Bonjour, nous sommes le 29/03/2024 et il est 09 h 48.


Depuis les années 80, la microfinance a connu un développement spectaculaire suite à d’importantes niches des marchés non servies par les banques classiques, pourtant celles-ci se retrouvent en surliquidité mais incapable d’accorder des crédits adéquats aux entreprises (Lanha, 2001a).


La microfinance est devenue un moyen de financement privilégié des microentreprises du fait qu’à partir de ces techniques, elle rend éligible au crédit et à d’autres services financiers des agents économiques qui jadis ne l’étaient pas.



L’intérêt pour la microfinance s’est accru lorsque la Banque Mondiale lui a consacré son rapport annuel de 1989, durant le sommet qui s’est tenu cette même année, grâce aux microcrédits la microfinance a été considéré comme une approche fonctionnelle du financement du développement ou réduction de la pauvreté (Lanha, 2001a).



Malgré la prolifération des institutions de microfinance, le portefeuille n’a pas vu sa qualité s’améliorer sensiblement, il importe de s’interroger sur les facteurs explicatifs du non remboursement des microcrédits.

Les IMF qui sont apparues, il y a seulement une vingtaine d’années, dans les économies subsahariennes, jouent un véritable rôle d’intermédiation, à côté du secteur bancaire classique. Comme une véritable industrie financière, le secteur de la microfinance se structure davantage, se développe, et constitue aujourd’hui une alternative forte dans la collecte de l’épargne et le financement des activités locales.

Contrairement à l’intermédiation bancaire, basée sur des mécanismes standards, celle de la microfinance se fonde sur des mécanismes sui generis dits mécanismes novateurs, établis essentiellement sur la proximité avec les clients.

Contrairement à l’intermédiation bancaire, basée sur des mécanismes standards, celle de la microfinance se fonde sur des mécanismes sui generis dits mécanismes novateurs, établis essentiellement sur la proximité avec les clients.



Au sein du crédit de groupe avec coresponsabilité, pour faire face à la sélection adverse, la formation du groupe revient aux membres, ce qui permet l’utilisation de l’information locale afin de connaître le type (niveau de risque) de chaque emprunteur.



Cette auto sélection peut aboutir soit à des groupes homogènes de même type (Ghatak, 1999), soit à des groupes hétérogènes et homogènes (Sadoulet et Carpenter, 2001). Après la signature du contrat, pour éviter un comportement opportuniste, c'est-à-dire pour réduire le hasard moral, la responsabilité conjointe au sein du groupe autorise une surveillance mutuelle et une pression des pairs afin que les membres respectent leur contrat (Stiglitz, 1990 ; Besley et Coate, 1995 ; Diagne, 1998). Enfin, la responsabilité conjointe rend possible des actions d’entraide mutuelle auprès des membres qui ont des problèmes de remboursement.





L’intérêt accordé au crédit de groupe s’explique en grande partie par le succès du programme de crédit mis en place par la Gramen Bank du Bangladesh, qui a ensuite été fréquemment imité ailleurs. Les programmes de prêts de groupe avec coresponsabilité ont été mis en place de façon relativement satisfaisante au Cameroun, en Corée du Sud, en Malaisie et à l’intérieur Bangladesh. Dans ces pays, les taux de remboursement des groupes de crédits à voisine les 95 % (Bassole L., 2004).



On constate à ce jour sur plus d’un millier institutions de microfinance qui opèrent en République Démocratique du Congo, deux seulement selon les informations de MixMarket affichent un PAR30 plus ou moins conforme aux normes internationales, c'est-à-dire moins de 5%.



Pour d’autres institutions, la moyenne de cet indicateur est de 11% (FPM, 2010) soit légèrement plus que le double de la norme internationale.



Les institutions de microfinance, l’IMF Congo Microfinance et Opportunity International DRC qui feront l’objet de nos investigations affichent un portefeuille à risque qui est en moyenne respectivement (pour 30 jours) autour de 9,79 % et de 1%.



Cet état des choses sous-tend les principales questions de notre recherche :
• Quels sont les facteurs explicatifs du non remboursement de crédit de groupe à Kinshasa ?
• Quels sont les stratégies à mettre en place pour améliorer la qualité du portefeuille des institutions de microfinance offrant le crédit de groupe à Kinshasa ?


ANALYSE THEORIQUE CONCEPTUELLE DES MECANISMES D’EFFICACITE D’UN CREDIT DE GROUPE

Le but poursuivi par les institutions de microfinance (IMF) est de permettre aux pauvres d’avoir accès aux services financiers de base (épargne et crédit) afin de limiter les contraintes financières auxquelles ils font face et de lutter contre la pauvreté. Qu’elle soit ou non à but lucratif, toute IMF cherche à obtenir des taux de remboursement les plus élevés possible. Des taux de remboursement élevés sont en effet associés à des bénéfices élevés pour l’IMF comme pour ses emprunteurs. Ils permettent à l’IMF de baisser les taux d’intérêt qu’elle pratique sur ses prêts et ainsi de réduire le coût financier du crédit, tout en lui permettant d’offrir ces services à des emprunteurs plus nombreux, mais également en limitant les subventions croisées entre emprunteurs.

L’amélioration des taux de remboursement peut aussi permettre de réduire la dépendance de l’IMF vis-à-vis des subventions. Il est aussi parfois considéré que des taux de remboursement élevés sont révélateurs de l’adéquation des services de l’IMF aux besoins de ses clients, le fait que le taux de remboursement élevé soit un indicateur capital dans la stratégie des IMF en fait une variable dont la maîtrise est de prime importance pour les IMF (M. Godquin, 2006).



Ainsi le premier chapitre de ce travail traite des mécanismes qui soutiennent l’efficacité du prêt de groupe, nous l’examinerons en quatre sections, notamment : l’influence de la coresponsabilité sur le remboursement qui est la grande innovation de la microfinance car cette méthode permet de réduire l’asymétrie de l’information et d’éliminer la contrainte de garanties matérielles (1.1) ; les étapes du processus de crédit de groupe dans la mesure où sa réplication a fait ses preuves par des taux de remboursement élevés presque partout (1.2); les modalités de suivi d’un microcrédit (1.3) et enfin quelques études empiriques réalisées sur la question de taux de remboursement dans le crédit de groupe (2).





L’existence d’asymétrie d’information est devenue une hypothèse cruciale dans les analyses modernes du fonctionnement du marché de crédit. On parle de sélection adverse quand certaines caractéristiques de l’emprunteur ne sont pas parfaitement connues du prêteur, mais affectent sa probabilité de remboursement du crédit. Les modèles de référence de la littérature supposent, par exemple, que les emprunteurs ont une information privée qui concerne soit leurs caractéristiques intrinsèques (Jaffee et Russel, 1976), soit les caractéristiques de leurs projets d’investissement (Stiglitz et Weiss, 1981).



Dans un contrat de microcrédit, le prêteur peut faire face à ce problème d’asymétrie d’information en offrant un lot de contrats avec des termes différents, qui lui permet de séparer les bons emprunteurs des mauvais. Cette méthode est basée sur la garantie matérielle, mais ce mécanisme de contrat ne peut réussir à différencier les emprunteurs car ces derniers ne peuvent pas mettre en gage des biens d’une grande valeur, du fait de leur situation de pauvreté. Face à ce problème, dans le mécanisme de crédit de groupe, le prêteur arrive à réduire, voire à éliminer la sélection adverse, tout en déléguant la formation du groupe aux membres (figure 1).



Ce principe d’auto-sélection utilise l’information locale privée, à laquelle le prêteur ne pouvait pas accéder (ou du moins non sans coûts) pour différencier les types des emprunteurs. Hoff et Stiglitz (1990), Khander (1998) ont montré que les emprunteurs détiennent assez d’informations sur leurs partenaires et sur la structure du marché du crédit de leur localité. De ce fait, le crédit de groupe avec la coresponsabilité permet la formation de groupes où tous les membres ont une parfaite information sur les caractéristiques de leurs partenaires (le risque du projet, le niveau de solvabilité, etc.), ce qui donne des groupes homogènes.



Une fois que le prêt a été octroyé, le rendement du projet dépend de l’action de l’emprunteur, de son comportement, de son effort de travail. De façon classique, on s’attendrait à ce que l’emprunteur choisisse des actions qui égalisent le bénéfice marginal au coût marginal, mais en situation d’asymétrie informationnelle, cette prévision du choix de l’emprunteur ne se réalise pas (Ghatak et Guinnane, 1999).



Pour Ghatak et Guinnane, dans un contrat sans garantie, l’emprunteur et le prêteur n’ont pas le même objectif car l’emprunteur n’internalise pas entièrement les coûts d’échec du projet, donc il peut entreprendre des actions qui risquent de faire échouer le projet financé par le prêt. On parle alors de hasard moral.


PRATIQUE DE CREDIT DE GROUPE A KINSHASA

Ce chapitre va présenter les données qui vont nous servir à mener à bien notre étude ; nous allons nous atteler sur la méthodologie de prêt de groupe qu’utilise les institutions que nous avons choisi pour faire notre étude, à l’occurrence Opportunity International DRC la première section présentera les étapes du processus de prêt, la deuxième exposera les effets de responsabilité conjointe dans les deux institutions de microfinance choisie et enfin la troisième dressera un tableau des forces et faiblesses des méthodologies utilisées par chacun de ces institutions de microfinance.


2.2.2. Congo Microfinance (COMIF)

L’IMF COMIF est une institution de microfinance de 1érè catégorie, celle-ci autorise leurs groupes à trouver un local pour tenir des réunions (formations et remboursement) appelé centre de financement, ledit local doit répondre aux exigences de l’IMF, c'est-à-dire un local sain, accessible ; de préférence habitée par un membre du groupe.

L’effet de la responsabilité conjointe au sein de COMIF est vérifié lors des réunions de remboursement, qui sont tenus en présence d’un agent de crédit et l’argent collecté est ramené au guichet de l’institution. Cette réunion se présente comme suit :
 Les membres du groupe se présente au lieu de la réunion à l’heure indiquée ;
 Le comité ouvre la réunion par une prière ;
 La trésorière collecte l’argent de chaque membre ;
 Le comité remplit le procès verbal de la réunion ;
 L’agent de crédit vérifie que le montant à verser correspond à celui qui est inscrit sur le procès-verbal ;
 Si quelques membres n’ont pas payé, l’agent de crédit exige les autres membres du groupe à payer à leur place ;
 La trésorière ramène l’argent collecté au guichet.

Nous analysons les problèmes majeurs considérés comme causes de non remboursement, sur cette base nous exploiterons le processus d’octroi de crédit (la sélection, la validation des groupes et l’utilisation du crédit et le remboursement) ainsi que les incitations mises en place par les institutions pour obtenir le meilleur taux de remboursement du crédit.



Il y a lieu de noter qu’après les entretiens réalisés avec les agents de crédit, la majorité se plaignaient de ne pas être associer dans l’élaboration des stratégies relevant du service de crédit auquel ils appartiennent. Le manque d’une politique des primes à distribuer qui soit partagée par l’ensemble du personnel et la taille du groupe un peu élevé constituent un motif de démotivation pour les agents de crédit.



Nous avons effectués nos enquêtes auprès de 10 agents de crédit, notamment 8 d’OIDRC et 2 de COMIF ; le but de ces enquêtes était de mesurer le niveau de compréhension de la méthodologie par les agents de crédit, étant donné qu’ils sont les ambassadeurs de l’IMF sur terrain.



Opportunity International DRC et COMIF ne tiennent pas compte du principe de l’homogénéité du risque ou n’appréhende pas bien cette notion, de ce fait qu’elles acceptent dans un même groupe des clients qui vendent plus ou moins les mêmes produit.



Lors de formation, la culture de l’entreprise n’est pas suffisamment transférée par les agents de crédit aux clients et aux clients. De ce fait, Opportunity et COMIF n’appliquent pas correctement n’ont pas une méthodologie pour l’analyse du C « caractère » qui est très significatif dans le prêt de groupe. Le déboursement de nouveaux prêts prend généralement beaucoup de temps et cela a comme effet dans le chef de clients à douter sur le sérieux des institutions.

Les membres de deux groupes sur les cinq retenus pour le cas d’OIDRC et trois groupes sur les cinq retenus pour le cas de COMIF vendent tous le même produit, alors que la théorie suggère que les membres ne fassent pas tous la même activité pour diversifiée le risque (Lanha M., 2005b).



Force est de constater que les membres de deux groupes sur les cinq retenus qui n’ont pas respecté le critère d’hétérogénéité, ont bien payé le crédit ; alors les membres de trois groupes sur les cinq qui n’ont pas respecté ce critère ont tous mal remboursé.

Ainsi ces résultats nous permis de valider la première partie de notre hypothèse de recherche qui stipule que le non-respect des conditions de sélection des membres est un des facteurs explicatifs du non remboursement du crédit de groupe.

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