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Joseph Kasavubu est président de la République du Congo tandis que Patrice Lumumba occupe les postes de Premier ministre et ministre de la Défense. Très rapidement, les relations avec la Belgique se tendent. Quelques jours après l'indépendance, les soldats de la Force Publique, foyer de la ségrégation raciale, se mutinent suite à la provocation de son commandant en chef, le général belge Emile Janssens1.

Les mutins pillent les propriétés des Européens, s'en prennent aux officiers et aux civils européens. Le gouvernement belge envoie des troupes pour protéger ses ressortissants. La révolte militaire s'éteint après le limogeage de Janssens par Lumumba et la promotion immédiate de Congolais comme officiers de la Force Publique8. L'ami de Lumumba, Joseph Mobutu, est nommé chef d'État major avec le grade de colonel.2

Dans le même temps, le 11 juillet, Moise Tshombe, d’origine lunda, déclare l'indépendance de la riche province minière du Katanga (représentant 70 % des devises) sous le nom d'État du Katanga. La Belgique semble soutenir les sécessionnistes. Le 14 juillet, Kasavubu et Lumumba rompent leur relation diplomatique avec l'ancienne métropole, l'accusant d'être intervenue militairement sans la permission express du gouvernement congolais. À son tour, la province du Sud-Kasaï fait sécession sous l’égide d’Albert Kalonji. Lumumba s'adresse à l’ONU pour être aidé à reprendre le contrôle du Katanga ; si le secrétaire général des Nations Unies Dag Hammarskjöld envoie bien des casques bleus, il ne leur donne pas l'ordre d'attaquer les sécessionnistes du Katanga. Lumumba demande alors l’aide de l’URSS qui répond favorablement en lui envoyant notamment des techniciens, des avions et véhicules militaires3. Pour le président des États-Unis, Dwight Eisenhower, il est évident que Lumumba est un communiste. Craignant qu'un bastion communiste se créé au centre de l’Afrique, le président américain donne l'ordre à la CIA d'éliminer Lumumba mais la tentative d’empoisonnement échoue. Voyant que son premier ministre n'arrête pas de se faire des ennemis, le président Kasavubu le démet de ses fonctions. Soutenu par le parlement, Lumumba, à son tour, démet le président de ses fonctions.

Partagée entre les deux hommes, l'ONU vote finalement la confiance à Kasavubu. Celui-ci nomme Joseph Mobutu premier ministre pendant que Lumumba est placé en résidence surveillée à Kinshasa le 10 octobre 1960. Ce dernier s’enfuit et tente de rejoindre ses partisans à Stanleyville mais des soldats de Mobutu le capturent. Kasavubu et son nouveau premier ministre l'envoie par avion à son ennemi, Moise Tshombe, leader du Katanga indépendant. Le 17 juin 1961, il est exécuté par un peloton sous les yeux de ministres katangais et d'officiers belges4. La radio préfère annoncer que Lumumba a été victime de villageois.

Les premiers ministres se succèdent jusqu'à ce que Mobutu mène le 24 novembre 1965 un deuxième coup d’État militaire qui, cette fois, renverse le président Kasavubu.

Notes et références

1. ↑ Il écrit sur un tableau noir devant ses troupes « avant indépendance = après indépendance »
2. ↑ Isidore Ndaywel è Nziem, Théophile Obenga, Pierre Salmon, Histoire générale du Congo: de l'héritage ancien à la république démocratique, p.571
3. ↑ Frank R. Villafana, Cold War in the Congo: The Confrontation of Cuban Military Forces, 1960-1967, Transaction Publishers, 2012, p.24
4. ↑ Ludo de Witte, L'assassinat de Lumumba, Karthala éditions, 2000, p.253-258