A partir de la décennie 1990, la croissance économique Chinoise n’avait cessé de devenir exponentielle. L’arrivée au pouvoir du président chinois HU JINTAO a amplifié ces prouesses économiques. Mais, cette économie chinoise est très dépendante des importations extérieures, surtout en matière des ressources énergétiques et des matières premières. Voilà pourquoi la Chine a développé une politique étrangère expansionniste.
Plusieurs chercheurs estiment que la Chine n’a pas encore mis en place une politique étrangère claire. Au contraire, la Chine dispose déjà d’une politique étrangère qui se repose sur le soft power chinois, tinté de Smart power selon les circonstances. C’est ce qui faisait dire à MAGALI Robert que « la chine s’inscrit aussi dans le concept de smart-power, soit l’application de tous les moyens dont dispose un Etat (diplomatie coercitive, sanctions économiques, force brute, institutions internationales, négociation, dissuasion, …) pour atteindre sa "grande stratégie". Le smart-power combine, selon Joseph NYE, les attributs du soft et du hard power pour mener une stratégie gagnante dans les relations internationales » .
Grâce à cette diplomatie Chinoise presque exclusivement économique, la Chine a réussi à nouer des coopérations économiques fructueuses avec l’Asie du Sud - Est, l’Afrique et l’Amérique Latine.
Avec la crise économique de 2008 qui a fouetté le monde entier, l’économie Chinoise a réussi à en sortir indemne ! Et certains prospectivistes estiment que, d’ici 2040, la Chine sera capable d’arracher la première puissance économique mondiale aux Etats-Unis d’Amérique. Mais, la réalité économique actuelle a déjà précédé ses prédictions. Parce que la Chine a déjà récupéré actuellement la première puissance économique Mondiale.
Forte de cette conviction, nous avons l’intention d’évaluer cette politique étrangère chinoise en Afrique, plus Particulièrement en République Démocratique du Congo, en vue d’éviter qu’elle ne vienne achopper aux intérêts de nos partenaires traditionnels.
PROBLEMATIQUE DU TRAVAIL
La problématique est un ensemble des préoccupations d’un sujet donné de recherche en vue d’en proposer des solutions. « La problématique est objectivement entendue comme la présentation de deux situations d’étude, c’est-à-dire deux moments qui orientent l’étude, comme étant contradictoires et la définition du champ théorique de cette contradiction » .
En plus, « elle désigne l’ensemble des questions posées dans un domaine de la science en vue de rechercher des solutions qui s’imposent. Elle désigne encore un ensemble d’idées qui spécifient la position du problème suscité par le sujet d’étude » .
En fait, depuis la fin de la guerre froide, la Chine n’a cessé d’amorcer des réformes économiques et institutionnelles de son Etat. Elle avait alors réajusté sa politique étrangère afin d’accroitre sa croissance nationale. Dans ce réajustement, l’Afrique a occupé une place de prédilection à cause de ses fortes potentialités en matières premières dont la Chine a besoin pour ses diverses industries.
De ce qui précède, 3 questions orienteront notre étude, à savoir : Premièrement : Est-ce que la politique étrangère chinoise frise l’impérialisme en République Démocratique du Congo? Deuxièmement : La coopération bilatérale est-elle avantageuse entre la Chine et République Démocratique du Congo? Troisièmement : Que faire pour que la République Démocratique du Congo la satisfasse tous ses partenaires? Toutes ces interrogations trouveront leurs réponses sur les lignes qui suivront.
SECTION 2: PRESENTATION DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DUCONGO
2.1. Aperçu historique
« Le Congo fut découvert en 1487 par Diego Cao, un sujet portugais, lors de son troisième voyage dans le Royaume Kongo qui se rendait à l’époque sur le territoire du Bas-Congo (RDC), de l’Angola et du Congo-Brazzaville ».
Le souverain belge, le roi Léopold II, qui s’intéressait beaucoup à l’exploitation de l’Afrique Centrale, fit tout pour rencontrer Stanley, de son vrai nom John ROWLONS, devenu Sir Henry Morton (explorateur britannique). Ce dernier se mit au service du roi des belges de 1879 à 1885, année de la reconnaissance par la conférence internationale de Berlin du 05 novembre 1884 au 26 février 1885 de 1’Etat Indépendant du Congo, propriété privée de Léopold II jusqu’en 1908. Ensuite, l’actuelle République du Congo s’appela: Congo Belge.
2.1.1. De 1908 à 1960 : Congo-Belge, donc colonie belge
A cause de la mauvaise gestion du Roi, l’Etat Belge a été obligé de récupérer la colonie durant toute cette période. Mais bousculés par les événements, les colons Belges ont fini par accepter que le Congo devienne Indépendant. Le 30 juin 1960, le Congo accède à l’indépendance et à la souveraineté internationale après toutes les premières élections générales, libres et démocratiques.
2.1.2. De 1960 à 1964 : la République Démocratique du Congo
Le nouvel Etat est régi par la loi fondamentale du 19 mai 1960 qui était issue des résolutions de la table ronde de Bruxelles à laquelle avaient participé les représentants du peuple congolais.
Cette loi demeurait techniquement un acte législateur belge appelé à donner une base aux structures politiques du Congo en attendant que celui-ci élabore sa propre constitution. Comme on pouvait s’y attendre, le Congo a connu une situation d’instabilité politique et économique émaillée d’une crise de légitimité (mutinerie de la force publique, agression du pays par l’armée belge, sécession, révocation illégale de Patrice Emery Lumumba par Joseph KASA-VUBU et son assassinat le 17 janvier 1961).
2.1.3. De 1965 à 1971 : La République du Zaïre
En avril 1964, deuxièmes élections générales, libres et démocratiques. La nouvelle constitution appelée «constitution de Luluabourg », œuvre des congolais adoptée par un vote référendaire massif fut promulguée le 1er août 1964. Le pays était lancé sur les bons rails politiques et économiques, ce qui ne pouvait plaire naturellement à tous les ennemis du Congo, notamment les belges, les américains, les britanniques, etc. Tous les espoirs du peuple congolais furent brisés par le coup d’Etat militaire de Joseph MOBUTU le 24 novembre 1965.
Contre la volonté du peuple congolais, « Mobutu entièrement au service des intérêts étrangers exerça un pouvoir dictatorial, sanglant et sans partage jusqu’à ce qu’il soit chassé par Laurent Désiré KABILA le 17 mai 1997, soit pendant trente-deux ans de pillages systématiques des richesses du Congo par le échec au développement de la démocratie, à laquelle aspire le peuple congolais. En effet, ce dernier avait mis à profit les assises de la conférence nationale souveraine (CNS) tenue à Kinshasa du 07 août 1991 au 06 décembre 1992.
2.1.5. De 1997 à 2001 : République Démocratique du Congo
Le 17 mai 1997, l’Alliance des Forces Démocratiques de Libération du Congo (AFDL) avec Laurent Désiré KABILA, à la tête, arrivent à renverser le régime dictatorial de Mobutu, et ces dernières, composées des étrangers, essayent d’organiser le pouvoir, mais le 02 août 1998, les troupes Rwando-Ougando-Burundaises seront contrecarrées de leur vision de contrôler la République Démocratique du Congo, d’où il y aura une confrontation armée entre les forces étrangères et le pouvoir de Kinshasa, et cette vision extérieure sera soutenue par certains fils du pays au travers des mouvements politico-militaires en l’occurrence le Mouvement de Libération du Congo (MLC) et le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) du côté de l’Est du pays. Ainsi, on verra la République Démocratique du Congo évoluer dans une situation de crise armée jusqu’à l’assassinat de Laurent Désiré KABILA le 16 janvier 2001.
22.1.6. De 2001 à 2003
« Le 29 janvier 2001, le président Joseph KABILA KABANGE succède à son père Laurent Désiré KABILA et essaie d’organiser le pouvoir en amorçant le processus de paix par une diplomatie offensive au niveau interne qu’externe afin de parvenir à convaincre les puissances occidentales et les mouvements politico-militaires internes à déposer les armes et à se mettre autour d’une même table pour discuter de l’avenir de la République Démocratique du Congo » .
2.1.7. De 2003 à 2006
En juin 2003, le dialogue inter congolais de Sun City donne naissance à un nouveau système politique où l’on trouve une cohabitation au sommet de l’Etat avec le système « 1+4» qui va fonctionner jusqu’à la mise en place de nouvelles institutions élues démocratiquement en 2006.
Aujourd’hui, on est rentré au système classique avec un président de la République élu au suffrage universel direct, un premier ministre issu de la majorité parlementaire, un parlement composé de deux chambres (Assemblée nationale et Sénat) ainsi que le pouvoir judiciaire indépendant des autres pouvoirs pour un mandat de 5 ans.
2.2. Situation Géographique
La République Démocratique du Congo est un pays africain aux dimensions continentales et disposant des ressources du sol et du sous-sol incommensurables. « La RDC est le plus vaste pays en Afrique au sud du Sahara et le troisième du continent par sa taille » .
« Au centre de l’Afrique, à cheval sur l’équateur, elle bénéfice des conditions géographiques privilégiées qui jouent en sa faveur. Comprise entre 50°20’ de latitude de Nord et 130° de latitude de Sud, elle s’étend entre 12° 15’ et13°15’ de longitude Est » .
La RDC couvre une superficie de 2.345.410 km², environ 33 fois plus grand que le BENELUX (Belgique, Neerlande et Luxembourg), quatre fois plus grande que la France ou deux fois plus que le Québec. En Afrique, seule l’Algérie n’est étendue que la RDC.
Partageant neuf frontières avec ses voisins, le Congo-Kinshasa est limité à l’Ouest par le Congo-Brazzaville, au Nord par la République centrafricaine et le Soudan du Sud, à l’Est par l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie, au Sud par la Zambie et l’Angola.
«La disposition du relief accentue la situation continentale du pays dont les relations extérieures dépendent en partie des pays voisins. En réalité, la RDC est un pays semi-enclavé du fait qu’en plus de la faible densité de ses réseaux de communication, elle ne possède qu’une façade maritime, sur l’océan Atlantique des 37 km. En raison de sa superficie, de ses richesses et de son importante population, le Congo demeure l’un des géants de l’Afrique, avec l’Egypte, le Nigeria et l’Afrique du Sud. »
Par ailleurs, signalons aussi bien que la constitution de 2006 de la RDC prescrit un nouveau découpage du pays en 26 provinces, tout en offrant à la ville-province de Kinshasa le statut de province et de la capitale du pays.
Parmi les avantages à faire valoir de sa situation géographique, la RDC est le premier pays d’Afrique du point de vue de l’étendue de ses forêts dont la moitié du territoire National est occupée par la forêt équatoriale au nord et est la plus importante pour la préservation de l’environnement mondial. L’Est du pays est le domaine des montagnes, des collines, des grands lacs mais aussi des volcans. Le Sud et le Centre sont en savanes arborées fortement en un haut plateau des minerais divers.
La position de la RDC sur l’équateur a une influence essentielle sur les données climatiques et lui fait bénéficier du privilège d’appartenir à une zone intertropicale. Le climat général du pays est chaud et humide, mais cette situation varie selon les provinces, ainsi donc, le pays comprend trois types de climat: le climat tropical, le climat tempéré et le climat équatorial.
2.4. Situation socio-économique
La RDC, qui est l’un des pays parmi les plus vastes et les plus peuplés du continent Africain, n’a pour autant pas le niveau de vie qui devrait correspondre à ses immenses ressources naturelles (minerais, bois précieux, produits agricoles,...) et cela par le simple fait que son système socio-économique a longtemps été handicapé par une guerre civile larvée et un niveau de corruption le plus élevé de la planète.
Le classement 2005 de « Transparency International », sur l’indice de perception de la corruption, classait la RDC sixième sur 158 pays évalués. Après une période de relative dynamique économique, la RDC a subi une sévère dépression entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 2000, liée à une gestion marquée par la corruption, puis aux guerres civiles qui ont ravagé le pays.
En 2006, la RDC est l’un des dix pays les plus pauvres du monde, et les inégalités y sont très marquées. Une grande partie de la population vie en dessous du seuil de pauvreté fixé à deux dollars par jour avec une majorité des femmes et des hommes, qui n’ont aucun revenu, les disparités sont très fortes, avec un taux de chômage très élevé, des salaires et des prestations sociales dérisoires dans tout le pays.
« Le forum économique et mondial sur l’Afrique rapportait que l’économie congolaise est l’une des économies les moins compétitives d’Afrique » .Cette économie occupait en 2008, selon le rapport de la Banque mondiale sur le climat des affaires, la 178ème position, c’est-à-dire la dernière place sur la liste des pays du monde considérés d’après leurs capacités d’offrir de réelles facilités de faire des affaires.« L’histoire économique récente de la RDC est jalonnée de plusieurs tentatives d’assainissement et de redressement de l’économie bien que confrontée aux déséquilibres financiers, à la montée de l’endettement et à la stagnation de la production, mais malgré cela, les relations commerciales entre différentes régions du pays dans leur ensemble restent faibles encore jusqu’ aujourd’hui » .
La production minière, qui a commencé plus d’un siècle, a joué un rôle important dans la gestion économique. En effet, le sous-sol de la RDC est compté parmi les plus riches au monde au regard de la géologie et de la minéralogie. Etant donné cet avantage naturel, la défaillance de l’économie congolaise est généralement attribuée à la «malédiction des ressources naturelles».
La RDC possède des gisements contenant une cinquantaine de minerais, mais seulement une douzaine de ces minerais sont exploités. La Gécamines (Générale des Carrières et des Mines) était la principale entreprise minière du pays, elle jouait un rôle social et économique important pour beaucoup de PME (petites et moyennes entreprises) se trouvant dans sa périphérie. Mais aujourd’hui, la réalité n’est plus la même, la Gécamines a été déchue, la production minière industrielle s’est aussi effondrée avec elle ; plusieurs mesures de restriction et de libéralisation du secteur minier n’ont rien donné, d’autant plus qu’on assiste à l’exploitation des terres des paysans au profit de nouvelles concessions minières, à la fraude généralisée et aux contrats léonins.
CHAPITRE II : LA POLITIQUE ETRANGERE CHINOISE EN AFRIQUE
La politique étrangère chinoise en Afrique est presque exclusivement basée sur les matières premières et ressources énergétiques , c’est ce qui faisait dire VALERIE NIQUET que « pékin est de retour en Afrique , après un relatif retrait , l’efficacité d’une présence tous azimuts , le bas cout de ses services et produits , l’absence totale de conditionnalité dessinent un véritable modèle chinois sur le continent noir ; qui échange matières premières contre les biens de consommation : mais ce système largement prédateur suscite de plus en plus d’interrogations en Afrique même et pose la question de l’intégration réelle de la chine à la communauté des puissances mondiale » .
Cette stratégie africaine de la chine entre dans le cadre de la vision chinoise des pays en voie de développement , telle qu’elle est décrite par l’ association polonaise de presse : « le but principal des maoïstes est de faire acquérir à la Chine une position de grande puissance qui permettrait à pékin d’imposer ses propres solutions dans les relations internationales, d’obtenir le maximum d’influence dans diverses régions du monde et d’élargir le territoire de la République Populaire de Chine. Pour employer un langage imaginé, les dirigeants maoïstes traitent les pays en voie de développement comme fusée portante qui doit porter la chine sur l’orbite d’une superpuissance » .
Section 1 : INVESTISSEMENTS CHINOIS EN AFRIQUE
C’est depuis le début des années 2000 que la chine a développé une stratégie très agressive de prise d’intérêts et de marchés dans le domaine-clé de l’énergie, dans les minéraux, le marché des biens de consommation courante ainsi que le bâtiment et les travaux publics en Afrique . Ainsi, la chine dispose aujourd’hui de délégations commerciales dans plus de 49 pays africains. Voilà pourquoi, nous voulons illustrer certains investissements à travers quelques secteurs de la vie. Car la politique étrangère chinoise en Afrique est fondée sur les principes généraux de la coexistence pacifique : « la chine œuvre à établir et à développer un nouveau type de partenariat stratégique marqué par l’égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique, la coopération dans un esprit de gagnant-gagnant sur le plan économique » .
§.1 : SECTEUR DES INFRASTRUCTURES DE BASE
Parmi ces infrastructures de base, nous pouvons citer : la construction d’une usine de fabrication de télévision en noir et blanc en Afrique du Sud ( le groupe Hsense) ; La livraison des avions Xinzhou 60 , fabriqués à xian au Zimbabwe ; La construction de l’industrie pétrolière Soudanaise ; La construction des installations des opérations de prospection et de production du pétrole au mali ; La construction de stades, de bâtiments gouvernementaux, d’hôpitaux prestigieux, de résidences présidentielles dans presque tous les pays africains ; La construction de routes et ponts, de voies ferrées ou de grands ouvrages hydrauliques, sur des projets d’infrastructures financés par les organisations internationales ( banque mondiale, FMI, etc.) dans quasiment tous les pays africains ; La construction d’hôtels touristiques dans des zones mal stabilisées surtout en sierra Leone ; La construction des zones franches destinées à l’ industrie textile surtout à l’ile Maurice ; La construction de cimenteries dans plusieurs pays africains : Congo Brazza, RDC, etc; La construction d’un réseau de communication internet en RDC ; Un contrat d’équipement de 75 millions de dollars en coopération avec Ghana télécom au Ghana; La construction du siège de l’union africaine en Ethiopie (Addis-Abeba) ; La construction des industries liées à la pèche et l’aquaculture au Mozambique et en Mauritanie ; Le lancement du premier satellite Nigérian; etc.
La vision chinoise de l’Afrique de demain a été exprimée par le président XI JINPING lors du sommet historique de JOHANNESBURG du 06 décembre 2015, avec un grand nombre de ses homologues africains, sous la coordination de l’Union Africaine.
Durant ces assises du deuxième sommet du forum sur la coopération sino-africaine (FCSA), le président chinois avait annoncé « qu’il avait atteint, avec les dizaines de dirigeants africains participant au sommet, un accord unanime visant à améliorer la relation Chine-Afrique en un partenariat de coopération stratégique » .