Le monde est en constante évolution, et l’industrie de la Microfinance, comme toutes les autres, ne fait pas exception à cette règle. Depuis peu, en République Démocratique du Congo, et à Kinshasa précisément, de plus en plus d’investisseurs choisissent d’œuvrer dans ce secteur. Ce qui a pour conséquence directe sa croissance .
Le rapport de la BCC sur l’exercice 2010 dans ses lignes dédiées aux activités de la microfinance a fait état de 143 IMF, dont 32 agréées en la même année. En comparaison avec l’année 2009 où le nombre des institutions était à 112, il a été observé un accroissement de 27,7% des structures financière décentralisées agréées en 2010. De ces IMF, nous avons constaté que les coopératives d’épargne et de crédit étaient plus nombreuses que les IMF en 2010, soit respectivement 86,7% et 13,3%.
Les rapports de la BCC nous parlent de 122 coopératives d’épargne et de crédit primaires et deux coopératives centrales d’épargne et de crédit ou « COOCEC ». Cette croissance sectorielle est toutefois confrontée à des nouveaux défis essentiellement à la gestion soit de l’activité, soit des produits …etc.
Pour relever le défi de gestion des données, les solutions à « fort contenu technologique » sont le plus souvent utilisées. Et à ce jour, la plupart ou presque toutes les ISFD s’appuient, pour la meilleure gestion des flux de leurs transactions, sur des logiciels répondant le mieux à leurs besoins.
Au départ, ces solutions dites à fort contenu technologique avaient été adaptées au seul usage des ISFD pour apporter des solutions aux problèmes liés à la gestion interne de ces dernières. Mais avec le temps, la nécessité s’est fait ressentir d’adapter l’application de ces solutions à la résolution de problèmes plus diversifiés.
Ce qui nous conduit à l’objet de notre étude qui sera le produit « Phone Banking », l’un des derniers nés des nouvelles technologies de l’information et de communication (NTIC en sigle) et qui a connu un développement spectaculaire en Afrique subsaharienne durant ces dernières années. De l’année 2003 à 2012, le taux de pénétration des services de téléphonie mobile est passé de 4,75% à 30,60% en 2008 et à 50,13% en 2012(Wireless intelligence : www.wirelessintelligence.com).
Dans plusieurs pays en développement, le taux de pénétration des services de téléphonie mobile est plus élevé que celui des services financiers ou microfinanciers (Miroux A., 2010), et la République Démocratique du Congo ne fait pas exception à cette règle avec un taux de pénétration qui se situait autour des 16.36% (COPIREP, 2010, p 32) en 2010 et pour la téléphonie mobile et un taux de pénétration avoisinant 1% (BCC 2011) pour le secteur financier. Cette différence constitue une opportunité d’expansion pour les services financiers.
En République Démocratique du Congo, les premiers agents économiques qui ont saisi cette opportunité à travers la technologie du « Phone Banking », sont principalement des entreprises de télécommunication. Et ce dernier a été officiellement lancé le 20-03-2012. La banque centrale s’est chargée de lui garantir un cadre légal à travers « l’instruction Numéro 24 relative à l’émission de monnaie électronique et aux établissements de monnaie électronique ».
« L’orientation marché se fonde sur le principe suivant : « le succès est promis aux organisations qui déterminent le mieux les perceptions, les besoins et les désirs des marchés cibles et y répondent par la conception, la communication, la tarification et la distribution d’offres adaptées et compétitives ». Par opposition « l’orientation produit », qui caractérise la majorité des IMF, repose sur l’idée suivante : « le succès est promis aux organisations qui commercialisent des produits et services dont elles sont convaincues qu’ils sont bons pour le public »(Gary Woller, 2002).
La transition de l’orientation produit à l’orientation client est un processus qu’ont connu la plupart des secteurs matures. La question qui se pose maintenant pour les microfinances de la RDC en ce qui concerne l’offre d’un service de phone banking est : Comment faire d’un concept abstrait comme l’orientation marché une réalité entrepreneuriale/opérationnelle ? Car, il est difficile de dire que la microfinance en RDC a atteint sa maturité.
Dans le fonctionnement d’un service de phone banking, il y a nombreux éléments qui entrent en synergie. Hormis le fait qu’il met en collaboration deux secteurs d’activités différents, le phone banking implique dans son organisation : une stratégie de distribution, la disponibilité de la technologie, un réseau des détaillants et/ou les partenariats entre les ISFD et les opérateurs des télécommunications, etc. dont nous expliquerons en long les utilités dans le chapitre premier de notre travail.
Et pour mettre en partenariat ISFD et opérateurs de téléphonie mobile plusieurs facteurs sont à prendre en considération, car ils sont là soit pour faciliter, soit pour freiner l’offre de ce service aux clients, tel que : la taille de l’institution, la forme juridique, le nombre des clients, la qualité du portefeuille à risque, etc.
Pour ces auteurs, il est préférable de se donner une norme de croissance de la monnaie afin d’éclairer les agents sur le taux d’inflation recherché ou toléré.
Au regard de tout l’argumentaire développé ci-dessus, la présente étude se propose donc de répondre aux interrogations suivantes : Comment favoriser le partenariat entre les ISDF (IMF et COOPEC) et les entreprises de télécommunication à Kinshasa ? Quels sont les facteurs les plus déterminants et significatifs susceptibles d’être considérés comme obstacles à ce partenariat ?
La « banque à distance » est définie comme l’offre de services financiers en dehors des guichets « bancaires » traditionnels (agences bancaires, guichets des IMF…) . Cette offre est souvent effectuée par l’intermédiaire d’agents (commerçants détaillants par exemple) et elle nécessite des NTIC pour la transmission des détails relatifs aux opérations : en général, des terminaux points de vente (PDV) équipés d'un lecteur de carte et/ou des téléphones portables ; bref, ce qui permettrait aux bénéficiaires de profiter de leurs services, sans avoir à se déplacer.
Le néologisme dollarisation décrit le choix pour un pays d’abandonner sa monnaie nationale pour adopter une monnaie étrangère (qui n’est pas nécessairement le dollar américain) ou de lier le cours de sa monnaie à celui d’une autre. C’est aussi un phénomène économique de remplacement des monnaies nationales par le dollar dans les transactions internationales. En ce qui concerne l’utilisation de l’euro hors de la zone euro, on parle aujourd’hui d’euroïsation.
L’expression « phone banking », est d’origine anglo-saxonne et se confond avec les expressions suivantes « Mobile banking », M-Banking, SMS-Banking, mbanking, Branchlessbanking (Banque sans agence), M-Finance, etc. Adoptée par la langue française pour désigner l’usage ou l’application des services financiers ou bancaire à l’aide des téléphones portables. Il tirerait cette dénomination aussi de sa particularité dans le fait qu’il soit à la croisée de chemin entre deux industries réglementées par des organes différents sous tous les cieux. Cela n’en fait pas moins une branche de la « banque à distance », car il permet d’offrir ces services bancaires à distance, mais par le biais des téléphones mobiles.
De manière plus rigoureuse, le « phone banking » peut aussi être défini comme étant « l’usage des téléphones portables en vue de garder électroniquement la monnaie et payer les biens et services à travers le service des SMS » .
Il existe plusieurs modèles d’affaires de phone banking, et en référence à la littérature qu’il nous a été donné de consulter (BCC, introduction du M-Banking en RDC 2011), nous avons pu retenir les modèles de phone banking suivant mais aussi des éléments sur des stratégies que peuvent utiliser les IMF pour mettre sur pied un service de Phone Banking:
Un Opérateur de réseau mobile qui fournit l'infrastructure mobile et de la clientèle qui utilise déjà ses services de communication. L’Opérateur de réseau mobile veille au respect de la réglementation des télécommunications et de la politique dans le pays. L’opérateur de réseau mobile peut potentiellement bénéficier de l'argent mobile en augmentant et en maintenant le nombre de clients, ce qui réduit le coût de la distribution du temps d'antenne et en générant de nouveaux revenus.
Une banque ou une autre institution financière avec licence bancaire et l'infrastructure qui permet l'échange d'argent entre les différentes parties. Il s'agit également d’assurer la supervision et la réglementation de la sphère financières nationales. Les banques peuvent tirer parti des plateformes d'argent mobile pour atteindre plus de gens dans les zones traditionnellement difficile d’accès avec leurs services à moindre coût.
Des Institutions réglementaires dans les différents secteurs. Les régulateurs clés sont les banques centrales pour le secteur financier et des régulateurs de télécommunications pour le secteur des communications (en République Démocratique du Congo, l’ARPTC s’occupe de la régulation des télécommunications). Poussé par la nécessité d’un développement national, les régulateurs doivent être animés par un sentiment qui les pousse à amener toujours plus des personnes à utiliser les services desservies par les institutions financières formelles et services de communication.
Un réseau d'agents (des personnes, des guichets automatiques bancaires GAB, les branches) qui facilite cash-in (conversion de l'argent dans l'argent mobile) et cash-out (émission trésorerie à la demande) pour permettre la convertibilité entre l'argent mobile et de l’argent cash.
Les commerçants et les détaillants qui acceptent les paiements mobiles d'argent en échange de différents produits et services. Ils aident à augmenter la demande pour l'argent mobile en offrant plus de possibilités grâce auquel les utilisateurs peuvent dépenser leur argent mobile. En retour, ils peuvent réduire la nécessité de manipuler l'argent.
Les entreprises qui utilisent l'argent mobile comme un moyen d'offrir leurs services, à savoir les Institutions financières, les prestataires d'assurance, ainsi que les émetteurs à grande échelle et les émetteurs de factures.