La Culture d’ananas en République Démocratique du Congo reste une culture presque non exploitée malgré les nombreuses opportunités qu’elle présente. Cette culture est restée sans encadrement et se réalise dans l’informelle dans la plupart des territoires du pays et particulièrement dans celui de Tshela au Kongo Central.
Elle est pour la plupart d’exploitants agricoles du territoire de Tshela, une activité principale pour leur survie. Et pourtant, Les matériels de travail sont encore rudimentaires, la quantité produite n’est pas valorisée à sa juste valeur.
Pour se rendre compte de la situation, quelques objectifs ont été fixé tels que : Indiquer les facteurs de production d’ananas les plus déterminants, les quels peuvent être ajustés pour accroitre le niveau de production ; la détermination des conditions actuelles de production et de la commercialisation des ananas du territoire de Tshela ; enfin, déterminer le seuil de rentabilité de la culture d’ananas au près des exploitants du territoire de Tshéla.
Quelques méthodes et techniques ont été utilisées pour parvenir à ces objectifs à savoir : la méthode d’échantillonnage à choix raisonné ; la méthode d’analyse statistique a été utilisée pour le traitement des données en rapport aux indicateurs de la rentabilité et du système d’exploitation de la culture d’ananas à Tshela. Par ailleurs, la technique de documentation a servi pour la collecte des données secondaires en vue de clarifier les cadres conceptuels de cette étude et la technique d’enquête au moyen d’un questionnaire pour collecter les données auprès des exploitants d’ananas à Tshela.
Après les analyses, les résultats ont montré que, la superficie minimale emblavée par exploitant est de 400 m2 ; la rentabilité en cette culture dans le territoire de Tshela est positive mais en réalité, n’assure pas le bien-être social. Le profit annuel de la culture d’ananas est de 282 283,97 FC ou 13% de la recette totale FC. La recette qu’elle procure aux exploitants est de 2 210 425 FC. Le niveau de coût à engager pour atteindre ce chiffre d’affaire est de 1928 141,03FC. Mais le seuil de rentabilité est situé à 560 222FC avec une marge sécuritaire de 1 650 203FC.
L’une de cause de la faible rentabilité que l’on observe dans cette culture est l’absence d’une demande d’ananas pour des fins de transformation en produits dérivés. Ceci est expliqué par le fait qu’aucune unité de transformation n’est disposée à transformer l’ananas dans le territoire de Tshela.
Mots clés : Culture d’ananas, Coût de production, Chiffre d’affaire et Rentabilité
1. PROBLEMATIQUE
La production agricole se prête bien aussi pour le marché intérieur que pour le marché extérieur (exportation). Cette production demeure toujours extensive dans les pays en voie de développement pendant que la croissance démographique évolue à un rythme très rapide et qui impulse une demande alimentaire excédentaire dans ce pays. Pour ce fait, la stratégie appliquée reste l’importation de ces produits au près des grand producteurs (FAO, 2013).
Partant de la conjoncture actuelle, la République Démocratique du Congo présente une proportion des importations alimentaires très élevée. Ces importations se font à grande échelle et entrainent l’inondation des marchés locaux avec des divers produits. Elle offre une certaine stabilité d’approvisionnement en denrées alimentaires et occasionne la baisse du prix de vente. Ceci se présente comme un moyen favorable à accroitre le niveau du panier de la ménagère. Par ailleurs, une concurrence s’installe entre ces différents produits importés et ceux qui sont produits localement. Ce qui empêche le développement de l’agriculture locale dans beaucoup de pays en voie développement. La politique de l’importation peut prendre de l’ampleur et fragiliser le système économique national lorsqu’elle est mal pratiquée par les dirigeants (CAVTK, 2007).
Plusieurs filières agricoles font l’objet d’une transformation agroindustrielle où la valeur ajoutée apportée favorise une croissance économique remarquable et reste à ce moment, un secteur pourvoyeur d’emplois pour une portion importante de la population (Adegbola, 2008).
La culture d’ananas occupe la deuxième place parmi les fruits tropicaux avec 23% du total des fruits produits dans le monde. La production mondiale était évaluée à 17,2 million de tonnes en 2011. Cette production est dominée par l’Asie, suivie de l’Amérique Latine avec 17% de cette production mondiale ensuite l’Afrique (Adegbola, 2011).
La Culture d’ananas en République Démocratique du Congo reste une culture presque non exploitée malgré les nombreuses opportunités qu’elle présente. Une disponibilité de la main d’œuvre, d’énormes superficies disponibles pour acquérir la culture, les routes d’évacuation des produits se trouvent à l’état moyen, le cas de la province du Kongo Central. Malgré toutes ces opportunités, la culture reste à l’état artisanal où on assiste à une absence total des unités de transformation, à l’absence d’un entrepôt de qualité et au système cultural rudimentaire. Partant de toutes ces difficultés, la RDC reste le plus grand absent sur le marché mondial en matière des produits à base d’ananas. Les exploitants artisanaux la pratique pour une utilisation brute juste après la récolte du fruit de peur à éviter la perte poste récolte. (ACP, 2016).
Dans la province du Kongo-Central voisine de Kinshasa, les exploitants artisanaux ont du mal à écouler leur production d’ananas sur le marché, alors que sur les 350 km de route asphaltées qui relie la province du Kongo Central à celle de Kinshasa, le jus de ces fruits sont consommés.
L’essentiel de fruits récoltés pendant la période d’abondance dans cette province est dès lors vendue au rabais (Mwaka, 2016).
Au regard de toutes les difficultés qui frappent la culture d’ananas en RDC en général et le territoire de Tshela dans la province du Kongo Central en particulier, il convient de poser quelques questions de savoir : - Est-ce que la culture d’ananas pratiquée par les exploitants artisanaux du territoire de Tshéla est-elle rentable ? - Par quels moyens peut-il s’accroitre le niveau de recette de ces exploitants ? - Quelles sont les techniques culturales utilisées par ses exploitants ? - Par quels moyens de financement, les exploitants de Tshela arrivent-ils à financer leur activité agricole?
CHAPITRE 2. MILIEU D’ETUDE ET METHODOLOGIE
Le Kongo-Central a une superficie de 53920 km2et représente 2,3% de celle du pays, elle est composée de trois district à savoir : Bas-Fleuve, Kataracte et Lukaya, elle possède deux villes (Boma et Matadi), dix territoires, cinquante-cinq secteurs, dix-sept cités, trois-cent soixante, quatre (364) groupements et 6783 villages.
2.1. 2. Territoire de Tshéla
Le territoire de Tshela est une entité déconcentrée de la province du Kongo Central. Il a été créé conformément à l’ordonnance n°21430 du 23 Octobre 1937 modifiée par celle n°21384 du 10 Décembre 1953. Il importe de savoir que le territoire de Tshela avec ses 3.090km² de superficie est le petit de tous les territoires du Kongo-Central (Ministère du Plan, 2005).
Le territoire de Tshela est constitué d’une seule tribu, les Yombe. Ils sont originaires de Nsanda-Nzondo (République d’Angola).
2.1.2.1. Situation géographique du territoire de Tshéla
Il est borné au Nord par la république du Congo, au Nord-Est par le territoire de Lukula, à l’Est par le territoire de Seke-Banza et par l’enclave de Cabinda au Nord-Ouest(Angola) dont le fleuve Tshiloango constitue la frontière naturelle (CAID, 2016).
2.1.2.2. Coordonnées Géographiques. Latitude : 4°58’ à 6°30’ ; Longitude : 12° 56’ et 15° 49’ ; Altitude : 200 à 400 mètres.
Le territoire connait sur toute son étendue, un climat tropical du type soudanien dont, la saison sèche bien marquée s’étend sur plus de 5 mois (du 15 Mai au 15 Octobre), alors que la saison pluvieuse s’étale sur la période allant du 15 Octobre au 15 Mai. De plus la longue saison de pluie, l’interruption par une petite saison sèche au mois de Février. Les précipitations sont de courte durée et sont concentrées sur une dizaine de jours par mois et totalisent pour la saison des pluies, une hauteur mensuelle moyenne variant entre 110 et 130 mm. La température moyenne annuelle, assez uniforme, oscille autour de 20° en saison sèche et de 25° en saison pluvieuse (CAID, 2016).
Le sol dominant du territoire de Tshela est du type argilo-sablonneux. Ces terres appartiennent au groupe ferra sols sur roche basique et, la fertilité y est moyenne, à l’exception de la partie Ouest (sablonneuse) (CAID, 2016).
Le territoire regorge aussi des ressources minières jamais exploitées jusqu’alors. Il s’agit de l’Or, le diamant, le phosphate, la bauxite, le pétrole et d’autres en prospection (CAID, 2016).
Plusieurs cours d’eaux traversent l’entité dont les plus importants sont : Lubuzi, Ngomamba, Mbavu, Lombe, Lubolo, Lubimvu, Lupandji, Lubunga, Lumbu. Le fleuve Tshiloango sépare le territoire de la république sœur du Congo-Brazza par le secteur de Maduda et de l’enclave de Cabinda (Angola) par les secteurs de Nganda-Tsundi, Lubolo et Nzobe-Luzi ; tous les 4 secteurs se situent au Nord du territoire. (CAID, 2016)
La population du territoire de Tshela est polyvalente mais l’agriculture est la principale activité économique. En dehors des cultures vivrières, certaines cultures d’industries sont bien présentes comme hévéa et cacao. Le commerce se fait principalement pour les produits agricoles et les produits manufacturés en provenance de Kinshasa et aussi de l’Angola. L’élevage est pratiqué par bon nombre de gens mais, à un caractère de subsistance. Il s’agit principalement des gallinacés (poules, pigeons, …), des porcs, chèvres et quelques têtes de bétails (Ministère du Plan de la RDC, 2005).
La pêche, essentiellement artisanale, est pratiquée par les populations des secteurs frontaliers et ce, sur le fleuve Tshiloango. Il s’agit des secteurs de Nzobe-luzi, Lubolo, Maduda et Nganda-tsundi. La chasse est pratiquée selon un calendrier officiel conçu comme suit: Du 1er juin au 28 février de l’année suivante : fermeture de la chasse aux gibiers à poils et à plumes, du 28 Février au 1er Juin: période d’ouverture de la chasse.
La langue Kiyombe est très dominante soit (95%), suivie de lingala (20%) et la langue Kikongo représente à peine (10%). Le Kiyombe est la principale langue parlée sur toute l’étendue du territoire de Tshela. Cependant, suite à l’intensité des échanges avec la ville de Kinshasa, le Lingala a commencé à gagner du terrain surtout dans le chef-lieu du territoire et autres centres comme Loango et Tsanga-Nord. A côté de ces deux langues, le Kikongo, bien que dominée par le lingala, est parlée surtout par les populations provenant de Matadi, Boma et Moanda (CAID, 2016).
Ce territoire est subdivisé en quatre (4) postes d’encadrement administratif : une cité (Tshéla) abritant le siège de l’administration, 8 secteurs, 76 groupements et 1226 villages. De ces 8 secteurs, Mbanga et loango sont les deux secteurs producteurs d’ananas.
Le régime foncier applicable dans la province du Kongo-Central régit dans la loi n° 80008 du 18 juillet 1980 modifiant et complétant la loi n° 73021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier, immobilier et régime de sûreté. Quel que soit l’existence de cette loi, les conflits ne manquent pas toujours. C’est le cas de lotissement anarchique des terrains par des ayants droits au mépris de la loi ; Réattribution des concessions abandonnées, jadis appartenant aux expatriés, et/ou acquéreurs ; Reconduction illicite des terrains non mises en valeur après le délai prescrit par la loi (Ministère du Plan de la R.D.C, 2005).
La voie routière est la seule voie existante pour accéder au territoire de Tshela. Sur la route nationale n°1, le territoire dispose 33 km de route asphaltée dont 17 km en bon état, 5 km en moyen état et 11 km en mauvais état. 40 km de route en terre dans un mauvais état. La route provinciale est totalement en terre, hors la partie en mauvais état couvre 78 km. Ce réseau n’a plus subit une réhabilitation depuis plusieurs années (CAID, 2016).
2.1.2.17. Entreprise locale
La société d’industrie et des cultures agronomiques au Mayombe (S.C.A.M) Créée depuis l’époque coloniale vers les années 1913, est aujourd’hui une propriété du groupe E. Blattner.
La SCAM est la seule grande entreprise encore en activité au territoire de Tshela. Elle exploite les plantations d’hévéa et extrait le latex conditionné en granulat (caoutchouc brut) pour l’exportation vers le marché international. A cette filière principale s’ajoute aussi le cacao et la production d’huile palmiste. Les filières de palmiers à huile et café qui, étaient jadis les principales activités de la SCAM, sont en abandon depuis près de deux décennies occasionnant des pertes d’emplois et une perte de dynamisme de toute la sphère économique du territoire (CAID, 2016).
Les cinq premiers produits agricoles du territoire de Tshela sont répartis de la manière suivante : Manioc (50%), Arachides (42%), Tarots (3%), Riz (1.3%), Maïs (1.1%).
Le manioc est cultivé dans tout le territoire et, la production annuelle avoisine les 178 950 tonnes de manioc frais. Il constitue le produit de consommation de base dans le territoire. Il est consommé soit à l’état brut, soit en farine issu du manioc transformé en cossettes ou encore sous forme de Chikwangue. Une grande partie de la production est acheminée vers le grand centre pour la commercialisation. La production des arachides est intensive dans les secteurs de Lubolo et Loango. La production annuelle approximative est de ± 50 000 tonnes ; le territoire ravitaille les villes de Boma, Matadi et Kinshasa. Les taros, le riz et le maïs dont, le volume de production ne représente que 5% de la production agricole totale, proviennent plus du secteur de Maduda qui, est le principal bassin de production agricole du territoire. Bien que quelques ONG soient à pieds d’œuvre dans l’encadrement des organisations paysannes, le délabrement des pistes de desserte, rendant difficile l’évacuation des produits, ronge sensiblement les revenus des paysans les contraignant souvent à réduire les superficies exploitées (CAID, 2016)
Le territoire de Tshela regorge quelques produits forestiers non ligneux tels que : Le Fumbwa (Gnetum), les noisettes, écorces médicinales, Kimbiolongo, etc. Il s’agit principalement des produits forestiers non ligneux qui sont prélevés dans la forêt du Mayombe couvrant une grande étendue du territoire.