L’archibishop Kutino Fernando, chef spirituel de l’Eglise « Armée de Victoire » condamné à 10 ans de Servitude pénale principale (SPP) par la Cour militaire de Kinshasa/Gombe en 2008 a été gracié hier par le chef de l’Etat Joseph Kabila. Kuthino Fernando était condamné dans une affaire de tentative d’assassinat du pasteur Ngalasi Kurisini de l’Eglise « La Louange ». La grâce présidentielle à l’endroit de Kuthino est un signal fort de la cohésion nationale.

Bonne nouvelle pour les fidèles de l’Eglise « Armée de Victoire ». Le chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange a gracié, hier dimanche 14 septembre, le pasteur Kutino Fernando. L’ordonnance présidentielle ad hoc, rendue publique au « 20heures » de la RTNC fait état de la « remise totale de la peine restant à purger dans le cadre de l’arrêt rendu en date du 2 octobre 2008 sous RPA 0310/6 par la Cour militaire de la Gombe. » Le pasteur Kuthino Fernando a été arrêté en mai 2006 et condamné deux ans plus tard, en octobre 2008, par la Cour militaire à 10 ans de servitude pénale principale dans une affaire de tentative d’assassinat sur le pasteur Ngalasi Kurisini de l’Eglise « La Louange ». Le chef spirituel de « Armée de Victoire » a donc passé 8 ans en prison avant de voir sa peine effacée. Aux yeux de l’opinion, la grâce présidentielle est un symbole fort sur le front de la cohésion nationale tant recherchée.



Longtemps attendue et même annoncée sur certains médias et réseaux sociaux, la libération de Kuthino ne venait toujours pas. Il n’avait guère bénéficié de la grâce présidentielle accordée à plusieurs prisonniers à travers le pays à la suite des Concertations nationales. Seuls les prisonniers poursuivis et condamnés pour des crimes de droit commun, et non de sang, avaient pu bénéficier de l’amnistie. Le chef spirituel de Armée de Victoire, lui, a été condamné pour détention d’armes et munitions de guerre et tentative de meurtre sur le pasteur Ngalasi de l’église « La Louange ». Ce qui l’exclut de la loi d’amnistie. Le pasteur Kuthino était longtemps resté hospitalisé au Centre hospitalier Nganda où il a été admis après un accident vasculaire cérébral il y a quelque temps. L’archibishop Kuthino Fernando, fraîchement rentré d’exil, avait été arrêté le 14 mai 2006 par la Police nationale congolaise (PNC) au siège de son Eglise, dans la commune de Kasa-Vubu, alors qu’il revenait du stade Tata Rapahaël (à Matonge) où il avait prêché devant ses fidèles, venus nombreux l’écouter.



Il avait été « accusé de détention illégale d’armes et de propos incitant à la haine », avait déclaré le gouverneur de la ville de Kinshasa de l’époque, Kimbembe Mazunga. Kuthino Fernando avait déclaré, entre autres, que le pays était vendu aux étrangers… Le 15 mai 2006, une marche avait été organisée à Kinshasa par les fidèles du pasteur Kutino Fernando ainsi que d’autres militants afin de protester contre son arrestation qualifiée d’« illégale ». Les manifestants, qui se dirigeaient vers le cabinet du vice-président de la République, Jean-Pierre Bemba Gombo, avaient été dispersés par la police. Mais tout ceci appartient bien au passé. Depuis hier soir, le pasteur est libre de tout mouvement, à la satisfaction générale de ses fidèles qui attendaient ce moment depuis 8 ans !



Didier Kebengo