La ville de Kinshasa, comme le pays dont elle est la capitale, est marquée par des contrastes entre les opportunités et potentialités qu’elle renferme et la réalité de la qualité de la vie de sa population, en termes des services sociaux de base : logement, eau potable, électricité, transport, santé et éducation.
Malgré les conditions de vie difficiles de la plupart de ses habitants qui, à tort ou à raison, estiment vivre dans l’enfer, Kinshasa a donc des atouts qui sont des véritables dons du ciel et qui feront de cette ville un paradis si et seulement si lesdits atouts sont exploités à bon escient dans le cadre d’un plan d’urbanisation à mettre en œuvre.
En dépit de ses potentialités économiques, démographiques, géographiques et écologiques, décrites ci-avant, Kinshasa affiche beaucoup de faiblesses dues essentiellement aux 4 facteurs ci-après :
La répartition spatiale déséquilibrée de sa population ; La prise en charge déséquilibrée de la population du point de vue administratif et sécuritaire ; La distribution déséquilibrée des infrastructures sociales et économiques ; Le chômage et la qualité précaire des emplois.
Au-delà de ces faiblesses, la ville de Kinshasa constitue un débouché important pour les produits de première nécessité venant tant de l’intérieur du pays bien qu’en faible quantité que de l’extérieur, mais aussi des produits manufacturés venant des industries locales. C’est le cas des produits brassicoles (boissons alcoolisées et gazeuses) qui présentent une forte consommation dans la ville, surtout dans la partie Est où s’observe une forte concentration de la population.
Pour atteindre la population, voire les consommateurs et/ou distributeurs, la distribution des produits brassicoles exigent, en plus des voies de transport, surtout routier pour la ville de Kinshasa, la mise en marche d’une chaîne logistique. C’est dans ce cadre que, la logistique étant une fonction essentielle pour l’entreprise si elle veut rester compétitive, sa connaissance et sa maitrise de la logistique déterminent sa performance. Ainsi, la mise en œuvre d’une chaîne logistique dans la distribution des produits brassicoles doit tenir compte tant des infrastructures routières que des moyens matériels à mettre en œuvre pour un service efficace et efficient.
En ce qui concerne la Brasserie, Limonaderie et Malterie, en sigle BRALIMA, l’une de deux entreprises brassicoles concurrentes de la République Démocratique du Congo basées à Kinshasa, la commune de Masina est l’un de ces points importants de vente.
Comment s’organise la logistique de la BRALIMA dans le transport de ses produits brassicoles ? Quelle est sa part dans la satisfaction de ses consommateurs basés dans la commune de Masina, Telles sont les questions fondamentales qui vont guider notre étude.
CHAPITRE III. MILIEU D’ETUDE : LA COMMUNE DE MASINA
La commune de Masina est située dans la partie Est de la ville province de Kinshasa. Elle est bâtie sur un terrain non accidenté quand bien même l’absence de l’urbanisation se fait sentir dans certains coins avec la présence de plusieurs têtes d’érosions.
Au terme de l’arrêté ministériel des affaires intérieures N° 69-042 du 23 janvier 1969, les limites de la commune de Masina ont été définies de la manière suivante : Au Nord, par le fleuve Congo (la frontière de la République du Congo Brazzaville) de son point le plus proche du confluent du fleuve Congo avec la rivière N’djili) ; Au Sud, parle boulevard Lumumba qui sépare Masina des communes de Kimbanseke et N’djili ; A l’Est, par la rivière Tshuenge jusqu’à son intersection avec le boulevard Lumumba qui la sépare de la commune de N’sele ; A l’Ouest, par la rivière N’djili jusqu’à son embouchure avec le fleuve Congo qui la sépare de la commune de Limete . .
Masina demeure une des communes de l’Est de la ville province de Kinshasa. Elle se situe entre le Pool Malebo, au Nord et le boulevard Lumumba, au Sud.
Elle configure l’image de nouveaux quartiers populaires particulièrement peuplés surnommé « la Chine ». Elle abrite notamment le marché de la Liberté « M’zee Laurent-désiré Kabila ». La création de ce marché permet de mieux répartir les activités économiques du Nord au Sud. Ce marché a inversé la tendance des habitants en changeant le mouvement d’échange de la ville vers le Sud.
Elle présente une superficie de 69,70 Km2 et reste l’une des communes les plus peuplées de Kinshasa. La plus grande partie de la commune est occupée par une zone humide voisinant le Pool Malebo et explique la faible densité de la population relative de cette commune.
La partie urbaine s’étirant le long du boulevard Lumumba atteint cependant des densités de la population comparable à celles des autres communes du cœur de Kinshasa. La population totale s’est chiffrée à 516.540 habitants en 2011 avec une densité moyenne de 7.410 habitants/Km2, alors qu’en 2014, le chiffre de la population est estimé à 919.784 habitants, soit 13.196 habitants/Km . Il s’agit donc d’une population dont la croissance est forte.
Il faut signaler que la commune de Masina est l’une des communes les plus peuplées de la capitale. Elle vient en troisième position après les communes de Kimbanseke et Ngaliema.
3.2. Historique de la commune de Masina
La commune de Masina a été bâtie sur les terres jadis habitées par les peuples Teke-Humbu qui occupèrent le pool Malebo de part et d’autre du fleuve Congo.
Vers les années 1960, à l’aube de l’accession de la R.D.C. à la souveraineté nationale, les turbulences politiques et les luttes tribales ont fait naître plusieurs agglomérations à caractère régional et tribal. Dans ce contexte, les ressortissants du District de Kwango et du Kwilu, soutenus par leurs dirigeants politiques, ont commencé à occuper de façon anarchique les terrains situés à gauche du boulevard Lumumba en allant vers l’aéroport international de N’djili, vont constituer une zone annexe.
Ainsi donc, Masina deviendra une zone annexe rattachée à la commune de N’djili et cela, jusqu’au 30 mars 1968, date de la création officielle de la commune de Masina par l’ordonnance-loi n° 68-026 du 30 mars 1968. Le nom de Masina, par exemple, démontre cette distorsion linguistique des occupants précités. De plus, Masina demeure la déformation de la langue Teke du mot « masinmabul » traduisible en langue Lingala en « sombele suka esanga » ou « suka mboka », c’est-à-dire « là où tout se termine ». Selon les occupants de 1960 (originaires de Kwango-Kwilu), N’sina signifie le commencement ou le début.
Avec un climat chaud et humide, la commune de Masina est baignée par quatre cours d’eau, à savoir : les rivières N’djili, Nsanga, Mango(Malemba/Mokali) et Tshuenge.
Soulignons en passant qu’un tiers de la commune, constitué de marécages du fleuve Congo, permet la pêche artisanale, les cultures maraîchères et rizicoles, pourvoyeuses des vivres à la population de la capitale. On notera aussi que deux tiers de la superficie de cette commune restent habitables.
Depuis sa création en 1968, plusieurs autorités territoriales se sont succédé à la tête de la commune de Masina. Pour cela, il faudrait signaler qu’il y a eu trois modes de désignation : a) la nomination par l’autorité de tutelle (urbaine et nationale) ; b) l’autorité issue des urnes (élections), période allant de 1977 à 1997, année qui marque l’entre de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo, asbl, mettant fin ainsi à la 2ème République. c) Mode de nomination par ordonnance présidentielle (2002 à nos jours) A. La nomination par désignation de l’autorité urbaine ou nationale (1968-1977) 1. BOBA KIYEKA : Bourgmestre titulaire KAMBI : Bourgmestre adjoint 2. BOBA UNZITISA : Bourgmestre titulaire DIASUKA DIAMESO : Bourgmestre adjoint 3. ALUNGA ELABA : Bourgmestre titulaire LUPUKU LUKE : Bourgmestre adjoint 4. Madame DIMBIKISA : Bourgmestre titulaire a.i. BENAMUKWELE : Bourgmestre adjoint a.i. 5. Madame KASAVUBU : Bourgmestre titulaire BILOLO : Bourgmestre adjoint 6. LONDOLOMBE : Bourgmestre titulaire NDOMBE : Bourgmestre adjoint 7. TSHIBALA : Bourgmestre titulaire KOLE KABAKANA : Bourgmestre adjoint B. Période électorale 1. 1977-1982 8. YAMFU BUMI KABEMBA : Bourgmestre titulaire NDILU KASHALA : Bourgmestre adjoint 9. FUAKUINGI NDOMPETELO : Bourgmestre titulaire DIMANDENDE MFUMU : Bourgmestre adjoint 10. EFOLOKO LOWAYI : Bourgmestre titulaire MANDIANGU MAMPOKO : Bourgmestre adjoint 2. Période 1982 à 1989 11. PELENDE MFUMUNSUKA : Bourgmestre titulaire MOKIRI WANGONDA : Bourgmestre adjoint 12. SANDUKU BEAL BINDAL: Bourgmestre titulaire MAMPUYA MAME KIASEMVULA : Bourgmestre adjoint 13. PELENDE MFUMUNSUKA : Bourgmestre titulaire MOKIRI WANGONDA : Bourgmestre adjoint 14. EBENGO IKAKA : Bourgmestre titulaire KAMANGO LONIVE : Bourgmestre adjoint 3. Période 1989 à 1997 15. BILONDA RISSASSI : Bourgmestre titulaire NDEMBHE BOKOTA : Bourgmestre adjoint 4.Période 1997 à 1999 16. TULENGI BOY’S ZENGO : Bourgmestre titulaire a.i. 5.Période 1999 à 2002 17. Faustin TSHUALA MBUKUBATU : Bourgmestre titulaire a.i. C. Période de nomination par ordonnance présidentielle 1. 2002 à 2008 18. Maître Toussaint KAPUTU MAFULU : Bourgmestre titulaire Damas MUBA KITWA : Bourgmestre adjoint 2. 2008 à nos jours 18. Rév. Ernestine MUJINGA MUNZOMBO : Bourgmestre titulaire Jean-Claude MAKWANZA TANG BISI : Bourgmestre adjoint
Les principaux quartiers de la commune de Masina
La commune de Masina est subdivisée en 21 quartiers répartis en trois pools de la manière suivante :
Pool 1 Abattoir Boba Imbali Kimbangu Mfumunsuka Nzuzi wa mbomo Sans fil Television
Pool 2 Efolo Lubamba Mapela Pelende Tshangu Tshuenge
Pool 3 Congo Kivu Lokali Mafuta kizola Mandiangu Matadi Kasai
ORGANIGRAMME DE LA COMMUNE DE MASINA
La commune de Masina est une entité économique où nous trouvons des petites industries et une gamme d’opérateurs économiques. Elle renferme plusieurs infrastructures économiques, notamment : l’Abattoir de Kinshasa, l’entrepôt de carburant SEP-CONGO, le dépôt de la Société des Transports au Congo, en sigle TRANSCO (ex-SOTRAZ), le marché de la Liberté « M’zee Laurent-Désiré Kabila » auquel il faut joindre neuf autres marchés qui desservent les trois pools géographiques de Masina.
A ces infrastructures s’ajoutent l’entrepôt des mitrailles de la Sidérurgie de Maluku (S0SIDER), l’usine de panification et production de blocs de glace UPAK, le stade municipal de Masina et sa proximité de l’aéroport de N’djili.
En dehors de ces grandes activités citées, les unités économiques les plus importantes de la commune de Masina sont les suivantes : - Société S.E.P.-Congo (Dépôt de Masina) ; - Usine de Panification de Kinshasa (ex-BKTF) ; - L. Hasson& Frères ; - Hôpital Biamba Marie Mutombo ; - Hôtel Apocalypse 22 ; - Hôtels le Verseau ; - Différents hôtels non homologués ; - Salles de fête ; - Stations d’essence (Engen, M.L., Sonangol) ; - Chambres froides ; - Boulangeries artisanales ; - Banques ; - Minoterie ; - Shop des entreprises de télécommunication ; - Marché de la Liberté Laurent-Désiré Kabila ; - Restaurants ; - Pharmacie et dépôts pharmaceutiques ; - Débits de boissons (bar, terrasse) ; - Dépôts de boissons …
La commune de Masina est parcourue par deux principales voies de communication dont le boulevard Lumumba et le chemin de fer allant de la gare centrale à l’aéroport de N’djili. Il faut aussi compter des voies secondaires, principalement l’avenue Bosango (SIFORCO), l’avenue Mobutu (route Abattoir), l’avenue Pelende (route BKTF) qui relient le boulevard Lumumba au chemin de fer.
Néanmoins, l’accès intérieur de la commune de Masina, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, par véhicule, pose problème. Mais les efforts sont en train d’être fournis pour désenclaver la commune en jetant des passerelles sur différents cours d’eau qui la traversent et aussi à travers la construction de l’avenue Kulumba qui ne fait que durer.
Après cette présentation de la commune de Masina qui débouche sur ses infrastructures de transport, il est venu le moment pour nous de traiter du vif de notre sujet, à savoir l’apport de la logistique dans le transport des produits brassicoles dans la commune de Masina.
Concernant les axes de transport, le nombre le plus élevé d’accidents (6, soit 24 %) a été observé sur l’axe 3, c’est-à-dire l’avenue Mukukulu et l’ensemble du quartier 3 Masina où les avenues par où passent ces véhicules sont sablonneuses, avec plusieurs pentes. Les axes 4 (avenue Pelende : quartier 2 et Mapela) et 6 (avenue Bosango/SIFORCO) en ont connu respectivement 5, soit 20 % chacun. L’axe 1 du boulevard Lumumba en a connue 3, soit 12 % alors que l’axe 3 correspondant à l’avenue Matankumu en a connu 2, soit 8 %. Il sied de relever que ce dernier axe n’est pas très fréquenté, car sur l’avenue Kulumba, les véhicules n’y entrent qu’en saison sèche. En saison des pluies, tous les bénéficiaires sont obligés de recourir à des chariots pour s’approvisionner sur le boulevard Lumumba où s’arrêtent les véhicules.