyen-Orient » dont la carte dessine des Etats dépecés, à l’exemple de l’Arabie Saoudite réduite à une portion infime, la question de sécurité américaine des intérêts vitaux qu’Henry Kissinger, l’ancien
Secrétaire d’Etat de Richard Nixon, avait théorisée et étendue jusqu’à l’Afrique du Nord, dans les années 1970, se polarise autour des ressources énergétiques sans lesquelles l’économie mondialisée cesserait de tourner.[93]
Les Etats-Unis d’Amérique ne procéderaient pas à la
recomposition prévue du monde arabe avant qu’ils ne s’assurent de la stabilisation des espaces en conflit notamment en Syrie qui constitue le nœud gordien de la situation au Moyen-Orient.
Il sied de savoir que, l’invasion de l’Irak le 20 mars 2003 a
constitué le début de la recomposition et de la décomposition géopolitique du Moyen-Orient. Cette invasion aurait été planifiée bien avant que ne se commettent les attentats du 11 septembre 2001 qui ont servi de prétexte pour lancer le plan Greater Middle East Initiative (Initiative du Grand Moyen-Orient) que Georges W. Bush présente aux huit grandes puissances (G8) réunies à Sea Island, aux Etats-Unis en 2004.
Cette initiative sur le « Moyen-Orient élargi et l’Afrique du Nord » visant à instaurer la démocratie dans le monde arabe et musulman, après avoir provoqué la controverse et l’inquiétude parmi certains participants en particulier la Russie et la France, a fini par être avalisée par les participants, même si Jacques Chirac avait exprimé de fortes réserves à l’égard de ce projet américain. Le chef de l’Etat français avait indiqué que « la réforme ne se (décrétait pas de l’extérieur » et que « les pays du MoyenOrient et de l’Afrique du Nord (n’avaient) pas besoin de missionnaires de la démocratie » mais de la résolution des conflits dans la région.
Des analystes et des diplomates occidentaux favorables au statu
quo, sous prétexte que les Relations Internationales sont fondées sur les relations entre Etats, alertaient leurs dirigeants des « dangers » à laisser les peuples arabes faire tomber « leurs » dictatures qui servent de rempart contre l’islamisme, arguant qu’en cas d’élections libres les partis de cette mouvance l’emporteraient très largement.[94] C’est le cas des élections récentes en Egypte qui ont vu la victoire du groupe islamiste « les Frères Musulmans » par leur candidat Mohamed Morsi.
C’est ici, l’occasion pour nous, de marteler le fait que,
contrairement à d’autres régimes dictatoriaux de ladite région, la tombée en désuétude du régime de Moubarak ne semble pas être la volonté américaine, d’autant plus que ce régime garantissait encore les intérêts américains, surtout que ces révolutions ont été menées par des islamistes radicalistes comme l’organisation proche du Hamas et ont bénéficié du soutien du régime iranien, à savoir le « Frères Musulmans. »
Les néoconservateurs américains qui ont ressorti ce plan de
remodelage du « Moyen-Orient élargi et de l’Afrique du Nord » que l’on croyait remiser par l’Administration Obama, notamment après le fameux discours que le Président américain avait prononcé le 4 juin 2009 au Caire, expriment leur conviction que le maintien de régimes despotiques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ne favorisait plus la stabilité dans la région et ne servait plus la sécurité du monde occidental.[95]
La seule solution, à leurs yeux, est d’exporter la « démocratie »
à laquelle Barack Obama avait consacré un chapitre dans son discours cairote. « Je sais, avait-il déclaré, qu’il y a eu des controverses sur la promotion de la démocratie, pour une grande part en relation avec la guerre en Irak. Mais je serai très clair : aucune nation ne peut imposer à une autre un système de gouvernement. Mais cela ne minore pas mon engagement envers les gouvernements qui reflètent la volonté de leur peuple. Chaque nation fait vivre ce principe à sa manière, enracinée dans ses traditions. L’Amérique ne prétend pas savoir ce qui est bon pour tout le monde. »
Malgré la rhétorique d’Obama, dans sa politique de promotion
de dialogue, nous estimons, que la politique étrangère étant d’une certaine façon, le miroir de non-dits, nous considérons que le plan de remodelage demeure une convergence dans l’opinion politique américaine que ça soit du côté républicain ou démocrate, bien que le décalage se crée dans la mise en pratique de ce projet.
Dans leur volonté de déchoir le régime des mollahs, les Américains pensent que la domestication de l’Iran passe nécessairement par la fragmentation de l’axe Damas-Téhéran-Hezbollah-Hamas et son isolement à défaut de ne pouvoir l’éliminer.
De ce point de vue, le Liban qui serait, à son tour, déstabilisé
après la chute du régime despotique syrien, constituerait pour Washington et Tel-Aviv la plateforme de leur projet de recomposition du Moyen-Orient selon des critères ethniques et confessionnels de la région.[96]
IV. 1. 2. Les transformations politiques récentes dans le Grand Moyen-Orient : mythe ou réalités ?
Il sied de savoir que, tout changement est une rupture avec
l’immobilisme morbide, mortel et mortifère, même si le changement ne va pas dans le sens espéré,[97] a déclaré Yamin Brahim.
Ces mouvements, d’un pays à l’autre, sont hétérogènes en
revendications, en mode d’expression et en indépendance.
Pour l’instant, nous constatons qu’il n’y a donc pas de
changement significatif ; mais les possibilités du changement réel deviennent plus impératives et seront davantage clarifiées une fois que l’expérience du vote et de la polyarchie sans programme de résistance et d’édification aura montré de nouveau ses limites en Egypte, en Tunisie, en Algérie, au Yémen et au Maroc.
Peut-on tirer un bilan précis et concis de ce vaste mouvement
populaire qui a nom le « Printemps arabe » (2011-2012) ?
Oui certainement. Philosophes, journalistes, politiciens de
droite comme de gauche, experts de tout poil et analystes arabophiles comme arabophobes tous tentent de présenter un bilan de ce mouvement diachronique.
S’y essaient également les partisans et alliés des peuples arabes
résistants et outrageusement dupés, réprimés, assassinés dans une dizaine de pays qui ont connu des soulèvements d’intensité et de durée variables que les médias mystifient à l’envi.
Nous pensons qu’il n’y a pas eu qu’un mais plusieurs « Printemps arabe », c’est-à-dire que le « Printemps arabe » s’est déroulé selon quelques scénarios différents, parfois issu de soulèvements spontanés, comme un cri de révolte d’un peuple pressuré, désœuvré, affamé.
Parfois, le soulèvement fut téléguidé de l’extérieur par des
puissances étrangères qui utilisaient la grogne populaire pour l’endiguer, l’orienter et se servir des révoltés comme chair à canon dans leurs desseins de soumission, de règlement de compte inter-impérialiste visant à changer la garde au pouvoir dans un pays ou dans un autre, les dirigeants en place étant trop discrédités pour donner le change et rassembler la populace autour de leur projet compradore (Ben Ali, Moubarak, Saleh).
Dans le cas de la Libye, le soulèvement fomenté et dirigé a
servi à arracher un pays des griffes d’une puissance impérialiste pour mieux le placer sous la coupe de ses nouveaux maîtres ; le peuple libyen n’a nullement bénéficié de ce vent de fronde et cette jacquerie manipulée et aujourd’hui il souffre sous la coupe de chefs de clans, de bandits, de mercenaires et d’affidés réactionnaires placés là par leurs maîtres dont l’un (Sarkozy) vient de recevoir son congé du peuple français déprimé.[98]
Après que nous ayons esquissé de manière claire la
géopolitique américaine de la région moyen-orientale, telle que définie par George W. Bush dans le sommet de G8 de Sea Island de 2004, traitons dès à présent, les grands problèmes politiques, économiques et culturels susceptibles de déséquilibres géopolitiques et géostratégiques dans ladite région.
Ainsi, nous nous posons la question de savoir : quelles sont les
motivations à la base de la révolution syrienne, en termes d’enjeux et perspectives ? C’est le point qui fera l’objet de notre étude dans les lignes qui suivent.
IV. 2. Les conséquences géopolitiques et stratégiques sur la persistance ou déchéance du régime baasiste syrien
Alors que les gouvernements tunisien et égyptien ont dû céder
face à la contestation (ou ont su en donner l’impression, à tout le moins), alors que l’Alliance atlantique a profité des troubles pour renverser le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, tandis que d’autres, comme au Bahreïn, se sont maintenus par la force ou, comme en Algérie, en Jordanie et plus encore au Maroc, par la ruse de quelques vagues promesses de réformes, exception faite du Yémen qui, en dépit du retrait apparent du président Saleh, s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos, martelons que la Syrie reste le dernier Etat empêtré dans ce phénomène que d’aucuns ont souhaité habiller d’une expression poétique, le « Printemps arabe ».
Les Yéménites étaient déjà sur les rangs, mais de nature polie,
ils avaient décidé de temporiser leur révolution pour laisser aux Egyptiens la priorité. Les Jordaniens commençaient à s’agiter un peu. Et le roi d’Arabie Saoudite commençait à distribuer des cadeaux à tour de bras pour calmer sa population. A ce moment là, peu de gens pariaient sur la Syrie.[99]
Le 31 janvier 2011, Bachar Al-Assad se fendait d’une interview
dans le Wall Streel Journal où il affirmait, parlant des événements : « Nous sommes hors de tout cela. »
Le 9 mars de la même année, Bachir El-Khoury écrivait dans « l’Orient le Jour », un journal libanais difficilement soupçonnable d’accointance pro-syrienne, un article au titre évocateur : « Pourquoi la Syrie ne tremble pas ? »
Et pourtant, le 17 mars 2011, le Conseil de sécurité vote
l’intervention en Libye. Le jour même, une source diplomatique arabe qui indique : « Cette décision libyenne est en fait un message à destination de la Syrie. »
Le 18 mars, la révolte en Syrie qui était restée sporadique
jusqu’à là devient « massive », et la répression prend le même chemin. La révolution syrienne est lancée.
Partant de ce bref aperçu, posons-nous la question de savoir :
quelles sont les causes de ces manifestations visant la déchéance du régime d’Assad (junior) ?
A notre humble avis, nous pouvons déclarer qu’il n'y avait pas
de raison pour que la Syrie, qui connaît les mêmes problèmes que les pays arabes déjà affectés par des révoltes, échappe au mouvement de contestation des pouvoirs en place que l'on a vus en Tunisie, en Egypte, en Libye et ailleurs.
Les raisons qui expliquent l'explosion de mécontentement
populaire en Syrie sont principalement d'ordre politique et économique. Depuis 1963, la Syrie vit sous un régime d'état d'urgence qui permet aux services de sécurité d'intervenir à tout moment et sans pratiquement aucun contrôle dans les affaires publiques et privées de la population.
Par ailleurs, elle vit sous un régime de parti unique, le parti Baas, qui a été consacré par la Constitution de 1973 comme le parti dirigeant de l'Etat et de la société. Cette situation a abouti à un grand vide politique. Faute de concurrents, le parti Baas s'est asséché et il est aujourd'hui réduit à une superstructure sans véritable contenu idéologique.
S'ajoutent à cela, des problèmes d'ordre économique liés à la
nationalisation de l'économie à partir du début des années 1960. L'économie étatisée a servi à fournir les salaires à des travailleurs qui étaient souvent recrutés non pas sur la base de leurs compétences, mais de leur allégeance au parti au pouvoir ou de leurs relations avec telle ou telle personnalité du monde politique, militaire ou sécuritaire.
Cela étant, dans cette partie du chapitre, nous aborderons les
points sur la digression autour de la théorie du complot, l’hérédité conflictuel de l’Israël, le blocage russe, les perspectives d’une éventuelle intervention militaire de la force internationale, et enfin, nous ferons une corrélation entre les différents régimes du Grand Moyen-Orient ayant des traits similaires aux régimes baasistes.
IV. 2. 1. Digression autour de la théorie du complot
Le 30 mars 2011, Bachar fait son premier discours post-
déclenchement de la révolution à la télévision syrienne. Il est tout sourire. Chacune de ses assertions est appuyée par des membres de l’assistance, venant tour à tour de différentes communautés syriennes. Son discours sera articulé autour de deux grands axes : « Nous allons faire des réformes » et « la révolution est un complot de l’extérieur. »
Pour ceux qui ont suivi les discours de Moubarak et de Kadhafi,
l’assertion laisse de marbre. Pourquoi les dictateurs pensent-ils pouvoir nous faire gober ces thèses d’un autre temps ?
Les arguments de Moubarak n’ont pas tenu plus de quelques
semaines, et le peuple unifié sur la place Tahrir lui a démontré qu’il n’était bon qu’à prendre sa retraite à Sharm el Cheikh. Quant à Kadhafi, la radicalisation de son discours a entraîné la radicalisation de l’opposition. Des lignes de fissures sont apparues dans la société libyenne et la révolution s’est transformée en guerre civile larvée, blocs tribaux contre blocs tribaux et un complément additif de l’OTAN a suffit pour faire le ménage.[100]
En Syrie, les choses ne sont pas aussi claires. Bachar bénéficie
encore du soutien d’une part importante de la population. Et si pendant longtemps les attaques contre les forces armées et de sécurité syrienne ont été occultées dans les médias à l’écart de tout soupçon, la militarisation d’une part de la rébellion est dorénavant évidente. Alors < Complot ou pas complot ?
IV. 2. 2. Israël : l’ennemi héréditaire
Nous observons une situation de crise, alors commençons par
nous pencher sur le seul pays qui soit en Etat de guerre avec la Syrie : l’Etat d’Israël.
Les deux pays ont, entre 1991 et 2000, essayé de négocier la
paix. Mais la mort de Hafez El Assad a détérioré la situation. Depuis, malgré une réelle bonne volonté syrienne la situation stagne. La Syrie exige la restitution du plateau du Golan occupé depuis 1967. Israël exige de la Syrie qu’elle arrête d’aider les groupes qu’il considère comme terroristes (Hamas et Hezbollah), avec en ligne de mire l’Iran. Et la situation se tend. En 2007, Israël bombarde une station de recherche nucléaire en territoire Syrien. De nombreuses menaces fusent.
Revenons à la révolution syrienne de 2011. Le régime se
retrouve face à une crise existentielle comme il n’en a jamais connu. Qu’en disent les dirigeants Israéliens, et mêmes les Américains ? « On va attaquer l’Iran » nous nous rendons sûrement compte, qu’en Israël, l’Iran c’est une obsession. Les politiques montent les unes après les autres au créneau, affirmant qu’il va être trop tard. Mais sur la crise syrienne < le silence.
L’important c’est l’Iran.
Pour le régime Syrien, la bonne nouvelle c’est aussi l’Irak. Contrairement aux autres pays de la Ligue Arabe, l’Irak et le Liban se sont prononcés contre toute sanction imposée à la Syrie.
Nouri Al Malikki (premier ministre irakien) s’est rapproché de
la position russe et a proposé à Barack Obama de servir d’intermédiaire avec Bachar Al Assad en vue de ré-ouvrir le dialogue entre ligue arabe et Syrie. L’Arabie Saoudite et le Qatar ont été outrés par cet affront. Le président irakien a reçu le feu vert d’Obama et a accepté au passage de porter les messages du président américain aux Iraniens.[101]
Sur le plan économique, lorsque l’accord de libre échange avec
la Turquie a pris du plomb dans l’aile, et que les sanctions internationales ont commencé à tomber, les syriens ont eu l’opportunité de réorienter leur économie vers un Irak bien plus amical. Un accord de libre échange serait actuellement en préparation. Pour une économie syrienne habituée à fonctionner sous sanctions occidentales, très peu endettée (8% du PIB) cette opportunité a permis de tenir < jusqu’à maintenant.
Déplaçons-nous vers le Sud Liban et vers Beyrouth. Le Hezbollah, parti politique libanais et mouvement de résistance chiite domine la scène politique libanaise. Et si ce pays a été au cœur des stratégies de tensions occidentales depuis 2005, il a jusqu’à présent réussi à maintenir péniblement une certaine forme de stabilité. Najib Mikati, milliardaire et magnat des télécoms a été nommé premier ministre avec le soutien du Hezbollah et des chrétiens de RPL le 25 janvier 2011. Il défend la neutralité forcée de son pays dans la crise syrienne.
Mais comment le Liban pourrait-il être neutre ? Avec le Hezbollah et sa puissante force armée, soutien pragmatique du régime de Bachar Al Assad ? Le leader du parti du Dieu, Hassan Nasrallah s’est exprimé le 7 février 2012 durant les commémorations de la naissance du prophète Mohammed.
Il a réitéré le soutien de son parti au régime de Bachar Al Assad
et a accusé les pouvoirs occidentaux et les autocraties arabes d’utiliser les manifestations pour changer le régime et miner les courants de résistances.
Il a affirmé : « L’opposition en Syrie a refusé les réformes et le
dialogue, ce qui a déclenché une guerre civile, pas une guerre sectaire. Ceux qui tiennent à la Syrie devraient engager le dialogue sans conditions »
Rejetant les accusations selon lesquelles les combattants du Hezbollah interviendraient aux cotés du régime syrien pour réprimer la révolution, il a appelé les musulmans sunnites et chiites à s’unir pour déjouer les plans américains dans la région.
Ce qui est à notre humble avis, un blocage pour la mise en
œuvre du plan de contrepoids face à l’hégémonie américaine dans la région. Parce que, les Occidentaux se fondent sur les divergences des autochtones pour concrétiser leur politique de prédateur.[102]
Revenons à Hezbollah, pour dire : comment croire en la parole
du chef d’un mouvement dont la branche armée est qualifié de terroriste par l’Union Européenne et les Américains ? Cette parole a au moins le mérite d’avoir été prononcée. L’histoire jugera. Car d’autres forces ne s’expriment pas sur la question et, en creusant un peu, il est possible de trouver les traces d’autres combattants libanais, s’infiltrant en Syrie pour se battre.
IV. 2. 4. Le blocage russe
Dans ce système géopolitique en équilibre complexe, un acteur
important achève de verrouiller la situation : la Russie et son double veto onusien. Quelles sont ses intentions ? Sont-elles nobles ? Ou calculatrices ? Nous pourrions en discuter s’il les Russes ne possédaient pas un intérêt stratégique fondamental pour eux en Syrie : le port de Tartous.
Tartous est le seul port russe en méditerranée, une donnée
stratégique incontournable pour une ancienne puissance qui ne cesse de reculer sur tous les fronts. Depuis 2008, l’OTAN patrouille librement en mer Noire. La défense anti-missile américaine continue de se déployer en Europe.
Si les Russes soutiennent bel et bien le régime de Bachar Al Assad, ils soutiennent avant tout leurs intérêts et luttent contre le « containment américain ». Sabaa en réfléchissant sur la question pense que, pour lâcher le port de Tartous, les Russes exigeraient d’énormes compensations. La situation est bel et bien bloquée.[103]
Outre cela, nous pensons que la Russie de Poutine cherche à
retrouver sa place de puissance et veut jouer un rôle principal dans les grandes questions internationales.
IV. 2. 5. Les perspectives d'une éventuelle intervention occidentale
Avant tout, la question est de savoir s’il y a matière à
intervenir : les chiffres invérifiables et invérifiés avancés de part et d’autre, dans le cadre de cette guerre médiatique que se livrent le gouvernement et certains courants de l’opposition, ne permettent pas de justifier une intervention.
Certes, en Libye, personne ne s’est embarrassé d’une
quelconque enquête sur la réalité des chiffres avancés. La résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a autorisé l’intervention (et ouvert le champ à toutes les dérives, à la destruction de la ville de Syrte, qui n’était certainement pas prévue par la résolution dont l’objectif officiel ne l’oublions pas était la protection des populations civiles), a été votée sur base d’un rapport de la Ligue des droits de l’homme libyenne, qui affirmait que le gouvernement avait massacré six mille personnes. On sait aujourd’hui que ce fut là un énorme bobard. En somme, rien n’empêcherait d’en faire autant dans le dossier syrien...
Mais il faut aussi s’interroger sur la faisabilité d’une telle
intervention. Une intervention est-elle possible ?
Le gouvernement syrien a le soutien de l’Iran, puissance
régionale dont l’entrée en scène dans un conflit en Syrie pourrait entraîner la déstabilisation, voire l’embrasement de toute la région, y compris des pétromonarchies du Golfe, ce que personne ne souhaite pour des raisons bien évidentes. Une implication de l’Iran pourrait en outre entraîner une réaction israélienne, avec les conséquences que l’on peut imaginer dans la géopolitique du Monde arabe.
La Syrie a également le soutien de la Chine, grand
consommateur de pétrole, qui s’approvisionne en Iran (la Chine aurait cela dit commencé à rechercher d’autres sources d’approvisionnement, dans la perspective d’une intervention occidentale contre l’Iran<), et de la Russie : Moscou, depuis les accords de Camp David, en 1978, c’est-à-dire le rapprochement entre l’Egypte et les Etats-Unis et la paix entre le Caire et Tel-Aviv, a progressivement perdu la bataille du Moyen-Orient, où il ne lui reste plus comme allié, aujourd’hui, que la Syrie.
Ainsi, dès que Français et Turcs, en novembre(2011), avaient
évoqué la possibilité d’une intervention commune en Syrie, la Russie avait envoyé des bateaux de guerre dans les ports syriens, pour marquer son territoire ; le message a été bien clair.
La Chine et la Russie sont toutes les deux membres permanents
du Conseil de sécurité et utiliseront certainement leur veto contre toute velléité d’ingérence en Syrie. Et on peut même s’attendre à ce que la Russie montre les dents si une intervention devait néanmoins se produire (comme il s’en est produit sans accord onusien, en 2003, par exemple, en Irak, ou dans le cas de la soi-disant « indépendance » du Kosovo).
La Chine et la Russie sont en outre, comme le pense Barthelemy Courmont, liées par le trop peu connu Traité de Shanghai de 1996, auquel l’Iran a été associée en tant qu’observateur en 2005. Ce traité, qui se profile de plus en plus comme le pendant sino-russe de l’OTAN, a été modifié en 2002, prônant un caractère « anti-hégémonique » à l’égard des États-Unis. La Syrie constitue dans ce cadre un enjeu de premier ordre.111
Mais la question ne s’applique pas qu’au gouvernement syrien :
l’opposition également doit accepter la négociation. Or, toutes les composantes de la contestation s’y refusent : « Bachar doit partir » ; les plus radicaux réclament même son exécution.
111 COURMONT, B., La Troisième Guerre mondiale pourrait commencer au Moyen-Orient, IRIS, Taïwan, 2012, p.
36.
Quoi qu’il en soit, après bientôt un an de troubles, tandis que la
guerre des propagandes fait rage, que les morts s’accumulent de part et d’autre et que la société se déchire un peu plus chaque jour, il semble bien que, en Syrie, la « révolution » soit impossible, si la communauté internationale surtout les pays détenteurs du droit de véto de pouvoir régler la crise, qui, à ce jour (octobre 2012, prend le tournant d’une guerre civile, en pleine capitale syrienne (Damas).
Etant arrivé au point crépusculaire de cette section, il sied
nécessaire pour nous de faire une corrélation entre le guide de la grande révolution « Al Fatha de la Jamahiriya Arabe libyenne populaire et socialiste[104], de Saddam Hussein et de Bachar Al Assad.
En effet, dans tous ces régimes, ils se caractérisent par trois
éléments à savoir : la kleptocratie, la clanocratie, le tribalisme et le clientélisme.
En ce qui concerne le premier élément (kleptocratie), il est
important de dire que dans tous ces régimes, il y a une sorte de vole de deniers publics institutionnalisés, parce qu’ils sont autoritaires.
Dans ces différents gouvernements, la succession se fait par les
liens d’appartenance ou d’allégeance politique, cela peut se démontrer par la présidence de Bachar Al Assad qui a succédé à son père et Saïf Islam qui était le potentiel successeur de Mouammar Kadhafi s’ils n’ont été déchus par l’OTAN ainsi que Saddam Hussein a aussi succédé à ses pairs.
Ses administrations se distinguent aussi par le clientélisme
politique et le tribalisme, c’est-à-dire, on accède aux postes de hautes responsabilités que par appartenance ou accointance politique au régime autoritaire. Si nous analysons, nous comprendrons que le régime de Saddam Hussein bénéficiait du soutien des Sunnites, et Bachar Assad de leur ethnie et la même chose pour Kadhafi à son fief de Syrte.
Un autre trait commun que nous ne pouvons omettre, c’est la
place qu’occupe l’armée dans ces régimes, du fait que l’armée sert de bouclier pour toutes susceptibles répressions populaires.
IV. 3. Les perspectives géopolitiques sur les conséquences territoriales de la Palestine
Le Hamas et le Fatah viennent de s'entendre, à la surprise
générale, pour former un gouvernement non partisan jusqu'à la tenue d'élections présidentielle et législative d'ici à un an. Ne manquerait plus qu'une reconnaissance de l'Etat palestinien par l'ONU ? Pas si sûr, tant cette initiative diplomatique pourrait devenir une bombe à retardement.
Dans la longue histoire des initiatives diplomatiques autour du
conflit israélo-arabe, tout laisse à penser que, c’est maintenant le tour de l’Assemblée générale des Nations unies d’en écrire un nouveau chapitre lors de la session à l’automne de l’année 2011 en adoptant, ou tout au moins en se proposant d’adopter, une résolution visant à reconnaître officiellement un Etat palestinien.[105]
Il convient d’emblée de rappeler que pour avoir force légale sur
le plan international, une résolution de ce genre devra être proposée et a fortiori entérinée par le Conseil de sécurité. Or les Etats-Unis d’Amérique ont déjà fait savoir qu’ils n’approuvaient pas cette initiative diplomatique. Le couperet du veto américain se précise donc. Supposons tout de même, simple hypothèse de travail, que les Etats-Unis s’abstiennent d’opposer leur veto et que la Palestine soit proclamée le 193ème Etat des Nations unies.
Cette reconnaissance n’apporterait pas de solution aux deux
points dont dépend tout accord de paix israélo-palestinien, à savoir : la question des frontières et ce qu’on appelle le « droit au retour » en Israël des Palestiniens partis en 1948 ainsi que de leurs descendants.
IV. 3. 1. Les négociations: des accords d’Oslo à aujourd’hui
Si, Israël et le Fatah négocient depuis près de 20 ans, le Hamas
refuse d’entamer des négociations avec l’Etat hébreu. Le mouvement islamiste ne reconnaît pas l’existence d’Israël.
De son côté, l’Etat hébreu refuse de négocier avec le Hamas qui « n'est pas un partenaire pour la paix », selon Benyamin Netanyahou mais « demeure engagé à la destruction d'Israël. »
a. Les accords d’Oslo
Les accords d’Oslo sont les premiers accords de paix entre Israéliens et Palestiniens, qui mettent fin à cinq années de violence, la première Intifada.
La Déclaration de principes, signée à Washington le 13
septembre 1993, en présence de Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, de Yasser Arafat, Président du comité exécutif de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) et de Bill Clinton, Président des Etats-Unis, pose les bases d’un processus de négociations censé apporter une solution définitive au conflit israélo-palestinien.
Les accords d’Oslo impliquent la reconnaissance mutuelle entre Israël et l’OLP. Les Palestiniens s’engagent à renoncer au terrorisme et à toute autre forme de violence. L’Autorité palestinienne, investie de pouvoirs civils et sécuritaires, voit le jour et le Conseil législatif palestinien est formé en 1996.
Ces accords, qui prévoient l'attribution progressive de
l'autonomie aux Palestiniens habitant les « Territoires palestiniens » reconnus par l’ONU, doivent aboutir à la constitution ainsi qu'à la reconnaissance par Israël d'un Etat palestinien dans la limite de ces zones. Ils prévoient le retrait des troupes israéliennes de ces zones, ainsi que leur prise en charge par les autorités palestiniennes. Une période de six ans (jusqu’en 1999) est définie pour mener à leur terme les négociations relatives au statut des Territoires palestiniens.
Mais l’assassinat du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, le 4 novembre 1995 par un Israélien d’extrême droite, ainsi que les attentats menés par le Hamas et le Djihad islamique contre Israël dans les années 1990 vont mettre en péril le processus de paix.
b. Le sommet de Camp David II
Sur invitation du Président américain Bill Clinton, Ehoud Barak, Premier ministre israélien et Yasser Arafat, président de l’Autorité palestinienne, se retrouvent à la résidence américaine de Camp David, en juillet 2000.
Les Israéliens proposent de restituer la totalité de la bande de Gaza et près de 90% de la Cisjordanie, les 10% restant seraient annexés par l’Etat hébreu. Mais les deux parties n’arrivent pas à se mettre d’accord sur certaines questions clés : les concessions territoriales d’Israël, le statut final de Jérusalem et du Mont du Temple/Esplanade des Mosquées et le problème des réfugiés et leur droit au retour.
Israéliens et Palestiniens vont se rejeter la faute de l’échec des
négociations. Les Palestiniens estiment que les Israéliens ne leur ont pas proposé assez, tandis que l’Etat hébreu affirme ne pas pouvoir faire d’offre plus généreuse.
c. Accords de Taba (ou Oslo II)
A la suite de l’échec du sommet de Camp David, la deuxième
intifada éclate en septembre 2000. Cinq mois plus tard, Bill Clinton convoque d’urgence Ehoud Barak et Yasser Arafat, avec l’espoir de ramener le calme à Gaza et en Cisjordanie. C’est le sommet de Taba, du 21 au 27 janvier 2001, dans la péninsule du Sinaï, au bord de la mer Rouge.
Cette fois, Ehoud Barak propose 97% de la Cisjordanie. Le
gouvernement israélien accepte aussi le principe de la partition et propose que Jérusalem devienne la capitale de deux Etats. Les quartiers arabes reviendraient aux Palestiniens, les quartiers juifs à Israël.
Mais plusieurs points essentiels opposent les deux parties,
notamment les questions de la sécurité de l’Etat hébreu et des réfugiés palestiniens. Après six jours de négociations, le sommet de Taba s’achève sur un échec.
d. Initiative de Genève
L’Initiative de Genève est un plan de paix alternatif établi par
les anciens partenaires des négociations de Taba. Signés le 1er décembre 2003 à Genève en Suisse, les accords sont très détaillés : Jérusalem, capitale de deux Etats ; évacuation par Israël de 98% de la Cisjordanie ; indemnisation des réfugiés palestiniens.
De nombreuses personnalités politiques soutiennent l’initiative. Mais Ariel Sharon, Premier ministre israélien, ainsi que l’Autorité palestinienne rejettent cet accord.
e. Feuille de Route
En 2003, le Quartette (Nations Unies, Etats-Unis, Union
européenne et Russie) met en place «la Feuille de Route». Celle-ci prévoit la création d’un Etat palestinien en un délai de 3 ans.
Selon son préambule, ce plan comporte « des étapes claires, un
calendrier, des dates limites et des critères destinés à encourager les progrès par des mesures réciproques des deux parties dans les domaines politique, sécuritaire, économique, humanitaire et de création des institutions». Acceptée par l'Autorité palestinienne, la Feuille de route est adoptée par le gouvernement israélien en mai 2003.[106]
La phase I prévoit de « mettre fin au terrorisme et à la violence,
normaliser la vie des Palestiniens et mettre en place les institutions palestiniennes. »
La phase II, établie de juin à décembre 2003, concentre les
efforts sur la création d'un Etat palestinien indépendant aux frontières provisoires, doté des attributs de la souveraineté et fondé sur la nouvelle constitution.
La phase III, prévue sur 2004 et 2005, doit préparer la résolution
portant sur le statut final où seraient réglées les questions des frontières, de Jérusalem, des réfugiés et des implantations juives.
f. Conférence d’Annapolis
La conférence d'Annapolis s'est tenue le 27 novembre 2007,
dans le Maryland aux Etats-Unis, en présence du président palestinien Mahmoud Abbas, du Premier ministre israélien Ehoud Olmert et du président des Etats-Unis, George W. Bush. L’objectif de cette conférence est d’aboutir à la création d'un Etat palestinien avant fin 2008.
La conférence d’Annapolis reste dans le cadre de l’application
de la Feuille de Route. Elle officialise pour la première fois la solution « à deux Etats ».
Les négociateurs s’attèlent à trouver un accord concernant le
statut de Jérusalem, le retour des réfugiés, le tracé des frontières, le démantèlement des implantations juives, l’accès à l’eau ou encore la coopération économique.
Mais les dirigeants de deux camps ne parviennent pas à
s’accorder sur une base de négociations communes, éloignant ainsi la perspective de trouver des compromis sur les questions clés.
g. Les dernières négociations
Le 02 septembre 2010, une poignée de main entre Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahou, Premier ministre israélien, symbolise la reprise des négociations directes entre les deux pays, sous l’égide du Président américain Barack Obama. Les pourparlers de paix étaient interrompus depuis l’offensive israélienne « Plomb durci » sur la bande de Gaza, en décembre 2008 et janvier 2009.[107]
Le président palestinien demande alors le prolongement du
moratoire sur la construction des implantations juives de Cisjordanie, interrompu depuis dix mois. En échange, Benjamin Netanyahou demande que les Palestiniens reconnaissent Israël comme l’Etat du peuple juif et la garantie sécuritaire qu’un retrait de Cisjordanie ne sera pas suivi d’attaques à partir des territoires évacués. Aucune de deux parties n’accèdera à la demande adverse.
IV. 3. 2. La question des frontières et le statut de Jérusalem
Quant à la question des frontières, le contentieux concerne le
statut de Jérusalem-Est et les implantations juives en Cisjordanie, car Israël s’est déjà retiré de la bande de Gaza et a cédé à l’Autorité palestinienne plus de la moitié de la Cisjordanie.
A en croire Perla Bren, la nouveauté à cet égard résiderait dans
le fait que, en cas de reconnaissance par l’ONU de l’Etat palestinien, Israël occuperait une partie d’un territoire appartenant à, ou revendiqué par, le nouvel Etat membre de l'ONU.
Or, il y a plusieurs cas semblables actuellement ; celui de la Turquie qui investit la moitié de Chypre depuis 1974, celui de la Russie qui en fait de même dans plusieurs parties de la Géorgie et de la Moldavie, et celui du même Israël qui lors de la guerre de 1967 prit à la Syrie le plateau du Golan.[108]
L’ONU n’ayant pas d’opération internationale en cours dans
aucun de ces cas, on ne voit pas pourquoi elle agirait avec plus d’emphase dans le litige territorial qui opposerait le nouvel Etat palestinien à Israël.
En ce qui concerne le statut de Jérusalem, il sied de savoir que
selon le plan de partage de l’ONU en 1947, Jérusalem devait être placé sous souveraineté internationale. Mais à la suite de la première guerre israéloarabe de 1948, l’ouest de la ville est occupé par les Israéliens et l’est par les Jordaniens. La ville trois fois sainte est alors divisée en deux jusqu’en 1967.
Après la guerre de Six Jours, Israël annexe la partie orientale de
la ville. En juillet 1980, le Parlement israélien déclare que Jérusalem «réunifiée» devient «capitale» de l'Etat d'Israël.
Pour Benjamin Netanyahou, Jérusalem est la « capitale
indivisible et unifiée » de l’Etat d’Israël. L’Autorité palestinienne réclame Jérusalem-Est comme capitale d’un futur Etat palestinien. Le Hamas, de son côté, appelle à «libérer» l’ensemble de la ville sainte.
Jérusalem abrite le Parlement israélien (la Knesset), les
ministères, la résidence du président de l’Etat d’Israël, ainsi que celle du Premier ministre. Mais la communauté internationale ne reconnaît pas Jérusalem comme la capitale de l’Etat hébreu. En conséquence, la plupart des ambassades étrangères sont domiciliées à Tel-Aviv.
De leur côté, les Palestiniens ont fait de Jérusalem un symbole
de la cause palestinienne et rêvent de voir Jérusalem-Est, la capitale de leur futur Etat.
IV. 3. 3. La rivalité Hamas et Fatah : obstacle de la reconnaissance palestinienne
Le climat de rivalité entre les deux factions palestiniennes
s’instaure dès la création du Hamas. Les deux frères palestiniens se disputent le soutien de la population palestinienne et le leadership de la cause palestinienne.
A la suite des accords d’Oslo en 1993, la rivalité s’accroît entre
les deux organisations. Le Fatah renonce alors à la lutte armée et reconnaît l’existence d’Israël, ce que refuse le Hamas.
Le parti de Mahmoud Abbas, qui tente de faire la paix avec
l’Etat hébreu, somme alors le mouvement islamiste de cesser ses attaques militaires contre «l’ennemi sioniste». Ce n’est que lors de la seconde intifada, déclenchée en 2000, que les deux factions mettent leurs différends de côté, embourbées dans le conflit qui les oppose à Israël.
En janvier 2006, à la surprise générale, le Hamas remporte les
élections législatives palestiniennes avec près de 56% des voix, contre son principal adversaire, le Fatah.
Plusieurs raisons expliquent l’arrivée du Hamas sur la scène
politique palestinienne : face à l’échec des accords d’Oslo et une seconde intifada meurtrière, la rancœur et la colère des Palestiniens envers l’Autorité palestinienne est sans précédent.
Face à la corruption qui gangrène le Fatah, la population a
perdu toute confiance dans le gouvernement de Ramallah.
De plus, les actions sociales et caritatives du Hamas ont permis
au mouvement de jouir d’une popularité croissante.
C’est donc un gouvernement d’union nationale qui est formé,
emmené par le Premier ministre du Hamas, Ismaël Haniyeh. Mais les deux factions palestiniennes ne parviennent pas à s’entendre.
En juin 2007, une guerre civile éclate à Gaza. Le Hamas prend le
contrôle du territoire par la force. Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, nomme alors un nouveau gouvernement à Ramallah, que le Hamas refuse de reconnaître. La scission entre Gaza et la Cisjordanie est née.
Depuis juin 2007, les territoires palestiniens sont contrôlés par
deux entités distinctes. L'inimitié à l'égard des membres du Hamas en Cisjordanie s'est systématisée sous le gouvernement de Salam Fayyad, actuel Premier ministre de l’Autorité palestinienne.
Les membres des forces de sécurité de la police palestinienne de Ramallah seraient formés pour « casser » les militants du Hamas. A Gaza, les membres du Fatah font profil bas et sont régulièrement pourchassés et arrêtés par la police du mouvement islamiste.
Mais la poignée de main entre Mahmoud Abbas et Khaled Mechaal a symbolisé la volte-face entre les deux anciens frères ennemis. Le président de l'Autorité palestinienne et le chef du bureau politique du Hamas ont conclu fin avril 2011 un accord de réconciliation au Caire, sous les auspices de l'Egypte.
L'accord prévoit la formation d'un gouvernement de
technocrates pour préparer de nouvelles élections dans les territoires palestiniens. Les deux factions ont décidé la libération de tous les prisonniers détenus de deux côtés.
Néanmoins, cette réconciliation est au point mort et achoppe
sur plusieurs points. Le Fatah et le Hamas n’arrivent notamment pas à se mettre d’accord sur la nomination du Premier ministre palestinien.
De ce qui précède, nous comprenons que la divergence entre
ces deux forces politiques de la nation palestinienne, reste et demeure une embuche pour l’accession de la Palestine à la souveraineté internationale.
Etant à la fin de cette section, attaquons maintenant, un autre
problème qui touche l’attention de l’opinion internationale, celui du programme nucléaire iranien.
IV. 4. Les conséquences géopolitiques du programme nucléaire iranien dans la configuration de l’ordre régional
La République islamique d'Iran fait face à un faisceau de crises
dont les dimensions globales et régionales se combinent. La crise nucléaire, avec le renforcement des sanctions, alimente des interrogations dans tout le Moyen-Orient et au-delà, qui suscitent menaces, risques et inquiétudes qui ont profondément modifié la posture et les attitudes des voisins de l'Iran.
Le contexte du Printemps arabe ajoute une dimension nouvelle
qui perturbe considérablement les rapports de force de cette région. Cet ensemble de phénomènes complexes qui renvoient tant à l'évolution des équilibres internes des sociétés des pays en cause qu'à l'implication d'un nombre croissant d'acteurs multilatéraux comme individuels, régionaux comme globaux, impose de poser sur ces situations un regard neuf et de livrer sur elles quelques clés de lecture.
Si la question nucléaire iranienne constitue aujourd'hui la
principale pierre d'achoppement autour de laquelle s'articulent les tensions entre Washington et Téhéran, ils convient de se rappeler que cet antagonisme entre la République islamique et les Etats-Unis puise sa source dans des évènements bien antérieurs à la révolution de 1979.[109]
L'analyse de l'histoire des relations entre les deux pays permet
de mieux saisir le pourquoi ainsi que l'étendue de la méfiance mutuelle qui bloque pour l'instant toute avancée diplomatique dans le dossier nucléaire iranien.
Au-delà de ce blocage entre les deux parties, l'analyse des
perceptions mutuelles permet ici d'apporter des éléments de réponse aux questions suivantes : pourquoi l'Iran chercherait-il à développer une capacité nucléaire militaire ? Pourquoi les Etats-Unis n'accordent-ils aucun crédit aux déclarations iraniennes arguant le caractère strictement pacifique du programme nucléaire de Téhéran ?
IV. 4. 1. L’Iran nucléarisé et les perspectives géopolitiques de la région
Aux Etats-Unis, et plus encore en Israël, traditionnel allié de Washington au Moyen-Orient, la perspective d’un Iran nucléaire est perçue comme une menace pour la sécurité nationale. Les possibles dangers d’un Iran nucléaire mais également ceux d’un Iran parvenu au seuil de l’arme atomique sont extrêmement variés et suscitent une multitude de scénarios.[110]
Un possible usage de l’arme nucléaire par le régime iranien. Si
ce scénario apparaît aujourd’hui peu probable pour beaucoup d’experts, le risque n’est pas exclu et n’écarte donc pas la possibilité pour Washington et/ou Tel Aviv, de recourir à une action militaire préventive ou préemptive au nom du principe de précaution.
Une éventuelle menace d’utiliser l’arme nucléaire, ce qui
remettrait en cause les calculs stratégiques et les libertés de manœuvres américaine et israélienne au Moyen-Orient. La menace d’utilisation de l’arme nucléaire par le régime iranien resterait dans la logique de l’ambiguïté dissuasive. Tout conflit au Moyen-Orient serait alors affecté par les « signaux nucléaires » iraniens. Dans ce cas de figure, ce n’est pas tant la menace iranienne contre le territoire américain qui inquiète les Etats-Unis, mais bien une réduction de leur liberté d’action au Moyen-Orient.
Une envisageable prolifération nucléaire initiée depuis l’Iran
vers des Etats radicaux la Syrie, la Birmanie ou des organisations terroristes et ce, avec ou sans l’approbation du gouvernement iranien.
Pour G. Allison, le scénario du terrorisme nucléaire représente
la plus importante menace pour la sécurité des Etats-Unis.
Cependant, dans l’hypothèse où le gouvernement iranien est
considéré comme rationnel, il estime qu’il n’y a que peu de chance de le voir livrer intentionnellement des armes nucléaires à des groupes terroristes, dans la mesure où cela reviendrait à mettre la possibilité d’emploi du feu nucléaire entre les mains d’acteurs que l’on ne peut entièrement contrôler.
Si un lien peut être établi entre une attaque nucléaire de nature
terroriste contre des intérêts américains et le régime des Mollahs, ce dernier peut s’attendre à de lourdes représailles.
Nonobstant ce raisonnement, la faiblesse de l’Etat iranien et la
corruption importante au sein du régime laissent toujours ouverte l’éventualité de la perte d’une tête nucléaire « par accident ». Ce risque ne peut donc en définitive pas être exclu.
Une réorganisation des rapports de forces au Moyen-Orient
pouvant amener à une politique étrangère et de défense iranienne plus agressive, ainsi qu’à une plus grande capacité d’influence iranienne sur les acteurs régionaux.
Cette remise en cause du statu quo pourrait dans les faits
conduire Téhéran à s’ingérer d’avantage dans les évènements en Irak et en Afghanistan, pour contrer les intérêts américains dans ces deux pays.
La détention par l’Iran d’une capacité nucléaire militaire
pourrait conduire plusieurs Etats arabes de la région, mais aussi la Turquie à rechercher également une pareille capacité afin de contrebalancer la puissance de Téhéran. Pareille course aux armements augmenterait le risque d’instabilité régionale, et par extension, le risque de conflit nucléaire et conventionnel.
Plusieurs pays arabes, tels que l’Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis et l’Irak ont déjà répondu aux activités nucléaires iraniennes par un intérêt croissant pour le « nucléaire civil » ; voie d’accès potentielle au know-how nécessaire à l’arme atomique.
Par ailleurs, depuis l’élection en 2005 d’Ahmadinejad à la
présidence de la République islamique et le durcissement du discours iranien, nous pouvons observer une augmentation des dépenses militaires au Moyen-Orient, un conflit généralisé dans la région, nucléaire ou non, engendrerait des retombées très lourdes sur l’économie mondiale et, par extension, sur l’économie américaine.[111][112]
A en croire Pascal Chaigneau, le risque que l’arsenal nucléaire
iranien ne tombe entre les mains d’un régime encore plus extrémiste, si l’actuel devait s’écrouler, ou qu’il devienne incontrôlable en cas de troubles internes trop importants. A l’instar des risques engendrés par l’instabilité récurrente au Pakistan, ce scénario est extrêmement dangereux dans la mesure où il est susceptible d’ouvrir la voie au terrorisme nucléaire.[113]
Une remise en cause du régime de non-prolifération nucléaire
fera que les ennemis de l’Amérique pourraient être tentés de suivre la même voie que Téhéran dans la course à l’atome.
Et la gestion de cette prolifération multiple par les Etats-Unis
serait autrement plus compliquée que le cas iranien actuel.
En outre, Washington verrait son influence et sa puissance sur
la scène internationale sérieusement écornées ; les risques évoqués précédemment dans le cas du Moyen-Orient pouvant dès lors se transposer à d’autres régions du monde, telle l’Amérique du Sud avec le Venezuela.
A terme, ce ne sont donc pas seulement les ennemis de
l’Amérique qui seraient susceptibles d’opter pour l’arme atomique. La logique du dilemme de sécurité, combinée à la faiblesse américaine pour faire face à ce type de crise, pourraient amener les alliés de Washington à s’écarter du parapluie nucléaire américain, afin d’élaborer leurs propres capacités dissuasives.
En remettant en cause l’équilibre des puissances au MoyenOrient, l’accès de l’Iran à la technologie nucléaire hypothèquerait la liberté d’action de Washington, à la fois selon un axe ouest-est, depuis la Turquie jusqu’au Pakistan, mais également selon un axe nord-sud, depuis le Kazakhstan jusqu’au détroit de Bab-el-Mandeb.
Outre les aspects énergétiques et les facteurs ayant trait aux
rapports de force entre les puissances, Washington dispute également sa guerre contre le terrorisme dans ces régions du monde.
Or, une remise en cause de sa marge de manœuvre servirait les
extrémistes. La menace contre sa sécurité ne proviendrait dans ce cas non pas directement de la capacité de feu nucléaire iranienne, mais plus de ses effets induits.
Plus globalement, c’est également la crédibilité même des EtatsUnis sur la scène internationale qui est en jeu, dans la mesure où l’accès de l’Iran à la bombe risquerait d’engendrer des répercutions plus importantes que le précédant nord-coréen. Pour ces raisons, la gestion de la question nucléaire iranienne par les américains relève d’une extrême importance.
L’éventualité d’une option militaire semble cependant
incertaine, tant les coûts financiers, militaires, diplomatiques, politiques d’une telle opération s’avèreraient prohibitifs face à l’incertitude des résultats.
De l’aveu même de Robert Gates, une frappe militaire ne ferait
que retarder le programme nucléaire iranien de quelques années ; le know how technologique ne pouvant être détruit aussi facilement. Toute action militaire est en outre susceptible de renforcer la détermination du régime des Mollahs à se doter d’une capacité nucléaire militaire, ce qui pourrait amener l’Iran à se retirer du TNP, à l’instar de la Corée du Nord.
Entre autres conséquences, l’Iran pourraient également
perturber, voire bloquer, le transit pétrolier du Détroit d’Ormuz. Si cela n’affecterait pas de manière vitale l’approvisionnement énergétique américain, les conséquences globales sur l’économie mondiale seraient considérables et affecteraient de facto les Etats-Unis.
Cependant, le risque d’une frappe américaine ne peut être
totalement exclu et constitue dès lors une incertitude de poids dont le rôle s’avère conséquent dans l’appréciation de la question nucléaire par les autres grandes puissances.
IV. 4. 2. Frappes militaires sur l'Iran : quels risques et conséquences régionales ?
Bien que le scénario des frappes militaires sur l'Iran ne soit
jamais été totalement exclu, celui-ci refait régulièrement surface à la une de l'actualité, principalement en fonction d'un agenda diplomatique judicieusement choisi.
Dernier exemple en date, les déclarations de plusieurs
responsables israéliens au début du mois de novembre (2011) qui, à l'instar du président Shimon Peres, estimaient que la solution militaire à la question nucléaire iranienne était dorénavant plus proche que la solution diplomatique.
Il sied de savoir que le choix de ces déclarations, à la veille de la
remise par l'AIEA de son dernier rapport sur les activités nucléaires de Téhéran, n'est pas anodin.
Il permet de mettre sous pression les grande puissances en
charge de la gestion du dossier avec un message sous-entendu mais on ne peut plus clair : « soit vous adoptez un rapport suffisamment incriminant justifiant des sanctions susceptibles de faire plier le régime des Mollahs et ainsi garantir notre sécurité, soit nous assurerons nous-mêmes cette sécurité par le biais d'une action militaire unilatérale dont les répercussions régionales devront être supportées par tous.[114] »
Il n'empêche que si ces déclarations interviennent généralement
à un moment politique judicieusement choisi, leur cantonnement actuel à la seule rhétorique n'a rien de définitif, Israël disposant de moyens suffisants que pour frapper les installations nucléaires iraniennes.
De même, les Etats-Unis et le Royaume-Uni n'ont également
pas pour leur part exclu un possible recours à la force, bien que ce scénario ne puisse intervenir qu'en dernier recours.
Mais la question est ici mal posée. Posséder une capacité
militaire suffisante que pour atteindre les installations nucléaires iraniennes en dépit des difficultés et des risques inhérents à une telle opération ne garantit en rien, que de telles frappes mettent un coup d'arrêt définitif au programme nucléaire de Téhéran.
Dans cette perspective, nous estimons que la vraie question
qu'il convient donc de se poser est la suivante : ces frappes auraient-elles bel et bien la capacité de stopper le programme nucléaire iranien ? Et ici, rien n'est moins sûr.
De l'aveu même de Robert Gates, une campagne de frappes,
même massive, ne permettrait que de retarder l'échéance d'un Iran nucléaire que d'approximativement 3 ans.
L'ancien secrétaire d'Etat à la défense est ici rejoins dans son
analyse par l'actuel chef d'état-major des forces armées américaines, l'Amiral Mike Mullen, auteur de déclarations similaires.
Aussi, quand bien même Israël et/ou les Etats-Unis et leurs
alliés décideraient de se lancer dans l'aventure des frappes militaires contre le régime des Mollahs, quelles pourraient-être les conséquences à l'échelon régional d'une pareille initiative ?
Tout d'abord nous l'avons dit, l'issue de ces frappes
demeurerait incertaine. Détruire les installations nucléaires critiques n'est en rien synonyme d'une annihilation du know-how dans le domaine du nucléaire militaire.
De plus, ces frappes justifieraient la rhétorique "anti-américano-
sioniste" du régime islamique et renforcerait plus que probablement sa volonté de se doter de l'arme nucléaire tout en lui donnant un argument de poids en vue de légitimer l'acquisition d'un tel armement.
A termes, l'acquisition par la république islamique d'une
capacité nucléaire militaire serait susceptible de plonger le Moyen-Orient dans une course aux armements dont la dynamique engendrerait instabilité et accroissement du risque de conflit.
Comme l'ont démontré les travaux de G. Allison, Professeur à
l'université d'Harvard : au plus grand est le nombre d'acteur possédant une capacité militaire nucléaire au niveau systémique (ici le Moyen-Orient), au plus grand est le risque d'une mauvaise interprétation de signaux nucléaires de chacun parmi ces acteurs et par conséquent, le risque de frappes préemptives.[115]
Au niveau de la politique intérieure iranienne, il convient de
garder à l'esprit que toute provocation se voulant déstabilisatrice en provenance de l'extérieure aura au contraire un effet stabilisateur à l'intérieur.
En effet, même si le régime actuel vit depuis le 12 juin 2009 sa
plus grande crise de légitimité depuis son avènement, il convient d'éviter les raccourcis simplificateurs. Exemple : un Iranien opposé au régime n'en est pas pour autant un Iranien pro-occidentaux.
La vision dichotomique selon laquelle les Iraniens opposés au
régime sont forcément favorables à l'Occident est donc à proscrire. De plus, les Iraniens sont très nationalistes et viscéralement hostiles à toute ingérence et intervention étrangère sur leur territoire, cela en raison d'une histoire profondément marquée par la lutte contre l'envahisseur étranger.
De ce fait, même si une campagne des frappes aériennes se
voudrait destinée à ébranler la république islamique, pareille intervention étrangère serait perçue par une grande partie de la population comme une agression, non pas contre le régime en tant que tel, mais bien contre l'Iran. Autrement dit, si Israël et/ou les Etats-Unis attaque(nt) la république islamique, les iraniens n'y verront majoritairement qu'une agression contre l'Iran dans sa globalité. Cela aurait pour effet de justifier et de crédibiliser totalement la rhétorique adoptée par le régime au cours de ces 30 dernières années.
Loin de déstabiliser la république islamique, une campagne
militaire contre les Mollahs ressouderait au contraire la population derrière le régime en vue de défendre le territoire national. Cela donnerait également un prétexte aux purs et durs pour resserrer encore plus l'étau autour des réformateurs partisans de l'ouverture.
La dynamique ascendante des Pasdarans et la militarisation en
cours de l'appareil d'Etat se verraient également renforcées. Le rouleau compresseur de la répression et de la suppression de (quelques) libertés individuelles se verrait gratifié d'un nouveau souffle.
En bref, tout comme le fut l'invasion irakienne de 1980, une
intervention militaire étrangère renforcerait donc le régime actuel et garantirait sa pérennité en hypothéquant pour de nombreuses années tout changement de régime initié depuis l'intérieur...
En cas de frappes israéliennes, la république islamique a d'ors
et déjà prévenu qu'elle frapperait le centre de recherche nucléaire israélien de Dimona à l'aide de missiles balistiques.
Bien que les Pasdarans disposent en effet de missiles dont la
portée leur permet théoriquement d'atteindre le territoire israélien, rien de garantit que cette tentative puisse être couronnée de succès : le système de protection anti-missile de Tsahal demeure très élaboré et de sérieux doutes persistent quant à la précision des capacités balistiques iraniennes.
IV. 4. 3. La première capacité de dissuasion de l'Iran face à Israël s'avère être le Hezbollah et le Hamas
Le deal actuel entre le Hezbollah et la république islamique est
le suivant : Téhéran pourvoit le mouvement libanais en matériel militaire, fournit une assistance à l'entraînement de ses troupes, lui apporte un soutien financier et politique mais en échange, le Hezbollah s'engage à frapper Israël si les forces de Tsahal s'en prennent à la république islamique.[116]
Et il faut dire que le soutien du régime des Mollahs est pour le
moins conséquent : l'apport financier de Téhéran à la milice libanaise se chiffre actuellement à un montant compris entre 100 et 200 millions de dollars par an selon les experts. Sur le plan militaire, l'Iran a fourni au Hezbollah plusieurs dizaines de milliers de roquettes et missiles sol-sol dont certains sont théoriquement capables d'atteindre le cœur du territoire israélien.
A cela viennent s'ajouter les nombreuses roquettes anti-char
dont l'efficacité a été prouvée lors du dernier conflit libanais de 2006. Point important, les systèmes d'arme les plus performants livrés par la république islamique ne peuvent en théorie être utilisée qu'avec son approbation, ce qui illustre bien la volonté de Téhéran de se construire une capacité de dissuasion vis-à-vis de l'Etat hébreu au travers des capacités militaires du Hezbollah.
Nous signalons ici que Téhéran avait d'ailleurs mal digéré que
certains de ces systèmes d'arme aient été utilisés sans son accord au cours du conflit de 2006...
Si le Hezbollah doit donc théoriquement constituer la première
ligne de riposte en cas d'agression israélienne contre le territoire iranien, on peut cependant se poser la question du caractère automatique de cette riposte à l'heure actuelle.
Aujourd'hui, le Hezbollah est intégré à la vie politique libanaise
et la voie politique s'est révélée ces dernières années comme le meilleur canal en vue d'étendre son influence dans le pays.
Dans ces conditions, le Hezbollah a-t-il toujours intérêt à
frapper Israël si ce-dernier s'en prend aux installations nucléaires de Téhéran ?
L'incertitude existe et la question se doit d'être posée. Qu'aurait
à gagner un Hezbollah intégré politiquement et au sommet de sa popularité à se lancer dans une aventure militaire au profit d'un Etat tiers, aventure qui entraînerait systématiquement des représailles de la part de Tsahal dont les premières victimes seraient les Libanais eux-mêmes ?
Si ces derniers incriminent le Hezbollah pour les préjudices
subis par une guerre qu'ils estiment ne pas être la leur, le mouvement d’Hassan Nasrallah pourrait bien y perdre de sa popularité à domicile.
Quant au mouvement palestinien, il est important de signaler
qu’il a depuis déplacé son QG de la Syrie à l'Egypte et il doit faire face à des difficultés financières qui ont entraîné un retard de paiement pour les 40 000 fonctionnaires de la bande de Gaza.
Dans ces conditions, rien ne laisse présager une participation
du Hamas à d'éventuelles représailles contre Israël en cas de frappes de Tsahal contre les installations nucléaires iraniennes. Mais là encore, le risque ne peut être exclu...
Le blocage ou du moins la perturbation du trafic maritime au
travers du Détroit d'Ormuz par lequel transite chaque année plus de 40% des importations mondiales de pétrole est également une autre possibilité de riposte de la part du régime iranien.
La marine iranienne se prépare depuis longtemps à cette
éventualité et même si ses capacités semblent ridicules au regard de la force navale américaine, sa capacité de nuisance à l'encontre les pétroliers est pour sa part bien réelle. On imagine aisément le chaos qu'engendrerait une marrée noire provoquée par la destruction d'une dizaine de superpétroliers dans le goulot d'étranglement que constitue le détroit d'Ormuz. Nul doute que les réactions internationales ne se feraient pas attendre, Etats-Unis en tête, dont la 5ème flotte possède ses quartiers à Bahreïn.
Il est cependant paradoxal de constater que les Etats-Unis sont
beaucoup moins dépendants du pétrole moyen-oriental que la Chine ou encore l'Union européenne. Aussi, est-on en droit de se demander si cette stratégie n'aurait pas pour l'Iran un effet négatif dans la mesure où elle serait susceptible de lui mettre à dos son principal soutient politique et économique qui n'est autre que Pékin.
Une attaque contre les bases américaines dans le Golfe est
également une éventualité quoi que l'on puisse douter des capacités iraniennes de prendre à partie les forces américaines stationnées dans la péninsule arabique.
En dépit de l'image négative de l'Iran auprès de la rue arabe, il
ne fait aucun doute que des frappes occidentales contre la république islamique contribueront à ternir encore un peu plus l'image de l'Occident, Etats-Unis en tête, au sein du monde musulman. Plus globalement, c'est la capacité de soft power de Washington auprès du monde musulman qui se verrait encore une fois écorchée.
Enfin, l'Iran ferait certainement preuve d'une politique
étrangère plus agressive et particulièrement là où ses intérêts s'opposent à ceux de Washington, à savoir en Irak et en Afghanistan.
IV. 4. 5. Les perspectives d'un Iran nucléaire : quel avenir pour les Etats-Unis ?
En Octobre 2011, aux Etats-Unis d’Amérique ont été fabriqués
des « charges bidons » tendant à prouver que l'Iran projetait d'assassiner l'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis. Aucun des "procureurs" chargés de l’affaire, n'ont réussi à prouver que Téhéran planifiait un tel acte insensé. En Novembre, 2011, a été publié par l'AIEA, toujours sans aucunes preuves, que l'Iran essaye de construire des armes nucléaires.
Le Détroit d'Ormuz voit passer 40% du transit du pétrole
acheminé par voie maritime. A la fin de décembre 2011 au début janvier 2012. L'Iran, sur un air de défi, a organisé quelques exercices navals à grande échelle dans le voisinage immédiat du détroit d'Ormuz. Dans cet endroit vital pour l'économie mondiale, elle a fait la démonstration de ses capacités en lançant des missiles mer-mer et sol-mer.
En réponse, les Etats-Unis ont déclaré qu'ils ne resteraient pas
sans réaction si l'Iran osait bloquer le Détroit d'Ormuz.
Les Etats-Unis d’Amérique, qui sont la puissance dominante
militairement au Moyen-Orient grâce à leurs bases dans les pays voisins de l'Iran et aux deux flottes stationnées à portée de l'Iran, ont le choix entre deux postures, dans la perspective d'un Iran doté de l'arme nucléaire, comme Jean-Michel Valentin le pense. [117]
La première solution serait de continuer à négocier avec l'Iran
tout en accélérant le processus de sanctions économiques, jusqu'à ce qu'elles affectent le pouvoir en place.
La seconde solution est d'accepter cette nouvelle puissance
nucléaire, ce qui aurait trois conséquences directes.
D'abord, il s'agirait d'un échec diplomatique important pour les Etats-Unis, mais les équilibres militaires resteraient inchangés entre les deux Etats, le décalage technologique restant disproportionné.
Ensuite, il s'agirait de la preuve incontestable de l'inutilité du TNP, déjà remis en cause par le retrait unilatéral de la Corée du Nord en 2003 ; ici, l'Iran n'aurait même pas pris la peine de sortir du TNP pour développer l'arme nucléaire.
En effet, les Etats-Unis d’Amérique pourraient choisir de
réviser leurs accords de défense avec tous leurs alliés de la région, accords qui comprendraient une garantie en cas d'attaque nucléaire de l'Iran. L'influence américaine pourrait alors, dans ce cas de figure, s'en trouver renforcée.
Etant arrivée à la fin des séries de chapitre, la partie qui suit
tentera de fournir des éclaircissements sur le contenu global de notre recherche mais aussi son sens conclusif.
CONCLUSION
Etant arrivé au crépuscule de notre recherche, centrée sur les « enjeux majeurs américains au Grand Moyen-Orient : perspectives d’une nouvelle ère géopolitique internationale », il sied nécessaire pour nous d’en fournir une perception récapitulative et réellement conclusive.
De manière globale, il est indispensable de rappeler que le
présent travail s’est attelé sur quatre chapitres.
Le premier chapitre, centré sur le champ épistémologique, nous
a permis d’étudier de manière critique, les concepts saillants de notre recherche, et d’en déterminer l’origine logique, la valeur et la portée objective, eu égard à notre sujet.
Dans le second chapitre, nous nous sommes penché sur les
enjeux sécuritaires américains face aux acteurs étatiques et non-étatiques. Ici, nous avons démontré comment les intérêts américains dans la région du Grand Moyen-Orient sont mis en cause suite à la présence de certaines organisations classées selon les Américains comme des « terroristes », à savoir : le Hamas, Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), l’Al-Qaïda dans le Péninsule Arabique (AQPA), le Hezbollah, les Talibans, etc., et aussi certains Etats (Pakistan et l’Arabie Saoudite) qui se sont révélés hypocrites dans leurs relations stratégiques avec les Etats-Unis d’Amérique.
Nous avons aussi fait savoir que malgré l’absence de Ben Laden, les différentes factions d’Al-Qaïda disséminées dans les coins et les recoins du monde peuvent faire mouche à tout moment et le terrorisme est loin de disparaitre.
Le troisième chapitre ayant pour intitulé : « enjeux énergétiques
de la politique étrangère américaine au Grand Moyen-Orient », nous a démontré de grandes barrières que font face l’influence américaine en matière de l’énergie, dues par la présence chinoise et Russe. La première (Chine) est entrain de gagner tous les marchés pétroliers de la région, et la deuxième par des partenariats stratégiques et techniques tant en matière minérale, énergétique que nucléaire.
En outre, il est nécessaire de signaler que la Chine a joué la ruse
de ne pas se positionner au même côté que les Etats-Unis d’Amérique dans la résolution de certains conflits de la région, et n’a pas envoyé ses militaires pour mener des opérations militaires dans ladite région
(Afghanistan, Irak, etc.).
Et il est, à ce jour, incontestable que les Etats de la région
cherchent à utiliser eux-mêmes leurs réserves pétrolières d’autant plus que leurs économies sont entrain d’émerger et ces derniers ont créé des réseaux de distribution du pétrole et du gaz (Turkménistan, Ouzbékistan, Kazakhstan et la Chine) dans le bassin de la Mer Caspienne, c’est-à-dire le « Pipelineistan » où se joue le nouveau grand jeu en Eurasie
Quant au Golfe persique, il sied nécessaire de savoir que les Etats-Unis dépendent à la hauteur de 35% de leur consommation pétrolière de l’étranger.
Dans ce volume, la moitié provient du Golfe persique. Ce pays
importe également 0,5% de gaz de cette région. L’Europe importe 56% de ses besoins pétroliers du Golfe persique. La Chine est à 60% et pourrait atteindre les 70% en 2015. Et finalement, le Japon est le plus important client du Golfe persique avec 80% d’importations.
Cependant, malgré sa faible dépendance du pétrole du Golfe
persique, les Etats-Unis ont la présence militaire la plus massive dans cette région. La raison de cette présence est non seulement la sécurité américaine, mais, pour être plus précis, tous les clients ainsi que les pays exportateurs dépendent de l’Etat qui contrôle le Golfe persique.
Le quatrième, et le dernier chapitre s’est appesanti sur les
décompositions géopolitique et géostratégique de l’ordre régional. Ici, nous nous sommes focalisé sur les grands problèmes politiques qui se préoccupent la région du Grand Moyen-Orient, qui apparaît à notre avis comme, la réalisation du plan de remodelage du Moyen-Orient initié par Georges Walter Bush.
Nous avons brossé le plan géopolitique américain sur
l’initiative du Grand Moyen-Orient qui vise à exporter la démocratie et lutter contre le terrorisme ainsi que des projets de développement. De manière officieuse, les Etats-Unis d’Amérique visent la tombée en désuétude des régimes qui sont hostiles à leur égard.
Outre ce plan macabre des Américains, nous nous sommes
penché sur les conséquences géopolitique et géostratégique de la persistance ou de la déchéance du régime baasiste syrien qui est en ce jour freinée par la Russie suite à la protection de leur base militaire de Tartous. Nous avons aussi fait les liens existant entre les régimes de l’Irak de Saddam Hussein et la Lybie de Mouammar El Kadhafi qui sont des régimes autoritaires et dictatoriaux.
Dans la même lancée, nous avons aussi abordé les perspectives
géopolitiques sur les conséquences territoriales de la Palestine. Sur ce point, nous avons constaté que les blocages de la reconnaissance de Palestine par le Conseil de Sécurité de l’ONU, sont à notre avis, la position du Hamas, qui est hostile à l’Israël, mais aussi le statut d’Etat souverain leur permettrait de commencer à revendiquer d’autres territoires qui se trouvent entre les mains d’Israël, et surtout le statut du Jérusalem. Sur le plan interne, la divergence entre Fatah et le Hamas et la mise en doute de l’autorité de Mahmoud Abbas en Cisjordanie est à prendre en considération sur la non reconnaissance de la Palestine.
Nous avons enfin analysé le point sur les conséquences
géopolitiques et géostratégiques du programme nucléaire iranien qui constitue aujourd’hui une pierre d’achoppement pour les Américains et les Israéliens, parce qu’il garantit un soutien aux organisations terroristes (Hamas et Hezbollah) et à la Syrie, mais aussi, parce qu’il s’avère que dans la géopolitique iranienne du Moyen-Orient, l’Etat d’Israël doit disparaître.
De manière conclusive, nous confirmons que les mobiles et/ou
les dessous des carte de la géopolitique américaine au Grand Moyen-Orient demeurent, ceux destinés à éviter l’ascension d’un concurrent dans la région, et de rester l’arbitre de tous conflits régionaux, en empêchant l’émergence d’autres puissances qui peuvent mettre en cause sa suprématie dans la région, en vue de mieux gérer les ressources énergétiques moyenorientales.
Il s’est avéré que l’initiative du Grand Moyen-Orient envisagée
par les Etats-Unis d’Amérique consiste la décomposition géopolitique de certains régimes autoritaires, hostiles à son gouvernement et qui soutiennent le terrorisme. Par cette géopolitique, les Américains veulent briser le carré d’As existant entre Téhéran-Damas-Hezbollah et Hamas.
Les barrières de la mise en pratique de la vision géopolitique
américaine, sont l’existence des organisations terroristes à tendances islamistes radicales, opposées aux Américains que nous avons de manière exhaustive démontrées le long du présent travail.
En outre, le retour de la Russie, et, la présence remarquable des Chinois dans la région, voire la volonté de certains Etats de la région de se doter des atouts d’une puissance régionale (Iran, Pakistan, Chine, etc.), constituent aussi, les adversités de l’hégémonie américaine au Grand Moyen-Orient.
Eu égard aux mutations géopolitiques et géostratégiques qui
secouent le Grand Moyen-Orient, les Etats-Unis d’Amérique sont en voie de perdre leur influence au bénéfice d’autres Etats (Chine, Russie, Iran<), et les islamistes radicaux ne cessent de gagner le terrain. Et certaines révolutions, n’ont pas fourni les résultats escomptés (Libye, Tunisie, Egypte<).
De tout ce qui précède, nous préconisons l’établissement des
alliances stratégiques, entre Etats de la région pour mettre en déroute, en créant un nouvel ordre constitutionnel impliquant tous les Etats de la région toutes tendances confondues (arabes, perses, etc.) pour faire face à la politique américaine au Grand Moyen-Orient et cela demande aux acteurs régionaux de mettant en arrière plan, les divergences ethniques entre Chiites, Sunnites, Kurdes, etc.
Nous n’avons nullement la prétention d’avoir épuisé de
manière exhaustive tous les aspects ayant trait à la géopolitique américaine du Grand Moyen-Orient. Ainsi le lecteur trouvera, sans doute, de nombreuses lacunes, dans ce travail, qui ne pourront ôter ce qui constitue son mérite le plus fondamental : son contenu et l’espoir qu’il suscite.
ANNEXES
La carte n°1 : Le Grand Moyen-Orient
Cette carte, nous fait voir, la région du Grand Moyen-Orient, comme un visé géopolitique des Américains, avant son remodelage tel que prôné par les dessus des cartes de la politique étrangère américaine.
La carte n°2 : Le Grand Moyen-Orient balkanisé
La présente carte, où on aperçoit certains Etats de la région balkanisés, démontre la réalisation du futur projet américain par l’affaiblissement de certains régimes de la région pour empêcher le leadership desdits Etats. Cette géopolitique prendra corps dès la déstabilisation du régime des mollahs.
La carte n°3 : Le nouveau grand jeu dans l’Eurasie par le Pipelineistan
Cette carte nous fait voir, la représentation de différentes zones d’exploitation pétrolière et le nouveau grand de la région centré sur l’établissement de pipelines dont la plupart parcourent les Etats du bassin de la mer caspienne (Turkménistan, Ouzbékistan et Tadjikistan) pour approvisionner la Chine qui a réorienté sa politique énergétique vers cette région en fuite du Détroit Ormuz et de Malacca contrôlés par les Américains. La carte n°4 : Les bases militaires américaines
La carte ci-dessus, nous montrant les différentes bases militaires américaines du monde, nous révèle qu’il y a une concentration de ces dernières (bases), dans la zone du Grand Moyen-Orient, c’est simplement parce que tout Etat qui caresse une géopolitique de puissance mondiale doit avoir le contrôle de cette zone qui est définie par les géopolitologue comme l’endroit où se joue la primauté du monde.
La carte n°5 : Le détroit d’Ormuz
Cette image de satellite nous montre l’endroit hautement stratégique de la région du Grand Moyen-Orient qui est le Détroit d’Ormuz. Il est stratégique dans la mesure où, il voit transiter toutes les productions pétrolières du golfe persique. Le positionnement de l’Iran dans cette partie de la région constitue le frein d’une attaque américaine au régime du Mollah parce qu’elles métraient en causes la transaction des productions pétrolières de la région.
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3. Syllabus
BIYOYA, M., Ph., « Initiation à la Géostratégie Théorique », Cours inédit, L1 RI, UPN, 2007-2008.
KABWITA, K., I., « Relations Internationales Africaines », Cours inédit, L1 RI, UPN-Kinshasa, 2010-2011.
KABWITA, K., I., « Questions des conflits internationaux », Cours inédit, L1 RI, UPN-Kinshasa, 2005-2006.
KABWITA, K., I., « Sociologie des conflits internationaux », Cours inédit, L2 RI, UPN-Kinshasa, 2011-2012.
MBIKAYI, A., « La géopolitique », cours inédit, L1 RI, UPN-Kinshasa, 2010-2011.
4. Mémoire, TFC et Thèse
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NTUMBA, N., « Les Etats-Unis d’Amérique et l’après-guerre froide : statuts d’une superpuissance », Mémoire, UPN-Kinshasa,
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5. Consultation des sites Internet
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TABLE DES MATIERES
I. 2. 1. Importances géologiques et énergétiques du Grand Moyen-Orient................ 22
II. 3. L’après Ben Laden et les perspectives géopolitiques du terrorisme au Grand Moyen-Orient 72
III. 1. 1. La diplomatie pétrolière au centre de la stratégie arabe de la Chine............ 82
III. 1. 2. Le Moyen-Orient au cœur des enjeux énergétiques : la carte saoudienne.... 86
III. 2. 1. Offensive diplomatique russe dans l’ensemble du monde arabe.................... 91
IV. 1. 1. Les mutations politiques au Grand Moyen-Orient........................................ 115
IV. 2. 5. Les perspectives d'une éventuelle intervention occidentale.......................... 126
IV. 3. 3. La rivalité Hamas et Fatah : obstacle de la reconnaissance palestinienne.. 135
IV. 4. 1. L’Iran nucléarisé et les perspectives géopolitiques de la région.................. 138
IV. 4. 2. Frappes militaires sur l'Iran : quels risques et conséquences régionales ?.. 142
IV. 4. 5. Les perspectives d'un Iran nucléaire : quel avenir pour les Etats-Unis ?.... 149
[1] BIYOYA, M., Ph., « Initiation à la Géostratégie Théorique », Cours inédit, L1 RI, UPN, 2007-2008, p. 13.
[2] MOREAU, D., Ph., Introduction à la géopolitique, éd. Du Seuil, Paris, S.d, p. 4. 3 Ibidem, p. 8.
[3] CELERIER, P., Géopolitique et géostratégie, Coll. Que sais-je ?, Paris, 1955, p. 12
[4] LACOSTE, Y., Géopolitique et géostratégie, éd. Economica, Paris, 1980, p. 27. 6 CELERIER, P., Op. cit., p. 21.
[5] GALLOIS, P., Géopolitique, les voies de la puissance, éd. Plon, 1990, p. 317.
[6] LACOSTE, Y., Op. cit., pp. 64-65.
[7] RATZEL, F., cité par KORINMAN, M., La géographie politique, éd. Fayard, Paris, 1987, p. 12.
[8] HAUSHOFER, K., De la géopolitique, éd. Fayard, Paris, 1986, p. 103. 11 Ibidem, p. 104.
[9] LOSSONGO, P., Géostratégie et autres concepts stratégiques, éd. ICRIS, Kinshasa, 2011, p. 23.
[10] CHALIAND, G., Les maîtres de la stratégie, éd. Fayard, Paris, 1990, p. 41.
[11] . MACKINDER, H., .J., cité par Alexandre de MARENCHES, Atlas géopolitique, éd. Karthala, Paris, 1988, p. 10. 15LOROT, P., cité par MBIKAYI, A., « La géopolitique », cours inédit, L1 RI, UPN-Kinshasa, 2010-2011, p. 20.
[12] LOSSONGO, P,, Op. cit, p. 66.
[13] LOSSONGO, P., Op. cit, p. 2.
[14] GUILMARTIN, J., Gunpowder and Galleys. Changing Technology and Mediterranean Warfare at Sea, Cambridge University Press, Cambridge, 1974, p. 21.
[15] COUTAU-BEGARIE, H., Géostratégie de l’océan Indien, éd. Economica, Paris, 1993, p. 36. 20 Idem, Géostratégie du Pacifique, éd. Economica,, IFRI, Paris,1987, p. 74.
[16] CROISIER, C., « La doctrine Bush de remodelage du Grand Moyen-Orient : entre idéalisme et pragmatisme », in www.diploweb.com, consulté le 23 mars 2012.
[17] MARTHY, J., « De Jérusalem à Kaboul, la recrudescence des crises » , in L'Humanité, n° 0123, 04 janvier 2006, p. 25.
[18] FRANK, J., Les Etats-Unis au miroir du monde, éd. Plon, Marseille, 2011, p. 27.
[19] Ibidem, p. 36.
[20] WILLIAM’S, T., La géopolitique des Etats-Unis d’Amérique: calcul stratégique dans le domaine militaire, éd. Karthala, Paris, 2008, p. 102.
[21] . JOHN, I., G., « Illusions of Empire: Defining the New American Order », in Foreign Affairs, March-April 2004, p. 47.
[22] KIMBERLY, A., « The U.S. Debt and How It Got So Big », About.com, consulté le 07-01-2012.
[23] MATELLY, S., Quelles marges de manœuvre financières pour Barack Obama ?, IRIS, Paris, 2011, p. 15.
[24] Ibidem, p.17.
[25] WILLIAM’S, T., Op. cit., p. 79.
[26] DENECE, E. et REVEL, Cl., L'autre guerre des États-Unis, économie : les secrets d'une machine de conquête, éd. La Découverte, Paris, 2010, pp. 71 -73.
[27] DUGUA, P.Y., « Dollar faible : l'Amérique en solde pour les touristes », in Le Figaro du 13 sept. 2007, pp. 2325
[28] Dictionnaire Larousse, sous vocable : « Perspective », éd. Larousse, Paris, 2012, p. 1243
[29] « Perspective », in www.wikipedia.org, consulté le 30 mars 2012.
[30] KABWITA KABOLO IKO, « Relations Internationales Africaines », Cours inédit, L1 RI, UPN-Kinshasa, 20102011, s.p.
[31] ASSONGE, J., « Pakistan un allié inconfortable », in www.wikileaks.org, consulté le 31 novembre 2011.
[32] DENECE, E., Pakistan : L'ISI, un service de renseignement puissant et contesté, CFRR, Paris, 2011, p. 5. 41 GUILLARD, O., Les relations pakistano-américaine en gestation, éd. Fayard, Paris, 2011, p. 23.
[34] Ibidem, p. 41.
[35] GUILLARD, O.,, Op. cit., p. 26. 45 Ibidem, p. 28.
[36] LUKUNGA, N. F., « Instrumentalisation du Droit International par les grandes puissances face aux Etats faibles : cas de l’intervention américaine en Irak de 2003 à 2009 », TFC, UPN-Kinshasa, 2010, p. 24.
[37] BENCHABANE, A., « La désillusion saoudienne », Conférence Internationale sur le Terrorisme, in El Watan, 8 février 2005, p.41.
[38] BRADLEY, J., « Le double jeu des Saoudiens », in Courrier international, n° 774, 01 sept. 2005, p. 21
[39] Ibidem, p. 22.
[40] KABWITA, K., I., « Questions des conflits internationaux », Cours inédit, L1 RI, UPN-Kinshasa, 2005-2006, p.
[41] .
[42] KOSLOV, R., « Russia Says Hezbollah and Hamas are not Terrorists », La Russophobe, n° 012, du 30 juillet 2006, p. 30.
[43] LEGRAIN, J., Fr., Les Voix du soulèvement palestinien 1987-1988, Centre d'études et de documentation économique, juridique et sociale (CEDEJ), Le Caire 1991, p. 211.
[44] Interview d'Alix Van Buren parue le 27 janvier 2006 dans le quotidien italien La Repubblica et traduit par ISM.
[45] KARIM, B., « Le Hamas refuse toujours de reconnaître Israël », Nouvel observateur, 9 février 2007, p. 16.
[46] MECHAAL, K., « Nous voulons un État dans les frontières de 1967 », www.wikipedia.org, consulté le 30 mars 2012.
[47] MATHIAS D., « Le Hamas et la reconnaissance d’Israël », in Le Monde diplomatique, PUF, janvier 2007, p. 61.
[48] Ibidem, p. 63.
[50] JULIO P., « Un groupe allié d'Al-Qaïda annonce changer de nom sur ordre de Ben Laden », in Agence Francehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Agence_France-PressePresse, du 26 janvier 2007, p. 29.
[51] MERCHET, J.D., « AQMI : l'otage Michel Germaneau est mort de maladie, faute de médicaments », in
[52] VANESSA, D., « 250 terroristes éliminés en deux ans », in L'Expression, 21 avril 2009, p 3
[53] DANIEL, S. « Mali : Al-Qaïda hausse le ton, menace d'exécuter un otage français », AFP, 11 janvier 2010, p.
[54] .
[55] « Organisation AQMI annonce avoir executé l'otage Michel Germaneau », sur www.france-info.com, consulté le 25 juillet 2010.
[56] SAINT-PROT, Ch., « Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat », in Valeurs actuelles, n°3870, 27 janvier 2011, p. 39
[57] SANABANI, F., « Un regard yéménite sur l’expansion d’Al-Qaïda au Yémen », in Le Monde, du 1er novembre 2010, p. 8.
[58] PERRIN, J.P., « Al-Qaeda relocalisée au Yémen », in Cohabitation, n° 10, du 13 mai 2011, p. 5
[59] CHARARA, W. et DOMONT, F., Le Hezbollah, un mouvement islamo-nationaliste, éd. Fayard, 2004, p. 15
[60] SAMAAN, J., L., Les Métamorphoses du Hezbollah, éd. Karthala, Paris, 2007, p. 36
[61] GRESH, A., « Le Hezbollah et Al-Qaïda », Interview d'Hassan Nasrallah par Alain Gresh, in Le Monde diplomatique, 5 juin 2007, p. 43
[62] TADJINE, T., Témoin au Liban avec le Hezbollah, éd. L'Harmattan, Paris, 2008, p. 47.
[63] YAGHI, J., « Les Conséquences de la révolution religieuse iranienne sur l'émergence du Hezbollah et sa dimension sur la scène libanaise », Thèse de doctorat, Université de Nice, 2000, p. 231.
[64] NAHMIAS, R., « Iran censors Nasrallah to protect Lebanese sensibilities, in Yediot Aharonot, n° 051, 18 août 2007, p. 11.
[65] FILIU, J., P., Le protecteur de Ben Laden dans le collimateur de Washington, éd. Flammarion, Lyon, 2008, p.
[66] PORTER, P., « Surprenante souplesse tactique des talibans en Afghanistan », Le Monde Diplomatique, novembre 2009, p. 30.
[67] DELPECH, T., L’ensauvagement. Le retour de la barbarie au XXIe siècle, Hachette, Paris, 2005, p. 28.
[68] Ibidem, p. 30
[69] MONGRENIER, J., S., « Le Monde après Ben Laden », in Afrique Magazine, n° 309, juin 2011.
[70] « La contre-figure de Ben Laden et son impact historique », in www.Israël-Palestinele CHRONOBLOG.com, consulté le 29 février 2012.
[71] BACKMANN, R., « Le Moyen-Orient et le monde - après Ben Laden », in Nouvel Observateur, n°0121, mars
[72] , p. 34
[73] PERTUZIO, A., « La géostratégie des crises au Grand Moyen-Orient », in Questions internationales, Février 2009, p. 186.
[74] LUKUNGA, F., Loc. cit, p. 42
[75] PERTUZIO, A., Op. cit., p. 191.
[76] PAILLARD, C., « Géopolitique des hydrocarbures : Le Moyen-Orient au cœur des enjeux énergétiques du XXIe siècle », in Moyen-Orient, n° 8, Octobre-Décembre 2010, p. 13.
[77] Ibidem, p. 20.
[78] BALIM, N., Le retour en force de la Russie dans l’échiquier international, éd. Hachette, Bruxelles, 2009, p. 14.
[79] Ibidem, p. 16.
[80] VIATCHESLAV, A., « La Russie et l’islam », in Le courrier des pays de l’Est, n° 021, avril 2005, p. 52.
[81] BERNARD, J., « Le retour de la Russie au Moyen-Orient ? », in Géostratégiques n° 8, Juillet 2005, p. 7.
[82] NOCETTI, J., La Russie au Moyen-Orient: une politique de puissance aux moyens limités, éd. Fayard, Paris, 2011, p. 57.
[83] MONGRENIER, J., S., « L'alliance Moscou-Damas dans un Moyen-Orient en effervescence », in le Figaro, 16 Février, 2012, p. 6.
[84] GOTTEMOELLER, R., « La Russie signe un accord de coopération nucléaire avec l’Iran », Le Monde, 1er mars 2005, p. 36.
[85] MINOUI, D., « Malgré le risque, l’Iran attire les investissements étrangers », Le Figaro, 10 mai 2005, p. 8.
[86] Ibidem, p. 10.
[87] REKACEWICZ, Ph., « Le Nouveau grand jeu autour du pétrole et du gaz », in Le Monde diplomatique, juin 2007, p. 23.
[88] MINOUI, D., Art. cit., p. 11.
[89] REKACEWICZ, Ph., Art. cit., p. 25
[90] Ibidem, p. 26.
[91] PAILLARD, C., Art. cit, p. 19.
[92] HILLARD, P., « La recomposition géopolitique programmée du Grand Moyen-Orient », in Le Figaro, 18 avril 2012, p. 9.
[93] Ibidem, p. 10.
[94] CHEIKH, D. , M., Les Révolutions arabes, rétrospectives et perspectives, éd. Karthala Paris, 2012, p. 101.
[95] MARCEL, P., Grand Moyen-Orient: la guerre ou la paix, éd. Flammarion, Paris, 2012, p. 61.
[96] NDIAYE, M., B., « Etat des lieux du dossier nucléaire iranien », in Le Parisien, du 07 juin 2010, p. 12.
[97] BRAHIM, Y., A la faveur des révolutions arabes, les Etats-Unis déploient leur « Initiative du Grand MoyenOrient, éd. Hachette, Paris, 2012, pp. 23-24.
[98] RABINOVICH, A., Le « printemps arabe » bilan d’un avortement, éd. Hachette, Paris, 2012, p. 23.
[99] MAZRI, O., Révolutions et contre-révolution dans le monde arabe, éd. Conseils, Alger, 2012, p. 68.
[100] RABINOVICH, A., Op. cit., p. 26.
[101] LEVERRIER, I., « Syrie : L'éventualité d'une démission de Bachar Al-Assad paraît exclue », in Le Monde, du 2303-2011, p. 12.
[102] COUSTILLIERE, J-Fr., « Quel avenir pour la Syrie et le Liban ? », in Le Monde diplomatique, www.lemondediplomatique.org, consulté le 02 juin 2012.
[103] SABAA, B., « Syrie: tout est dans les mains d'Assad et des Russes », in Figaro, du 19 mars 2012, p. 21.
[104] YAHMED, B., « Les Etats-Unis d’Afrique », in jeune Afrique intelligent, n°8, septembre 2010, p. 18.
[105] DE KONINCK, Ch., « Tensions autour de la reconnaissance officielle d’un Etat palestinien », in Nouvelles et nouveautés, Numéro spécial, du 16 septembre 2011, p. 41.
[106] GILBERT, B., La fausse bonne idée d'un Etat palestinien reconnu par l'ONU, éd. Dalloz, Paris, 2011, p. 12.
[107] GOUËSET, C., Etat de Palestine à l'ONU, la course d'obstacles, éd. La Découverte, Paris, 2011, p. 51.
[108] PERLA, B., « La Palestine à l'ONU : une demande légitime ? », in Politique et société, n°030, du 04 octobre 2011, p. 47
[109] EIFFLING, V., L'Iran et les grands acteurs régionaux et globaux. Perceptions et postures stratégiques réciproques, éd. Fayard, Paris, 2012, p. 102.
[110] CHALIAND, G., D’une guerre d’Irak à l’autre, éd. Métailié, Paris, 2011, p. 191.
[111] NEISIM, S., « La stratégie nucléaire iranienne », in Documentation française », n° 12, 10 décembre 2010, p.
[112] .
[113] CHAIGNEAU, P., Enjeu politiques et diplomatiques du nucléaire iranien, éd. Economica, Paris, 2005, p. 152.
[114] DALOUR, B., Iran nucléaire, Iran du seuil : risques systémiques au regard du prisme des perceptions américaines, éd. L’Harmattan, Paris, 2011, p. 92.
[115] ibidem, p. 99.
[116] CHAIGNEAU, P., Op. cit., p. 160.
[117] VALENTIN, J-M., « La guerre à venir ? L’Iran et le système stratégique américain », in Défense et sécurité internationale, n° 05, juin 2010, p.18.