INTRODUCTION GÉNÉRALE
Le terrorisme , cette « administration de la sauvagerie » se définie, à en croire l'Assemblée générale des Nations unies comme un ensemble « des actes criminels qui, à des fins politiques, sont conçus ou calculés pour provoquer la terreur dans le public, un groupe de personnes ou chez des particuliers sont injustifiables en toutes circonstances et quels que soient les motifs de nature politique, philosophique, idéologique, raciale, ethnique, religieuse ou autre que l’on puisse invoquer pour les justifier ».[1]
Depuis la nuit de temps, un grand nombre d'organisations politiques ou criminelles ont recouru au terrorisme pour faire avancer leur cause ou en retirer des profits. Des partis de gauche comme de droite, des groupes nationalistes, religieux ou révolutionnaires, voire des États, ont commis des actes de terrorisme.
Le mot « terrorisme », attesté pour la première fois en novembre 1794, désigne alors la « doctrine des partisans de la Terreur », de ceux qui, quelque temps auparavant, avaient exercé le pouvoir en menant une lutte intense et violente contre les contre-révolutionnaires.[2] Il s'agit alors d'un mode d'exercice du pouvoir, et non d'un moyen d'action contre lui. Le mot a évolué au cours du XIXe siècle pour désigner non plus une action de l'État mais une action contre lui. Son emploi est attesté dans un sens antigouvernemental en 1866 en Irlande, en 1883 en Russie (mouvement nihiliste), en Inde britannique (Jugantar ), dans les Balkans et l'Empire ottoman (l'Organisation Révolutionnaire Intérieure Macédonienne), ORIM en sigle, qui pratique des prises d'otages d'Européens, et les Comitadjilik bulgares, qui fournirent la matière d'un livre, Les comitadjis ou, Le terrorisme dans les Balkans à Albert Londres.[3]
Signalons tout de même que l’usage du terme « terrorisme » sert d’un argument généralement accusateur. À lui seul, il délégitime un acte qui peut être considéré comme le plus grave des crimes contre la personne. Les peines peuvent donc être plus sévères, comme l'emprisonnement à perpétuité ou la peine de mort quoi qu’à ce jour déclarée anachronique voire dépassée. Mais à l'inverse, les adeptes du terrorisme peuvent avoir un sentiment différent, par exemple en supposant que leur cause pourrait éventuellement être d'un intérêt supérieur à la violence commise.
Ce terme, l’avons-nous dit ci-haut, désigne aujourd'hui les actions violentes destinées à répandre la terreur et ainsi faire pression sur un État ou sur une population civile ; exemple Boko Haram qui fait l’objet de notre étude. Ces actions violentes visent souvent les populations civiles, afin de détruire, tuer et mutiler, ou soumettre. Elles ont pour but de promouvoir des messages à caractère idéologique, politique ou religieux par la peur et la publicité médiatique, surtout les médias modernes appelés, « réseaux sociaux ».
En abordant ce sujet qui se veut extrêmement scientifique, comme l’opine Gaston Bachelard (1968), que les faits scientifiques sont conquis par les préjugés, construits par la raison et constatés par les faits à travers les actes principaux : la rupture, la constatation et la construction, le terrorisme étant un fait scientifique que nous pensons élucider, nous avons pensé résumer notre préoccupation à travers la question de départ ainsi libellée :
· Qui sont vraiment ces terroristes islamistes qui causent terreur et désolation parmi les populations de la région du lac Tchad ?
Autour de cette question principale, nous nous posons plusieurs autres sous-questions aussi essentielles que possibles telles que :
· Que veulent ces islamistes dans leur empire du mal ?
· Quid de Boko Haram et quelles sont ses revendications ?
· Quelles sont leurs sources de financement, d’équipements et de ravitaillement ?
· Quelles sont les conséquences de la guerre asymétrique menée par Boko Haram et comment lutter contre les djihadistes ?
Voilà autant des questions autour desquelles notre étude va pivoter et, nous misons sur elles qu’elles serviront de fil conducteur à notre investigation ou recherche.
L’étape de l’hypothèse constituant les réponses anticipées aux questions posées[4], il nous est évident que celles-ci étaient fondamentales à la compréhension de notre étude et que tenter d’y répondre avant l’étude proprement dite ne fera que nous aider à mieux avancer.
Il est vrai que le terrorisme revêt plusieurs définitions variant d’une structure à une autre et d’après les auteurs, mais toujours est-il que toutes ces définitions ont une constante commune :
« Une constante du terrorisme est l'usage indiscriminé de la violence meurtrière à l'égard de civils dans le but de promouvoir un groupe, une cause ou un individu, ou encore de pratiquer l'extorsion à large échelle (mafias, cartels de la drogue, etc.) »[5].
Dans toute cette kyrielle de définitions dont Alex Schmidt et Berto Jongman (1988), en font une liste de 109 variant sur : l'usage de la violence (certaines comprennent des groupes n'utilisant pas la violence mais ayant un discours radical), les techniques utilisées, la nature du sujet (mettant à part le terrorisme d'État), l'usage de la peur, le niveau d'organisation, l'idéologie, etc. Dans nombre de définitions, intervient aussi le critère de la victime du terrorisme (civile, désarmée, innocente, attaque contre un État démocratique qui aurait permis au terroriste de s'exprimer légalement.
Ces islamistes djihadistes comme on le voit, prônent la création d’un État Islamique régit par la Charia, alors la Loi islamique. Un objectif vient d’être réalisé par la création de l’État Islamique en Irak et au Levant, EIIL en sigle dont le leader charismatique, réputé la personne la plus recherchée au monde, ABOU BAKR AL-BAGHDADI a été tué en automne 2020 par une opération diligentée par les commandos américains sous la houlette de leur président Donald Trump.
De ces groupes terroristes prônant l’instauration de la charia, on trouve indélébilement, « Boko Haram » qui est un mouvement insurrectionnel et terroriste d'idéologie salafiste djihadiste, originaire du nord-est du Nigeria et ayant pour objectif d'instaurer un califat et d'appliquer la charia. Formé en 2002 à Maiduguri par le prédicateur MOHAMED YUSUF tué en 2009, le groupe est à l'origine une secte qui prône un islam radical et rigoriste, hostile à toute influence occidentale. En 2010, ABUBAKAR SHEKAU prend la tête du mouvement qui devient un groupe armé et se rapproche des thèses djihadistes d'Al-Qaïda, puis de l'État islamique.[6]
De manière la plus évidente, ces terroristes ont pour sources de financement : la mafia, les cartels de drogues, les prises d’otages, l’extorsion à large échelle, la razzia… ils recrutent les jeunes frappés par la misère, les ignorants et surtout ceux qui comprennent très mal les paroles de leur prophète contenues dans les Hadiths et le Coran. La mauvaise gouvernance créant des fissures terribles dans les sociétés en est pour beaucoup. L’exemple le plus frappant est celui de la région de Maiduguri avec la naissance de Boko Haram par le prédicateur susmentionné.
Ce phénomène a laissé des cicatrices énormes surtout dans la région du lac Tchad. Les morts d’hommes, les dégâts matériels, destructions des infrastructures : des routes, écoles, hôpitaux ; des multiples réfugiés dans la région du lac Tchad devenue la deuxième au monde après la corne de l’Afrique en terme d’accueil des réfugiés, et surtout le retard en matière de développement sans oublier le domaine de gaffa, le cyber terrorisme.
La sécurité et la paix étant des choses qui intéressent tout citoyen dans le monde et condition sine qua none pour tout développement, tel est même le principe de base et l’esprit créateur de l’Organisation des Nations-Unies ; c’est-à-dire, faire régner la paix et la sécurité parmi les peuples du monde. Le plus souvent, cette manne tant voulue par tous qui est la paix a toujours été menacée par quelques réfracteurs qui, pour une raison ou une autre, sèment la panique, dévalisent, pillent, razzient, tuent et mutilent pour faire entendre leur voix ou pour pousser le pouvoir et même la communauté internationale à s’intéresser de leurs revendications, tel est le cas des « terroristes » qui font l’objet de notre étude.
Dans cette optique, nous nous sommes sentis concernés par la présence très accablante du groupe terroriste, « Boko Haram » dans la région du lac Tchad et des exactions qu’ils font subir aux populations des pays riverains, en l’occurrence le Nigéria, le Tchad, le Cameroun et le Niger ; ces islamistes radicaux d’une part et de l’autre, dans l’Est de la république démocratique du Congo, les Forces Démocratiques Alliées, ADF-NALU en sigle. Ce phénomène qui fait beaucoup couler d’encres et de salives dans tous les continents du monde : Les FARC en Amérique, les Talibans, Hezbollah, Hamas, Al-Qaida et Daesh en Asie et très ressentis en Europe et AQMI, Ansar Eddine, MUJAO, Shebbab, Boko Haram et ADF-NALU en Afrique, il est donc difficile dans ce XXIème siècle d’ignorer ce phénomène très largement médiatisé.
Notre choix et intérêt dans cette étude est de trois ordres :
1. Depuis l’avènement de l’internet et des réseaux sociaux, le terrorisme est devenu un des thèmes principaux des médias internationaux qui titrent, pour la plupart de cas à la Une : « attentats, enlèvements, rapts, prises d’otages, piratages informatiques… » ce qui, le plus souvent intéresse l’occident et le reste du monde pendant que le jeune africain ou congolais continue à rêver dans sa grâce matinée.
2. L’augmentation de manière exponentielle dans tous les continents en général des actes terroristes et en Afrique en particulier du fait de la présence dans la terre des nègres des idéologies surtout salafistes et la lecture obscurantiste du Coran par les mahométans non affermis.
3. La réaction parfois très disproportionnée des gouvernements face aux terroristes ; les services de sécurité et de renseignement qui deviennent de plus en plus budgétivores mêmes dans des pays à faibles rendement économique, causant ainsi la paupérisation du petit peuple avec toutes les conséquences possibles telles que les guerres ( le cas de la Syrie, du Nigeria…), le flux migratoire, (le cas de la Méditerranée devenue une mer cimetière), du sentiment de xénophobie ( le cas des partis de droite en Italie de MATEO SALVINI, de la France de MARINE LEPEN ou de VIKTOR ORBAN en Hongrie donnant naissance à un nouveau phénomène, les « Gilets jaunes » et les suprématistes blancs aux USA, les Ku Klux Klan), ce qui, du reste devient sérieusement, une matière à réflexion.
Nous pensons pour se faire que, ce sujet sur le « terrorisme islamiste en Afrique occidentale, cas de Boko Haram dans la région du lac Tchad » est d’une importance capitale dans la mesure où tout homme a le droit de vivre en paix et sécurité partout où il se trouve et que, le terrorisme est un grand problème, un défi du siècle comme qui dirait étant donné qu’il perturbe même des relations diplomatiques entre les États (Inde et le Pakistan, Israël et Palestine, RDC et ses voisins les plus immédiats, le Rwanda et l’Uganda) ; entre les communautés (Chrétiens et Musulmans, Riches et Pauvres, opposition et mouvance) etc.
Ayant constaté que les jeunes congolais en général et équatoriens en particulier ne connaissaient pas grand-chose face à ce phénomène quoique largement médiatisé et que les bibliothèques restaient étrangement silencieuses dans leurs collections, nous serions tellement heureux de mettre à la disposition des générations futures une documentation fouillée et disponible sur le terrorisme, cet empire du mal.
L’univers scientifique étant trop vaste que personne ne peut l’appréhender dans toute sa globalité, de ce fait, chercheurs de notre état sommes tenus de délimiter notre travail dans le temps et dans un espace bien précis. C’est ainsi que notre étude consacrée au « Terrorisme islamiste dans la région du lac Tchad : le cas de Boko Haram », revêt son importance dans la mesure où elle nous a permis d’analyser les contours de fonctionnement du terrorisme dans le monde en général et de Boko Haram dans la région du lac Tchad en particulier.
Sur le plan temporel par contre, notre analyse se situe dans la période allant de 2002 à 2019, soit une fourchette de temps d’au moins dix-sept ans. La date de 2002, aequo, marque la naissance du Mouvement terroriste Boko Haram au Nord-Est du Nigeria, à Maiduguri et son éclaboussement dans toute la région du lac Tchad tandis que 2019, ad quem, est celle qui marque la fin de nos investigations, jusqu’à la fin du mois de décembre.
Il sied de noter que les deux notions, Méthodes et Techniques prêtent souvent à confusion et dans certains cas, la frontière devient le plus souvent difficile à tracer. Ce que nous pouvons dire, c’est que la différence entre ces notions réside en ce sens que la « technique » représente les étapes d’opérations limitées tandis que la « méthode » est une conception intellectuelle coordonnant un ensemble d’opérations. Elles ont toutes les deux un objectif commun, aider le chercheur à communiquer avec son milieu d’enquête.
La méthode, à en croire MUKOKA N’SENDA (1999), est un procédé ou mode d’analyse susceptible de conduire à une explication du phénomène étudié.[7] D’après GRAWTZ et PINTO, elle est l’ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu’elle poursuit, les démontre et les vérifie.[8]
Quant aux techniques, GRAWTZ les définie comme étant une réponse à un comment ; c’est un procédé ou un moyen pour atteindre un but voulu mais qui se situe au niveau des faits ou des étapes voulues.[9]
Ainsi, le choix des méthodes et techniques à opérer est fonction de la configuration de l’univers d’enquête ; de l’orientation du travail, de l’étendue et de l’ampleur de l’investigation. Pour réaliser ce travail, nous nous sommes servis de l’approche historique et avons emprunté la technique documentaire, celle qui consiste à la récolte des données à travers les documents préexistants : livres, revues, articles, thèses, mémoires et TFC ; les vidéos, documentaires et autres témoignages susceptibles de renseigner sur le sujet traité.
6. Critique des sources ou état de la question
Le sujet abordé ne bénéficie pas encore d’études générales ou même spécifiques abondantes traitées par nos prédécesseurs. Dans notre milieu et spécialement notre institution, le domaine est encore inexploité car, dans nos bibliothèques, il été marrant de constater que la documentation traitant du terrorisme était quasiment inexistante. Néanmoins, nous avons jugé utile de mettre à la disposition des lecteurs un travail issu des plusieurs recherches dont la documentation multidimensionnelle que nous avons pu réunir grâce à l’apport des nouvelles technologies de l’information et de la communication, NTIC en sigle notamment les ouvrages, les revues, les articles, les documentaires, les vidéos… ont surpris plus d’un lecteur, le pari étant terriblement dingue.
Dans cette logique, il sied se signaler que les sources qui ont été interrogées pour la rédaction de cette œuvre étaient de différentes natures : les sources écrites (ouvrages, revues et articles), les sources audiovisuelles ou sonores (documentaires et vidéos) ; nous avons aussi et surtout fait recours à la webographie, l’internet. Bien entendu, ces sources n’ont pas été prises sans précaution comme l’exigent les principes de la recherche scientifique.
Aussi, avons-nous pris soins de soumettre un échantillon de ces ouvrages à un examen scientifique et même à un ultime toilettage dans le but de présenter une œuvre qui puisse satisfaire aux goûts des amoureux de la science en général et aux étudiants du département d’histoire en particulier. De ces ouvrages et auteurs ayant servi à la rédaction de ce travail, nous avons notamment :
· AHMED APAKENA DIEME, dans son ouvrage, « Le conflit entre Boko Haram et autorités fédérales et locales du Nigeria : De la secte au mouvement politique », (Seminar Paper), GRIN, 2011, (ISBN 9783656077671) ; l’auteur montre en grandes lignes les origines de l’insurrection du mouvement et ses revendications. Il entame en même temps un plaidoyer aux autorités nigérianes comme s’il voulait se placer en médiateur et propose des pistes de solution. Cependant, dans ses dernières lignes, il souligne que l’État nigérian parait ne pas être à même de vaincre cette guerre quoiqu’affichant une volonté ferme d’en finir avec le mouvement.
· AMZAT BOUKARI YABARA, dans son œuvre « Nigéria, Monde musulman dirigée par Mathieu Guidère De Boeck », Bruxelles, collection Monde arabe, 2013 ; l’auteur utilise un personnage utopique à la place du leader charismatique de la secte Boko Haram par crainte de représailles. Dans ces premières pages, l’auteur parait court-circuiter les autorités nigérianes en prouvant que l’État n’existait pas et que le peuple de la région du nord-est se sentait livré à la solde des islamistes de Boko Haram. Ce qui du reste lui valut deux mois d’emprisonnement, son livre étant très mal compris. À la fin, l’écrivain satirique va en guerre contre ce qu’il qualifie de l’ « administration de la sauvagerie », la politique de Boko Haram qui n’épargne personne, chrétien ou musulman, riche ou pauvre. Il finit par gagner le prix littéraire d’Abuja en décembre 2014.
· BERNARD BARRERA, cet auteur malien de 38 ans, dans son « Opération Serval : Notes de guerre », Mali 2013, Seuil, 2015 (ISBN 9782021241297) une œuvre très lyrique et insolite où il fustige le laxisme du gouvernement malien face à ce qu’il qualifie des forces centrifuges, la présence française très médiatisée dans le Sahel soi-disant pour combattre les islamistes du MUJAO et ceux de Boko Haram dans la région. Dans un tweet, le matin du 01 janvier 2015, l’auteur rassure assumer ses écrits et se dit prêt à voter NON à la présence française de l’Opération Serval lors d’un éventuel référendum. Pour rappel, l’auteur revient sur ce qu’a été le but de cette opération : le conflit inter-malien de 2012-2013 et qu’une fois l’objectif atteint, cette force n’avait plus de raison d’être. C’est alors qu’elle sera remplacée par une autre opération du même genre, la force Barkhane.[10]
· FRANÇOIS-BERNARD HUYGHE, dans son « Daech : l'arme de la communication dévoilée », Paris, VA Press, 2017, l’auteur pense affirmativement que les terroristes dépassent de très loin les Etats en ce qui concerne la technique de communication. A en croire l’auteur, ceux-ci ne disposant ni radio ni une chaîne de télévision qui leur soient propre, les islamistes font leur propagande la plus efficace et atteignent même les couches les plus méprisées de la population. Toutefois, souligne-t-il, si les autorités ne font pas un sursaut dans ce sens, elles seront surprises de voir tous les jeunes avec des visées djihadistes vu qu’ils sont ruinés par la pauvreté.
· MATTHIEU SUC, dans son œuvre « Les espions de la Terreur », HarperCollins, 2018, (ISBN 979-1033902652) Matthieu Suc pense sans crainte d’être contredit que dans l’histoire de l’espionnage, les américains et russes n’auraient jusque-là fait que des simples essais. Les vrais espions sont des terroristes de l’État Islamique en ce sens qu’ils font de milliers de kilomètres au risque de leurs vie dans le simple but d’espionner les positions des forces loyalistes des pouvoirs qu’ils espèrent mettre à pièces. À ces écrits, le grand conférencier camerounais, Moussa Traoré pense qu’il n’appartient pas à un intellectuel de son calibre de faire les éloges d’une force négative quelles que soient les raisons. Une façon pour le conférencier de rejoindre le principe onusien : « la vérité n’est bonne que quand elle est au service de la paix… »[11]
· MOUSSA YOUSSOUF MAIGA, ce musulman sunnite de la confrérie des frères musulmans en Égypte qui vit depuis des lustres au Tchad, dans son livre « Causeries philosophiques avec le terrorisme : Al-Quaïda, Aqmi, Boko Haram : roman », Édilivre, 2012, (ISBN 9782332493415) décryptant les différents scénarii que font vivre ces groupes terroristes les peuples, et, ayant dans la mesure du possible maitrisé la doctrine mahométane, condamne avec la dernière énergie ce qu’il qualifie d’une lecture obscurantiste du Coran par ces islamistes radicaux. L’Islam est une religion de l’amour et de tolérance renseigne-t-il et que des telles entreprises ne peuvent exister au nom d’Allah ou de son saint prophète, a-t-il renchérit.
Les ouvrages parlant du terrorisme étant de plus en plus nombreux sur le net et les articles y relatifs de plus en plus fleuves sur les médias modernes, il est évident que beaucoup de ceux qui nous auront lu trouvent qu’on pas pu traiter de tous les aspects du terrorisme surtout islamiste dans la région du lac Tchad et, n’avons aucunement pas la prétention que notre œuvre puisse satisfaire à tous les appétits. Nous nous sommes efforcés dans cette visée de démontrer que le terrorisme ne commence pas avec l’avènement de l’internet ni en Afrique ni dans le monde entier. Toutefois, il nous a été impérieux de faire voir l’apport des médias modernes à la diffusion des idéologies salafistes et du coup, prouver que la bonne gouvernance pourrait, si on le croit, juguler ou attendrir ce sentiment qu’ont les jeunes africains d’aller à tout prix en djihad si les portes de l’Europe venaient à leur être fermées.
Les résultats présentés dans cette œuvre et les commentaires qu’ils suscitent doivent être nuancés sur base de trois principaux facteurs pouvant limiter leur portée. Il s’agit des caractéristiques du terrain d’étude, de la qualité des observateurs que nous sommes et la durée des observations.
Sachant certes que la réalisation d’un travail scientifique de ce calibre ne peut se faire sans difficultés, certaines d’entre elles étant jugées inhérentes aux travaux ont été minimisées et seules les difficultés liées à la récolte des données ont été du reste retenues. En effet, compte tenu de l’absence de documents traitant du sujet abordé dans nos bibliothèques ni les personnes versées dans ce domaine, il nous a fallu nous comporter comme des vrais commandos et faire preuve de bravoure en creusant à la seule source disponible, l’internet pour explorer et stoker ses données dans des supports fiables et les protéger contre des éventuelles cyber-attaques.
Aussi, comme nul ne l’ignore que dans nos pays du sud l’internet est encore un luxe et pour dire qu’il coûte encore énormément cher, surtout en utilisant le modem et la machine. Voilà en quelques lignes les difficultés qui ont été les notre quand nous nous sommes mis à rédiger ce travail pour ne pas citer le caractère très étrangement difficile des noms arabes.
8. Division ou structuration du travail
En tenant compte de l’accessibilité des données à notre possession, outre l’introduction générale, ce travail est subdivisé en trois chapitres ci-après :
· Le premier chapitre traite des considérations générales sur le terrorisme ;
· Le deuxième chapitre quant à lui aborde la matière traitant du groupe terroriste Boko Haram de ses racines jusqu’à sa configuration d’aujourd’hui ;
· Le troisième chapitre en fin s’occupe des conséquences liées aux exactions des djihadistes de Boko Haram et des mesures de répression.
Enfin, les suggestions et la conclusion boucleront notre étude.
Chapitre Premier
CONSIDÉRATIONS
GÉNÉRALES SUR LE TERRORISME
I.1. Introduction
Cependant, il est difficile de cerner tous les contours que prend le terrorisme dans le monde en général et en Afrique en particulier vu la multiplicité de groupes mafieux, la diversité de politiques, l’augmentation à un rythme insoutenable des populations et les disparités sociales entre riches et pauvres, nord et sud, blancs et noirs chrétiens et musulmans … de plus en plus nombreuses et l’intolérance caractérisant chaque groupe de plus en plus criante.
Les terroristes dans leur empire du mal, l’administration de la sauvagerie, mijotent des actions de grande envergure pour surprendre ceux qui sont distraits ou semblent ne pas s’intéresser de leur présence. Cela semble la motivation qui a été la nôtre en voulant en quelque sorte à travers cette œuvre secouer la léthargie des uns et des autres (décideurs surtout), les pousser à savoir que le terrorisme existe et qu’il faut prendre des mesures idoines pour mieux résister si pas le combattre.
I.2. Tentatives de définitions
I.2.1. D’Après les auteurs
Plusieurs définitions ont été données à propos du terrorisme et elles varient selon les auteurs, la nature de la victime et les circonstances. De nos jours, le « terrorisme », ce phénomène tristement célèbre semble intéresser plus d’un humain alors que son appréhension pose grandement problème surtout dans les classes les moins équipées, si pas pauvres situées pour la plupart dans l’hémisphère sud.
Ainsi, à en croire la majorité des auteurs qui semblent s’accorder sur l’usage ou l’emploi de certains termes ou mots sans lesquels il serait difficile d’expliquer ce phénomène, par la définition suivante :
« Le terrorisme est l'emploi de la terreur à des fins politiques, religieuses ou idéologiques ».[12]
Les multiples définitions, (ALEX SCHMIDT et BERTO JONGMAN en 1988) qui en font une liste de 109 varient sur : l'usage de la violence (certaines comprennent des groupes n'utilisant pas la violence mais ayant un discours radical), les techniques utilisées, la nature du sujet (mettant à part le terrorisme d'État), l'usage de la peur, le niveau d'organisation, l'idéologie, etc. Dans nombre de définitions intervient aussi le critère de la victime du terrorisme (civile, désarmée, innocente, attaque contre un État démocratique qui aurait permis au terroriste de s'exprimer légalement).[13]
Un grand nombre d'organisations politiques ou criminelles ont cependant recouru au terrorisme pour faire avancer leur cause ou en retirer des profits. Des partis de gauche comme de droite, des groupes nationalistes, religieux ou révolutionnaires, voire des États, ont commis des actes de terrorisme.
« Une constante du terrorisme est l'usage indiscriminé de la violence meurtrière à l'égard de civils dans le but de promouvoir un groupe, une cause ou un individu, ou encore de pratiquer l'extorsion à large échelle (mafias, cartels de la drogue, etc.) ».
Le terme terrorisme est aujourd'hui très fréquemment employé en droit international et par les institutions internationales, mais il ne donne pas lieu à une définition unique et universelle. Certains éléments semblent faire consensus, le philosophe JACQUES DERRIDA écrit ainsi :
« Si on se réfère aux définitions courantes ou explicitement légales du terrorisme, qu’y trouve-t-on ? La référence à un crime contre la vie humaine en violation des lois (nationales ou internationales) y impliquant à la fois la distinction entre civil et militaire (les victimes du terrorisme sont supposées être civiles) et une finalité politique d’influencer ou changer la politique d’un pays en terrorisant sa population civile ».[14]
Dans le cadre d'une guerre conventionnelle, pensent les auteurs sus nommés, il existe en effet un cadre juridique précis, le droit de la guerre. Les actes violant le droit de la guerre sont alors qualifiés de crimes de guerre. Les notions de terrorisme et d'acte terroriste servent donc à qualifier des actes en dehors du cadre bien défini de guerre conventionnelle et du droit de la guerre, même si leur définition précise n'est pas bien établie d'un point de vue strictement juridique, ou plus exactement, même si un usage peut en être fait à des fins d'intérêts politiques.
Le terrorisme se rapproche du concept de guerre ou de guerre civile. Ces notions partagent le caractère des actes d’extrême violence, et sont motivées par des fins politiques, idéologiques ou stratégiques. Elles opposent un groupe d’individus contre un autre et ont des effets délétères et donc nuisibles ou funestes dont la population est victime, délibérément ou accidentellement. Le terrorisme se différencie des guerres par le fait que les guerres produisent généralement des destructions plus conséquentes de par les moyens que peuvent mettre en place des États dotés d’armées puissantes. Les groupes terroristes sont généralement moins bien organisés et dotés de moyens financiers limités[15].
Le droit international considère différemment une guerre et des faits de terrorisme. La classification des faits n'est toutefois pas toujours évidente, certaines campagnes violentes peuvent être vues différemment ; certains experts les considéreront comme du terrorisme, comme une guerre civile, comme une insurrection, comme de l’autodéfense, comme de l’autodétermination légitime ou comme autre chose[16].
Pourtant, même une fois exclus les crimes de guerre, le terrorisme reste difficile à définir avec une précision satisfaisante. Une définition, proposée par le Groupe de personnalités de haut niveau et le Secrétaire général de l'ONU en 2004 est soutenue par la France :
« Tout acte commis dans l’intention de causer la mort ou des blessures graves à des civils ou à des non-combattants, qui a pour objet, par sa nature ou son contexte, d’intimider une population ou de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir un acte ou à s’abstenir de le faire ».[17]
Les actes de terrorisme sont contraires au droit de la guerre et aux droits de l'homme et de ce fait hors la loi. Tout ceci implique et renvoie à une définition de la guerre, au droit de la guerre qui impose d’épargner les civils (voir les textes du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui exposent les principes du droit humanitaire, eux-mêmes dépendant du droit de la guerre qui s’appuient sur ces principes et définitions et de même renvoient aux Droits de l'Homme. Le droit de la guerre se doit d'inclure les principes des Droits de l'Homme.
Nous découvrons à ce stade la complexité et la multiplicité de définitions de ce phénomène loin d’être hilarant mais dangereusement amer. L'article 33 de la quatrième Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre du 12 août 1949 précise que les peines collectives, de même que toute mesure d'intimidation ou de terrorisme, sont interdites ainsi que le pillage... et les mesures de représailles. L'article 51 du Ier protocole additionnel et l’article 13 du IIe protocole additionnel aux Conventions de Genève concernant la Protection de la population civile disposent que :
1. « Les personnes civiles jouissent d'une protection générale contre les dangers résultant d'opérations militaires. En vue de rendre cette protection effective, les règles ici-bas citées doivent être observées en toutes circonstances. »
2. « Ni la population civile en tant que telle ni les personnes civiles ne devront être l'objet d'attaques. Sont interdits les actes ou menaces de violence dont le but principal est de répandre la terreur parmi la population civile. »
3. « Les personnes civiles jouissent de la protection accordée par le présent Titre, sauf si elles participent directement aux hostilités et pendant la durée de cette participation ».[18]
Les conventions de l'ONU pour la répression du terrorisme donnent un cadre précis pour réprimer certains actes communément considérés comme des actes de terrorisme, tels que les détournements d'avions, les prises d'otages ou les attentats à l’explosif. [19]
I.2.2. Selon les Nations-Unies
L'Assemblée générale de l’ONU considère le terrorisme comme suit :
« Les actes criminels qui, à des fins politiques, sont conçus ou calculés pour provoquer la terreur dans le public, un groupe de personnes ou chez des particuliers sont injustifiables en toutes circonstances et quels que soient les motifs de nature politique, philosophique, idéologique, raciale, ethnique, religieuse ou autre que l’on puisse invoquer pour les justifier »[20].
1.3. Histoire du mot
Le mot « terrorisme » est attesté pour la première fois en novembre 1794, il désigne alors la « doctrine des partisans de la Terreur », de ceux qui, quelque temps auparavant, avaient exercé le pouvoir en menant une lutte intense et violente contre les contre-révolutionnaires[21]. Il s'agit alors d'un mode d'exercice du pouvoir, et non d'un moyen d'action contre lui. Le mot a évolué au cours du XIXe siècle pour désigner non plus une action de l'État mais une action contre lui. Son emploi est attesté dans un sens antigouvernemental en 1866 en Irlande, en 1883 en Russie (mouvement nihiliste), en Inde britannique (Jugantar ), dans les Balkans et l'Empire ottoman (l'Organisation Révolutionnaire Intérieure Macédonienne), ORIM en sigle, qui pratique des prises d'otages d'Européens, et les Comitadjilik bulgares, qui fournirent la matière d'un livre, Les comitadjis ou, Le terrorisme dans les Balkans à Albert Londres[22].
Selon FRANÇOIS-BERNARD HUYGHE (1864), l'attentat de la rue Saint-Nicaise en 1800, la machine infernale du boulevard du Temple en 1835, les complots de carbonari « restent encore dans la tradition du tyrannicide. Le terrorisme au sens moderne naît avec les médias modernes. Celui-là, sous sa forme moderne, se répand au Moyen-Orient, avec l'assassinat du Shah Nasir al-Dîn en 1896, dont la responsabilité morale est souvent attribuée, à tort ou à raison, à Djemâl ad-Dîn al-Afghâni.
Le philosophe PHILIPPE-JOSEPH SALAZAR fait remonter le concept de terrorisme au jus terrendi, notion qu'on trouve chez le juriste romain POMPONIUS et dans les Digestes de l'empereur romain d'Orient Justinien. Le jus terrendi est le droit d'inspirer au criminel une « terreur salutaire », afin de le maintenir dans le respect de la loi. La menace de l'exécution en relève, par exemple. Mais les romains en envisagent aussi une autre acception : selon eux, l'usage de la terreur permet de chasser du territoire tous ceux qui voudraient en enfreindre les lois. En somme, le jus terrendi a une dimension éthique qui est la terreur comme effet dissuasif mais aussi étatique quand il s'agit d'imposer sa souveraineté »[23].
Signalons tout de même ce qu’on a appelé, « les années de plomb ». On l’a souvent oublié mais durant les années 1970-1980, l’Europe de l’Ouest a connu une période d’attentats terroristes de haute intensité perpétrés par des groupes d’extrême gauche ou néofascistes. Ces années ont été baptisées les « années de plomb ». C’est à la même époque que le terrorisme séparatiste (irlandais et basque) connaît une période très violente et sanglante.[24]
Signalons tout de même que l’usage du terme « terrorisme » sert d’un argument généralement accusateur. À lui seul, il délégitime un acte qui peut être considéré comme le plus grave des crimes contre la personne. Les peines peuvent donc être plus sévères, comme l'emprisonnement à perpétuité ou la peine de mort quoi qu’à ce jour déclarée anachronique voire dépassée. Mais à l'inverse, les adeptes du terrorisme peuvent avoir un sentiment différent, par exemple en supposant que leur cause pourrait éventuellement être d'un intérêt supérieur à la violence commise.
Ce terme, l’avons-nous dit ci-haut, désigne aujourd'hui les actions violentes destinées à répandre la terreur et ainsi faire pression sur un État ou sur une population civile ; exemple Boko Haram que nous développerons dans le chapitre qui suit. Ces actions violentes visent souvent les populations civiles, afin de détruire, tuer et mutiler, ou soumettre. Elles ont pour but de promouvoir des messages à caractère idéologique, politique ou religieux par la peur et la publicité médiatique.
I.3.1. Terrorisme et résistance
On distingue le terrorisme des actes de résistances sur des critères techniques ou tactiques. En effet, les résistants s'attaquent à des « cibles » précises, ils détruisent des moyens militaires afin d'enrayer l'effort de guerre ennemi (par exemple : sabotage des voies ferrées ou destruction de convois, qui permettaient l'acheminement de vivres, de munitions et de carburant aux soldats allemands sur le front de l'est) ; les résistants ne tuent pas au hasard, et encore moins des civils (non-combattants). S'ils sont amenés à flinguer, ils ciblent des autorités militaires ou administratives ennemies, toujours dans le but de décapiter le potentiel d'effort de guerre d'un ennemi[25].
Les résistants peuvent également organiser l'assassinat de « collaborateurs », et cela dans le but de contrer les actions de l'ennemi. Les différents courants durant la Seconde Guerre mondiale comme les Francs-tireurs et partisans (FTP) qui se regroupèrent pour former les Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) que de Gaulle organisa en un front uni de résistance à l'occupant nazi et au gouvernement de Vichy, ou plus récemment en Grande-Bretagne avec la lutte de l'Irlande du Nord.
JACQUES DERRIDA (1996), encore rappelle de manière précise que la définition du terrorisme dépend de la possibilité de distinguer différents types de guerres, d'actions armées et de combattants, conformément aux analyses de CARL SCHMITT qui font référence en la matière. Il précise :
« Une lecture critique de Carl Schmitt, par exemple, serait fort utile pour prendre en compte, aussi loin qu’il est possible, la différence entre la guerre classique, confrontation directe et déclarée entre deux États ennemis, dans la grande tradition du droit européen, la « guerre civile » et la « guerre des partisans », dans ses formes modernes, encore qu’elle apparaisse, Schmitt le reconnaît, dès le début du XIXe siècle» [26].
Le même auteur renseigne qu’il est parfois difficile de distinguer entre des actes de résistance et des actes de terrorisme car les différents termes renvoient à une forme de légitimité supposée des objectifs politiques qui justifierait en partie les actes de violence commis. La perception de cette légitimité varie largement selon les protagonistes et observateurs, ce qui complique grandement l'établissement d'une définition objective et acceptée universellement de la notion de terrorisme. Un cas d'autant plus complexe qui fait partie de l'actualité est celui de l'Irak, où diverses tendances de l'Islam sont en guerre larvée et certains groupuscules armés recourent à des actes violents contre des civils irakiens ou étrangers.
Se considérant résistants à l'occupation de leur pays par les États-Unis, les auteurs de ces actes qualifiés de barbares par des victimes prétendent trouver dans ce statut la justification de leurs actions. Si par contre on refuse d'accorder ce statut de résistant, soit par déni de l'objectif politique, ne considérant pas que l'Irak soit occupé ; soit parce qu'on considère que la violence extrême utilisée dépasse toute forme de justification, on parlera alors de ces actes de violence comme d'actes de terrorisme. Ainsi, soulignait STOHL (1995), l'appellation de terroriste sous-entend une complète illégitimité de ces actions alors que la définition de résistant sous-entend une légitimité à résister à l'envahisseur[27].
Dans ce contexte digne d’un labyrinthe, pour éviter le « piège » sous-jacent à ne pas faire abstraction de la légitimité ou non de l'acte et qui est rappelé par le cliché qu'« un terroriste pour l’un est un combattant de la liberté pour l’autre », une approche est de se focaliser sur les « objectifs opérationnels » et non pas sur les « objectifs politiques ». Selon M. Stohl, on sort de ce cliché en prenant en compte qu'« un individu est un terroriste quand il emploie des méthodes terroristes et que bien que certains puissent vouloir argumenter que des fins particulières justifient des moyens particuliers, cela ne change pas ce que sont ces moyens. » Le terme « terroriste » fait ainsi référence à un moyen tandis que « combattant de la liberté » à une « fin ».
I.4. Les Causes sous-jacentes du terrorisme islamiste
Au-delà du discours religieux, le terrorisme peut avoir des causes diverses selon les chercheurs. Une controverse existe parmi les islamologues entre « l’islamisation de la radicalité » défendue par OLIVIER ROY à celle de la « radicalisation de l’Islam » soutenue par GILLES KEPEL, entre des « causes non-religieuses » et des « causes religieuses ». Cependant pour l'Américain MARC SAGEMAN, psychiatre et ex-agent de la CIA, la controverse entre l'« islamisation de la radicalité » et la « radicalisation de l'islam » est « une dispute très française », consistant à « faire des jeux de mots abstraits mais qui ne veulent rien dire. C'est comme se demander si les camps de concentration nazis sont l'allemagnisation du diable ou la diabolisation de l'Allemagne ».[28]
Pour MALEK CHEBEL, le terrorisme se nourrit de l'échec des gouvernants musulmans sur le terrain de la contestation sociale, de la pauvreté du peuple et de la corruption des élites. Le terrorisme perdurerait par « la cécité des pays riches qui, au-delà même de la lutte idéologique, interprètent ces phénomènes brutaux comme une simple revanche de gueux dépenaillés sur les nantis ».[29]
Le sociologue DOMINIQUE BAILLET considère que les causes sont à la fois économiques, politiques, sociales et psychologiques :
· Sur le plan économique, le terrorisme serait ainsi nourri par le déséquilibre nord-sud, vu que le monde musulman, se trouve dans une situation économique de « sous-développement ».
· Sur le plan politique, il serait poussé par le caractère despotique et autoritaire des régimes en place depuis la décolonisation ainsi que par les problèmes non résolus comme le conflit israélo-palestinien, et l'embargo irakien, le conflit syrien, le nucléaire uranien etc.
· Sur le plan social, il serait causé par une pauvreté croissante, le chômage, la détresse sociale, et l’absence des libertés individuelles.
· Les causes psychologiques : elles peuvent notamment être provoquées par le désenchantement, le rêve d’un monde meilleur, le rejet du matérialisme, le ressentiment, la frustration, le manque de reconnaissance.[30]
Pour le philosophe RENÉ GIRARD, « le terrorisme est lié à un monde différent du nôtre, mais ce qui suscite cette différence l’éloigne de nous et nous le rend inconcevable. Contrairement à RENÉ GIRARD, nous pensons qu’il est issu d’un désir exacerbé de convergence et de ressemblance » ; il s'inscrirait donc dans « la volonté de rallier et de mobiliser tout un tiers-monde de frustrés et de victimes dans leurs rapports de rivalités mimétiques avec l’Occident ».
DOMINIQUE BAILLET pensant à peu-près la même chose, dit :
«Certains islamistes pourraient aussi avoir le sentiment d'être humiliés, et croire que les occidentaux pourraient considérer l'islam comme une religion sous-développée. Selon lui, l'humiliation serait en effet une source de violence ».
Pour ce faire, le prédicateur et théologien musulman TARIQ RAMADAN déclare :
Les islamistes verraient dans l'occident une forme de polythéisme où « l’argent, le pouvoir, le sexe, la violence, le bruit, la négation astucieuse ou brutale de toute spiritualité, de toute morale et de toute transcendance » seraient au cœur d'une adoration qui formerait une sorte de négation de la religion. Ceci leur permettrait de fédérer autour de ce sentiment.[31]
I.5. Les différents types de terrorisme
Il existe quatre grands types de terrorisme bien connus et d’autres qui ne sont pas d’usage courant. De ces types de terrorisme, on a :
· Le terrorisme individuel, provoqué par des rebelles, des anarchistes, ou des nihilistes (admettant une liberté morale) ;
· Le terrorisme organisé, prôné par des groupes défendant des idéologies différentes (ex. : extrême gauche, extrême droite…) ;
· Le terrorisme d'État ;
· Le cyber terrorisme.
Selon le criminologue MAURICE CUISSON, ces différents types de terrorisme sont motivés par quatre éléments :
· La haine vengeresse qui débouche sur la détermination de venger les exactions dont les ennemis seraient responsables ;
· La dissuasion pour que la population terrorisée fasse pression sur son gouvernement ;
· La propagande pour frapper les esprits ;
· La provocation pour pousser un gouvernement à surréagir.
I.5.1. Terrorisme individuel
Le terrorisme individuel est une pratique qui s'est développée à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Ce type de terrorisme a été pratiqué par quelques anarchistes comme Ravachol vengeant la Répression de Fourmies au nord de la France en 1891 et Sante Geronimo Caserio vengeant la répression exercée sur les anarchistes en assassinant en 1894, le président SADI CARNOT.[32] Les États-Unis ont connu une vague d'attentats anarchistes pendant la Peur Rouge de 1919-1920 désignant les deux périodes de fort développement de l’anticommunisme dans le pays de l’Oncle Sam. Des attentats d'inspiration anarchiste ou nihiliste ont été commis dans divers pays (Russie, Espagne, Italie, etc.).
Les attentats nihilistes ou anarchistes visaient des personnalités de la sphère politique ou proche (le riche, le militaire, le prêtre, le policier, l'homme politique, etc.) ayant participé à réprimer la population ou l'un de leurs camarades. L'idée étant qu'une fois supprimés les acteurs de cette répression, celle-ci s'estomperait dû à la peur des autres acteurs de la sphère politique répressive. Ce terrorisme avait un caractère spontané et une base sociale.
I.5.2. Terrorisme organisé
Lorsqu'il est pratiqué par un groupe de personnes ne représentant pas un gouvernement, on le nomme simplement terrorisme. Dans les années 1960 et 1970, le terrorisme d'extrême gauche et d'extrême droite était le plus important, ayant des buts politiques différents, menant à une lutte directe ou indirecte avec l'État, dans le but pour l'extrême gauche, de radicaliser politiquement la société vers des questions sociales, ou pour l'extrême droite, d'imposer le débat nationaliste et/ou, dans une stratégie de tension, de créer une situation amenant l'État à faire descendre la police ou l'armée dans les rues.[33]
Retenons que ce type de terrorisme d'extrême gauche est souvent appelé « lutte armée », par ceux qui le pratiquent. Les membres des groupes terroristes s'appellent eux-mêmes généralement des « résistants, combattants ou partisans », car ils considèrent qu'ils résistent à l'oppression du pouvoir politique en place, où qu'ils mènent des actions de libération, qu'ils comparent à celles menées par les Résistants à l'occupation nazie en Europe durant la Seconde Guerre mondiale de 1939-1945.
Dans le même registre, les terroristes se réclamant de l'islamisme se considèrent quant à eux comme des « combattants de Dieu », menant une « guerre sainte », traduction littérale qui ne fait référence qu'à la lutte physique incluse dans le terme Jihad, terme possédant d'autres significations, selon MAURICE CUSSON. Depuis les années 1990, le terrorisme islamiste a pris une place croissante sur la scène internationale. Ses auteurs le justifient notamment comme une réponse apportée à la situation politique en Israël-Palestine et en Irak à la suite de l'intervention américaine.[34]
Cependant, il a touché aussi bien des pays comme l'Algérie, l'Égypte, l'Indonésie, etc., où il n'y a pas de troupes occidentales et où il est difficile de parler de domination impérialiste. Dans ce cas-là, son objectif est tout autre : c'est une démonstration de force contre des États où le pouvoir religieux extrémiste tente de renverser les gouvernements.
Entre 1954 et 1962, en Algérie, le FLN (Front National de Libération), mit en place une stratégie de terreur vis-à-vis de la population civile tant musulmane que non-musulmane. L'OAS, créée chez les Français d'Algérie au début des années 1960, mena une stratégie de terreur contre les musulmans supposés favorables au FLN. Elle essaie ensuite d'exporter la violence en métropole, contre les représentations du FLN et du PCF, puis contre le pouvoir gaullien, accusé de trahison. Aux États-Unis d'Amérique, le Ku Klux Klan mène un terrorisme constant contre la population noire jusque dans les années 1960, ou bien dans d'autres groupements comme les auteurs des attentats des jeux d'Atlanta.[35]
I.5.3. Terrorisme d'État
Le Terrorisme d'État est une notion controversée, utilisée pour désigner des « actes terroristes » menés par un État. On parle également de terrorisme d'État dans le cas où des actions terroristes sont commanditées, manipulées ou complaisamment ignorées par un État (ex. pas de mesure pour l'arrêter)[36]. Les méthodes employées sont strictement les méthodes du terrorisme : enlèvement, séquestration et assassinat ; mais sous couvert de la raison d'État, les agents de l'État impliqués bénéficient de la part de ses autorités de l'assentiment nécessaire à outrepasser le droit et du support logistique et/ou financier nécessaire à leurs actions. Cette absence de cadre légal représente donc une entorse aux fondements de l'état de droit, quels que soient les objectifs recherchés.
Un exemple de terrorisme d'État est la « Guerre Sale » conduite par des services de l'État Espagnol à l'encontre du groupe armé nationaliste basque ETA durant les années 1960, 1970 et 1980 en Amérique latine. Les Groupes antiterroristes de libération (GAL) furent impliqués dans l'élimination physique de 37 personnes considérées comme appartenant ou soutenant l'ETA. L'affaire impliqua le gouvernement espagnol de FELIPE GONZÁLE (PSOE) dont le ministre de l'intérieur JOSÉ BARRIONUEVO et d'autres responsables furent finalement jugés et reconnus coupables dans le cadre de l'affaire « Marey », du nom d'un citoyen franco-espagnol séquestré par erreur par les Groupes antiterroristes de libération. En dépit de cette décision initiale, ces commanditaires d'actions terroristes bénéficièrent d'une relative clémence de l'appareil judiciaire, comparativement aux membres de l'ETA qui arrivent en fin de peine initiale et dont la justice espagnole cherche actuellement à prolonger les condamnations.
L'expression « terrorisme d'État » est parfois utilisée pour décrire des agressions ouvertement commises par un État contre un groupe particulier. La terreur à la source du « terrorisme d'État », des faits, peut aussi relever du « crime contre l'humanité » en cas d’un éventuel jugement. Les démocraties modernes peuvent être accusées de terrorisme pour des actes comme le dynamitage du bateau de l'organisation Greenpeace en Nouvelle-Zélande par les services secrets français en 1984, ou le financement des Contras au Nicaragua par la CIA dès 1981.[37]
Le noyautage d'organisations contestataires par des agents aux ordres directs du pouvoir permet d'en manipuler les actes à des fins d'auto-discréditation, tout comme la fausse revendication d'attentats, accréditant ces derniers à des groupes non directement impliqués. Le réseau Stay-behind mis en place par les États-Unis en Europe après-guerre est suspecté d'avoir servi à des opérations false flag, le cas Gladio en Italie par exemple.[38]
Le terrorisme d'État est pratiqué par des services secrets à des fins politiques. Dans les années 1930, les services secrets soviétiques et italiens ont ainsi éliminé plusieurs de leurs opposants réfugiés à l'étranger ; par exemple, Ramón Mercader, un des exécuteurs travaillant pour le NKVD, a assassiné LÉON TROTSKI et aurait tué une vingtaine de ses partisans.[39]
Pendant la guerre d'Algérie, les services français en tant que la Main Rouge ont mené plusieurs centaines d'« actions homicides » contre des responsables du FLN et de l'OAS et contre leurs fournisseurs d'armes. Après les indépendances, des dictatures comme celle de Saddam Hussein en Irak, de MOUAMMAR KADHAFI en Libye, de MOBUTU et KABILA en RDC, du régime de la Corée du Nord de KIM JONG-UN ont aussi pratiqué la liquidation de leurs opposants à l'étranger. Le Rwanda et l’Ouganda ont également procédé à la chasse des opposants en Afrique du sud surtout.
La Turquie est accusée de terrorisme par des militants kurdes, l’Indonésie par des militants tamil, l’Israël par des militants palestiniens ainsi que par des pays qui lui sont hostiles et en particulier à la suite des opérations militaires israéliennes de tout temps menées dans la bande de Gaza et dont les victimes sont en partie des civils, ce qui a poussé certains pays amis de la Palestine à classer l’État hébreux dans la liste de terroristes. Il s’agit de l’Iran, du Liban de la Turquie et même la Bolivie, placée outre Atlantique afin de protester contre cette guerre.[40]
Ce type de terrorisme est l'œuvre des groupes privés commandés par un gouvernement pour commettre des attentats à l'étranger. Le terrorisme d'État est un phénomène nouveau de relations internationales et une nouvelle composante des relations diplomatiques. Les organisations qui le pratiquent, affirment agir de manière autonome et tissent un écran entre leurs commanditaires et les victimes.[41]
Cependant, on s'aperçoit bien que les revendications des commanditaires expriment les mêmes exigences que celles qui sont émises, par voie diplomatique, par les États qui les manifestent. L'argent et le soutien logistique sont fortement professionnalisés. Dépister leurs membres, est une épreuve de longue haleine pour les forces de sécurité et de renseignement.
I.5.4. Terrorisme politique et idéologique
Phénomène multiséculaire, ce type de terrorisme remonte aux premières formations politiques et fut dénommé, suivant l'époque, tyrannicide ou régicide. Les premières formes de ce terrorisme apparaissent chez Harmodios et Aristogiton à Athènes au Ve siècle av. J.-C., chez Brutus et Cassius à Rome au Ier siècle av. J.-C. ou chez les Sicaires en Judée au Ier siècle.
Pour ce genre de terrorisme, nous en voulons pour exemples les cas ci-après :
· Attentats de la Cagoule en septembre 1937 à Paris ;
· Attentats de l'Irgoun en représailles contre des civils arabes en 1930 puis contre les forces britanniques en 1940,
· Attentats et assassinats de la Fraction armée rouge en Allemagne de 1968 à 1998,
· Attentat de la piazza Fontana, en décembre 1969 mis sur le dos des Brigades Rouges, il s'agissait en fait d'un attentat d'un réseau d'extrême droite dans le cadre de la stratégie de la tension; voir aussi l'attentat de Bologne de 1980.
I.5.5. Terrorisme économique
Le concept de terrorisme économique est controversé et le plus souvent utilisé de façon polémique ou démagogique pour associer le terme « terrorisme » à un pays, une entreprise ou un groupe accusé de pratiques abusives. Il est néanmoins également utilisé de façon plus strictement définie pour désigner une tentative de déstabilisation économique par un groupe.
Plus précisément, le Centre de politique de sécurité de Genève a défini en 2005 le terrorisme économique de la façon suivante :
« Contrairement à la "guerre économique", qui est menée par des États contre d'autres États, le "terrorisme économique" serait mené par des entités transnationales ou non-gouvernementales. Elle supposerait des actions variées, coordonnées et sophistiquées, ou des actes massifs de déstabilisation pour désorganiser la stabilité économique et financière d'un État, d'un groupe d'États ou d'une société (telle une société occidentale à l'économie de marché) pour des motifs idéologiques ou religieux. Ces actions, si menées, pourraient être violentes ou non. Elles pourraient avoir des effets immédiats ou infliger des effets psychologiques qui à leur tour peuvent avoir des conséquences économiques».[42]
I.5.6. Le terrorisme révolutionnaire
Le terrorisme révolutionnaire est l'œuvre de certaines organisations qui évoluent dans la clandestinité la plus absolue et visent la déstabilisation et le renversement d'un système politique en amenant un gouvernement à militariser les institutions pour qu'elles basculent dans la révolution. Ce type de terrorisme correspond à une culture de société. Il est vécu surtout en Amérique Latine et en Europe.[43]
I.5.7. Le terrorisme nationaliste
Celui-ci est pratiqué par les mouvements de libération nationale, en général, par des groupes ethniques qui luttent pour leur indépendance. Ce genre de terrorisme a été largement utilisé durant toute la période de la décolonisation depuis 1945, notamment en Algérie, en Angola et au Mozambique. Les Juifs l'ont également pratiqué avant 1948 quand le mouvement de l'organisation militaire nationale « IRGOUN » ayant à sa tête Menahem Begin, futur premier ministre s'est attaqué, avec des bombes à la présence britannique sur la terre promise. L'apartheid en Afrique du Sud, les basques en Espagne, les Corses en France, les catholiques en Irlande du nord, ... en ont fait à leur tour une redoutable arme.[44]
I.5.7.1. Le Terrorisme palestinien
Le terrorisme palestinien fait référence aux actes de terrorisme perpétrés pour promouvoir la cause nationale palestinienne. Depuis 1948, le terrorisme palestinien a fait plus de 3 800 tués et 29 000 blessés, principalement des Israéliens.[45]
Historiquement, depuis 1919, des groupes palestiniens locaux attaquent la population juive du Yishouv, en opposition aux aspirations du sionisme. De 1949 à 1956, les Fedayin commettent des attentats dans le cadre du conflit israélo-arabe. Depuis 1965, une nouvelle période de terrorisme voit le jour, avec des attentats organisés par des groupes palestiniens, au nom de la « libération de la Palestine » ainsi que pour créer un État palestinien. L'attaque de l'aqueduc national d'Israël le 1er janvier 1965, marque le début du terrorisme palestinien contemporain. Le terrorisme palestinien ne devient notoire dans les médias occidentaux qu'à la fin des années soixante, à l'occasion d'actes de piraterie et de prise d'otages. À partir de 1968, il se traduit par le détournement d'avions civils, des prises d'otages, des attaques contre différentes infrastructures et des attentats. Durant la Seconde Intifada (28 septembre 2000), il prend la forme d'attentats, dont des attentats-suicides, contre des cibles civiles et militaires.[46]
I.5.8. Le terrorisme privé
Les organisations terroristes privées recourent à la force armée pour intimider le gouvernement et le contraindre à satisfaire ses revendications, soit pour déstabiliser les sociétés civiles en éliminant les personnalités dont le rôle symbolise l'exercice de l'autorité.[47]
I.5.9. Le terrorisme primordial
Il est à la fois moins intellectuel et plus interpellant. Il suscite la plus grande sympathie et produit les formes les plus extrêmes du fanatisme. À l'origine de cette forme de terrorisme, vient en ordre utile les brimades, les marginalisations, les dépassassions, les iniquités, etc. exprimés en termes ethniques, religieux, linguistiques en politique à l'égard d'un groupe donné. Ce groupe frappé par les injustices de tous les ordres, va chercher la libération immédiate et en vue de créer une nouvelle société et de sauver une société traditionnelle ou de provoquer un changement révolutionnaire.[48]
I.5.10. Le terrorisme international
La CIA (Central Intelligence Agency) américaine qualifie de terrorisme international, le terrorisme transnational se caractérisant par des actions perpétrées par des étrangers dans un pays donné sur la personne d`un étranger au pays où l'attentat a été commis.
L'organisation de libération de la Palestine (OLP) dont il a été question plus haut, s'était illustrée par le terrorisme international afin d'interpeler l'opinion publique internationale et de remporter une victoire politique au niveau des instances politiques internationales. C'est ainsi qu'à, partir de 1970, l'OLP s'illustrera par des détournements d'aéronefs civils et d'autres types d'attentats loin du Moyen-Orient. De même, les réseaux terroristes algériens, proches du Front Islamique du Salut (FIS), exporteront leurs actes de violence vers le territoire français considérant que c'est la France qui a été à la base de l'arrêt d'un processus démocratique ayant abouti à la victoire des Islamistes.[49]
Des auteurs très critiques à l’égard de la politique étrangère des États-Unis, mais ne représentant pas l'opinion majoritaire, comme NOAM CHOMSKY, affirment que les Américains pratiquent eux-mêmes le terrorisme à l’échelle internationale. Noam Chomsky donne pour exemple le cas de la condamnation des États-Unis par la Cour internationale de justice pour « usage illicite de la force » contre le Nicaragua ou en Afghanistan. Pour Noam Chomsky, cet « usage illicite de la force » est un autre nom pour le « terrorisme international ». Les États-Unis ont rejeté le jugement et annoncé qu'ils n'accepteraient plus désormais la compétence de la cour. « On ne saurait oublier que si les États-Unis condamnent après le 11 Septembre 2001 le terrorisme d’État, c’est après l’avoir appuyé en Indonésie, au Cambodge, en Iran ou en Afrique du Sud » déclare de son côté l’historien JEAN-MICHEL LACROIX.[50]
Selon la Radio France Internationale (RFI), l'administration Obama aurait fait usage de frappes par drones qui ont tué de nombreux dirigeants islamistes, mais « cette nouvelle forme de la guerre antiterroriste fait surtout de nombreuses victimes civiles et suscite de vives critiques dans le monde entier ». Néanmoins, selon PHILIP ALSTON, rapporteur spécial des Nations-unies de 2004 à 2010 sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, il est presque impossible d'enquêter sur les attaques de drones, les autorités américaines ne divulguant aucune information sur le sujet ; ce qui est du reste une tare horrible.
De plus, pour le politologue JEAN-BAPTISTE JEANGÈNE VILMER, directeur de l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire : « l’utilisation des drones armés est un moindre mal, c’est-à-dire qu’il est préférable à ses alternatives. Une certaine critique des drones, comme celle de GRÉGOIRE CHAMAYOU, s’abstrait du contexte en dénonçant les dommages causés par les drones.
1.5.11. L'utilisation des aéronefs civils comme projectiles
Le 11 septembre 2001, deux avions civils, détournés par des terroristes, s'abattent sur les tours jumelles du Wall Treet Center, tandis qu'un autre s'écrase sur le pentagone et qu'un dernier termine sa course en Pennsylvanie. Les attentats les plus meurtriers, jamais conduits par une organisation terroriste, auraient fait plus de 4 000 morts. Ces actes plongeront les États-Unis et le monde dans une certaine torpeur, car ils démontraient à suffisance la vulnérabilité de l' « hyper puissance » mondiale frappée au niveau même des symboles de sa force économico-financière et militaire partant de son prestige. Ces actions avaient porté la marque d'Al-Qaïda, le réseau terroriste d'Oussama ben Laden.[51]
I.5.12. Le bio terrorisme
C'est l'utilisation ou la menace d'utilisation de virus, des bactéries, de micro-organismes dans le but de provoquer une maladie ou les décès des êtres humains, d'animaux ou des plantes tels que la transmission digestive aérienne ... la terreur chimique et biologique, est aussi préoccupante. Par exemple au début de l'année 1995, l'attentat au gaz toxique dans le métro de Tokyo a secoué le monde entier.[52] Les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont accusé la Chine de bio terrorisme à cause de sa supposée manipulation du Coronavirus dans son laboratoire de Wuhan en Novembre-Décembre 2019.
I.5.13. Le Cyber terrorisme
L'influence de plus en plus grandissante des réseaux informatiques dans l'activité des populations et des États et leur dégradation par des « cyberattaques » a fait naître l'idée d'un possible « cyber terrorisme ». Une cyberattaque désigne généralement l’exploitation délibérée de réseaux informatiques pour lancer une attaque. Elle vise généralement à perturber le fonctionnement des cibles, telles que les systèmes informatiques, les serveurs ou les infrastructures sous-jacentes, par le biais d’opérations de piratage, de techniques pointues de menace constante, de virus informatiques, de logiciels malveillants, de phlooding ou d’autres moyens d’accès non autorisés ou malveillants.
Conformément à la section 1 du référentiel de législation contre la cybercriminalité de l’Union internationale des télécommunications, on peut définir un logiciel malveillant comme un programme qui est inséré dans un programme ou système informatique, généralement en secret, dans l’intention de compromettre la confidentialité, l’intégrité ou la disponibilité du programme, des données ou du système informatique. Le terme « phlooding » désigne quant à lui le fait de cibler les serveurs centraux d’authentification d’une organisation par de multiples requêtes simultanées, dans le but de les surcharger, ce qui provoque un déni de service distribué.[53]
Toutefois, il faut admettre que cette technologie, si elle facilite la communication, elle peut aussi être exploitée à des fins terroristes. En avril 2007 par exemple, le déplacement d'une statue à Tallinn, capitale de l'Estonie, provoqua une émeute d'un millier de jeunes issus de la minorité russophone.[54] L'émeute sera suivie au cours du mois de mai par une attaque par déni de service des principaux sites de l'administration estonienne, de banques et de journaux estoniens vraisemblablement par des pirates au service du Kremlin. Indexé, Moscou dément formellement toute implication du gouvernement et de son principal service secret, le FSB. Le Singapour dût être lui aussi victime d’une attaque similaire en septembre 2017, causant ainsi la perte de plusieurs données secrètes de la Cité-État.
Le conflit qui oppose l'Inde et le Pakistan se reporte régulièrement sur Internet depuis 2001, et se manifeste par des défacements de sites Internet et par la diffusion de virus informatiques. En automne 2018, Israël orchestra une attaque farouche sur l’arsenal numérique iranien, détruisant les renseignements sur son très controversé programme nucléaire.
Le National Center for Digital Intrusion Response (NCDIR) a été fondé en 2007 par le FBI avec un budget de soutien de 3 millions de dollars pour traiter le problème de la cybercriminalité. L'objectif est de protéger la cyber infrastructure des États-Unis contre les menaces de ses multiples ennemis, surtout arabes, iraniens, turcs, nord-coréens et russes.
Ce type de terrorisme, avons-nous dit fait référence à l'utilisation des outils de la technologie moderne tels que les ordinateurs, des armes cantiques et les virus informatiques qui détruisent les données ou les paralysent. Il y a aussi la logique qui plante l'ordinateur en l'amenant à se lasser puisque l'économie et la sécurité de la nation en dépendent plus. Alors que, l'infrastructure militaire permet à la plupart des armées de communiquer, même dans un conflit nucléaire (énergie- transport- marché, finance) peut être vulnérable au sabotage.[55]
I.5.14. Le Terrorisme religieux
Le Terrorisme religieux est le plus effarant et le plus répandu qui existe aujourd’hui. Il a pour mobile la « Religion ». Ce sont donc des gens qui « tuent au nom de Dieu ». Dans les années 1990, l’Algérie a connu une guerre civile extrêmement sanglante. Après la dissolution du Fis (Front islamique du salut) suite à sa victoire aux élections, des groupes armés du GIA (Groupe islamique armée) ont entrepris une guérilla contre le régime algérien et ceux qui étaient accusés de le soutenir. On estime que ce conflit coûta la vie à plus de 60 000 personnes, le double selon certaines estimations.
Le terrorisme à proprement djihadiste s’est déployé sous plusieurs visages : Al-Qaïda et ses ramifications (au Maghreb, au Yémen), Daesh et les groupes qui ont prêté allégeance en Afrique (Boko Aram, Shebab, etc.). Il est actuellement le plus meurtrier dans le monde.
Le terrorisme religieux ne prend pas uniquement le visage islamiste. Il existe aussi un terrorisme bouddhiste : au Japon, l’attentat de Tokyo au gaz sarin par des membres de la secte Aum Shinrikyō a fait 12 morts en 1995. En Birmanie, le moine bouddhiste Ashin Wirathu s’est autoproclamé « le Ben Laden birman » : son mouvement 969 incite à la haine et à la violence contre les musulmans[56].
Ainsi, nous dégageons plusieurs types de terrorisme religieux dont les plus connus sont entre autres :
I.5.14.1. Le Terrorisme Chrétien
Le terrorisme chrétien est l'ensemble des activités considérées comme terroristes entreprises par des personnes ou des groupes qui expriment des motivations liées au christianisme. Il se fonde souvent sur une lecture soit raciste, soit intégriste de la Bible. À la fin du XXe siècle, il est représenté par exemple par l'attentat du cinéma Saint-Michel à Paris en 1988, par l'attentat d'Oklahoma City en 1995 ou par l'attentat du parc du Centenaire.[57]
I.5.14.3. Le Terrorisme Islamiste
Le terrorisme islamiste ou terrorisme djihadiste (parfois appelé à tort terrorisme islamique fait référence aux attentats et aux autres actions de terrorisme commis par des mouvements islamistes.
L'objectif visé par le terrorisme islamiste est la promotion d'une vision religieuse et radicale du monde, et les organisations qui l'utilisent le perçoivent comme un commandement divin. Bien que dans sa définition religieuse le djihad ne soit pas spécialement lié à la politique ni à la violence, au début du XXIe siècle, il est étroitement associé à la violence politique exercée en son nom dont un des buts serait de « contraindre des États à un retour aux lois de Dieu et à la société prophétique de l’islam originel et à épurer l’ordre politique en place ». Le terrorisme islamique est ainsi devenu un des facteurs les plus structurants de la géopolitique du Moyen-Orient au XXIe siècle.[58]
Des organisations comme Al-Qaïda, Daesh et Boko Haram se positionnent clairement dans le contexte islamique et revendiquent de pratiquer le djihad bien que leurs actions soient condamnées par des autorités religieuses musulmanes. Plusieurs organisations islamistes comme le Hamas et le Hezbollah sont considérées comme terroristes mais qualifient leurs opérations de « résistance » contre « une force d'occupation ». L'organisation terroriste de l'État Islamique (Daesh) perpètre également des attaques djihadistes et se revendique du salafisme djihadiste. Son objectif est le rétablissement du califat des Abbassides, c'est-à-dire un État musulman s'étendant de l'Afrique du Nord à l'Asie centrale.[59]
Les attentats du 11 septembre 2001 perpétrés par Al-Qaïda et qui ont fait près de 3 000 morts sont souvent présentés comme l'événement emblématique du terrorisme islamiste, mais d'autres villes et régions du monde sont durement touchées par l'organisation État Islamique, comme Paris depuis novembre 2015, ou plus récemment, le Sri Lanka en avril 2019.
En 2019, le journal allemand Die Welt am Sonntag évalue le nombre d'attentats islamistes dans le monde depuis 2001 au nombre de 31 221 et le nombre des victimes de ces attentats à au moins 246 811 personnes. Le journal rappelle paradoxalement que la plus grande partie des victimes de ces attentats sont des musulmans.[60]
Bien que des actes de terrorisme majeurs tels la prise de la Grande Mosquée de la Mecque en 1979 et l'assassinat du président égyptien Anouar el-Sadate le 6 octobre 1981 par le Jihad islamique égyptien aient eu lieu avant cette guerre, pour un certain nombre d'analystes des questions géopolitiques, le terrorisme islamiste moderne est daté de la guerre d'Afghanistan (1979-1989).
Selon NOAM CHOMSKY, « les islamistes radicaux, ou extrémistes, souvent appelés « fondamentalistes », ont été choyés par les États-Unis dans les années 1980, parce qu'ils étaient les plus implacables tueurs au monde ».[61]
I.6. Des concepts : Islamiste, Islamique et Djihadiste
I.6.1. Le terme Islamique
Plusieurs organisations islamistes qualifient leurs opérations de « résistance contre une force d'occupation ». Ainsi, Hamas est un acronyme de mots arabes, « harakat al-muqâwama al-'islâmiya » signifiant « mouvement de résistance islamique ». Le drapeau du Hezbollah porte le slogan « al-muqāwamah al-islāmīyah fī lubnān » qui signifie « la résistance islamique au Liban ». En Irak, plusieurs organisations (d'inspiration politique ou religieuse) mènent une guérilla contre les forces militaires américaines.[62]
Ce terme de « terrorisme islamique » est utilisé par les francophones dans le monde de la recherche et dans le monde politique. Cet usage est minoritaire par rapport à « terrorisme islamiste ». À l'inverse, en anglais, l'usage de l'expression « islamic terrorism » est majoritaire. Pour FATIH YAMAC, Alors que les autorités étatiques utilisent plutôt des expressions comme le terrorisme à caractère religieux ou de motif religieux, les chercheurs n’hésitent pas à le qualifier de terrorisme religieux, islamiste ou islamique, juif ou chrétien ». Le terme « terrorisme musulman » est utilisé plus rarement.[63]
L'usage de ce terme est rejeté et vivement critiqué par nombre de chercheurs, intellectuels, journalistes et hommes politiques qui soulignent son inexactitude sémantique et dénoncent les effets néfastes d'un tel usage. Le sociologue Dominique Baillet considère que le terrorisme islamiste est une « interprétation néo-fondamentaliste qui s'éloigne du Coran et donc de l'islam » ; pour lui, la charia ne justifierait pas un massacre en période de paix.
Dans Le jihadisme : Le comprendre pour mieux le combattre, DAVID BENICHOU, FARHAD KHOSROKHAVAr et PHILIPPE MIGAUX écrivent que « l'expression de « terrorisme islamique », qui signifie au sens propre « terrorisme musulman », paraît bien réductrice quand on se rend compte que ce phénomène a causé largement plus de victimes chez les musulmans que parmi les peuples d'autres confessions ». Pourtant, pour OLIVIER ROY, les adjectifs « musulman » et « islamique » ne sont pas synonymes, musulman désignant un fait et islamique désignant une intention, comme dans le cas de l’état islamique, « État qui fait de l'islam le fondement de sa légitimité ».[64]
Selon ABDENNOUR BĪDAR, « le mot « islamique » désigne simplement en effet ce qui relève de la civilisation de l'islam : philosophie islamique, art islamique, religion islamique, etc., tandis qu'« islamiste » désigne proprement ce qui, dans cette civilisation relève d'un radicalisme religieux. Le « totalitarisme islamiste » ne peut donc pas être qualifié en même temps d'« islamique », ou bien c'est la civilisation même de l'islam qui est associée à ce totalitarisme… ».
I.6.2. Lapsus révélateur du refoulé islamique
L’« EI », (État islamique), répètent médias et politiciens. Un adjectif résiste en effet à cet affolement rhétorique : « islamique ». Personne ne dit « État islamiste ». Et pourtant le discours public s’éreinte à distinguer entre les bons, les « islamiques », et les méchants, les « islamistes ». Mais le Califat est résolument « islamique ». C’est notre obsession panique à user de « terroriste » qui sème le trouble et nous conduit à dire « islamique » au lieu d’« islamiste ».
Comme nous ne maîtrisons pas le substantif, nous nous rabattons sur les qualificatifs et qualifiants, qui à leur tour nous glissent entre les mains, et nous nous retrouvons à user du terme que nous cherchions à refouler dans le discours officiel et politique : « islamique ». Le « terroriste » est un « terroriste islamique », il est islamique, et le Califat incarne donc le « terrorisme islamique ». C’est l’État islamique et le seul.
Le concept d'« islamisme » a été critiqué, notamment par THOMAS DELTOMBE qui le qualifie de « catégorie infiniment élastique », « qu’aucun expert ne se risque à définir autrement que par des formules creuses », et qui « permet d’unifier toute une série de mouvements, de courants ou de personnalités sous une même bannière, indépendamment de leurs objectifs, de leurs modalités d’action et des contextes politiques, historiques et géographiques dans lesquels ils s’inscrivent ». Critiquant également l'usage fourre-tout du mot « islamiste » dans les grands médias, PIERRE TEVANIAN écrit que « le terme n’a pas de sens précis :
« Dans ses usages dominants en tout cas, il ne signifie rien d’autre que "mauvais musulman" ». Michael Barry « aimerait, quant à lui bannir complètement le terme islamiste »[65].
Pour OLIVIER ROY, le concept d’islamisme a fait l’objet d’une « médiatisation outrancière ». Classifier l’islamisme est compliqué puisqu’il n’est pas homogène, certains groupes n’ayant pas de « projet politique cohérent » par exemple. Des termes comme « post-islamisme » ou « néo fondamentalisme » sont parfois utilisés. Pour certains chercheurs, l’islamisme est une catégorie conceptuelle inventée par les politologues et copiée du monde politique occidental. Il s'agit d'un concept simplificateur, comme l’opine même le président turc RACCEP TAYYIP ERDOGAN dans un tweet le 12 juillet 2019.
I.6.3. Le terme djihadisme
Dans Le Jihadisme : le comprendre pour mieux le combattre, David Benichou, Farhad Khosrokhavar et Philippe Migaux écrivent que « L'expression de « terrorisme jihadiste » est plus claire, dès que l'on prend acte qu'elle s'appuie sur une vision réinventée de l'islam, d'autant que ces actes de terreur sont commis par des individus qui se revendiquent du jihadisme ». Pour JARRET BRACHMAN , le « jihadisme » est un terme maladroit et controversé qui réfère au courant de la pensée extrémiste islamiste, qui demande l'utilisation de la violence de façon à chasser toute influence non-islamique des territoires traditionnellement musulmans, ceci pour établir une gouvernance véritablement islamiste fondée sur la charia. Le terme contient le mot « djihad » qui, pour la plupart des musulmans, est le fondement d'une vie pieuse mais qui pour certains consiste à faire la guerre pour la défense de l'islam.[66]
I.6.4. Une guerre des mots
La lutte contre le terrorisme islamiste fait l’objet d’une « guerre de mots » dans le monde politique. Dans un article intitulé « A propos du "terrorisme islamique" et du "camp des démocraties" », FRANÇOIS BURGAT considère « les catégories construites pour représenter la confrontation » comme des « pièges analytiques ». Le refus d’employer des termes liés à l’islam est choisi afin d’éviter les amalgames et de rechercher un apaisement. Plusieurs journaux ont publié des lexiques sur les termes utilisés. Cette guerre est, pour ALAIN DODIER, du « domaine de la sémantique saupoudrée de propagande ou inversement ». Pour Edgar Morin, les termes possèdent un sens particulier pour les « médias occidentaux » qui tiennent à réduire islamique à un islamiste et islamiste à un terroriste potentiel, ce qui empêche de percevoir le visage complexe de l'islam »[67].
I.6.5. Le Terrorisme maritime et la piraterie d’aujourd’hui
Hors temps de conflits armés, les actes de violence dans le domaine maritime sont essentiellement de deux sortes : la piraterie, pratiquée à des fins privées, et le terrorisme qui poursuit des objectifs politiques. Répondant à des logiques différentes, ces deux formes de violence constituent, indépendamment, des menaces pour les 50 000 navires marchands qui transportent plus de 90% du commerce mondial. Leur éventuelle collusion, si elle était de grande ampleur, pourrait avoir un effet multiplicateur entraînant des conséquences très importantes sur une économie mondiale fragilisée.
L’environnement physique qu’elles partagent est propice aux activités illégales. La mer couvre 71% de la surface du globe et constitue un espace pour l’essentiel libre de toute emprise étatique et impossible à contrôler. Les nombreuses actions des pirates autour de l’Afrique malgré les réactions internationales le montrent à l’envi. En parallèle, la mouvance terrorisme islamiste développe une stratégie d’attaque de l’économie mondiale dont les flux maritimes constituent un des principaux piliers.[68]
I.6.5.1. Le terrorisme maritime en Asie du Sud-Est
En Indonésie, le Jemaah Islamiyah est le groupe terroriste le plus violent. Formé en 1993, essentiellement implanté sur l’île de Java, il est actif dans toute la région et comprendrait un millier de militants. Son objectif politique est de créer une communauté islamique sud-est asiatique incluant l’Indonésie, la Malaisie, le Singapour, le Brunei ainsi que les régions du sud des Philippines, de la Thaïlande et du Cambodge.[69]
I.6.5.2. L’Armée de Libération du Béloutchistan
Le BLA (Belochistan Liberation Army) est un mouvement séparatiste régional. À cheval sur trois pays, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Iran, il lutte pour la création d’un État indépendant. Soutenu par l’Inde en raison de son opposition traditionnelle au Pakistan mais également pour contrer la présence chinoise dans le port pakistanais de Gwadar, il a annoncé en 2008 son intention d’étendre son activité terroriste à la mer.[70]
I.6.5.3. Le terrorisme maritime dans le golfe de Guinée
L’exploitation du pétrole dans le delta du Niger s’est faite au détriment des populations locales qui ont le sentiment de ne pas profiter des retombées économiques et souffrent des conséquences environnementales. À la suite de plusieurs mouvements non violents, le MEND (Mouvement pour l’Émancipation du Delta du Niger) s’est lancé dans la lutte armée en faisant sauter un oléoduc. L’impact des actions du groupe a été particulièrement sensible au plan économique.[71]
I.7.5.4. Al-Qaïda et le terrorisme stratégique
Vers 1997, Ben Laden décide de privilégier l’attaque de l’économie mondiale en pratiquant un terrorisme stratégique. Les opportunités les plus nombreuses sont à l’évidence dans le domaine maritime.
Le 12 octobre 2000 par exemple, une embarcation chargée d’explosifs explose au contact de la coque de la frégate USS Cole, tuant, outre les deux shahîd (terroristes suicides), 17 marins, et en blesse 39 autres. Le coût des réparations se serait élevé à 287 millions de dollars.[72]
I.7. Entre le Terrorisme et l’Islam, un véritable dilemme
Menacés d’un côté par le terrorisme d’inspiration islamiste, obligés de l’autre à côtoyer des populations de culture musulmane, nous sommes confrontés à un dilemme : Comment se protéger du premier, tout en entretenant des relations équilibrées avec les secondes ? À gauche comme à droite, des voix montent répondant : « Vous ne pouvez pas ; la guerre des civilisations a commencé. C’est l’islam en son entier, tous les musulmans coalisés qui sont entrés en guerre contre nous ».
Si les « croyants » d’une guerre de civilisation avaient raison, depuis plusieurs années, une ligne de front couperait l’Orient de l’Occident. Au lieu de cela, le commerce prospère entre eux, et les relations diplomatiques n’ont jamais été rompues. Mieux, quand en Irak des déviants prennent des Français en otages, l’opinion musulmane partout s’insurge. Nous avons vu sur nos écrans, aux obsèques de YASSER ARAFAT, un drapeau français flottant au-dessus de la foule en hommage rendu à ce pays. S’il y a guerre, ce n’est certainement pas entre un Orient rassemblé contre un Occident coalisé. Nul besoin pourtant de beaucoup de perspicacité pour constater le monde attaqué. Mais, d’abord il l’est par des groupuscules. Ensuite, ces mêmes groupuscules s’en prennent autant, sinon plus, à leurs pays d’origine. Au cours de l’année 2010, on a compté des dizaines d’attentats islamistes commis en Turquie, en Arabie Saoudite, au Pakistan, en Indonésie, au Nigeria etc… Un seul a touché l’Occident, le 11 mars à Madrid. Un problème existe cependant. L’islam comporte certains préceptes en contradiction avec nos principes ou avec le fonctionnement d’un monde d’échanges intensifs. Dans nombre de pays musulmans, beaucoup de ces préceptes sont tombés en désuétude. Ils n’en restent pas moins recommandés, sinon ordonnés, dans les textes sacrés de la religion mahométane. Ils sont comme une réserve de moyens à portée de main des extrémistes islamistes. Plus, ils leur donnent une légitimité que s’approprient les pires d’entre eux, les radicaux, les « djihadistes,» comme ils se désignent eux-mêmes. Les terroristes dans notre vocabulaire. En théorie, le jihad ne serait qu’une guerre de défense, mais il peut prendre la forme d’une offensive préventive, contre une menace réelle ou supposée. De la mort de Mahomet en 632 à la bataille de Poitiers en 732, il n’a fallu aux musulmans qu’un siècle, sous prétexte de « guerre de défense, » pour atteindre un pays à 7000 kilomètres de leurs bases. Dans le Coran, une quarantaine de versets légifèrent sur la participation des musulmans au jihad. Les versets sont impératifs : « Combattez-les, ceux qui vous combattent jusqu’à l’élimination de toute subversion et jusqu’à ce que le culte ne soit rendu qu’à Allah… » (Sourate II, verset 193).[73] On voit bien là la guerre, le jihad en islam, associée à l’extension du monothéisme, comme le mentionne tacitement ce passage coranique : « Ceux des croyants qui demeurent dans leurs foyers, ne sont pas égaux en mérite aux croyants qui exposent leurs biens et leur personne dans la lutte pour la cause de Dieu… » (Sourate IV, verset 95). Il y a bien ici incitation à combattre « pour la cause de Dieu. » Comme dans les versets 39 de la sourate IX ou le verset 15 de la sourate XLIX. On peut y lire : « Combattez ceux qui ne croient pas en Dieu, ni au jour dernier et ne s’interdisent pas ce que Dieu et son envoyé ont prohibé. Combattez également ceux parmi les gens du Livre, qui ne professent pas la religion de la vérité, à moins qu’ils ne versent la capitation directement et en toute humilité. »[74] (Sourate IX, verset 29). Il s’agit là d’ouvrir les hostilités contre, d’une part, et les idolâtres, d’autre part, les juifs et les chrétiens (les gens du Livre, la Bible). À moins, pour ces derniers qu’ils ne se soumettent et versent un impôt spécial. Ce verset a donné lieu à la création du statut de « dhimmi », des « protégés » comme aiment à dire les musulmans, en réalité de citoyens de deuxième zone, dépendant en tout du bon vouloir et des caprices des musulmans. |
I.7.1. Un courant entre religieux et politique
Si certains spécialistes de l'islam soulignent que le terrorisme islamiste ne saurait en aucun cas se confondre avec l'islam, JEAN BIRNBAUM critique une « rhétorique du “rien à voir avec l’Islam” ». Pour XAVIER LUFFIN, « il faut cesser de dire l’État islamique (Daesh), ce n'est pas l'islam », car certains de ses dirigeants ont une bonne connaissance du texte coranique.[75]Selon lui, un travail critique doit être fait au sein même de l’Islam. Or, bien que des approches critiques du texte coranique aient été initiées dès le début du XXe siècle, comme celle de MOHAMMED ARKOUN, ces réflexions sont restées sans impact réel. Les nouveaux penseurs de l'islam en dépit de leurs publications nombreuses, « sont surtout lus par des intellectuels occidentaux ou par une frange marginale d’intellectuels du monde arabo-musulman ». La plus grande partie des livres vendus par les librairies musulmanes sont « des traités médiévaux conservateurs et des manuels d’une pauvreté intellectuelle et spirituelle n’abordant que la question du licite et de l’illicite ». Pour GILLES KEPEL, le djihadisme est un « sous-champ » du champ « Islam ».
La mince frange de terroristes qui passent à l'acte est loin d'être totalement coupée du reste des musulmans. Pour YVAN BLOT (2015), auteur d'un ouvrage intitulé « Le Terrorisme islamiste, une menace révolutionnaire », l'emprise sociologique de l'islam révolutionnaire fonctionne en quatre cercles principaux dont le cœur est formé par des prêcheurs et intellectuels fondamentalistes et la base par les djihadistes, prêts à sacrifier leurs vies. À cela s'ajoutent des sympathisants actifs qui n'accompliront aucun attentat, mais fournissent la logistique et l'aide, puis un cercle de sympathisants passifs qui approuvent plus ou moins les actions des terroristes. Certains sondages effectués en France et au Royaume-Uni montrent que ce dernier cercle représente environ un tiers de la population musulmane desdits pays.
Pour les historiennes LADAN BOROUMAND et ROYA BOROUMAND, la source de l'idéologie des djihadistes n'est pas le Coran mais le léninisme, le fascisme et les courants totalitaires du XXe siècle. Pour FARHAD KHOSROKHAVAR, directeur d'études à l'EHESS, le djihadisme est « l'idéologie totalitaire la plus élaborée depuis le communisme et le nazisme » et, certains djihadistes peuvent même être chiites. Selon lui, « les idéologues djihadistes intègrent les idées extrémistes occidentales, notamment de l’extrême gauche et de l’extrême droite et présentent une version de l’islam qui tente de briser le tabou de la « sécularisation irréversible » ». Pour OLIVIER ROY, « derrière le vocable de terrorisme islamique », se trouvent aussi des mouvements « ethno nationalistes » (Hamas, mouvement Touareg...)[76].
I.7.2. Tentatives de légitimation théologique du terrorisme
Pour BENICHOU, le djihadisme trouve ses racines dans le Coran et les hadiths.[77] Ainsi, l'État Islamique utilise ses publications pour diffuser des argumentaires religieux afin de justifier les attentats et leur conformité aux principes religieux de l'islam. Ils utilisent pour cela ce qui serait des « preuves théologiques irréfutables, Dalil issues du Coran, la tradition du prophète (Sunna) ainsi que sur le consensus des savants musulmans du Moyen Âge ». L'islamologue Rachid Benzine rappelle qu'ils vont « puiser dans les sources scripturaires ». Ces sources peuvent faire l'objet de « torsions ».
DONALD HOLBROOK, analysant un échantillon de 30 œuvres de propagande djihadistes, y a trouvé plusieurs passages du Coran exploités et déformés pour appuyer un djihad violent. La sourate An-Nisa (4: 74-75) est la plus citée. D'autres passages populaires sont les sourates At-Taubah (9: 13-15, 38-39, 111) et Al-Baqarah (2: 190-191, 216). Par exemple, ce que déclare la Sourate 9, verset 5 :
« Après que les mois sacrés expirent, tuez les associateurs où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade. Si ensuite ils se repentent, accomplissent la Salat et acquittent la Zakat, alors laissez-leur la voie libre, car Allah est Pardonneur et Miséricordieux ».[78]
Les djihadistes s'appuient aussi sur les Hadiths.[79] Les partisans de Ben Laden ont également souligné des rapports selon lesquels Mahomet aurait attaqué les villes la nuit ou avec des catapultes et qu'il devait avoir toléré des dommages accessoires aux non-combattants, car il aurait été impossible de les distinguer des combattants lors de telles attaques. Ces arguments n'ont pas été largement acceptés par les musulmans.
I.7.3. Méthodes du terrorisme ou Modes opératoires
Si le terrorisme, cette guerre asymétrique se définit par sa finalité, il peut aussi se caractériser par des modes opératoires qui lui sont propres. C'est ainsi que les objectifs d'un attentat sont avant tout de marquer les esprits et non d'offrir un avantage stratégique comme lors d'opérations militaires d'une guerre conventionnelle.
Pour le docteur en histoire médiévale YUVAL NOAH HARARI :
« La terreur est une stratégie militaire qui vise à modifier la situation politique en répandant la peur plutôt qu’en provoquant des dommages matériels. La peur est au cœur de l’affaire, avec une disproportion effarante entre la force effective des terroristes et la peur qu’ils parviennent à inspirer. Ce qu’espèrent pourtant les terroristes, quand bien même ils n’ébranlent qu’à peine la puissance matérielle de l’ennemi, c’est que, sous le coup de la peur et de la confusion, ce dernier réagira de façon disproportionnée et fera un mauvais usage de sa force préservée dans un contexte démocratique apaisé où la violence politique est faible qui donne par contraste un écho démesuré aux actes terroristes ».[80]
I.7.3.1. Les Attentats-suicides
Un attentat-suicide est un type d'attaque dont la réalisation implique la mort intentionnelle de son auteur. Il est pratiqué dans le but subversif de déstabiliser les institutions établies par une partie considérée comme ennemie. Apparue lors de la guerre civile libanaise, la tactique des attentats-suicides est utilisée en particulier par l'Organisation du Jihad islamique à l'encontre de cibles militaires (attentats du 23 octobre 1983 à Beyrouth, etc.). Elle s'est depuis répandue, en particulier avec l'invasion de l'Irak, puis, à partir de 2006-2007, lors de la seconde guerre d'Afghanistan. La logique de ces attentats-suicides est hétérogène, de même que ses cibles. Le Pakistan a par exemple connu 86 attentats-suicides en 2009 touchant aussi bien la population civile locale, des lieux de cultes, des lieux fréquentés par des étrangers tels des grands hôtels que des cibles militaires et administratives.[81]
Pour PIERRE LORY, « le suicide sous toutes ses formes a toujours été interdit, y compris dans le cadre du djihad. Les attaques de ce type pratiquées à partir du XIe siècle par les Ismaéliens “dits assassins” ont été réprouvées par la majorité sunnite qui en constituait d’ailleurs la cible principale. L’emploi du terme kamikaze, à défaut d’une désignation arabe, montre combien ce type d’acte est étranger à la culture islamique ».
I.7.3.2. La Propagande
Selon l'Institut national des hautes études de sécurité, ces organisations utilisent tous les canaux de communications pour leur propagande. Pour se faire connaître et recruter de nouveaux adhérents, elles diffusent des vidéos, des cassettes audio et des fascicules. Pour l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, l'utilisation d'internet permet de recruter, de faire de la propagande, de transférer des fonds surtout avec la prolifération des réseaux sociaux.
L'usage de la terreur comme moyen de mettre en place des conditions favorables pour la propagande est analysée dans l'ouvrage Gestion de la barbarie (« Administration de la sauvagerie » en arabe), écrit par ABOU BAKR NAJI, responsable des médias et de la propagande d’Al-Qaïda, tué lors d'une frappe américaine au Pakistan en 2008. L'ouvrage est disponible sous forme électronique sur internet depuis 2004, et a été édité en français en 2007 avec le sous-titre « l’étape par laquelle l’islam devra passer pour restaurer le califat »[82]
I.7.3.2. Attentat à voiture piégée
Un véhicule piégé (parfois VBIED, sigle pour la locution anglaise « Vehicle Borne Improvised Explosive Devices ») est un véhicule dans lequel ont été dissimulées des charges explosives afin de commettre un attentat. Les effets dévastateurs occasionnés, son fort impact psychologique, son faible coût financier et logistique, la difficulté qu'il y a à le détecter, ont fait du véhicule piégé l'une des armes de prédilection des organisations de combattants irréguliers, souvent qualifiés par leurs adversaires de terroristes.[83]
Il faut distinguer deux types d'utilisation du véhicule piégé, très différents dans leur mode opératoire comme dans leur visée :
· Le fait de cacher une bombe dans le compartiment
· moteur, sous le châssis ou sous le siège d'un véhicule afin d'en assassiner le ou les occupants lorsqu'ils l'utiliseront.
· Le véhicule dans lequel est entreposée une grande quantité d'explosifs, afin de générer une explosion de forte puissance qui détruira tout ce qui se trouve à proximité du véhicule. Ce type de véhicules est parfois désigné sous le nom de « véhicule-bombe »[84].
Les véhicules piégés du premier type sont utilisés pour assassiner des cibles précises et clairement identifiées : ils ne nécessitent qu'une faible quantité d'explosifs (1 à 5 kg), mais une importante préparation en amont (pouvoir accéder au véhicule de la cible pour y déposer la bombe et le mécanisme d'amorçage, être en mesure de camoufler ceux-ci ainsi que d'effacer les traces de son passage.) Cette technique fut utilisée notamment par le crime organisé sur la côte est des États-Unis dans les années 1930 et par la mafia sicilienne lors des luttes d'influence entre les clans de Palerme de 1963. Elle servit également à commettre des assassinats politiques (celui de Ghassan Kanafani par le Mossad à Beyrouth en 1972 par exemple.)[85]
b. Utilisations tactiques et stratégiques
La différence établie dans le domaine militaire conventionnel entre tactique et stratégie est également opératoire dans le domaine des opérations mises en œuvre par des combattants irréguliers. La frontière entre les deux concepts est toutefois difficile à tracer. L'analyste JACQUES BAUD définit le champ de la tactique dans le cadre de l'utilisation d'engins explosifs comme étant ce qui vise « à atteindre des objectifs ponctuels et limités, comme l'élimination d'une personne précise, ou une embuscade contre une patrouille militaire ». Les objectifs stratégiques sont en revanche à l'œuvre lorsqu'il s'agit de chercher à entretenir un climat général de terreur, à démontrer une capacité à conserver l'initiative ou simplement des capacités opérationnelles.[86]
c. Avantages et inconvénients potentiels
Des six caractéristiques que définit MIKE DAVIS à propos des véhicules piégés, cinq peuvent être considérées comme avantageuses pour leurs utilisateurs, tandis qu'une sixième est un inconvénient potentiel.
· Leur puissance de frappe qui occasionne des dégâts tels qu'il est pratiquement impossible pour le gouvernement visé de passer sous silence les occurrences d'attentats de ce type, « même dans un contexte d'isolation extrême ou sous un régime fortement autoritaire ».
· La difficulté qu'il y a à les prévenir, surtout dans les milieux urbains à forte concentration de véhicules automobiles, ceux qui sont piégés ne se distinguant en rien des véhicules courants.
· Le faible coût de l'opération (l'attentat d'Oklahoma City a coûté en tout et pour tout 5 000 dollars, et a permis à ses instigateurs de détruire un bâtiment fédéral et de causer la mort de 168 personnes).
· La facilité de préparation : même s'il existe des centres d'entraînement à la confection et à l'utilisation de véhicules piégés, ceux-ci ne nécessitent pas une logistique particulièrement lourde ni de compétences spécialisées. L'attentat à l'Université de Madison en 1970 fut perpétré par des étudiants qui n'avaient pas suivi de formation d'artificiers. Les quelques compétences nécessaires à la confection d'explosifs peuvent s'acquérir en autodidacte, au moyen de brochures d'accès relativement facile.
· L'emploi d'un véhicule piégé laisse peu de traces et d'indices pour les enquêteurs.[87]
· En revanche, l'utilisation de véhicules piégés présente sur le plan stratégique un inconvénient potentiel majeur : parce qu'elle cause presque nécessairement des « dégâts collatéraux » importants, elle « s'avère non moins efficace pour détruire la crédibilité morale d'une cause politique et aliéner les soutiens de sa base de masse ». L'Iran a ainsi pu s'apercevoir que, pour reprendre la formule de l'activiste communiste uruguayen Abraham Guillén, « une grande victoire tactique peut conduire à une défaite stratégique encore plus grande ».[88]
d. Histoire de la voiture piégée
L'attentat de la rue Saint-Nicaise le 24 décembre 1800 contre le général Bonaparte, Premier consul de France, mené à l'aide d'un tonneau transporté sur une charrette, peut être considéré comme l'un des précurseurs historiques des attentats à la voiture piégée.
C'est en septembre 1920 que pour la première fois un véhicule cachant des explosifs est utilisé pour commettre un attentat. Son auteur aurait été un anarchiste italien, MARIO BUDA, qui aurait garé dans une rue de Wall Street sa charrette à cheval remplie vraisemblablement de plastic volé sur un chantier. Le procédé se montra d'une redoutable efficacité : l'attentat de Wall Street, outre quarante morts et plus de deux cents blessés (essentiellement des employés de bureau et des coursiers), provoqua des dégâts matériels considérables. La bourse de New York, fait sans précédent, fut temporairement fermée, et l'armée fut dépêchée sur les lieux de l'attentat. Malgré tous ses efforts, la police ne parvint jamais à identifier formellement son auteur.[89]
e. Premiers succès stratégiques
Le Viêtnam connut une première vague d'attentats au véhicule piégé (essentiellement voitures et motocyclettes) dans les années 1951-1953, attribués au Vietminh, mais dont l'instigateur réel était le général Trinh Minh The, un membre dissident de la secte Cao-Dai soutenu par les Américains : il s'agit là de la technique de provocation dite « false flag ». Le matériel servant à confectionner les explosifs aurait été récupéré sur des bombes françaises qui n'avaient pas explosé. Un Américain bien tranquille de GRAHAM GREENE (1955) évoque, sur le mode romanesque, cet épisode de la guerre d'Indochine.
Dix ans plus tard, en revanche, c'était bien le Front national de libération du Sud Viêt Nam (Viêt-Cong), qui organisa des vagues d'attentats au véhicule piégé à Saigon : en mai 1963, trois bicyclettes piégées explosèrent contre le bâtiment de la mission d'aide militaire américaine, faisant onze morts et quarante-deux blessés. Parmi d'autres attentats qui secouèrent l'année 1963-1964, un des plus spectaculaires eut lieu le 24 décembre 1964, date à laquelle une camionnette piégée explosa devant la façade de l'hôtel Brinks, une résidence fortifiée réservée aux officiers américains (deux morts, 107 blessés).[90]
Le 24 août 1970 à 3 heures 42 du matin, une énorme explosion retentit à l'Université du Wisconsin-Madison, en provenance du département de physique (Sterling Hall). Il s'agissait de l'explosion d'une camionnette piégée destinée à détruire l'Army Math Research Center (AMRC) hébergé dans le bâtiment. Ses auteurs (Karleton et Dwight Armstrong, David Fine et Leo Burt) entendaient par cet attentat protester contre la guerre du Viêt Nam. Il causa plus de 2 millions de dollars de dégâts, fit quatre blessés et un mort, Robert Fassnacht, un physicien de 33 ans, par ailleurs pacifiste. Il eut également comme conséquence non désirée de mettre fin au mouvement étudiant de protestations contre la guerre dans le Wisconsin, et de porter un coup sérieux aux autres mouvements du même type dans tout le pays. Cet attentat fut le plus important commis sur le sol américain jusque dans les années 1990 (attentats du Wall Treet Center du 26 février 1993 et d'Oklahoma City du 19 avril 1995).
L'utilisation de véhicules piégés lors d'attentats-suicide s'est répandue au sein de l'organisation État islamique, ces armes apportant une puissance de feu conséquente en l'absence d'artillerie, et étant particulièrement difficiles à arrêter. Le vocabulaire militaire leur donne le nom de « suicide vehicle-borne improvised explosive device », soit objet explosif improvisé placé dans un véhicule-suicide, souvent abrégé SVBIED, ou parfois de « véhicule suicide modifié », voire « véhicule-kamikaze ». Contre ce type d'armes, les lance-roquettes comme le RPG-7 se sont vite révélés inefficaces du fait de leur portée : des missiles antichars comme le AT-4 Spigot permettent de détruire les véhicules-suicide à une plus grande distance. Des véhicules piégés de ce type ont notamment été utilisés à plusieurs reprises lors de la bataille de Mossoul.[91]
I.7.3.3. Attentat à la voiture-bélier
Une voiture-bélier est une automobile qui est projetée sur la façade d'un établissement afin de la démolir pour y pénétrer et y commettre un cambriolage ou un braquage. Elle peut également être utilisée comme arme par destination, par exemple contre une foule, notamment par des groupes terroristes. Afin de s'en protéger, des dispositifs anti-voiture-bélier, plots en béton et bollards, sont placés devant certains bâtiments ou zones sensibles.[92]
a. Histoire de la voiture-bélier
Les premières attaques à la voiture-bélier remontent aux années 1930. Le 13 décembre 2010, le Département de la Sécurité intérieure des États-Unis (United States Department of Homeland Security) et le Federal Bureau of Investigation (Bureau fédéral d'enquête) mentionnent que « des terroristes de l’étranger incitent à mener des attaques à la voiture bélier. Ce type d'attaques pourrait cibler des bâtiments ou des endroits où un grand nombre de personnes se rassemblent. Manifestations sportives, lieux de divertissement ou centres commerciaux, et permettre à des terroristes n'ayant pas accès à des explosifs ou des armes, l'occasion de mener des attentats aux États-Unis avec un minimum de formation ou d'expérience »[93].
Le même type de conseil se retrouve presque concomitamment en 2014 dans la magazine djihadiste Inspire du groupe AQPA (Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique) et dans les propos du porte-parole de l'État islamique le Syrien Abou Mohammed al-Adnani :
« Si vous pouvez tuer un incroyant américain ou européen en particulier les méchants et sales français ou un australien ou un canadien, ou tout citoyen des pays qui sont entrés dans une coalition contre l’État islamique, alors comptez sur Allah et tuez-le de n’importe quelle manière. Frappez sa tête avec une pierre, égorgez-le avec un couteau, écrasez-le avec votre voiture, jetez-le d’un lieu en hauteur, étranglez-le ou empoisonnez-le ».[94]
Le mode opératoire est aussi utilisé par des groupes d'autres biais idéologiques que le terrorisme islamiste. Ainsi, le 12 août 2017, suite à la manifestation « Unite the Right », une voiture de sport conduite par un manifestant d'extrême-droite fonce dans une foule de contre-manifestants affiliés aux mouvements activistes afro-américains et anti-fascistes à Charlottesville (Virginie) et fait un mort et 19 blessés. Il est également utilisé par des personnes décrites comme « déséquilibrées » au motivations floues comme à Nantes et à Dijon (France) le 22 décembre 2014, à Stillwater (Oklahoma) le 24 octobre 2015 ou à Las Vegas (Nevada) le 21 décembre 2015.
Parmi les attentats à la voiture-bélier les plus illustres, citons-en quelques-uns :
· Attentat du 22 octobre 2014 à Jérusalem
· Attentat du 14 juillet 2016 à Nice
· Attentat du 28 novembre 2016 à l'université d'État de l'Ohio
· Attentat du 19 décembre 2016 à Berlin
· Attentat du 16 octobre 2019 à Tarragone.[95]
I.7.3.4. Le Loup solitaire
Un loup solitaire est une personne qui commet des actes violents en rapport avec un groupe, un mouvement ou une idéologie mais le fait seul, en dehors de toute structure de commandement.
Ce terme est une traduction de l’expression anglaise « lone wolf ». Selon l’Anti-Defamation League (Ligue anti diffamation), le terme aurait été popularisé par les suprématistes blancs ALEX CURTIS et TOM METZGER dans les années 1990.[96] Ensuite ce terme fut adopté par les agences gouvernementales américaines et par les médias pour désigner des individus utilisant cette stratégie. Le FBI et la police de San Diego et surtout l’Interpol ( Police Internationale) nommèrent leur opération de surveillance des activités de Curtis « Operation Lone Wolf » largement à cause du fait que Curtis encourageait d’autres suprématistes blancs à suivre l’activisme de type « loup solitaire ».
Actuellement la notion de terrorisme de type « loup solitaire » désigne des actes violents qui sont perpétrés en dehors d’une structure de commandement, quelle qu’en soit l’idéologie. Généralement, le « loup solitaire » partage un lien idéologique ou philosophique avec un groupe extrémiste, mais ne communique pas avec ce groupe. Bien qu’il cherche à faire avancer la cause de ce groupe, le « loup solitaire » conçoit et organise sa tactique seul, sans recevoir d’ordres ou de conseils. Dans de nombreux cas, comme dans la tactique imaginée par Curtis, le « loup solitaire » n’a jamais aucun contact personnel avec un groupe. De ce fait, ce type de terroriste pose un problème particulier aux responsables de la lutte anti-terroriste, car il est beaucoup plus difficile de réunir des informations sur les « loups solitaires » que sur des groupes terroristes conventionnels. [97]
Selon GILLES KEPEL, « La théorie du loup solitaire est une imbécillité. Elle a été mise en place par des pseudo-universitaires et quelques journalistes qui les suivaient, qui ne travaillent pas et qui ne connaissent pas la réalité des textes et de l’action des djihadistes. C’est un pur fantasme, ça n’a jamais existé. Il y a des individus qui agissent éventuellement seul ou à deux mais ils font partie de réseaux, ils ont été inspirés. Pour ceux qui ont pris la peine de s’intéresser à ce qu’a fait Daech, cette théorie ne tient bien sûr pas une seconde »[98].
Pour WASSIM NASR, journaliste de France 24 et spécialiste du djihadisme, « il n'y a pas de loup solitaire dans l'histoire des attentats djihadistes. On découvre à chaque fois qu'il y a des ramifications, des contacts, des soutiens logistiques. Il y a toujours, en arrière-plan, des gens qui aident».
I.7.3.5. Attaque au couteau
Une attaque au couteau est une agression physique violente entre deux personnes ou plus, durant laquelle au moins une personne est armée d'un couteau. L'expression est généralement utilisée pour toute attaque avec une arme blanche du même type qu'un couteau. Ce type d'agression a été utilisé par Ravaillac contre Henri IV ou par Caserio contre le président SADI CARNOT et à de nombreuses reprises durant la vague de violence israélo-palestinienne de l'automne 2015.
I.7.3.6. La Ceinture explosive
Une ceinture explosive, parfois appelée ceinture d'explosifs, gilet explosif ou veste explosive, est un engin explosif improvisé (EEI) composé d'une ceinture ou d'une veste remplie d'explosifs et armée d'un détonateur, généralement utilisé dans les attentats-suicide.[99]
L'une des premières traces de cette arme remonte à la guerre sino-japonaise où, lors de la défense de l'entrepôt Sihang (bataille de Shanghai), un soldat chinois parvient à tuer vingt soldats japonais. La tactique sera par la suite reprise dans le reste du conflit. Plus récemment, « Human Bomb », le preneur d'otages de la maternelle de Neuilly, les Tigres de libération de l'Îlam tamoul l'utilisèrent et c'est désormais un procédé typique du terrorisme islamiste. Ils sont utilisés notamment dans les attentats du 13 novembre 2015 en France avec un explosif composé de TATP (peroxyde d'acétone), d'une pile, d'un bouton pression servant de détonateur et de boulons.
I.7.3.6. Le Kamikaze
Le kamikaze [ ou kamikazé officiellement : tokubetsu kōgeki-tai en langue nippone est un pilote, membre d'une équipe militaire de l'Empire du Japon, qui effectuait des missions-suicides pendant la guerre du Pacifique[100].
Il avait pour objectif d'écraser son avion sur les navires de la marine américaine et de ses alliés. C'était une tactique militaire d'auto-explosion (technique du jibaku) pour remédier au manque d'effectif militaire et de carburant pour avion ; elle consistait à faire exploser une charge contre la cible pour l'endommager au maximum.
Par extension, en Occident, ce terme sert à désigner quiconque sacrifie sa vie volontairement dans un attentat-suicide. Plus largement encore et de manière métaphorique, il peut désigner une personne qui se sacrifie, ou du moins qui se met délibérément en grand danger à un niveau personnel, professionnel ou autre. [101]
La première occurrence du mot kamikazé se trouve dans les Annales du Japon (Nihon Shaki), où il désigne le vent qui souffle sur la région d'Ise et le sanctuaire d'Amaterasu. On le retrouve ensuite à l'époque d'Edo, notamment dans L'Histoire du Japon (Dai-Nihon shi), où il désigne des typhons en partie légendaires qui, en 1274 et en 1281, auraient mis en déroute la flotte de Kubilaï Khan et stoppé les tentatives d'invasions mongoles.
Régulièrement utilisé depuis en japonais dans le sens d'« intervention divine », le mot fut repris à l'automne 1944 par la Marine impériale japonaise pour désigner la première Unité d'attaque spéciale, Tokubetsu kōgekitai?, souvent abrégé en Tokkōtai composée de pilotes devant projeter leurs appareils sur des bâtiments ennemis. Seules quelques escadrilles ont véritablement porté ce nom. La plupart des unités spéciales portèrent d'autres noms, comme Mitate « Bouclier auguste ») ou Yasukuni (Pays apaisé).[102]
Ce type d'attaques aurait connu des antécédents lors de la guerre de Shanghai en 1932, une bataille qui oppose pendant plusieurs semaines l'armée japonaise et l'armée chinoise et durant laquelle trois jeunes Japonais équipés d'explosifs se seraient fait sauter dans les tranchées chinoises. Les médias japonais s’enflammèrent et ils furent qualifiés de « bombes humaines », la propagande s'empara du sujet et on publia des livres, un manga pour jeunes enfants, on peignit des tableaux, on commanda des statues de bronze, on organisa un concours de poèmes, on créa une chanson populaire à leur gloire. En réalité il s’agissait d’une erreur de préparation et non d’un acte héroïque. Cela a été présenté comme étant possiblement la première fois que ce genre de phénomène soit apparu dans l'histoire de l'humanité.[103]
Déjà auparavant, des pilotes de toutes nations s'étaient déjà écrasés sur une cible ennemie délibérément en plein combat. Ce geste n'était pas prémédité mais un pilote blessé ou à bord d'un appareil endommagé sans espoir de revenir n'avait plus rien à perdre et voulait dans un geste ultime infliger le plus de dégâts possibles à l'adversaire. En 1944, les appareils nippons et leurs pilotes étaient qualitativement et quantitativement inférieurs à ceux des États-Unis.
La première apparition officielle des kamikazes a lieu pendant la bataille du golfe de Leyte le 25 octobre 1944. Leurs escadrons furent formés par le vice-amiral Takijiro Onishi. Cette première attaque fut réalisée par cinq « volontaires » commandés par le lieutenant Yukio Seki. Les kamikazes pilotaient des Mitsubishi A6M5 modèle 52 « Zéro » transportant chacun une bombe de 250 kg. Ils plongèrent délibérément avec leurs appareils sur les navires de la marine américaine et quatre des cinq pilotes engagés réussirent à toucher leurs cibles en infligeant d'importants dommages, notamment au porte-avions d'escorte USS Santee.
Les engins kamikazes étaient à la fois aériens et maritimes :
Les kamikazes utilisaient généralement des Mitsubishi Zéro ou tout autre appareil dépassé. En pratique, toutes sortes d'avions ont été utilisées, surtout des bombardiers en piqué ou bombardiers torpilleurs monomoteurs (noms de code alliés : KATE, VAL, etc.) plus maniables et rapides que des bombardiers lourds, donc ayant plus de chances d'échapper aux chasseurs d'interception américains. Des modèles particulièrement rudimentaires ont même été créés exprès pour les attaques spéciales, comme le Nakajima Ki-115, particulièrement rustique. On peut aussi citer le Yokosuka D4Y4, bombardier en piqué muni de fusées destinées à améliorer sa vitesse lors du piqué final. La bombe volante pilotée (Yokosuka MXY-7 Ohka) a été conçue spécialement pour les attaques-suicides.[104]
Les Japonais ont également utilisé des parachutistes kamikazes, qui la plupart du temps subissaient de lourdes pertes pour des résultats négligeables. On peut néanmoins citer une attaque réussie : celle de l'aérodrome de Yontan. Neuf appareils emportant chacun 14 paras y ont participé. Quatre appareils ont été abattus en chemin, et quatre autres, par la DCA de l'aérodrome. Dix paras ont pu s'échapper du dernier appareil et se sont précipités vers les avions américains. Ils ont détruit 9 appareils et en ont endommagé 26 autres, tout en brûlant 265 000 litres de carburant, en tuant deux marines et en faisant 18 blessés. [105]
2°. Modèles maritimes
Il existait aussi :
· des vedettes rapides (shinyō),
· des sous-marins de poche suicides (kōhyōteki, kōryū et kairyū),
· des torpilles humaines monoplaces à turbines appelées kaiten départ vers le ciel en japonais).
Mais les résultats furent décevants pour l'amirauté japonaise. Il est cependant à noter que les pilotes des vedettes rapides et des kaiten n'étaient pas tous prêts à mourir. Ces engins étaient en effet équipés d'une « trappe d'évacuation rapide » censée permettre au pilote d'échapper à la mort. Cependant, elle était en pratique inutilisable à grande vitesse. Après la guerre, l'image des kamikazes au Japon devint ambivalente, à la fois celle d'un passé que le pays voulait abandonner et un pilier de la tradition pour les plus conservateurs.[106]
1°. Méthodes terrestres
Il n'existe aucun bilan, car elles n'étaient pas, sauf exceptions, le fait d'unités spécifiques. En dehors des charges banzaï suicides qui commencèrent à la bataille d'Attu, leur impact fut limité : par exemple, la mine lunge antichar n'avait permis de détruire aucun char au début 1945.
2°. Méthodes aériennes et maritimes (antinavires)
L’USS Bunker Hill venant d’être touché par les kamikazes Seizō Yasunori et Kiyoshi Ogawa le 11 mai 1945, qui ont fait 389 tués et 264 blessés américains. Navire en réparation quatre mois. Environ 4 900 marins furent tués et 4 800 blessés, presque exclusivement américains, par environ 1 000 avions qui réussirent à passer les patrouilles d'avions de chasse, et accessoirement par d'autres attaques-suicides (vedettes, sous-marins de poche).[107]
Le terme « kamikaze » a rapidement pris le sens général d'« auteur d'un attentat-suicide », et il est parfois utilisé encore de nos jours pour désigner un suicidaire-meurtrier, quelqu'un qui cherche sa propre mort et celle d'autres personnes.
Cependant, il faut souligner la différence faite entre l'action des kamikazes japonais durant la Seconde Guerre mondiale et celle de divers groupuscules terroristes utilisant les attentats-suicides comme moyen pour parvenir à leurs fins. En effet, si les premiers faisaient partie d'une armée régulière et s'en prenaient à des objectifs militaires, essentiellement les navires de guerre puissamment armés d'une nation ennemie et ce dans le cadre d'un conflit militaire, les seconds ciblent le plus souvent des civils sans défense, en dehors de tout conflit déclaré, ce qui les place clairement en dehors du droit de la guerre[108]. On peut également mettre en évidence le fait que les kamikazes japonais sacrifiaient leur vie pour une cause militaire et patriotique, là où les motifs des groupes terroristes englobent une plus large plage d'idéologies, notamment religieuses (mais pas uniquement). En 2015, un groupe de survivants japonais s'est d'ailleurs plaint publiquement dans les colonnes du Tokyo Shimbun de cet usage occidental du terme, renseignait la prestigieuse chaîne américaine, la CNN.
I.7.3.7. Le Cyberdjihadisme
La technologie d’Internet permet de communiquer au-delà des frontières dans un certain anonymat, avec rapidité et efficacité, à destination d’un public pratiquement illimité. Elle présente de nombreux avantages, à commencer par le fait qu’elle se prête tout particulièrement à la diffusion d’informations et d’idées. Toutefois, il faut admettre que cette technologie, si elle facilite la communication, peut aussi être exploitée à des fins terroristes. Ce type d’utilisation crée à la fois des difficultés et des occasions à saisir dans la lutte contre le terrorisme.
Dans le cadre de la présente étude, nous avons adopté une méthode fonctionnelle de classification des façons dont Internet est souvent utilisé pour promouvoir et soutenir les actes de terrorisme. Cette méthode nous a permis d’identifier huit catégories qui se recoupent parfois: propagande, le recrutement, la radicalisation, l’incitation au terrorisme, financement, entraînement, planification (notamment par le biais de communications secrètes et d’informations provenant de sources librement accessibles), et l’exécution. Nous aborderons chacune de ces catégories de manière plus détaillée ci-dessous.[109]
1°. La Propagande
La diffusion de propagande représente l’une des principales utilisations d’Internet par les terroristes. Cette propagande se présente généralement sous forme de communications multimédias qui fournissent des instructions idéologiques ou pratiques pour la commission d’activités terroristes, ou encore expliquent, justifient ou promeuvent de telles activités. Ces éléments peuvent comprendre des messages virtuels, des présentations, des revues, des traités, des fichiers audio et vidéo, ainsi que des jeux vidéo élaborés par les organisations terroristes ou leurs sympathisants.[110]
2°. Le Recrutement
Internet peut être utilisé non seulement pour publier de la rhétorique et des vidéos extrémistes, mais également pour créer des relations avec les personnes les plus réceptives à la propagande, et solliciter leur soutien. Les organisations terroristes ont de plus en plus recours à la propagande diffusée sur des plates-formes comme les sites Web protégés par mot de passe ou les groupes de discussion à accès restreint pour recruter clandestinement. La portée d’Internet offre aux organisations terroristes et à leurs sympathisants un vivier mondial de recrues potentielles.[111]
3°. L’Incitation
La propagande n’est généralement pas interdite en soi, mais de nombreux États considèrent comme illégale son utilisation par des terroristes pour inciter autrui à commettre des actes de terrorisme. Internet offre une abondance de documents et de possibilités de télécharger, de modifier et de diffuser des contenus qui peuvent être considérés comme constituant une apologie illégale des actes de terrorisme ou une provocation à les commettre.
4°. La Radicalisation
On peut considérer le recrutement, la radicalisation et l’incitation au terrorisme comme les éléments d’un processus. La radicalisation fait essentiellement référence à l’endoctrinement qui accompagne généralement la transformation de recrues en individus déterminés à commettre des actes de violence au nom d’idéologies extrémistes.
5°. Le Financement
Les organisations terroristes et leurs sympathisants ont parfois recours à Internet pour financer des actes de terrorisme. On peut classer les façons dont les terroristes utilisent Internet pour lever et collecter des fonds et des ressources en quatre catégories générales:
· La sollicitation directe ;
· Le commerce électronique ;
· L’exploitation d’outils de paiement en ligne ;
· Les organisations caritatives.
La sollicitation directe désigne l’utilisation de sites Web ou de groupes de discussion et l’envoi massif de messages et de communications ciblées pour demander aux sympathisants de faire des dons. Les sites Web peuvent aussi faire office de magasins en ligne, et proposer des livres, des enregistrements audio ou vidéo et d’autres objets. Les moyens de paiement en ligne offerts par les sites Web ou les plates-formes de communication dédiés facilitent le transfert électronique de fonds entre les parties. Ces transferts interviennent souvent par virement électronique, carte de crédit ou autres moyens de paiement disponibles via des services comme PayPal ou Skype.
Les terroristes tirent également parti des moyens de paiement en ligne à la faveur de procédés frauduleux, tels que vol d’identité, vol de carte de crédit, fraude électronique, fraude en valeurs mobilières, infractions en matière de propriété intellectuelle et enchères frauduleuses.[112]
6°. L’Entraînement
Depuis quelques années, les organisations terroristes utilisent de plus en plus l’Internet comme terrain d’entraînement. Une gamme croissante de médias propose des plates-formes de diffusion de guides pratiques, présentés sous forme de manuels en ligne, de clips audio et vidéo, d’informations et de conseils. On trouve également sur ces plates-formes Internet des instructions détaillées, souvent en format multimédia facile d’accès et en plusieurs langues, sur des sujets tels que la manière de rejoindre des organisations terroristes, de fabriquer des explosifs, des armes à feu ou d’autres armes ou matières dangereuses, et de planifier et d’exécuter des attentats.[113]
7°. La Planification
De nombreux praticiens de la justice pénale ont indiqué que quasiment toutes les affaires de terrorisme qui donnaient lieu à des poursuites judiciaires impliquaient l’utilisation de la technologie Internet. En particulier, la planification d’un acte de terrorisme requiert généralement des communications à distance entre plusieurs parties. Une affaire récemment jugée en France, Ministère public c. Hicheur15, illustre la manière dont différentes formes de technologies Internet peuvent être utilisées pour faciliter la préparation d’actes de terrorisme, notamment via des communications détaillées au sein et entre des organisations prônant un extrémisme violent, ainsi qu’à travers les frontières.[114]
8°. L’Exécution
Certains éléments des catégories décrites ci-dessus peuvent être employés pour exécuter des actes terroristes. À titre d’exemple, des menaces explicites de violence, relatives notamment à l’utilisation d’armes, sont parfois diffusées sur Internet pour provoquer de l’anxiété, de la peur ou de la panique au sein d’une population ou d’une partie de celle-ci. Dans de nombreux États Membres, l’acte consistant à proférer des menaces, même si elles ne sont pas mises à exécution, peut être considéré comme une infraction.
I.8. Terrorisme et culture
I.8.1. Terrorisme et cinéma
Il existe une longue tradition de films documentaires sur le terrorisme depuis 12 décembre (1972) de Pier Paolo Pasolini et Giovanni Bonfanti sur l'attentat de la piazza Fontana du 12 décembre 1969 à Milan jusqu'à des films plus récents comme le film de Pierre Carles et Georges Minangoy sur les anciens d'Action directe (Ni vieux, ni traîtres, 2006) ou le film de Barbet Schroeder sur Jacques Vergès qui s'attarde longuement sur ses relations avec le terrorisme 55.
Parmi les films de fiction, on peut citer :
a. Algérie
· Le Repenti de Merzak Allouache (2012), la difficile réinsertion d'un djihadiste amnistié pendant la décennie noire.
b. Allemagne
· La Troisième Génération de Rainer Werner Fassbinder (1973)
· Maman Küsters s'en va au ciel du même auteur (1975).
I.8.2. Terrorisme et théâtre
Les Justes d'Albert Camus (France, 1949) : un groupe de révolutionnaires russes projette d'assassiner le grand-duc Serge. La pièce s'inspire de faits réels qui ont eu lieu en Russie en 1905.
I.8.3. Terrorisme et philosophie
L'opinion de NOAM CHOMSKY :
« Le fait est que le terrorisme fonctionne. C'est une très grave erreur d'analyse que de dire, et c'est souvent le cas, que le terrorisme est l'arme des faibles. »
Jean Baudrillard affirme :
« Tous les discours et les commentaires trahissent une gigantesque abréaction à l'événement même et à la fascination qu'il exerce. La condamnation morale, l'union sacrée contre le terrorisme sont à la mesure de la jubilation prodigieuse de voir détruire cette superpuissance mondiale, mieux, de la voir en quelque sorte se détruire elle-même, se suicider en beauté. Quand les deux tours se sont effondrées, on avait l'impression qu'elles répondaient au suicide des avions-suicides par leur propre suicide. Tout système à zéro mort est un système à somme nulle. Dans ce cycle vertigineux de l'échange impossible de la mort, celle du terroriste est un point infinitésimal, mais qui provoque une aspiration, un vide, une convection gigantesque. Autour de ce point infime, tout le système, celui du réel et de la puissance, se densifie, se tétanise, se ramasse sur lui-même et s'abîme dans sa propre surefficacité ».56

Conclusion
Dans ce chapitre sur les « considérations générales sur le terrorisme », il a été question de présenter de manière la plus détaillée possible les différentes définitions du concept « terrorisme », faire état des multiples types de terrorismes, les modes opératoires et pour chaque groupe terroriste, les traits distinctifs les identifiant.
Les définitions étant innombrables et variant selon les auteurs et la nature de l’acte, quelques-unes ont été retenues car réunissant les éléments qui mettent unanimement d’accord les auteurs. Telle est le cas de celle présentée par l’assemblée générale des Nations-Unies :
« Les actes criminels qui, à des fins politiques, sont conçus ou calculés pour provoquer la terreur dans le public, un groupe de personnes ou chez des particuliers sont injustifiables en toutes circonstances et quels que soient les motifs de nature politique, philosophique, idéologique, raciale, ethnique, religieuse ou autre que l’on puisse invoquer pour les justifier »[115].
Quoi qu’il en soit, la communauté internationale retient que « Le terrorisme est l'emploi de la terreur à des fins politiques, religieuses ou idéologiques ».[116] La « terreur » parait le maître mot quand il faut définir le terrorisme, et on ne peut pas s’en dépasser.
Le différents types de terrorismes et les modes opératoires ont été passés à peigne fin dans le but de présenter un tableau clair du terrorisme en vue de poser les jalons pour ceux qui auront voulu, dans la mesure du possible s’engager dans une étude similaire ou l’avoisinant.
Certes, il a été démontré noir sur blanc que l’internet a encore et encore exaspéré la menace qui existait depuis lors. Les médias modernes sont très utilisés par les terroristes dans leurs propagandes par la diffusion des idéologies et même le problème le plus marquant aujourd’hui est la cybercriminalité avec des cyberattaques à large échelle.
Chapitre Deux
LE GROUPE TERRORISTE BOKO HARAM
(ÉTAT ISLAMIQUE EN AFRIQUE DE L’OUEST DEPUIS 2015 )
II.1. Introduction
Boko Haram est un mouvement insurrectionnel et terroriste d'idéologie salafiste djihadiste, originaire du nord-est du Nigeria et ayant pour objectif d'instaurer un califat et d'appliquer la charia. Formé en 2002 à Maiduguri par le prédicateur MOHAMED YOUSOUF, le groupe est à l'origine une secte qui prône un Islam radical et rigoriste, hostile à toute influence occidentale. En 2009, Boko Haram lance une insurrection armée dans laquelle MOHAMED YOUSOUF trouve la mort. En 2010, ABUBAKAR SHEKAU prend la tête du mouvement qui devient un groupe armé et se rapproche des thèses djihadistes d'Al-Qaïda, puis de l'État islamique. [117]
De 2010 à 2015, Boko Haram prend le nom officiel de « Groupe Sunnite pour la Prédication et le Djihad », en arabe, Jama'atu Ahlis Sunna Lidda'Awati Wal-Jihad. Le 7 mars 2015, Boko Haram prête allégeance à l'État islamique, que ce dernier reconnaît officiellement cinq jours plus tard. Le groupe abandonne son ancien nom et forme officiellement une « province » de l'EI : la Wilāyat al-Sūdān al-Gharbī (arabe : Province de l'Afrique de l'Ouest). Il est alors désigné sous le nom d'État islamique en Afrique de l'Ouest (EIAO) ou Province d'Afrique de l'Ouest de l'État islamique (PAOEI) et parfois par son acronyme anglais ISWAP (Islamic State's West Africa Province).[118]
En août 2016, le groupe se scinde en deux. ABUBAKAR SHEKAU est écarté par l'État islamique pour « extrémisme » et est remplacé par ABOU MOSAB AL-BARNAOUI. Opposé à cette décision, Shekau prend alors la tête d'une faction qui réadopte son ancien nom de « Groupe sunnite pour la prédication et le djihad », tout en maintenant son allégeance à l'État islamique.[119]
Le mouvement est à l'origine de nombreux massacres, attentats et enlèvements à l'encontre de populations civiles de toute confession, au Nigeria mais aussi au Cameroun, au Niger et au Tchad. Il est responsable de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et est classé comme organisation terroriste par le Conseil de sécurité des Nations unies le 22 mai 2014.[120]
II.2. Le Portrait d’Abou bakr Shekau
Abubakar Shekau, encore appelé « Darul Tawhid », alias
« Abacha Abdullahi Geidam », puis « Damasack », né entre 1965 et 1975 dans le village de Shekau,
dans l'État
de Yobe, au Nigéria,
est un djihadiste
et un terroriste
nigérian.
En 2009, après la mort de Mohamed Yusuf,
il prend la tête du Groupe sunnite pour la prédication et le djihad, dit
« Boko Haram »,
puis il prête allégeance à l'État islamique en 2015. Il devient alors le chef
de la « Province de l'Afrique de l'Ouest » du califat.
Mais jugé trop extrémiste par l'État islamique, il est destitué en août 2016 et
remplacé par Abou Mosab al-Barnaoui. Il est tenu pour être
responsable de très nombreuses exactions dans son rayon d'action, celles-ci ont
fait, dans l'ensemble, des milliers de victimes.[121]
II.2.1. Début des hostilités de au Nigeria
À partir d’avril 2011, le groupe multiplie les attentats à la bombe contre des églises chrétiennes, des gares, des hôtels, débits de boisson et des bâtiments officiels. Dans une vidéo mise en ligne en janvier 2012, Abubakar Shekau prône une guerre sans merci contre les politiques, les policiers et surtout les chrétiens, notamment le président nigérian GOODLUCK JONATHAN. Le 21 juin 2012, la tête d'Abubakar Shekau est mise à prix par le Département d'État des États-Unis pour sept millions de dollars. L'armée nigériane offre une récompense de 50 millions ₦ (soit environ 300 000 $) pour tous ceux qui donnent des indices menant à l'arrestation de Shekau.[122]
II.2.2. Allégeance à l'État islamique
Dans une vidéo diffusée le 13 juillet 2014, Abubakar Shekau apporte son soutien à la fois à Abou Bakr al-Baghdadi, calife de l'État islamique, Ayman al-Zaouahiri, émir d'Al-Qaïda et au Mollah Omar, chef des Taliban. En décembre 2014, Shekau annonce vouloir instaurer « un Sultanat de Dieu », selon ÉLODIE APARD : « c'est la première formulation claire d’une ambition politique visant à la création d’une entité étatique ». Le 5 janvier 2015 Shekau annonce son intention de reconquérir les anciens territoires du Califat de Sokoto. Une dizaine de jours plus tard, dans une nouvelle vidéo, Abubakar Shekau expose sa doctrine idéologique et se réfère à Ibn Taymiyya et Mohammed ben Abdelwahhab. Selon ROMAIN CAILLET, chercheur à l'Institut français du Proche-Orient, au regard de cet exposé il apparaît que Boko Haram « n'est donc pas un groupe jihadiste foncièrement différent de ceux du Moyen-Orient.[123]
II.2.3. Destitution de l’État Islamique
Dans les mois qui suivent son allégeance, Abubakar Shekau n'apparaît plus dans les vidéos de propagandes djihadistes. Progressivement, il est écarté par l'État islamique en raison de son « extrémisme » (ghoulou en arabe). Selon le journaliste WASSIM NASR, contrairement au commandement de l'EI, Shekau estime que les musulmans qui vivent sans se révolter dans des « territoires de mécréants » (non musulmans), deviennent eux-mêmes des mécréants et donc des cibles, en prenant pour exemple la population de Maiduguri. De plus, pendant une prière de la fête de l'Aïd, Shekau fait assassiner deux commandants militaires et un chef religieux de l'État islamique.[124]
II.2.4. Idéologie et mode opératoire
Le groupe
terroriste Boko Haram est d’idéologie, « Salafisme djihadiste, Takfirisme,
anti-occidentalisme et pour objectif l’instauration d’un califat régi par la
Charia en Afrique occidentale. Il a pour modes opératoires : la lutte
armée,
la guérilla, les attentats-suicides, les massacres et la prise d'otages. Il sévit principalement au Nigéria, son
centre névralgique ; au Cameroun, au Niger et au Tchad. En bref, tous les
pays de la région du lac Tchad subissent ses contrecoups.[125]
Bien que revendiquant à son origine une filiation avec l'islamisme salafiste et les talibans afghans, Boko Haram est fréquemment qualifié de secte. Selon MARC-ANTOINE PÉROUSE de Montclos de l'Institut de recherche pour le développement, « le groupe tient à la fois de la secte et du mouvement social. Dès ses débuts, il est sectaire de par son intransigeance religieuse, son culte du chef, ses techniques d’endoctrinement, son intolérance à l’égard des autres musulmans et son fonctionnement à vase clos ».
D'après lui, son discours est également très hétérodoxe : « la doctrine de Boko Haram ne correspond pas vraiment au modèle wahhabite : c'est une secte qui endoctrine et a recours à la magie. Certains fidèles de Boko Haram portent des grigris, ce qui ne ressemble pas vraiment à Al-Qaïda ». Selon MATHIEU GUIDÈRE, professeur à l'Université de Toulouse, Boko Haram fut une secte jusqu'en 2009 avant de devenir un mouvement insurrectionnel islamiste après la mort de son fondateur Mohamed Yusuf.[126]
Selon la British Broadcasting Corporation (BBC), en 2009, l'affiliation du groupe à Al-Qaïda serait sujette à caution, car les deux groupuscules poursuivent des objectifs différents. Cependant, à partir de 2010 et surtout des attentats de l'été 2011, il est possible que Boko Haram ait tissé des liens avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), ex-groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien. En 2012, des hommes de Boko Haram se rendent au Mali, où des membres d'AQMI leur offrent des formations et des entraînements sur le maniement d'armes, d'explosifs et sur les techniques d'attentats ou d'enlèvements.
Selon MARC MÉMIER, chercheur à l'Institut français des relations internationales (IFRI), Boko Haram aurait cherché à prêter allégeance à al-Qaïda à plusieurs reprises, mais ces offres auraient été à chaque fois rejetées par Ayman al-Zawahiri. AQMI et Boko Haram auraient alors partiellement coupé leur relation. En 2014, pour BERTRAND MONNET, professeur à l'EDHEC, l'agenda de Boko Haram est « exclusivement nigérian » et « ne prône pas le djihad international », contrairement à sa branche dissidente Ansaru[127].
II.3. Fondation et Contexte
Le 7 avril 2014, le Nigeria devient officiellement la première puissance économique d'Afrique. Il est le premier exportateur de gaz et de pétrole sur le continent, grâce à ses réserves dans le delta du Niger. Cependant, le PIB par habitant demeure faible et le Nigeria reste un pays en développement, gangrené par la corruption. En 2016, VINCENT FOUCHER, chercheur à l'International Crisis Group, déclare :
« Dans ce pays, l'État est à la fois très puissant et intermittent. Il est brutal, corrompu et décevant pour beaucoup de Nigérians. Les forces de l'ordre ont un droit à l’abus que j’ai rarement constaté ailleurs. Il existe une habitude de l'impunité dans l'histoire du pays ».
En 2016, un sondage de la fondation AfroBarometer montre que 21 % des Nigérians ont confiance en leur police, soit le taux le plus faible d'Afrique. Au Nigeria, État fédéral, les inégalités entre le nord, majoritairement musulman, et le sud, majoritairement chrétien, se creusent au début des années 2000, sous le mandat d'OLUSEGUN OBASANJO. Les 12 États du nord sont les moins développés du pays et l'État de Borno est le plus pauvre de tous ; les trois quarts de la population y vivent sous le seuil de pauvreté, 98 % des enfants de moins de quinze mois ne sont pas vaccinés, 83 % des jeunes sont illettrés et 48,5 % des enfants ne sont pas scolarisés.[128]
En 2000, la charia est instaurée dans les États musulmans du nord, cependant elle s'avère moins religieuse que politique. Selon le journaliste ALAIN VICKY : « les cercles politico-militaires du Nord en font surtout un instrument de pression dans leur bras de fer avec le pouvoir central ». La Zakât, un des cinq piliers de l'islam, n'est même pas appliquée.
Surnommé le « Pakistan d'Afrique », le nord-est du Nigeria est parcouru par des dizaines de milliers de prédicateurs itinérants. Dans l'État de Yobe, l'un d'eux, MOHAMED YUSUF, commence à se démarquer dans les années 2000. Il fonde en 2002, le mouvement qui va devenir plus connu par son surnom de Boko Haram. Ses adeptes sont également surnommés les « talibans ». Yusuf réclame une application stricte de la charia, il rejette la modernité, la démocratie assimilée à la corruption et les idées de l'Occident. Il s'oppose aux autres prédicateurs, majoritairement quiétistes, (doctrine des théologiens mystiques dont le principe est de s'anéantir soi-même pour s'unir à Dieu,) et à Izala, un mouvement salafiste et néohanbaliste. À plusieurs reprises des membres d'Izala ou des confréries soufies Tidjaniyya et Qadiriyya sont assassinés par des adeptes de Boko Haram.[129]
En avril 2003, Boko Haram appuie discrètement, contre un soutien financier, la candidature d'ALI MODO SHERIFF qui promet une application plus stricte de la charia pour l'élection du nouveau gouverneur de l'État de Borno. Celui-ci élu, il crée un ministère des Affaires religieuses et nomme à sa tête Buju Foi, un membre de Boko Haram. À l'automne 2003 cependant, la police de l'État de Yobe attaque la « cité céleste » de Yusuf à Kannamma. Après quelques attaques, Boko Haram se replie à Maiduguri, dans l'État de Borno. La secte y installe une mosquée et une école en attire les jeunes des quartiers pauvres, ainsi que des étudiants et des fonctionnaires. Selon Alain Vicky, derrière la religion, un même profond ressentiment anime ces populations qui s'estiment abandonnés par les élites, le pouvoir central et les policiers fédéraux, corrompus et brutaux ».[130]
Ali Modo Sheriff ne tient pas ses promesses une fois élu, Mohamed Yusuf l'attaque alors publiquement dans ses sermons. En 2007, Ali Modo Sheriff est réélu gouverneur de l'État de Borno au terme d'une campagne marquée par des assassinats politiques. Mais cette fois-ci Boko Haram a soutenu un autre candidat ; Kashim Ibrahim Imam, membre du Parti démocratique populaire. Ali Modo Sheriff cherche alors à se débarrasser de la secte. En juin 2009, lors de l'enterrement d'un membre de Boko Haram tué par la police, quinze autres fidèles sont assassinés par des policiers qui leur reprochaient de ne pas porter de casques sur leurs motos. Mohamed Yusuf annonce alors sur internet son intention de se venger. Le mois suivant, plusieurs attaques simultanées ont alors lieu dans les États de Bauchi, Borno, Kano et Yobe et le 27 juillet des milliers de partisans de Mohamed Yusuf se soulèvent à Maiduguri.[131]
L'idéologie du mouvement a largement évolué depuis sa création en 2002 par Mohamed Yusuf à Maiduguri, mais son objectif reste l'application de la charia au Nigeria. Selon Elodie Apard, chercheuse à l'Institut français de recherche en Afrique, jusqu'en 2009 le mouvement n’a pas de nom officiel, il est appelé la « Yusufiyya » ce qui signifie « l'idéologie de Yusuf ». En 2010, il prend pour nom officiel Jama'atu Ahlis Sunna Lidda'Awati Wal-Jihad, qui signifie « groupe sunnite pour la prédication et le djihad ». Le nom de Boko Haram, sa dénomination abrégée en haoussa, peut être traduit par « l'éducation occidentale est un péché ».
Le mot Boko désigne un alphabet latin, créé par les autorités coloniales pour transcrire la langue orale haoussa, et désigne par extension l'école laïque. Le mot Haram signifie « interdit » ou « illicite » en arabe et dans le monde musulman. Ce nom aurait été attribué par la population locale et les médias, marqués par le discours de son chef rejetant « l'éducation occidentale ». Ce rejet s'accompagne d'une lecture littérale du Coran, qui fait par exemple dire à Mohamed Yusuf que la Terre est plate, ou que l'eau de pluie ne résulte pas de l'évaporation, puisqu'elle est une création d'Allah. De ce fait, il est régulièrement dénoncé pour son idéologie obscurantiste.[132]
Bien que revendiquant à son origine une filiation avec l'islamisme salafiste et les talibans afghans, Boko Haram est fréquemment qualifié de secte. Selon MARC-ANTOINE PÉROUSE de Montclos de l'Institut de recherche pour le développement, « le groupe tient à la fois de la secte et du mouvement social. Dès ses débuts, il est sectaire de par son intransigeance religieuse, son culte du chef, ses techniques d’endoctrinement, son intolérance à l’égard des autres musulmans et son fonctionnement en vase clos ». D'après lui, son discours est également très hétérodoxe : « la doctrine de Boko Haram ne correspond pas vraiment au modèle wahhabite : c'est une secte qui endoctrine et a recours à la magie. Certains fidèles de Boko Haram portent des grigris, ce qui ne ressemble pas vraiment à Al-Qaïda ».
Selon MATHIEU GUIDÈRE, professeur à l'Université Toulouse, Boko Haram fut une secte jusqu'en 2009 avant de devenir un mouvement insurrectionnel islamiste après la mort de son fondateur Mohamed Yusuf. De même, pour ÉLODIE APARD, en 2010 « le mouvement passe du statut de secte religieuse à celui de groupe armé ».[133]
En 2009, note la BBC, l'affiliation du groupe à Al-Qaïda qui aurait été sujette à caution se brisa, car les deux groupuscules poursuivaient des objectifs différents. Cependant, à partir de 2010 et surtout des attentats de l'été 2011, il est possible que Boko Haram ait tissé des liens avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), ex-groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien. En 2012, des hommes de Boko Haram se rendent au Mali, où des membres d'AQMI leur offrent des formations et des entraînements sur le maniement d'armes, d'explosifs et sur les techniques d'attentat ou d'enlèvement. Selon MARC MÉMIER, chercheur à l'Institut français des relations internationales (IFRI), Boko Haram aurait cherché à prêter allégeance à al-Qaïda à plusieurs reprises, mais ces offres auraient été à chaque fois rejetées par Ayman al-Zawahiri. AQMI et Boko Haram auraient alors partiellement coupé leur relation. En 2014, pour BERTRAND MONNET, professeur à l'EDHEC, l'agenda de Boko Haram est « exclusivement nigérian » et « ne prône pas le djihad international », contrairement à sa branche dissidente Ansaru.[134]
Dans une vidéo diffusée le 13 juillet 2014, Abubakar Shekau apporte son soutien à la fois à Abou Bakr al-Baghdadi, calife de l'État islamique, Ayman al-Zaouahiri, émir d'Al-Qaïda et au mollah Omar, chef des talibans. En décembre 2014, Shekau annonce vouloir instaurer « un Sultanat de Dieu », selon ÉLODIE APARD : « c'est la première formulation claire d’une ambition politique visant à la création d’une entité étatique ». Le 5 janvier 2015 Shekau annonce son intention de reconquérir les anciens territoires du califat de Sokoto. Une dizaine de jours plus tard, dans une nouvelle vidéo, Abubakar Shekau expose sa doctrine idéologique et se réfère à Ibn Taymiyya et Mohammed ben Abdelwahhab. Selon ROMAIN CAILLET, chercheur à l'Institut français du Proche-Orient, au regard de cet exposé il apparaît que Boko Haram « n'est donc pas un groupe jihadiste foncièrement différent de ceux du Moyen-Orient ».[135]
II.4. Insurrection de Boko Haram
II.4.1. Conflit armé de 2009 et mort du premier leader Mohamed Yusuf
Le
26 juillet 2009, Boko Haram lance une série d'attaques
simultanées dans quatre États du nord du Nigeria (Bauchi, Borno, Yobe et Kano). Les combats les
plus violents durent pendant cinq jours à Maiduguri, capitale de
l'État
de Borno.
L'armée mettra quatre jours à venir en aide à la police locale. Le 30 juillet 2009, les forces de sécurité infligent une
sérieuse défaite aux fondamentalistes et les chassent de la capitale de l'État
de Borno. Le bilan des combats s'élève à plus de 700 morts, dont au moins 300
militants islamistes. Mohamed Yusuf, capturé par l'armée à Maiduguri, est abattu
par la police dans des circonstances floues. Le 14 août 2009, Sanni Umaru, membre de Boko Haram se
présentant comme le successeur de Mohamed Yusuf, lance
un appel au jihad au Nigeria dans une
lettre datée du 9 août.[136]
II.4.2. Poursuite des attaques
Après l'échec de leur insurrection, d'août 2009 à août 2010, de nombreux membres de Boko Haram prennent la fuite au Niger et au Tchad, la secte reste discrète et se réorganise en secret près de Maiduguri, dans la région de la forêt de Sambisa. En septembre, elle refait surface de façon spectaculaire en prenant d'assaut la prison de Bauchi réussissant à libérer 700 prisonniers dont 150 adeptes.
Après une période de luttes internes pour la succession de Mohamed Yusuf, c'est finalement Abubakar Shekau qui prend la tête de l'organisation42. Il apparaît en juillet 2010 dans un enregistrement vidéo dans lequel il se proclame leader de Boko Haram et promet de continuer la lutte armée. Noël 2010 est l'occasion d'intensifier la lutte contre les chrétiens, attaques, incendies et assassinats ciblés font plusieurs dizaines de morts, notamment un attentat à Jos qui fait à lui seul quatre-vingts victimes.[137]
À partir d'avril 2011, le groupe multiplie les attentats à la bombe contre des églises chrétiennes, des gares, des hôtels, débits de boissons et des bâtiments officiels58. Cette année-là, le groupe commet ses premiers attentats-suicides59. L'élection présidentielle de mai et la victoire de Goodluck Jonathan sont l'occasion d'autres attentats qui font une dizaine de morts. Le 21 juin, une dizaine d'hommes armés attaque la ville de Kankara, dans l'État de Katsina, incendie un poste de police, libère les détenus et pille une banque, tuant 7 personnes dont 5 policiers.
La volonté affichée du gouvernement à partir de juillet 2011 de négocier avec Boko Haram n'empêche pas celle-ci de poursuivre la lutte armée et de revendiquer l'attentat kamikaze contre la représentation des Nations unies à Abuja le 26 août 2011 au cours duquel 18 personnes trouvent la mort.
En 2012, lors de la guerre du Mali, des hommes de Boko Haram partent combattre dans le nord du Mali au côté du MUJAO, 100 à 200 combattants sont présents à Gao, peut-être 200 à 300 au total arrivent au Mali où ils sont formés par les djihadistes locaux, rassurent des sources concordantes. En janvier 2013, des hommes de Boko Haram participent à la bataille de Konna contre les Maliens et les Français.[138]
II.4.3. Intensification du conflit à partir de 2013
En mai 2013, à la suite d'un nombre important d'attaques, l'armée nigériane lance une grande offensive contre les djihadistes. Le président du Nigeria Goodluck Jonathan proclame alors l'état d'urgence dans trois États du nord-est du pays : Borno, Yobe et Adamawa.
L'armée nigériane remporte d'abord quelques succès. Le 9 août 2013, elle affirme avoir fait 1 000 prisonniers et le 12 septembre, elle prend d'assaut un camp de Boko Haram dans la forêt de Kasiya et annonce avoir tué environ 150 insurgés. Mais le groupe djihadiste reprend progressivement l'initiative. Le 20 décembre 2013, les islamistes détruisent le camp militaire de Bama. Le 14 mars 2014, ils attaquent la caserne de Giwa, à Maiduguri, et délivrent plusieurs centaines de personnes qui y étaient détenues. Cependant selon Amnesty International, de nombreux prisonniers évadés sont rapidement repris par les militaires et plus de 600 d'entre eux sont exécutés sommairement dans divers quartiers de la ville. Le 26 mai, les djihadistes s'emparent de la ville de Buni Yadi.[139]
II.4.4. Conquêtes de Boko Haram dans l'État de Borno en 2014
En août 2014, Boko Haram passe à l'offensive et commence à conquérir plusieurs villes. Le 6 août, Gwoza est prise sans résistance. Le 21, les islamistes repoussent l'armée nigériane et reprennent Buni Yadi. Le 24, Kerawa et Ashigashiya sont prises puis Gamboru Ngala le 25, Bama et Banki le 2 septembre, Michika le 8 septembre.[140]
Au 12 septembre 2014, les villes de Damboa, Bama, Pulka, Ashigashia, Liman Kara, Kirawa, Gamboru Ngala, Marte, Kirenowa, Buni Yadi et Gulani, sont aux mains de Boko Haram et Maiduguri, capitale de l'État de Borno, est presque encerclée par les forces islamistes. Le lendemain, l'armée nigériane affirme avoir repoussé à Konduga une offensive des islamistes sur Maiduguri, et revendique la mort d'une centaine d'insurgés.
Boko
Haram reprend l'offensive et le 13 novembre les djihadistes prennent les villes
de Gombi et de Hong dans l'État
d'Adamawa et Chibok,
dans l'État
de Borno. Les trois villes sont reprises par l'armée nigériane entre
le 16 et le 19 novembre. Le 24 novembre, Boko Haram s'empare de la ville de
Damasak, située sur la frontière avec le Niger. L'assaut fait plusieurs dizaines de
morts et entraîne la fuite de près de trois mille personnes vers le Niger. [141]
Le 1er décembre, le groupe est repoussé à Damaturu, où les combats font au moins 150 morts, en majorité des civils. Le 3 janvier 2015, l'armée nigériane subit un grave revers lorsque Boko Haram prend d'assaut la base de Baga, quartier-général de la Force multinationale mais où seuls des soldats nigérians étaient postés. Le 7, les djihadistes incendient totalement seize villes et villages des rives du Lac Tchad, dont les villes de Baga et Doron Baga. Plus de 11 000 civils fuient au Tchad et 20 000 trouvent refuge à Maiduguri. Selon les estimations, plus de 2 000 habitants ont été également massacrés.[142]
Face à ces attaques de plus en plus violentes, l'armée nigériane est alors régulièrement critiquée quant au peu de combativité dont elle ferait preuve face aux islamistes. Réunis au Niger à la fin du mois de janvier, treize pays africains et non-africains participent à une réunion consacrée à la lutte contre le groupe djihadiste, mais peinent à organiser une riposte coordonnée. Le 25 janvier, Boko Haram attaque simultanément Maiduguri et Monguno, les djihadistes sont repoussés dans la première ville mais s'emparent de la seconde.[143]
II.4.5. Intervention militaire tchadienne au Nigeria en 2015
En février, l'armée tchadienne intervient au Nigeria et remporte une série de victoires contre les djihadistes. Le 29 et le 30 janvier, à la bataille de Bodo, au Cameroun, elle affronte Boko Haram pour la première fois, puis le 3 février elle s'empare de Gamboru. L'armée nigérienne se retrouve également confrontée à Boko Haram au terme d’un face à face tendu le long de la frontière. Les djihadistes attaquent le Niger à Diffa et Bosso mais les Nigériens, soutenus par les Tchadiens, repoussent leurs assauts.[144]
Boko Haram perd alors les villes conquises, devant les offensives des armées nigérianes, tchadiennes et nigériennes. Monguno est reprise le 16 février puis Baga le 21 février, Dikwa le 2 mars, Bama le 12 ou 14 mars, Damasak le 17 mars, Gachagar le 26 mars, Gwoza le 27 mars et Malam Fatori le 30 mars. Le 25 avril 2015, au moins une cinquantaine de soldats nigériens sont tués dans l'attaque par Boko Haram d'une position de l'armée nigérienne sur le lac Tchad.
Après plusieurs mois d'interventions militaires tchadiennes et nigériennes et de contre-offensives nigérianes, Boko Haram est lourdement affaibli et a perdu l'essentiel de ses conquêtes de 2014. Le groupe subsiste cependant dans la forêt de Sambisa, dans les Monts Mandara, à la frontière camerounaise, et dans les îles du Lac Tchad. Repoussé dans ces quelques sanctuaires, le groupe, devenu officiellement la « Province d'Afrique de l'Ouest » de l'État islamique, retourne à la guérilla et poursuit sa campagne de terreur.[145]
II.4.6. Incursions de Boko Haram au Cameroun
Tout au long de l'année 2014, Boko Haram est régulièrement entré au sein du territoire camerounais, à la frontière nord, pour y effectuer de légères démonstrations de forces (vol de bétail, destruction de récoltes) puis disparaitre aussitôt. Le 20 décembre 2014, le Cameroun déclare avoir démantelé un camp djihadiste le 20 décembre, capturé 45 instructeurs, tué « un nombre plus important encore » et récupéré 84 enfants âgés de 7 à 15 ans qui étaient entraînés sur place.
L'armée
camerounaise et Boko Haram s'affrontent pour la première fois le 2 mars 2014, lors d'un combat à Fotokol. À la fin du
mois de mai, le Cameroun
déploie 3 000 soldats pour protéger l'extrême nord de son territoire des
incursions djihadistes118. Dans les
mois qui suivent, les forces de Boko Haram lancent plusieurs assauts contre les
positions des militaires sur la frontière camerounaise, notamment à Fotokol,
théâtre de plusieurs combats. Les autres affrontements principaux ont lieu à Tourou
le 7 juin, Bargaram les 24 et 25 juillet, Amchidé et Limani les 15 et 16 octobre, Amchidé
le 17 décembre, Achigachia le 29 décembre et Kolofata, le 12 janvier 2015. Le 29 et le 30 janvier 2015,
Boko Haram s'oppose pour la première fois à l'armée
tchadienne. Cependant toutes les offensives djihadistes sont repoussées
avec de lourdes pertes.[146]
Le 18 janvier 2015, Boko Haram enlève 60 personnes dans l'arrondissement de Mokolo, à l'extrême-nord du Cameroun. Le lendemain, l'armée camerounaise libère 24 otages parmi les 60 enlevés de la veille. Le 3 juillet 2015, le Président Paul Biya reçoit son homologue français François Hollande. Le Cameroun et la France conviennent d'un renforcement de la coopération en matière de lutte anti-terroriste entre les deux pays.[147]
II.5. Commandement et Effectifs
II.5.1. Commandement
Depuis la mort de son fondateur Mohamed Yusuf en 2009, l'organisation est dirigée par Abubakar Shekau. On ne connaît pas le nombre précis de combattants dont dispose le mouvement. En 2014, les estimations sur les forces de Boko Haram vont de 6 000 à 30 000 combattants, la plupart issus de l'ethnie Kanouri. Le mouvement serait dirigé par un Conseil de la Choura d'une trentaine de membres. Selon un rapport du département de la sécurité intérieure des États-Unis, cette structure est propice à la division et ne fournit pas de garantie lorsque quelqu'un prétend parler au nom du groupe. De plus, Abubakar Shekau ne s'entourerait que de quelques chefs de factions et ne maintiendrait que très peu de contacts avec les combattants sur le terrain.[148]
Selon les déclarations en juin 2016 du général Thomas Waldhauser, chef des forces américaines en Afrique, la moitié des membres de Boko Haram auraient fait scission et n'obéiraient plus à Abubakar Shekau. Ils reprocheraient à ce dernier de ne pas suivre les consignes de l'État islamique, notamment d'être resté sourd aux exigences de l'EI de mettre fin aux attentats-suicides commis par des enfants. Le 2 août, l'État islamique présente Abou Mosab al-Barnaoui, comme le Wali et chef de ses forces en Afrique de l'Ouest. Shekau répond le 3 août dans un communiqué audio dans lequel il refuse sa destitution.[149]
S'il reconnaît toujours Abou Bakr al-Baghdadi comme le « calife des musulmans », il critique Abou Mosab al-Barnaoui qu'il qualifie de « déviant » et affirme qu'il a été « trompé » et qu'il ne veut plus « suivre aveuglément » certains émissaires de l'État Islamique :
« Par ce message, nous voulons affirmer que nous n'accepterons plus aucun émissaire, sauf ceux vraiment engagés dans la cause d'Allah ».
Selon ROMAIN CAILLET, l'État islamique en Afrique de l'Ouest s'est divisé en deux tendances : « Une tendance qui se rallie derrière Abubakar Shekau, qui est la plus dure et une tendance qui va paradoxalement être un peu moins radicale, un peu moins extrémiste et qui est justement cette tendance qui s’est ralliée à l’État islamique. C’est-à-dire que contrairement à tout ce qu’on pouvait dire, finalement les partisans de Shekau sont les partisans de la ligne ultra radicale absolue ».[150]
Abou Mosab al-Barnaoui est secondé par Mamman Nour et parmi les autres chefs qui l'ont rallié figurent principalement Mallam Bako, Abubakar al-Nouké, Abubakar Mainoké et Adam Badri Mohammed Yusuf, le frère d'al-Barnaoui. Au cours de l'année 2018, des purges internes auraient touché le commandement de l'État islamique en Afrique de l'Ouest selon des médias nigérians. En août 2018, Mamman Nour, le numéro 2 de l'organisation, aurait été exécuté par d'autres membres de l'État islamique en Afrique de l'Ouest selon des médias nigérians.
Incarnant la tendance la moins radicale du groupe, il aurait été accusé par les plus extrémistes d'avoir libéré les jeunes filles enlevées à Dapchi sans obtenir de rançon ou bien de l'avoir détournée. En octobre, le numéro 3, Ali Gaga, aurait été exécuté à son tour, après avoir été suspecté d'avoir voulu se rendre aux autorités nigérianes. Abou Mosab al-Barnaoui aurait été destitué à son tour par l'État islamique en mars 2019 et remplacé par Abou Abdallah Idrisa ou Abou Abdullah Ibn Umar Al-Barnaoui.[151]
II.5.2. Les Effectifs de Boko Haram
En 2014, Mathieu Guidère estime que Boko Haram dispose de près de 30 000 hommes. Un rapport du Chatham House évalue de son côté à 8 000 hommes le nombre des combattants du mouvement, tandis que Marc-Antoine Pérouse de Montclos estime leur nombre entre 6 000 et 8 000. Boko Haram dispose de 15 000 hommes selon des chercheurs sud-africains, et de 50 000 sympathisants selon le journaliste nigérian, Ahmed Salkida. Au début de 2015, les effectifs de Boko Haram sont estimés entre 4 000 et 6 000 hommes selon les Américains, 6 000 à 7 000 selon les Français et 13 000 à 15 000 d'après les Camerounais. Cependant, selon un officier français du renseignement, il s'agit d'une estimation « au doigt mouillé ». En juin 2016, la CIA estime à 7 000 le nombre des djihadistes de Boko Haram.[152]
En 2018, le Combating Terrorism Center estime que la faction d'Abou Mosab al-Barnaoui compte 3 500 à 5 000 combattants et celle d'Abubakar Shekau environ 1 000 combattants. Début 2019, pour Vincent Foucher, chercheur au CNRS, indique que d'après des sources sécuritaires, la faction d'al-Barnaoui compterait 2 500 à 5 000 hommes et celle de Shekau environ 2 000. D'autres sources font état d'environ 13 000 hommes pour la faction de Barnaoui en 2019.
Le mouvement recrute souvent de force, notamment en menant des raids contre des villages pour rafler des habitants. Certaines femmes sont utilisées comme kamikazes et les jeunes garçons sont enrôlés comme enfants-soldats; 83 enfants dont 55 filles, 27 garçons et un bébé ont notamment été utilisés comme bombes humaines durant les huit premiers mois de l'année 2017.[153]
Selon des sources militaires françaises rapportées par Figaro, au moins une quinzaine d'Irakiens de l'État islamique auraient été envoyés en 2016 au Nigeria pendant six mois pour entraîner les combattants de Boko Haram « aux techniques de combat, au maniement des explosifs, et à la fabrication d'armes artisanales, dont des lance-roquettes ». Ils auraient été repérés dans la forêt de Sambisa et dans l'État d'Adamawa. Entre 2015 et 2017, des groupes de combattants de l'État islamique en Afrique de l'Ouest partent en Libye afin de recevoir des formations militaires de la part de la branche libyenne de l'État islamique. Des djihadistes libyens partent également au Nigeria pour servir d'instructeurs.[154]
II.5.3. Sources de Financement
Initialement, Boko Haram est financé par des politiciens de Maiduguri, et notamment par Ali Modo Sheriff, gouverneur de l'État de Borno de 2003 à 2011, qui cherche en 2005 à obtenir l'aide électorale du groupe de Mohamed Yusuf. Après le début de l'insurrection armée, Boko Haram taxe les populations locales et gère divers trafics, comme de la contrebande de poissons séchés, revendus sur les marchés dans le nord du Nigeria. Les djihadistes razzient aussi le bétail des éleveurs. Localement, ils capturent régulièrement des otages qui sont libérés contre rançons, à partir de 2013, Boko Haram revendique ses premiers enlèvements d'occidentaux. Au début des années 2010, il reçoit une aide financière d'AQMI. La corruption de l'armée nigériane bénéficie également à Boko Haram, entre mai 2015 et avril 2016 dont une quinzaine d'officiers supérieurs et généraux sont poursuivis et condamnés pour avoir vendu de l'armement et des informations au groupe djihadiste[155].
À partir de 2016, l'État islamique transfère à sa branche nigériane des sommes de 500 000 dollars tous les quatre mois. À partir de 2017 ces sommes deviennent moins conséquentes, mais en 2018 l'État islamique en Afrique de l'Ouest est capable de s'autofinancer. Il prélève des taxes et domine la production et la distribution du poisson séché pêché dans le lac Tchad, ainsi que la production de poivres séchés et de riz. L'organisation prélève ainsi 2 à 3 millions de dollars par mois dans les territoires sous son contrôle.[156]
II.5.4. Communication
Pendant plusieurs années, la communication de Boko Haram demeure archaïque, le groupe diffuse des vidéos de qualité médiocre, transmises par clés USB ou par cassettes à l'AFP. Vers le début de 2015 cependant, alors que Boko Haram s'apprête à faire allégeance à l'État islamique, la communication de l'organisation djihadiste se modernise. Elle se dote d'un compte Twitter et d'une branche médiatique, Al-Urwa al-Wuthqa ("L'anse la plus solide"). Le 21 février, Boko Haram diffuse notamment une vidéo de propagande bien supérieure techniquement à celles réalisées par le passé, elle s'inspire des films de l'EI, dont elle reprend les codes et les hymnes.
Après l'allégeance de Boko Haram à Abou Bakr al-Baghdadi, l'État islamique prend en main la communication, ce qui démultiplie la force de frappe médiatique de Boko Haram, renseigne ROMAIN CAILLET. Le 13 mars 2017, Boko Haram publie une vidéo de décapitation au sabre de trois hommes vêtus de combinaison orange ; il s'agit de la première vidéo du genre à reprendre tous les codes de l'État islamique. Entre juillet 2018 et mai 2019, l'État islamique en Afrique de l'Ouest diffuse quatre vidéos longues et des reportages photos, ce qui en fait alors la branche la plus active de l'EI sur le plan de la propagande avec celles du Yémen et du Sinaï.[157]
II.6. Exactions, massacres, attentats et enlèvements
II.6.1. Au Nigeria et ses environs
Boko
Haram est un groupe armé particulièrement violent. En 2014, le Centre international d'études sur la
radicalisation et la violence politique (ICSR) le qualifie de « groupe le
plus féroce du monde ». Selon Bertrand Monnet, « à côté de Boko
Haram, AQMI, le Mouvement pour l'unicité et le
jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) ou Ansar Eddine sont des
agneaux. Les terroristes de Boko
Haram sont des barbares : ils tuent des centaines de personnes toute l'année, mitraillent des églises, lancent des grenades pendant les offices et font des raids dans les villages chrétiens qu'ils transforment en Oradour-sur-Glane. Ce qui déclenche d'ailleurs des représailles contre des musulmans ». Pour autant, la cible prioritaire du mouvement reste les musulmans "tièdes" selon ses propres termes : les victimes de la secte sont à 90 % musulmans. Les djihadistes frappent les populations des villages où sont constituées des milices d'autodéfense.[158]
Les principaux massacres et attentats commis par Boko Haram sont ceux de Damaturu (150 morts le 4 novembre 2011), Kano (150 morts le 20 janvier 2012), Benisheik (161 morts le 18 septembre 2013), Izghe (environ 170 morts le 15 février 2014), Gamboru Ngala (336 morts le 5 mai 2014), Jos (au moins 118 morts le 20 mai 2014), Goshe, Attagara, Agapalwa et Aganjara (100 à 500 de morts le 3 juin 2014), Gwoza (600 morts le 6 août 2014), Damboa (plus de 100 morts la nuit du 17 au 18 juillet 2014), Kano (120 morts le 28 novembre 2014), Kukawa (environ 100 morts le 1er juillet 2015), Kukuwa-Gari (50 à 160 morts le 13 août 2015) et Maiduguri (117 morts le 20 septembre 2015). Selon Amnesty International, le massacre de Baga commis du 3 et au 7 janvier 2015 fait de plusieurs centaines à peut-être 2 000 morts et seraient le massacre « le plus meurtrier de l'histoire de Boko Haram ».[159]
Boko Haram, qui peut être traduit par « l'éducation occidentale est un péché » en haoussa, cible particulièrement les lycées et les écoles où est dispensé un enseignement jugé trop occidental par les islamistes. À plusieurs reprises, les djihadistes attaquent des établissements scolaires, massacrant professeurs et lycéens comme à Mamudo, Gujba ou Buni Yadi entre 2013 et 2014. Selon le gouverneur de l'État de Borno, 176 enseignants ont été tués par Boko Haram dans cet État entre 2011 et juillet 2014. D'après Human Rights Watch, de 2009 à 2015, 910 écoles ont été détruites, 1 500 ont dû fermer, 611 enseignants ont été assassinés, 19 000 autres se sont enfuis, des centaines d'élèves ont été enlevés et près d'un million d'enfants ont été privés d'enseignement.[160]
Si les lycéennes
ne sont pas tuées, elles sont souvent enlevées pour être mariées de force à des
djihadistes. Une vingtaine est ainsi enlevée le 11 février 2014, lors du massacre de Konduga. Au 1er juillet 2015, Amnesty International estime que plus de
2 000 femmes ou fillettes ont été enlevées. À cette date, beaucoup d'entre
elles sont enceintes, mais ne peuvent avorter en raison de l'application de la Charia. Le Haut-Commissariat des Nations
unies aux Droits de l'Homme demande officiellement à l’État nigérian
qu'il autorise ces femmes victimes
de viols de la part des
islamistes à pouvoir avorter.
Le rapt le plus important eut lieu le 14 avril 2014 à Chibok, où 276 lycéennes âgées de 12 à 17 ans sont capturées lors d'un raid sur la ville (53 d'entre elles parviennent à s'échapper dans les trois semaines qui suivent selon la police nigériane). Le 5 mai, ce rapt est revendiqué par Abubakar Shekau, dans une vidéo de 57 minutes qui déclare :
« J'ai enlevé vos filles. Je vais les vendre au marché, au nom d'Allah ».[161]
En date de la revendication, certaines des 200 lycéennes auraient déjà été vendues pour 12 $ chacune, afin d'être, selon les dires du leader islamiste, « traitées en esclaves et mariées de force ». D'après lui, l’éducation occidentale doit cesser et les filles doivent quitter l’école et être mariées.
Les ravisseurs
postent à nouveau une vidéo des filles enlevées restantes sur la plateforme YouTube en août 2016. Des
exactions sont également commises par Boko Haram, au nord du Cameroun. Le 11 mars 2014, des hommes armés enlèvent Abakoura Ali,
chef traditionnel du village de Ngoumouldi, après avoir également enlevé son
fils, encore enfant, cinq jours plus tôt. Leurs deux corps sont retrouvés
décapités le 13 mars, en territoire nigérian. Selon un policier de Kerawa, ville située à
la frontière du Nigeria, une cinquantaine de Camerounais ont été assassinés
dans les environs de la ville. Selon Amnesty International, les attentats de Boko Haram au Cameroun
font 486 morts de juin 2015 à juin 2016.[162]
Selon Human Rights Watch, environ 11 000 civils sont tués par les hommes de Boko Haram de 2009 à 2018. Le 15 juillet 2016, Human Rights Watch déclare avoir comptabilisé 104 attaques commises par Boko Haram lors des six premiers mois de l'année 2016, elles ont causé la mort d'au moins 3 053 civils, dont 1 746 dans l'État de Borno. L'ONG évalue par la suite à au moins 3 950 le nombre des victimes pour l'ensemble de l'année 2016 et le 26 mars 2017, elle affirme qu'au moins 1 000 civils ont été massacrés par le groupe depuis le début de l'année. À la date du 14 avril 2015, Amnesty International estime que 5 500 civils ont été tués par Boko Haram en 2014 et au début de 2015. Le 1er octobre 2015, cette même ONG affirme que 3 500 civils ont été tués par Boko Haram depuis le début de l'année 2015, dont 1 600 depuis juin.[163]
L'année 2015 est encore plus meurtrière. L'ONG britannique Action on Armed Violence (AOAV, Action contre la violence armée) recense 84 attaques commises par Boko Haram au Nigeria pendant l'année 2015, qui ont causé la mort de 3 048 personnes, dont 96 % de civils. AOAV recense également 923 morts ou blessés dans les attaques au Tchad et au Cameroun. L'ONG note une augmentation de 190 % du nombre des morts et des blessés par rapport à 2014 et de 167 % pour le nombre des attentats-suicides.[164]
Selon Amnesty International, la FIDH et Human Rights Watch, les exactions commises par Boko Haram relèvent du crime de guerre et du crime contre l'humanité. En janvier 2017, l'armée de l'air nigérienne a bombardé par erreur un camp de réfugiés à Rann (District de Kala-Balge) en le confondant avec une enclave de Boko Haram. Le décompte des victimes varie, mais plus de 90 civils et travailleurs humanitaires y auraient été tués. Les suicides sont fréquents et la pauvreté, le manque d’éducation et le désespoir persistant dans le nord risque d’encore alimenter Boko Haram en recrues.[165]
II.6.2. Otages étrangers
Le
premier enlèvement de ressortissants occidentaux revendiqué par Boko Haram a
lieu le 19
février 2013. Ce jour-là une famille française est
enlevée au parc national de Waza dans le nord du Cameroun, elle est
ensuite conduite au Nigeria.
Les otages sont : Tanguy Moulin-Fournier, 40 ans, cadre de GDF Suez, son épouse
Albane, 40 ans, leurs quatre fils âgés de 5 à 12 ans, et Cyril, le frère de
Tanguy. L'enlèvement est revendiqué dans une vidéo publiée le 25 février par
Boko Haram. Les islamistes réclament la libération de combattants, de femmes et
d'enfants détenus par le Nigeria
et le Cameroun.[166]
Le 21 mars, une seconde vidéo est rendue publique par Boko Haram, Abubakar Shekau, le chef du mouvement déclare : « Nous sommes fiers d'affirmer que nous retenons les sept otages français. Nous les retenons parce que les autorités nigérianes et camerounaises ont arrêté des membres de nos familles, qu'ils les brutalisent et que nous ne savons rien de leurs conditions d'emprisonnement. Nous affirmons au monde que nous ne libérerons pas les otages français tant que nos familles sont emprisonnées. La force ne servira pas à les libérer, nous sommes prêts à nous défendre avec force ». Les négociations sont menées essentiellement par le gouvernement camerounais. La famille est libérée le 19 avril 2013, lors d'un échange de prisonniers, 10 ou 12 personnes auraient été relâchées en contrepartie. Selon iTélé, qui cite des sources opérationnelles locales, sept millions de dollars auraient été versés pour la libération des otages. Ils auraient pu être versés directement sur les fonds du président camerounais Paul Biya ou par le groupe GDF-Suez. Cette information est cependant démentie par le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault.[167]
Dans
la nuit du 13
au 14 novembre 2013, le père Georges Vandenbeusch, un prêtre catholique français de 42 ans,
est enlevé à Nguetchewé, au nord du Cameroun. Quelques
jours plus tard, son enlèvement est revendiqué par Boko Haram. Il est libéré le
31 décembre 2013. Boko haram déclare alors à l'AFP n'avoir reçu aucune rançon et affirme que : « La
direction a décidé de libérer le prêtre par compassion. Le prêtre a offert ses
services médicaux à des membres [du groupe] malades pendant sa période de
captivité. La direction a senti qu'il n'y avait plus besoin de le garder ». Ces
propos sont cependant contestés par GEORGES VANDENBEUSCH, qui déclare :
« Je ne suis ni infirmier ni médecin. S'ils m'avaient amené quelqu'un à soigner avec une hémorragie, j'aurais fait ce que je pouvais, mais ils ne l'ont pas fait. Ils n'ont de compassion pour personne ».[168]
Dans la nuit du 4 au 5 avril 2014, à Tchère, à environ 20 kilomètres de Maroua, située à l'extrême nord du Cameroun, deux prêtres italiens, Giampaolo Marta et Gianantonio Allegri, et une religieuse canadienne, Gilberte Bussier, sont enlevés par des hommes armés. Boko Haram est soupçonnée mais ne revendique pas l'enlèvement. Les trois religieux sont finalement relâchés la nuit du 31 mai au 1er juin 2014. La nuit du 16 au 17 mai 2014, des islamistes transportés par cinq véhicules attaquent un camp de travailleurs du secteur routier, près de Waza, au nord du Cameroun. Un civil chinois est tué, et 10 autres sont enlevés par les assaillants201. Ils seront finalement relâchés le 11 octobre, en même temps que 17 prisonniers camerounais capturés le 27 juillet lors du combat de Kolofota.[169]
Le 16 juillet 2014 un Allemand est enlevé à Gombi, dans l'État d'Adamawa, par une vingtaine d'hommes armés203. Sa capture est revendiquée le 31 octobre par Boko Haram. Le 21 janvier 2015, le Cameroun annonce que l'otage allemand a été libéré à la suite d'une opération spéciale de son armée et ses alliés[170].
II.6.2.1. Scission de l'État islamique en Afrique de l'Ouest en 2016
Dans les mois qui suivent son allégeance à l'État islamique, le chef de Boko Haram Abubakar Shekau n'apparaît plus dans les vidéos de propagande djihadistes. Progressivement, il est écarté par l'EI en raison de son extrémisme. Selon les déclarations en juin 2016 du général THOMAS WALDHAUSER, chef des forces américaines en Afrique, la moitié des membres de Boko Haram auraient fait scission et n'obéiraient plus à Abubakar Shekau. Ils reprocheraient à ce dernier de ne pas suivre les consignes l'État islamique, notamment d'être resté sourd aux exigences de l'EI de mettre fin aux attentats-suicides commis par des enfants. Pour le journaliste WASSIM NASR, contrairement au commandement de l'EI, Shekau estime que les musulmans qui vivent sans se révolter dans des « territoires de mécréants », deviennent eux-mêmes des mécréants et donc des cibles, et prend pour exemple la population de Maiduguri. De plus, pendant une prière de la fête de l'Aïd, Shekau fait assassiner deux commandants militaires et un chef religieux de l'État islamique.[171]
Le 2 août 2016, l'État islamique présente Abou Mosab al-Barnaoui, comme le Wali et chef de ses forces en Afrique de l'Ouest. Shekau répond le 3 août dans un communiqué audio dans lequel il refuse sa destitution. S'il reconnaît toujours Abou Bakr al-Baghdadi comme le « calife des musulmans », il critique Abou Mosab al-Barnaoui qu'il qualifie de « déviant » et affirme qu'il a été « trompé » et qu'il ne veut plus « suivre aveuglément » certains émissaires de l'EI :
« Par ce message, nous voulons affirmer que nous n'accepterons plus aucun émissaire, sauf ceux vraiment engagés dans la cause d'Allah ». [172]
Selon Romain Caillet, l'État islamique en Afrique de l'Ouest s'est divisé en deux tendances : « Une tendance qui se rallie derrière Abubakar Shekau, qui est la plus dure et une tendance qui va paradoxalement être un peu moins radicale, un peu moins extrémiste et qui est justement cette tendance qui s’est ralliée à l’Etat islamique. C’est-à-dire que contrairement à tout ce qu’on pouvait dire, finalement les partisans de Shekau sont les partisans de la ligne ultra radicale absolue ».
II.6.2.2. Remontée en puissance de l'État islamique à partir de l'été à 2018
À partir de l'été 2018, les forces de l'État islamique en Afrique de l'Ouest connaissent une forte remontée en puissance et lancent plusieurs attaques meurtrières contre la force multinationale mixte. La plupart des combats sont menés par la faction d'Abou Mosab al-Barnaoui, dont les combattants apparaissent alors comme étant mieux armés, mieux équipés et mieux entraînés que ceux de la faction d'Abubakar Shekau. L'État islamique en Afrique de l'Ouest a gagné en qualité tactique et stratégique. Les djihadistes renoncent à occuper les villes et privilégie les raids contre les bases militaires afin de capturer des véhicules et de se procurer des armes, des munitions et de l'essence.
L'armée nigériane demeure quant à elle toujours faiblement équipée, tandis que l'augmentation du trafic d'armes en Afrique sub-saharienne profite aux djihadistes. Pour la seule année 2018, plusieurs batailles sont menées et l’EIsemble ganer du terrain. De ces batailles, on peut citer : Bataille de Gajiram (2018), Bataille de Balagallaye, Bataille de Jilli, Bataille de Jakana, Bataille de Garunda, Bataille de Zari, Bataille de Gudumbali, Bataille de Metele (octobre 2018), Bataille de Kukawa et Bataille de Metele (novembre 2018).[173]
Le 18 juin, l'État islamique attaque la base militaire de Gajiram, au nord de Maiduguri. Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, dix soldats nigériens sont tués dans la ville de Bla Brin, près de N’Guigmi. Le 13 juillet, au moins 23 soldats sont tués lors d'une embuscade dans le village de Balagallaye, dans la région de Boboshe, à l'extérieur de Bama. Le 14 juillet, les djihadistes s'emparent de la base militaire de Jilli, près de Geidam, et abattent une trentaine de militaires. Le 26 juillet, la base militaire de Jakana est envahie. Fin juillet, 11 soldats et trois civils trouvent la mort dans un raid contre un poste de contrôle militaire près de Monguno. Le 8 août, 17 militaires nigérians et un civil sont tués dans une attaque contre la base militaire de Garunda.[174]
Le 30 août, la base de Zari, près de Damasak, est prise d'assaut à son tour et au moins trente soldats sont tués. Le 8 septembre, les djihadistes s'emparent de la ville et de la base militaire de Gudumbali, près de Guzamala, avant de se retirer après avoir incendié quelques bâtiments. Les forces gouvernementales reprennent la ville le lendemain. Le 8 octobre, la base militaire de Metele est envahie à son tour4. Le 5 novembre, les djihadistes pillent la base de Kukawa et abattent une quinzaine de soldat. Le 19 novembre, la base de Metele est à nouveau pillée et des dizaines de soldats sont tués. Le 25 novembre, les djihadistes envahissent Kangarwa, près du lac Tchad. En quelques mois, des centaines de soldats nigérians ont été tués lors de ces combats. L'armée nigériane est dépassée et démoralisée, certaines unités se mutinent pour protester contre leur déploiement dans des zones dangereuses et le 27 juillet, le chef des armées, le général Tukur Yusuf Buratai, va jusqu'à menacer de la peine de mort les « soldats lâches » qui « abandonnent leur poste ».[175]
II.6.2.3. Purges au sein de l’EI en Afrique de l'Ouest en 2018 et 2019
Au cours de l'année 2018, des purges internes auraient touché le commandement de l'État islamique en Afrique de l'Ouest selon des médias nigérians. En août 2018, MAMMAN NOUR, le numéro 2 de l'organisation, aurait été exécuté par d'autres membres de l'État islamique en Afrique de l'Ouest selon des médias nigérians. Incarnant la tendance la moins radicale du groupe, il aurait été accusé par les plus extrémistes d'avoir libéré les jeunes filles enlevées à Dapchi sans obtenir de rançon ou bien de l'avoir détournée. En octobre, le numéro 3, Ali Gaga, aurait été exécuté à son tour, après avoir été suspecté d'avoir voulu se rendre aux autorités nigérianes. En mars 2019, Abou Mosab al-Barnaoui est destitué à son tour par l'État islamique et est remplacé par Abou Abdallah Idrisa ou Abou Abdullah Ibn Umar Al-Barnaoui.[176]
II.6.3. Désignation comme organisation terroriste
· Nouvelle-Zélande : 20 août 2012
· Royaume-Uni : juillet 2013
· États-Unis : 14 novembre 2013
· Canada : 24 décembre 2013
· Organisation des Nations-Unies : 22 mai 2014
· Union européenne : 29 mai 2014
· Australie : 26 juin 2014
· Émirats arabes unis : 15 novembre 2014.[177]
II.7. Liens avec d’autres groupes armés ou terroristes
II.7.1. Le Réseau Al-Qaida
II.7.1.1. Introduction et création
Al-Qaïda, en arabe : al-qāʿida, littéralement « la base » par sa devise, la « Chahada », profession de la foi musulmane, est une organisation terroriste islamiste fondée en 1987 par le CHEIKH ABDULLAH YUSUF AZZAM et son élève OUSSAMA BEN LADEN. D’idéologie Salafisme djihadiste, panislamisme, anti occidentalisme ; le groupe se fixe comme objectifs l’établissement d’un califat dans la civilisation et l’instauration de la charia, la destruction ou l’affaiblissement du monde occidental.
Al-Qaïda a ses racines chez des penseurs musulmans (Oulémas), radicaux tels qu'Abou Qatada, Abou Moussab al-Souri ou Abou Mohammed al-Maqdissi. Il considère que les gouvernements « croisés » (occidentaux), avec à leur tête celui des États-Unis, interfèrent dans les affaires intérieures des nations islamiques et ce dans l'intérêt unique des sociétés occidentales. Aussi a-t-elle recours au terrorisme pour faire entendre ses revendications.[178]
Al-Qaïda
a émergé de l'organisation Maktab al-Khadamāt, constituée pendant la première guerre d'Afghanistan par Azzam pour
alimenter la résistance afghane contre les forces armées d'URSS, (Union des Républiques Socialistes
Soviétiques), Maktab al-Khadamāt servait à relayer de multiples dons en
provenance de pays islamiques. Les actions revendiquées au nom d'Al-Qaïda sont
considérées comme des actes terroristes par l'essentiel des États et des
observateurs de l'ONU.
Le groupe est placé sur la liste officielle des organisations terroristes des États-Unis, du Canada, de l'Union européenne, du Royaume-Uni, de l'Australie, de la Russie, de l'Inde et de la Turquie. Sans dresser de liste officielle, la France considère elle aussi Al-Qaïda comme groupe terroriste. L'ONU fait paraître une liste des entités et des personnes proches d'Al-Qaïda, qui sont à ce titre sanctionnées par le Conseil de sécurité des Nations unies. L'Union européenne avait elle aussi en place des « mesures restrictives » contre Al-Qaïda et les groupes associés.[179]
II.7.1.2. Bref aperçu du mouvement
À
l'origine, Al-Qaïda est fortement lié à la Première Guerre d'Afghanistan de 1992-1996. Le
Maktab al-Khadamāt (MAK), créé par Abdallah Azzam en
1980, organise et entraîne les moudjahidines avant de
les envoyer en Afghanistan. Le MAK est soutenu par d'autres organisations
islamistes, des organisations caritatives et par la CIA qui déploie dans cette période une politique
interventionniste dans le souci d'enrayer et d'abattre la puissance de l'URSS, désignée comme « Empire du
Mal » par l'administration Reagan, notamment par le soutien aux groupes de
toute nature qui peuvent déstabiliser les régimes supposés proches de Moscou.
En 1986, Oussama ben Laden, ancien étudiant d'Abdallah Azzam, qui finançait depuis 1982 l'activité du groupe, rejoint le front.[180] En août 1988, deux réunions regroupant notamment Abdallah Azzam, Oussama ben Laden, Ayman al-Zaouahiri et Mohammed Atef ont lieu pour déterminer l'orientation future du djihad. Les participants s'accordent pour créer une nouvelle organisation pour continuer le djihad après le retrait des Soviétiques d'Afghanistan, mais sans préciser quels seront ses buts exacts. L'organisation est initialement appelée Al-Qaïda al-askariya (la base militaire). Oussama ben Laden a expliqué l'origine de ce terme dans une vidéocassette avec le journaliste Tayseer Alouni, pour Al Jazeera, en octobre 2001 :
« Le nom d'al-Qaïda fut établi il y a longtemps et par hasard. Le défunt Abu Ebeida El-Banashiri avait établi les camps d'entraînement pour nos moudjahiddines contre le terrorisme de la Russie. Nous avions l'habitude d'appeler le camp d'entraînement « la base », soit al-Qaïda. Le camp d'entrainement en question se trouvait près de Jalalabad ».[181]
En novembre 1989, Abdallah Azzam est assassiné dans un attentat dont les responsables n'ont pas été identifiés. Cet assassinat pourrait être lié à une divergence sur la nature du djihad : Azzam s'opposait à des conflits entre musulmans. À la suite de la disparition d'Azzam, Al-Qaïda se retrouve dirigée essentiellement par des membres du djihad islamiste égyptien tels qu'al-Zaouhiri qui prônent le renversement des dirigeants arabes non-islamiques, en particulier celui de Hosni Moubarak en Égypte.
En 1989, Oussama ben Laden prend le contrôle du Maktab al-Khadamāt à la suite de la mort d'Abdallah Azzam. Après la prise de Kaboul par les talibans en 1996, Ben Laden organise la formation des moudjahidines arabes, développant ainsi les réseaux de la mouvance Al-Qaïda. Pour l'ensemble de la communauté internationale, Al-Qaïda existe. C'est une organisation poursuivie, entre autres, par le Conseil de sécurité des Nations unies, l'OTAN, l'Union européenne, l'Union africaine et le Conseil européen.[182]
Les camps d'entraînement d'Al-Qaïda ont formé des milliers d'islamistes militants à travers le monde. À leur retour, les « Afghans » (moudjahidines partis en Afghanistan) appliquèrent plus tard leur entraînement dans différents conflits dans le monde comme en Algérie, en Tchétchénie, aux Philippines, en Égypte, en Indonésie, au Tadjikistan, en Somalie, au Yémen, dans les Balkans (Kosovo et Bosnie-Herzégovine). Pour son financement, Al-Qaïda a bénéficié, entre autres, de l'appui de l'organisation « caritative » International Islamic Relief Organization. On peut faire remonter à février 1998 la date où Al-Qaïda cesse de n'être qu'un réseau pour devenir une réelle organisation.[183]
En effet, le 23 février 1998 est publié un « Appel au djihad pour la libération des Lieux saints musulmans » du Front islamique mondial pour le djihad contre les juifs et les croisés. Ce texte est signé par Oussama ben Laden, Ayman al-Zaouahiri (Jihad islamique égyptien), Ahmed Taha (Gamaa al-Islamiya), Moulana Mir Hamza (Jamiat Ulama Pakistan), Abdel Salam Mohammed (Harkat-ul-Jihad-al-Islami/Bangladesh) et Moulana Fazil Al Ruhman Khalil (en) (Harkat-ul-Jihad-al-Islami/Bangladesh). Le texte proclame :
«Tous ces crimes et exactions commis par les Américains représentent une déclaration de guerre franche contre Dieu, son prophète et les musulmans. En conséquence, et en accord avec les commandements d'Allah, nous publions la fatwa suivante à destination de tous les musulmans : Tuer les Américains et leurs alliés civils et militaires est un devoir individuel pour chaque musulman qui peut le faire partout où il lui est possible de le faire jusqu'à la libération de la mosquée al-Aqsa et de la mosquée Al Haram de leur mainmise ».[184]
Le 15 octobre 1999, à la suite de ces exactions et de sa collusion avec l'Émirat islamique d'Afghanistan des talibans, le conseil de sécurité met en place le Comité créé par la résolution 1267 (1999) chargé de la promotion de la lutte contre Al-Qaïda, les talibans et les personnes et entités qui leur sont associées à l'échelon mondial. Selon le journaliste Lawrence Wright, qui a reçu le prix Pulitzer pour The Looming Tower: Al-Qaïda and the Road to 9/11 (La Guerre cachée : Al-Qaïda et les origines du terrorisme), près de 80 % des membres d’Al-Qaïda en Afghanistan ont été tués pendant la phase initiale de la guerre d'Afghanistan de 2001 et deux tiers de ses cadres été capturés ou tués.[185]
II.7.1.3. Les Attentats d’Al-Qaïda
1°. Les Attentats du 11 Septembre 2001
Les attentats du 11 septembre 2001 constituent l'opération la plus retentissante d'Al-Qaïda. Ces attentats déclenchent aussi une réponse virulente des États-Unis, soutenus par d'autres pays. Ils envahissent l'Afghanistan fin 2001 dans le but déclaré d'anéantir Al-Qaïda. Celle-ci perd ses camps d'entraînement, et ses membres sont en fuite. La CIA et des services secrets et les forces de l'ordre d'autres pays tentent de repérer et démanteler les groupuscules de membres d'Al-Qaïda dans le monde. Cette offensive dans la « guerre contre le terrorisme » a fortement affecté Al-Qaïda. Selon ALAIN CHOUET, ancien directeur du service de renseignement de sécurité de la DGSE, « comme bon nombre de mes collègues professionnels à travers le monde, j'estime, sur la base d'informations sérieuses, d'informations recoupées, que Al-Qaida est morte sur le plan opérationnel dans les trous à rats de Tora Bora en 2002 ».[186]
Cette situation conduit à une mutation de la mouvance Al-Qaïda, qu'il est de plus en plus difficile de considérer comme une organisation structurée. L'Al-Qaïda du 11 septembre pourrait ne plus exister, mais elle laisse place à des cellules locales indépendantes. Celles-ci, incapables d'organiser des attentats d'envergure, s'attaquent à des cibles vulnérables comme les rues de Casablanca ou les habitations de Riyad.
2°. La mort du Léviathan Oussama Ben Laden
Le 2 mai 2011, Oussama ben Laden, fondateur d’Al-Qaïda, est tué d'une balle dans la tête, à Abbottabad, à 80 km de Islamabad au Pakistan, lors d'une opération militaire au sol qui a été ordonnée par le président Barack Obama et menée par une vingtaine de SEAL (commandos de l'US Navy). Son corps a été récupéré par les forces spéciales américaines qui l'auraient ramené en Afghanistan, avant d'immerger sa dépouille en haute mer au large des côtes pakistanaises. Le président des États-Unis a commenté la mort du terroriste lors d'une allocution le soir même. L'annonce a provoqué plusieurs manifestations patriotiques spontanées à travers tout le territoire américain.[187]
La mort de Ben Laden constitue un coup dur pour l'organisation, qui perd sa figure la plus charismatique et emblématique. L'idéologue AYMAN AL-ZAWAHIRI, considéré jusqu'ici comme le numéro 2 de la nébuleuse, ne bénéficie pas de la même aura. Néanmoins, Al-Qaïda enregistre encore des succès : en Syrie, le front al-Nosra a recruté 3 000 Syriens début 2016 ; au Yémen, AQPA accroît ses effectifs et contrôle une partie du territoire ; et en Somalie, le mouvement al-Shabbaab menace davantage le pouvoir central. De plus, ses principaux théologiens Abou Mohammed al-Maqdisi et Abou Qatada ont tous les deux retrouvé leur liberté.[188]
3°. Autres Attentats attribués à Al-Qaïda
Al-Qaïda est soupçonné d'être responsable des attaques à la bombe sur les ambassades des États-Unis de Nairobi (Kenya) et Dar es Salaam (Tanzanie) en août 1998, tuant plus de 300 personnes et blessant plus de 5 000 autres. Al-Qaïda avait aussi projeté des attaques contre les touristes américains et israéliens visitant la Jordanie lors des célébrations du millénaire ; toutefois les autorités jordaniennes ont contrecarré les attaques prévues et ont mis en examen 28 suspects. Al-Qaïda a aussi tenté une attaque à la bombe à l’aéroport de Los Angeles pendant les vacances du millénaire, mais le porteur de la bombe a été arrêté à la frontière canadienne.[189]
Al-Qaïda affirme avoir abattu des hélicoptères et tué des soldats américains en Somalie en 1993, et revendique également des attaques à la bombe ciblant des troupes américaines à Aden (Yémen) en décembre 1992. Sans doute impliquée dans les attaques à la bombe du World Trade Center en 1993 et contre le personnel militaire à Dhahran (Arabie saoudite), elle est également soupçonnée d'être responsable de l’attentat à la bombe contre le destroyer américain USS Cole en octobre 2000. La plus destructrice des actions attribuées à Al-Qaïda est la série d’attaques sur les États-Unis du 11 septembre 2001, une attaque que le porte-parole du groupe, Souleymane Abou Ghaith aurait revendiquée sur une vidéo largement diffusée en octobre 2001. Ben Laden a lui aussi revendiqué le montage de cette opération, notamment à travers une vidéo où il explique les raisons de cette attaque aux Américains.[190]
Alors qu'en mars 2014 il témoigne dans le procès qui lui est intenté à New-York pour « complot visant à tuer des Américains, complot visant à apporter un soutien à des terroristes et soutien matériel à des terroristes » Souleymane Abou Ghaith, qui est aussi le gendre d'Oussama ben Laden, explique qu'au soir du 11 septembre 2001, ce dernier lui aurait confirmé avoir organisé les attentats.
Plusieurs attaques et tentatives d’attaques depuis le 11 septembre 2001 ont été attribuées à Al-Qaïda, y compris l’attentat raté à la chaussure piégée par Richard Reid (qui s'est déclaré partisan d’Oussama ben Laden), l’attentat contre la synagogue de Djerba en Tunisie, et des attentats manqués en Jordanie, en Indonésie, au Maroc et à Singapour. Le réseau a de plus été impliqué dans l’enlèvement et le meurtre du journaliste du Wall Street Journal Daniel Pearl et a été suspecté de complicité dans l’attentat à la bombe d'une boîte de nuit à Bali, en Indonésie.[191]
En septembre et octobre 2001, à la suite de la découverte d’un projet d'attentat contre l'ambassade des États-Unis en France, des suspects ont été arrêtés. Le 23 décembre 2001, Richard Reid a essayé de faire exploser le vol 63 d'American Airlines. Il a été maîtrisé et arrêté. En 2002, les membres d'Al-Qaïda ont attaqué le Limburg au Yémen.
Al-Qaïda aurait été un réseau d'influence mondial, avec des cellules dans un certain nombre de pays et des liens étroits avec les réseaux extrémistes sunnites. Ben Laden et ses lieutenants ont trouvé refuge en Afghanistan sous le régime des talibans dans les années 1990. Le groupe avait un grand nombre de camps d'entraînement là-bas, et à la fin des années 1990, les talibans eux-mêmes devinrent effectivement subordonnés à Al-Qaïda. Depuis l’attaque des États-Unis, des membres du groupe sont suspectés de fuir vers les zones tribales du Pakistan, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa et le Baloutchistan. Al-Qaïda entretient des relations très étroites avec nombre d'autres organisations terroristes islamistes comme le groupe indonésien extrémiste Jemaah Islamiyah.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé à l'unanimité le 16 janvier 2002 d’établir un embargo et de geler les capitaux d’Oussama ben Laden et des talibans restants. Le 7 janvier 2015, l'attentat à Paris dans les locaux du journal Charlie Hebdo est revendiqué une semaine plus tard par Al-Qaïda au Yémen dans une vidéo. Les frères Kouachi (Cherif Kouachi, Saïd Kouachi) sont entrés et ont tué douze personnes. Retrouvés deux jours plus tard dans une usine, ils sont abattus par le GIGN. Au même moment, un troisième terroriste (Amedy Coulibaly) tue quatre personnes dans une épicerie Hyper Cacher et prend en otage une quinzaine de personnes ; il est tué lors de l'intervention du RAID et de la BRI.[192]
II.1.6. Financement d'Al-Qaïda
Le rapport du département du Trésor des États-Unis concernant les avoirs des terroristes évoque 8 millions de dollars d'avoirs d'Al-Qaïda bloqués en 2006 et 11 millions en 2007. « Une plainte déposée à New-York » le 20 mars 2017, au nom de 850 familles de victimes du 11 septembre affirme que Al-Qaïda a bénéficié, à plusieurs reprises dans son histoire, d'un soutien financier apporté par des organisations non gouvernementales saoudiennes, en particulier l'International islamic relief organization (IIRO), une ONG rattachée à la Ligue islamique mondiale, fondée par la famille royale saoudienne. Dans un livre de Guillaume Dasquié paru en 2005, est reproduite une note de la DGSE datée de janvier 2001 selon laquelle le camp terroriste de Darunta, situé en Afghanistan, a fonctionné grâce à des fonds versés par l'IIRO. [193]
Selon le gouvernement afghan, l'argent qui permet à Al-Qaïda de mener ses combats proviendrait en grande partie de riches et pieux donateurs privés vivant dans la péninsule arabique. Il transite par la place financière de Dubaï : « Comment expliquez-vous qu'il n'y ait jamais d'attentat islamiste à Dubaï, terre d'islam où l'alcool coule à flots ? C'est très simple : certains pays arabes du Golfe ont acheté leur quiétude aux groupes terroristes !
II.7.2. Avec l’État Islamique (DAESH)
II.7.2.1. Création et Idéologie de l’État Islamique
L'État islamique (en arabe (ad-dawla al-islāmiyya)), abrégé en EI, est une organisation terroriste, militaire et politique, d'idéologie salafiste djihadiste ayant proclamé le 29 juin 2014 l'instauration d'un califat sur les territoires sous son contrôle. De l'été 2014 au printemps 2019, il forme un proto-État en Irak et en Syrie où il met en place un système totalitaire. Son essor est notamment lié aux déstabilisations géopolitiques causées par la guerre d'Irak et la guerre civile syrienne.[194]
Sa création remonte à 2006, lorsqu'Al-Qaïda en Irak forme avec cinq autres groupes djihadistes le Conseil consultatif des moudjahidines en Irak. Le 13 octobre 2006, le Conseil consultatif proclame l'État islamique d'Irak (en abrégé EI ; en arabe : (ad-dawla al-ʿirāq al-islāmiyya)), lequel se considère à partir de cette date comme le véritable État irakien.
En 2012, l'EI commence à s'étendre en Syrie et le 9 avril 2013, il devient l'État islamique en Irak et au Levant (EIL ; (ad-dawla al-islāmiyya fi-l-ʿirāq wa-š-šām), littéralement « État islamique en Irak et dans le Cham »), en anglais ISIS (Islamic State of Iraq and Sham), parfois désigné par ses opposants par l'acronyme arabe ou anglais Daesh. Le 29 juin 2014, l'EIL annonce le « rétablissement du califat » dans les territoires sous son contrôle, prend le nom d'« État islamique » et proclame son chef, ABOU BAKR AL-BAGHDADI,« calife et successeur de Mahomet », sous le nom d'Ibrahim. Désormais rival d'Al-Qaïda, avec qui il est en conflit depuis janvier 2014, l'État islamique voit son influence s'étendre à plusieurs pays du monde musulman avec l'allégeance de nombreux groupes djihadistes ; les plus importants étant Boko Haram au Nigeria, Ansar Bait al-Maqdis dans le Sinaï égyptien et le Majilis Choura Chabab al-Islam en Libye.[195]
Il apparait également en Afghanistan où il tente de supplanter les talibans. À partir de 2015, l'État islamique mène des attentats jusqu'en Europe et en Amérique du Nord. En Irak et en Syrie, l'État islamique atteint son expansion territoriale maximale en 2014 et 2015 avec la prise de nombreuses villes comme Falloujah, Raqqa, Manbij, Boukamal, Mossoul, Tall Afar, Al-Qaim, Tikrit, Hit et Ramadi. À partir de 2015, avec une première défaite symbolique à Kobané, l'EI commence à perdre tout ou partie de ses conquêtes sous la pression de ses nombreux adversaires : les forces armées des gouvernements de l'Irak et de la Syrie, les rebelles syriens, les milices chiites parrainées par l'Iran, les peshmergas du GRK, les groupes kurdes des YPG et du PKK et diverses autres milices.[196]
À partir d'août 2014, une coalition internationale de vingt-deux pays menée par les États-Unis procède à une campagne de frappes aériennes contre l'EI. La Russie est intervenue à son tour en Syrie en septembre 2015. Mossoul, la plus grande ville contrôlée par l'État islamique, est reprise par l'armée irakienne en juillet 2017, tandis que Raqqa, sa « capitale » syrienne, est prise par les Forces démocratiques syriennes en octobre de la même année. L'État islamique perd ses derniers territoires en Irak en décembre 2017 et en Syrie en mars 2019.[197]
II.7.2.2. Le portrait d’Abou Bakr al-Baghdadi, chef de Daesh
Ibrahim Awwad Ibrahim Ali al-Badri al-Samarraï dit
Abou Bakr al-Baghdadi al-Husseini al-Qourachi, anciennement Abou Du'a, plus
récemment « calife Ibrahim » pour ses partisans, ou plus simplement Abou
Bakr al-Baghdadi (photo) né le 28 juillet 1971 à Falloujah
en Irak et mort le 27 octobre 2019 à Baricha
en Syrie, est un djihadiste
irakien. Il est à partir de 2010 le chef, puis de 2014 à sa mort le « calife » de l'organisation terroriste
et salafiste djihadiste État islamique.[198]
Membre d'Al-Qaïda en Irak après le début de la guerre d'Irak, il succède en 2010 à Abou Omar al-Baghdadi à la tête de l'État islamique d'Irak. Après avoir rompu avec al-Qaïda, il est proclamé « calife » par l'État islamique, sous le nom d'Ibrahim, le 29 juin 2014, premier jour du mois de ramadan. Il affirme alors ainsi devenir le commandeur des musulmans, mais n'est cependant pas reconnu légitime comme tel par les principales autorités musulmanes, ni même par l'ensemble des groupes salafistes djihadistes.[199]
À partir de 2014, lors de la seconde guerre civile irakienne et de la guerre civile syrienne, il forme un proto-État en Irak et en Syrie et reçoit l'allégeance de plusieurs groupes djihadistes à travers le monde. Son organisation se signale alors par ses attaques terroristes dans de nombreux pays d'Asie, d'Afrique, d'Europe et d'Amérique du Nord et se rend responsable de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de génocide dans les nombreux conflits armés dans lesquels elle se retrouve impliquée.
En 2016, le département d’État des États-Unis offre une récompense pouvant aller jusqu’à 25 millions de dollars pour des informations ou des renseignements permettant sa capture ou sa mort. Le terroriste le plus recherché du monde trouve enfin la mort dans la nuit du 26 au 27 octobre 2019 lors d'une opération américaine à Baricha, dans le nord-ouest de la Syrie, ce qui constitue une victoire de l’administration Trump.[200]
II.7.2.3. La stratégie de l’État Islamique en Irak et au Levant (EIIL)
La stratégie de L’EIIL n'est pas uniquement le résultat de concours de circonstances, ni de pulsions destructrices de ses combattants, elle découle d'une réflexion sur le long terme, inscrite dans l'histoire des mouvements djihadistes. Et c'est en s’appuyant sur ce point que, progressivement, l'EI chercherait à se construire une autorité, et démontrer qu'il fonctionne en 2016, non pas comme un groupe, une jamâ'a, mais bien comme un État. C’est ce que l’on appelle : « Favoriser le chaos ou l'administration de la sauvagerie ».[201]
L'EI suit une stratégie élaborée par des idéologues islamistes depuis le début des années 2000 et diffusée sur des sites d'internet. Un opuscule rédigé entre 2002 et 2004 par un certain Abu Bakr al-Naji et intitulé « L'administration de la sauvagerie : l'étape la plus critique à franchir par la Oumma », a un succès particulièrement important parmi les mouvements djihadistes. L'auteur détaille la stratégie grâce à laquelle les groupes djihadistes seront selon lui en mesure de s'imposer territorialement face aux régimes arabes et musulmans, d'une part, face aux Occidentaux, d'autre part.[202]
Selon Wladimir Glasman, ancien diplomate et auteur d'études sur les mouvements islamiques :
« L'ouvrage soutient qu'en provoquant un déchaînement de violence dans les pays musulmans, les djihadistes contribueront à l'épuisement des structures étatiques et à l'instauration d'une situation de chaos ou de sauvagerie. Les populations perdront confiance en leurs gouvernants, qui, dépassés, ne sauront répondre à la violence que par une violence supérieure. Les djihadistes devront se saisir de la situation de chaos qu'ils auront provoquée et obtenir le soutien populaire en s'imposant comme la seule alternative. En rétablissant la sécurité, en remettant en route les services sociaux, en distribuant nourriture et médicaments, et en prenant en charge l'administration des territoires, ils géreront ce chaos, conformément à un schéma de construction étatique hobbesien. À mesure que les « territoires du chaos » s'étendront, les régions administrées par les djihadistes se multiplieront, formant le noyau de leur futur califat. Convaincues ou non, les populations accepteront cette gouvernance islamique».[203]
Le plan d'Abu Bakr al-Naji obéit à trois étapes ; la première, harceler l'ennemi continuellement, notamment par le biais d'attentats, pour l'affaiblir moralement et matériellement. La deuxième, « l'administration de la sauvagerie », est la plus importante, elle doit avoir lieu après la chute d'un ou de plusieurs États, et de la période de chaos qui suit. Selon Nabil Mouline, chargé de recherche au CNRS :
« Pour reconstituer l’unité originelle de la communauté islamique, les leaders djihadistes devront recourir essentiellement à trois ingrédients : la violence extrême, la bonne gestion des territoires soumis et la propagande. Terroriser les ennemis et les populations soumises serait l’un des meilleurs moyens pour conquérir des territoires et les conserver. Il serait donc licite d’employer les techniques les plus terrifiantes (massacre, enlèvement, décapitation, crucifiement, flagellation, amputation, bûcher, lapidation, etc.) pour la cause ».[204]
II.7.2.4. Le Programme de l’État Islamique
Le programme de gouvernance islamique serait axé sur trois points principaux : développer la religiosité des masses, faire de la religion l'ordre social et politique, et former militairement les jeunes afin de constituer une société militarisée. Aucune place ne devant être laissée à la contestation, le but n'étant pas de gagner la sympathie des masses, mais à minima, de neutraliser leur opposition et d'interdire leur rejet, le temps et les circonstances faisant qu'à terme elles n'auront pas d'autre choix que de se rallier à cette administration.[205]
La nécessité de se faire des alliés idéologiques locaux ou tribaux, ce qui semble en bonne voie en Irak, mais pas en Syrie ; recommande de faire de l'ennemi « intérieur » la priorité, en faisant peur par la médiatisation d'exécutions sommaires ; mener une politique de la terre brûlée sur les territoires où ses ennemis sont présents ; organiser des assassinats ciblés de personnalités influentes et de leaders militaires ; développer une véritable stratégie médiatique, visant entre autres à faire de l'émir de l'EI un dirigeant médiatiquement exemplaire ayant une légitimité politique et, plus encore, religieuse tout en donnant l'impression d'une structure froide, ayant l'apparence d'un État et dont la mort du chef ne signifierait pas la fin ; rassurer les non-musulmans, ce qui est un échec jusqu'à présent.[206]
En cohérence avec cette stratégie explicitée, l'EI ne ferait pas des attaques terroristes dans le monde entier sa priorité mais souhaiterait, avant tout, recruter des « citoyens » pour son État, des immigrants, muhâdjirûn, afin qu'ils participent à la construction du califat. Le public visé par sa propagande ne se réduit pas aux hommes aptes à combattre, mais aussi « aux juges, aux personnes ayant une expertise dans les domaines militaire et administratif ou dans les services, aux médecins et aux ingénieurs de toutes spécialités ». L'objectif est d'organiser et d'administrer ce proto-État qu'est concrètement devenu l'État Islamique en 2015.[207]
II.7.2.5. Structure de l'État Islamique en Irak et au Levant (EIIL)
Progressivement, alors que l'organisation occupe « un territoire grand comme la Jordanie » et poursuit sa progression militaire dans le Kurdistan syrien, les djihadistes jettent les bases institutionnelles d'un véritable État, avec des structures de gouvernement et de personnalités dirigeantes bien définies. En dépit de ses structures institutionnelles, du strict point de vue du droit international, l’« État » relevant de l'organisation EIIL « reste en gestation ». Bien qu'il contrôle ou revendique un territoire précis correspondant à la zone de peuplement sunnite d'Irak et de Syrie, il lui manque « des frontières reconnues par l'ONU et la communauté internationale, la possibilité de frapper la monnaie, et le pouvoir de délivrer des pièces d'identité ».[208]
Sur le plan administratif, l’État islamique dispose de réelles « structures administratives et bureaucratiques ». Il se divise en sept vilayets, (provinces), sortes de « comités locaux », avec à leurs têtes des gouverneurs. S'appuyant à leur tour sur des dirigeants locaux, et sur les populations sunnites délaissées par le gouvernement précédent d'al-Maliki, ils assurent le maintien des services publics et de l'ordre quotidien « bureau de poste, contraventions de stationnement » etc.[209]
II.7.2.6. La Monnaie de l'État Islamique en Irak et au Levant (EIIL)
L'État Islamique, qui cherche toujours plus à s'affirmer comme un véritable État annonce en novembre 2014 vouloir frapper ses propres pièces dans le cadre d'un système monétaire basé sur les systèmes monétaires des califats médiévaux, et cette rumeur est reprise en avril 2015 par un blog ou sur les médias sociaux, puis l'annonce effective de frappe des premières pièces est réaffirmée par l'EI le 29 août 2015. Il s’agit de : fulus en cuivre ; avec des pièces seraient les suivantes : pièces de 10 fulus, pièces de 20 fulus ; dirhams d'argent : pièces de 1 dirham pièces, de 5 dirhams, pièces de 10 dirhams ; dinars d'or : pièces de 1 dinar et pièces de 5 dinars.
Il s'agit d'une monnaie métal : la valeur d'une pièce serait celle de la valeur intrinsèque du métal qui la compose, limitant ainsi son emploi, en raison des variations du cours des métaux, aux seuls territoires contrôlés par l'EI, sans convertibilité d'une telle monnaie. Cependant, lors de sa création, l'État islamique annonçait un taux de change de 139 $US pour un 1 dinar d'or, et une parité du dirham d'argent avec la monnaie américaine.[210]
II.7.2.7. Des Ressources de l’EIIL
Selon un rapport de JEAN-CHARLES BRISARD et DAMIEN MARTINEZ publié par Reuters en novembre 2014, les ressources dans les territoires contrôlés par l'EI lui ont rapporté 2,906 milliards de dollars : 38 % de ces revenus viennent du commerce du pétrole, 17 % du gaz naturel, 12 % d'impôts et d'extorsions de fonds, 10 % de la production de phosphate, 10 % de la vente de ciment, 7 % de l'agriculture, 4 % des rançons et 2 % de donations privées. Selon les études du GAFI et du Congrès américain, en 2015, la proportion de revenus liés à l'impôt révolutionnaire apparait supérieure, de l'ordre de 30 %, et celle sur l'agriculture également (20 %). Il est estimé qu'environ 40 % de la production irakienne de blé et d’orge est aux mains des djihadistes, qui le vendent au marché noir et en retireraient 200 millions de recettes.
II.7.3. Avec le groupe djihadiste Ansar Dine ou Ansar Eddine
II.7.3.1. Introduction
Ansar Dine ou Ansar Eddine (arabe : Anṣār ad-Dīn, « Les défenseurs de la religion ») est un groupe armé salafiste djihadiste fondé et dirigé par IYAD AG GHALI. Apparu au début de l'année 2012, c'est l'un des principaux groupes armés participant à la guerre du Mali. Le 1er mars 2017, Ansar Dine fusionne avec plusieurs autres groupes djihadistes pour former le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans qui reste sous la direction d'Iyad ag Ghali. Ce groupe ne doit pas être confondu avec son homonyme, mouvement légalisé en 1992, revendiquant 800 000 soutiens dirigés par le prédicateur Chérif Ousmane Haïdara.[211]
II.7.3.2. Drapeau et Idéologie
Au début de la rébellion, Ansar Dine utilise d'abord le drapeau noir ; en juillet 2012, cherchant à se démarquer d'AQMI et du MUJAO, Iyad Ag Ghali adopte un nouveau drapeau : blanc avec comme emblème, en rouge, une kalachnikov et un sabre surmontés d'un coran .[212]
Le 18 mars 2012, Ansar Dine adresse un communiqué à l'AFP, affirmant combattre pour instaurer la charia à l'ensemble du Mali en ces termes :
« À compter de ce jour, nous nous engageons dans une lutte armée sans merci pour l'application de la charia, dans un premier temps dans l'Adrar des Ifoghas. Quiconque est d'accord avec cette position est avec nous. Nous sommes des musulmans du Mali et notre objectif est de convaincre de gré ou de force les autres à appliquer la charia. Nous ne voulons pas une république indépendante à part, mais une république islamique ».[213]
Dès le début de la guerre du Mali, Ansar Dine s'allie avec Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Cependant, contrairement à AQMI, Ansar Dine n'a revendiqué aucun enlèvement ni attentat contre des civils. Certains responsables politiques maliens ont entretenu l'espoir qu'Iyad Ag Ghali, autrefois proche du gouvernement malien, puisse être récupérable et ont formulé le souhait de négocier avec lui. Cette option est cependant rejetée par la France qui estime qu'Iyad Ag Ghali est une cible à abattre en priorité. Signalons tout de même qu’Ansar a été classé comme organisation terroriste par l'ONU et par les États-Unis depuis le 22 mars 2013.[214]
II.7.3.3. Organisation et commandement
Ansar Dine est créé et dirigé par Iyad Ag Ghali, une ancienne figure des rébellions touarègues maliennes des années 1990. Alghabass Ag Intalla, fils de l'amenokal des Ifoghas, est le principal émissaire diplomatique du mouvement. Il mène l'essentiel des négociations à Ouagadougou avec le gouvernement malien et le MNLA. Il rompt cependant avec Ansar Dine, en janvier 2013 pour fonder le MIA. Le principal porte-parole du mouvement est Senda Ould Boumama. Abou Mohame, dit Cheikh Ag Aoussa et Haroune Ag Saïd, dit Abou Jamal, sont considérés comme faisant partie des plus proches lieutenants d'Iyad Ag Ghali.[215]
Mohamed Moussa Ag Mouhamed est présenté comme le numéro 3 du mouvement par le MNLA. L'un des principaux chefs est Mohamed Ag Aghaly Ag Wambadja, dit Abdelkrim Kojak. Il est tué en janvier 2013 à la bataille de Konna. Au sein de l'organisation, figurent plusieurs émirs : Abderrahman Gouli, dit Wathik, Abou Abida, dit Mourabiti Ben Moula, chef de la katiba Tawhid, Athman Ag Houdi, Mohamed Moussa chef de la katiba El Hisba, et Ahmad Al-Faqi Al-Mahdi, dit Abou Tourab, chef de El Amr Bil Maarouv Weneuhye Ani Al Mounkar. Le secteur d'Aguel'hoc est sous l'autorité d'Ibrahim Ag Inawalen, dit Ibrahim Dina.[216]
Début décembre 2012, une nouvelle katiba est créée au sein d'Ansar Dine, baptisée Ansar al-Charia, et commandée par Omar Ould Hamaha. Elle est constituée principalement d'Arabes de la région de Tombouctou et comporterait également des transfuges du MAA. Le 2 janvier 2013, Sultan Ould Bady, émir de la katiba Saladin, quitte le MUJAO et rejoint Ansar Dine avec ses hommes. À l'été 2013, parmi les principaux chefs figureraient Ibrahim Ag Inawalen, dit « Ibrahim Dina » ou « Bana », commandant pour la région d'Aguel'hoc, Ayoub Ag Assarid, Malick Ouanesnat et Inawalen Ag Ahmed.
En 2015, deux autres katiba sont formées dans le sud du Mali ; la katiba « Macina » aussi appelée le Front de libération du Macina dans la région de Mopti et la katiba « Khaled Ibn Walid » à l'extrême sud du pays, près de la frontière avec la Côte d'Ivoire. La brigade « Khaled Ibn Walid », surnommée « Ansar Dine Sud », est commandée par Souleymane Keïta, secondé par Amadou Niangadou, dit « Djogormé ». Elle compte des combattants venus du sud du Mali ainsi que de la Côte d'Ivoire et du Burkina Faso. Souleymane Keïta est arrêté fin mars 2016 près de Sokolo par les forces spéciales des services de renseignements maliens. Amadou Niangadou est quant à lui arrêté en Côte d'Ivoire en août 2015.[217]
II.7.4. Avec les Forces Démocratiques Alliées (ADF-NALU)
II.7.4.1. Introduction
Les Allied Democratic Forces (ADF ou ADF-NALU), en français « Forces démocratiques alliées », sont un groupe armé ougandais regroupant des mouvements d'opposition au président YOWERI MUSEVENI fondé en 1995. Essentiellement composé d'islamistes du mouvement tabligh, l'ADF-Nalu est dirigé de 2007 à son arrestation par Jamil Mukulu, un chrétien converti à l'islam, puis par MUSA SEKA BALUKU. Selon plusieurs estimations, les ADF sont composées de 300 à 600 combattants.[218]
II.7.4.2. Aperçu historique
Les Allied Democratic Forces sont fondées fin 1995 par la réunion de plusieurs mouvements d'opposition au président Yoweri Museveni dont l'Allied Democratic Movement (ADF), la National Army of Liberation of Uganda (NALU) et l'Uganda Muslim Liberation Army (UMLA) ainsi que d'anciens soldats des Forces armées zaïroises et rwandaises en 1996. Implanté dans la chaîne Ruwenzori, le mouvement élève son effectif en un an d'existence de 500 à 1 500 combattants et étend son activité dans le sud-ouest du pays.[219]
Lors de l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka, plusieurs pays participants à la deuxième guerre du Congo qui se déroule de 1998 à 2002, avec une fin formelle le 30 juin 2003, décident d'une coopération militaire visant à désarmer milices et groupes rebelles actifs dans la région. L'Armée ougandaise obtient plusieurs victoires militaires sur les ADF, les encerclant par le territoire congolais. Le mouvement éclate en plusieurs petits groupes, actives en RDC, et dans le sud près des frontières avec la République démocratique du Congo et le Soudan du Sud, le centre et l'ouest de l'Ouganda. Isa Lubega et Ali Bwanbale, deux des principaux cadres des ADF sont arrêtés en 2000.
Les dernières actions des ADF ont lieu en 2001, le parc national Ruwenzori Mountain, fermé en 1997 à cause de l'insécurité, est rouvert le 2 juillet, sous haute protection. Le mouvement qui conserve une certaine capacité militaire autour de 500 combattants établis en RDC en 2005 est placé sur la Terrorist Exclusion List des États-Unis. En 2004, la National Army of Liberation of Uganda est suspectée d'actes de guérilla.[220]
II.7.4.3. Arrestation de Jamil Mukulu en 2015
En 2014, les forces armées de la république démocratique du Congo, (FARDC) lancent l'opération Sokola 1, dans la région de Beni pour prendre d'assaut les caches et bases de la rébellion ADF. Ils prennent notamment la base de Medina. En mai 2015, JAMIL MUKULU est arrêté par la Tanzanie à la frontière entre la Tanzanie et le Kenya. Il est extradé vers l'Ouganda en juillet 2015 et est emprisonné dans l'attente de son jugement à Kampala.[221]
II.7.4.4. Liens avec l'État islamique
Après la capture de Mukulu, Musa Seka Baluku prend la direction des ADF. Selon plusieurs estimations, les ADF sont composées, à la fin des années 2010, par 300 à 600 combattants. Les ADF font allégeance à l'organisation État islamique en octobre 2017 et modifient le nom de l'organisation en Madinat Tawhid wa-l-Muwahidin ou ADF-MTM. Toutefois, l'implication de l'État islamique dans le financement, l'organisation, l'armement ou le recrutement des ADF-MTM reste limitée.[222]

Conclusion
En concluant cette section sur le groupe terroriste Boko Haram devenu la province africaine de l’État Islamique depuis 2015, il a été question de faire un tour d’horizon du mouvement depuis sa création en 2002 par Mahamadou Yusuf à Maiduguri jusqu’à la date de notre rédaction en 2019. Le groupe faisant son carnage dans la région du lac Tchad, le conflit est internationalisé depuis son allégeance à Daesh d’une part et l’intervention de la communauté internationale d’autre part.
Le chapitre sur Boko Haram a été présenté en plusieurs articulations dont le bref portrait de son leader, Abou bakr Shekau reconnu comme le plus sadique des terroristes ainsi que les différentes phases du conflit depuis l’été 2002, résumées comme suit :
· L’année 2002, création du mouvement et début de l’insurrection ;
· La mort du premier leader Mahamadou Yusuf en 2009 ;
· Intensification du conflit en 2013 ;
· La conquête de l’État de Borno en 2014 ;
· L’incursion de Boko Haram au Cameroun en 2014 ;
· L’intervention militaire tchadienne au Nigeria en 2015.
· La scission de l’État Islamique en 2016 ;
· La remontée en puissance du mouvement en 2018 ;
· Des lourdes pertes du mouvement de 2018 à 2019.
On retiendra que la naissance du mouvement aura eu pour causes principales la mauvaise répartition de la manne pétrolière du pays ; il sied aussi signaler que dans le pays, il existe des fortes disparités sociales entre le nord, majoritairement musulman et le sud majoritairement chrétien. Ces clivages se créent sous le mandat du président Olusegun Obasanjo où les 12 États du nord se sont avérés les moins développés du pays et celui de Borno, le plus pauvre. L'aspect religieux dans ce conflit est, sans le moindre doute aussi parmi les plus importantes racines du conflit. En 2000 par exemple, la Charia est instaurée dans les États musulmans du nord et elle s’avère même moins religieux que politique à telle enseigne même que la « Zakat », un des piliers de l’Islam n’était même pas appliquée.
Avec cet arrière-plan à la fois religieux, social, économique et politique très contrasté, il n’est pas effarant qu’un conflit compté parmi les plus grands que l’Afrique et le monde aient connus naisse dans ce pays qui peine même à bander les plaies de la guerre de Biafra. La pauvreté est donc un mal à combattre à tout prix car elle engendre des conséquences aussi néfastes qu’on ne pouvait l’imaginer.
Chapitre Trois
LE TERRORISME ISLAMISTE: CONSÉQUENCES &
MESURES DE RÉPRESSION
III.1. Introduction
Au fil de temps, les États ont pris conscience des dégâts collatéraux que causent les terroristes partout dans leur administration de la sauvagerie. Des nations mieux équipées ont développé des mécanismes, des services de renseignements qui, d’un côté sont décriées par le petit peuple qui les accusent d’être trop budgétivores quoique la menace soit réelle ; de l’autre, les gouvernants savent bien que s’ils ne réagissent pas face à ce coup leur imposé par ces vampires rapaces, ivres de sang et de razzia, le même peuple les accuserait de ne pas prendre soins de leur sécurité et alors, ils failliraient à leur mission.
Les organisations supranationales que sont les Nations-Unies, l’Union Européenne, l’Union Africaine, l’OTAN se sont, elles aussi lancées dans cette entreprise difficile mais pas impossible destinée à freiner, si pas à vaincre cette frénésie. Les conséquences que nous imposent ces tueurs invétérés prétendument déistes sont incalculables et nul développement ne peut être envisageable dans les conditions où la paix devient une denrée rare pour ne pas dire inexistante.
Aussi, allons-nous, dans la mesure du possible passer en revue quelques mécanismes mis en place par les États et autres organismes mieux placés dans la lutte contre le terrorisme islamiste surtout qui fait l’objet de notre étude et en dégager, dans la mesure du possible, les conséquences ainsi que les pistes de solution.
III.2. Les régions du Lac Tchad et du Sahel
Généralement, le terrorisme présente plusieurs conséquences ressenties dans plusieurs couches de la vie, que ce soit pour la victime et ses proches que pour toute la communauté. D’où l’intérêt pour tout citoyen de s’intéresser au mécanisme de lutte contre ce mal du siècle qui n’est toutefois pas fatale car, qu’on le veule ou pas, on sera finalement concerné puisque d’une guerre politique par exemple, advient une guerre économique, humanitaire ou sociale.
Ainsi, les conséquences étant innombrables, dans cette section, nous essayerons de citer celles qui sont les plus criants sans passer par une kyrielle de contours qui ne serviraient à rien. Cependant, deux zones géographiques méritent d’être dégagées en ce qui concerne les conséquences et la lutte contre le terrorisme islamiste dans cette région du bassin du lac Tchad avec la création de la Convention y relative et le Sahel avec sa structure du G5 Sahel spécialisée dans les secteurs de la sécurité et de développement.[223]
III.2.1. La région du Lac Tchad
III.2.1.1. Dans le bassin du Lac Tchad
Le lac Tchad est un grand lac peu profond d'Afrique dont les eaux sont douces, ce qui est rare pour un lac endoréique, c'est-à-dire dont les eaux ne rejoignent pas l'océan . Son rôle économique est très important, car il doit fournir l'eau à plus de 40 millions de personnes des quatre pays limitrophes : le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Nigeria (photo) .[224]
Le
bassin hydrographique du lac
est théoriquement de 2 380 000 km2 couvrant
7,8 % du continent mais le bassin actif se limite à 967 000 km2.
Le principal apport en eau provient à 90 % du fleuve Chari et de son affluent Logone, tous deux
issus des montagnes de la République centrafricaine. Le Komadougou
Yobé, issu du Nigeria, est affaibli par la présence de deux barrages
qui ont fait chuter son débit
de 7 km3 à 0,45 km3 par an. Bien qu'il ne
participe que pour 10 % aux eaux du lac, c'est la séparation provoquée en
deux bassins, nord et sud, qui rendit précaire l'alimentation du nord. La perte
hydrique en aval des barrages a de plus été accentuée par un captage accru des
puits.[225]
Jadis l'un des plus grands lacs du monde, le lac s'est réduit considérablement pendant les quatre dernières décennies. Dans les années 1960, il couvrait un secteur de plus de 26 000 km2. En 2000, il était tombé à moins de 1 500 km2. Le déficit de pluviosité combiné à une plus grande utilisation des eaux du lac et des rivières pour l'irrigation ; la population du bassin a doublé dans l'intervalle, et l'irrigation a quadruplé entre 1983 et 2000 expliquent ce recul. Sa faible profondeur, qui est au maximum de 7 mètres, le rend fragile et très dépendant des fluctuations saisonnières. La navigation y est désormais impossible.[226]
Un projet de grande envergure, dénommé Transaqua, regroupant six pays, dont le Cameroun, le Nigeria, le Niger, le Tchad, la République centrafricaine et la Libye, doit opérer, si c’est possible, un transfert des eaux de l'Oubangui, qui prend sa source en République démocratique du Congo, vers le lac, via le fleuve Chari et son affluent Logone. L'opération nécessiterait le creusement d'un canal de 1 350 km en République centrafricaine. L'opération est loin de faire l'unanimité. Certains craignent ses impacts négatifs sur la biodiversité de l'Oubangui et du bassin du Congo. Par ailleurs, le mauvais état de l'Oubangui dont les eaux baissent dangereusement, plaide en faveur des opposants à la Transaqua .[227]-
La NASA a financé une étude sur le lac Tchad dans le cadre de son système d'observation de la Terre. Les variations sont suivies par satellite artificiel, afin de prévenir les riverains des modifications attendues. L'agence américaine, qui a mené une étude de simulation climatique sur la région, prédit la disparition du lac à une plus ou moins brève échéance .[228]
III.2.1.3. Controverses et Perspectives pour le lac Tchad
La salinité du bassin nord pourrait augmenter si l'apport hydrique vers ce dernier reste faible, ce qui pourrait causer la disparition de nombreuses espèces végétales et animales, augmentant l'érosion par la suite. La pêche, qui est déjà passée de 243 000 tonnes de 1970-1977 à 56 000 tonnes en 1986-1989, pourrait encore diminuer, privant les riverains d'un revenu substantiel alors que les États du nord du Cameroun et du Nigeria comptent déjà parmi les plus pauvres de leurs pays respectifs. La raréfaction de l'eau potable pourrait enfin augmenter les cas de diarrhée, de choléra et de fièvre typhoïde. Toutefois, la perspective d'un classement du lac Tchad au Patrimoine mondial de l’UNESCO pourrait permettre la mise en œuvre d'une politique de préservation par l'ensemble des pays riverains.[229]
III.2.1.4. Commission du bassin du lac Tchad
III.2.1.4.1. Bref aperçu
La Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) est une structure permanente de concertation mise en place en Afrique afin de coordonner les actions de différents États pouvant affecter les eaux du bassin du Tchad et régler pacifiquement les problèmes et différends affectant cette zone.[230]
La CBLT a vu le jour le 22 mai 1964, lorsque les chefs d’État des pays riverains du lac, à savoir le Niger, le Nigeria, le Tchad et le Cameroun décidèrent par la Convention de Fort-Lamy (aujourd'hui N'Djamena), de mettre en place une structure permanente de concertation appelée « Commission du bassin du lac Tchad ». En 1999, un cinquième membre se joignit à la Commission, la République centrafricaine.[231]
III.2.1.4.2. Structure
La structure du CBLT se présente comme suit :
· La Commission (2 ministres/Pays)
· Le Secrétariat exécutif.[232]
III.2.1.4.3. États membres
· Cameroun (1964)
· Niger (1964)
· Nigeria (1964)
· Tchad (1964)
· République centrafricaine (1999)
· Libye (en mars 2008, ayant ratifié la Convention, elle devient le sixième État membre).[233]
Signalons que les ratifications de l'Algérie et du Soudan sont attendues.
III.2.2. Le Sahel
III.2.2.1. Bref aperçu sur le Sahel
Le Sahel géographique recouvre un territoire de 3 millions de km2. La zone est l’une des plus pauvres au monde, avec un climat aride, dont "les variations saisonnières et interannuelles engendrent des conséquences dramatiques pour la population", selon PATRICE GOURDIN, docteur en histoire. Mais il rappelle que le seul facteur climatique n’explique pas toutes les difficultés de la région. "Quatre pays sur cinq (excepté la Mauritanie donc) sont enclavés, l’absence d’accès à la mer rend vulnérable la zone sahélienne au bon vouloir et/ou à la situation intérieure des pays voisins possédant des ports. Cet enclavement n’est pas sans poser problème, notamment en matière d’infrastructures, de communications." De plus, ces pays ont peu des ressources naturelles, "l’agriculture est en ruine, l’industrie inexistante et des services peu développés en dehors de l’économie informelle". La zone est également gangrenée par la corruption, les gouvernements peinent à assurer la sécurité et la justice.[234]
III.2.2.2. Le terrorisme dans le sahel
Lorsque les médias parlent du Sahel, c’est pour évoquer la menace terroriste sous toutes ses formes ; une menace bien réelle, comme l’ont récemment montré l’attentat à Ouagadougou, le 13 août 2018 ou les attaques contre les Nations unies au Mali, le lendemain. C’est également le cas pour les autorités françaises, qui communiquent abondamment sur le sujet afin de vanter et de justifier le déploiement de l’opération militaire « Barkhane » dans la bande sahélo-saharienne (BSS en langage militaire).[235]
Le terrorisme, ou plutôt la montée en puissance des groupes armés dans le Sahel, est la conséquence d’une grave crise de gouvernance qui touche toute l’Afrique de l’Ouest. Cette crise de gouvernance se caractérise par une disparition de l’État au service des populations, car l’État moderne est privatisé par les élites politiques à leur profit. Cette privatisation, JEAN-FRANÇOIS BAYART parle de patrimonialisation qui s’est accélérée ces dernières années pour atteindre un niveau tel que, désormais dans les pays sahéliens, les populations sont livrées à elles-mêmes, plus aucune entité, État ou autre, n’étant chargée d’une forme d’intérêt général.[236]
Le G5 Sahel a été créé en février
2014, à Nouakchott, en Mauritanie par le Niger, le Mali, le Burkina Faso, le
Tchad et la Mauritanie qui ont décidé de coordonner leurs actions pour
combattre les attaques djihadistes dans la bande Sahélo-saharienne. Le G5 Sahel
est une alliance sécuritaire, qui vise aussi à garantir des conditions de développement, et promouvoir un
développement régional inclusif et durable, selon les termes
de son site
officiel.[237]
Le G5 Sahel en sigle « G5S » est un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité, créées lors d'un sommet du 15 au 17 février 2014[] par cinq États du Sahel : Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad[]. Il s’est doté d’une convention []signée le 19 décembre 2014 ; le siège de son secrétariat permanent []est à Nouakchott en Mauritanie et le poste de secrétaire permanent est confié au Niger. [238]
III.2.2.4. Le G5 Sahel et les pays de la sous-région
Le G5S s’inscrit dans une forte tradition d’intégration régionale en matière de développement économique et de lutte contre le terrorisme ; toutefois les membres du G5S sont, globalement, membre de trois organisations différentes pour chaque thématique : la Mauritanie avec le Maghreb voire le monde arabe, le Mali, le Burkina Faso et le Niger avec l’Afrique de l’Ouest et Tchad avec l’Afrique centrale.[239]
III.2.2.5. Une menace multiple
Le manque de sécurité dans le Sahel, mais aussi une "dégradation des conditions de vie et la partialité des gouvernements ont entraîné une montée en puissance des groupes salafistes", selon l’historien PATRICE GOURDIN. Parmi la mosaïque de groupes armés, il existe deux principaux groupes, Daesh et Al-Qaïda. D'un côté, le groupe État islamique dans le grand Sahara, soutenu par Boko Haram. De l'autre, le "groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans", qui est le résultat d’une fusion avec le groupe malien Ansar Dine, le Front de libération du Macina et de l’émirat du Sahara (branche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique), et du groupe algérien Al Mourabitoune.[240]
Mais le risque djihadiste n’est pas la seule menace. Il faut prendre en compte également l’insécurité alimentaire et le risque sanitaire, martèle Patrice Gourdin lors de la conférence donnée en juin 2017.
« Les clivages ethniques accentués par la pauvreté peuvent, en période de pénurie, évoluer en rivalités voire en affrontements, notamment pour l’accès aux ressources. Le banditisme est également un problème car les États sont défaillants en matière de sécurité." Il ajoute : "Face à la pauvreté, une partie de la population se radicalise. Des rébellions (par exemple au Tchad contre le président Deby, ou les Touaregs au Mali) ont éclaté, mais les dissensions tribales et la diversité ethnique ne facilitent pas les ralliements, au demeurant fluctuants". [241]
III.2.3. Conséquences du Terrorisme en Afrique
Parmi les retombées du terrorisme, nous pouvons énumérer :
III.2.3.1. Les conséquences économiques
EDOUARD MORLT, chercheur à l’IRIS souligne qu’avant que le monde puisse s’activer à combattre la barbarie terroriste, il devait chercher à savoir les dégâts que posent ce phénomène malheureux. Aussi, nous sommes nous mis, avant de passer à l’énumération desdits dégâts à nous poser cette importante question :
Quelles sont les conséquences économiques de la menace terroriste ?
La
menace terroriste, très présente dans le monde, n'est pas sans conséquence sur
l'économie. Elle a des impacts sur l'attractivité des pays, par exemple la
France qui est la première destination touristique du monde. Après les
attentats de novembre 2017, la fréquentation hôtelière a fortement baissé. La
menace terroriste porte également atteinte à l'attractivité des entreprises qui
intéressent de moins en moins les investisseurs étrangers notamment ceux de
l'Amérique du Nord et de l'Asie. Désormais, dans les pays développés, les gens
fréquentent de moins en moins les lieux publics et privilégient les achats en
ligne. La menace terroriste risque donc de ralentir la croissance.[242]
Les attentats sans précédent du 11 septembre 2001 aux États-Unis sur la Pentagone et le Wall Street Center (photo), ont causé des pertes humaines et des dégâts matériels énormes, et ont inauguré une ère de plus grande incertitude. Si une réponse rapide et vigoureuse des responsables a aidé à limiter l’impact économique immédiat de l’agression, le renforcement de la menace terroriste a eu des répercussions macroéconomiques durables, quoique diffuses.
Trois canaux d’influence sont examinés dans la présente étude : une couverture d'assurance réduite résultant de la perception de risque plus important, des coûts de transaction plus élevés pouvant affecter le commerce international, et une augmentation des dépenses de sécurité renversant partiellement le « dividende de la paix » des années 2000. Il en ressort qu’en l’absence de nouvelles attaques de grande ampleur, et à condition que le risque terroriste soit géré efficacement, l’impact macroéconomique net à long terme est probablement tangible mais limité.[243]
La pointe de Manhattan a perdu environ 30 % de ses superficies de bureaux et de nombreuses entreprises ont été anéanties. Près de 200 000 emplois ont été détruits ou délocalisés hors de New-York City, au moins temporairement. Peu après les attentats, le bioterrorisme a frappé : des spores mortelles d’anthrax ont contaminé les services postaux et provoqué plusieurs décès. On a également craint que les centrales nucléaires, les complexes chimiques, le réseau d’adduction d’eau et d’autres infrastructures cruciales ne soient pris comme cibles.
III.2.3.1.1. Impact du terrorisme sur l’économie en Afrique
Le continent africain est marqué depuis des années par une escalade de violence due à des attaques terroristes. Du Tchad au Nigeria, en passant par le Cameroun, le Mali, la Tunisie et bien sûr la Somalie, les Groupes Armés Terroristes (GAT) qui y sévissent sont principalement Boko Haram, Al-Qaïda, AQMI, Ansar Dine, Al-Shabaab, MUJAO (Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique Occidentale) dissous depuis 2014, MNLA (Mouvement National pour la Libération de l’AZAWAD), région du Mali peuplée des Touaregs. La plupart sont basés sur une idéologie islamique radicale salafiste, surtout Boko Haram qui a écopé même d’une brimade de la part du leader de Daesh, l’accusant d’être trop sadique ; mais ont des revendications politiques et religieuses (scission d’un État, établissement de la Charia: Loi pénale musulmane). Leurs actes de terrorisme entravent les efforts des populations africaines d’améliorer leurs conditions de vie et la situation économique des pays.[244]
La destruction des infrastructures et la perte du capital humain donnent un bilan négatif énorme: immeubles détruits, pertes d’emploi, coût des opérations de sauvetage et de déblaiement, etc.
« Le terrorisme réduit le plus souvent l’afflux de capitaux étrangers en provoquant une baisse de la fréquentation touristique et du volume des investissements directs étrangers ».[245]
Les commerces à Maroua, ville du Cameroun attaquée sont parfois fermés autant dans la crainte d’une nouvelle attaque mais aussi à cause de la faible affluence des clients apeurés. La libre circulation des biens et des personnes est atteinte. La guerre contre le terrorisme est également très coûteuse (l’envoi des troupes, le matériel logistique, le financement des opérations, l’entretien quotidien des contingents, etc.). La faible économie des pays en voie de développement s’en trouve déstabilisée et la croissance est ralentie. Ces conséquences ne sont qu’une partie de l’impact du terrorisme en Afrique.
Dans le domaine de la guerre, on évalue la capacité de nuisance d’un ennemi aux dégâts provoqués par rapport aux moyens mis en œuvre. Selon cette règle, les derniers attentats perpétrés le 22 mars 2018 à Bamako soulignent bien le caractère particulièrement meurtrier et dévastateur du terrorisme. Tout d’abord parce que d’un point de vue humain, deux personnes seulement ont causé la mort de trente-sept civils, sans parler des centaines de blessés dans un état grave. À ce compte macabre, s’ajoute l’état de peur dans lequel se trouvent les gens, mais aussi les habitants des autres pays de la région et notamment les nigérians, les nigériens, les camerounais et les tchadiens pour qui, les attentats du mois de novembre 2015 à Kidal sont encore gravés dans les esprits.[246]
Le rapport économique entre les moyens engagés par les terroristes et les impacts sur l’économie africaine est du même ordre, si tant est que l’on puisse faire une comparaison avec un bilan humain. En effet, un média bruxellois a avancé la somme de 30 000 euros comme budget des auteurs des attentats de Bruxelles, somme à peu près équivalente à celle qui a servi à commettre les attentats de Paris. Les dégâts économiques sont quant à eux estimés être 100 000 fois plus élevés. Les médias parlent en effet de 30 à 34 milliards d’euros de coûts pour les économies française et belge à la suite de ces deux séries d’attentats. (Stade de Charles Roi et celui de Bataclan).[247]
Dans le cas bruxellois, Il y a tout d’abord le coût lié aux interventions de secours et de police, mais aussi la restauration des infrastructures touchées : le métro, le stade et l’aéroport. Il va également y avoir une baisse de la productivité des entreprises bruxelloises dans les prochains mois en raison des problèmes de mobilité et des mesures de sécurité qui ont été prises et qui ont ralenti les acteurs économiques de la région Bruxelloise. À cela s’ajoute une hausse des dépenses publiques en perspective, pour assurer la sécurité des biens et des personnes dans la capitale belge. Certains secteurs devraient être plus touchés encore, comme l’activité hôtelière et le tourisme en général. Enfin, l’incertitude quant à l’avenir générée par ces attentats n’a-t-elle pas eu d’impact économique chez les consommateurs et les entreprises ? La consommation et les investissements, ressort essentiel de la croissance, ont certainement été touchés au moins à court terme.[248]
Le tourisme est l’un des vecteurs de la croissance économique par l’entrée des devises étrangères. Les attaques terroristes visent souvent des étrangers. Les pays victimes d’attentats terroristes sont d’office mis sur la liste des destinations déconseillées. L’attentat de Port El Kantaoui en Tunisie, de l’Université de Garissa au Kenya, de l’hôtel Radisson de Bamako où des écoles au Cameroun et au Nigéria sont des conséquences directes de l'enchaînement du chaos de l’économie des pays africains et du climat des affaires.
Le développement du tourisme en Afrique de l’Ouest est également freiné par les attaques djihadistes du groupe Boko Haram. Les huit États membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ont enregistré une baisse d’activités de 6 % en 2015, notamment après les attaques contre l’hôtel Radisson-Blu, à Bamako. La Côte d’Ivoire, qui tirait son épingle du jeu, a également été visée en mars par un attentat contre la station balnéaire de Grand-Bassam.[249]
Forbes, le magazine qui classe les plus grandes fortunes mondiales ne pouvait pas ne pas s’intéresser au financement du terrorisme et à l’impact économique de Boko Haram. Pour Forbes Afrique, GUY GWETH, fondateur de Knowdys, a sorti la calculette dans le numéro de mars en kiosque durant le mois d’avril 2015, aux pages 48-51 de son classement. Interviewé par Forbes, sur ce qu’on devait retenir de la « guerre contre Boko Haram, Guy Gweth, le Directeur Afrique du Magazine répond :
« C’est une nouvelle génération de guerre dite asymétrique, marquée par une dissymétrie des moyens (quatre armées nationales contre une seule) et où le cyberespace est un champ de bataille à part entière ».[250]
Les vidéos postées par Boko Haram sont diffusées de manière virale et reprises, y compris par les médias d’État qui participent ainsi, malgré eux, à la propagande de la secte islamiste dont l’effet final recherché est de terroriser l’ennemi et de transformer sa faiblesse numérique, à elle, en supériorité stratégique. Cette guerre qui se déroule au triple niveau du renseignement, de la stratégie et de l’action, nécessite une approche et un entrainement dont seule dispose l’armée tchadienne, réputée la première armée africaine à l’état actuel des forces. D’où les problèmes de leadership qui ont un temps opposé Abuja et N’Djamena quant à la pénétration des soldats tchadiens en territoire nigérian.[251]
Pour cerner les enjeux de cette guerre, au-delà du financement de Boko Haram qui est notre thème d’étude, en nous focalisant sur l’épicentre du problème, le Nigeria avec les trois observations suivantes :
1. En observant attentivement les actions destructrices de Boko Haram, on remarque qu’elles sont en croissance exponentielle depuis que le Nigeria est officiellement devenu la première puissance économique d’Afrique. Si rien n’a fondamentalement changé dans les revenus des Nigérians (qui ne sont pas devenus plus riches après ce simple changement de méthode de calcul du PIB), quelque chose a bougé dans leurs perceptions. Citoyens du pays le plus riche d’Afrique, ils demandent logiquement plus à leur État, avec le risque que les laissés-pour-compte n’aillent grossir les rangs des terroristes. Il sied de rappeler que 60% de nigérians vivent avec 1 dollar US par jour et que 63% de la population ont moins de 25 ans dont plus de 40 % au chômage.
2. Une observation attentive montre que les États du nord du Nigeria, où Boko Haram a établi sa base arrière, avaient autrefois une économie florissante composée des industries textiles et de l’huile de palme. Ces activités économiques ont atteint leur apogée dans les années 70 avant d’amorcer un déclin spectaculaire que la concurrence internationale a complètement achevé au début des années 90. Au premier trimestre 2015, les États du nord du Nigeria, Adamawa et Yobe notamment, sont parmi les plus sinistrés du Nigeria, avec des taux de pauvreté qui atteignent 70%. Dans l’État de Borno, berceau de Boko Haram, 83% des jeunes sont analphabètes et 49 % d’enfants ne vont pas à l’école. Moins de 2% sont vaccinés parmi les moins de 18 mois et 47% souffrent de malnutrition, d’après les Nations Unies.
3. L’impact sur le tourisme et sur certains investissements infrastructurels est carrément apocalyptique. Plusieurs compagnies d’assurance n’hésitent pas à dire aux clients de la région du nord :
« Nous ne pouvons pas assurer votre personnel si vous y allez […] La région est trop risquée pour les étrangers ».[252]
Au Cameroun par exemple, l’Extrême-Nord est une des 10 régions du Cameroun, bordée à l’est par la région de Ndjamena au Tchad et à l’ouest par la région de Maiduguri au Nigéria. Sa géographie particulière, plus précisément le fait qu’elle constitue une région frontalière théâtre d’une intense circulation transfrontalière de personnes et de biens, en fait une zone économique de premier plan, ainsi qu’un important carrefour des relations et des échanges régionaux avec le Nigéria et le Tchad. Toutefois, cette position expose le Cameroun à des risques de sécurité d’une portée régionale, notamment les « effets de contagion » liés à la persistance de l’insécurité au Tchad et dans le nord-est du Nigéria.[253]
III.2.3.2. Les conséquences psycho-sociales
Chaque agression terroriste crée un climat de terreur et de psychose. Les activités professionnelles, les loisirs et les déplacements sont plombés par celui-ci et la communauté victime se replie sur elle-même. Ceci est de nature à causer une stigmatisation des personnes susceptibles d’être identifiées aux Groupes Armées Terroristes. De même, les pertes en vies humaines enregistrées (par attentat, fusillade, prise d’otage, etc.) diminuent de la main d’œuvre existante de la communauté, le vivre ensemble se transformant rapidement en un sentiment de réclusion et d’isolement.[254]
Depuis les attentats du 11 septembre, la menace d'attaques à l'aide d'agents chimiques, biologiques et radiologiques préoccupe encore bien plus les gouvernements et les populations. Un atelier OTAN-Russie, consacré aux conséquences sociales et psychologiques de telles attaques, a été organisé au siège de l'OTAN du 25 au 27 mars 2016 comme suite aux entretiens d'octobre 2015 entre le Président Poutine et le Secrétaire d’État, John Kerry.[255]
L'atelier portait notamment sur le danger des rumeurs, mythes et canulars à l'ère de la prédominance des communications, et la nécessité pour les gouvernements de donner rapidement des informations exactes aux populations touchées par un attentat. Les experts ont décrit comment les populations de différents pays reprenaient le dessus après un attentat, les différences dans leur façon de réagir à la perspective d'attaques CBR et les attentes des gouvernements qui doivent y faire face.
Les participants ont conclu que l'objectif des attentats à l'aide d'agents innervants n'est pas de faire des victimes ou de détruire des biens. Ceci n'est que le mécanisme utilisé pour arriver au but véritable : affaiblir le sentiment de cohésion liant les communautés, réduire l'ordre social et instaurer la méfiance, la peur et l'insécurité. Fondamentalement, le terrorisme sert à mener une guerre sociale et psychologique. Il faut donc s'efforcer de mieux comprendre comment ces perturbations sont suscitées et comment mieux les gérer. L'atelier, codirigé par les professeurs Simon Wessely (Royaume-Uni) et Valery Krasnov (Russie), a été financé par le Programme scientifique de l'OTAN.[256]
Les États sahéliens ont parfaitement compris tout le bénéfice que les djihadistes peuvent tirer de leur peur du terrorisme djihadiste : Jean-François Bayart parle de « rente diplomatique de la lutte contre le terrorisme ». Moyennant un discours engagé contre le terrorisme et l’autorisation pour l’armée française d’opérer sur leur territoire, ces dirigeants ont compris qu’ils ne seraient pas du tout inquiétés pour les graves dérives de gouvernance. La communauté internationale reproduit la même erreur qu’en Afghanistan lorsqu’elle avait soutenu le régime indécemment corrompu de HAMID KARZAÏ, ce qui n’avait fait que renforcer les Talibans et accélérer le rejet par la population des forces étrangères.[257]
III.2.3.3. Les conséquences sécuritaires
Selon les statistiques recueillies par le Centre national du contreterrorisme des États-Unis (NCTC), il y a eu 14 506 attentats terroristes dans le monde en 2007 et 11 770 en 2008. Le nombre de décès causés par des attaques terroristes en 2007 était de 15 765 dont 33 citoyens américains et en 2008 de 22 508 morts dont 19 américains (Ces chiffres ne prennent pas en compte les pertes militaires américaines). Un centre de l’OTAN compte en 2010 10 337 actes terroristes, en 2011 12 122 actes terroristes dans 96 pays. Le bilan pour 2011 est de 17 403 morts, 25 700 blessés et de 2 059 personnes enlevées. [258]
L'expression de « guerre contre le terrorisme » est employée pour la première fois par le président François Mitterrand le 17 août 1982, peu avant son intervention télévisée suite à l'attentat de la rue des Rosiers, dans le cadre d'une réunion à l’Élysée avec ses collaborateurs, des patrons des services de police et la DGSE. Le terme est par la suite largement employé par le président Hollande et les autorités françaises lors de l'opération Serval au Mali, et fait l'objet de débats.[259]
Les méfaits de la guerre imposés par Boko Haram a atteint de proportions faramineuses et que la communauté internationale semblait ne pas s’en préoccuper outre mesure. Quoi de plus marrant que de voir le bilan que présente aujourd’hui ce cycle infernal de violence. Depuis il y a peu, les attaques se sont toutes concentrées dans la région de l'Extrême-Nord, frontalière de l'état nigérian du Borno, fief du mouvement terroriste. Les civils sont pour la plupart des villageois, tombés alors que le Cameroun servait de base de repli et de «réserves» aux miliciens de Boko Haram. Les raids et les pillages se sont multipliés en 2013 et 2014, notamment pour s'emparer de véhicules, d'armes et surtout de vivres. «En 2015, le nombre de bœufs volés en territoire camerounais s'élèverait à 4 200, a affirmé le ministre camerounais de la communication, Issa Tchiroma Bakary, précisant qu'en 2014 déjà, 1 160 têtes de bétail avaient été volées.[260]
Face à ces attaques, l'armée camerounaise a réagi, déployant à partir de 2013, avec un certain succès, l'opération Alpha pour sécuriser ses frontières. Mais c'est la mise sur pied, début 2015, d'une offensive conjointe des troupes tchadiennes, nigériennes, camerounaises et nigérianes qui permettra de réellement faire reculer les islamistes et de réduire l'influence de Boko Haram. Traqués dans leur repaire, les islamistes vont alors changer de stratégie, abandonnant les attaques massives dont ils n'ont plus les moyens pour des attentats plus ciblés.
Au Nigeria, l'insurrection de Boko Haram et sa répression ont fait au moins 17 000 morts et plus de 2, 5 millions de déplacés depuis 2009. Le terrorisme est une menace croissante pour l’ensemble du continent africain et présente de graves implications pour la paix et la sécurité dans le monde, a rappelé lundi, le 18 novembre 2019, le chef de l’ONU devant le Conseil de sécurité. ANTHNIO GUTERRES s’est exprimé en ces mots lors d’une réunion du Conseil consacrée à la paix et à la sécurité en Afrique :
« Au Sahel, des groupes terroristes attaquent régulièrement les forces de sécurité locales et internationales, y compris nos Casques bleus de la MINUSMA (Mission des Nations Unies au Mali) ».[261]
Le dimanche suivant, l’opération onusienne au Mali a encore subi deux attaques. Un Casque bleu tchadien a été tué et autre soldat de la paix togolais a été grièvement blessé.
Le Secrétaire général a souligné que la violence se propage vers les États côtiers du golfe de Guinée. « Au Nigéria, Boko Haram et ses factions dissidentes terrorisent les communautés locales et attaquent les forces de sécurité, malgré les efforts de la Force multinationale mixte », a-t-il dit.
« Nous voyons des réseaux terroristes se propager dans toute la Libye et l’Afrique du Nord, s’étendre à travers le Sahel jusqu’à la région du Lac Tchad et apparaître en République démocratique du Congo et au Mozambique. C’est une bataille que nous ne sommes pas en train de gagner », avait prévenu M. Guterres, insistant sur le fait que le terrorisme n’est pas seulement une question régionale, mais représente un « danger évident et immédiat pour la paix et la sécurité dans le monde ».[262]
Le 31 mars 2014, Amnesty International affirme que le conflit a fait plus de 1 500 morts de janvier à mars 2014. Puis en août 2014, l'organisation des droits de l'homme parle de 4 000 morts depuis le début de l'année et de 10 000 depuis 2009. Selon l'Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), au 9 octobre 2015 le conflit a fait depuis 2009 au Nigeria au moins 21 787 morts civils, militaires et djihadistes dont 700 pendant l'année 2009, 75 en 2010, 569 en 2011, 1 646 en 2012, 2 973 en 2013, 7 711 en 2014 et 8 113 en 2015. Début mai 2019, le décompte de l'Acled s'élève à au moins 38 186 morts, dont 15 744 civils[263]. Selon le think tank Council on Foreign Relations, l'insurrection de Boko Haram au Nigeria a fait au moins 51 567 morts entre mai 2011 et septembre 2017[].
III.2.3.3.1. Les répercussions du conflit libyen
Le chef de l’ONU s’est félicité de la tenue du sommet de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) mai 2018 à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, et de l’engagement renouvelé des États membres de l’organisation régionale ouest-africaine à participer financièrement et militairement à la lutte contre le terrorisme.
En Libye, le Représentant spécial du Secrétaire général, GHASSAN SALAMÉ, s’emploie, avec les partenaires nationaux, régionaux et internationaux, à prévenir une nouvelle escalade de la violence et à encourager un retour au processus politique. À cet égard, le chef de l’ONU s’est félicité de la perspective d’un renforcement de la coopération avec l’Union africaine sur la Libye.
En 2015, Devant le Conseil de sécurité, présidé par l’Afrique du Sud, M. Guterres a souligné que la paix au Mali est également essentielle à la paix dans le Sahel. « Malgré les terribles attentats perpétrés la semaine dernière dans la région de Mopti, j’espère que le projet d’un dialogue politique inclusif facilitera la mise en œuvre de l’accord de paix », a-t-il dit.[264]
Le Secrétaire général avait souligné que la MINUSMA joue un rôle crucial dans l’appui à la mise en œuvre de cet accord et a besoin d’un soutien constant et sans faille. Chose qui ne se réalise toujours pas et, l’on se demande si le terrorisme n’est pas bien une fabrication de l’occident.
Il a salué la décision du Conseil de sécurité de lever les restrictions géographiques imposées au ravitaillement apporté par la MINUSMA à la Force conjointe du G5 Sahel. « Mais cela ne suffit pas », a dit le Secrétaire général qui a, à nouveau, exhorté le Conseil à donner aux opérations africaines d’imposition de la paix et de lutte contre le terrorisme « des mandats clairs, portés par un financement prévisible et durable grâce à des contributions obligatoires ».
III.2.4.3.2. La politique financée par le narcotrafic
Cette situation dans le Sahel est un terrain propice au développement d’idéologies radicales et la lutte armée devient un horizon séduisant pour une partie de la jeunesse qui sait que, hors de l’émigration vers l’Europe ou de l’affiliation aux groupes armés, point de salut. L’affaissement de l’État dans les pays sahéliens s’est accéléré avec la montée en puissance des divers trafics en zone sahélo-saharienne et notamment avec le trafic de cocaïne en transit vers l’Europe. La vie politique de ces États s’est financée auprès de narcotrafiquants notoires qui n’ont pas hésité à prendre la place du généreux guide libyen Kadhafi, paix à son âme. C’est ainsi qu’un conseiller du président malien Amadou Toumani Touré (2002-2012) était un trafiquant notoire, aujourd’hui reconverti au Burkina Faso. C’est aussi l’affaire emblématique du Boeing chargé de cocaïne qui se pose en 2009 dans le désert malien et dont le déchargement a été supervisé par un officier supérieur de l’armée malienne, aujourd’hui général. L’un des principaux soutiens financiers du parti du président nigérien Issoufou était Chérif Ould Abidine (décédé en 2016), dont le surnom était « Chérif Cocaïne »…la liste est longue.[265]
La frontière entre l’État et le crime organisé s’est estompée progressivement, laissant les populations livrées à leur sort. Tel est le cas de la frontière-est malheureusement poreuse de la RDC où n’importe qui peut passer n’importe quand avec n’importe quoi. Dommage, mais à la population de Beni et Butembo d’empatture!
L’islam radical s’est répandu comme un modèle alternatif à la démocratie, laquelle est perçue par une part grandissante de la population comme une sorte d’escroquerie idéologique visant à maintenir en place des kleptocraties. Le réarmement moral passe désormais par l’islam dans sa version la plus rigoriste et étrangère aux pratiques confrériques du Sahel, soutenu par une classe politique qui a utilisé la religion pour faire du clientélisme.
Les groupes armés dits djihadistes tels qu’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ou Ansar Dine qui, eux-mêmes recourent volontiers aux réseaux et aux pratiques mafieux, évoluent désormais dans un environnement de moins en moins hostile. Quand j’entends parler de terrorisme djihadiste au Sahel, je pense souvent à un magicien qui, pour réaliser son tour, attirait l’attention du public avec la main droite et réalise son tour avec la main gauche. Le terrorisme, c’est la main droite. La réalité du tour, la main gauche, c’est la grave crise de gouvernance dont personne n’ose parler. Malheur au petit peuple !
III.2.3.4. Des conséquences humanitaires et sanitaires
Mais le risque djihadiste n’est pas la
seule menace. Il faut prendre en compte également l’insécurité alimentaire et
le risque sanitaire, martèle Patrice Gourdin, lors de la conférence donnée en juin
2017 alors qu’il répondait en même temps aux questions de CHRISTOPHE
BOISBOUVIER, journaliste RFI :
« Les clivages ethniques accentués par la pauvreté peuvent, en période de pénurie, évoluer en rivalités voire en affrontements, notamment pour l’accès aux ressources. Le banditisme est également un problème car les États sont défaillants en matière de sécurité." Il ajoute : "Face à la pauvreté, une partie de la population se radicalise. Des rébellions (par exemple au Tchad contre le président Deby, ou les Touaregs au Mali) ont éclaté, mais les dissensions tribales et la diversité ethnique ne facilitent pas les ralliements, au demeurant fluctuants ». [266]
Le camp de Ngouboua par exemple, érigé
sur la rive d’un bras du lac Tchad, a été apprêté pour accueillir un millier de
réfugiés. Il en compte plus de 4 000 aujourd’hui et pourrait en recevoir
encore. Ce surpeuplement oblige la plupart des réfugiés à déféquer en plein
air.
Les points d’eau potable installés dans le camp ne suffisent plus. Pour ne pas perdre du temps, on va chercher directement de l’eau dans le lac. Ces attitudes rendent élevés les risques d’une épidémie de choléra et d’autres maladies hydriques.
Les réfugiés nigérians (photo) inquiètent ainsi les autorités sanitaires du lac Tchad qui ont installé un cordon sanitaire aux portes du pays. Docteur Sambo Guemgo, a-t-on lu dans le rapport de l’ONU sur la situation humanitaire dans le bassin du lac Tchad présenté par le HCR en octobre dernier, le médecin-chef de district de Baga-Sola explique le dispositif :
« Nous ne perdons pas de vue la situation du choléra et d’Ebola. De cette manière, aux points d’entrée des réfugiés, dans les endroits où les forces de l’ordre tchadiennes sont allées, nous avons mis sur place un dispositif de lavage de mains, de désinfection systématique. Ils ne pouvaient entrer en contact avec des agents de recensement que si ces conditions étaient remplies. Et systématiquement, quand ils sont venus, nous les avons accueillis sur les sites, nous les avons vaccinés. »[267]
Ce dispositif requiert cependant un supplément de logistique et d’hommes, surtout que de nouveaux afflux sont attendus dans les jours, voire les semaines à venir. La région tchadienne du lac Tchad accueille, depuis le début de l’année, plusieurs milliers de réfugiés nigérians fuyant les exactions de la secte islamiste Boko Haram. L’aide humanitaire s'organise mais les besoins n’attendent pas, ce qui oblige les populations autochtones à voler au secours des refugiés. Les autorités tchadiennes sont aussi en alerte, sachant que le nord du Nigéria est considéré par les professionnels de la santé comme un incubateur de maladies dangereuses telles que la poliomyélite, le choléra et même Ebola.[268]
La région du lac Tchad, frontalière avec le Nigeria, accueille depuis le début de l’année plusieurs milliers de Nigérians fuyant l’État de Borno et les exactions de la secte islamiste. Haoua Ahmoudou, la présidente des femmes du camp de Ngouboua, est contente d’avoir échappé aux massacres de Boko Haram. Mais cette mère de famille, qui a aussi recueilli chez elle une dizaine d’enfants arrivés au Tchad sans leurs parents, fait face à un défi tous les matins. Comment nourrir sa maisonnée ? Dans les églises, des collectes sont organisées pour aider ceux qu’on appelle « les frères nigérians ». Youssouf Mamadou Affono, un des chefs traditionnels de la région, croit savoir d’où vient cet élan de générosité :
« Ils avaient des liens bien avant par les opérateurs économiques, les gens qui vont de l’autre côté pour leurs affaires économiques. Ils se retrouvent déjà avec certaines relations, c’est même des proches parents qui étaient déjà de l’autre côté ».[269]
Pour le sous-préfet de Baga-Sola, Dimouya Souapébé, l’aide des organisations internationales finira par arriver, mais il faut envisager le long terme. « Il y a des pêcheurs, il y a des cultivateurs, il y a des éleveurs. Aujourd’hui ils sont empêchés de toutes ces choses. Est-ce qu’il suffit seulement qu’on leur donne à manger ? Ou bien il faudra aussi qu’on essaie d’identifier qui a l’habitude de faire quoi et au besoin le mettre en face de ce que lui voudra pour se prendre en charge. » C’est ce que fait les ONGD telles que Green Peace, Ujana Oma, et Acted-Tchad, renseigne la source ci-haut citée.
Le Tchad occupe le quatrième rang mondial après le Liban, la Syrie et la Jordanie en matière d’accueil des réfugiés. Ils sont environ 400.000 réfugiés dont plus de 300 000 soudanais, 73.000 centrafricains et 8.000 nigérians présents sur le sol tchadien. Répartis dans plus de 18 camps dans le Sud, dans l'Est, à N'Djamena et dans la Région du Lac Tchad, ces réfugiés sont confrontés depuis quelques temps à un accroissement de leur précarité en raison de la baisse de l'aide des partenaires et bailleurs de fonds. EDWARD O'DWYER est le Chef de bureau Adjoint du Haut-commissariat des réfugiés, le HCR :
« Les réfugiés vivent au Tchad dans un contexte difficile comme beaucoup des tchadiens eux-mêmes. Tout d'abord parce que l'économie tchadienne traverse des difficultés. Mais aussi parce que la situation précaire est due à la réduction importante du niveau de ressources humanitaires disponibles pour des opérations de protection et d'assistance aux réfugiés. Ceci est un problème mondial mais cela touche le Tchad de manière importante. Notre message est qu'il faut aider le Tchad aujourd'hui pour mieux protéger les réfugiés ».[270]
Pour répondre à toutes ces problématiques, une table ronde autour du thème: "Les réfugiés au Tchad, défis et perspectives" est prévue à N'Djamena à l'occasion de cette journée mondiale des réfugiés. Le HCR et ses partenaires tenteront d'accorder leurs violons afin de sauver la situation.
Comme si ce mal ne suffisait pas, à cela s’ajoutent encore des violences religieuses au Nigeria. Parallèlement à la guerre dans le nord du pays, d'autres affrontements et massacres ont lieu ponctuellement dans le centre du pays, opposant fermiers chrétiens et éleveurs peuls musulmans. Ainsi en février de l'an 2015 par exemple, des affrontements à Kaduna font 2 000 morts en deux jours[]. D'autres font 500 morts à Jos en 2016, puis 200 en novembre 2018. En avril 2019, 78 à 120 personnes sont massacrés par des Peuls et le 15 mai à Egba, dans l'État de Benue, 45 à 50 villageois, dont des femmes et des enfants, sont assassinés par des éleveurs. Selon Human Rights Watch, ces violences ont fait 10 000 morts en 20 ans.[271]
Dans les terrains reconquis du nord-est par l'armée nigériane (Monguno par exemple), après de plus de 8 ans de terreur imposée par Boko Haram les fermes ont disparu, et ne subsistent souvent que les restes carbonisés d’ancien villages185. Selon JOHN AGBOR (responsable de la santé de l'UNICEF pour le Nigeria à Abuja), les premiers travailleurs humanitaires revenus sur place ont été choqués par ce qu'ils ont vu: des millions de malades dont la santé est aggravée par un début de famine, des quantités de tombes fraîches qui laissent penser qu’un grand nombre de personnes sont mortes. Il estime que dans les 3 États concernés 8,5 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire. Plus de 5 millions de personnes souffrent de malnutrition, un demi-million d'enfants sont tellement sous-nourris que, sans traitement rapide plus de 75 000 personnes mourront entre avril et juin 2017 selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l'ONU.
Environ 1,8 million de personnes ont été déplacées dont plus de 50 % sont des enfants185. Dans l’État le plus touché (Borno), 1,2 million ont regagné la capitale Maiduguri y doublant la population en quelques mois, s’entassant dans des abris de fortune, souvent presque sans nourriture, eau ni assainissement, ce qui risque de favoriser les épidémies. En Mars-Avril 2017, la mortalité infantile dépasse de «deux, trois, quatre fois» le seuil d'urgence, selon Marco Olla, pédiatre de Médecins Sans Frontières (MSF) à Paris. Le paludisme cause de plus de 50 % des décès de malades, mais en 2017 les infections respiratoires aiguës et la diarrhée gagnent du terrain. La polio supposée éradiquée en Afrique est réapparue (quatre enfants paralysés détectés ; et des analyses génétiques montrent que le virus a circulé à Borno sans être détecté durant 5 ans au moins, justifiant la relance en mars 2017 par le GPEI de sa plus grande campagne de vaccination synchronisée, visant plus de 116 millions d'enfants dans 13 pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre).[272]
Jorge Castilla, du programme d'urgence sanitaire de l'OMS estime qu’il s’agit d’une des pires catastrophes humanitaires d’Afrique, bien que peu médiatisée et les Nations-Unies sur les 484 millions de dollars demandés pour les trois États en 2016 n’en ont reçu que 54 %, le déficit le pire touchant les programmes de santé qui n’ont obtenu que 22 % des besoins en 2016. Pour 2017 la demande de l’ONU a doublé (1 milliard de dollars). [273]
À partir de 2016, la branche de l'État islamique en Afrique de l'Ouest dirigée par Abou Mosab al-Barnaoui et Mamman Nour rompt avec la stratégie d'Abubakar Shekau147. Elle s'oppose aux attaques et aux exactions contre les civils et aux attentats commis par des enfants. Elle tente alors de se concilier des populations civiles, réprime sévèrement le banditisme et le vol de bétail, fournit des aides aux agriculteurs, encourage le commerce, fait creuser des puits, apporte des aides médicales et tolère les campagnes de vaccinations menées par des organisations humanitaires contre la polio.[274]
III.3. La lutte contre le terrorisme islamiste dans la région du lac Tchad
La « guerre contre le terrorisme » ou « guerre contre la terreur » en anglais « War on Terrorism », « War on Terror ou Global War on Terror », (GWOT)) est le nom donné par l’administration américaine du président GEORGE W. BUSH à ses campagnes militaires faites en réplique aux attentats du 11 septembre 2001. Ce terme n'est plus employé dans l'administration américaine depuis l'entrée en fonction de l'administration Obama en 2009.[275]
La notion, déjà
utilisée au début de la présidence de REAGAN, refait surface
dès la présidence de BILL
CLINTON confrontée à la montée du terrorisme
international et sous forme de recommandations alarmantes émises dès le mois de
juin 2000 qui évoquent déjà
les menaces et le scénario qui devaient se concrétiser l'année suivante.[276] Le
terme de « Guerre contre le terrorisme » est cependant
critiqué pour son non-sens sémantique ; le terrorisme n'étant pas
une entité mais un mode d'action. La « guerre contre le terrorisme »
consiste en plusieurs actions policières, politiques et militaires des gouvernements appuyés
par différents alliés dont la Communauté Internationale, contre différentes
organisations liées au terrorisme islamiste, en premier lieu desquelles Daesh et Boko
Haram. Ces opérations antiterroristes sont appuyés par une coordination au
niveau de l’ONU et de l’UA de divers comités
créés par le Conseil de sécurité des Nations unies, qui par
la résolution 1373 du 28 septembre 2001 oblige tous les États membres de l'ONU,
pilotés par les États-Unis à prendre des mesures législatives contre le terrorisme.[277]
Cette campagne se démarque de la lutte antiterroriste traditionnelle par des actions militaires de grande ampleur à l’étranger, un interventionnisme actif, le fait qu'elle s'oppose non à un État (définition d'une guerre en droit international public) mais à des groupes non étatiques (État Islamique en premier lieu), et qu'elle n'ait pas de terme défini, ce qui a conduit un certain nombre de commentateurs à critiquer la mise en place d'un « état d'exception permanent ».
Elle débouche sur la théorisation du concept de « guerres préventives » contre les États accusés d’abriter des groupes terroristes ou susceptibles de leur fournir des « armes de destruction massive », cause de l'invasion par exemple, de l'Irak en 2003 qui s'est juxtaposée à la guerre d'Afghanistan entamée dès octobre 2001. Outre une lutte directe (démantèlement des cellules terroristes, la destruction des camps d’entraînement, etc.), la guerre contre le terrorisme signifie aussi des enquêtes et les pressions sur les gouvernements, organisations et personnes soutenant les organisations terroristes, et le gel des avoirs soupçonnés d’appartenir ou de servir à des groupes terroristes. Elle comprend aussi les aides financières aux pays participant à la lutte contre le terrorisme, l’accroissement de la coopération policière internationale ainsi que de la coopération entre services de renseignement (mise en place d'Alliance Base, dont le siège est à Paris), les tentatives de réorganisation politique du Moyen-Orient décidée par l'administration Bush.[278]
Dans son discours sur l'état de l'Union de 2002, George W. Bush utilisa l’expression « axe du Mal » pour désigner des pays accusés de supporter le terrorisme comme l’Irak, l’Iran ou la Corée du Nord. Cette expression marqua un élargissement considérable des visées de la dite « guerre contre le terrorisme », dans la mesure où elle n'englobait plus seulement la lutte contre Al-Qaïda, mais, en principe du moins, contre toute forme de terrorisme, ou du moins contre ce que Washington appelait « États voyous », expression d'abord utilisée par Reagan, à propos de la Libye, dans les années 1980.[279]
Le régime de SADDAM HUSSEIN tombe en avril 2003, mais l'opération liberté irakienne est le prélude d'une guérilla contre l'occupant américain, doublée d'une guerre civile opposant en particulier Sunnites, Chiites et Kurdes, qui perdure jusqu'en 2015 et même continue jusqu’à ce jour avec l’État Islamique. Occupés par ce conflit, les États-Unis délaissent quelque peu le terrain afghan après les accords de Bonn signés le 5 décembre 2001 qui préparèrent la mise en place d'un gouvernement post-taliban, présidé par HAMID KARZAI. Mais alors que le conflit en Irak s'envenime, l'Afghanistan ne parvient pas à se stabiliser.
Le Grand Moyen-Orient vu par l'administration BUSH, incluant le Moyen-Orient proprement dit, ainsi que le Maghreb, le Machrek, la Turquie, l’Israël, l'Iran et l'Afghanistan. Outre l'Irak, Washington se focalise alors essentiellement sur la Syrie et l’Iran. Bush considère en effet qu'ils soutiennent les filières terroristes en Irak notamment en accusant Damas de laisser passer des « djihadistes » à travers ses frontières, ainsi qu'en Palestine: la visée de la guerre contre le terrorisme dépasse une nouvelle fois la cible précise d'Al-Qaida, pour englober l'islamisme en général, et en particulier le Hamas, sunnite et le Hezbollah chiite et dont Boko Haram, sunnite en fait intimement partie aujourd’hui.
Bien plus: le projet néoconservateur de « remodelage » du Grand Moyen-Orient inclut, outre le Moyen-Orient et l'Iran, la péninsule arabique, le Maghreb, le Machrek, la Turquie et le Pakistan, voire aussi la Mauritanie et l’Algérie, affectée par une guerre civile sanglante dans les années 1990 à la suite de la victoire électorale du Front islamique du salut et à l'interruption du processus électoral par les généraux algériens, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat, (GSPC) surfant sur la popularité de Ben Laden, se rebaptise Al-Qaïda au pays du Maghreb islamique en janvier 2007. Cette vision globale a été critiquée par plusieurs observateurs: d'une part, elle concurrençait en partie le partenariat Euro-Méditerranéen déjà à l'œuvre depuis une dizaine d'années, suscitant des crispations en Europe.[280]
PASCAL BONIFACE, directeur de l’IRIS, déclarait :
« Les Américains ont prôné le modèle du coup de pied dans la fourmilière, y compris par la guerre. Le bilan de celle d’Irak apparaît largement et globalement négatif. Les adversaires de cette politique estiment qu'ils peuvent être de l’extérieur un mouvement démocratique mais que celui-ci doit avant tout être le fruit d’un processus interne ».[281]
Quant
au régime syrien de Bachar
al-Assad, si l'administration
Bush accusait directement ce dernier de soutenir le passage des
« djihadistes » à travers son territoire, l’administration Obama se montra plus circonspecte et celle de
Trump plus coriace encore avec Daesh. Selon des sources du Pentagone (2015), de
200 à 500 djihadistes traversaient la Syrie à la mi-2014, chiffre qui a grimpé
à plus d'un millier en décembre 2017.[282]
III.3.1. Les pays de la région (les membres de la CBLT)
Les pays de la région formant la CBLT n’ont toujours pas cessé de se réunir et réfléchir sur le sort de leur ennemi commun, la menace terroriste. Le samedi 15 décembre 2018, renseignent Jeune Afrique et l’AFP, les dirigeants des pays de la région du lac Tchad se sont retrouvés au Nigeria pour donner une nouvelle impulsion à la lutte contre le groupe djihadiste Boko Haram ; la même information a été relayée par la présidence nigériane sur les antennes de France 24. Ce sommet, qui réunit les dirigeants du Nigeria, du Cameroun, du Tchad, du Niger, du Bénin et de la République centrafricaine, fait suite à une rencontre consacrée à la lutte contre Boko Haram qui avait réuni les chefs d’État et de gouvernement de la région du lac Tchad fin novembre à N’Djamena. Au sortir de la réunion, le président nigérian, MAHAMMADOU BUHARI se confiant à la presse dit :
« La réunion d’aujourd’hui est la continuation de nos efforts conjoints pour faire face aux défis majeurs en matière de sécurité dans notre sous-région. Elle est la concrétisation de l’engagement résolu des pays participants dans la lutte contre « notre ennemi commun, Boko Haram et le rétablissement de la sécurité et d’une paix durable dans notre sous-région ».[283]
L’expression « guerre contre le terrorisme » peut être considérée comme un jeu de mots sur le sens du mot guerre, qui est pris ici à mi-chemin entre son sens figuré comme dans guerre contre l’illettrisme et son sens propre. Le ministre français DOMINIQUE DE VILLEPIN a récusé cette appellation en septembre 2004 : selon lui, le mot de guerre s’applique à un contexte précis, qui est celui où deux entités d’existence internationale reconnues se battent dans le respect de règles établies, respect dont ils devront répondre à la fin de la guerre (voir Tribunal de Nuremberg, Tribunal pénal international). Cette extension de sens galvauderait le mot. Il n’y voit pas non plus de simple maintien de l’ordre face à la délinquance ou du crime organisé, mais bien un phénomène spécifique (ennemi non défini géographiquement), et qui a besoin pour cette raison de garder une désignation spécifique.
En 2006, TERRY JONES publie Ma guerre contre la guerre au terrorisme, recueil de textes où il critique le détournement syntaxique et sémantique de l’expression et où il développe un ensemble d’argument pour démontrer l’absurdité de cette « non-guerre ».[284] Selon JEAN-PIERRE STEINHOFER, l'utilisation de cette expression fausse les raisonnements : « Le problème de cette conception stratégique occidentale est qu’elle repose sur une aberration intellectuelle. Car le terrorisme n’est pas un ennemi, c’est une méthode de combat. ».[285] À noter néanmoins que, si l'administration Obama a renoncé à l'expression "guerre au terrorisme", elle parle de "guerre à al-Qaïda dans "Stratégie nationale de contre-terrorisme de juin 2011.
Pour l’académicien français JEAN-FRANÇOIS REVEL, il s'agit bien d'une guerre d’un genre nouveau et dit par exemple :
« Mais ce sont là pourtant des guerres, puisque nous avons affaire à des actions coordonnées par une organisation au service d’objectifs politiques précis et qui paraissent tels à ceux qui les poursuivent ».[286]
III.3.1.1. Changement de stratégie
Lors de leur sommet fin novembre à N’Djamena, les dirigeants de la zone du lac Tchad ont mis l’accent sur la nécessité de changer de stratégie dans la lutte contre Boko Haram, face à la recrudescence des attaques du groupe djihadiste, rappelait le président Buhari. Toutefois, poursuivait le président, Boko Haram doit être effacé de la surface de la terre. À notre avis, nous pensons que cela était nécessaire en raison de la résurgence des attaques, notamment contre les militaires, et des enlèvements de civils contre rançon à travers les frontières, perpétrés par Boko Haram avec le soutien de terroristes internationaux qui infiltrent la région ».
III.3.1.2. Nouvel engagement
Dans un communiqué rendu public à la fin de leur réunion, les participants ont « renouvelé leur engagement à lutter contre les terroristes de Boko Haram avec l’objectif de mettre un terme définitif à l’insurrection ». Ils se sont engagés à fournir une aide aux populations touchées par la violence « dans la limite des ressources disponibles » et demandé à leurs partenaires internationaux de fournir une assistance supplémentaire à la Force régionale qui combat Boko Haram. La Force multinationale mixte regroupe des militaires du Nigeria, du Niger, du Tchad, du Bénin et du Cameroun.
Depuis juillet, les attaques de Boko Haram contre les bases militaires de la région du lac Tchad se sont multipliées. En novembre, des djihadistes ont attaqué une base dans le village nigérian de Metele, près de la frontière avec le Niger, tuant au moins 44 soldats. Les soldats survivants ont cependant évalué à plus de 100 le nombre de tués.[287]
III.3.1.3. L’engagement du Conseil de Sécurité
Le 1er mars 2017, le Conseil de sécurité prend la décision de descendre sur le terrain et palper du doigt la réalité de la région. Cette visite dans les pays du bassin du lac Tchad, remarque à la presse de M. François Delattre, représentant permanent de la France auprès des Nations unie est une étape importante dans la lutte contre la secte terroriste de Boko Haram. M. DELATTRE explique les raison de cette visite en ces mots :
« C’est la première fois que le Conseil de sécurité se rend dans la région. Il a décidé de le faire pour apporter son plein soutien aux quatre pays les plus affectés par le terrorisme de Boko Haram et qui font face à une très grave crise humanitaire : le Nigéria, le Niger, le Tchad et le Cameroun. Voilà la raison principale de la visite ».[288]
Le diplomate onusien note que cette visite permettra au Conseil de sécurité de porter 3 principaux messages :
· Premier message : encourager les États de la région à renforcer encore davantage leur coopération pour lutter contre le terrorisme de Boko Haram, en particulier dans le cadre de la force multinationale mixte contre Boko Haram. C’est la première priorité.
· Le deuxième message est d’encourager les gouvernements de la région à continuer de faciliter l’accès à l’aide humanitaire pour les populations les plus vulnérables. Cette visite s’inscrit une semaine après la conférence d’Oslo qui a permis d’engranger de nouveaux financements pour les quatre pays du lac Tchad. C’est donc la deuxième priorité, en totale cohérence avec la première.
· Enfin, troisième message - et troisième priorité complémentaire des deux premières : le Conseil encouragera également les États de la région à adopter une approche globale pour traiter les causes profondes du terrorisme, notamment en matière de gouvernance et de développement. Ce message, qui recouvre aussi l’articulation nécessaire entre l’assistance humanitaire et le développement, est également très important.[289]
Au Niger, les forces armées nationales et régionales ont poursuivi leurs opérations contre Boko Haram et la prétendue Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique dans région du lac Tchad, et des victimes ont été déplorées parmi les civils et militaires ; le pays a été touché par une vague d’attentats au cours desquels plusieurs personnes ont été tuées ou enlevées. Cette estimation est partagée à Paris par le biais de son quotidien satirique, le Canal Enchaîné. En effet, estiment plusieurs observateurs, la situation autour du lac Tchad ne s’améliore pas et demande sans doute un effort accru de la communauté internationale ». Le général FRANÇOIS LECOINTRE, le chef d’état-major des armées, de la république française a dit la même chose lors de sa dernière audition à l’Assemblée nationale.
L'armée tchadienne a reçu cette semaine un don d'équipements militaires de la part des États-Unis, a-t-on appris des sources officielles à N’Djamena par sa chaîne de télévision nationale. Composés de bateaux et de fourgons d'une valeur de 1,3 million de dollars, ces équipements devraient renforcer les équipements de l'armée tchadienne dans sa lutte contre le terrorisme, a-t-on ajouté.
Le New-York Times, dans sa parution du jeudi, 26 novembre 2018, le Journal renseigne que les États-Unis ont décidé d'encourager le Tchad dans sa lutte contre le terrorisme. La représentation américaine à Ndjamena, a d’ailleurs annoncé un don d'équipements militaires en faveur de l'armée tchadienne. RICHARD BELL, chargé d'affaires à l'ambassade des États-Unis au Tchad déclara :
«Les États-Unis d'Amérique manifestent une nouvelle fois leur soutien aux forces armées du Tchad, en faisant don de six bateaux et de six fourgons avec suffisamment de pièces de rechange pour couvrir deux années d'utilisation, pour un montant total d'environ 1,3 million de dollars».[290]
Selon lui, ces équipements devraient aider le pays à renforcer son combat contre le terrorisme auquel il fait face comme la plupart de ses voisins du Sahel.
Le Tchad est en effet, très engagé contre le terrorisme et particulièrement contre les insurgés djihadistes comme Boko Haram qui sévissent dans la région du lac Tchad. «C'est pour nous un gage de confiance et la volonté constante de votre pays d'aider les pays engagés dans la lutte contre le terrorisme», s'est réjoui le chef d'état-major des forces armées N'guinambaye Michel Barde.
Cet appui intervient alors que les deux pays viennent à peine d'améliorer leurs relations. L'Administration américaine a en effet décidé en avril dernier de retirer le Tchad de sa liste noire, alors que les services américains reprochaient aux Tchadiens de manquer de partager les informations en matière de sécurité et à la lutte contre le terrorisme.[291]
III.3.2. L’Union Africaine et la lutte contre le terrorisme
Le représentant spécial de l’Union africaine pour la lutte contre le terrorisme et directeur du Centre Africain d’Études et de Recherche sur le Terrorisme, (CAERT) en sigle est le Ghanéen Larry Gbevlo-Lartey, nommé par la présidente de la Commission, la sud-africaine Kosazana Dlamini Zuma en mars 2016.[292]
Le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT) a pour mission de renforcer la capacité de l’UA et de ses États membres à prévenir et à combattre le terrorisme et l’extrémisme violent, avec pour objectif d’éliminer à terme la menace qu’ils posent afin d’assurer la paix, la sécurité, la stabilité et le développement de l’Afrique.
Le Centre a pour rôle d’effectuer des recherches et des études sur le terrorisme et les questions connexes ; de développer des options de politique stratégique de lutte contre le terrorisme et des plans opérationnels conformément aux instruments juridiques internationaux et africains ; de dispenser des formations dans le cadre de son mandat de renforcement des capacités de lutte contre le terrorisme ; de tenir à jour une base de données sur les groupes terroristes en Afrique et leurs activités, ainsi qu’une liste d’experts de la lutte contre le terrorisme sur le continent ; de diffuser les résultats des études et recherches, des analyses, les avancées et d’autres informations sur le terrorisme en Afrique ; d’intégrer dans son approche le concept de la gestion préventive des crises en garantissant la mise à disposition opportune d’analyses de tendance et en fournissant des alertes précoces ; et d’établir un système de points focaux pour les États membres de l’UA, les communautés économiques régionales et les partenaires internationaux. En sa qualité de représentant spécial de l’UA pour la coopération en matière de lutte anti-terroriste, le Directeur de la CAERT doit assurer la liaison avec les institutions et organismes internationaux partageant des objectifs similaires afin d’obtenir leur appui et leur coopération aux efforts de lutte contre le terrorisme de l’UA et du CAERT.[293]
Ayant son siège social à Alger en Algérie, le CAERT a été inauguré le 13 octobre 2004. L’établissement du CAERT est conforme aux paragraphes 19 à 21 de la section H du Plan d’action de l’UA sur la prévention et la lutte contre le terrorisme et correspond aux décisions adoptées par la Conférence et le Conseil exécutif de l’UA.[294]
Le CAERT est une institution de la Commission de l’UA dirigé par un directeur qui relève du président de la Commission par l’intermédiaire du Commissaire à la paix et à la sécurité. Sur le plan administratif, le Centre est considéré comme faisant partie du Département Paix et Sécurité de la Commission de l’Union Africaine. Un conseil consultatif est nommé par le président de la Commission et, il est composé d’un représentant de chacune des cinq régions géographiques de l’UA, d’un représentant de chaque Comité Économique Régional et des représentants des points focaux du Centre. Les membres sont nommés pour des mandats d’un an renouvelables.
Dans la lutte contre le terrorisme, l’Union Africaine compte aussi sur un autre organe, non pas le moins utile, le Mécanisme de Coopération Policière de l’Union Africaine, (AFRIPOL) en sigle dirigé par le libyen Tarek A. Sharif.
À l’origine, le Mécanisme africain de coopération policière (AFRIPOL) est une initiative des directeurs et inspecteurs généraux de police africains, créée en 2014 en tant que mécanisme indépendant sous l’égide de l’UA afin de stimuler la coopération policière. En 2017, il a été établi en tant qu’institution technique de l’UA sous le nom Mécanisme de coopération policière de l’Union africaine et a conservé le même acronyme, AFRIPOL. Sa première Assemblée générale s’est tenue du 14 au 16 mai 2017 à Alger en Algérie.[295]
L’AFRIPOL est dotée d’un organe technique, l’Assemblée Générale chargé d’assurer le leadership et la direction pour la coopération policière en Afrique et composé des chefs de police de tous les États membres de l’UA. La première Assemblée générale a adopté les textes juridiques qui régissent son fonctionnement et a convenu d’un plan de travail triennal pour la période 2017-2019, y compris de méthodes d’amélioration de la coopération, en vue de vaincre les criminels et les terroristes actifs en Afrique, les islamiste qui sévissent dans les régions du Lac Tchad, du Sahel et de la Corne de l’Afrique. Par ailleurs, la Commission de l’UA et le gouvernement algérien ont signé un accord d’accueil du siège d’AFRIPOL à Alger le 14 mai 2017.
En juillet 2018, environ 80 % des États membres avaient créé leur bureau national de liaison AFRIPOL, et le Secrétariat d’AFRIPOL travaillait avec ceux qui ne l’avaient pas encore fait. AFRIPOL donne également la priorité à l’opérationnalisation totale du Système de communication des services de police africains (AFSECOM) afin de faciliter la communication et le partage d’informations et de données entre les agences de police des États membres. [296]
III.3.3. Le G5 Sahel et la guerre contre le terrorisme
Le G5S apparaît comme le pendant politique et économique sahélien de l’opération militaire française Barkhane et est destiné à améliorer la coordination des activités de sécurité et de défense entre les États du G5 Sahel. En décembre 2014, le G5S demande au Conseil de Sécurité de l'ONU la mise en place, en accord avec l’Union africaine, d'une force internationale en vue de « neutraliser les groupes armés, aider à la réconciliation nationale et mettre en place des institutions démocratiques stables en Libye ». Le 21 décembre 2014, l'Algérie a annoncé s'opposer à cette proposition[].
Du 20 au 27 décembre 2014, une première opération militaire conjointe est réalisée entre les forces de l'opération Barkhane, du Niger et du Tchad sur une zone se situant à la frontière entre la Libye d'une part, le Niger et le Tchad d'autre part. Cette opération, dénommé Mangouste, est commandée depuis un poste de commandement tripartite situé au fort de Madama[12]. Le 24 décembre 2014, le fort et l'opération reçoivent la visite des généraux Seyni Garba, Brahim Seïd Mahamat et Pierre de Villiers, respectivement chefs d’État-major (CEMA) du Niger, du Tchad et de la France.[297]
Une lueur d’espoir pour les pays du G5 Sahel qui pourra, une fois mise en place combattre efficacement et même vaincre ces djihadistes ivres de sangs et razzia est, disons-le, la future force « Takuba ». Emmanuel Macron, le président français et ses homologues du G5 Sahel envisagent d’ores et déjà, un déploiement européen pour intégrer la force Barkhane.
Takuba, qui signifie « sable » en Tamacheq, une langue parlée au Mali, sera la sixième mission d’intervention dans le Sahel. Intégrée à la Force Barkhane, elle visera à déployer des unités de forces spéciales dans la région. Des forces spéciales qui ne seront pas seulement françaises puisque des renforts européens la compléteront.
Le gros des troupes viendra des États nordiques dont : la Suède, la Norvège et la Finlande apporteront hommes et matériels, notamment des drones et des hélicoptères et, les autres les appuiera. Ce sont l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, l’Estonie, la France, les Pays-Bas, le Portugal, la république Tchèque et le Royaume-Uni, en tout, onze pays engagés, la France y étant déjà présente. Le but n’est pas seulement de former des soldats africains, il s’agit aussi de ses équipes restreintes de forces spéciales d’accompagner sur le terrain le plus gros contingent de militaires maliens et leur apprendre à mieux tenir le terrain avant de progressivement leur laisser plus d’autonomie.[298]
Takuba est donc un appui au combat contre les groupes djihadistes. Le combat a certainement été un frein pour certains partenaires européens, notamment l’Allemagne toujours réticente à engager des troupes. Cette nouvelle mission européenne pourrait bien être l’ultime phase avant de laisser définitivement le relais aux soldats locaux.[299]
III.3.3.1. Force militaire conjointe
Le 20 novembre
2015, les chefs d'États du G5
Sahel annoncent à N’Djamena
la formation d'une force militaire anti-terroriste conjointe. Le projet reste
longtemps lettre morte mais est réactivé le 6 février 2017 sous le nom de Force
conjointe du G5 Sahel (FCG5S). En juin 2017, la France
demande au Conseil de sécurité des Nations unies
d'approuver le déploiement de la force du G5 Sahel (photo) et donc de lui
accorder un financement. La proposition est soutenue par la Russie
et la Chine,
mais les États-Unis
et le Royaume-Uni
se montrent réticents, l'administration Trump ayant affiché son intention
de réduire de manière conséquente la contribution américaine au budget des
opérations de maintien de la paix. N’oublions pas non plus la grande difficulté
qu’ont les armées régulières à combattre face à cette guerre asymétrique. À cet
effet, l'historien Stéphane Mantoux déclare :
«Militairement, Boko Haram est un objet inclassable, hybride pour les spécialistes : ni guérilla ou insurrection, ni armée régulière, mais une tactique qui se situe quelque part entre les deux ».
Un accord est cependant trouvé entre la France et les États-Unis le 20 juin. Le 21 juin, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte une résolution qui « salue le déploiement » de cette force, mais sans lui délivrer un mandat des Nations unies, et donc un financement.[300]
Le G5 Sahel a fondé, en juillet 2017, une force militaire conjointe pour sécuriser les frontières, notamment, la zone dite des trois frontières aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso. La première opération appelée Hawbi, vache noire, a eu lieu entre octobre et novembre 2017. Quelques 500 soldats ont été mobilisés, nigériens, burkinabais et maliens, chargés de sécuriser cette zone où pullulent les groupes djihadistes et les groupes criminels organisés. Le bilan de l’opération Hawbi est en demi-teinte. De l’aveu même du colonel nigérien Mahamadou Mounkaila, il y a eu des "problèmes logistiques", "c’est une première mission, nous avons beaucoup de leçons à tirer mais je ne pense pas que ce soit insurmontable", a-t-il ajouté. Une deuxième opération a été lancée le 15 janvier, toujours dans la même zone, sans précision sur le détail de la mission, "pour des raisons de sécurité", selon les ministres de la défense des cinq pays.[301]
III.3.3.2. Le défi financier
La force conjointe du G5 Sahel prévoit d’atteindre d’ici mars 2020 une capacité de 5 000 hommes, répartis en sept bataillons : deux pour le Mali et le Niger, un pour le Tchad, le Burkina Faso et la Mauritanie. Cet objectif est-il tenable ? Le chercheur SERGE MICHAILOF pense :
« La force se heurte à des problèmes de financement. Son coût annuel est de l’ordre de 220 millions d’euros. La France, qui finance déjà l’opération Barkhane (environ 650 millions d’euros) ne peut assurer seule ce financement. L’Union européenne a promis 50 millions, ce qui est parfaitement ridicule quand on connait ses ressources. Alors on est allé chercher l’Arabie Saoudite, qui promet 100 millions d’euros mais quand on connait le rôle néfaste de ce pays dans la diffusion de l'idéologie Wahhabite au Sahel, c'est un peu faire appel à un pompier pyromane... Je pense que le financement sera bouclé pour 2020 mais le problème risque de se reposer chaque année».[302]
III.3.3.3. Le Sahel, un enjeu international
L’instabilité de la zone sahélienne est prise au sérieux par la communauté internationale. La force sahélienne est appuyée par l’opération française Barkhane, présente depuis 2014, avec 4000 hommes, qui contiennent et tentent de réduire l’expansion des djihadistes. Deux militaires français ont été tués le mercredi qui suivait le réveillon dans une attaque.
Outre cet appui militaire, il y a les détachements américains au Niger, avec des drones, et un bataillon allemand qui forme l’armée malienne, mais aussi des programmes d’appui technique et de formations importants, financés par l’Union européenne pour les armées locales et les services de sécurité. Et puis il y a la force des Nations Unies, la MINUSMA, avec 13 000 hommes.[303]
III.3.3.4. Les moyens militaires
Le 2 juillet 2017, le sommet du G5 du Sahel qui se tient à Bamako (Mali) marque le lancement officiel de la force militaire conjointe transfrontalière la (FCG5S) composée de cinq bataillons de 750 hommes, soit un bataillon par pays. Les dirigeants du G5 Sahel espèrent alors que cette force pourra être portée progressivement à 10 000 hommes[14]. Son objectif principal est la lutte contre les groupes djihadistes, mais elle est également chargée d'intervenir contre le trafic de drogue, d'armes et de migrants[32]. Placée sous le commandement du général malien DIDIER DACKO, cette force dispose d'un droit de poursuite de part et d’autre des frontières. Le Liptako-Gourma, dite aussi la « zone des trois frontières », à la croisée des territoires malien, nigérien et burkinabé, est considérée comme la zone prioritaire. [304]
Ces groupes djihadistes ont pu prospérer sur un terreau favorable fourni par la sécheresse et des rivalités historiques entre agriculteurs et éleveurs. La région est également riche en trafics. « Dans certains cas comme le trafic de drogue, les djihadistes laissent faire en prélevant des taxes. Dans d’autres, comme pour les armes ou les médicaments, ils interviennent directement en prélevant une part de la marchandise », relate Baba Dakono. « La situation dans cette zone des trois frontières a été un facteur accélérateur dans la constitution du G5 Sahel », admet-on à Paris.[305]
Des voix s’élèvent pour critiquer la force conjointe du G5 Sahel, notamment le groupe de réflexion "International Crisis Group". Dans un rapport publié en décembre, le groupe écrit :
« Cette force, reste à construire. Elle soulève de nombreuses questions sans réponses quant à son financement, sa capacité opérationnelle, la coopération politique entre ses cinq membres et sa place dans un espace sahélien où se bousculent des initiatives militaires et diplomatiques parfois concurrentes ».[306]
La force est encore largement expérimentale, ajoute le rapport. Pour qu’à l’avenir elle soit opérationnelle, selon le groupe de réflexion, il faudra que les cinq pays l’intègrent dans un cadre plus large, dotés d’objectifs politiques :
« Dans les zones où agit la force du G5 et si elle arrive à les pacifier, des espaces de négociation locaux doivent être rapidement ouverts et des canaux de communication avec certains chefs de groupes djihadistes, issus des terroirs sahéliens doivent être maintenus ou réactivés ».[307]
Pour d’autres, le problème sécuritaire au Sahel ne peut pas se résoudre uniquement par des moyens militaires. Selon Serge Michailof : L'enjeu est de créer au plus vite des emplois pour les jeunes sahéliens qui se retrouvent aujourd'hui avec des économies atones et sans espoir d'insertions économique et sociale. C'est possible en particulier dans le domaine rural où de gros investissements sont nécessaires pour relancer une économie rurale largement en panne. Il y a un potentiel non exploité mais les financements budgétaires de ces pays comme l'aide internationale boudent ce secteur, pourtant majeur. Un autre problème est la nécessité de reconstruire ou de consolider les appareils d'État qui pour certains pays, et en particulier le Mali, sont en ruine.[308]
III.3.3.5. L'Algérie, absente du G5 Sahel
L'Algérie reste étonnamment absente du G5 Sahel. Le pays a pourtant plus de 3000 km de frontière avec les principaux pays du Sahel : Mauritanie, Mali, et Niger. L'Algérie est elle aussi touchée par les attaques djihadistes : lors de la dernière attaque importante, il y a 5 ans, 40 employés ont été tué dans la prise d'otage sur le site gazier d'In Amenas, dans le Sahara algérien. "Mais depuis, l'Algérie n'a pas évolué, explique KADER ABDERRAHIM, maître de conférence à Sciences Po, spécialiste du Maghreb et de l’islamisme, _le pays n'a pas changé de paradigme et souhaite rester ce pays qui résiste à toute forme d'évolution, et je dirais, à presque toute forme de réalité_. Aujourd'hui, c'est tout de même difficile d'imaginer pouvoir combattre seul le terrorisme pour un pays qui traverse une grave crise institutionnelle et économique".[309]
La force conjointe du G5 Sahel rencontre alors effectivement des problèmes pour se financer[ dans la mesure où ses pays membres figurent parmi les plus pauvres du monde. Le budget nécessaire à cette force est estimé à 400 millions d'euros[.
Selon l'ONU, sur les 415 millions d’euros promis en 2018 par la communauté internationale, un peu moins de la moitié a été déboursé et 199,5 millions d’euros n’ont toujours pas été versés début novembre, ce qui laisse les forces du G5 mal préparées et sans avoir pu mener seule aucune opération militaire contre les forces djihadistes. La France souhaite par ailleurs que le G5 Sahel obtienne un mandat de l'ONU.
III.3.3.6. Le commandement opérationnel de la force conjointe
Depuis septembre 2017, Sévaré, située en banlieue de Mopti, au Mali, accueille le poste de commandement opérationnel de la force G5 Sahel. Il subit une attaque suicide le 29 juin 2018 et l'Union européenne a décidé en juillet de financer la totalité de la reconstruction. Son déplacement est décidé en direction de Bamako mais en novembre 2018, le gouvernement malien n'avait toujours désigné aucun lieu[30] alors que la responsable de la force, le Malien Didier Dacko, est remplacé par le Mauritanien Hanena Ould Sidi. Ce dernier est remplacé le 24 juillet 2019 par le général nigérien Oumarou Namata Gazama.[310]
III.3.3.6.1. Opérations militaires
Le 1er novembre 2017, le G5 Sahel lance sa première opération militaire baptisée Hawbi plus de 350 soldats burkinabés, 200 maliens, 200 nigériens et 180 français effectuent une démonstration de force dans la région de N'Tillit. Elle s'achève le 11 novembre ; selon le général malien Didier Dacko : « Beaucoup de difficultés sont apparues, des difficultés de coordination, et des moyens de communication à parfaire encore, et des délais de mise en place à parfaire encore pour que les prochaines opérations soient mieux conduites ». [311]
Cependant, dans les régions du lac Tchad et celle du Sahel, plusieurs opérations militaires sont menées depuis la nuit des temps que ce soit par les africains eux-mêmes, par les américains, les européens et surtout par la France. Ci-dessous, nous passons en revue les sept opérations militaires organisées par la France en Afrique.
III.3.4. Les opérations militaires françaises en Afrique
La France, dans ses interventions militaires en Afrique demeure la première puissance occidentale à s’engager militairement dans le continent nègre. Elle y a, du mieux que nous sachions, diligenté 7 (sept) opérations militaires. Ces opérations militaires ont été menées par l'armée française en territoires africains pendant les dix dernières années, selon un recensement établi par Anadolu.
Ces opérations qui s'inscrivent dans une initiative internationale, on peut nommer entre autres opérations : Sangaris au Centrafrique, Harmattan en Libye, Barkhane au Sahel, Serval au Mali, Épervier au Tchad, Licorne en Côte d'Ivoire et Boali de nouveau au Centrafrique.[312] Notons qu’elles n’ont pas toutes, la mission de combattre le terrorisme mais, bien entendu, l’insécurité sous toutes ses formes. Ces opérations sont à distinguer, toutefois, des bases, dispositifs et autres missions déployés sur le continent, (comme la Mission Corymbe déployée dans le Golf de la Guinée), dont le but demeure d'appuyer des opérations militaires.
III.3.4.1. L’Opération Épervier (Février 1986- juillet 2014)
Le dispositif Épervier a été mis en place au Tchad en février 1986, à la demande de l’État tchadien et dans un contexte de conflit tchado-libyen. L'objectif était de garantir la protection des intérêts français et d'apporter un soutien logistique aux forces armées et de sécurité (FADS) tchadiennes. Selon les données disponibles sur le site du Ministère de la Défense, la force Épervier comptait, quelques mois avant l'annonce de sa fin, 950 militaires. Ils se répartissent notamment dans un groupement Terre (320 militaires et 80 véhicules), un groupement Air (150 militaires et une douzaine d’aéronefs stationnés sur la base de N’Djamena) et une base de soutien interarmées assurant le support opérationnel, technique et personnel des unités stationnées sur les différents sites.[313]
III.3.4.2. L’opération Boali (octobre 2002-décembre 2013)
Ancêtre de Sangaris, Boali a eu pour vocation de soutenir la mise en place de la première force multinationale africaine en Centrafrique, la FOMUC de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC). Le coup d'État contre le Président FRANÇOIS BOZIZÉ, en mars 2013, a toutefois impliqué un renforcement du détachement BOALI à Bangui. L'objectif était de protéger les ressortissants français en Centrafrique.
III.3.4.3. L’opération Licorne (septembre 2002- janvier 2015)
Se basant sur des accords de défense l'unissant à la Côte d'Ivoire, l’Hexagone déploie sa force Licorne en septembre 2002, alors que le pays est en proie à une guerre civile. Après une tentative de coup d’État, le pays est scindé en deux parties entre un nord occupé par les rebelles, et le sud toujours sous le contrôle des forces loyalistes.
L'opération Licorne poursuit pour objectif ultime, pendant les premières semaines, "la sécurisation des ressortissants français", nombreux dans ce pays. Devant l'escalade enregistrée toutefois, et à la demande de la communauté internationale, "l'engagement militaire français évolue en quelques semaines vers une force d’interposition entre les forces armées du gouvernement ivoirien et la rébellion.", se plaçant dans une position tampon, à en croire le Ministère de la Défense.
Les effectifs déployés évoluèrent également, en fonction des besoins. Ainsi, "en novembre 2004, au plus fort de la crise ivoirienne, la force Licorne comptait près de 5 000 hommes", rapporte le Ministère français de la Défense. Estimant que les objectifs qui ont présidé au lancement de l'opération Licorne ont été "atteints", la France a procédé, début 2015, au remplacement de son opération par une base avancée, sous l'appellation: Forces Françaises en Côte d'Ivoire (FFCI).[314]
III.3.4.4. L’opération Harmattan (mars 2011)
Ponctuelle et sous mandat onusien, l'opération Harmattan s'inscrit dans le cadre de l'insurrection libyenne de 2011 et poursuivait pour objectif soi-disant d'arrêter "le massacre" de populations civiles par le régime de Kadhafi. Pourtant, toute l’humanité est aujourd’hui unanime que le guide libyen, MOHAMMAD KADHAFI considéré par les panafricanistes de « héros » a été attaqué pour le simple fait de son dévouement pour l’Afrique, l’histoire ne se prêtant pas au trucage.
Harmattan avait mobilisé un dispositif aérien, opérant depuis des bases aériennes avancées (Grèce, Italie) ou en métropole, dans l’Hexagone avec le déploiement "en moyenne d'une quinzaine d’aéronefs par jour". Un dispositif aéromaritime a également été mis en place avec la Task Force 473 (Force d'action navale). L'opération française s'achève fin mars pour se poursuivre sous la bannière de l'opération Unified Protector de l’OTAN, rassemblant le Royaume Uni, les États-Unis et le Canada, jusqu'au 31 octobre 2011, soit 11 jours après la mort du leader libyen le 20 octobre.[315]
III.3.4.5. L’opération Serval (janvier 2013-juillet 2014)
Déployée à la demande de Bamako, l'opération Serval a été justifiée par l'aggravation du conflit inter-malien, en 2012. Dans ce cadre, elle se proposait, notamment, pour objectifs d'aider les forces armées Maliennes à arrêter la progression, depuis le Nord du pays, des groupes armés et d'assurer la sécurité des populations civiles. Pour neutraliser les rebelles alliés à l'époque à des groupes extrémistes, l'armée française mobilisa ses forces spéciales (Commandement des opérations spéciales) pré-positionnées au Sahel, auprès de l'armée de terre, de l'air et la Marine nationale.
Après la fin des combats (avril de la même année), l'effectif de l'opération Serval qui a atteint jusqu'à 4.000 hommes a été réduit progressivement à la baisse, la Mission onusienne, devenue MINUSMA, prenant le relais. En août 2014, l'opération Serval prenait fin pour intégrer Barkhane, qui a également assimilé l'Opération Épervier.[316]
III.3.4.6. L’opération Sangaris (Décembre 2013-2016)
Déployée en décembre 2013, l'opération Sangaris s'inscrit dans un contexte d'une grave crise intercommunautaire qui a secoué la Centrafrique. Décidée par le Président FRANÇOIS HOLLANDE après autorisation onusienne, Sangaris prend le relais de l'opération Boali. Selon une résolution onusienne, le champ de son action est d'appuyer la MISCA, Mission onusienne dans l'exécution de son mandat.[317]
Cette définition implique que Sangaris participe à la protection des civils, du rétablissement de la sécurité et l'ordre public, de la stabilisation du pays et la restauration de l'autorité de l’État sur l’ensemble du territoire, ainsi que la création des conditions propices à la fourniture d’une aide humanitaire aux populations qui en ont besoin, selon le texte de la même résolution. Évalué à 900 soldats, l'effectif de cette opération a atteint, au pic de la crise, jusqu'à 2.500 hommes. Il dût être réduit en 2016, selon le Ministère de la Défense, à environ 300 soldats, soit l'effectif moyen de l'opération Boali, ce qui coïnciderait avec la fin de Sangaris.
III.3.4.7. L’opération Barkhane (2014-2015)
Lancée le 1er août 2014, Barkhane prend le relais des opérations Serval et Épervier, déployée respectivement au Mali et au Tchad. À ce titre, Barkhane accède à une dimension régionale inédite, justifiée par l'intérêt stratégique de la zone de couverture (Sahel) et des menaces y afférents, en premier lieu le terrorisme. L'approche stratégique de l'opération Barkhane, qui couvre 5 pays (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) est "fondée sur une logique de partenariat" entre ces derniers.
Près
de 3.500 militaires, composent l'essentiel de l'effectif humain de cette force
chargée de traquer les groupes terroristes présents dans le Sahel. Ces
militaires sont déployés sur 5 bases avancées temporaires, trois points d'appui
permanents et autres implantations, notamment à Ouagadougou et Atar
(Mauritanie) selon le Ministère de la Défense française.
À cela s'ajoutent une vingtaine d’hélicoptères, 200 véhicules de logistique,
200 blindés, 6 avions de chasse, 3 drones et une dizaine d’avions de transport,
selon des informations disponibles sur le site du Ministère de la Défense.[318]
III.3.5. Le bilan mitigé de cette guerre le terrorisme
Selon le directeur de recherche à l'IRIS, interviewé par Atlantico le 28 décembre 2019, donc au moins 20 ans après les attentats à New-York, la guerre au terrorisme a été un échec, créant même plus de terroristes qu'elle n'en a éliminés. Il déclare par exemple qu'Al-Qaïda n'a pas disparu, malgré la mort de Ben Laden, et que de nouveaux groupes terroristes sont apparus: Boko Haram, DAESH, AQMI, AQPA, Al Nosra, etc. Il affirme par ailleurs qu'il existe des études montrant qu'il n'y a quasiment aucun cas où le terrorisme ait été vaincu par des méthodes uniquement militaires ».[319]
Pour ALIA AL JIBOURY, du site irenees.net, il semble que la guerre au terrorisme ne peut aboutir, pour la simple raison que les terroristes ne peuvent affronter directement les armées américaines, trop puissantes, et sont donc contraintes à des modes d'intervention asymétriques. De plus, selon elle, cette guerre au terrorisme va même accroître le désir de revanche de certains « groupes victimes » et étendre ce type de moyen d'action à des acteurs pour le moment non concernés. Pour elle, l'exemple le plus probant de l'échec de la guerre au terrorisme est la guerre américaine en Irak, déclenchée notamment pour les liens supposés entre Irak et terrorisme. Le résultat de cette guerre est, selon elle, que l'Irak « qui avait été préservée de l’implantation de groupes islamistes trans-étatiques de type mafieux est aujourd’hui le terrain mondial de prédilection des actes de violences terroristes ».
L'universitaire GILLES ANDREANI estime que dans un premier temps, la guerre au terrorisme a été un succès, avec un affaiblissement indiscutable d'Al-Qaïda notamment grâce l'intervention américaine en Afghanistan. Néanmoins, le succès de la guerre au terrorisme est selon lui « incertain et coûteux », et difficile à mesurer dans la mesure où certaines actions, comme la guerre en Irak, ne sont pas forcément à classer dans la lutte contre le terrorisme : certains observateurs « en doutent et estiment même qu’elles ont pu contribuer à aggraver le problème ».
De plus, le fait que, par exemple, il n'y a pas eu de nouveaux attentats comme ceux du 11 septembre, n'est pas forcément imputable à la lutte directe contre les terroristes, mais peut-être une conséquence des mesures préventives prises dans le transport aérien. Par ailleurs, il estime malaisé d'établir un rapport entre la guerre d’Irak de 2003 ou bien la poursuite de la guerre en Afghanistan après l'exil d'Oussama Ben Laden et ses complices et « les résultats somme toute positifs obtenus au niveau global dans la répression du terrorisme ». Il affirme de plus que ces résultats, par exemple des attentats déjoués grâce aux renseignements obtenus sous la torture, ne sont pas analysables car les documents, à supposer qu'ils existent, ne sont pas publiés.[320]
À ce titre, quelques statistiques peuvent nous aider à comprendre combien cette guerre est plus meurtrière et qu’il nous revient de prendre des précautions et mesures idoines. Selon les statistiques recueillies par le Centre national du contre-terrorisme des États-Unis (NCTC), il y a eu 14 506 attentats terroristes dans le monde pour la seule année 2017. Le nombre de décès causés par des attaques terroristes en 2015 était de 25 765 dont 33 citoyens américains et en 2018 de 33 508 morts dont 19 américains (Ces chiffres ne prennent pas en compte les pertes militaires) Ces chiffres semblent parfaitement s’accorder à ceux fournis par l’OTAN et ce dernier ajoute le nombre de personnes enlevées, chiffres qui s’élèvent à 2 059 pour l’intervalle allant de 2015 à 2018. [321]
III.4. Condamnation du terrorisme dans le monde musulman
De nombreux colloques se sont tenus en Égypte, en Arabie saoudite, en Turquie, en Iran et ailleurs, qui condamnent les attentats suicides, l'agression physique des personnes civiles et les attentats du 11 septembre 2001 aux USA, du 11 mars et du 7 juillet à Riyad. Les intellectuels, hommes politiques et religieux du monde arabo-musulman et 57 États ont élaboré et cosigné une Convention arabe pour la lutte contre le terrorisme « Conformément aux hauts principes moraux et religieux, notamment les règles de la Charia islamique ainsi qu'au patrimoine humanitaire de la nation arabe qui réprouve toute forme de violence et de terrorisme ».
La notion de martyre est aussi ancienne que la naissance de l'islam. [322]. Cependant, les attentats suicides sont apparus et ont pénétré dans le monde musulman le siècle dernier et sont sévèrement condamnés par les autorités de l'islam. Des bases islamiques sur lesquelles s'appuient les oulémas (les savants musulmans, trop versés dans l’étude coranique et des Hadiths) sont principalement :
«L'interdiction de tuer des innocents (femmes, enfants, vieillards, personnes non hostiles, prêtres, fous ou infirmes, ne prenant pas part au combat). (Cor. II, La vache : 190-191) : « Le chaos (fitna) est pire que la guerre. Tant qu'eux ne vous combattront pas dans l'enceinte sacrée, ne leur livrez pas la guerre. Si eux vous déclarent la guerre alors tuez-les. Voilà la fin des infidèles ».[323]
III.4.1. Perceptions musulmanes du terrorisme
Entre 2001 et 2002, Gallup a réalisé des dizaines de milliers d'entrevues individuelles avec des résidents de plus de 35 pays majoritairement musulmans. Il a été constaté que plus de 90 % des participants ont condamné le meurtre de non-combattants selon des principes humanitaires ou religieux.[324] John Esposito, en utilisant des données de sondage de Gallup, a écrit en 2008 que les musulmans et les Américains étaient également susceptibles de rejeter la violence contre les civils. Il a également constaté que les musulmans qui soutiennent la violence contre les civils ne sont pas plus religieux que ceux qui ne la soutiennent pas. [325]
Dans l’histoire, encore de nos jours, les dirigeants musulmans ont toujours considéré les versets coraniques relatifs au jihad comme un moyen au service de leurs ambitions. Tous y ont eu recours, y compris, en dépit de l’interdit, contre d’autres musulmans. Des deux côtés, les partisans d’Ali comme ceux de Muawiyah, les califes abbassides comme les Fatimides ou les sultans ottomans et, plus tard, lors du soulèvement contre la France en Algérie ou la résistance contre les Soviétiques en Afghanistan.[326]
Les juristes, créant la « charia, » la loi dérivée du Coran, inventèrent la division du monde en deux parties pour exporter la violence sacrée du jihad hors des terres musulmanes. D’un côté, il y avait le « Dar el Islam, » la maison de la paix, où comme dans une société civilisée on devait agir de la meilleure manière à l’endroit des autres. D’un autre côté le « Dar el Harb, » la maison de la guerre, principalement les territoires chrétiens, où un bon musulman pouvait se livrer sans retenue au jihad, massacrer, piller et réduire à l’esclavage les prisonniers.[327]
D’où les raids lancés à partir de l’Espagne sous domination musulmane contre le reste de l’Europe, ou la piraterie des Barbaresques contre nos bateaux, jusqu’au début du XIXème siècle en Méditerranée et au large de l’Érythrée. Les dirigeants furent cependant vite confrontés aux effets pervers du jihad. D’une part il troublait les flux commerciaux entre l’Orient et l’Occident, d’autre part il pouvait se retourner contre le pouvoir jugé injuste ou déviant des règles de l’islam. On a vu autrefois le cas avec les Kharijites, les Qarmates, plus tard les Almoravides, puis les Almohades en Espagne.[328]
Aussi, pour encadrer le jihad, les souverains et les juristes (les oulémas) fixèrent des règles. Principalement ils se déclarèrent seuls compétents pour décider de son lancement. Les chiites duodécimains décrétèrent même le jihad illicite jusqu’au retour de « l’Imam caché »[329]. Rien n’y fit car, qui se soumet à un émir, se préoccupe bien peu des décisions d’un pouvoir dont il refuse l’autorité. Oussama Ben Laden, le Jihad islamique égyptien ou le GIA algérien, s’inscrivent dans cette logique, instrumentalisant le jihad à leur profit en rejetant l’autorité de l’État, pire, en attaquant celui-ci.
III.4.2. Un arsenal juridique contraignant et répressif
Contrairement à ce qui se passe avec les américains quand il s’agit de traiter durement les terroristes capturés, l’Afrique n’est pas aussi forte que ç’en a l’air en ce domaine. Pour les américains, le camp militaire de Guantánamo, situé sur l’île de Cuba, a été transformé en centre de détention pour étrangers présumés terroristes. À la suite, ce lieu de détention est devenu un des points les plus critiqués de la « guerre contre le terrorisme ».
Ainsi les notions de « combattants ennemis irréguliers » et leur incarcération à Guantánamo est contraire au droit international public et est inconnue du droit fédéral américain. L'ONG Amnesty International a critiqué à de nombreuses reprises la détention hors de tout cadre juridique, national ou international, d’individus capturés par les forces armées américaines, que ce soit à Guantánamo ou dans d’autres « sites noirs » (black sites) situés hors du territoire américain.[330]
Outre ces prisonniers qui vivent dans ce que le philosophe italien Giorgio Agamben a appelé un « état d'exception permanent », l’association critique l’emprisonnement de « détenus fantômes » ainsi que les pratiques de « restitution extraordinaire » (extraordinary renditions), qualifiées par Le Monde diplomatique de « délocalisation de la torture ».[331]
Les États africains devraient mettre en place un cadre juridique capable de dissuader tous les malfrats et scélérats qui pullulent les jungles et broussailles aux alentours des sites miniers. Ces instruments juridiques doivent faire, disons-le abstraction en cas de crime établis et contourner ce que les ONG appellent « Droits de l’Homme » et ratifier les cadres internationaux existants, ceux des Nations-Unies et de l’Union africaine.
Ces États devraient, s’ils le veulent faire ce qui suit :
· Obligation aux parties contractantes qui en assurent la détention d’extrader les auteurs de l’infraction ou de soumettre l’affaire à leurs autorités compétentes pour l’exercice de l’action pénale;
· Obligation aux parties contractantes de s’accorder l’entraide judiciaire la plus large possible dans toute procédure pénale engagée au titre de la Convention.
III.4.2.1. Quelques instruments juridiques en vigueur
De ces instruments, on a les différentes conventions que sont notamment :
· La Convention de 1971 pour la répression d’actes illicites dirigés contre la sécurité de l’aviation civile ;
· Le Protocole de 1988 pour la répression des actes illicites de violence dans les aéroports servant à l’aviation civile internationale, complémentaire à la Convention pour la répression d’actes illicites dirigés contre la sécurité de l’aviation civile ;
· La Convention de 2010 sur la répression des actes illicites dirigés contre l’aviation civile internationale ;
· Le Protocole additionnel de 2010 à la Convention pour la répression de la capture illicite d’aéronefs ;
· Protocole de 2014 portant amendement de la Convention relative aux infractions et à certains autres actes survenant à bord des aéronefs ;
· La Convention de 1973 sur la prévention et la répression des infractions contre les personnes jouissant d’une protection internationale ;
· La Convention internationale de 1979 contre la prise d’otages ;
· La Convention de 1980 sur la protection physique des matières nucléaires ;
· L’Amendement de 2005 à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires ;
· La Convention de 1988 pour la répression d’actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime ;
· Le Protocole de 2005 à la Convention pour la répression d’actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime ;
· Le Protocole de 1988 à la Convention pour la répression d’actes illicites contre la sécurité des plateformes fixes situées sur le plateau continental ;
· Le Protocole de 2005 relatif au Protocole pour la répression d’actes illicites contre la sécurité des plateformes fixes situées sur le plateau continental ;
· La Convention internationale de 1997 pour la répression des attentats terroristes à l’explosif ;
· La Convention internationale de 1999 pour la répression du financement du terrorisme ;
· La Convention internationale de 2005 pour la répression des actes de terrorisme nucléaire ;
· Convention interaméricaine contre le terrorisme (2002);
· Convention de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est sur la lutte contre le terrorisme (2007);
· Directive portant sur la lutte contre la cybercriminalité de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (2009).
III.4.3. Le terrorisme, quelle perspective pour l’Afrique ?
Depuis le début du XXIe siècle, l'Afrique est massivement concernée par le terrorisme islamiste. En 2015, c'était le continent le plus touché, que ce soit en nombre d'attentats ou en nombre de victimes, principalement au Nigeria, du fait de Boko Haram. Et, de 2014 à 2015, le Nigeria était le deuxième pays le plus touché au monde par ces attentats et en nombre de morts après l'Irak. L'Afrique subsaharienne possède en outre le sinistre record du plus grand nombre moyen de morts par actes terroriste 6,7 millions morts et Boko Haram, qui opère au Cameroun, au Tchad et au Nigeria, est le groupe terroriste le plus meurtrier de la planète en 2014.[332]
L'Afrique est en effet traversée par un arc de crise terroriste djihadiste qui court d'Ouest en Est, le long de la marge sud du Sahara, de la Mauritanie jusqu'à la corne de l'Afrique. Les mouvements djihadistes ont acquis sur le continent une importance qui a entraîné l'implication internationale, notamment celle de la France (au Mali notamment avec l'opération Serval puis Barkhane) et des États-Unis (opération Enduring Freedom - Trans Sahara). Ces interventions visent à soutenir des gouvernements amis mais aussi à affaiblir des foyers terroristes susceptibles d'intervenir internationalement, et qui entretiennent la « mondialisation criminelle », notamment celle du trafic de drogue.[333]
Les principaux groupes concernés sont AQMI (opérant en Mauritanie, Mali, Nigeria, Tunisie et Libye), AQPA (Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique), les Shabaab du mouvement AL-SHABAAB (opérant en Somalie et au Kenya), BOKO HARAM (opérant au Cameroun, au Tchad et au Nigeria), ANSAR DINE (opérant au Mali), le MUJAO (opérant au Mali, en Algérie et au Niger, qui fusionne avec LES SIGNATAIRES PAR LE SANG pour former AL-MOURABITOUNE en 2013), Al-Mourabitoune (opérant au Mali, au Niger, en Libye, en Algérie), JUND AL-KHILAFAH (opérant en Kabylie), WILAYAT SINAÏ (opérant en Égypte et dans la péninsule du Sinaï).
Après avoir passé en revue tous les contours et analysé toutes les velléités susceptibles de pousser au terrorisme, nous remarquons avec beaucoup de regret que le continent africain en général et la région du lac Tchad en particulier est encore loin de se libérer de se filet qui l’enveloppe, du danger qui le guette comme l’épée de Damoclès. Le terrorisme a pris des proportions faramineuses que même les États occidentaux dits développés ou mieux équipés peinent à protéger leurs citoyens.
Les États-Unis, réputés grande puissance du monde avec des services de renseignements les mieux adaptés aux impératifs que leur imposent leurs ennemis (CIA et FBI) se sont vus attaqués par Oussama Ben Laden ; si l’État Hébreux qui a un service de renseignement le plus efficace au monde, le Maussade et l’armée la plus patriotique, le Tsahal se lamente nuit et jour contre les attaques du Hamas et celles de son ennemi le plus immédiat, le Hezbollah du redoutable Hassan Nasrallah, on se pose bien la question de savoir comment l’Afrique pourra bien s’en sortir quand bien même ses partenaires volent à son secours.
Sans être pessimistes, nous voudrions au terme de cette étude proposer aux amis du livre une kyrielle de solutions si bien qu’on n’a pas de moyen et surtout la volonté pour les appliquer, mais toujours est-il que la bonne volonté pourra seule aider notre cher continent. Le phénomène, sans pour autant être une fatalité, peut être résorbé car, à en croire les experts en la matière, il s’agit d’un défi qui s’ajoute parmi tant d’autres, le mal ne venant jamais seul, dit un vieux dicton.
III.4.4. Suggestions et principes à suivre pour vaincre le terrorisme
· Ne se ressourcer qu'auprès des savants de religion ;
· L’exhortation à la bienfaisance et à la piété ;
· L'ouverture du dialogue et le recours à des comités de conseil ;
· La bonne interprétation des textes religieux ;
· Porter intérêt à la sécurité intellectuelle :
· La compréhension de la religion à la lumière des pieux prédécesseurs ;
· Valoriser les nobles finalités de la Charia ;
· La modération et le rejet de l’extrémisme et le rigorisme ;
· Faire de la tolérance, une valeur cardinale dans nos sociétés ;
· Les savants de religion doivent éclairer et guider les jeunes ;
· Éviter comme la peste toute forme d’injustice sociale et éventuelle confiscation du pouvoir par une minorité ;
· Vaincre à tout prix la pauvreté ;
· Censurer les médias et un mettre en place un système de contrôle de l’internet et une législation y afférente ;
· Donner aux jeunes des vrais projets d’avenir qui peuvent captiver leur attention ;
· Revaloriser l’agriculture et tous les secteurs producteurs pouvant donner de l’emploi aux jeunes ;
· Veiller à la mise en place du cantonnement à la fois juridique et territorial de l’armée ;
· Doter des centres urbains de cameras de vidéos surveillances et ne recruter dans l’armées et les forces de la police que des gens ayant un minimum d’instruction ;
· Faire du cours de Civisme ou d’Éducation Civique et Politique encore appelé Éducation à la Citoyenneté une discipline de base avec une grande pondération à l’instar de la Russie ou de l’État hébreu ;
· Avoir un appareil judiciaire juste, équitable et indépendant où les juges travailleront aux seuls soucis et intérêts de peuples ;
· Inscrire en infraction de haute trahison, toute tentative de dérive dictatoriale et de confiscation du pouvoir par une poignée de personnes qui tenterait de prendre le peuple en otage. Il n’existe pas de sur citoyen…

Conclusion
Ce troisième et dernier chapitre portant sur le « terrorisme islamiste : conséquences et mesures de répression », a porté outre la toute petite introduction sur la présentation du cadre géographique de la région du lac Tchad, dudit bassin, du Sahel ; les conséquences et en fin sur les mesures de répression de ces sanguinaires surarmés.
En effet, les dégâts collatéraux que posent ces islamistes de Boko Haram sont ressentis dans tout le continent en général mais en particulier, la région du lac Tchad reconnue comme l’épicentre du mouvement et la zone sahélienne qui en reçoit le plus souvent tous les contrefaits. Cette région du lac Tchad englobant les quatre pays riverains à savoir le Cameroun, le Tchad, le Nigeria et le Niger, présente une superficie de 2 380 000 km2 avec une population avoisinant les 40 millions de personnes est parmi les plus troublées au monde.
Le Sahel par contre couvrant une étendue de 3 000 000 km2, est la zone la plus pauvre au monde avec un climat aride dont les variations saisonnières et interannuelles engendrent des conséquences dramatiques pour la population. De plus, les pays sahéliens ont peu de ressources naturelles, l’agriculture est en ruine et l’industrie inexistante. Le narcotrafic et le terrorisme viennent exacerber la situation.
Parmi les conséquences du terrorisme qui ont été répertoriées, on peut énumérer entre autres :
· Les conséquences économiques ;
· Les conséquences psycho-sociales ;
· Les conséquences sécuritaires ;
· Les conséquences humanitaires.
· Les conséquences sanitaires
La lutte contre le terrorisme en Afrique est une bataille qui est loin d’être gagnée et qui exige d’énormes moyens à la fois financiers, humains, techniques et logistiques. Quelques instruments juridiques nationaux et internationaux existent mais ces experts en la tuerie imposant une guerre asymétrique ne cessent de narguer les autorités des gouvernements engagés dans cette entreprise. Seule la conjugaison des efforts de tous les partenaires peut mener à bon port ce navire chahuté par les flots du temps.

CONCLUSION GÉNÉRALE
Conclure une œuvre scientifique comme le mémoire de licence ne signifie pas épuiser tous les contours liés au thème abordé. En notre entendement, la conclusion voudrait exprimer tout simplement un arrêt momentané de la question traitée surtout quand il s’agit d’un sujet brûlant comme celui de la boite de pandore appelée « Terrorisme ». Les terroristes dans leur empire du mal, comme qui dirait, l’administration de la sauvagerie, mijotent des actions de grande envergure pour surprendre ceux qui sont distraits ou qui semblent ne pas s’intéresser de leur présence.
Menacés d’un côté par le terrorisme d’inspiration islamiste, obligés de l’autre à côtoyer des populations de culture musulmane, les habitants de la région du lac Tchad sont confrontés à un dilemme : Comment se protéger du premier, tout en entretenant des relations équilibrées avec les secondes ? À gauche comme à droite, des voix montent répondant : « Vous ne pouvez pas. La guerre des civilisations a commencé. C’est l’islam en son entier, tous les musulmans coalisés qui sont entrés en guerre contre vous ».[334]
A la lumière des propos qu’ils tiennent qui, dans l’ensemble ont pour source le Coran, comme l’indique ce passage :
« Combattez ceux qui ne croient pas en Dieu, ni au jour dernier et ne s’interdisent pas ce que Dieu et son envoyé ont prohibé. Combattez également ceux parmi les gens du Livre, qui ne professent pas la religion de la vérité, à moins qu’ils ne versent la capitation directement et en toute humilité ».[335]
Notre étude ayant porté sur le «Terrorisme Islamiste dans la région du lac Tchad et ses conséquences de 2002 à 2019 », une question fortement marrante et très rarement ou alors jamais traitée dans nos milieux, il était un défi et un pari dur, la documentation faisant défaut. Le Terrorisme, cette guerre asymétrique est très mal appréhendé par les intellectuels et, d’aucuns ne savent se situer quand il s’agit de répondre à la question de ce qu’est réellement le « Terrorisme ».
Ainsi, ce grand thème étrange qui fait couler beaucoup d’encres et de salives, le terrorisme est compris comme étant « l'emploi de la terreur à des fins politiques, religieuses ou idéologiques ». Une constante du terrorisme est l'usage indiscriminé de la violence meurtrière à l'égard de civils dans le but de promouvoir un groupe, une cause ou un individu, ou encore de pratiquer l'extorsion à large échelle (mafias, cartels de la drogue, etc.).[336]
Le mot « terrorisme », attesté pour la première fois en novembre 1794, désignait alors la « doctrine des partisans de la Terreur », de ceux qui, quelque temps auparavant, avaient exercé le pouvoir en menant une lutte intense et violente contre les contre-révolutionnaires. Il s'agit alors d'un mode d'exercice du pouvoir, et non d'un moyen d'action contre lui. Le mot a évolué au cours du XIXe siècle pour désigner non plus une action de l'État mais une action contre lui.[337]
À en croire François Bayrou (2015), le terrorisme au sens moderne naît avec les médias modernes. Celui-là, sous sa forme moderne, se répand au Moyen-Orient, avec l'assassinat du shah Nasir al-Dîn en 1896, dont la responsabilité morale est souvent attribuée, à tort ou à raison, à Djemâl ad-Dîn al-Afghâni. Le philosophe Philippe-Joseph Salazar fait remonter le concept de terrorisme au jus terrendi, notion qu'on trouve chez le juriste romain Pomponius et dans les Digestes de l'empereur romain d'Orient Justinien. Le jus terrendi est à ce stade le droit d'inspirer au criminel une « terreur salutaire », afin de le maintenir dans le respect de la loi.
Boko Haram, un mouvement insurrectionnel et terroriste d'idéologie salafiste djihadiste, originaire du nord-est du Nigeria ( Maiduguri) et ayant pour objectif d'instaurer un califat et d'appliquer la charia est formé en 2002 à par le prédicateur Mohamed Yusuf. Le groupe est à l'origine une secte qui prône un islam radical et rigoriste, hostile à toute influence occidentale. En 2009, Boko Haram lance une insurrection armée dans laquelle Mohamed Yusuf succombe. En 2010, Abubakar Shekau, comparable au Léviathan, prend la tête du mouvement qui devient un groupe armé et se rapproche des thèses djihadistes d'Al-Qaïda, puis de l'État islamique dont il est une des province aujourd’hui.
Le mouvement est à l'origine de nombreux massacres, attentats et enlèvements ou rapts à l'encontre de populations civiles de toutes confessions, au Nigeria mais aussi au Cameroun, au Niger et au Tchad. Il est responsable de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et est classé comme organisation terroriste par le Conseil de sécurité des Nations unies le 22 mai 2014.[338]
Le mouvement fondé par le prédicateur Mohamed Yusuf est aujourd’hui dirigé par l’énigmatique, le redoutable Abubakar Shekau, encore appelé « Darul Tawhid », alias « Abacha Abdullahi Geidam », puis « Damasack », né entre 1965 et 1975 dans le village de Shekau, dans l'État de Yobe, au Nigéria. Il est un djihadiste et un terroriste nigérian. En 2009, après la mort de Mohamed Yusuf, il prend la tête du Groupe sunnite pour la prédication et le djihad, dit « Boko Haram », puis il prête allégeance à l'État islamique en 2015.
Le mot Boko désigne un alphabet latin, créé par les autorités coloniales pour transcrire la langue orale haoussa, et désigne par extension l'école laïque. Le mot Haram signifiant « interdit » ou « illicite » en arabe et dans le monde musulman. Ce nom aurait été attribué par la population locale et les médias, marqués par le discours de son chef rejetant l'éducation « occidentale ». Ce rejet s'accompagne d'une lecture littérale du Coran, qui fait par exemple dire à Mohamed Yusuf que la Terre est plate, ou que l'eau de pluie ne résulte pas de l'évaporation, puisqu'elle est une création d'Allah. De ce fait, il est régulièrement dénoncé pour son idéologie obscurantiste.[339]
Le mouvement sévit dans la région du lac Tchad semant panique et désolation dans les quatre pays riverains à savoir : le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Nigeria. Ce qui a poussé ses États à créer un cadre de coopération militaire, la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) en vue de mieux lutter contre leur ennemi commun, Boko Haram.
La CBLT a vu le jour le 22 mai 1964, lorsque les chefs d’État des pays riverains du lac sus cités décidèrent par la Convention de Fort-Lamy (aujourd'hui N'Djamena), de mettre en place une structure permanente de concertation appelée « Commission du bassin du lac Tchad ». En 1999, un cinquième membre se joignit à la Commission, la République centrafricaine.
Toujours dans le cadre de la lutte contre Boko Haram et autres groupes terroristes, il a été mis sur pied une autre structure, Le G5 Sahel en sigle « G5S » qui est un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité, créées lors d'un sommet du 15 au 17 février 2014[] par cinq États du Sahel : Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad[]. Il s’est doté d’une convention []signée le 19 décembre 2014.
L’instabilité de la zone sahélienne est prise au sérieux par la communauté internationale. La force sahélienne est appuyée par l’opération française Barkhane, présente depuis 2014, avec 4000 hommes, qui contiennent et tentent de réduire l’expansion des djihadistes. Outre cet appui militaire, il y a des détachements américains au Niger, avec des drones, et un bataillon allemand qui forme l’armée malienne, mais aussi des programmes d’appui technique et de formations importants, financés par l’Union européenne pour les armées locales et les services de sécurité. Et puis il y a la force des Nations Unies, la MINUSMA, avec à peu-près 13 000 hommes.
Nous pensons que ces quelques lignes de suggestions et recommandations constitueront et serviront de clé de voûte pour l’éradication complète de Boko Haram qui nous a servi de thème d’étude et d’autres groupes terroristes qui sévissent dans la région du lac Tchad en particulier et en Afrique en général si jamais les décidèrent les prenaient au sérieux. Allusion ici faite aux mouvements terroristes tels que : Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Ensar Edine, les Shebbab, et plus particulièrement les ADF-NALU à l’Est de la République Démocratique du Congo.

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TABLE DES MATIÈRES
6.Critique des sources ou état de la question6
8.Division ou structuration du travail9
CONSIDERATIONS GENERALES SUR LE TERRORISME0
I.2. Tentatives de définitions0
I.2.2. Selon les Nations-Unies3
I.3.1. Terrorisme et résistance4
I.4. Les Causes sous-jacentes du terrorisme6
I.5. Les différents types de terrorisme7
I.5.6. Le terrorisme révolutionnaire2
I.5.7. Le terrorisme nationaliste2
I.5.9. Le terrorisme primordial2
I.5.10. Le terrorisme international2
1.5.11. L'utilisation des aéronefs civils comme projectiles3
I.5.14. Le Terrorisme religieux5
I.5.14.1. Le Terrorisme Chrétien5
I.5.14.2. Le Terrorisme palestinien6
I.5.14.3. Le Terrorisme Islamiste6
I.6. Des concepts : Islamiste, Islamique et Djihadiste7
I.6.2. Lapsus révélateur du refoulé islamique28
I.6.5. Le Terrorisme maritime et la piraterie d’aujourd’hui0
I.6.5.1. Le terrorisme maritime en Asie du Sud-Est0
I.6.5.2. L’Armée de Libération du Béloutchistan0
I.6.5.3. Le terrorisme maritime dans le golfe de Guinée0
I.7.5.4. Al-Qaïda et le terrorisme stratégique1
I.7. Le Terrorisme et L’islam1
I.7.1. Un courant entre religieux et politique2
I.7.2. Tentatives de légitimation théologique du terrorisme3
I.7.3. Méthodes du terrorisme ou Modes opératoires. 4
I.7.3.1. Les Attentats-suicides5
I.7.3.2. Attentat à voiture piégée5
I.7.3.3. Attentat à la voiture-bélier39
I.7.3.6. La Ceinture explosive1
I.8.3. Terrorisme et philosophie58
LE GROUPE TERRORISTE BOKO HARAM50
(ETAT ISLAMIQUE EN AFFRIQUE DE L’OUEST DEPUIS 2015)50
II.2. Le portrait d’Abou bakr Shekau1
II.2.1. Début des hostilités de au Nigeria1
II.2.2. Allégeance à l'État islamique1
II.2.3. Destitution de l’Etat Islamique2
II.2.4. Idéologie et mode opératoire2
II.4. Insurrection de Boko Haram6
II.4.1. Conflit armé de 2009 et mort du premier leader Mohamed Yusuf6
II.4.2. Poursuite des attaques6
II.4.3. Intensification du conflit à partir de 20137
II.4.4. Conquêtes de Boko Haram dans l'État de Borno en 20147
II.4.5. Intervention militaire tchadienne au Nigeria en 201558
II.4.6. Incursions de Boko Haram au Cameroun59
II.5. Commandement et Effectifs60
II.5.3. Sources de Financement2
II.6. Exactions, massacres, attentats et enlèvements3
II.6.1. Au Nigeria et ses environs3
II.6.2.1. Scission de l'État islamique en Afrique de l'Ouest en 20167
II.6.2.2. Remontée en puissance de l'État islamique à partir de l'été à 20187
II.6.2.3. Purges au sein de l’EI en Afrique de l'Ouest en 2018 et 201968
II.6.3. Désignation comme organisation terroriste69
II.7. Liens avec d’autres groupes armés ou terroristes69
II.7.1. Avec l’Etat Islamique (DAESH)75
II.7.1.1. Création et Idéologie75
II.7.1.2. Le portrait d’Abou Bakr al-Baghdadi, chef de Daesh. 6
II.7.1.3. La stratégie de l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL)7
II.7.1.4. Le Programme de l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL)78
II.7.1.5. Structure de l'État Islamique en Irak et au Levant (EIIL)79
II.7.1.6. La Monnaie de l'État Islamique en Irak et au Levant (EIIL)79
II.7.1.7. Des Ressources de l’EIIL80
II.7.2. Avec le groupe djihadiste Ansar Dine ou Ansar Eddine80
II.7.2.2. Drapeau et Idéologie80
II.7.2.3. Organisation et commandement81
II.7.3. Avec les Forces Démocratiques Alliées (ADF-NALU)82
II.7.2.3. Arrestation de Jamil Mukulu en 201583
II.7.2.4. Liens avec l'État islamique83
LE TERRORISME ISLAMISTE: CONSEQUENCES5
III.2. Les régions du Lac Tchad et du Sahel5
III.2.1. La région du Lac Tchad6
III.2.1.1. Dans le bassin du Lac Tchad6
III.2.1.3. Controverses et Perspectives pour le lac Tchad. 7
III.2.1.4. Commission du bassin du lac Tchad7
III.2.2.1. Bref aperçu sur le Sahel88
III.2.2.2. Le terrorisme dans le sahel88
III.2.2.4. Le G5 Sahel et les pays de la sous-région89
III.2.2.5. Une menace multiple89
III.2.3. Conséquences du Terrorisme en Afrique90
III.2.3.1. Les conséquences économiques90
III.2.3.1.1. Impact du terrorisme sur l’économie en Afrique91
III.2.3.2. Les conséquences psycho-sociales95
III.2.3.3. Les conséquences sécuritaires96
III.2.3.3.1. Les répercussions du conflit libyen. 7
III.2.4.3.2. La politique financée par le narcotrafic98
III.2.3.4. Des conséquences humanitaires et sanitaires99
III.3. La lutte contre le terrorisme islamiste dans la région du lac Tchad103
III.3.1. Les pays de la région (les membres de la CBLT) 105
III.3.1.1. Changement de stratégie7
III.3.1.3. L’engagement du Conseil de Sécurité7
III.3.2. L’Union Africaine et la lutte contre le terrorisme09
III.3.3. Le G5 Sahel et la guerre contre le terrorisme11
III.3.3.1. Force militaire conjointe12
III.3.3.2. Le défi financier13
III.3.3.3. Le Sahel, un enjeu international13
III.3.3.4. Les moyens militaires13
III.3.3.5. L'Algérie, absente du G5 Sahel14
III.3.3.6. Le commandement opérationnel de la force conjointe15
III.3.3.6.1. Opérations militaires15
III.3.4. Les opérations militaires françaises en Afrique16
III.3.4.1. L’Opération Epervier (Février 1986- juillet 2014)16
III.3.4.2. L’opération Boali (octobre 2002-décembre 2013)16
III.3.4.3. L’opération Licorne (septembre 2002- janvier 2015)17
III.3.4.4. L’opération Harmattan (mars 20117
III.3.4.5. L’opération Serval (janvier 2013-juillet 2014)7
III.3.4.6. L’opération Sangaris18
III.3.4.7. L’opération Barkhane18
III.3.5. Le bilan mitigé de cette guerre asymétrique19
III.4. Condamnation du terrorisme dans le monde musulman20
III.4.1. Perceptions musulmanes du terrorisme20
III.4.2. Un arsenal juridique contraignant et répressif22
III.4.3. Le terrorisme, quelle perspective pour l’Afrique ?24
III.4.4. Suggestions et principes à suivre pour vaincre le terrorisme5
TABLE DES MATIÈRES…………………………………………………….135
[1] LEON KOUNGOU, Boko Haram : parti pour durer, Paris, Le Harmattan, février 2016, p 56
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[9] MUKOKA N’ENDA, Op. Cit. p 34
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[14] PAUL CADROY : Op. Cit, p 33
[15] TANGUY STRUYE : in Le terrorisme dans le spectre de la violence politique, Les Cahiers du RMES, juillet 2004. p 12
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[18] Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre du 12 août 1949, p 7
[19] ANTHONY BRICELL : Texte et état des conventions des Nations Unies sur le terrorisme, Pentagone, Washington DC, 2019, pp 56-57
[20] ANTHONY BRICELL : Idem, p 33
[21] HUYGHE FADAY: Message et terreur, acteurs et vecteurs, PUF, Paris, 1999, p 22
[22] VLADIMIR FEDOROVSKI : De Raspoutine à Poutine, les hommes de l'ombre, Tempus, 2007, p. 84.
[23] PHILIPPE-JOSEPH SALAZAR : Le communiqué du Califat a une dimension cachée, in Philosophie Magazine, no 95, 3 décembre 2015, pp. 50-51 [lire en ligne], consulté le 19 novembre 2019)
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[26] GERARD CHALIAND : Op. Cit. p 11
[27] PAUL CADROY : Op. Cit., p 13
[28] L'adjectif « islamique » s'applique à ce qui est relatif à l'islam, alors qu'« islamiste » se rapporte à l'islamisme, « un courant de l'islam faisant de la charia la source unique du droit et du fonctionnement de la société dans l'objectif d'instaurer un État musulman régi par les religieux. » – Dictionnaire Larousse en ligne. Consulté le 017 novembre 2019
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[35] JULES ISAAC : Histoire Deuxième année Tome II, Hachette, Paris, 1971, pp 35-37
[36] HURLER ARNOLD : Pour un terrorisme défensif, ciblé et polyvalent, [archive]Revue française de criminologie et de droit pénal, vol.6, p.36, avril 2016
[37] HURLER ARNOLD : Op. Cit, p 51
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[41] LABANA LASAYE., Théories des relations internationales, notes de cours de G2 RI, UNILU, 1998-1999. Inédit
[42] HURLER ARNOLD : Op.cit., p 69-72
[43] LABANA, LASAYE., 1998-1999. Cours déjà cité
[44] KADIMA, KAYUMBA., Les nouvelles stratégies des terrorismes face à la politique américaine de lutte contre le terrorisme, Mémoire en RI, UNILU, FSSAP, 2008, p-p.21-22
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[46] CASTEX RAOUL & COUTAU-BEGARIE, « Généralités sur la stratégie, la mission des forces maritimes, la conduite des opérations » In Economoca, Paris, 1996, p 12
[47] LABANA, LASAYE., Op. Cit. p 56
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[49] KABUYA, NLANDU. : L'impact du terrorisme intellectuel dans les relations interétatique, cas de la Lybie, TFC en RI, UNILU, FSSAP, 1999, p.16
[51] PATRICE. GREET : Géologie du terrorisme contemporain, début n°126, sept.- oct. 2003, p.158.
[52] SEVIER. JULIET : Le Terrorisme un mal profond, PUF, paris, 1992, P.7
[53] Voir Isabel Kershner, “Cyberattack exposes 20,000 Israeli credit card numbers and details about users”, New York Times, 6 janvier 2012, et “2 Israeli web sites crippled as cyberwar escalates”, New York Times, 16 janvier 2012.
[54] Anonyme : Estonie, le déplacement d'un mémorial provoque une émeute sur Wiki news, Lire en ligne], consulté le 22 octobre 2019
[55] KRICHEN, ARIST : « L’espion français qui nargue la CIA », In Jeune Afrique, n°1862 du 17 /09/1996, p.15
[56] PATRICE. G, « Géologie du terrorisme contemporain » début n°126, (septembre- octobre 2003), p.158.
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[62] Anonyme : L'adjectif « islamique » s'applique à ce qui est relatif à l'islam, alors qu'« islamiste » se rapporte à l'islamisme, « un courant de l'islam faisant de la charia la source unique du droit et du fonctionnement de la société dans l'objectif d'instaurer un État musulman régi par les religieux. » – Dictionnaire Larousse en ligne
[63] OLIVIER ROY : Les islamologues ont-ils inventé l'islamisme? , Esprit (1940-), no 277 (8/9), 1er janvier 2001, p. 116–138 (lire en ligne [archive], consulté le 07 novembre 2019
[64] MARIE YAYA DOUMBE BRUNET, Crime contre l'humanité et terrorisme, thèse de doctorat de l'université de Poitiers, 2014. (Lire en ligne), consulté le 28 novembre 2019
[65] RICHARD PRASQUIER : Oui, l’islamisme radical et le nazisme sont deux idéologies comparables, Le Monde, 18 octobre 2012, p. 24
[66] Anonyme : Islamique", "islamiste" : la fâcheuse confusion de François Fillon », L'Obs, 2016 (lire en ligne [archive], consulté le 8 mai 2017).
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[73] Le Coran, (Sourate II, verset 193)
[74] Coran, (Sourate IX, verset 29)
[75] Anonyme : Comment désigner l’État islamique, article sur lemonde.fr, daté du 30 juin 2015. (Lire en ligne), consulté le 27 novembre 2019
[76] ANTOINE JARDIN, « Non, il n’y a pas 28 % des musulmans qui sont “radicalisés” en France » [archive], sur lemonde.fr, 29 septembre 2016 (consulté le 29 novembre 2019).
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[78] Coran : Sourates An-Nisa (4 :74-75)
[79] Le Coran/Sourate 9 : “Le repentir (At-Tawbah) - Wikilivres ” [archive], sur wikilivres.ca (consulté le 8 novembre 2019).
[80] NAVID KERMANI, DYNAMIT DES GEISTES : Martyrium, Islam und Nihilismus (Taschenbuch) Göttingen, Wallstein, 2002. P 154
[81] NAVID KERMANI, DYNAMIT DES GEISTES : Idem
[82] ABOU BAKR NAJI : Administration de la sauvagerie, Paris, Hatier, 2007, p 65
[83] MIKE DAVIS : Petite histoire de la voiture piégée, Zones/La découverte Paris, 2007 (traduit de l'américain par Marc Saint-Upéry)
[84] FREDERIC NEYRAT, « Avatars du mobile explosif. À propos de Petite Histoire de la voiture piégée de Mike Davis », in La Revue internationale des livres et des idées, no 1, sept.-oct. 2007
[85] GERARD CHALIAND ET ARNAUD BLIN : Histoire du terrorisme. De l'Antiquité à Al Quaida, Bayard, Paris, 2006, p 23-22
[87]Anonyme : C'est ainsi que dans L'Histoire du terrorisme dirigée par Gérard Chaliand et Arnaud Blin, la contribution d'Ariel Merari porte sur le « terrorisme comme stratégie d'insurrection. »
[88] MIKE DAVIS, Op. Cit., pp.24-25.
[89] GERARD CHALIAND ET ARNAUD BLIN : Le Terrorisme dans la guerre, de la Seconde Guerre mondiale aux guerres de libération nationale », Lapou, Svoie, 2012, p.254.
[90] THOMAS LIABOT : Comment l'État islamique fait la guerre, le 13 janvier 2016, p 9-10 (Lire en ligne) consulté le 27 novembre 2019
[91] ARIEL MERARI, « du terrorisme comme stratégie d'insurrection », in Histoire du terrorisme, Bayard, Paris, 2006, p.41.
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[93] MAXIME DELAND, « Deux militaires happés par un chauffard: Le suspect a dit «agir au nom d'Allah» », TVA Nouvelles, 20 octobre 2014 (lire en ligne )
[94] WILLY LE DEVIN, « Le véhicule-bélier, arme de destruction massive » Op. Cit
[95] « Anonyme : « Attaques à la voiture-bélier : les précédents » [archive], lest-eclair.fr, 15 juillet 2016 (consulté le 17 novembre 2019)
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[98] Anonyme : Couple de policiers tués dans les Yvelines : "il n'y a pas de loup solitaire dans l'histoire des attentats djihadistes" [archive], Europe 1, 14 juin 2016.
[99] Anonyme : Attentats ; les gilets explosifs, cette inquiétante première menace en France, Le Canard Enchainée du 20 mars 2017, consulté le 22 novembre 2019
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[103]BERNARD MILLOT : La bataille aéronavale de Leyte, La reconquête des Philippines 1944-1945, Pahiko, Larivière, 1996, (ISBN 2-907051-06-7), p. 37
[104] NORBERT WIENER : Points out that to provide scientific information is not necessarily an innocent act, par Norbert Wieber, dans Instead of violence; Writings of the great advocates of peace and nonviolence throuout history. Boston;
[105] Anonyme : Le Japon ; Des Samouraïs à Fukushima, Fayard, coll. « Pluriel », 294 p. (ISBN 978-2-8185-0136-8),
[106] CHRISTIAN KESSLER : « Kamikazés : pour l’empereur, contre l’Amérique ! »,In L’Histoire, no 299, juin 2005, p. 74 à 80, (ISSN 0182-2411)
[107] CHRISTIAN KESSLER : Les Kamikazé japonais dans la guerre du Pacifique (1944-1945), éditions Economica, 2018, p173.
[108] Anonyme ; Étude américaine du 20 avril 1945 sur les attaques-suicides japonaises, dans le USAFPOA n°14
[109] Philippe-Joseph Salazar, Paroles armées : comprendre et combattre la propagande terroriste, Lemieux Éditeur, 2016, p 89 (ISBN 9782259248976).
[110] Voir, par exemple, Pacte international relatif aux droits civils et politiques [résolution 2200 A (XXI) de l’Assemblée générale, annexe], art. 19, par. 2
[111] Informations tirées du site :www.clingendael.nl/publications/2008/20080500_cscp_report_vries.pdf.
[112] Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, “Droits de l’homme, terrorisme et lutte antiterroriste”, Fiche d’information n° 32 (Genève, 2008), chap. III, sect. H.
[113] Sources: jugement du 4 mai 2012 du tribunal de grande instance de Paris, et Tung, Liam, “Jihadists get world-class cryptage kit” (29 janvier 2008), disponible à l’adresse: www.zdnet.com.au/jihadists-get-world-class-cryptagekit-339285480.htm.
[114] Jugement du 4 mai 2012, affaire n° 0926639036 du tribunal de grande instance de Paris (14e chambre/2), Paris.
[115] ANTHONY BRICELL : Op. Cit, p 33
[116] PAUL CADROY : Op. Cit, p 10
[117] CHARLOTTE BOZONNET, « Au Nigeria, « Boko Haram élimine des villages entiers suspectés d'avoir collaboré avec le pouvoir » : Interview de Marc-Antoine Pérouse de Montclos », Le Monde, 18 mars 2014 (ISSN 0395-2037, lire en ligne)
[118] LAURENT LAGNEAU, Les branches de l’État islamique au Nigeria et au Sahel ont, a priori, resserré leurs liens, Zone militaire Opex360.com, 4 juillet 2019
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[120] LEON KOUNGOU, Boko Haram : le Cameroun à l'épreuve des menaces, Paris, L'Harmattan, 2014, 186 p.
[121] BARNAOUI : le djihadisme de père en fils [archive], AFP, 25 août 2016
[122] ELODIE APARD, Les mots de Boko Haram (2/2) : stratégie médiatique, provocations et outrance verbale dans les messages d’Abubakar Shekau [archive], Le Monde, 29 avril 2016
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[126] LEON KOUNGOU, Boko Haram : le Cameroun à l'épreuve des menaces, Paris, Le Harmattan, 2014, 186 p.
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[128] MOUSSA YOUSSOUF MAIGA, Causeries philosophiques avec le terrorisme : Al-Quaïda, Aqmi, Boko Haram : roman, Édilivre, 2012, 94 p. (ISBN 9782332493415)
[129] LEON KOUNGOU, Boko Haram : le Cameroun à l'épreuve des menaces, Paris, L'Harmattan, 2014, 186 p.
[130] AHMED APAKENA DIEME, Projet d'article sur le conflit entre Boko Haram et autorités fédérales et locales du Nigeria. De la secte au mouvement politique (Seminar Paper), GRIN Verlag, 2011, 28 p. (ISBN 9783656077671)
[131] AHMED APAKENA DIEME, Op. Cit. p 32
[132] MOUSSA YOUSSOUF MAIGA, Causeries philosophiques avec le terrorisme : Al-Quaïda, Aqmi, Boko Haram : roman, Édilivre, 2012, 94 p. (ISBN 9782332493415)
[133] MOUSSA YOUSSOUF MAIGA, Causeries philosophiques avec le terrorisme : Al-Quaïda, Aqmi, Boko Haram : roman, Édilivre, 2012, 94 p
[134] Anonyme : (Documentaire) Boko Haram, les origines du mal, réalisé par Xavier Muntz, 2016. Vidéo sur ARTEplus7
[135] AHMED APAKENA DIEME, Op. Cit. 2011, 28 p. (ISBN 9783656077671)
[136]Anonyme : « La secte islamiste Boko Haram revendique l'attentat contre l'ONU au Nigeria », Le Monde, 26 août 2011 (lire en ligne
[138] Anonyme : Le Nigeria entame des négociations indirectes avec la secte Boko Haram », Le Monde, 26 août 2011 (lire en ligne)
[139] Anonyme : Nigeria, Boko Haram multiplie les attentats », Jeune Afrique, 21 juin 2011
[140]Anonyme : sur L'Express, 2 août 2009
[141] ELODIE APARD, Les mots de Boko Haram (2/2) : stratégie médiatique, provocations et outrance verbale dans les messages d’Abubakar Shekau, Le Monde, 29 avril 2016.
[142] Anonyme : Nigéria, le prix Nobel Wole Soyinka défie l’obscurantisme du terrorisme islamiste, observatoirepharos.com, 7 octobre 2015
[143] MATHILDE DAMGE, Comment le Nigeria est devenu la « première économie » d'Afrique, Le Monde, 7 avril 2014.
[144]Anonyme : Les prêches de Mohammed Yusuf sur le « djihad obligatoire », Le Monde, 29 avril 2016
[145] MATTEO P, État islamique au Nigéria: les djihadistes ont "tiré les leçons de l'expérience irako-syrienne", France Soir, 13 juin 2019
[146] Anonyme : Les mots de Boko Haram (1/2) : les prêches de Mohammed Yusuf sur le « djihad obligatoire », Le Monde, 29 avril 2016
[147]Anonyme : La CEEAC se mobilise contre Boko Haram, afriqueactualite.com, 17 février 2015
[148] Anonyme ; Le Nigeria compte ses morts après la bataille », sur L'Express, 2 août 2009
[149] ELODIE APARD, Les mots de Boko Haram (2/2) : stratégie médiatique, provocations et outrance verbale dans les messages d’Abubakar Shekau, Le Monde, 29 avril 2016.
[150] Anonyme : Nigéria : le prix Nobel Wole Soyinka défie l’obscurantisme du terrorisme islamiste, observatoirepharos.com, 7 octobre 2015
[151] MATHILDE DAMGE, Comment le Nigeria est devenu la « première économie » d'Afrique,
Le Monde, 7 avril 2014.
[153] MATTEO PUXTON, Etat islamique au Nigéria: les djihadistes ont "tiré les leçons de l'expérience irako-syrienne", France Soir, 13 juin 2019
[154] Anonyme : Les mots de Boko Haram (1/2) : les prêches de Mohammed Yusuf sur le « djihad obligatoire », Le Monde, 29 avril 2016
[155] Anonyme : Les mots de Boko Haram (1/2) : les prêches de Mohammed Yusuf sur le « djihad obligatoire », Le Monde, déjà cité
[156]Anonyme : La CEEAC se mobilise contre Boko Haram, afriqueactualite.com, 17 février 2015
[157] AHMED APAKENA DIEME, Op. Cit., 28 p. (ISBN 9783656077671)
[159] AHMED APAKENA DIEME, Op. Cit. déjà cité p 25
[161]Anonyme : Après avoir déjoué un projet d'attentat contre une base militaire des environs de Sydney. Cinq hommes soupçonnés de liens avec le groupe sont arrêtés. Shebab somaliens placés sur la liste des organisations terroristes [archive] Nouvel Obs, 21
[162]Anonyme : Fouettées pour un soutien-gorge » [archive], sur http://www.radio-canada.ca [archive], Radio-Canada, 16 octobre 2009 (consulté le 6 novembre 2019)
[163]Anonyme : Al-Qaïda en Somalie, du Mythe à la réalité [archive] CF2R, 17 juin 2009
[165] HUFFINGTON : Le chef de Boko Haram proclame un "califat islamique" au nord-est du Nigeria Post avec AFP
[166] EUGENIE BASTIE, Boko Haram n'est plus une secte, mais un groupe insurrectionnel islamiste », Le Figaro, 12 janvier 2015 (ISSN 0182-5852, lire en ligne).
[167] ELODIE APARD, Les mots de Boko Haram (2/2) : stratégie médiatique, provocations et outrance verbale dans les messages d’Abubakar Shekau, Le Monde, 29 avril 2016.
[168] Anonyme :Nigeria,"Boko Haram, une combinaison monstrueuse d'Al-Qaïda et de l'État islamique" MYTF1News
[169] LEON KOUNGOU, Boko Haram : le Cameroun à l'épreuve des menaces, Paris, L'Harmattan, 2014, 186
[170] Anonyme : Boko Haram, parti pour durer, Paris, In L'Harmattan, février 2016.
[171]Anonyme : Boko Haram, les origines du mal, réalisé par Xavier Muntz, 2016. Vidéo sur ARTEplus7 [archive]
[172] Incapable de stopper Boko Haram, l'armée nigériane sous le feu des critiques : In Jeune Afrique [archive]
[173] Anonyme : Le déroulement de l'affrontement entre forces de l'ordre et "Talibans" [archive], Jeune Afrique, 29 juillet 2009.
[174] Le Figaro : «Boko Haram n'est plus une secte, mais un groupe insurrectionnel islamiste» [archive]
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[176] JEAN-PHILIPPE REMY, Boko Haram : les monstres de Maiduguri In Le Monde, 23 juin 2014.
[177] JONATHAN ISHAKU, Boko Haram: How Religious Intolerance Threatens Nigeria, Courier Communications, 2009, 243 p. (ISBN 9789789060788)
[178] Anonyme : Liste de 600 étrangers ayant rejoint la branche irakienne d’Al-Qaïda, par le centre d’étude antiterroriste de l’académie militaire de West Point » [archive] [PDF], 15 novembre 2007
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[204] Anonyme :Revenir plus haut en : a b et c Ariane Nicolas, Armes, espions, commandement... Quelle est la puissance de feu de l'État islamique ? [archive], Francetv info, 29 septembre 2015.
[205]Informations recueillies du site : https://www.courrierinternational.com/article/2014/06/13/le-groupe-terroriste-eiil-est-millionnaire [archive]
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[227] MAHAMADOU IBRAHIM, Idem, p 26
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[294] Commission de l’Union Africaine, Idem
[295] Informations recueillies du site : www.mfat.govt.nz. Consulté le 20 décembre 2019
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[297] MATTEO PUXTON, article Cité.
[298] Informations recueillies du site : www.lacrox.com, consulté le 14 novembre 2019
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[304] Le Figaro : Boko Haram : la mobilisation médiatique est-elle efficace ou contre-productive, In Le Figaro
[305] Le Monde : La zone des « trois frontières », point brûlant de la guerre au Sahel, le Monde Afrique du 29/11/2019.
[306] Vidéographie ; Comprendre la menace de Boko Haram en 5 minutes, le monde.fr, 27 janvier 2015.
[307] Informations recueillies du site : www.radiookapi.net
[308] Anonyme : Boko Haram, les origines du mal, réalisé par Xavier Muntz, 2016. Vidéo sur ARTEplus7
[309] CHUKWUDI OPARAKU, Implication of Boko Haram Activities for National Security in Nigeria, Lambert Academic Publishing, 2012, 76 p. (ISBN 9783659286728)
[310] LAURENT LARCHER, La multiplication des actions de Boko Haram inquiète les chrétiens du Nord Cameroun, La Croix, 6 août 2015
[311] CHARLOTTE BOZONNET, Au Nigeria, « Boko Haram élimine des villages entiers » : Interview de Marc-Antoine Pérouse de Montclos », Le Monde, 18 mars 2019 (ISSN 0395-2037, lire en ligne)
[312] Anonyme : Qui proviendrait de book, '« livre » en anglais), bien que cette étymologie soit contestée- cf. (en)[1] 'Boko Haram' doesn't really mean 'Western education is a sin' Boko Haram gets lost in translation. Oh, and the word 'boko' isn't derived from the word 'book.'By Dan Murphy, Staff writer / May 6, 2019
[313] Anonyme : Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
[314] Informations recueillies du site : www.defensefrançaise.fr, Idem
[315] Documentaire, vidéographie ; comment on a tué cet homme impossible à Syrte, 12 mars 2015
[316] Informations recueillies du site : www.quaydorsay.fr, consulté le 02 décembre 2019
[317] Informations recueillies du site : www.defensefrançaise.fr, déjà cité
[318]Informations recueillies du site : www.defensefrançaise.fr, consulté le 02 décembre 2019
[319] TERRY JONES, Ma guerre contre « la guerre au terrorisme », Flammarion, 2006 (ISBN 2-0821-0562-8) pp 25-56
[320] COLOMBE CAMUS, La Guerre contre le terrorisme. Dérives sécuritaires et dilemme démocratique, préface de Pascal Boniface, avant-propos d’Amnesty International France, éd. du Félin, 2007, 151 p. (ISBN 978-2-8664-5660-3)
[321] FRANÇOIS-BERNARD HUYGHE, Quatrième guerre mondiale. Faire mourir et faire croire, Éditions du Rocher 2004. p 45
[322] JEAN MARTUS : Maroc, les oulémas veulent participer à la lutte contre le terrorisme, Paris, Plon, 2016, p 25[Lire en ligne].
[323] JEAN MARTUS : Idem, p 56
[324] MAHAMADOU NDIEV : Que disent les savants de l'islam sur le Terrorisme ?, Le Comité des Grands Savants d'Arabie saoudite, éditions Anas, 2004 (ISBN 9960-36-560-3). 128 pages, ouvrage entièrement consacré à la question, intro pages 1-5.
[325] MAHAMADOU NDIEV : Idem, p 52
[326] Informations recueillies du site : www.i24news.com
[327] IWEWE NKOY : Notes de Cours d’Histoire des Institutions islamiques et de l’Œcuménisme L1 HSS, ISP/MBKA, 2018, p 35
[328] LAMAIRE HUGES : Les Religions du Moyen-Orient, Harmattan, Paris, 1987, p 123-124
[329] IWEWE NKOY : Cours déjà cité p 47
[330] Rapport de l’ONG Amnistie International contre la torture intitulé : Guantanamo, Libération des trois derniers Ouïgours détenus , sur www.20minutes.fr (consulté le 9 décembre 2019)
[331] Informations recueillies du site : www.20minutes.fr consulté le 25 octobre 2019
[332] PIERRE VIGUIER, Sur les traces de René Caillié : le Mali de 1828 revisité, Editions Quae, 2008, p. 8
[333] ERIC MILET, Mali : Magie d'un fleuve aux confins du désert, Editions Olizane, 2007, p. 269.
[334] MAHAMADOU IMBER : Le Terrorisme et le Jihad, Lyon, NASDET, 2004, p 45
[335] Le Coran : Op. Cit, (Sourate IX, verset 29)
[336] PAUL CADROY : Op. Cit, p 26
[337] VLADIMIR FEDOROVSKI : Op. Cit, p. 85.
[338] LEON KOUNGOU, Boko Haram : Op. Cit. p 189
[339] MOUSSA YOUSSOUF MAIGA, Op. Cit. p 65