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Alors que les classiques considèrent que les facultés d’intervention de l’Etat sont limitées, à la crise de 1930 une théorie alternative de John Maynard Keynes remet en cause la dichotomie classique et la loi de Jean Baptiste SAY. De cette théorie, furent envisagées en 1945, des politiques d’accroissement de l’offre, des mesures de lutte contre l’inflation par le contrôle de la masse monétaire et une affirmation du rôle de l’Etat en tant que responsable politique en lui attribuant le monopole de la gestion des politiques monétaires et budgétaires pour engager l’économie sur un sentier de croissance.


Ainsi, par son rôle régulateur, l’Etat peut, soit stimuler l’activité économique, soit la restreindre. En effet, l’un des principaux enjeux de la politique économique est de susciter la croissance, l’entretenir et l’accélérer. Le budget étant l’expression chiffrée d’une politique économique et sociale du gouvernement, doit de ces faits traduire son efficacité par la réalisation des dépenses compte tenu des recettes conçues.



Au sens défini par Richard Musgrave en 1989, la politique budgétaire implique le maniement des prélèvements fiscaux, des dépenses publiques, et constitue une modalité d’intervention des pouvoirs publics pour l’accomplissement des fonctions d’allocation des ressources, de stabilisation macroéconomique et de redistribution des revenus.



Pour ce faire, il faudrait que les attentes en recettes correspondent aux dépenses prévues pour éviter des impasses budgétaires. Au cas contraire, l’Etat se retrouverait dans l’incapacité de couvrir ses dépenses (déficit public). Ainsi, pour faire face au règlement des dépenses importantes échelonnées d’une manière régulière le long de l’année, l’Etat serait naturellement obligé à solliciter d’une part des emprunts extérieurs, d’autre part, des avances de trésorerie auprès de la Banque Centrale, option qui peut être à la base d’une instabilité monétaire (inflation endémique).



Cela étant, plusieurs secteurs déterminant la croissance économique seront en situation d’instabilité et reverront à la hausse leur niveau des prix suite au poids des coûts de production des biens et services ; d’où, un déséquilibre cumulatif entre l’offre et la demande globale en sera la conséquence.

Dans la réalité des faits, c’est depuis plusieurs décennies que l’économie de la République Démocratique du Congo s’est plongée dans un déclin prolongé de son PIB réel. Cela est dû, d’une part, aux chocs de la demande (politique budgétaire et monétaire expansionniste ou restrictive, programme de redressement, etc) et, d’autre part, à ceux de l’offre (pillage, transition politique chaotique, guerres civiles, etc).



Signalons de plus que ce déclin de l’activité économique, spécialement dans les secteurs formels, mena à une chute des recettes publiques à moins de 5% du PIB pendant que les dépenses liées à la guerre ont eu à augmenter sensiblement jusqu’à attendre près de 70% des recettes totales. Le déficit budgétaire fut hors de contrôle, et entièrement financé par l’expansion monétaire et l’accumulation d’arriérés intérieurs et extérieurs. Le rôle de la banque centrale n’en fut réduit qu’à l’impression de la monnaie pour le financement du déficit.



Notons à cet effet que jusqu’aux années récentes, de nombreux épisodes du déficit budgétaire, d’inflation, de la dépréciation… se produisent et amènent l’activité économique en déséquilibre. C’est ainsi que l’on s’interroge de savoir si le Congo retrouvera sa stabilité de 2005 par le fait qu’il détient un impressionnant record d’échecs. Par ailleurs, le seigneuriage constitue une source de problème pour la crédibilité : plus le seigneuriage est important, plus le degré de crédibilité est faible. Etant donné qu’il y a une relation positive entre le seigneuriage et le taux d’inflation, dans une économie où le seigneuriage est important, les agents privés ne croient pas à la réussite d’une politique de désinflation car le financement continuel du déficit budgétaire par le seigneuriage affaiblit la crédibilité des politiques monétaires mises en œuvre. Cette crédibilité peut se couvrir si le financement du déficit se tourne vers un secteur productif (investissement rentable) qui pourrait de nouveau stimuler l’activité économique dans le long terme.



Dans le cadre de l’approche monétariste, le seigneuriage est une notion développée par Cagan et Bailey. On peut dire qu’il s’agit d’une mesure agissante sur les encaisses réelles. Quand le taux d’inflation augmente, le taux d’intérêt nominal augmente aussi et les encaisses réelles monétaires diminuent. Dans un tel cas, les agents économiques vont augmenter leur demande de monnaie nominale pour conserver leur demande de monnaie réelle à son niveau initial. Ils vont donc thésauriser et consommer moins.





Cette situation fait que l’Etat crée sa propre monnaie dans le but de financer sa consommation au lieu de s’endetter. De ce point de vue, on peut même considérer le seigneuriage actif comme une taxe sur les encaisses réelles.



L’autre approche, celle du coût d’opportunité de la monnaie, a été développée par Phelps qui définit le seigneuriage comme le taux d’intérêt nominal multiplié par les balances monétaires réelles. Le revenu obtenu par le gouvernement est alors équivalent à la perte du taux d’intérêt du secteur privé. Les premiers travaux ont examiné le financement inflationniste du point de vue du coût du bien-être par rapport aux autres moyens alternatifs du financement du déficit public.



En trois chapitre, il sera question dans ce présent travail d’aborder la question théorique du seigneuriage dans tous ses aspects dans le premier chapitre, de parler clairement de la situation économique en République démocratique du Congo en rapport avec notre sujet au deuxième chapitre et enfin d’ analyser l’impact du seigneuriage sur le PIB et sur l’inflation en RDC à travers un modèle économétrique au chapitre trois.


ANALYSE THEORIQUE DU SEIGNEURIAGE ET DE L’INFLATION

L’efficacité d’une politique monétaire repose en grande partie sur la capacité de la banque centrale à influencer, voire « piloter », ces anticipations. En d’autres termes, elle repose sur la crédibilité de la politique monétaire, définie comme le degré de confiance des agents privés dans la détermination et la capacité de la banque centrale à suivre la politique monétaire et atteindre les objectifs qu’elle a annoncés.



En effet d’une part, autour et au delà de la ville coloniale connu sous le nom de Kalina (la Gombe) et d’autre part des communes historiques, l’essor économique qui a entraîné une augmentation notable de la population avec l’arrivée de migrants européens et des populations africaines en quête d’emploi et d’une vie meilleure a permis, avec la mise en œuvre du plan décennal des années 1949-1959, l’adoption des plans d’aménagement qui ont conduit à partir des années 1950 à l’apparition de nouvelles agglomérations ou des cités planifiées. Ces dernières ont vu le jour très progressivement pendant la prospérité économique de Léopoldville. La commune de Limete a emboité le pas aux nouvelles cités dont Kasavubu, NgiriNgiri et Kalamu. Elle s’implante dans les années 1952 comme prolongement du quartier de la gare et créée un troisième pôle industriel vers Kingabwa et le quartier industriel.



De plus, La conduite de la politique monétaire par le gouvernement ne devrait pas être un problème car en soi il recherche le bien-être de sa population. Cependant, il arrive qu’un gouvernement prenne des décisions qui aillent à l’encontre de l’intérêt du peuple à cause notamment des horizons très courts de ses actions qui vont au détriment du contrôle de l’inflation sur le long terme. Cela conduit à un conflit d’intérêts entre le contrôle d’inflation et l’action du gouvernement. Plus l’objectif de la Banque centrale est clair, plus son autonomie est renforcée. Il y a aussi le concept de « transparence » qui aide l’autorité monétaire à se mettre dans un cadre de responsabilité sociale et démocratique. C'est pour cette raison que la transparence est, sans doute, la condition nécessaire et suffisante au problème de crédibilité.

Comme nous l’avons dit précédemment, les pouvoirs publics ont plusieurs possibilités de rétablissement de l’équilibre macroéconomique. Ils peuvent d’une part, recourir aux emprunts extérieurs et, d’autre part, par émission monétaire (en créant la monnaie) dont le revenu réel en provenance de la création de cette monnaie est appelé seigneuriage. Se faisant client de la banque, l’Etat peut devenir un client dangereux si le recours au seigneuriage devient une pratique permanente ou régulière. Ce qui conduit à des situations d’instabilité monétaire.



Etant un phénomène purement monétaire dû à un taux de croissance élevé de la masse monétaire par suite d’un financement des déficits budgétaires, l’inflation conséquence du seigneuriage conduit à la dépréciation de la valeur réelle des recettes fiscales tout en maintenant la valeur réelle des dépenses publiques relativement inchangée.





Ce chapitre comporte quatre sections dont la première traite la question de l’inflation dans la théorie économique, la deuxième explique les contraintes et modes de financement budgétaire, les deux dernières expliquent le seigneuriage et ses conséquences.



De façon générale, les économistes ont toujours accordé une attention particulière à l’inflation à cause de ses conséquences néfastes au plan économique et social.



Les biens et services qui constituent la richesse des nations sont mesurés en termes monétaires et dans ce cas, il y a une symétrie entre la détention de la monnaie et celle des biens. Le problème de l’inflation est qu’elle altère ou détruit cette symétrie qui est la base de la stabilité économique.



La même quantité de monnaie détenue à deux périodes différentes, ne permet pas d’acquérir la même quantité de biens et services. Les fonctions d’unité de compte et de réserve de valeur de la monnaie sont brouillées. Il faut donc privilégier les politiques économiques qui maintiennent la stabilité du pouvoir d’achat de la monnaie. Pour ce faire, la connaissance des causes de l’inflation est indispensable. Dans la littérature économique, plusieurs théories existent, certaines se concurrençant et d’autres se complétant.


§1. L’approche keynésienne

Les keynésiens et les néokeynésiens soutiennent l’idée selon laquelle la monnaie peut être utilisée pour stimuler la production.

Dans ce même fil d’idées, ils disent qu’une offre plus élevée de la monnaie en situation de sous-emploi peut relancer l’économie à travers la demande. Cette situation peut être cause d’inflation mais permet de lutter contre le chômage à travers la reprise des activités de production. L’inflation dans ces conditions, n’est pas jugée comme un danger mais un mal nécessaire qui demande un bon arbitrage entre le niveau d’inflation et celui du chômage.


§2. L’approche monétariste

Pour les monétaristes, la politique monétaire ne sert plus désormais comme un soutien à la croissance et l’emploi, mais comme un instrument de contrôle des prix. Cette solution de Milton Friedman ne produit des effets positifs sur l'emploi qu'à court terme. A moyen terme, le niveau de chômage antérieur réapparaît, et s’accompagne d'un taux d'inflation supérieur à celui de la situation ancienne.

De ce point de vue, la stabilisation de l’inflation est entre les mains des autorités monétaires qui peuvent décider du niveau général des prix en jouant sur le taux de croissance de la masse monétaire à l’aide des instruments de la politique monétaire. Pour ce faire, la cible principale est le taux d’intérêt qui détermine le coût de la monnaie.



A cet effet, les autorités monétaires peuvent effectuer des opérations d’open-market (achat et vente d’effets publics) pour atteindre des objectifs de taux d’intérêt à court terme ou fixer directement le taux d’escompte.



Dans cette mouvance, Cagan formalise la dynamique de l’inflation en supposant donc qu’elle est essentiellement déterminée sur le marché de la monnaie, en fonction du taux de croissance de l’offre de monnaie mais aussi des anticipations inflationnistes qui déterminent la vélocité. En l’absence d’actifs financiers autres que la monnaie, l’inflation anticipée mesure le coût d’opportunité de la détention de monnaie.



Le mode de formation des anticipations inflationnistes est adaptatif, et le taux de croissance de l’offre nominale de monnaie est exogène. Les variables réelles, en particulier l’output, qui peuvent agir sur la demande réelle de monnaie, sont considérées invariantes. L’inflation est déterminée uniquement par l’équilibre monétaire, les marchés de biens et du travail ne jouent aucun rôle. La dynamique de l’inflation est alors impulsée par des facteurs monétaires. L’auteur cherche à estimer l’impact du niveau courant des prix sur la demande de monnaie qui réagit à l’inflation par le biais du taux d’inflation anticipée, révisée périodiquement selon un processus adaptatif.


§3. L’approche des nouveaux classiques

Pour les théoriciens des anticipations rationnelles, la politique monétaire est inefficace à court et à long terme : dès l’annonce d’une politique monétaire expansionniste, les salariés par exemple anticipent une hausse des prix, et réclameront donc immédiatement une hausse des salaires. Aussi, les nouveaux économistes classiques ont mis en avant la règle en lieu et place des politiques discrétionnaires.

Pour les néoclassiques, l’augmentation de la masse monétaire non proportionnelle à celle des richesses qui est la cause de l’inflation à cause des mauvaises anticipations que cela crée. Dans l’analyse des nouveaux classiques, le rôle des anticipations est central dans l’inflation. Cependant, ils distinguent les anticipations adaptatives de Friedman des anticipations rationnelles.

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